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  • Blondin : 100 ans...

    La revue Raskar Kapac, dirigée par Maxime Dalle,  vient de publier son hors-série n°3 consacré à Antoine Blondin.

     

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    " Après un premier numéro Hors-Série consacré à l’écrivain François Augiéras (toujours disponible), puis un numéro spécial consacré à Blake et Mortimer, la momie part avant l’été sur la piste du Tour de France avec l’écrivain Antoine Blondin. Dans ce numéro exceptionnel au format d’affiche élégante tirée et pliée sur beau papier, vous retrouverez notamment un entretien inédit et testamentaire d’Antoine Blondin réalisé par Jean-François Coulomb des Arts avant la mort de l’auteur. “- Ah, voilà ma femme…” Ainsi débute l’interview, rue Montalembert.

    Vous découvrirez également une conversation aussi riche que fleuve où surgiront des analyses indisciplinées de l’œuvre de Blondin, des anecdotes hussardes aussi drôles qu’intempestives,  des bravades mousquetaires biberonnées à la Suze, en compagnie d’Eric Neuhoff, de Philippe Delaroche et de Jean-François Coulomb (tous trois fils spirituels de Déon, Laudenbach et Jacques Laurent) qui ont accepté de croiser le fer avec la jeune garde raskar-kapienne soit : Maxime Dalle, Archibald Ney et Simon Bernard. Bref, un hommage vibrant au singe en hiver, à ses bistrots et à sa mélancolie charmeuse. "

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  • Jacques Laurent, itinéraire d'un enfant du siècle...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un essai d'Alain Cresciucci intitulé Jacques Laurent à l'oeuvre - itinéraire d'un enfant du siècle et consacré à l'auteur d'Histoire égoïste. Professeur de littérature française à l'Université de Rouen, Alain Cresciucci est, notamment, l'auteur de Les désenchantés : Blondin, Déon, Laurent, Nimier (Fayard, 2011).

     

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    " Jacques Laurent fut un des intellectuels les plus en vue de l'après-guerre, romancier, essayiste, polémiste, journaliste et mécène de deux revues culturelles -Arts et La Parisienne - de haute tenue. Comment expliquer alors que sa présence soit si discrète dans le paysage culturel ? Ses livres sont mal réédités, peu disponibles en collections de poche. Et pourtant, Prix Goncourt (1971), Grand Prix de Littérature de l'Académie française (1981) où il fut élu en 1986, les distinctions ne lui ont pas manqué. Certes un mystère plane sur Jacques Laurent et son double : d'un côté, le romancier exigeant, Jacques Laurent, né en 1949 avec un roman de plus de mille pages, Les corps tranquilles, de l'autre, dans la peau du même, l'auteur populaire, Cecil Saint-Laurent, né en 1948 avec un improbable best seller, Caroline chérie.... Cecil Saint-Laurent est un conteur, un romancier historique qui insuffle aux événements rapportés - de la Révolution française à la guerre d'Algérie -, une dose de romanesque pour se distinguer de l'historien ; pour Jacques Laurent, le roman est le domaine de la liberté et de la sensibilité et il s'est toujours refusé à une définition figée. La coexistence des deux Laurent fut harmonieuse, même si elle fut de temps en temps concurrentielle. La production impressionnante trahit chez Laurent - qu'il soit Saint ou pas - un véritable bourreau de travail dont Bertrand de Saint-Vincent rapporte la méthode spécial "Caroline chérie" : "... du 14 avril au le août 1947, il se rend chaque matin à la Bibliothèque nationale où il relit les Mémoires des personnages de l'époque. L'après-midi, de trois heures à sept heures, en bras de chemise, arpentant sans fin une chambre d'hôtel meublé, fumant quatre Gauloises à l'heure, ne butant pas plus de dix secondes devant un mot, abattant de dix à vingt pages par séances, il dicte, au gré de son imagination, les aventures de Caroline." A cette fécondité romanesque, s'ajoute une riche production d'essayiste, dans les genres les plus divers : du pamphlet à l'étude littéraire, de l'essai historique à l'essai politique en passant par la sociologie du vêtement et du sous-vêtement. En bon hussard, Jacques Laurent ne s'est pas privé de sa part d'insolence et de quelques pieds de nez à l'intelligentsia en place. Pour preuve, son célèbre Mauriac sous de Gaulle qui lui valut d'être condamné pour offense au chef de l'Etat. Eclectisme, indépendance d'esprit et de moyens, originalité profonde caractérisent donc cet intellectuel et cet artiste injustement oublié."

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  • Les gentlemen flingueurs...

    Les éditions Gallimard viennent de publier un premier volume de la Correspondance entre Paul Morand et Jacques Chardonne, deux pestiférés de la littérature de l'après-guerre, suite à leur engagement dans le camp des perdants. Nous reproduisons ci-dessous la présentation faite du livre par Jérôme Dupuis dans L'Express...

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    Paul Morand et Jacques Chardonne, gentlemen flingueurs

    "Nos lettres pourraient être publiées, en l'an 2000, sous le titre "Après nous le déluge", non?" Nous sommes le 12 février 1960, quand Paul Morand, ancien ambassadeur de Vichy à Bucarest, lance cette boutade à Jacques Chardonne, ex-vedette du "voyage des écrivains " dans le Reich hitlérien. Depuis dix ans déjà, ces deux réprouvés s'écrivent chaque jour de longues lettres, dans lesquelles ils ont décidé de tout dire. Une "bombe enfouie pour l'Histoire future", résume Chardonne, qui stocke les missives de son ami dans son coffre-fort, à côté de l'or de son épouse. 

    Ces lettres sentant le soufre, nous en avons enfin sous les yeux une première livraison, parfaitement annotée, de 1100 pages, couvrant les années 1949-1960, en attendant deux autres volumes... 

    Malraux? "Mythomane" Sagan? "Médiocre"

    Après eux, le déluge, en effet. Les deux "tontons flingueurs" des lettres n'ont plus rien à perdre. Le plus brillant est sans conteste Paul Morand : à 70 ans, cet ex-diplomate marié à une princesse roumaine sillonne encore l'Europe au volant de sa Studebaker, toujours entre une chasse à courre dans le Kent et un dîner avec Charlie Chaplin.  

    Ses lettres, sorte d'autobiographie affranchie, sont éblouissantes. Il a tout lu, tout vu, tout bu. Ce ne sont que : "C'est Oscar Wilde qui avait conseillé à mon père de m'envoyer à Oxford..." et autres : "Proust me disait toujours..." Son ami Proust, qui le surnommait "le plus perfide des attachés d'ambassade", comme il le rappelle ici dans un génial pastiche de Balzac. 

    Chardonne, lui, en héritier d'une lignée de producteurs de cognac charentais, savoure, taillant ses chers rosiers dans sa maison de La Frette, sur une boucle de la Seine. Ancien propriétaire des éditions Stock, il joue les agents littéraires pour son ami et distille tous les ragots de Saint-Germain-des-Prés. 

    L'occasion, pour ces deux bannis, de se livrer à un joyeux ball-trap. Mauriac, leur bête noire de L'Express ? "Lançant une grosse erreur, et se mettant, par gaminerie, la main devant la bouche, pour la rattraper et se faire pardonner et se faire pardonner. Malheureusement, il insulte en public et se fait pardonner en privé, ce qui est lâche." Pour les autres, ce sera plus lapidaire. Malraux? "Mythomane." Sagan? "Médiocre." Julien Green? "Pédé-chrétien." Le Nouveau Roman? "Illisible." Mais Morand est aussi capable de s'enthousiasmer pour A bout de souffle...

    Le "traître" de Gaulle

    Et puis, il y a la divine surprise des hussards. Car cette Correspondance est aussi l'histoire de la résurrection littéraire de ces deux "iguanes préhistoriques des Galapagos". Morand et Chardonne sont soudain fêtés par une génération de jeunes insolents - Nimier, Blondin, Déon, Millau... Ils rajeunissent au contact de ces joyeux anti-sartriens, qu'ils retrouvent pour des soirées au champagne et couvent com -me leurs propres enfants (si Nimier a des problèmes cardiaques, ils l'envoient illico consulter l'ancien médecin de... Pétain!). Promus colonels des hussards, les voilà qui découvrent la "jeunesse de la vieillesse". 

    Les épreuves ne manquent pas, pourtant. En mai 1958, Morand, fantôme de Vichy parti à l'assaut du Quai de Conti, échoue d'une voix à l'Académie. Une semaine plus tard, c'est le "traître" de Gaulle qui revient au pouvoir, ce général auquel les deux épistoliers dénient jusqu'à sa particule, l'appelant assez comiquement "Gaulle" dans leurs échanges. C'est que les deux réprouvés n'ont rien abdiqué de leur passé. "Je ne renie rien du Ciel de Niefheim", écrit Chardonne, faisant allusion à son ode à l'Allemagne hitlérienne, parue en 1943. 

    Quant à Morand, il ne manque jamais une occasion de dénoncer les "judéonègres". (Pas un seul mot sur la Shoah en 1100 pages, chez ces deux intellectuels qui refont le monde de l'après-Yalta.) "Il faut faire attention à ce que l'on écrit. Il y a des mots qui ne s'effacent pas", prévient pourtant Chardonne. Ils n'en ont cure. Le déluge peut commencer.

    Jérôme Dupuis (L'Express, 1er décembre 2013)

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