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gangsterrorisme

  • « L’État islamique a été créé par les États-Unis ! »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à l'ennemi islamiste, au Levant et en France...

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    « L’État islamique a été créé par les États-Unis ! »

    Pour que cette union nationale dont on nous rebat les oreilles depuis des jours ait un sens, cela nécessite la menace d’un ennemi commun. Mais quel est-il, sachant que personne ne l’a pour l’instant désigné ? Car se contenter d’évoquer le « terrorisme », ça demeure un peu vague…

    Nous assistons actuellement à d’incessantes gesticulations visant à tout faire pour ne pas désigner l’ennemi sous son nom. La notion d’ennemi devient problématique dès l’instant où l’on ne veut pas en avoir, parce que l’on a oublié que l’histoire est tragique et qu’on a voulu mettre la guerre hors la loi. Mais il y a au moins deux autres raisons à ce refus d’appeler l’ennemi par son nom. La première est que cette désignation paraît politiquement incorrecte, car susceptible d’« amalgame » (le mot est d’origine arabe : âmal a-jammâa). La seconde, la plus fondamentale, est que la classe politique n’est pas étrangère à son apparition.

    La France a fait deux erreurs gravissimes : la guerre en Libye, qui a plongé ce pays dans la guerre civile et l’a transformé en arsenal à ciel ouvert, et l’affaire syrienne, où nous avons apporté notre appui aux adversaires de Bachar el-Assad, qui sont les mêmes islamistes que nos troupes combattent en Irak et au Mali. À cela s’ajoute que « l’État islamique a été créé par les États-Unis », comme l’a rappelé sans ambages le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, au Sénat le 17 décembre dernier, et que le terrorisme n’a cessé d’être financé par le Qatar et l’Arabie saoudite, que nous considérons à la fois comme des clients et des alliés.

    Dans le cas du terrorisme intérieur, le problème est le même. Nous ne sommes plus en effet confrontés à un « terrorisme global » tel qu’on en a connu par le monde à la grande époque d’Al-Qaïda mais, comme Xavier Raufer ne cesse de le répéter, à un terrorisme autochtone, qui est le fait de racailles des cités ayant fait leurs classes dans le grand banditisme avant de se transformer en bombes humaines sous l’effet de l’endoctrinement ou d’un délire partagé. De Mohammed Merah aux frères Kouachi, ce terrorisme est indissociable de la criminalité (ce n’est pas avec des pétrodollars mais des braquages de proximité que les terroristes se procurent leurs kalachnikov). Lutter contre le « gangsterrorisme » implique donc de s’appuyer sur le renseignement criminel. Or, si les renseignements existent, ils ne sont pas exploités, précisément parce qu’on se refuse à admettre la réalité, à savoir que ce terrorisme est l’une des conséquences de l’immigration. La France, en d’autres termes, a sécrété un nouveau type de terrorisme en laissant s’installer un milieu criminel qui échappe en grande partie à son contrôle. C’est pour cela que chez ces terroristes, qui étaient pourtant surveillés, on n’a pas repéré le risque de passage à l’acte. Les directives données par le renseignement intérieur n’étaient pas les bonnes. On a préféré surveiller Internet et spéculer sur le retour des djihadistes plutôt que d’être sur le terrain, au cœur même des cités. Or, le problème ne se situe pas au Yémen ou en Syrie, mais dans les banlieues.

    Sommes-nous en guerre ?

    Le terrorisme, c’est la guerre en temps de paix. Et aussi, comme l’a dit Paul Virilio, la « guerre sans fin, aux deux sens de ce mot ». À l’étranger, nous sommes en guerre contre le djihadisme, branche terroriste de l’islamisme salafiste. En France, nous sommes en guerre contre un terrorisme intérieur, pur produit de cette immigration incontrôlée qu’on a laissée se développer comme un chaudron de sorcières d’où sortent des racailles plus ou moins débiles, passées du gangstérisme à l’islamisme radical, puis de l’islamisme radical au djihad pulsionnel.

    Qui peut croire que l’on résoudra le problème avec des « cours civiques » à l’école, des incantations à la laïcité, de pieuses considérations tirées de l’histoire sainte du « vivre ensemble » ou de nouvelles lois en forme de gris-gris vaudous « contre-toutes-les-discriminations » ? C’est pourtant très exactement là que nous en sommes. La classe dirigeante est devenue totalement prisonnière de son incapacité à voir les choses en face, cause principale de son indécision (et de son désarroi, car elle ne sait plus que faire). Elle prétend se battre contre un ennemi dont elle ne veut pas reconnaître qu’il s’agit d’un Golem qu’elle a engendré. Le docteur Frankenstein ne peut pas lutter contre sa créature parce que c’est sa créature. Les terroristes dont Mohammed Merah reste le prototype sont les fruits de trente ans d’angélisme et de cécité volontaire sur l’immigration, d’une « politique de la ville » qui se résume à 100 milliards d’euros partis en fumée après avoir été distribués à des associations fictives, et d’une « culture de l’excuse » qui s’est muée en culture de l’impunité.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 février 2015)

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  • Massacres terroristes : genèse et horizon probable...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Xavier Raufer, cueillie dans Le nouvel Économiste et consacrée au terreau qui favorise l'éclosion du gangsterrorisme à la façon des Merah, Kouachi et autres Coulibaly...

     

     

    Gangsterroristes.jpg

    Massacres terroristes : genèse et horizon probable

    D'emblée, ces évidences : la génération spontanée n'existe pas. Ni en criminologie, ni en en biologie. De ce fait, les Kouachi, Coulibaly & co ne tombent pas du ciel et forcément, les tragédies type Charlie hebdo et Hyper-casher ont une genèse. Et faute de remonter aux origines, aux racines d'un événement tragique, un risque majeur existe qu'il réitère, puisqu'incompris.

    L'autopsie de cette tragédie est d'autant plus cruciale qu'une opportune et émotive "unité nationale" fait qu'il n'y aura pas de commission d'enquête parlementaire sur le sujet précis des attaques du début janvier 2015, ayant pourtant coûté la vie à 17 personnes.

    Cette autopsie, c'est donc un criminologue qui l'entreprend - à juste titre car, on le verra, l'enchainement qui débute en 2012 à Toulouse et Montauban avec Mohamed Merah, et s'achève (pour l'instant) dans la région parisienne avec les Kouachi et Coulibaly, est clairement criminel.

    Car voici la commune caractéristique de Merah, Nemmouche, du"Bilal" de Joué-les-Tours, des Kouachi et de Coulibaly, plus essentielle encore que leur dérive salafiste-terroriste : tous sont des bandits endurcis. Non de "petits délinquants" comme le dit gentiment la presse, mais des criminels au sens judiciaire (malfaiteurs dont les infractions relèvent de la Cour d'assises) et d'abord l'initial et prototype des autres, Mohamed Merah, braqueur en série, 18 condamnations au casier judiciaire à sa mort. Idem pour Coulibaly au "lourd passé de braqueur", dit Libération. Les autres ne valent pas mieux.

    Or au delà même du profil des terroristes, ces tragédies n'adviennent pas par hasard. Il y a toujours un climat, une ambiance. Dans la France de 2015, ce climat est celui d'une dégradation de la sécurité publique. Aujourd'hui, les criminels et parmi eux, les bombes humaines ré-islamisées à la Kouachi-Coulibaly n'ont plus peur de la police - bien moins encore, de la justice. Ils se sentent à l'aise pour agir. Ils flairent l'enivrant fumet de l'impunité.

    Commençons donc par regarder la France criminelle d'aujourd'hui, d'où proviennent tous les vrais terroristes ayant vraiment tué de 2012 à 2015.

    • Dans la France de 2015, les armes de guerre abondent

    Un exemple, parmi d'autres. Fin 2014 à Créteil, un automobiliste échappe à un contrôle routier, blessant au passage deux policiers avec son véhicule. Au logis de ce petit dealer local, on trouve un pistolet-mitrailleur Uzi, deux pistolets automatiques 9mm, un Colt 357 magnum et des munitions en abondance. On comprend avec quelle aisance les gangsters-jihadis Kouachi-Coulibaly vont acquérir de mortelles armes de guerre auprès du premier "collègue" venu.

    • "Vivre ensemble", mais criminalité étrangère

    Nous abreuvant du "vivre ensemble", l'effusion médiatique élude - et ceci est un élément objectif de l'autopsie en cours - que tous les vrais terroristes ayant vraiment tué de 2012 à 2015, sont indéniablement issus de l'immigration, et que, de 2008 à 2013 :

    - 33% d'étrangers en plus, ont été mis en cause pour toutes les infractions non routières commises sur la sol français,

    - + 60% pour les atteintes aux biens (vols, etc.), par des étrangers, sur les mêmes années.

    Si bien entendu, on ajoutait à ces données les citoyens français récemment issus de l'immigration, la proportion des infractions commises en France par des étrangers d'origine, licites ou clandestins, serait écrasante, pour la criminalité "des rues", agressions, vols à main armée, cambriolages, vols divers, etc.

    • Une criminalité "stable" ? C'est faux

    Le ministère de l'Intérieur et les médias et agences proches disent que la "délinquance" est stable en France. Or c'est faux. La France des cités hors-contrôle et quartiers dangereux est bien plutôt prise dans une spirale criminelle - et là se trouvent le terreau et les repaires du jihadisme à la Merah & co. C'est dans ces "ghettos" qu'ils s'enhardissent et pas en Syrie ; là qu'ils s'aguerrissent et non en Irak ; là qu'ils se procurent des armes de guerre et non au Yémen.

    Ainsi, quelle est la réalité criminelle de cette France dangereuse ?

    Dès 2011, Stéphane Gatignon, maire Europe-Ecologie Les Verts de Sevran (93), décrivait (Le Monde 12/04/2011), des "affrontements violents entre bandes criminelles rivales... Nous vivons dans un état d'exception avec des bandes qui se tirent dessus pour le marché de la drogue". C'est dans de telles zones de guerre banlieusardes que les Merah & co apprennent à tirer et à cibler la police ; qu'ils acquièrent, pour de futurs attentats, le "calme des vieilles troupes".

    Dans cette France dangereuse (en "zone police", urbanisée), les séquestrations criminelles - accompagnées, de tortures, sévices et autres "actes de barbarie" - ont bondi de 33% en 2014. Or accomplir et gérer un enlèvement est une opération complexe, organisée. C'est déjà du proto-terrorisme - voir Ilan Halimi et la récente affaire de Créteil où une famille était attaquée à domicile car "Les Juifs, ça met pas l'argent à la banque".

    Dans cette France dangereuse, s'agissant des faits de violence "la barre du demi-million de faits par an est franchie en mai 2014" (+ de 500 000 cas connus). Les "règlements de comptes entre malfaiteurs" bondissant, eux, de + 20% de juin 2013 à mai 2014. Pire encore (8e enquête de victimation de l'ONDRP, décembre 2014) les vols avec violence visant les femmes (arrachages de sacs, agression aux distributeurs de billets, vols de portables...) explosent de + 28%.

    Dans cette France dangereuse, les professionnels sont toujours plus victimes de sévices et d'agressions (dernières données disponibles, fin 2013) :

    Médecins : + 15 %

    Policiers : + 5,6 %

    Gendarmes : + 17 %

    Pompiers en exercice : + 27 %

    Douaniers : + 55 %

    Pour les agents de transports (conducteurs de bus, etc.), on atteint "un record en 2013".

    Souvent, les urgentistes visitant de nuit les cités hors-contrôle sont roués de coups et dépouillés. En décembre 2014 dans le Val de Marne, un médecin "venu secourir une vieille dame", subit sa 4e agression en deux ans.

    Comment les Kouachi-Coulibaly & co financent-ils leurs voyages, leur terrorisme ? De discrets donateurs de la péninsule arabe les inondent-ils de pétrodollars ? Non : leur argent provient de cambriolages et de braquages. Qu'en est-il aujourd'hui de ces deux types d'infractions ?

    En juin 2014, la Fédération française des sociétés d'assurances signale une "explosion du nombre des cambriolages depuis 2008" : + 50 % ! Indéniable, leur analyse repose sur 38 millions de contrats Multi Risque Habitation.

    Autre type d'agression permettant d'aguerrir de jeunes malfaiteurs : les vols à la portière, sorte de micro-opération commando. Dans la seule Seine Saint-Denis, on en recense "un millier, entre le 1e janvier et le 20 décembre 2014".

    Le pire maintenant : les "Vols à main armée", familièrement dits "braquages", car au delà du crime même, ils constituent de longue date, de l'Italie des Brigades rouges à l'Ulster de l'Ira en passant par l'ETA basque, l'entraînement-roi des commandos terroristes en formation. Double bénéfice ! Car en prime, ça permet de financer la cause.

    Bien entendu, il s'agit de "braquages de proximité", sans grands risques, plutôt que d'attaquer des banques, chambres fortes, etc. Tous les tueurs de 2012 à 2015, Merah, Nemmouche, "Bilal", les Kouachi, Coulibaly sont passés par cette cruciale case "braquage". Sans l'expérience alors acquise, leur passage à l'acte terroriste devenait problématique - voire impossible.

    Qu'en est-il de ces braquages de proximité dans la France d'aujourd'hui ? Le ministère de l'Intérieur dit qu'ils baissent - une affirmation ni sérieuse, ni crédible. Les outils scientifiques offerts par la criminologie permettent à l'auteur d'affirmer qu'au contraire, ces braquages sont plus nombreux, plus violents et touchent des cibles plus diverses que par le passé.

    Ajoutons que le braquage est indéniable, car forcément repéré de divers côtés : police ou gendarmerie locales, mairies, médias locaux, assurances, syndicats professionnels ou de salariés, etc. Donc, en matière de vols à mains armées, pas de "chiffre noir" (différence entre l'infraction vécue et l'infraction connue).
    Qu'en est-il donc de ces authentiques "centres d'apprentissages" pour bandits et terroristes ?

    Prenons d'abord les médias tu terrain. Les lire systématiquement (ce que nous faisons) révèle que les braquages persistent sur des cibles "classiques" : stations-services, pharmacies, supérettes et commerces (boulangeries, jouets, articles de sport...), bar-tabacs, restauration rapide, etc. Chacune de ces attaques rapporte quelques centaines d'euros, guère plus. En outre, toujours plus de camions sont braqués (fret, cigarettes, colis, cosmétiques, informatique, etc.).

    Or désormais, de nouvelles cibles sont touchées : rien qu'en novembre et décembre 2014, des braquages ont visé (un ou plusieurs) : poissonnerie, salon de coiffure, grossiste en volailles, caserne de pompiers (!), mercerie, camion à pizza, jardinerie, caviste, cinéma, centre de thalassothérapie et le plus beau... Le Tribunal de Grande Instance de Nancy !! - au passage, une preuve flagrante du respect qu'inspire aux racailles la justice façon Taubira.

    Et les professionnels ? Que constatent les magistrats, policiers et gendarmes de terrain ? L'auteur en compte beaucoup dans ses anciens étudiants (trente ans entre l'Institut de criminologie et le département MCC...). Tous confirment ce qu'écrit l'un d'eux, début 2015 : "Les braquages de proximité se multiplient au préjudice des supérettes, bureaux de poste, pharmacies et autres boulangeries, c'est incontestable. Dans mon ressort, pas une semaine sans un ou plusieurs faits de ce type".

    Deux points importants maintenant : toujours plus, ces braquages de proximité sont violents et toujours plus, ils adviennent en série, voire par rafales.

    • Les braquages violents

    Là aussi, les témoignages abondent. Les recueillir demande juste de savoir lire. Novembre et décembre 2014, toujours : "Uckange, braquage d'une rare violence... Commerçants "braqués à domicile et violemment frappés"... A Margnac-sur-Touvre "Le braqueur frappe le vendeuse à coups de pieds et de poing"... A Issy-les-Moulineaux, un distributeur de billets attaqué à l'explosif "A 8h30 du matin, quand la fréquentation des lieux est intense"... Les bandits "ont lancé le véhicule en feu sur l'atelier"... Lyon "Braquage à la kalachnikov dans une rue pleine de monde"... Metz "Commerçant blessé par balles lors d'un braquage"... A Courcelles-les-Lens "la caissière est gravement blessées par balles". Ainsi de suite, parmi cent cas traumatisants. A l'œuvre bien sûr, des voyous - demain, des émules de Kouachi-Coulibaly ?

    • Les braquages en série

    L'énumération est incessante : Lyon "Le supermarché Aldi est braqué une nouvelle fois (la 4e depuis 2012)... "Les vols à main armée se multiplient en Seine-Maritime"... Val-de-Marne "Une soirée, trois braquages"... Angers "La série des braquages de boulangerie continue"... Fouquière-les-Lens "Enième braquage chez Aldi (un autre)... Toulouse "Cinq vols à main armée en cinq jours"... Le responsable sécurité des Carrefour de Nantes et sa région "Le nombre de VMA constatés dans nos magasins a doublé sur l'an dernier"... Presqu'île de Guérande "La vague de braquages ne faiblit pas"... Marseille "trois braquages en une nuit"... Second braquage récent à la Poste de Compiègne, dans une boulangerie et un tabac de Torcy. Nantes-Rézé "Tous les débits de tabac y ont eu droit"... Antibes-Vallauris "Braquages en série"... Saint Nazaire "Rythme inquiétant... Le 14e braquage depuis le début de l'année"... Essonne "deux commerces braqués coup sur coup"... Ainsi de suite, par dizaines de cas, chaque semaine.

    • Des braqueurs toujours plus jeunes

    "Essonne, RER D "six ados de quinze ans interpellés pour un vol violent"... Région toulousaine "trois ados braqueurs de 12, 15 et 16 ans". 12 ans, vous avez bien lu. Les chouchous Mme Taubira, "victimes de l'exclusion et du racisme" à ne surtout pas contrarier - dans les faits, de potentiels émules de Kouachi-Coulibaly après dérive dans l'islam fanatique.

    D'où provient alors la baisse de 15% des braquages annoncée par l'Intérieur et ses séides ? De subtiles manipulations sur la qualification pénale des faits. Le journal local constate un braquage, car c'en est un, mais ensuite, le "vol avec arme" ou "vol en réunion" s'édulcore en "vol avec violence". Le crime devient un délit. Niveau justice, le braquage arrive au Parquet, selon sa "nature d'affaire" (NATAF). Mais au sortir du Parquet, "maquillage" aidant, la "nature d'infraction" (NATIF) gomme le braquage. A quel rythme ce bonneteau judiciaire opère-t-il ? Assez, en fin de compte, pour que baissent statistiquement des crimes qui en fait, augmentent.

    • Quelles populations souffrent le plus de cette criminalité proto-terroriste ?

    Cette criminalité ravage d'abord la France périphérique, les faubourgs, le domaine périurbain, les villes satellites des métropoles et les campagnes proches. Là, vit 60% de la population métropolitaine et 80% des catégories populaires : ouvriers, employés, petits paysans ou artisans, patrons de TPE.

    Cette France-là souffre d'une triple insécurité :

    - Physique (la criminalité),

    - Économique (la crise),

    - Culturelle (l'immigration).

    Cette population là se sent reléguée et oubliée par les bourgeois officiels - seule face aux prédateurs aujourd'hui et peut-être, face aux terroristes, demain.

    Cette population sait ce qu'elle vit et voit ce qu'elle voit. Les contes de fée sur le "vivre ensemble", les "maquillages" sur la sécurité, soulagent sans doute aujourd'hui les gouvernants - mais à terme, tout cela est ravageur. Car la réalité existe. Notamment, la réalité criminelle. Or comme le dit si bien le philosophe Clément Rosset, cette dernière "est insupportable, mais irrémédiable".

    Dans la population périurbaine, enfle donc chaque jour le sentiment - toujours explosif en France - d'un énorme et croissant déni de justice. Sentiment qui, dans les siècles écoulés, a provoqué jusqu'à des révolutions.

    Il y a certes le double drame de Charlie-Hebdo et de l'Hyper-Casher. Mais en dessous et en profondeur, grandit le trouble à propos de "gangsterroristes" à la Merah qu'à cinq reprises déjà, le Renseignement intérieur n'a su ni cibler, ni neutraliser à temps. Cette inquiétude, les actuels gouvernants feraient bien de la prendre sérieusement en compte, au lieu d'uniquement gérer l'effusion et le théâtre politicien.

    Xavier Raufer (Nouvel Économiste, 26 janvier 2015)

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  • Comment lutter contre le "gangsterrorisme" ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire et consacré à la lutte contre le gangsterrorisme islamiste. Criminologue, Xavier Raufer a dernièrement publié Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014).

    Kouachi_Coulibaly.jpg

    Comment lutter contre le "gangsterrorisme" ?

    Après la tuerie perpétrée dans les locaux de Charlie Hebdo, les officiels, notamment le Premier ministre, avouent des « failles » dans le dispositif antiterroriste. Qu’en pensez-vous ?

    C’est un réel plantage du Renseignement intérieur, la DGSI. C’est même le quatrième à la file : Merah, Nemmouche, le « Bilal » de Joué-lès-Tours et maintenant le double drame journal Charlie Hebdo – magasin Hyper-Casher. Issu d’une fusion ratée entre les ex-Renseignements généraux et la DST, ce service semble ignorer que les terroristes djihadistes « pur sucre » à la Ben Laden n’existent plus et que, désormais, le péril vrai vient d’hybrides, voyous « réislamisés, toxicomanes… alcooliques parfois… psychotiques », même agissant seuls ou en petits noyaux familiaux, fratries, etc. Même si, soyons juste, le refus de l’instance de contrôle de prolonger des écoutes sur Kouachi, au nom des « libertés », n’a rien fait pour arranger les choses …

    Enfin, que ces hybrides dangereux n’évoluent pas en Irak/Syrie, mais en France même, sous leur nez – regardez où adviennent les attaques, et d’où partaient ces « gangsterroristes » : Toulouse… Joué-lès-Tours… Charleville-Mézières.

    Il y a donc eu une vraie erreur de diagnostic sur la nature et la localisation du péril crucial – ce que j’ai écrit dix fois depuis un an. Or, maintenant, on a la preuve de cela. Lors même de la prise d’otages de l’Hyper-Casher de Vincennes, le terroriste Coulibaly a déclaré à un média « n’être pas parti en Syrie pour ne pas attirer l’attention ». Or, des mois durant, ensemble, des médias, des ministres et autres officiels du ministère de l’Intérieur ont seriné que le vrai et seul danger émanait des djihadistes rentant d’Irak ou de Syrie : ils se sont fait berner par les Kouachi, Coulibaly & Co.

    Voici, comme le disent gentiment certains journalistes, comment ces assassins ont pu « passer sous le radar ». Là est exactement le problème car les ministres et hauts fonctionnaires sont justement payés pour voir, et voir à temps, les dangers réels sur ces fameux « radars », pas pour expliquer après coup qu’ils n’ont rien vu, ou trop tard – ce qui revient au même. En pareil cas, les Texans disent « fermer l’écurie à clé après que le cheval a été volé ». Il serait bon que le Renseignement intérieur sorte de cette logique et détecte à temps les vrais terroristes, les bombes humaines à la veille d’agir.


    Mais ces « gangsterroristes » ne sont-ils pas trop nombreux pour qu’on les surveille tous ? Ces jours-ci, ces consternantes déclarations sont tenues par divers retraités, patrons du Renseignement intérieur ou magistrats.

    Y a-t-il 5.000 djihadistes dangereux et faut-il vraiment 25 policiers pour les surveiller chacun ? C’est absurde. Dans les 5.000, en entonnoir, on a tout, depuis le jeune énervé se défoulant sur Internet (des centaines, minimum) jusqu’à la bombe humaine prête à exploser (quelques-uns). Ce qu’est une telle bombe humaine, on le sait – ou on devrait le savoir – depuis le « prototype » Merah. C’est précisément de tels individus qu’il faut surveiller de près. Or, les Kouachi et Coulibaly sont d’exacts clones de Merah. Si vous surveillez les Kouachi avant l’attaque de Charlie, vous les voyez voler une voiture… accumuler cagoules et armes de guerre… sans doute rôder vers les locaux de Charlie – cible islamiste majeure et connue de tous –, vous surveillez leurs téléphones… Que préparent-ils ? Faut-il être Sherlock Holmes pour le comprendre et réagir à temps ?

    Que faire pour éviter que de tels drames ne se reproduisent ?

    Une administration est quasiment incapable de se réformer seule et en temps utile. C’est au politique d’exiger la réforme – au besoin, en bottant quelques fesses. Rappel d’un exemple célèbre, Clemenceau en 1917, au ministère de la Guerre : « Nécessité d’y rétablir l’autorité du ministre qui n’existait plus, disloquée qu’elle était entre les directeurs et les états-majors… Tout le monde y commandait sauf le ministre ; les bureaux plus que jamais y étaient les maîtres. Il fallait commencer par tout réformer. » (1)

    Le 10 septembre 2001 encore, la CIA était enchantée du boulot qu’elle faisait sur Ben Laden et Al-Qaïda. Jusqu’au lendemain… Ici et maintenant, il faudra virer des incapables, donner les commandes à des patrons comprenant les dangers nouveaux, les hybrides, etc. Sachant déceler à temps des signaux faibles et des ruptures d’ambiance, analyser et réagir sur le champ… Cela se fait déjà, et bien, au Renseignement de la région parisienne. Pourquoi ne pas étendre cette expérience, cette pratique, à l’échelle nationale ? Cette décision, il revient au pouvoir politique de la prendre. Un pouvoir politique qui, sur ces mêmes sujets, a beaucoup vacillé ces deux dernières années...

    Xavier Raufer, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 13 janvier 2015)

    Note :

    (1) Henri Mordacq, Le ministère Clemenceau, journal d’un témoin, Plon, 1930.
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