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frédéric malaval

  • Un regard écologique sur les virus...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Malaval, cueilli sur Polémia et consacré aux virus vus sous un angle écologique. Frédéric Malaval est docteur en Sciences de l’environnement.

     

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    Un regard écologique sur le Covid-19 – Virologie et incertitude

    Les virus, organismes très fragiles, se perpétuent par le changement perpétuel.

    Les virus sont les virus

    “Les virus sont les virus”, voici la réponse des spécialistes de ce monde quand le béotien cherche à ranger les virus dans une catégorie connue. Les virus sont des êtres inéligibles au monde vivant. Ils forment une entité clanique en elle-même. Difficile alors de créer des catégories de virus. Hier, la classification reposait sur leur pouvoir pathogène ou leur taille; on a découvert récemment des virus géants, c’est-à-dire de la taille de…. bactéries. Aujourd’hui, cette classification est fondée sur la structure des virus selon la nature de l’acide nucléique du génome, DNA ou RNA, la conformation de la capside, tubulaire ou icosaédrique, et enfin la présence ou l’absence de péplos. Demain, on verra… (1: “Les virus, piliers de la vie marine”, Pour la Science n°104, juillet 2019).

    Ces éléments réunis permettent de déterminer les modes de transmission et d’action des virus, considérés unanimement comme des organismes très rudimentaires pratiquant le parasitisme. Leur identité est difficile à établir car leur fragilité leur impose une mutagenèse vitale pour surmonter l’hostilité des organismes qu’ils parasitent et tromper toutes les protections dont ils sont les victimes. Leur but est d’accéder au sein de cellules vivantes afin de se dupliquer en détournant la biochimie cellulaire à leur profit et assurer leur pérennité une fois la cellule infectée détruite. Quand beaucoup de cellules sont infectées, l’organisme parasité meurt. Mais entre temps, il aura été le vecteur du virus dont il aura garanti la survie.

    Le succès d’un virus dépend de sa capacité à se fixer à la surface des cellules d’un organisme. L’analogie d’un mécanisme clé-serrure, souvent évoqué, illustre cette exigence. Chaque organisme-hôte dispose d’une ‘serrure’ qui lui est propre à la surface de ses cellules. Si le virus dispose de la « bonne clé », il pourra entrer. Or, en permanence, les organismes-hôtes potentiels changent leurs ‘serrures’. Les virus doivent alors disposer de nouvelles clés. D’où la nécessité de muter en permanence, c’est-à-dire de créer de nouvelles clés avec l’espoir que l’une d’entre elles fonctionnera.

    Les virus, moteur de l’Évolution !

    Les virus constituent une merveille de l’évolution car ils consacrent un mode de ‘vie’ dont la pérennité repose sur le changement perpétuel. Constatant cette singularité, de nombreuses personnalités ont vu dans les virus une composante essentielle de la biosphère. Ainsi, Lewis Thomas (1913-1993) soulignait que leur mobilité génétique avait joué un rôle sans équivalent dans l’Évolution par leur capacité à déplacer du matériel génétique d’un individu ou d’une espèce à l’autre. Là est la difficulté des chercheurs pour élaborer le vaccin idoine, car une fois celui-ci au point, le virus ciblé aura muté, changé d’identité et de comportement. Ils sont confrontés à une relation ressource-consommateur / proie-prédateur de base en écologie. Les militaires vont traduire ce couplage par l’ancestral antagonisme entre l’épée et la cuirasse. Mais alors que cette relation proie-prédateur se déploie sur des millénaires d’évolution chez les mammifères, une à deux générations humaines dans l’art de la guerre, celle-ci évolue en quelques mois, voire semaines, pour l’interface virus-hôte.

    Ces mutations du matériel génétique fournissent alors de nouvelles ‘épées’. Pour d’innombrables impasses évolutives, il y a toutefois quelques succès adaptatifs. Une fois installé chez un hôte, le nouveau germe pathogène peut alors se propager chez les individus fragiles d’une population. Une maladie infectieuse est la conjonction de plusieurs évènements que le couple germe-hôte initie. Ensuite, les contacts répétés entre les membres de la population-hôte assurent sa diffusion chez les immuno-dépressifs, – là, ils triomphent -,… et l’immunisation des individus sains. Une nouvelle lignée doit alors vite émerger sous peine de mort définitive du type de virus ayant rencontré le succès initial.

    Il n’y a pas de papa et de maman virus

    Les virus ne peuvent pas se multiplier par eux-mêmes. Il n’y a pas de papa et de maman virus. La multiplication d’un virus consiste en l’introduction du génome viral dans une cellule. C’est elle qui va fabriquer de nouveaux virus selon un procédé de biosynthèse appelé réplication. C’est pourquoi cela est qualifié de parasitisme. C’est au moment de cette réplication que des ‘erreurs’ de transcription engendrent de nouvelles variétés.

    Les chercheurs identifient les différentes étapes du cycle de multiplication virale propre à chaque virus pour développer des molécules antivirales. Mais le virus mute, amplifiant ou non alors ses capacités de diffusion. La mutation modifie son éthologie et par conséquent les manifestations de sa présence. Les issues sont alors son éradication ou son amplification dans la population-hôte. On ne sait pas d’avance ce qui va se passer car il est impossible de connaître la nature et l’issue d’une mutation. Les certitudes sont rares dans le monde des virus, car l’aléa est au fondement de l’existence de ces organismes. D’où la grande prudence des virologues quand on attend d’eux des réponses concrètes. La réponse valable ce jour ne le sera plus demain.

    Coronavirus est une vedette de la virologie

    Concernant les évènements du printemps 2020, le non-spécialiste est obligé d’admettre que le flou le plus total règne. Pourtant, Coronavirus est une vedette de la virologie. Dans le numéro de janvier 2018 de Pour la Science était signalée une étude de l’Académie chinoise des sciences confirmant l’hypothèse que les chauve-souris du genre Rhinilophus étaient un réservoir du Coronavirus à l’origine du SRAS, syndrome respiratoire aigü sévère. Une épidémie en 2003 avait alerté les savants sur ce thème. Mais déjà ceux-ci avaient constaté être en présence de plusieurs souches. Ce polymorphisme participe au succès adaptatif des virus.

    C’est parce qu’il a besoin de récepteurs cellulaires spécifiques de la membrane cytoplasmique pour rentrer dans une cellule que chaque type de virus donné ne peut infecter qu’un nombre restreint d’espèces. Cela est qualifié de tropisme d’hôte. Une fois le processus réussi, jusqu’à un millier de virus sortent en faisant éclater la cellule, notre résistance aux virus dépendant alors de la performance de notre système immunitaire. Or, celui-ci varie selon les circonstances (horaires, saison, fatigue, alimentation, stress, âge, etc.), d’un individu à un autre, d’une race à une autre, d’une espèce à une autre, etc.

    Ainsi, il est maintenant prouvé que les Africains et les Européens répondent différemment aux infections. Cela est en grande partie sous contrôle génétique. La sélection naturelle est à l’origine de nos profils immunitaires. Les premiers vivent sous les tropiques, alors que les seconds ont prospéré à des latitudes septentrionales aux climats tempérés. Depuis longtemps les savants ont compris cela. Aujourd’hui, nous dirions que nous sommes le produit de déterminismes écosystémiques. La conséquence est qu’un Blanc est plus fragile en Afrique qu’un Noir, et réciproquement.

    Les virus à l’origine du Commerce triangulaire

    Pour l’anecdote, ces différences dans la performance immunologique sont à l’origine de l’esclavage des Noirs dans les Antilles. A l’origine des ouvriers blancs sous contrat s’affairaient dans les plantations. Mais l’inadaptation de leurs systèmes immunitaires sous les tropiques les faisait mourir bien vite. D’où la nécessité pour les planteurs de recourir à un prolétariat adapté à ces conditions très différentes de celles prévalant en Europe. Les Africains subsahariens répondaient à ces critères, mais il fallait les ‘acheter’ car le ‘contrat’ n’existait pas en Afrique. Il n’y avait pas de salariat, seulement des relations maîtres-esclaves. D’où la mise en œuvre du Commerce triangulaire. L’origine de tout cela est la défaillance de l’immunité des Européens en climat tropical.

    La perfection immunologique : le varan de Komodo

    Il est aussi prouvé que des espèces archaïques vivant dans des milieux riches en germes pathogènes comme les écosystèmes équatoriaux sont très résistantes aux infections. Ainsi, les savants espèrent trouver un antibiotique miracle dans le sang du dragon de Komodo ; un très gros varan asiatique tout droit sorti du temps de dinosaures. Son système immunitaire est si efficace qu’il utiliserait des bactéries pathogènes présentes dans sa salive pour tuer ses proies grâce à une immunité innée résultant de millions d’années d’évolution. D’autres reptiles attirent l’attention des chercheurs pour isoler des molécules au spectre antiviral large. Précisons qu’il existe aussi une immunité innée chez les humains, mais comme espèce apparue récemment, elle est beaucoup moins performante que celle d’autres espèces l’ayant précédée et diffère d’une race à une autre.

    Chez les humains, il est admis que les populations tropico-équatoriales sont plus anciennes que les populations septentrionales. Dans les milieux savants, l’idée se répand actuellement que les Africains subsahariens n’ont pas seulement un système immunitaire différent de celui des autres races humaines, mais que celui-ci est très performant, sous réserve qu’il s’exprime dans l’espace écologique ayant engendré leur lignée. Dit autrement les individus à la peau noire ont de meilleurs systèmes immunitaires que ceux à la peau claire. C’est tout à fait normal. Il en est ainsi pour toutes les populations humaines vivant sous les tropiques. Les Africains vivent dans des territoires à la nourriture abondante et à la température clémente; la contrepartie étant qu’ils évoluent dans un véritable bouillon de culture. Un système immunitaire performant est donc la garantie d’avoir une espérance raisonnable de survivre comme individu et comme lignée. En revanche, les populations septentrionales, c’est-à-dire essentiellement les Blancs, vivent dans des territoires où rien ne pousse pendant plusieurs mois et où le froid tue. La bonne nouvelle et qu’il y a ‘moins de microbes’. La sélection naturelle a favorisé, selon les déterminismes écologiques, des systèmes immunologiques différents à l’origine d’une immunité innée propre à chaque lignée à laquelle s’ajoute l’immunité acquise propre à chaque individu.

    Immunité innée et immunité acquise

    Cette immunité acquise est une des trois lignes de défense s’opposant successivement à une infection virale. A la frontière de l’organisme, il y a la peau, les muqueuses, la faune et la flore épidermiques. C’est la jungle sur notre peau. Difficile de la traverser. Ensuite interviennent l’immunité naturelle innée, puis l’immunité acquise forgée par le contact avec le virus pathogène. Le principe de la vaccination est que ce premier contact soit fait avec un germe inerte.

    En fin de compte ce n’est pas le virus qui déclenche la maladie, mais l’état plus ou moins immunodépressif du sujet infecté. Aussi, tous les états d’immunodépression contre-indiquent les vaccins vivants infectieux. Cela serait fatal pour une personne fragile alors qu’un sujet sain le supporterait sans dommage. Celui-ci serait toutefois à l’abri de l’infection, sans vaccin. Généralement, un individu en bonne santé dans son espace écologique est à l’abri des infections virales ordinaires. Pourtant, les tentatives sont innombrables, confrontant à chaque instant le système immunitaire de nos organismes à de nouveaux défis. Mais l’immense majorité n’a pas plus d’effet sur nous qu’un léger zéphyr.

    Aussi, les virus sont utiles car ils influent décisivement sur toutes les populations envisagées comme un ensemble d’individus semblables. Entre autres, une de leurs cibles privilégiées sont les autres germes, dont les bactéries elles aussi à l’origine de nombreuses pathologies fatales. Éliminer les virus renforcerait ces populations de bactéries avec les conséquences facilement envisageables pour les autres populations, humains compris. Les bactéries sont beaucoup plus résistantes aux agressions de toutes sortes que les virus. Avant l’arrivée des antibiotiques, il était courant d’introduire volontairement des virus dans les organismes infectés par des bactéries pour les détruire. Cette pratique médicale est qualifiée de phagothérapie. Confrontés à la baisse d’efficacité des antibiotiques, cette pratique retrouve grâce auprès de nombreux médecins.

    Pour l’anecdote, on signalera aussi l’utilisation de virus dans la technologie. À ce jour, il est envisagé d’utiliser des virus génétiquement modifiés pour améliorer les performances des batteries en augmentant la surface des cathodes grâce à eux. La discussion est ouverte !

    Pour l’écologue, toutefois, la fonction principale des virus est de contribuer à l’hygiène des populations en limitant leur taille et en éradiquant les individus ‘fragiles’, potentiellement vecteurs de virus, menaçant à terme les individus sains. Ce n’est pas un propos facile à assumer, mais c’est comme ça. Il faut le dire. Leur fonction écologique est fondamentale.

    Frédéric Malaval (Polémia, 19 juillet 2020)

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  • Perspectives pour l'année 2030...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Malaval, cueilli sur Polémia et consacré aux années 2030, qui, pour l'auteur, seront probablement une période de basculement du système...

     

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    Année 2030

    De plus en plus de Français attendent un changement drastique, pas seulement de politique, mais de société. Une majorité cependant ne le souhaite pas, confortant à chaque élection les partis dits de gouvernement. Jamais le fossé entre ces deux catégories n’a paru aussi large.

    Aussi se pose désormais la question, non pas de la nature du changement, mais du moment de ce changement. La réponse avancée par ce texte est que les conditions seront réunies autour des années 2030, soit dans quinze ans.

    Pour argumenter cette prophétie nous allons – brièvement – nous intéresser aux évolutions majeures que le territoire français européen a connues depuis 1945. Cette rétrospective sera nourrie d’une approche écologique, donc écosystémique. Aussi, avant de s’accorder sur ces grandes mutations, devons-nous exposer sommairement les fondements de l’écologie et particulièrement de la dynamique des populations, néologisée en « démécologie ». En effet, la conclusion avancée par ce texte repose essentiellement sur la prise en compte des conséquences de la vague démographique qualifiée de baby-boom sur notre société.

    Ecologie

    Pourquoi recourir à l’écologie pour tenter d’estimer les conditions d’un changement majeur de la société française ? Une réponse est que l’écologie permet de l’envisager comme un écosystème. Ce modèle, pierre angulaire de cette discipline, est la résultante d’interactions entre des populations entre elles et avec leur milieu. La conséquence en est des rapports trophiques, c’est-à-dire que les uns fournissent les ressources aux autres et réciproquement. La taille d’une population dépend donc des ressources auxquelles elle accède. Exemple : les lions mangent des zèbres qui mangent de l’herbe. S’il n’y a pas beaucoup d’herbe, il n’y a pas beaucoup de zèbres et donc pas beaucoup de lions. C’est très schématique. De ces interactions découlent la croissance ou la décroissance de la population concernée. Ces changements sont modélisés par les équations de Lotka-Volterra. Appelées aussi « modèles proie-prédateur », ces équations sont couramment utilisées pour décrire la dynamique de systèmes biologiques dans lesquels des populations interagissent.

    La nature d’un écosystème quel qu’il soit est donc largement définie par les rapports entre des populations interagissant entre elles. Cette approche transposée à l’analyse des écosystèmes artificiels que sont par nature les sociétés humaines, surtout à nos latitudes septentrionales, permet d’identifier la ou les populations, ou la ou les classes de population, déterminantes comme facteurs structurants de l’écosystème. C’est un des préalables à toute tentative d’estimer leurs évolutions. Deux phénomènes paraissent incontournables si on étudie sur une période longue la société organisée sur le territoire français : la vague baby-boom d’une part, la vague migratoire extra-européenne d’autre part.

    Cette vague baby-boom aura pesé comme aucune autre jusqu’alors sur les structures de notre pays, en tant que juvéniles, adolescents, jeunes gens, puis adultes. Ils n’ont pas fait beaucoup d’enfants.

    Le baby-boom

    La vague baby-boom commence au milieu des années 1940 pour se terminer au début des années 1960. Les chiffres sont connus, il n’est pas nécessaire de revenir dessus. Relevons simplement que ce baby-boom a concerné essentiellement une population européenne, donc de race blanche, et que cette croissance a suscité d’énormes inquiétudes, peut-être à l’origine de l’atonie démographique qu’elle a assumée. Né à la fin de cette vague, je me rappelle très bien que nos manuels de géographie au collège envisageaient 100 millions d’habitants à l’horizon 2000. Nous en sommes loin. Si croissance il y a eu, elle n’est pas due à la population de souche mais aux apports migratoires extra-européens, surtout africains, et à leurs développements sur le territoire de la France européenne.

    En étudiant plus finement la croissance de la population de souche, il appert que cette vague baby-boom est venue compenser les déficits démographiques de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe. S’il y a eu croissance de la population aborigène ensuite, cela est dû à l’augmentation de la durée de la vie, conséquence de la surartificialisation de notre écosystème. Cette surartificialisation a permis à des gens âgés ou malades de vivre alors qu’ils auraient été condamnés dans un contexte moins artificialisé, donc plus naturel. Il est à peu près évident que le nombre de reproducteurs de souche, c’est-à-dire les adultes en âge de se reproduire naturellement et d’élever leur progéniture jusqu’au stade de reproducteurs, est, aux variations près, à peu près stable depuis la moitié du XIXe siècle.

    Mais au sein de cette population – c’est-à-dire au regard de l’écologie, un ensemble d’individus semblables –, cette vague baby-boom est surreprésentée dans les composantes de la population… de souche. Nous parlerons plus loin de l’immigration extra-européenne, mais avant cela il est nécessaire de saisir le rôle que cette génération a eu dans la structuration de notre écosystème France. Son poids démographique a été en effet décisif pour conduire les mutations que les uns déplorent et que les autres louent.

    De 1945 à aujourd’hui

    En 1945, le territoire français vient de subir deux événements fondamentaux. Le premier est la débâcle de 1940 ; le second est la submersion US de 1944. Une conséquence majeure est que la classe dirigeante française issue des rapports de force endogènes est éliminée dans l’après-guerre. Exécutions, condamnations, ostracisations caractérisent cette Epuration conduite sous l’œil des autorités US. Mais cela pose un problème : excepté quelques figures entrées au Panthéon de l’histoire de la République, notre pays n’a plus les cadres pour le diriger.

    Fort opportunément, les Etats-Unis et leurs affidés locaux vont engager un processus de promotion méritocratique dans les couches les plus modestes de la population indigène ou installée récemment. C’est l’époque du « J’suis parti de rien, regardez c’que j’suis devenu… » moqué dans un sketch aux mille lectures associant Guy Bedos et Michel Sardou (*). Ce processus s’amplifiera avec l’arrivée dans ce mouvement de la génération baby-boom qui opportunément adhérera sans retenue à l’américanisation de la société française. Simultanément, un travail de sape méthodique détruit les reliquats de la société française traditionnelle ayant survécu aux secousses d’après-guerre.

    Du baby-boom au papy-boom

    Les membres de cette génération nés à partir de 1945 ont aujourd’hui environ 70 ans. Dans nos sociétés hyper-médicalisées, c’est l’âge auquel les soucis sérieux commencent à handicaper les individus jusqu’alors en bonne santé. Pour un homme, il restera en moyenne 12 ans à vivre et pour une femme 17 ans. Mais les effets de l’âge obligent à lever le pied, la vigueur d’antan n’est alors plus qu’un souvenir. Pour la génération baby-boom née au début des années 1960, cela signifie qu’à partir de 2030, nous n’aurons plus l’énergie pour structurer la société française que notre poids démographique a permis car nous serons alors dans la tranche des 70 ans. Le papy-boom sera alors la conséquence de ce baby-boom ayant fait la société française depuis 1945.

    En effet, cette vague démographique est à l’origine de toutes les mutations que notre territoire a connues depuis la fin de la guerre. A cette époque leur arrivée a obligé à concentrer beaucoup ressources sur eux : allocations familiales, écoles, etc., puis, à l’âge pré-adulte, ils ont fourni d’importants contingents aux dirigeants de Mai-68 à l’origine de la société libérale-libertaire ayant sapé les fondements de la société française traditionnelle. Ce sont eux qui depuis portent alternativement aux affaires des gouvernements mondialistes sous étiquette UMP-PS. Ce sont eux qui, pour satisfaire leurs ambitions sociales, ont accepté l’immigration extra-européenne chargée d’occuper, entre autres, les espaces sociaux qu’ils ont désertés. Ce sont eux qui se sont construit des rentes à tous les niveaux. Ce sont eux qui n’ont pas eu d’enfants, préférant parler de sexe plutôt que de supporter pendant des années les réveils nocturnes pour cauchemar ou pipi au lit. Etc. Mais ils ont travaillé, beaucoup travaillé, permettant un développement économique sans précédent.

    C’est cette génération qui aura véritablement fait l’histoire du territoire de 1945 à 2030 dont il faut maintenant envisager la fin, ouvrant l’espace à toutes les possibilités. Une des plus importantes à prendre en compte est le changement radical de la population vivant sur le sol de la Ve République. En effet, l’immigration extra-européenne a coïncidé avec cette vague démographique endogène. Ces immigrés sont majoritairement arrivés à partir des années 1970, époque où la génération baby-boom, elle, entrait dans la maturité.

    Aujourd’hui, les immigrés – envisagés comme des personnes de souche extra-européenne –, qu’ils aient ou non la citoyenneté française, sont évalués à une quinzaine de millions en France européenne. Ce chiffre est peut-être plus bas ou plus haut. Il n’existe pas de statistique lisible sur ce thème. C’est une population majoritairement jeune, ayant profondément bouleversé la physionomie de la population française historique, à quasiment 100% européenne jusque dans les années 1970. On ne développera pas ici les raisons de cette présence, mais on admettra seulement qu’ils représentent environ de 20 à 25% de la population résidente actuelle. Les couches âgées étant majoritairement de souche, ce pourcentage ne peut que croître dans les années suivantes, même en bloquant les apports extérieurs. De nombreuses écoles de grandes métropoles n’ont plus de sujets de souche européenne dans leurs effectifs.

    Pendant ce temps, la génération baby-boom arrive à son terme. Ceux nés à partir de 1945 commencent à mourir ou ne sont pas bien en forme ; ceux nés autour de 1960 n’ont plus qu’une quinzaine d’années devant eux. Après, l’effet structurant de cette génération va s’estomper brutalement, laissant aux forces sociales en émergence la possibilité de se déployer.

    Quel avenir après 2030 ?

    Autant il est envisageable d’estimer le moment des bifurcations écosystémiques majeures, autant il est quasiment impossible de savoir quelles formes elles prendront. L’Ecologie a bien quelques certitudes sur les principes de fonctionnement des écosystèmes, mais cette science est encore balbutiante et n’est pas reconnue par des institutions inféodées aux espérances de la Modernité mondialiste. Donc, on ne peut prétendre à la même rigueur scientifique que des disciplines installées antérieurement. Mais, selon l’adage : « La philosophie précède la science », rien n’empêche d’être imaginatif. Alors philosophons…

    La pensée cardinale de l’Ecologie est que toute manifestation du vivant est la résultante d’interactions avec le Milieu ayant engendré les formes et comportements identifiés. Résultat de millénaires de sélection naturelle, nos patrimoines génétiques sont donc très conservateurs et nous portent à engendrer le semblable. C’est le principe de la reproduction. Ce réductionnisme génétique est une des conclusions majeures des travaux menés par les sociobiologistes. Donc les formes divergentes, si elles n’ont pas surmonté les filtres de la sélection naturelle, disparaîtront au même titre que celles incapables de s’adapter aux mutations écosystémiques. L’Ecologie nous enseigne aussi que toute population – rappel : ensemble d’individus semblables – favorise la survie de ses reproducteurs. Donc, si un non-reproducteur n’a aucune vocation à soutenir les reproducteurs, il disparaît. L’Ecologie thermodynamique garantit, en outre, que les écosystèmes les plus stables sont ceux les plus efficaces énergétiquement. Cela signifie que toute organisation énergivore sans contre-partie écosystémique avérée est condamnée à plus ou moins brève échéance. Une autre certitude de l’Ecologie est qu’une population donnée croît jusqu’à atteindre un état d’équilibre avec le territoire dans lequel elle s’insère et dont elle est issue. Les excédents sont rapidement lissés. Limitation des ressources, anomalies climatiques, prédation, conflits, épidémies, etc., contribuent à cet équilibre fluctuant.

    Les humanistes postulent que l’Homme échappe aux lois de la nature et ils invoquent un réductionnisme naturaliste pour contester les vues des écologues. Ces derniers répondent que nous pouvons effectivement en retarder un temps la portée par une surartificialisation de nos pratiques sociales, mais que cela ne pourrait être durable. Pour illustrer cet antagonisme irréductible de la philosophie occidentale, imaginons le futur d’une pomme lancée en l’air… Elle retombe sur le sol. Tout le monde s’accorde là-dessus. Imaginons maintenant un humain lancé en l’air dans les mêmes conditions. Il retombera lui aussi sur le sol. Si cet humain est mis dans un aéronef, il pourra se maintenir en l’air, mais alors aux conditions déterminées par cet aéronef. Si ce dernier défaille, alors notre bonhomme retournera par terre avec toutes les conséquences imaginables. L’artificialisation de l’écosphère est le biais permettant de suspendre temporairement les manifestations de lois de la nature irrépressibles. Cependant, si cette artificialisation se révèle dangereuse, elle sera limitée. Une crise, quelle qu’elle soit, viendra rétablir les équilibres transgressés fragilisant l’avenir des populations concernées.

    Pour éclairer ces quelques perspectives jetées en vrac, et tout en étant conscient que cela risque de déranger le lectorat de ces lignes, c’est ainsi qu’il faut se poser la question de l’islamisation potentielle des sociétés historiques d’Europe de l’Ouest. Si l’Islam porte en lui des réponses écosystémiques favorisant la perpétuation des populations de souche européenne confrontées aujourd’hui à des pratiques délétères, alors demain nous serons musulmans. Si nous trouvons en nous les forces pour surmonter les défis actuels, alors nous ne serons pas musulmans. Mais quoi ?

    On a quinze années pour l’imaginer.

    Frédéric Malaval (Polémia, 27 septembre 2014)

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  • Halal/Casher : qu'en pensent les moutons ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Malaval, cueilli sur Polémia et consacré à la question de l'abattage rituel, qu'il soit casher ou halal...

     

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    Halal/Casher : qu'en pensent les moutons ?

    Marine Le Pen a lancé le débat. Puis, Claude Guéant, François Fillon, Nicolas Sarkozy l'ont relayée, chacun tentant d'attirer quelques électeurs de plus en pointant les pratiques halal/casher.

     

    Choquée que ce thème soit utilisé à des fins électorales, la bien-pensance monta au front arguant que des sujets bien plus importants devaient être privilégiés. Pourtant, le maintien de rites ancestraux au nom d'identités d'essence religieuse manifeste la volonté de minorités d'être en contravention avec la règle commune. Notons que les représentants de l'Ecologie politique officielle sont d'une discrétion absolue sur ce sujet. Eva Joly a même osé qualifier cela de « rideau de fumée qui masque les véritables enjeux ». Elle préfère parler de chômage ou de politique étrangère… Si les «écologistes patentés ne s'intéressent pas à la nature et aux animaux, qui va le faire ?

     

    Plus globalement, la singularité religieuse casher/halal affirme une volonté de se singulariser au sein d'une civilisation européenne qui accorde de plus en plus de droits à la nature, en général, et à l'animal, en particulier. Parmi ceux-ci : celui de ne pas souffrir. Relevons que sur ce thème aucun mouton, vache, poulet, etc., n'a été interrogé alors qu'ils sont les premiers concernés. Personne ne peut légitimement se revendiquer leur tuteur. Ce constat, entre autres, amène de nombreux juristes à considérer que le droit anthropocentré qui organise nos écosystèmes artificiels est désormais obsolète.

     

    Hier, la souffrance animale était envisagée comme une illusion. Assimilé à une machine dans la philosophie de Descartes, car dépourvu d'âme, l'animal était offert à toutes les abominations. La vivisection du XIXe siècle fut la conséquence paroxystique de cette conception. En parallèle émerge une conscience naturaliste dont la législation actuelle est l'héritière. Dès le XIIIe siècle, saint François d’Assise diffuse l’idée d’une nature distincte de l’homme, certes, mais dont les éléments comme les oiseaux sont nos frères. Aussi, on trouve dans la tradition chrétienne l'idée que l'homme n'est que le « gérant » ou l' « intendant » de la Création divine à laquelle il doit rendre compte de ses actes. Hans Jonas (1903-1993), philosophe allemand, fut une des personnalités ayant popularisé les enjeux philosophiques de cette relation à la nature.

     

    Les historiens considèrent que c'est au XIXe siècle que cette reconnaissance des droits de l'animal prend forme. Les modifications industrielles qui conduisent au remplacement de l'énergie animale par la vapeur ou l'électricité font que l'animal de référence n'est plus seulement l'animal de travail, usé à la tâche, souvent traité avec indifférence ou cruauté, mais l'animal de compagnie, observé et aimé. C'est ainsi qu'après les guerres napoléoniennes apparaissent les premières sociétés de protection des animaux. Les traitements inhumains des animaux (élevage ou abattage des animaux de boucherie, dressage des animaux de cirque, bêtes de trait maltraitées) sont stigmatisés. Les chasses cruelles sont condamnées. On dénonce la vivisection. On fait interdire les combats d'animaux. Toute une série de lois assure la protection juridique des animaux. En Angleterre comme en France, le combat contre la souffrance animale est associé à la lutte contre l'esclavage et au développement de la démocratie. C’est une composante du Progrès de l’HOMME.

     

    Jeremy Bentham dans Introduction aux principes de la morale et de la législation, déclarait ainsi en 1789 : « Il y eut une époque, et j'avoue avec tristesse qu'en bien des lieux ce temps n'est pas révolu, où la plus grande partie de l'espèce, sous la dénomination d'esclaves, était considérée aux yeux de la loi de la même manière que les animaux des races inférieures sont traités en Angleterre par exemple. Le jour viendra peut-être où le reste du règne animal retrouvera ses droits qui n'auraient jamais pu lui être enlevés autrement que par le bras de la tyrannie. Les Français ont déjà réalisé que la peau foncée n'est pas une raison pour abandonner sans recours un être humain aux caprices d'un persécuteur. Peut-être finira-t-on un jour par s'apercevoir que le nombre de jambes, la pilosité de la peau ou l'extrémité de l'os sacrum sont des raisons tout aussi insuffisantes d'abandonner une créature sensible au même sort. »

     

    Depuis, le droit de la nature et des animaux est devenu un pilier de notre civilisation européenne. La directive 2004/35/CE du Parlement européen et du Conseil, du 21 avril 2004, sur la responsabilité environnementale en est la pierre angulaire. Auparavant, en mai 1999 était entré en vigueur le protocole sur la protection et le bien-être des animaux. Ils y sont reconnus comme des êtres sensibles. S'appuyant sur des législations anticipatrices, la directive 74/577/CEE du Conseil du 18 novembre 1974 imposait l'étourdissement des animaux avant leur abattage. Les procédés d'étourdissement autorisés doivent plonger les animaux dans un état d'inconscience qui doit durer jusqu'à leur abattage, de manière que toute souffrance leur soit épargnée. Or, les pratiques casher/halal s’affranchissent de cette règle de fond.

     

    Pourtant, la pression est forte. La chaîne de télévision Arte alimente le combat pour le droit des animaux. Le mardi 27 mars 2012, elle diffusera un reportage sous le titre : « Doit-on encore manger des animaux ? » Hier, elle faisait une large publicité au livre Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer. Une multitude de vidéos sur l'abattage casher ou halal circulent sur le Web. Personne ne peut dire : je ne sais pas. Alors pourquoi des dérogations halal/casher ? Beaucoup de juifs et de musulmans n'approuvent pas leurs coreligionnaires extrémistes. Mais ils sont discrets.

     

    En imposant, on ne sait comment, des pratiques d'un autre âge, et alors que le combat pour la dignité animale est loin d'être gagné, le maintien de ces pratiques d'abattage halal/casher trahit une volonté de se situer résolument à la marge d'une évolution organique de la civilisation européenne. La polémique déclenchée par Marine Le Pen est donc symptomatique d’un enjeu de civilisation fondamental. Au contraire d’une dispute factice sur les avantages réciproques de la prime pour l’emploi ou de la TVA sociale, elle est digne d’une élection présidentielle. Encore faudrait-il l’aborder franchement et appeler un mouton, un mouton. Cela participerait à la mutation d’un droit anthropocentré en un droit écocentré, seul garant de l’avènement d’une réelle société écologique.

     

    En guise de conclusion, et pour étouffer d'emblée toutes déformations de ces lignes, précisons que si les prosélytes du halal/casher apportaient la preuve que leurs pratiques limitaient la souffrance animale, alors il faudrait immédiatement que tous les abattoirs s'y adonnent.

    Frédéric Malaval (Polémia, 17 mars 2012)

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