Les éditions Perrin viennent de publier dans leur collection de poche Tempus une biographie de Thierry Maulnier signée par Etienne de Montety. Directeur du Figaro littéraire, Etienne de Montety est également l'auteur d'un essai intitulé Salut à Kléber Haedens (Grasset, 1996), d'une biographie d'Honoré d'Estienne d'Orves (Perrin, 2001) et d'une enquête sur les légionnaires intitulée Des hommes irréguliers (Perrin, 2005).
" Né en 1909, élève de l'Ecole Normale Supérieure avec Robert Brasillach, Simone Weil et Georges Pompidou, Thierry Maulnier meurt en 1988, académicien et grand éditorialiste au Figaro. Disciple de Charles Maurras, engagé à l'Action française, il traverse les années trente ivre de connaissance, à la découverte de Malraux, Aragon, Breton, et adule Dostoïevski et Sophocle. C'est en jeune nationaliste irrigué par des préoccupations sociales et économiques qu'il participe aux manifestations de 1934. Alarmé très tôt par la montée du nazisme, refusant tout embrigadement, il ne s'abîme pas comme tant d'autres dans la collaboration. Son talent de polémiste se réveille plus tard, après la Guerre, dans le combat intellectuel mené contre le communisme et Jean-Paul Sartre. Il crée alors avec François Mauriac, La Revue de la Table ronde. Critique littéraire, homme de théâtre, moraliste et journaliste, Thierry Maulnier demeure, à la manière de Raymond Aron, la parfaite illustration, dans une certaine tradition de la droite française, d'une conscience libre et brillante, celle qui sait si bien saisir les battements de coeur d'une époque. Sa silhouette déglinguée de funambule a marqué les mémoires mais sa pensée et son oeuvre (sur la poésie du XVIe, Racine et Nietzsche) est largement oubliée : peu habile à se faire valoir, enclin à la paresse des surdoués et d'une nonchalance fiévreuse, Thierry Maulnier est également un grand esprit marqué par l'obsession métaphysique à l'ironie clairvoyante, oscillant toujours entre canular et tragédie. "