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intoxication

  • Fake news, la grande peur ?...

    Les éditions VA Press viennent de publier un essai de François-Bernard Huyghe intitulé Fake news - La grande peur. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Daech : l'arme de la communication dévoilée (VA Press, 2017).

     

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    " Les « fakes » (fausses nouvelles), les théories du complot, l’intoxication en ligne ou la prolifération des faits dits alternatifs ou de révélations imaginaires..., tout cela mobilise des vérificateurs et dénonciateurs dans la presse, dans les gouvernements et même chez les grands du Net. La montée du faux est sensée expliquer des votes irrationnels (Brexit, Trump), voire annoncer une ère de la « post-vérité » où les masses deviendraient comme indifférentes aux faits vérifiés. Au final, ce seraient autant de menaces pour la démocratie. Chacun peut-il choisir les versions de la réalité conformes à ses préjugés et les communautés en ligne vont elles s’isoler de plus en plus dans des univers imaginaires partagés ? Au détriment de la vérité commune. Si tel est le cas, il faut se demander pourquoi une fraction de la population est devenue si rétive aux évidences que professent médias ou experts, d’où vient ce scepticisme de masse et comment se propage l’affabulation. Prolongeant ses travaux sur la désinformation, l’auteur montre les ressorts culturels, psychologiques et technologiques de la prolifération des impostures et délires. Il analyse aussi la coupure politique entre des élites convaincues que leurs convictions raisonnables ne peuvent être remises en cause que par volonté de manipulation et, d’autre part, des communautés « anti-système » insensibles au pouvoir des médias classiques. Le livre pose la question de l'impuissance idéologique à maintenir un consensus sur le réel. Mais il analyse aussi le pouvoir inédit des technologies de communication et le conflit entre les médias, les vieilles machines à faire-croire et les nouveaux réseaux du croire ensemble. Un monde où personne ne croit plus rien, où chacun croit ce qui lui plaît ou une crise de confiance dans les anciennes machines à faire croire ? "

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  • La résistance sacrifiée ?...

    Les éditions Via Romana viennent de publier une étude historique de Charles Le Brun intitulée La Résistance sacrifiée ? Special Operations Executive. Écrivain et historien, Charles Le Brun est notamment spécialiste de Paracelse.

     

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    " « Ce qu’il y a de terrible, quand on cherche la vérité, c’est qu’on la trouve. » Extraite des Promenades philosophiques de Rémy de Gourmont, cette note incisive définit parfaitement l’état d’esprit qui fut le nôtre tout au long de la rédaction de ce livre.
       Le SOE, comme on le sait, fut l’enfant de Churchill. Organisation de résistance ? Instrument d’intoxication ? L’un et l’autre certainement. Toutefois, seul le second sujet, nié par ceux qui en furent les instigateurs, a retenu notre attention. La machine à falsifier l’histoire n’est pas née d’hier mais l’heure est peut-être venue, eu égard à ces mémorables événements, d’en scruter certaines zones que la plupart des auteurs officiels ont délibérément laissées dans l’ombre. "

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  • Les ravages de la désinformation...

    Les éditions Favre publient cette semaine un essai de Michel Klen, intitulé Les ravages de la désinformationOfficier saint-cyrien, qui a terminé sa carrière dans le renseignement, docteur en lettres et sciences humaines, Michel Klen est notamment l'auteur de L'Odyssée des mercenaires (Ellipse, 2008) et de  Femmes de guerre - une histoire millénaire (Ellipse, 2010). 

     

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    " La désinformation reste une « arme de destruction massive » qui a toujours été utilisée avec une efficacité redoutable par les faiseurs d’opinion et les régimes dictatoriaux. Ce livre examine ce phénomène de société en présentant les techniques fallacieuses inhérentes à ce jeu subtil de poker menteur (bluff, intoxication, rumeur, propagande, etc.) et en analysant les grandes duperies de l’Histoire. 
    La désinformation, du russe desinformatsiya, terme apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, était censée désigner des pratiques capitalistes visant à l’asservissement des masses populaires. Elle a évolué et fait actuellement totalement partie de l’inconscient collectif. Son objectif est de provoquer un choc émotionnel sur certains sujets particulièrement mobilisateurs pour affaiblir un régime, saper le moral d’un adversaire ou déprécier un camp hostile.
    Dans cet échiquier de la supercherie figurent notamment: le matraquage idéologique du système soviétique, les mensonges du président Bush pour justifier l’intervention en Irak, les opérations de tromperie alliées qui ont leurré Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale et la manipulation des esprits qui a faussé la perception de certains événements majeurs (l’histoire tronquée de la guerre d’Algérie, l’opération Turquoise au Rwanda, les mensonges de Kadhafi dans la crise tchadienne, etc.). 
    La nouvelle civilisation de l’information qui a émergé au milieu des années 1980 avec l’expansion brutale des nouveaux moyens de communication a ouvert la voie à de nombreuses « autoroutes de la désinformation ». En l’absence d’un code de conduite, ces nouveaux flux ont généré des situations mensongères et des dérives graves, en particulier dans le réseau Internet. Formidable espace d’échanges et de connaissances, la « Toile » s’est imposée comme une arme à double tranchant car elle présente le risque d’être exploitée par les professionnels de la falsification qui ne manquent pas d’implanter dans le réseau planétaire des paramètres altérés dans le but de tromper l’opinion publique, principal levier d’action des décideurs. Au quatrième pouvoir de la presse qui apporte l’équilibre nécessaire à l’autorité établie se superpose ainsi un authentique cinquième pouvoir, celui de la désinformation qui vient perturber les repères de notre société."

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  • "Une guerre civile, pas une insurrection générale contre un dictateur"...

    Nous avons cueilli sur l'excellent blog Secret défense, tenu par Jean-Dominique Merchet, journaliste à Marianne, cette analyse éclairante de Patrick Haimzadeh, auteur d'un essai récemment publié chez Jean-Claude Lattès et consacré à la Libye.

     

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    Patrick Haimzadeh est l'un des rares spécialistes français de la Libye, pays où il a été en poste, à l'ambassade de France de 2001 à 2004. Ancien lieutenant colonel de l'armée de l'air, arabisant, il a servi dans de nombreux pays arabes ainsi qu'aux Nations-Unies. Il vient de publier un livre, facile d'accès et bien documenté "Au coeur de la Libye de Kadhafi" (Editions Jean-Claude Lattès, 200 pages, 15 euros). Patrick Haimzadeh a bien voulu répondre à nos questions.

    Kadhafi ne tombe pas aussi vite que certains l'espéraient au début de l'intervention militaire. Cela vous surprend-il ?

    Kadhafi résiste en effet plus que certains voulaient bien le penser. J'ai toujours dit, et écrit, que Kadhafi avait les moyens de résister. Ceux qui pensaient le contraire n'avaient aucune connaissance du terrain  et se sont laissés intoxiquer par les propagandes du CNT, d'al-Jazira et de BHL, consensuellement relayées par les médias et les politiques français. A vouloir confondre nos désirs avec les réalités du terrain, nous en sommes arrivés à surestimer la capacité des insurgés à l'emporter militairement et à sous-estimer la capacité de résistance du clan Kadhafi.
     
    Kadhafi résiste non seulement parce qu'il disposait de gardes prétoriennes plutôt bien équipées et entraînées au regard des standards locaux mais parce qu'il disposait et dispose encore d'une base sociale non négligeable au sein de la population, en particulier les populations originaires du Fezzan (Sud) qui ne se sont jamais soulevées mais aussi de certaines populations de Tripolitaine (Ouest).

    Depuis 42 ans, Kadhafi a mis en place en effet  un système de compromission et de rétribution généralisé qui, bon an mal, s'est révélé d'une grande efficacité. Il dispose toujours d'immenses capacités de rétribution des fidèles. Sans rentrer dans le détail de la structure sociale libyenne et des tribus que je décris en détail dans mon ouvrage, je dirai qu'en Libye, le niveau local est à prendre en considération en premier lieu. Ainsi, il est illusoire de penser que les habitants de Cyrénaïque iront porter la guerre et "libérer" les populations de l'Ouest. D'une manière générale les insurgés seront extrêmement réticents à faire des incursions en armes sur des territoires qui ne sont pas les leurs, en particulier s'il s'agit de territoires fidèles ou favorables à Kadhafi.

    Comment qualifieriez vous cette guerre ?

    Depuis début mars, il s'agit d'une guerre civile et non d'une insurrection générale d'un peuple contre un dictateur.

    Quelle était selon vous la bonne stratégie à adopter ?

    L'entrée en guerre sans analyse préalable, ou plutôt sur la base d'analyses erronées, sans plan B, sans idée claire de l'effet final recherché - le but de guerre n'a jamais été clair : protection des populations ou chute du régime - sachant que ce deuxième but n'est pas inscrit dans la résolution 1973 -  et sur la base d'une manipulation, volontaire ou non, consistant à nous faire croire à l'imminence d'un bain de sang en Cyrénaïque, cette entrée en guerre portait dès le départ les germes des "déconvenues" à venir.

    La décision d'entrer en guerre est la décision la plus grave qui soit pour un Etat qui doit se poser la question si cette entrée en guerre est la solution la plus adaptée et conforme aux intérêts supérieurs de notre pays. Entre ne rien faire et bombarder existait toute une palette de moyens à commencer par l'engagement de négociations et l'exercice de pressions pour obtenir un cessez le feu et la préservation des acquis pour les zones déjà libérées, y compris en leur fournissant équipements et conseils ce qui a été fait par exemple avec succès à Misrata. Un certain nombre de Libyens des deux camps, y compris certains proches de Kadhafi,  étaient d'accord pour négocier. Entretenir le CNT dans la certitude qu'il pouvait l'emporter militairement grâce à des bombardements a conforté les plus extrémistes des insurgés dans leur refus de toute concession avant le départ de Kadhafi du pays. Condition irréaliste justement au regard de la psychologie et du passé du dictateur.

    Maintenant que nous sommes en guerre, que doit-on et que peut-on faire ?

    Comme nous avons choisi d'exclure dès le départ tout recours à une intervention terrestre et qu'il n'existe pas dans l'histoire de l'arme aérienne de précédent de la chute d'un régime uniquement obtenue par des bombardements, la situation actuelle était largement prévisible dès le départ. Il faut bien comprendre qu'il n'y aura pas de solution militaire à cette guerre civile car une guerre civile est toujours une tragédie qui laissera des traces sur la société libyenne. La solution passera par un accord entre Libyens pour poser les bases de la reconstruction d'un futur "vivre ensemble" libyen. En tuant ses proches et des membres de sa famille nous avons conforté Kadhafi dans sa volonté de se battre. Les bombardements de ses résidences et de celles de ses proches étaient des erreurs stratégiques qui se sont révélées contreproductives.Tuer des enfants innocents au prétexte de protection des populations civiles constitue en outre une violation de la résolution 1973 et une faute morale.
     
    Une solution pourrait consister à faire pression sur les deux parties pour obtenir un cessez le feu et déclarer que l'objectif de "protection des populations civiles" stipulé par la résolution 1973 est atteint. Les zones libérées conserveraient leur autonomie sous protection internationale, comme cela a été le cas pour les Kurdes d'Irak entre 1991 et 2003, et un processus de transition politique serait mis en place dans les zones sous contrôle de Kadhafi avec garantie que l'unité du pays ne soit pas remise en question. L'idée d'une Libye fédérale ou confédérale devra faire son chemin car elle est la plus conforme à l'histoire, à la culture et aux aspirations des Libyens.

    Que représente les insurgés ?  

    Les insurgés représentent un peu plus d'un tiers de la population libyenne : la Cyrénaïque, la ville de Misrata et une grande partie du Djébel Néfoussa qui comprend des tribus berbères et quelques tribus arabes.  Dans le reste de la Tripolitaine et dans le Fezzan (grand sud) environ 75% de la population est attentiste et le reste soutient plus ou moins activement le régime.

    Peut-on imaginer ce que sera une Libye après Kadhafi ?

    Parler de la Libye post-Kadhafi alors que l'on ne connait pas encore les conditions de sortie de guerre est prématuré. Ce qui est sûr c'est que tout sera à reconstruire dans ce pays où Kadhafi a empêché l'émergence de toute vie ou structure politique et étatique depuis plus de 42 ans. Le pays dispose d'énormes atouts que sont ses ressources pétrolières et quelques technocrates relativement bien formés. Les difficultés seront néanmoins énormes du fait des disparités et des particularismes régionaux et locaux qui seront difficilement compatibles avec l'établissement d'un pouvoir central fort. Une solution fédérale, voire confédérale avec des dévolutions de pouvoirs forts au niveau local est la mieux à même de satisfaire les aspirations du peuple libyen. Les Libyens sont en outre très fiers de leur indépendance et verront d'un mauvais œil toute ingérence étrangère dans leurs affaires intérieures.

     
    Enfin, les séquelles de la guerre civile seront là pour longtemps. Quand j'étais en Libye, les gens se renvoyaient encore parfois de vieilles accusations d'actes de "collaboration" auxquels leurs grands ou arrières grands-parents se seraient livrés avec l'occupant italien dans les années 20...

    Patrick Haimzadeh (Propos recueillis par Jean-Dominique Merchet pour Secret défense, 7 juillet 2011)

     

     

     

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