Vous pouvez visionner ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 29 juin 2012 et consacrée à la guerre en Syrie...
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Vous pouvez visionner ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 29 juin 2012 et consacrée à la guerre en Syrie...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la mobilisation de "l'Empire du bien" et de ses éminents représentants contre le régime syrien...
Les indignés du bocal
Si j’en crois les quelques images que j’ai pu glaner les quelques rares fois que je regarde les déformations de la télévision – et je ne m’en porte pas plus mal – on paraissait se bousculer mardi dernier, sur le parvis du Trocadéro. Les figurants (le terme est sans doute approprié pour ce type de spectacle), étaient pris en gros plan, de façon à ce que la réalité de la mobilisation n’apparaisse pas cruellement (200 personnes, selon les uns, 50 selon les autres, après un matraquage médiatique omniprésent). Cela n’empêche pas tel journal de plastronner : « Une véritable « vague blanche » a déferlé, mardi soir ». La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme n’épargnait pas non plus le tonneau à blabla : « Pour réclamer l'arrêt des massacres en Syrie, hissons des tissus blancs. Partout dans le monde des hommes, des femmes, des enfants, un tissu blanc à la main ». Pourquoi « blanc » ? Jouirait-on, par là, du monopole de la pureté ?
Quoi qu’il en soit, on reconnaîtra le style boursoufflé des indignés de circonstance, que l’on trouve toujours quand le système claque du doigt. Ce style grandiloquent ne fait, au fond, que reproduire la logorrhée déclamatoire des merdias enrégimentés, alimentés par le douteux Observatoire syrien des droits de l’homme, domicilié à Londres, et les envolées grotesques des chancelleries occidentales, en particulier de nos histrions (sinon hystériques) nationaux, Alain Juppé, ministre des indignations sélectives, et BHL, ministre de la Propaganda. Le philosophe du micro, d’ailleurs, évoquant les « méthodes particulièrement inhumaines » du régime syrien (et le lynchage de Kadhafi ? c’était une bagarre d’écoliers ?), tempête : « Autant de crimes qualifiés par les organisations humanitaires et par l’ONU de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité. » « Chaque jour perdu est une chape de plomb qui s’abat un peu plus sur le peuple syrien ». On reconnaît bien le style gracieux et aérien de notre pourfendeur de l’ « idéologie française », « philosophe et membre du conseil de surveillance du Monde », comme il se désigne lui-même sans rire ! De la part de gens qui ont toutes les indulgences pour l’Etat juif de Palestine, cela porte pourtant à rigoler. Il vaudrait le coup de relever toutes les hyperboles vibrantes qui parsèment, tels des épouvantails, leur misérable champ de patates : quand ce n’est pas « impitoyable », c’est « sanguinaire », « innommable », « tyrannique », etc., agrémentées, comme l’est de son chapeau difforme notre épouvantail, d’adverbes d’intensité : « particulièrement », « extraordinairement », « incroyablement », comme si, les substantifs et les adjectifs s’usant à l’emploi, on avait recours à des modalisateurs, ainsi qu’une huile moteur dans un moteur un peu grippé, à bout de course, et qui n’a pas été vidangé depuis belle lurette. Il faudrait se purger !
Du reste, à parcourir la liste des signataires de l’appel du « Collectif urgence solidarité Syrie », on retrouve des noms connus, les idiots utiles, bien sûr, mais aussi les cyniques, les politiciens atlantistes et sionistes (celui de Frédéric Encel est tout un programme !), ceux aussi qui savent que ce serait bien de figurer là, pour la réclame, enfin, tous ceux qu’on ne verra pas manifester contre les arrestations arbitraires et la colonisation en Israël, contre la torture et les arrestations arbitraires en Libye, contre les massacres de l’Otan et la politique agressive des Etats-uniens envers des nations indépendantes et libres (François Hollande s’y trouve, ce qui augure bien mal de sa volonté de prendre des distances par rapport à l’empire américain…).
Et pour faire bonne mesure, la photographe américaine, Sarah Moon, a organisé une opération d’agit-prop, en photographiant des pipeules, effigies amusantes, qu’on a arborées au Trocadéro comme des icônes sacrées : pensez donc ! la madone Jane Birkin, toujours miraculeusement présente où il y a de l’écume, Catherine Deneuve, autre Vierge sur le retour, Piccoli, Thuram et compagnie, bref, du beau linge de bonne famille, bien propret et plié pour le service.
Et puis il y avait Stéphane Hessel. Que diable allait-il faire dans cette galère ? Le personnage est sympathique (d’ailleurs, les autres aussi, ils sont sympathiques, ils sont mignons, ils sont talentueux, et, en plus, ils sont bons, généreux, dégoulinants de crème compatissante), et parfois, il ne se trompe pas. Car, c’est bien cela, l’inconvénient, avec les poussées d’indignation : ça tombe juste une fois sur deux.
L’ancien Résistant a essuyé les crachats et la haine des sionistes pour son soutien à la cause palestinienne et sa critique de l’ « Etat hébreux », comme disent nos merdias, ce qui vaut bien notre indulgence et toutes les légions d’honneur de notre République, Mais pour le coup, notre vieillard « indigne » (comme le clame, en substance, cet autre clown néocon du Figaro, Rioufol), démontre que les bons sentiments ne garantissent pas la pertinence de la pensée. Il n’est certes pas question de contester sa sincérité, mais au moins aurait-il dû s’interroger, et se demander si les chiffres avancés par les organes de propagande atlantiste sont vrais, qui sont ces « victimes civiles », si elles sont aussi « civiles » qu’on le dit, et si, parmi elles, il n’y a pas des cibles innocentes des salafistes et autres mercenaires qataris, si la « rébellion » n’a pas été fomentée, si les images que les télés montrent en boucle sont authentiques, bref, si l’information est vraiment équitable, et ne se réduit pas à de la déformation, et si, plus profondément, l’offensive contre la Syrie, comme celle, il y a peu, de la Libye, et, auparavant, de l’Irak et de l’ex-Yougoslavie, n’appartiennent pas à un plan machiavélique de destruction des sociétés civiles et d’hégémonie mondiale.
Stéphane Hessel, qui a eu son heure de gloire avec son opuscule « Indignez-vous ! », et qui a entraîné dans son sillage pathogène des milliers de jeunes formatés par la rhétorique bienpensante, et néanmoins bêtifiante, de nos lycées, pense que l’expression émotionnelle permet d’éviter d’aller plus à fond. Certes, il faut aimer le Bien et haïr le Mal. Encore faudrait-il peser ces mots, car peser, c’est penser, et se pencher un peu sur l’âpre et rugueux terrain de la réalité, qui présente infiniment plus de nuances que la morale sans détour.Claude Bourrinet (Voxnr, 18 avril 2012)
Vous pouvez regarder ci-dessous la bande-annonce du nouveau numéro de la revue Éléments (n°143, avril - juin 2012). Ce numéro est d'ores et déjà disponible en kiosque, mais vous pouvez aussi le commander ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.
Nous reproduisons ci-dessous un article consacré à la crise syrienne, traduit par les soins du site Euro-synergies et publié à l'origine par la revue autrichienne de tendance nationale-libérale Zur Zeit.
Les Américains veulent absolument imposer un “changement de régime” en Syrie. Leurs principales motivations? Des intérêts économiques et un soutien à Israël!
Le sol devient de plus en plus brûlant sous les pieds du leader syrien Bachar El-Assad. Fin mars, un sénateur américain très influent, John McCain, a demandé que les Etats-Unis et l’Europe soutiennent militairement les rebelles syriens: “Ils méritent notre soutien et le soutien de la communauté internationale pour pouvoir riposter aux attaques du régime”, a affirmé le candidat républicain à la présidence lors des élections de 2008.
Le gouvernement d’Obama songe aussi à intervenir militairement. Jusqu’à présent, on mise encore et toujours sur la pression diplomatique et politique à exercer contre Damas. Mais, comme l’a laissé entendre le ministre américain de la défense, Leon Panetta, lors d’une audience au Sénat, “on songe à de possibles démarches complémentaires (...), y compris d’éventuelles interventions militaires, si nécessaire”. C’est clair: les Américains refusent, en ultime instance, de tenir compte de la déclaration du conseil de sécurité de l’ONU, appuyée par la Russie et par la Chine. Cette déclaration demande au gouvernement syrien et aux rebelles de réaliser sans délais le plan de paix de l’envoyé spécial Kofi Annan. Ce plan de paix prévoit un armistice, l’envoi d’aide humanitaire et l’ouverture d’un dialogue entre le gouvernement et les adversaires du régime.
Washington, en revanche, ne veut pas abandonner l’objectif que les Etats-Unis se sont fixé une fois pour toutes; ils veulent tout bonnement un “changement de régime” à Damas, comme le confirme par ailleurs les nombreuses opérations spéciales que mènent depuis des mois les services spéciaux occidentaux. “Le MI6 et la CIA ont infiltré la Syrie pour connaître la vérité”, expliquait en date du 1 janvier le quotidien “Daily Star”, en se référant à une source non citée mais considérée comme “bien informée”. Ensuite, les contacts sont étroits entre les rebelles libyens et l’”armée syrienne libre”, comme le signalait le 27 novembre 2011 le journal britannique “The Telegraph”. D’après cette information, Abdulhakim Belhadj, chef du conseil militaire de Tripoli et ancien commandant du “Groupe de Combat Libyen-Islamique”, aurait rencontré à Istanbul et le long de la frontière turco-syrienne des chefs de l’”armée syrienne libre”, pour que celle-ci soit entraînée par des “combattants libyens”. Toujours selon le “Telegraph”, Belhadj aurait été envoyé en Turquie par Moustafa Abdoul Djalil, qui n’est rien moins que le président de transition en Libye.
Or il est tout de même peu vraisemblable que les Libyens aient agi de leur propre chef. Il est plus plausible de dire qu’ils ont reçu cette mission de Washington, pour camoufler l’immixtion américaine. On peut clairement émettre cette hypothèse si on analyse les déclarations du ministre américain de la défense, Panetta: “le soutien aux réformes politiques et économiques, lesquelles correspondent aux aspirations légitimes des citoyens de la région”, relève des mêmes principes fondamentaux qui ont défini les réponses que nous avons apportées aux événements de Tunisie, d’Egypte, de Libye et, dorénavant, de la Syrie”.
En déclarant cela, Panetta nous révèle clairement que les Etats-Unis n’entendent pas seulement apporter à la Syrie les bienfaits de la démocratie de facture occidentale mais veulent également imposer à ce pays du Levant le système économique esquissé à Wall Street et qui doit s’étendre à la planète entière par l’effet de la globalisation. Ensuite, d’après un livre récemment publié par la CIA, avant que n’éclatent les troubles en Syrie, il y a environ un an, il n’y aurait eu que de “timides réformes”, tant et si bien que l’économie, y “est encore largement régulée par les milieux gouvernementaux”. Dans l’Egypte de Moubarak et dans la Libye de Kadhafi aussi l’économie, surtout les secteurs clés, était sous le contrôle des gouvernements, ce qui rendait l’accès aux marchés locaux difficile pour les entreprises occidentales.
Quant à l’imposition, partout dans le monde, de réformes libérales, visant à instaurer en tous points du globe l’économie de marché, Michel Chossudovsky, critique canadien du processus de globalisation, pointe du doigt un aspect important, tu en Occident. On dit et on écrit généralement que les causes premières de ces protestations de masse en Syrie sont l’augmentation du chômage et la détérioration du niveau de vie; or ceux-ci découlent tout bonnement de l’adoption d’un programme de réformes exigé par le FMI et que les autorités syriennes ont tenté d’appliquer à partir de 2006. Les mesures réclamées par le FMI comprenaient des privatisations, des dérégulations dans le système financier et un gel des salaires.
Au-delà de ces réformes exigées par le FMI, la “libération” de la Syrie, assortie de la disparition du régime d’El-Assad, va bien entendu dans le sens des intérêts stratégiques des Etats-Unis en tant que puissance hégémonique globale, comme s’est plu à le souligner Panetta lors d’une audience au Sénat: “La Syrie constitue un pays-clef pour l’Iran. La Syrie est le seul pays allié à l’Iran dans la région et elle représente un facteur décisif dans tous les efforts qu’entreprend l’Iran pour soutenir les militants de la région qui mettent en danger Israël et la stabilité régionale. Les désordres en Syrie ont donc contribué à affaiblir considérablement l’Iran et il est clair que, plus El-Assad est affaibli, plus l’Iran sera perdant”.
Israël espère ardemment que se construira bientôt une Syrie post-Assad. Car, alors, d’une part, la milice libanaise du Hizbollah, soutenue par Damas et par Teheran, sera affaiblie; d’autre part, l’Etat sioniste espère aussi que se constituera, sur son flanc nord-est, un Etat-tampon, qui servira pour toutes éventuelles opérations contre l’Iran. Un tel Etat-tampon pourrait s’avérer fort utile en cas d’attaque israélienne contre l’Iran car il y a peu de chances que des pays comme la Jordanie ou l’Arabie Saoudite ouvrent leurs espaces aériens aux appareils de Tsahal. Avec une Syrie neutralisée, l’aviation israélienne pourrait se servir du territoire syrien et de l’Irak, dépendant des Etats-Unis, pour aller frapper des cibles en Iran. Il faut voir, toutefois, si ce calcul et ces espérances se concrétiseront vraiment. L’expérience libyenne récente, où une nouvelle guerre civile menace après la fin de l’union sacrée des contestataires contre Kadhafi, et les événements d’Egypte, où les islamistes sont désormais la principale force politique du pays, semblent indiquer que le pari sur les “révolutions arabes” n’a pas été le bon. En plus, il faut savoir que l’armée syrienne libre, qui lutte contre Bachar El-Assad, parce qu’il est alaouite, est soutenue par l’Arabie Saoudite, finalement plus anti-chiite ou anti-alaouite qu’anti-sioniste. L’Arabie Saoudite, d’inspiration wahhabite, vise à diffuser un islam particulièrement rétrograde dans le monde arabe. Un islam rétrograde, wahhabite ou salafiste, qui reçoit de grosses quantités d’armes, souvent achetées en Occident, de la pétro-monarchie saoudienne.
Bernhard TOMASCHITZ (Zur Zeit, n°13/2012)
Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°143, avril - juin 2012) sera en kiosque demain.
Vous pouvez aussi le commander ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com
Au sommaire :
Editorial "Rousseau, célèbre inconnu", par R. de Herte.
Entretien avec R. Labévière "Qui veut démanteler la Syrie ?", par P. Eysseric.
Cartouches (actualité des idées, des sciences, du cinéma, des arts et des lettres)
Une Forêt française, par M. Marmin,
In Memoriam H. Coutau-Bégarie, par A. de Benoist,
Chronique Cinéma, par L. Maubreuil,
Poésie & Romans, par J.C. Personne et F. Guchemand,
Polar, par P. Guittaut,
Une Fin du monde sans importance, par X. Eman,
Economie, religions, philosophie, par A. de Benoist,
Sciences : les solutréens en Amérique, par B. O'Danieli.
Le Combat des idées
Vladimir Kozlov, écrivain russe punk, par T. Marignac,
L'hyperdémocratie contre la démocratie, par P. Le Vigan,
Peur sur la Ville, par P. Guittaut,
Entretien : "La Banlieue vue par P. le Vigan", par A. de Benoist,
Entretien : "Gabriel Matzneff", par J. Aboucaya,
Napoléon et Garibaldi, par Y. Branca et M. Marmin,
Hussards & canulars, par F.L. Balssa.
Dossier "Rousseau parmi nous"
Introduction, par M. Marmin,
Rousseau le littéraire, par E. Werner,
Rousseau l'anti-Lumières, par A. de Benoist,
Rousseau, révolutionnaire conservateur, par A. de Benoist.
Ephémérides.
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Bonnevey, cueilli sur Metamag et consacré aux échecs retentissants de notre diplomatie au cours des douze derniers mois...
Syrie - Mali - Libye : la diplomatie française au tapisMalgré sa prétention ostentatoire, la diplomatie française se trouve en échec à peu prêt partout où elle s’est engagée récemment sous la pression du duo infernal: Juppé - Bhl. On peut évoquer, en préambule, la situation en Tunisie, qui ne fait que se dégrader. L’affrontement entre le "camp du progrès", très minoritaire, et celui des Islamistes, paraît, à court terme, inévitable. Le renoncement du parti Ennadha à l’imposition de la Charia dans la nouvelle Constitution, qui a été largement médiatisé, est un leurre, un faux recul. Il s’agit, simplement, de maintenir, plutôt que de le changer, un article ambigu de la Constitution, ouvrant la porte à toutes les interprétations, comme c’est le cas, d’ailleurs, entre tolérants et obscurantistes sur le "Coran".
En Syrie, où Metamag a constamment tempéré l'outrance du discours médiatique américano-occidental, nous sommes bien loin de l'exigence de départ "immédiat" du président Assad. La rébellion est en échec, la diplomatie paralysée et le régime joue le temps, avec une certaine habileté. La tentative de le faire tomber a échoué "une fois pour toutes", a affirmé le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, cité samedi 31 mars par l'agence officielle Sana, en référence à la contestation populaire et au combat des rebelles contre le pouvoir. " Une autre bataille a commencé, celle de la consolidation de la stabilité et la construction de la nouvelle Syrie".Il va certes un peu vite en besogne. Mais il a plusieurs raisons d’afficher ce bel optimisme. A Damas, le président Bachar Al Assad a annoncé avoir accepté le plan de sortie de crise de l'émissaire international, Kofi Annan, mais a lié sa réussite à l'arrêt des «actes terroristes». Cela permet d'éviter, pour un temps, toute nouvelle offensive diplomatique à l'ONU et de renforcer l'idée d’une coopération et de bonne volonté, comme demandée par la Russie et la Chine.Les dirigeants arabes, réunis en sommet à Bagdad, ont appelé l'Etat syrien et l'opposition à un dialogue «sérieux» et rejeté toute intervention militaire en Syrie. Des déclarations jugées «décevantes» par Washington. A l'exception de la Tunisie, aucun des 21 pays représentés n'a appelé, directement, à un départ du président Assad lors de ce sommet de la Ligue arabe organisé en Irak, pour la première fois depuis plus de 20 ans. Dans sa résolution finale, le sommet demande au «gouvernement syrien et à toutes les composantes de l'opposition d'adopter une attitude positive envers la mission (de M.Annan) en entamant un dialogue national sérieux basé sur le plan soumis par la Ligue arabe et la résolution adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU». Ils se déclarent par ailleurs en «faveur de l'unité et la stabilité de la Syrie et contre toute intervention militaire». Assad peut sourire. Il n’est pas aussi foutu que l’avait annoncé, prématurément, le « droit dans ses bottes ».Les dégâts collatéraux de l'agression en Libye, toujours à feu et à sangD’ailleurs, le fin connaisseur du génocide rwandais devrait commencer à se demander quelle est la part de responsabilité de la France dans le déstabilisation du Mali. C’est la chute du régime Kadhafi qui a ruiné l'économie du Sahel et des pays riverains. Bamako privé de fonds, incapable de nourrir les populations frontalières, a laissé son armée face à une rébellion touareg, renforcée par les éléments kadhafistes repliés de Libye et un réseau Aqmi faisant, par le trafic pour survivre ,la liaison avec les nomades.Impuissante face à l'avancée des Touareg et des islamistes au Nord du Mali, la junte, au pouvoir depuis le coup d'État du 22 mars, a lancé un appel à l'aide. «Les rebelles continuent à agresser notre pays et à terroriser nos populations," a lancé le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, dans un discours à la presse. "La situation est à cette heure critique, notre armée a besoin du soutien des amis du Mali pour sauver les populations civiles et sauvegarder l'intégrité territoriale du pays."Les insurgés, qui sont passés à l'offensive dans le Nord en janvier, profitent en effet de la confusion régnant à Bamako, à la suite du coup d'État militaire, pour gagner du terrain. En fin de semaine, ils avaient pris le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le Nord-Est, aux confins de l'Algérie et du Niger. La junte au pouvoir, qui a renversé, peut être pas définitivement d’ailleurs, le président Amadou Toumani Touré, avait invoqué, pour justifier son putsch, l'échec du régime contre la rébellion touareg.De fait, celle-ci a réalisé une offensive spectaculaire en deux mois. Jamais, lors des deux soulèvements touareg des années 1990 et 2000, les rebelles -qui comptent cette fois des hommes revenus de Libye lourdement armés après avoir combattu pour Mouammar Kadhafi- n'avaient à ce point menacé le pouvoir central. Juppé va-t-il intervenir ?Car c’est bien un dégât collatéral de la guerre de son ami BHL, en Libye, dont il s’agit.La Libye, où le pouvoir reconnu par Paris est plus qu’à la peine, menacé par la scission de l’Est du pays et la sécession du Sud, peuplé de Toubous comme au Tchad voisin. Le dirigeant des Toubous en Libye, Issa Abdelmajid Mansour, a fait état de nouveaux combats au sud de la ville de Sebha (sud), appelant les Nations Unies et l'Union européenne à intervenir pour arrêter ce qu'il qualifie de "nettoyage ethnique des Toubous"."Nous demandons à l'ONU et à l'Union européenne d'intervenir pour faire cesser le nettoyage ethnique des Toubous", a déclaré cet ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi, qui avait brandi récemment la menace séparatiste dans une déclaration à l'AFP. M. Abdelmajid Mansour a accusé vendredi les tribus arabes de Sebha d'avoir bombardé une centrale électrique alimentant plusieurs régions du sud, comme Qatroun et Morzouk, considérées comme des fiefs de Toubous.Maures contre Noirs au Mali; Arabes contre Noirs au Mali et en Libye... Vraiment, les guerres pour le démocratie sont de tels échecs qu’on se demande si le maintient prévisible au pouvoir du tyran de Damas n’est pas, sinon un moindre mal, au moins un facteur de stabilité face aux dangers d'éclatements tribaux et religieux ou de subversion islamiste dans un pays clé au cœur du Moyen-Orient. La diplomatie française de la démocratie interventionniste et dogmatique a fait suffisamment de mal au Maghreb et au Sahel. Elle devrait réfléchir à deux fois avant de dire ce qui serait bien pour le Machrek.Jean Bonnevey (Metamag, 2 avril 2012)