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dominique de villepin

  • Villepin, l’autre candidat de la « nouvelle France » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Daoud Boughezala cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à Dominique de Villepin, faux gaulliste mais vrai opportuniste et tenant, comme Mélenchon, d'une France "créolisée"...

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    Villepin, l’autre candidat de la « nouvelle France » ?

    « Qui dit humanité veut tromper », écrivait Carl Schmitt dans La notion de politique. Sans doute avait-il pressenti que Dominique de Villepin désignerait un jour humanité comme son mot préféré de la langue française. L’ex-Premier ministre (2005-2007) n’est plus à une sortie démagogique près. Quoique légitime, sa dénonciation des crimes que commet Israël à Gaza cache un vide idéologique abyssal. Pour s’en convaincre, il suffit de visionner in extenso son grand entretien d’1h45 avec Guillaume Pley. Il en ressort une flopée d’images d’Epinal digne de miss Vosges : le « vivre-ensemble » a fait la France, Chirac aimait les gens et la charcutaille, mieux vaut rassembler que diviser, etc.

    14 février 2003 : son quart d’heure warholien

    Et dire que l’ex-diplomate est censé élever le niveau de la politique française. Signe qu’elle est tombée bien bas. Par sa stature, Villepin incarne le visage aristocratique et international de la France de Jacques Chirac. Celle des terroirs et des comices agricoles, de ces élus radsocs à la Queuille qui tapotent le cul des vaches, promettent un bon plassou aux croquantes et aux croquants, exaltent la Corrèze mais importent le Zambèze. 

    Les partis politiques que Villepin a successivement fondés, République solidaire puis La France humaniste, rivalisent de mots creux et d’espoirs déçus. Jadis libéral pratiquant, DDV a privatisé les autoroutes pour une bouchée de pain, a tenté d’assouplir le marché du travail avec les éphémères CNE et CPE, mis la jeunesse de France dans la rue et a vainement tenté de barrer la route à Nicolas Sarkozy en 2007. Malgré ce bilan famélique, il se fait applaudir à la Fête de l’Huma et compte même des soutiens chez Mediapart. Dominique de Villepin reste l’homme du grand discours de « la vieille Europe » contre la guerre en Irak prononcé à la tribune des Nations-Unies le 14 février 2003, d’après un canevas signé Bruno Le Maire (décidément meilleur en lettres qu’en chiffres…). Si ce quart d’heure warholien lui colle aux semelles, Villepin a remis un peu de dorure à son blason en s’affichant comme l’unique critique d’Israël à droite. Il faut dire que notre époque ennemie de la nuance nous contraint à choisir entre l’occidentalisme borné et un tiers-mondisme mal digéré.

    Importer la doctrine Terra Nova à droite

    Cette première tendance, devenue hégémonique à droite, rappelle régulièrement les liens présumés de l’avocat d’affaires Villepin avec le Qatar – émirat richissime qui arrose bon nombre d’élus français et caresse nos banlieues dans le sens de la barbe. Pour entretenir les meilleures relations du monde avec Doha et le PSG, Sarkozy échappe pourtant à ce traitement. C’est que le discours démago de Villepin agace. Ne nous y trompons pas ; rien n’est gratuit. Ses appels du pied répétés aux « quartiers populaires », ses réquisitoires contre la « dérive identitaire de LR » répondent à une stratégie bien huilée. Villepin voudrait ainsi rapatrier à droite la fameuse doctrine Terra Nova : s’attirer les suffrages de l’électorat de banlieues qui, adjoint aux bobos des centres-villes, ferait basculer la majorité dans les urnes.

    Il y a quelques années, un spécialiste français du salafisme m’avait glissé en sourdine : « Si la droite française renonçait à critiquer l’islam, elle aurait un boulevard chez les musulmans de France qui adhèrent très majoritairement au libéralisme… » Villepin a peut-être intériorisé ce calcul électoral. Jusqu’ici, il camoufle son passif chiraquien derrière de grands gestes creux pour se ménager une popularité à gauche. Par les temps qui courent, le dirigeant d’un cabinet de conseil préférant payer trois mille euros d’amende annuelle plutôt que de déclarer publiquement l’origine de ses revenus a peu de chances de se présenter au suffrage universel. À l’heure de la transparence absolue sous la surveillance du Parquet national financier, une telle opacité ferait désordre. Alors, que vise-t-il ? Incarner le flanc droit d’une gauche LFI en mal de crédibilité internationale ? Le sait-il lui-même ? En réclamant la nomination d’un Premier ministre du Nouveau Front populaire au lendemain des dernières législatives, Villepin s’est racheté une virginité à gauche.

    Napoléon à vide

    En filigrane, Dominique de Villepin entérine le Grand remplacement tout en le niant. À l’instar de ses nouveaux amis mélenchonistes, il mise sur l’émergence d’un « nouveau peuple » incarnant la France créolisée qu’il observe de ses lambris parisiens. Une martingale promise à un grand avenir. Au moins les tenants d’une république sans frontières ouverte aux quatre vents de l’immigration, peuvent se targuer d’une certaine cohérence. De sa passion pour Napoléon, qu’il partage avec Louis Sarkozy (!), Villepin a essentiellement retenu l’opportunisme. On connaît la tirade de l’Empereur adressée à Roederer : « Ma politique est de gouverner les hommes comme le plus grand nombre veut l’être. C’est là, je crois, la manière de reconnaître la souveraineté du peuple. C’est en me faisant catholique que j’ai fini la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de Juifs, je rétablirais le temple de Salomon. » Du vide dans un bas de soie.

    Daoud Boughezala (Site de la revue Éléments, 9 octobre 2025)

     

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  • Le gouvernement, annexe du CRIF ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son blog Justice au singulier, consacré au dîner du CRIF, qui s'est déroulé mercredi 8 février et où, comme l'évoque un article du Point (« Sarkozy et Hollande, guest-stars du dîner du Crif»), le gouvernement et la classe politique, à la notable exception de François Bayrou et de Marine Le Pen, se sont bousculés...

     

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    Le gouvernement annexe du CRIF ?

    Ils sont venus, ils sont tous là.

    Le président de la République, le Premier ministre, tous les ministres (Le Monde, Marianne 2).

    François Hollande a suivi le mouvement. Il est présent avec d'autres socialistes. Evénement considérable : il va même serrer la main de Nicolas Sarkozy. Son absence aurait-elle été une honte ou de la lucidité ?

    Ils sont venus, ils sont tous là.

    A la soirée très chic organisée par le Conseil représentatif des institutions juives au Pavillon d'Armenonville. Le président du CRIF mettra en cause dans son discours l'antisémitisme, ce qui est normal, mais aussi "l'antisionisme obsessionnel".

    Ils sont venus, ils sont tous là. Même Dominique de Villepin qui passera très vite.

    Sauf François Bayrou qui  se méfie à juste titre du communautarisme et Marine Le Pen indésirable. Ce n'est pas parce qu'elle cherche à se faire inviter en Israël qu'on va la mélanger à tous ces politiciens remarquables, honnêtes et tellement humanistes.

    Ils sont venus, ils sont tous là.

    Il y a des artistes, notamment le ridicule Enrico Macias, tout énamouré du président de la République. Il n'a pas changé de position au cours du quinquennat, c'est un fidèle, mais comme recrue, il y a mieux !

    Le président de la République et Richard Prasquier s'entendent comme la rhubarbe et le séné. Chacun aura droit à sa dose de compliments. Les réceptions ont ceci d'agréable qu'elles ne servent à rien mais font de l'effet et caressent les amours-propres.

    C'est bizarre, je ne peux pas m'empêcher de me rappeler les mots du président du CRIF quand interviewé par Robert Ménard sur iTELE, il s'est déclaré sans aucune gêne défenseur inconditionnel de l'Etat d'Israël. Si j'osais, je dirais "sioniste obsessionnel".

    La politique étrangère de la France, celle d'aujourd'hui comme celle, peut-être rénovée, de demain, ne se met-elle pas un licou en affichant, avec cette présence envahissante des politiciens des deux bords, cette adhésion sans nuance à la communauté juive ? Y aurait-il le même élan enthousiaste pour les fêtes et les rassemblements à l'initiative d'autres confessions ? Le président de la République qui est le garant de la communauté nationale et de l'équité démocratique peut-il ainsi donner l'impression de n'offrir la part du lion qu'au CRIF et à sa vision politique de la vie internationale ?

    Ils sont venus, ils sont tous là.

    Le conflit israélo-palestinien serait-il déjà réglé ?

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 10 février 2012)

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