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antimoderne

  • Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste...

    Les éditions L'Homme nouveau viennent de rééditer un recueil de textes de réflexion politique de G.K. Chesterton intitulé Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste. Écrivain catholique anglais, G.K. Chesterton (1874-1936), bien connu pour ses nouvelles policières autour du personnage du Père Brown, a également été un intellectuel anticapitaliste et antimoderne, favorable au distributisme. Le même éditeur a publié un recueil de ses textes polémiques sous le titre Utopie des usuriers (L'Homme nouveau, 2010).

     

     

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    " Inédit en langue française, ce "Plaidoyer" de G.K. Chesterton est l'un de ses principaux ouvrages de réflexions politiques. Dans ce recueil de textes de 1926, le grand écrivain britannique s'emploie à dessiner les principes qui pourraient guider une société vraiment humaine entre les écueils du totalitarisme collectiviste et du chaos du libéralisme libertaire qui ne profite qu'à des privilégiés. Ce n'est pas une mince surprise de constater qu'en usant des mots qui sont les siens, Chesterton avait déjà pensé la crise de l'environnement, la faillite des banques, la perversité du système de la grande distribution, la destruction de l'agriculture ! Avec la philosophie de la gratitude qui le caractérise tant, émaillant ses propos d'un feu d'artifice de paradoxes révélant la complexité des choses, Chesterton propose la large distribution de la propriété comme facteur de justice sociale et de développement économique maîtrisé.  "

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  • Houellebecq, le grand désanchanteur...

    Le Figaro vient de publier, sous la direction de Michel De Jaeghere, un numéro hors-série consacré à Michel Houellebecq et à son œuvre... 

     

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    Houellebecq, le grand désanchanteur

    On pourrait se contenter de voir en lui un provocateur et un pornographe. Ce serait si reposant, si simple. Considérer que le burlesque même des situations qu'il met en scène, l'accumulation poussée jusqu'à l'absurde de détails pratiques, consignés avec une méticulosité maniaque, le prosaïsme étriqué des motivations de ses personnages, la répétition mécanique de scènes de sexe que l'on croirait directement tirées d'un script de film dénoncent le caractère de farce de son œuvre, de ses fictions. Ce qu'il y a de tragique, avec Michel Houellebecq, c'est qu'à l'image des vidéos que tourne l'un de ses personnages avec des caméras fixées dans la forêt, le long des chemins creux, pour mesurer jour après jour la prolifération des espèces végétales et le passage du temps, ses romans nous présentent le monde dans lequel nous vivons comme dans un miroir. Il n'est pas beau à voir. L'égoïsme le plus monstrueux y est payé par l'amertume et par la solitude, la misère sexuelle côtoie la recherche effrénée de la satisfaction des sens dans un consumérisme mesquin, l'instabilité du désir débouche sur le grand délaissement de l'âme, l'attente d'une mort sans espérance.

    On a pu faire avec raison le procès du nombrilisme des romanciers contemporains. Dénoncer l'égotisme qui avait rivé leur regard sur les plus minuscules de leurs états d'âme de bourgeois bohèmes hantés par l'introspection méthodique de leur néant. Les avait cantonnés à des riens ; détournés d'offrir à leurs lecteurs une vision du monde, un tableau de leur temps analogue à ceux qu'avaient brossés les maîtres des siècles précédents: Balzac, Flaubert, Zola, Proust ou Céline. Michel Houellebecq aura réconcilié l'autofiction avec l'art de la fresque, quelque délavées que soient les couleurs de ses compositions.

    Depuis la publication d'Extension du domaine de la lutte, en 1994, ses personnages n'ont cessé de nous apparaître comme autant de dédoublements de lui-même. Dans l'affichage de leur exténuation, la cruauté de l'exercice d'autodérision auquel il a paru tenter de faire correspondre, parfois, la dégradation volontaire de ses propres traits, de son visage, se lit le même projet de se faire le chroniqueur de la condition humaine jusqu'à son stade ultime: la disparition progressive des joies de l'existence, la déchéance et la mort.

    Il n'en aura pas moins rempli dans le même temps le programme qu'il affecte au peintre autour duquel s'ordonne l'intrigue de La Carte et le Territoire: produire une œuvre dont le propos serait de donner une description méthodique d'un monde en décomposition. Chercher avec Lovecraft la poésie dans la peinture minutieuse du réel, tout en affrontant comme Balzac les grandes révolutions de l'époque - la libération des mœurs, l'émergence de l'individualisme de masse, le transhumanisme, la montée en puissance de l'islam -, pour en donner à voir dans toute leur crudité les développements. Ses Particules élémentaires sont à Mai 68 ce que Les Déracinés avaient été à la naissance de la France républicaine. Plateforme se veut L'Éducation sentimentale de notre temps.

    La fadeur de ses personnages, la transparence de sa phrase (telle est sans doute l'origine de son aversion pour Léon Bloy: ce procureur qui prend la pose, ce professionnel de l'indignation qui force inutilement la voix) n'ont pas d'autre raison d'être que de donner à ses observations la froide autorité d'un constat, d'en rendre l'objectivité incontestable.

    Le génie de Houellebecq est d'avoir pris appui sur cette affectation de neutralité pour instruire, contre le monde moderne, le procès le plus accablant. Qu'il s'agisse des impostures de l'art contemporain ou des ravages de la psychanalyse, de l'impasse du matérialisme libertaire ou des illusions de la révolution sexuelle, de la mondialisation ouverte à «l'homme du supermarché» par l'ère de la communication, le tourisme de masse et la circulation des biens, de la spiritualité New Age ou de l'épanouissement promis par la «culture de l'entreprise» aux cadres du tertiaire, des faux-semblants de la démocratie représentative ou de la lâcheté des élites devant la montée de l'islam, il aura renversé les idoles et percé les baudruches de l'époque avec une cruauté jubilatoire, un humour d'autant plus ravageur qu'il s'enveloppait dans une impassibilité de clown blanc, une impavidité digne de Buster Keaton.

    Les clones de La Possibilité d'une île, comme ceux de l'épilogue des Particules élémentaires, dont ce roman étrange est en quelque sorte le prolongement, n'appartiennent que par de trompeuses apparences à la science-fiction. Ils ne sont ni plus ni moins pour lui que la figure de l'homme moderne poussée jusque dans ses ultimes retranchements: des êtres qui ne sont plus rattachés au réel que par des connexions virtuelles, des monades affranchies de tout passé, tout héritage, tout avenir, tout contact physique, tout lien ; ignorants ce que c'est que le rire, l'amour, la souffrance, le bonheur ou la compassion.

    «Les joies de l'être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l'inverse ne peuvent nous découdre, confesse l'un d'entre eux dans une mélopée d'hexamètres baudelairiens. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d'extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.»

    Conspué par les bien-pensants, mais reconnu, quand même, par la société du spectacle, couronné par le Goncourt et célébré aujourd'hui par l'exposition de ses photos au Palais de Tokyo, Michel Houellebecq aura multiplié les masques - comme autant de pieds de nez à ceux qui proclament leur admiration envers une œuvre dont ils ne semblent pas comprendre toujours toute la signification - pour échapper à la lapidation qu'aurait dû lui valoir la férocité du portrait qu'il faisait d'une époque qui se rengorge de sa curiosité universelle, mais n'aime, en définitive, qu'elle-même: il aura campé au cœur du cloaque dont il détaillait les puanteurs avec un art inégalable de brouiller les pistes, de mener avec les idées à la mode un double jeu permanent.

    Dans une vision toute pascalienne de la misère d'un monde privé de la Grâce, le deuil d'une chrétienté à ses yeux à jamais défunte, il semble nous dire que la partie est jouée et qu'elle est perdue sans retour. Son plus grand mérite tient à ce qu'il n'aura jamais cessé de faire affleurer, pourtant, lointaines, inaccessibles, les valeurs éternelles auxquelles tendait son moi profond.

    Le «royaume perdu» d'une enfance que n'aurait pas saccagée l'égoïsme féroce de ceux qui lui ont tenu lieu de parents ; la figure volatile et tendre d'une femme rendue à sa vocation de mère, de jeune fille, d'épouse, d'amante ; la nostalgie d'une société fondée sur la confiance, le lien féodal d'homme à homme ; la beauté de l'accomplissement par le don ; le désir d'un Dieu transcendant qui viendrait ordonner le chaos, donner aux plus tristes de nos vies un sens.

    Et la figure de l'amour vrai, inconditionnel, émergeant, çà et là, comme une fleur d'eau flottant, miraculeuse, à la surface boueuse d'un étang. C'est parfois un alexandrin dissimulé dans sa prose. Ailleurs une caresse, un regard, une main tendue qui démentent, au détour d'un chapitre, l'étalage de cynisme et d'indécence dont il fait profession. Plus explicites encore, quelques quatrains, où la certitude de n'être lu, compris, que par le petit nombre l'autorise soudain à cette confidence:

    «Nous voulons retourner dans l'ancienne demeure / Où nos pères ont vécu sous l'aile d'un archange, / Nous voulons retrouver cette morale étrange / Qui sanctifiait la vie jusqu'à la dernière heure. / Nous voulons quelque chose comme une fidélité, / Comme un enlacement de douces dépendances, / Quelque chose qui dépasse et contienne l'existence ; / Nous ne pouvons plus vivre loin de l'éternité.»

    Prophète désenchanté des lendemains glaçants, Michel Houellebecq est, parfois, accusé d'être réactionnaire. Il est, définitivement, beaucoup mieux que cela: antimoderne.

    Michel de Jaeghere

     

     

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  • Les antimodernes...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer dans leur collection de poche Folio l'essai d'Antoine Compagnon intitulé Les antimodernes, de Joseph de Maistre à Roland Barthes. Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de littérature moderne, spécialiste de de Baudelaire et de Proust, Antoine Compagnon est l'auteur de nombreux essais dont Le cas Bernard Faÿ - Du Collège de France à l'indignité nationale (Gallimard, 2009).

     

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    " Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contre-cœur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire. Ce livre poursuit le filon de la résistance à la modernité qui traverse toute la modernité et qui en quelque manière la définit, en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du progrès.
    Une première partie explore quelques grands thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux XIXe et XXe siècles. Ces idées fixes sont au nombre de six : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager ces traits idéaux.
    Une seconde partie examine quelques grandes figures antimodernes aux XIXe et XXe siècles ou, plutôt, quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire, Léon Bloy, Péguy, Albert Thibaudet et Julien Benda, Julien Gracq et, enfin, Roland Barthes, «à l'arrière-garde de l'avant-garde», comme il aimait se situer.
    Entre les thèmes et les figures, des variations apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes, ils ont été les modernes plus la liberté."

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  • Sur quelques antimodernes...

    Pierre Le Vigan vient de publier aux éditions de La barque d'or, Ecrire contre la modernité, un essai consacré à quelques auteurs antimodernes, de Montaigne à Jean-Claude Michéa. Collaborateur des revues Eléments, Krisis et Le Spectacle du monde, il a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007) et La banlieue contre la ville (La barque d'or, 2011).

    Le livre peut être commandé à l'adresse suivante, pour la somme de 18 euros 50, port compris :

    Editions La Barque d'Or

    35 avenue Ferdinand Buisson

    75016  Paris

     

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    "Les philosophes des Lumières n'ont pas inventé la modernité mais ils l'ont ramenée à une religion du progrès. De ce point de vue, Rousseau se distingue de ceux qui croyaient au progrès comme règlement du problème de l'homme. Les philosophes des Lumières, contrairement à Rousseau, ont amené l'idée que l'homme améliore sa nature même - et pas seulement ses outils - en s'accomplissant dans la « liberté» entendue en un sens nouveau : la désinsertion de l'individu par rapport aux héritages culturels et à l'idée même de transmission. Ils ne croient pas seulement dans des progrès et des libertés mais dans Le Progrès et La Liberté, ce qui est tout autre chose et constitue un bouleversement. C'est pourquoi le début de cet ouvrage présente une étude sur la philosophie des Lumières.

    En contrepoint s'imposait le portrait de quelques penseurs guéris des illusions du progrès. Rebelles à la modernité ou en tout cas réactifs à celle-ci, les auteurs que nous évoquons - à l'exception notable de Pascal - affirment que l'essentiel reste de penser la limite de l'homme, la finitude de son histoire, et le tragique du monde. Loin de se laisser intimider par l'injonction d'être moderne, ils voient au-delà."

     

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  • Le dernier contrat...

    Olivier Maulin frappe fort. Après la parution aux éditions Balland, à l'automne, de son roman Les Lumières du ciel, il revient avec Le dernier contrat, un polar politique se déroulant dans un futur proche, publié aux éditions de La Branche. Animateur du Cercle Cosaque à Paris, Olivier Maulin est aussi l'auteur de trois autres romans particulièrement réjouissants, En attendant le roi du monde (L'esprit des péninsules, 2006), Les évangiles du lac (L'esprit des péninsules, 2008) et Petit monarque et catacombes (L'esprit des péninsules, 2009), dont nous vous conseillons vivement la lecture !

     

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    "Laminée par une crise économique et politique sans précédent, la France est plongée dans le chaos.
    Un mystérieux mouvement, dirigé par le charismatique et médiatique Frère-la-Colère, tente de profiter de la situation pour hâter l'effondrement général. Prêt à tout, Frère-la-Colère engage un tueur à gages, un pro sur le retour, dépressif et alcoolique. Son contrat : assassiner le président de la République le samedi 14 juillet, pendant le défilé.

    Guerre civile ; clandestinité ; répression ; terrorisme. Sous ces motifs politiques puissants se dessine un roman d'action diablement efficace, mené tambour battant par un duo improbable... et franchement dérangeant."

     

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  • Vers une société d'abondance frugale ?...

    Principal penseur français de la décroissance, auteur notamment du Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et de Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010), Serge Latouche revient sur les controverses et les confusions que suscite cette notion dans un petit ouvrage intitulé Vers une société d'abondance frugale, publié aux éditions Mille et une nuit, dans la collection Les petits libres.

     

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    "Les uns ne jurent que par elle quand les autres s’offensent que le mot soit prononcé. Que recouvre l’idée de décroissance, qui ne semble pas être la même pour les uns et les autres ? Surtout, elle charrie son lot de contresens et de controverses. Nombreux sont les opposants à cette idée, qui utilisent des arguments de plus ou moins mauvaise foi.
    À droite comme à gauche, les critiques fusent : comment éliminer la misère dans nos contrées sans croissance ? Quel sens peut bien avoir la décroissance dans les pays du Sud ? Qui va soutenir un tel projet : les ouvriers, les classes moyennes ? Et si la croissance se résumait à la production de services ? À la valeur marchande ?
    Serge Latouche liste toutes les interrogations, mêlant préoccupations réelles et idées fausses en circulation, pour leur apporter des réponses précises et argumentées qui mettent un terme aux inquiétudes fantasmagoriques qui l’entourent.
    Non, la décroissance n’est pas synonyme de croissance zéro ; non, elle n’est pas technophobe. Ce n’est ni un projet antimoderne destiné à nous renvoyer vivre dans des cavernes, ni un programme visant à restaurer un ordre patriarcal communautaire, ni l’instrument qui ferait de nous des chômeurs.
    S’il fallait le dire autrement, Serge Latouche parlerait de société d’abondance frugale : voilà la transition économique et politique qu’il nous propose."

     

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