Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

souveraineté - Page 25

  • Retrouver l'autonomie politique de la France !

    Nous reproduisons ci-dessous une tribune libre d'Hervé Juvin, l'auteur du remarquable essai intitulé Le renversement du monde (Seuil, 2010), publiée dans le quotidien Le Monde le 29 septembre 2011, dans laquelle il propose quelques pistes pour redonner à la France et à l'Europe une autonomie politique...

     

    france libérée.png

    Retrouver l'autonomie politique de la France

    Le débat "protectionnisme vs libre-échangisme" est largement un faux débat. Il prétend enfermer le choix politique dans une alternative, ce qui est faux et dangereux. Il désigne deux perversions égales, la fermeture stérilisante, l'ouverture débilitante. La vérité est qu'il y a une infinie de variété de nuances entre l'ouverture totale, qui signifie qu'il n'y a plus d'entité politique, et la fermeture totale, qui signifie l'asphyxie. Il en est dans ce domaine de l'ouverture aux mouvements de capitaux comme de l'ouverture aux mouvements de biens et de service, et de l'ouverture aux migrations des hommes.

    Un peuple qui ne sait tenir sa frontière, géographique ou virtuelle, n'est plus digne de l'histoire. La vérité est aussi qu'il est des temps pour ouvrir, pour attirer, pour accroître la diversité interne, et des temps pour choisir, pour distinguer, et pour affirmer l'unité interne. J'ai peu de doute à ce sujet ; le temps de la France, de l'Europe, est revenu de travailler à leur unité interne, d'affirmer leur singularité, et elles le feront d'abord en se séparant de tout ce qui n'est pas elles, ensuite en se protégeant de tout ce qui menace leur projet et cette identité qui doit permettre à tous ceux qui s'y reconnaissent de faire société, ensemble, et pour un avenir commun.

    Dans le domaine économique et commercial, il s'agit d'abord de ne pas être les idiots de la classe de la mondialisation, ensuite de prendre conscience et de défendre nos intérêts propres, ceux des Français, ceux des Européens, dans un monde qui ne fait et ne fera pas de cadeaux. Personne ne juge mauvais que les Chinois aient une préférence pour les intérêts de la Chine. Personne ne doute que les Américains poursuivent avec constance l'intérêt américain. Pourquoi est-ce que seuls les Français ne pourraient pas poursuivre les intérêts de la France, et les Européens manifester leur préférence européenne ?

    Si l'objet est d'en finir avec une dépendance à l'égard des marchés financiers qui tourne à l'esclavage, si l'objet est de retrouver une autonomie politique, qui est l'autre nom de la liberté de nos peuples à choisir leur destin, il ne s'agit pas seulement de tarifs douaniers, de contrôles aux frontières et de réciprocité négociée. Des dispositions techniques et juridiques précises dans le domaine du placement de la dette, des privatisations, des opérations de marché, de la réglementation bancaire, peuvent engager des évolutions à terme considérables, et nécessaires.

    La renationalisation de la détention de la dette. Elle s'applique aux OAT ; elle s'appliquerait tout autant et sinon plus, aux euroobligations. Pour gagner quelques points de rendement, le Trésor français, après et comme d'autres, a consenti un abandon majeur de souveraineté ; une dette publique détenue par les nationaux s'apparente à l'impôt, l'inflation peut la réduire ; une dette détenue majoritairement à l'extérieur est une dette, et le défaut est le seul moyen de l'alléger vraiment. Les résidents détiennent moins de 35 % de la dette publique de leur pays ; il leur est impossible d'acheter en direct des titres de la dette nationale ; et certains besoins d'investissement ne peuvent être satisfaits que par des titres émis ailleurs. Il est urgent de renationaliser la détention de la dette publique, non dans un but de fermeture, mais d'autonomie politique. Dans ce but, les Français doivent pouvoir acheter des titres de dette publique au guichet de leur banque, ou par Internet, et les Européens doivent pouvoir souscrire des euro-obligations comme ils le veulent. Dans ce but aussi, et face à l'ampleur de la question du vieillissement, l'émission d'obligations du Trésor indexées sur l'inflation et d'une durée de 40 ans est la solution manifeste aux besoins d'investissement des fonds de retraite (PERCO, PERP, Assurance-vie, fonds Madelin, etc.) dont la principale préoccupation pour les décennies à venir est la protection contre l'inflation. Le choix des gérants et leur préférence pour la France et l'Europe fera le reste.

    L'émission de parts d'associés. La privatisation des grandes sociétés de service collectif a permis la constitution de rentes indues et fait perdre à la collectivité nationale et européenne un contrôle sur des actifs essentiels, et stratégiques. Les ravages de la propriété d'Etat et du contrôle public sont connus, les ravages de la privatisation se découvrent. L'application du modèle actionnarial, de la course à la création de valeur et de la concurrence à ces sociétés dites naguères "gestionnaire de monopoles naturels" est un échec. C'est vrai pour l'énergie, c'est vrai pour les réseaux ferrés, c'est vrai pour la poste, c'est vrai pour la banque de détail. Il faut en tirer les conséquences, et d'abord sur l'inadéquation du modèle de propriété actionnarial. Pour les futures opérations d'ouverture de capital de sociétés publiques ou de monopoles naturels, il est urgent d'inventer un titre d'associé aux droits et aux rémunérations proches de ceux des sociétaires des coopératives, des parts dont l'achat et la vente sont soumis à l'agrément de l'entreprise, et dont les droits de vote sont effectifs sur le mode "un homme, une voix". L'offre de vente de ces parts d'associés à des personnes physiques et morales, ferait des Français les propriétaires associés des grandes entreprises de service commun. L'expérience des réseaux mutualistes prouve la facilité à lever des capitaux, la facilité aussi à organiser le lien avec les marchés de capitaux, donc la respiration du capital.

    La création d'un marché boursier centralisé. La directive européenne dite "MIF" a détruit trois siècles d'expérience et de progrès européen dans le domaine du lien entre modèle de marché, activité boursière, société et intérêt collectif. La directive a organisé l'éclatement de la liquidité, fait perdre l'unicité du prix et fourni aux intermédiaires les plus puissants ou les plus retors toutes les occasions de jouer contre les intermédiaires plus petits, les investisseurs de long terme et les épargnants. L'aveuglement européen a fait des marchés boursiers un mauvais lieu, qui va tuer l'actionnariat populaire et qui commence à provoquer des retraits de la cote, depuis que le marché sert à tout sauf à financer les entreprises. Dans le domaine des marchés d'actions comme dans celui des marchés d'options et de dérivés, comme dans celui des matières premières, la centralisation des ordres sur un système d'ordre public est le préalable à toute moralisation de la finance. Des chefs d'entreprise s'émeuvent désormais ouvertement de l'absence de tout lien entre leur activité, leur performance, leurs résultats, et les mouvements de leur titre en Bourse ; ils sont choqués de voir leur titre négocié à des prix différents au même moment, des mouvements importants de leur capital se dérouler ans des "trous noirs" sans transparence et sans équité. Sur les marchés des actions, des obligations, comme sur ceux des matières premières, l'obligation d'une centralisation des ordres, d'une unicité des prix, et d'une transparence sur les conditions, est un objectif stratégique de retour au lien indissociable qui unit les épargnants, les associés, et les sociétés cotées.

    La séparation des métiers bancaires. Il y aurait les bonnes banques et les méchants Hedge Funds. C'est ignorer le fait que les hedge funds ne travaillent qu'à partir du crédit que leur fournissent les banques, et qui fait jouer l'effet de levier dévastateur. Quelle est la responsabilité d'UBS dans le levier qu'ont fait jouer tel ou tel hedge fund dans les années 2000 ? La séparation entre dépôts, crédit et opérations de marché est fondatrice de la confiance, de la sécurité et de la morale. Elle doit permettre d'éliminer les acteurs non conformes, et de restaurer la notion de criminalité financière, certains comportements et certaines opérations suggérant moins des dérives professionnelles qu'une qualification d'entreprise frauduleuse, voire criminelle, permettant le retrait de la licence d'opérer sur le territoire européen, la mise sous contrôle des opérations, voire la saisie des actifs détenus. Ni protectionnisme, ni libre échangisme, cette perversion d'une technique économique, le libre échange, devenue idéologie ; la maîtrise retrouvée des activités financières, des organisations de marché et des activités de crédit et d'investissement désigne le véritable sujet. Car la désignation d'ennemis lointains, la Chine étant la cible désignée, est une diversion habile qui n'égarent que ceux qui ignorent que la majorité des déficits a lieu entre pays développés, et que l'origine des déficits abyssaux qui volent notre avenir est à rechercher dans les dérives de la finance de marché et dans la privatisation des Etats par les banques, bien plus que dans la mondialisation ou la concurrence déloyale des pays à bas revenus. Ne pas se tromper d'ennemi et de cible ; ceux qui vont se battre pour redonner à la France et à l'Europe leur autonomie de choix et de destin devront d'abord acquérir une rare et dangereuse lucidité à cet égard.

    Le retour à la mention d'origine des produits. C'est la dignité et le respect du consommateur qui peut choisir et arbitrer en fonction d'information dont le prix n'est qu'une composante, et qui peut attribuer une valeur aux choses différentes de leur prix. Le stupide "made on earth by humans" est la fin du politique et la dissolution de toute société organisée dans l'isolement généralisé. Il y a un prix à payer contre l'isolement, contre la dissociété, et contre la décivilisation qui nous gagne.

    Ni protectionnisme ni libre-échangisme, le vrai débat politique et le vrai clivage opposent ceux qui se battent pour l'autonomie des peuples, peuple français, peuple européen, et ceux qui travaillent à leur asservissement aux intérêts privés, dans le cadre du droit et du marché. Au nom d'un internationalisme mal compris, au nom d'un attachement aux droits qui détruit le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, une partie des socialistes se fait complice des forces du capital sans frontières, sans identité et sans liens. Récemment disparu, Paul Yonnet a été l'un des premiers à avoir percé à jour la contre-manœuvre socialiste – contre-manœuvre, parce qu'elle produit l'inverse des buts qu'elle affiche. Derrière l'éloge de la mobilité il faut entendre l'esclavage, derrière le sans-frontièrisme, il faut entendre apologie des invasions et des colonisations, derrière les Droits universels il faut entendre l'extinction des peuples libres de se donner leur loi, de se compter et de se nommer. Et derrière la liberté du marché, il faut voir les faux-monnayeurs, les charlatans et les usuriers qui reviennent.

    Hervé Juvin (Le Monde, 29 septembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Economie, Géopolitique, Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Ce n’est pas un complot, c’est la stratégie !...

    Nous reproduisons un excellent point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site Regards sur le renversement du monde, dans lequel il appelle les Européens à exercer leur souveraineté à combattre l'intolérable entreprise d'hégémonie des Etats-Unis...

     

    Aigle américain.jpg

     

    Ce n’est pas un complot, c’est la stratégie !

    « L’Europe est devenue un protectorat des Américains » - Hervé Morin, ancien Ministre de la Défense (cité par le général Desportes, dans Le Débat – Gallimard – Septembre 2011)

    De l’affaire DSK au krach bancaire et boursier actuel, la théorie du complot nous est resservie à toutes les sauces et sur tous les tons. Le problème n’est pas qu’il ne puisse y avoir ici et là, action concertée pour obtenir un avantage indu ou créer une situation profitable. Le problème est que la théorie du complot fait manquer l’essentiel.

    Les faits sont là. Les attaques contre la crédibilité des Etats les plus endettés de l’Union européenne ont débuté le mois même où les émissions en euro, dans le monde, dépassaient les émissions en dollars. Depuis un an, de FoxNews au Wall Street Journal et du Financial Times à The Economist, toute information de nature à effrayer les investisseurs et les opérateurs au sujet de l’Europe a été délibérément et démesurément grossie, telles ces photos savamment travaillées pour donner l’impression que les anodines manifestations à Athènes tournaient à la guerre civile, ou encore la décision de Siemens, en juillet, de réduire ses engagements auprès de telle ou telle banque française, publiée dans la semaine du 16 septembre comme un scoop ! Internet a servi à propager efficacement des rumeurs, des bruits de marché, des informations invérifiables, toutes visant successivement telle ou telle banque française, telle ou telle alerte sur les dettes publiques – et dont plusieurs font l’objet d’une instruction en justice. De manière plus discrète, les actions hostiles aux gouvernements qui avaient décidé de ne plus utiliser le dollar dans leurs transactions commerciales se sont multipliées, visant le Venezuela, la Bolivie, l’Iran, le Salvador, etc. dans une incompréhension totale de l’Union européenne, aveuglée par la propagande des Américains et de leurs alliés. De manière tout à fait ouverte au contraire, l’exploitation de la dégradation du rating de deux banques françaises et l’obscur débat sur leur recapitalisation ont permis de créer une situation aberrante, mais proche de l’irréversible, non sur les maillons faibles, mais au cœur même du système bancaire français et européen.

    Les faits sont là, et devraient suffire à invalider la théorie du complot. Ce ne sont pas les gnomes de Wall Street ou les manipulateurs de Goldman Sachs qui sont en jeu, c’est l’intérêt national américain ! L’aveuglement européen, la complaisance des institutions européennes, voire la complicité des eurocrates, ont pour simple et directe explication le déni de l’intérêt national, de la préférence nationale, et des enjeux nationaux dont les partisans de  l’Union se sont fait une doctrine ! Seuls dans le monde, les Français, et les Européens de Bruxelles, n’osent pas affirmer tranquillement qu’ils se battent pour la France et les Français, pour l’Europe et les Européens, que leurs intérêts passent avant ceux de tous les autres, et que la défense des intérêts qu’ils reconnaissent comme vitaux passe avant tout – avant toutes les doctrines, toutes les amitiés et surtout, avant les intérêts de tous les autres ! Chinois, Américains, Russes, comme tant d’autres, ont assez prouvé quelle conception exigeante ils avaient de leur intérêt national, et combien peu ils s’interrogeaient sur les moyens de le faire prévaloir !

    Les circonstances sont claires ; la position hégémonique des Etats-Unis ne repose, pendant combien de temps, que sur deux points ; le dollar et les armes. Le soft power européen, la capacité à édicter des normes universelles, la diversité interne des peuples européens, exercent dans le monde une attraction qui balance le rêve américain. La prospérité de la classe moyenne européenne fait de l’Europe le premier marché du monde. Le savoir-faire industriel de l’Europe, de l’Allemagne en particulier, fait des infrastructures de marché ( clearing and settlement, chambres de compensation, gestion des titres ) les plus performantes au monde. Le savoir mathématique des Européens, des Français notamment, fait d’eux les maîtres des marchés dérivés. Et l’euro menace de faire jeu égal avec le dollar, donc de lui retirer l’exorbitant privilège d’émettre de la monnaie sans aucun coût, puisque le reste du monde continue d’accepter le dollar pour tous ses échanges ! Et certaines banques européennes menaçaient le privilège de la haute banque anglo-américaine, et pouvaient même avoir quelques velléités de ne pas respecter les embargos et les interdictions par lesquels les Américains et leurs alliés entendent ramener à l’âge de pierre, de la famine et des tribus, ceux qui osent défier leurs intérêts ! La percée bancaire et financière de l’Europe menace les Etats-Unis et la City d’un 11 septembre bancaire et financier ! Des banques européennes ont eu le courage de continuer à travailler avec Cuba, avec la Russie, avec Madagascar ou la Syrie ; qu’elles tombent ! Le pouvoir d’achat – non, la capacité à s’endetter – du consommateur américain est en jeu, comme la capacité des Etats-Unis à décider qui sont les bons, qui sont les méchants, selon leurs intérêts, ou l’idée qu’ils s’en font ! Des banques sans capacité à recruter et à investir, des systèmes soumis à l’espionnage permanent des Américains, comme l’exemple de Swift ou du transport aérien l’a montré, voilà l’ordre rétabli et la police américaine rétablie dans sa colonie européenne !

    La situation est claire, et demande distance et modération. Les Etats-Unis, pas plus que la Chine ou la Russie, ne sont l’ennemi de l’Europe. Mais la situation née de la  colonisation américaine de l’Europe de l’Ouest effectuée depuis 1944 n’a pas connu l’issue de la colonisation soviétique de l’Europe de l’Est ; le Mur de l’Est est tombé, le Mur de l’Ouest n’est pas tombé. Il suffit pour apprécier la situation de suivre les ingérences permanentes, multiples, devenues naturelles, des ambassades, des agences et des représentants américains en Europe, depuis les actions en banlieue d’un ambassadeur des Etats-Unis à Paris, M. Charles Rivkin, qui se croit autorisé à promouvoir un multiculturalisme que refusent les Français, sans être convoqué pour rendre des comptes, jusqu’à l’incroyable présence de M. Timothy Geithner au sommet polonais des Ministres des finances de l’Union, venus écouter la leçon du faux monnayeur !

    Nous sommes face à un intérêt stratégique américain contraire à notre intérêt stratégique. Nous ne sommes pas seuls. D’autres partagent nos préoccupations, au nom de leur propre intérêt national ; et pas seulement la Chine. Le meilleur allié de l’Union européenne est l’aversion universelle que suscite la fuite en avant des Etats-Unis et, désormais, la peur qu’elle inspire. Nous ne manquons pas d’outils. Derrière la notion de criminalité organisée, maintes actions des banques ou des intermédiaires américains méritent l’attention, l’enquête, et la sanction, notamment l’interdiction d’exercer sur le territoire européen et la saisie de leurs actifs. Ce sont là certes des « warlike measures ». Révélés par Wikileaks, ce sont les termes mêmes qu’employait l’ambassadeur des Etats-Unis pour qualifier les mesures qu’il préconisait pour ouvrir de force la France aux OGM. Elles ne seront pas de trop. En la matière, la réciprocité est un principe sain de l’amitié durable entre les peuples.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 26 Septembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Mélenchon : "Personne n'est victime de l'immigration..."

    Vous pouvez visionner ci-dessous un extrait de l'émission On n'est pas couché du samedi 17 septembre 2011, au cours de laquelle Natacha Polony amène Jean-Luc Mélenchon à dévoiler son vrai visage sur la question de l'immigration...


    Mélenchon Vs polony & Pulvar 3 [POL] Ruquier... par peanutsie

    Lien permanent Catégories : Débats, Multimédia 1 commentaire Pin it!
  • Entre mémoires locales et volonté continentale : l'Esprit européen !...

    Les éditions Heligoland viennent de publier L'Esprit européen entre mémoire locale et volonté continentale, un copieux recueil d'article de Georges Feltin-Tracol, préfacé par Pierre Le Vigan. Georges Feltin-Tracol est un des animateurs du site Europe Maxima et a déjà publié chez le même éditeur Orientations rebelles, un recueil dont les textes, selon Alain de Benoist, témoignaient "d'un sens aigu de la synthèse et d'une belle capacité de pensée critique".

     

    Esprit européen.png

    "Débat sur l’identité nationale en France pendant l’hiver 2009-2010, appels répétitifs à respecter la laïcité, enlisement institutionnel de l’Union européenne, rejet référendaire de la Constitution européenne en 2005, réveil des peuples sans État, domination stratégique pesante de l’Occident et de l’hyper-classe oligarchique mondialiste sur le "Vieux Monde", risques d’éclatement de la Belgique et de l’Italie, regain des régionalismes dans l’Hexagone, anticipation d’une « Grande Suisse », rôle asphyxiant de Paris et de sa région, prégnance de la géopolitique…, notre continent arrive à un moment décisif de son histoire sans que ses peuples apathiques, déboussolés et amnésiques s’en aperçoivent vraiment.

    Et si, en dépit de tous ces dangers, ces épreuves invitaient à retrouver notre esprit européen dans sa multiplicité déclinée en mémoires locales, régionales et nationales, souvent antagonistes et contradictoires, et en une volonté géopolitique continentale soucieuse d’agir (et de réagir) aux événements du monde ? 

    Produit plus que somme de nos peuples, de nos cultures, de nos identités, l’esprit européen se compose de formes variées et éclectiques à l’opposé d’une uniformité moderne et hyper-moderne. Cet éclectisme est une richesse, c’est aussi la meilleure façon de contenir et de riposter à la menace mondialiste américanocentrée, aux défis démographiques africain et musulman, aux périls de la finance transnationale et des banksters et à la rude concurrence des nouveaux pays industrialisés d’Asie et d’Amérique latine. Les Européens devraient se souvenir que l’union construite sur la force cumulée des identités fait la puissance.

    Recueil de soixante-dix textes dont certains sont inédits, d’un avant-propos et d’une préface de Pierre Le Vigan, L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale participe au combat culturel d’aujourd’hui et de demain. Il en fournit les indispensables munitions.

    Contre le projet dément de l’hyper-classe, de la Mégamachine occidentaliste mondiale et de son bras armé, le simulacre de l’U.E., la réappropriation de l’esprit européen dans sa complexité charnelle intrinsèque est nécessaire afin de redonner un sens à la spiritualité, à la légitimité, à la souveraineté, à l’identité, à la laïcité et à la puissance et de rétablir l’Europe sur des assises populaires et historiques grâce à ses mémoires locales et à sa volonté géopolitique. Allons donc à la découverte de cet esprit polymorphe !"

    Lien permanent Catégories : Livres 3 commentaires Pin it!
  • Les vraies raisons de la peur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue publié par Hervé Juvin sur son blog, Regards sur le renversement du monde. Un appel à la souveraineté, à la lucidité et à l'autorité pour faire face à la tempête !...

     

    Tempête.jpg

    Les vraies raisons de la peur

    Faut-il avoir peur des émeutes londoniennes ? Du terrorisme islamique ? De la montée des salaires en Chine, 25 % en zone côtière au cours des six derniers mois, aux effets multipliés par la hausse du renminbi ? De l’explosion des marchés financiers ?

    Adeptes sans le dire des idées de Carl Schmitt, les gouvernements et les media se sont lancés à la poursuite de nos ennemis. Et la fabrication de l’ennemi est une industrie qui tourne à plein régime. Dans les mots, mais pas seulement ; après Oussama Ben Laden, le colonel Khadafi était un ennemi présentable, il y en a, il y en aura d’autres. Ils ne sont pas loin. Une formidable bataille se joue en coulisse pour savoir si, oui ou non, une partie des activités bancaires et financières est désignée comme telle. Le débat oppose, aux Etats-Unis, d’un coté les tenants d’un règlement global du problème des « foreclosures », ces expulsions de débiteurs insolvables de leur logement financé à crédit, expulsions effectuées, sur la base de documents falsifiés ou d’engagements abusifs, par les banques créancières, et de l’autre, ceux qui souhaitent que les responsabilités soient établies et des dommages et intérêts payés aux millions de familles illégalement expulsées. Les banques souhaitent, contre une indemnité forfaitaire, se mettre à l’abri de toute poursuite. Les familles illégalement spoliées réclament justice. Ce débat mérite intérêt ; s’y opposent rien moins que deux systèmes de vérité, celui qui veut que la justice dise le bien et le mal, et celui qui dit que la justice doit s’exercer dans l’intérêt bien compris du plus grand nombre ; entendez ; que les banques continuent à faire leur travail et évitent la faillite. A ceux qui auraient oublié que les lois de l’économie peuvent faire l’impunité du criminel, le rappel peut servir.

    Les banques, les agences de rating, les fonds d’investissement, les systèmes de trading automatiques, tour à tour, suscitent la peur et sont accusées de porter la responsabilité d’une crise qui entre, vraiment, dans sa dimension politique Ce serait si facile ! La question est pourtant simple ; qu’est-ce qui donne tant d’importance à la dégradation de la note « triple A » de la dette américaine ? Qu’est-ce qui fait trembler la France à l’idée d’une dégradation de sa propre note ? Qu’est-ce qui donne tant d’importance à la finance de marché, aux taux d’intérêt, aux mouvements devenus erratiques du CAC 40 ? Rien d’autre que la facilité de la vie à crédit, un étrange aveuglement au recours aux investisseurs étrangers, une exigence déraisonnable de rendement du capital investi. Inutile de développer le fait ; le crédit condamne l’avenir à travailler pour le présent, et la politique de la France, si elle ne se fait pas à la Corbeille, sera durement et longtemps dominée par la question de la dette publique. Il est plus intéressant de souligner le ralliement borné des hauts fonctionnaires chargés de placer les titres de la dette publique à l’idéologie mondialiste et libre-échangiste ; avec le lancement des OAT, la création de l’Agence France-Trésor, ils ont pu sacrifier aux délices des road shows mondiaux, et ils ont réussi, puisque près de 70 % de la dette publique française est détenue par des investisseurs hors frontières. Mais qui a jamais cru qu’il serait aussi facile de spolier ces investisseurs, qui n’ont aucune raison de faire des cadeaux à la France, que les anciens porteurs nationaux de bons du Trésor, régulièrement volés par la décote ? La dette publique détenue par les nationaux s’apparente à l’impôt ; la question de la dette publique japonaise, détenue à plus de 90 % par les Japonais, ne se pose pas, du moins pas en terme de dépendance, alors qu’elle se pose et se posera à la France, qui s’est placée elle-même en situation de dépendre pour ses choix fiscaux, sociaux, et politiques, des détenteurs de sa dette, et de ceux qui la jouent. Il est tout aussi intéressant de constater la capitulation de tant d’entreprises, opérant dans secteurs matures où la croissance est de quelques pour cent par an, devant des exigences de rendement du capital de plus de 15 % annuels ! Ce qui, dans la durée, et dans un monde fini, signifie une alternative simple ; adopter un comportement de prédateur, ou truquer les comptes – certains s’étant fait fort de pratiquer les deux !

    Facilité, aveuglement, déraison ; ce sont les vraies raisons d’avoir peur. Car il n’est rien, dans la crise actuelle, qui ne soit exagération, montage et manipulation, c’est-à-dire qu’il n’est rien que l’esprit de décision, la lucidité et la souveraineté ne puissent résoudre. Mettre fin à l’assistance inconditionnelle va de pair avec faire payer l’impôt, et notamment celui des grandes entreprises. Recouvrer des marges de manœuvre va de pair avec renationaliser la détention de la dette, et proposer aux Français d’acquérir les titres de dette de la France, comme favoriser la participation des Français au capital des entreprises françaises. Affirmer l’autorité de la France appelle à se mobiliser autour de la notion d’entreprises criminelles, pour qualifier des agissements, des comportements et des systèmes qui doivent être éliminés, et dont la révélation par Wikileaks des menaces de l’ambassadeur américain contre l’opposition française aux OGM, (préconisant des « warlike measures » ! ) donne l’exemple. Et surtout, rompre avec l’abandon mondialiste et l’idéologie du libre-échange, dont chaque jour illustre davantage qu’ils sont la voie de la confusion de l’abandon, et de la soumission, est la condition du projet, de l’ambition, et du commun.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 29 août 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Vers la revanche du réel...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de William Léonard, cueilli sur Scriptoblog, le site qui a donné naissance aux éditions le Retour aux Sources.

    bolossage.jpg

    Vers la revanche du réel

    Aux alentours du 28 juin, plusieurs journaux de la presse régionale se firent l'écho d'un fait-divers particulièrement intéressant, dont je citerai quelques extraits, tirés de l'édition en ligne du Progrès, feuille lyonnaise :

     

    "Ce matin à 10H30, notre camion chargé de livrer le lait à une association de femmes en difficulté s'est retrouvé bloqué devant la cité par des poubelles remplies de sable et une bande de jeunes", a déclaré Jacques Ansquer.

    "Ils ont dit qu'ils faisaient la vérification du chargement, ils ont ouvert les portes, sont rentrés dans le camion, soi-disant pour vérifier qu'il n'y avait pas de policiers à l'intérieur", a-t-il ajouté. "Les bras nous en tombent. Aujourd'hui c'était du lait, donc ça ne les a pas intéressés, mais demain on se fera dépouiller d'autres choses si ça les intéresse".

    Une réunion extraordinaire du bureau de l'association est prévue mercredi pour déposer plainte auprès du procureur de la République.

    "Nous ne sommes plus dans une situation de non-droit, il y a désormais des zones régies par un autre droit que le nôtre", a dénoncé M. Ansquer, ironisant sur "les nouveaux octrois". "On s'attaquait aux policiers, aux pompiers, aux chauffeurs de bus, maintenant on s'en prend aux gens qui viennent aider les plus démunis", a-t-il déploré. "Mais il n'est pas question pour nous de renoncer à notre mission".

     

    Qu'un tel récit ne figure qu'à la rubrique des faits-divers est en soi quelque chose de suffisamment amusant et significatif pour être de suite signalé. Fidèles à leurs habitudes, et à la culture de l'euphémisme qui est l'appanage de leur profession lorsqu'il s'agit de traiter d'un événement se déroulant dans, selon l'expression consacrée, “un quartier sensible”, les journalistes ont en effet accordé à cet acte de guérilla – appelons les choses par leur nom – une importance comparable à celle du premier chien écrasé. Circulez, braves gens, tout va bien ! Nous savons cependant que nous ne pouvons pas compter sur les gens de presse : leur métier, peut-être depuis toujours, consiste davantage à vêtir la réalité d'un masque pudique qu'à, comme ils disent, “décrypter l'information”. Lire un journal intelligemment est un périlleux exercice d'exégèse, digne d'un Kabbaliste émérite : chaque mot exhibe le mensonge et dissimule la vérité. C'est pourquoi il convient ici de ne s'en tenir qu'aux faits : un camion de la banque alimentaire a été fouillé par des individus ne s'autorisant en cette occasion que de leur force, à l'entrée d'un territoire dont ils semblaient devoir assurer la sécurité, un peu à la manière des douaniers qui, jadis, gardaient les frontières nationales.

     

    Les éternels ravis de la crêche se demandent bien sûr comment nous avons pu en arriver là, alors même que très nombreux sont ceux qui, sans prendre trop de risques avec la postérité, avaient déduit il y a parfois fort longtemps les événements auxquels nous sommes aujourd'hui quotidiennement confrontés. Il est vrai qu'ils étaient nantis d'une qualité qui prête particulièrement au lynchage : la lucidité. Le mythe de la Caverne platonicienne ne révèle-t-il pas, en sa conclusion, que l'homme à qui est donné de contempler la vérité dans sa pleine splendeur est tué dès lors qu'il prétend la révéler à ceux qui rêvent encore ?

     

    Sachant que ceux qui liront ce texte sont pour la plupart des observateurs avertis, souffrant suffisamment, d'ailleurs, d'être traités en Cassandre à la moindre remarque trop peu élogieuse pour des temps irascibles, il me semble inutile de retracer la généalogie de ce désastre : nous savons pourquoi, nous savons comment, et malheureusement, nous conjecturons bien souvent une amère fin.

     

    La question qui m'importe ici est la suivante : pourquoi ces faits se multiplient-ils sans que l'Etat, en principe garant de la sureté générale, n'amorce le moindre début de réaction pour les faire cesser ?

     

    Ma réponse aura au moins le mérite d'être simple : parce qu'il ne le veut pas.

     

    Et pourquoi ne le veut-il pas ?

     

    Parce qu'il ne le peut pas.

     

    L'Etat est impuissant face aux gens qui, aujourd'hui, se conduisent dans certains territoires du pays comme s'ils en assumaient la souveraineté. La politique, disait Gambetta, c'est “l'art du possible”. Le Politique fait ce qu'il peut, en quelque sorte. S'il ne fait rien, c'est qu'il ne peut pas, et le verbe pouvoir est ici à prendre au sens le plus essentiel. Les idéologies contemporaines (mondialisme, ultra-libéralisme, relativisme absolu et universalisme tyrannique, hystérie shoatique, etc.) et les Puissances qui lui accordent foi pèsent si lourd qu'il est inimaginable qu'un Etat, leur jurant allégeance chaque jour que Dieu fait et tirant sa légitimité transcendantale de cette servitude absolue, soit en mesure d'agir indépendamment des forces qui le guident. Cela n'enlève rien, bien sûr, à la responsabilité de ceux qui, aujourd'hui, assument des tâches publiques : il suffirait en effet qu'ils rompent avec ces sinistres donneurs d'ordres pour que le pays recouvre une souveraineté pleine et entière sur son territoire. Mais nos dirigeants sont à ce point pleutres et clientélisés, leurs intérêts personnels seraient à ce point mis en danger par une telle démarche, que jamais ils n'oseront faire vaciller sur leur socle les idoles grâce auxquelles, rappelons-le, ils prétendent exister aux yeux du monde. Cela leur est littéralement impossible.

     

    Le socle métaphysique de cette impuissance, aussi branlant et ruiné soit-il (car personne n'est dupe, à part bien sûr les illuminés, les salariés du Désastre payés pour s'extasier, et les sans-défense, enfants et esprits malléables), ce sont les romanciers qui en parlent le mieux. Une oeuvre en particulier, rééditée ces derniers mois (et même disponible en supermarchés !), jette une lueur foudroyante sur le chapelet de “faits-divers” auxquels les média nous exposent quotidiennement. Le Camp des Saints, de Jean Raspail, roman extralucide rédigé en 1972, a cette immense qualité que, plus que la succession des événements qu'il présente à la manière d'une narration historique, il dresse le portrait fantastique d'un personnage immatériel tenant sous sa botte les puissances du monde. Rappelons, pour ceux qui ne l'auraient pas lu, l'intrigue de cet ouvrage : au tournant du siècle, une flotte de plusieurs centaines de milliers de réfugiés du tiers-monde se dirige vers les côtes françaises. Faut-il repousser les nécessiteux, les abattre, ou les accueillir ? La réponse de l'Occident gavé de moraline est aisée à deviner, et à la fin, rien n'est entrepris contre les envahisseurs pacifiques : le pays est pris.

     

    “Conscience globale” est le nom donné par Raspail à ce démiurge tyrannique, dont les oukazes sont appliquées dans l'instant par des hommes qui, pourtant, savent qu'en obéissant à ce maître despotique, ils signent leur arrêt de mort. Cette belle “Conscience” somme les puissants de s'agenouiller devant tout ce qui paraît petit, misérable, exploité, souffrant, et enjoint tout ce qui est enraciné, solide et fier, à dénigrer ce qui fait sa force, à se haïr jusqu'à souhaiter sa propre disparition, au nom du Bien. C'est, en quelque sorte, la figure allégorique de l'idéologie développée par Sartre dans la préface des “Damnés de la Terre”, plus la mystique raciale indexée sur l'égalitarisme le plus rigoureux, avec comme horizon final la régénération morale de l'humanité à travers le métissage, c'est à dire l'arasement des différences biologiques.  Ce Prince est néanmoins un Janus. Car la “Conscience”, dans le roman de Raspail, c'est aussi “la Bête”. En lecteur avisé du Nouveau Testament, l'écrivain met en scène ce “dragon” qui “parle comme un agneau” (Apocalypse 13 – 11), cette bête qui voudrait faire “l'Ange”, et qui, derrière son parler de miel, dissimule de bien coupables intentions.

     

    Cette allégorie, en plus de peindre à merveille l'Idéologie Mondiale, mélange de “morale de midinette” comme le disait Montherlant et de délire eugéniste New-Age franchement prométhéen, voire satanique, nous aide à comprendre pourquoi, dans la situation qui est la notre et qui ne tardera pas, sauf miracle, à s'aggraver, nous ne pourrons compter sur aucun Etat dit moderne, libre et démocratique pour assurer la sûreté des citoyens : la “Conscience Globale”, Princesse de ce Monde, veille au grain.

     

    Car ses principes sont simples et lumineux : ils sont partout, ils règnent, ils s'épanouissent, ils sont heureux. Que ceux qui m'accuseraient d'exagérer lisent les présentes lignes, tirées de la profession de foi du Syndicat de la Magistrature français, et qui en résument l'esprit : “Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice. “. J'ajoute : pour le non-Blanc contre le Blanc... Par extension, il s'agit de protéger les criminels contre les honnêtes gens. René Gallinier pourra témoigner de la toute puissance de ces lois qui, ne figurant dans aucune constitution, exercent pourtant leur empire sur tout et tous.

     

    Un autre exemple particulièrement frappant de ce délire fut trouvé ce matin même par votre serviteur, sur le site “Rue 89”. Le rédacteur reprenait un certain nombres d'arguments pondus par d'éminents sociologues anglo-saxons pour justifier l'abandon du combat contre le trafic de drogue par les autorités de police : “les minorités ethniques sont les principales victimes de la prohibition car « le pouvoir blanc » utilise le prétexte de lutte contre la drogue pour contrôler les populations considérées comme anxiogènes et à vocation carcérale depuis l'esclavage. La guerre à la drogue se déroule principalement sur le territoire des minorités qui doivent gérer à la fois le champ de ruines laissé par les guerres de gangs, et les ravages dus à l'abus de substances très toxiques”.

     

    Jusqu'à présent, le commentaire le plus éclairant face à la fouille sauvage du camion marseillais me paraît le fait d'un autre écrivain, Renaud Camus, qui, depuis quelques années, a essuyé plusieurs campagnes de calomnies de la part des gardiens du Temple. Par chance, il bénéficie de soutiens puissants, qui lui ont épargné jusqu'à maintenant la proscription.

     

    L'auteur ne m'en voudra sans doute pas de reproduire ici quelques unes des vérités qu'il énonce avec une très-louable lucidité : “la prétendue “mixité” et le non moins mensonger “multiculuralisme” ne sont que les noms que les lâches, les aveugles et les aveugleurs donnent à la colonisation en cours, laquelle se présente et se présentera de plus en plus en termes de territoires à soumettre, à défendre, à interdire et à exploiter, autant dire en termes militaires”.

     

    Involontairement, l'articule de Rue 89 lui donne raison : lorsqu'on utilise l'expression “territoire des minorités”, c'est que l'on a déjà intégré, inconsciemment ou non, la logique sécessionniste qui les structure.

     

    Cela dit, par le jeu d'une dialectique qu'avait déjà entrevue Tocqueville, lorsqu'il prophétisait que la constitution d'un Etat composé d'ensembles régionaux ou provinciaux artificiellement fédérés autour d'un pouvoir central aurait pour conséquence la recomposition du territoire en divisions organiques de type communautaires, l'affaire du camion marseillais, symptomatique de l'aveuglement de nos élites politiques, médiatiques et intellectuelles, me permettra de compléter ce qu'écrit très justement  Renaud Camus .

     

    Alors que l'on a persuadé, usant pour ce faire d'une sirupeuse propagande, les braves citoyens européens de la nécessité d'abolir les frontières et les postes douaniers, alors que l'on a fini par faire avaler au vulgus pecum que cette oblitération de tout ce qui pouvait rappeler la riche histoire politique du continent constituait la garantie d'une paix durable (Michel Rocard est l'un des plus ardent défenseurs de l'idée selon laquelle seule une Europe sans frontières ni identité historique, culturelle et charnelle, une pure idée en somme, peut assurer la concorde), alors que l'on s'est obstiné à gaver l'homme moyen de chimères universalistes, afin qu'il accepte docilement l'idée selon laquelle la société multiethnique, multiconfessionnelle et multiculturelle dévoilait l'horizon radieux d'une humanité réconciliée avec elle-même, alors que l'on a guidé le troupeau vers les verts paturages des songes Kantiens et des rêves New-Age - Société des Nations, Paix Perpétuelle, Fin de l'Histoire, Harmonie, Ere du Verseau - voilà que ressurgissent, comme par malice, des frontières, des clivages, des “solutions de continuité” diraient les cuistres. A dire vrai, il n'y a que dans la glossolalie des élites que la Politique et l'Histoire ont cessé d'exister. Les hommes sont naturellement des animaux politiques, et la nature, c'est un cliché, a horreur du vide. Une table-rase ne reste pas longtemps vide : ce qui disparaît aux marges réapparaît au centre.

     

    Plus important, et surtout bien plus inquiétant : ce “fait-divers” démontre que nos dirigeants ont substitué à l'administration des choses (laissée aux gangsters) le gouvernement des coeurs et des esprits : à la multiplication des “zones de non-droit” (comprendre, des territoires sur lesquels s'exercent un autre droit que celui que l'Etat est censé faire respecter) a correspondu une gargantuesque inflation législative chargée d'inventer, puis de “surveiller et punir” de multiples délits de conscience : lois Pleven, Gayssot, et nous en passons, subventions léonines accordées à diverses officines de persécution et de “vigilance”, véritable inquisition commissionnée pour identifier et dénoncer les comportements, propos et pensées inconformes aux canons de la “Conscience Globale”. Au sens institutionnel, il n'y a donc plus de politique. Elle a été remplacée par l'ingénierie des perceptions et des émotions, la gestion biologique du “parc humain”, comme l'écrit Sloterdijk, la mise en conformité avec des règles de fonctionnement techniques et économiques, ce que certains ont pu appeler un “capitalisme cognitif”, encore que l'expression paraisse quelque peu restrictive.

     

    Or, là gît le paradoxe. Nous savons, grâce à Carl Schmitt et Julien Freund, que  l'essence du politique, tel qu'au moins la pensée classique la définit, réside dans “la distinction entre l'ami et l'ennemi”. Les “jeunes” qui ont établi une frontière à l'entrée de leur quartier pratiquent donc la politique éternelle : ils exercent une souveraineté qu'ils entendent faire respecter par la force, et cette souveraineté s'exprime à travers la désignation de l'adversaire : le policier, l'Etat. Si nos institutions, officiellement, n'ont plus d'ennemis (elles n'ont que des idées à combattre et des “bêtes immondes” à exterminer, ce qui n'est pas la même chose) – d'ailleurs, leur “lutte” insensée contre toutes les “discriminations” montre assez que la moindre distinction essentielle (homme/femme, adulte/enfant, autochtone/étranger, intérieur/extérieur) leur fait horreur – elles sont elles-mêmes les ennemis identifiés et revendiqués par ce sous-prolétariat gangstérisé qui, sur le vide du Droit, a reconstitué des entités politiques de type féodales, claniques et/tribales.

     

    On peut, certes, s'inquiéter d'une telle situation. Il apparaît en effet évident que, depuis les émeutes de 2005 et les gages donnés par les politiques et l'hyper-classe à la “jeunesse des banlieues” (l'expression désigne bien entendu la composante prédatrice de cette jeunesse), de la création de la HALDE à un énième “plan-banlieue” surmédiatisé, de la généralisation des pratiques de discrimination positive raciale camouflée derrière des critères sociaux à la multiplication des chartes de la “diversité” mises en place dans les grandes entreprises, et visant à discriminer les blancs (ainsi que l'a avoué Anne Lauvergeon), les voyous que Nicolas Sarkozy promettait de karchériser sont employés comme alliés de revers du Système. On le remarque désormais à chaque manifestation de la jeunesse issue de la classe moyenne blanche. De manière tristement répétitive, les cortèges estudiantins ou les fêtes publiques auxquelles se livre cette autre jeunesse sont attaquées par des hordes de bandits tout droit venues des banlieues ethniques pour “bolosser” du petit blanc “à tête de victime”, dépouiller, piller, voire lyncher pour le plaisir, sous l'oeil impavide de CRS à qui ordre est donné de n'intervenir que pour la forme.

     

    Le Système a tout intérêt à laisser faire : d'une part, face à certaines formes de contestation sociale, il se paie à peu de frais un service de “maintien de l'ordre” non tenu par les règles du droit auquel il doit soumission permanente et absolue, sous l'oeil vigilant de la “Conscience Globale” et ses caméras de surveillance journalistiques; d'autre part, en permettant aux “casseurs” d'infiltrer les cortèges, il décrédibilise les manifestants et recouvre leurs revendications d'un bavardage médiatique sensationnaliste qui les rend inaudibles. C'est la raison pour laquelle les identitaires lyonnais, ayant marché en février dernier “contre la racaille”, ont été beaucoup plus encadrés et inquiétés par les autorités que les gangsters de cités qui avaient semé le chaos la veille : il faut que les mouvements collectifs dégénèrent et s'abîment dans l'anarchie, sans quoi ils pourraient être en mesure de rassembler autour d'eux une unanimité dangereuse pour le Système.

     

    Le rôle de cette racaille clientélisée avait été parfaitement identifié et défini par Marx et Engels – ce que semble avoir oublié la Gauche révolutionnaire, tendance NPA et PC, qui a passé ces trente dernières années à la draguer, révélant par là son absolue duplicité : « Le lumpenproletariat – cette lie d’individus déchus de toutes les classes qui a son quartier général dans les grandes villes – est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est parfaitement vénale et tout à fait importune. Lorsque les ouvriers français portèrent sur les maisons, pendant les révolutions, l’inscription : « Mort aux voleurs ! », et qu’ils en fusillèrent même certains, ce n’était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu’il fallait avant tout se débarrasser de cette engeance. Tout chef ouvrier qui emploie cette racaille comme garde ou s’appuie sur elle, démontre par là qu’il n’est qu’un traître. » (Marx/Engels : « La social-démocratie allemande »)

     

    Nous pourrions même aller plus loin. Comme le constate Renaud Camus, les institutions contemporaines, fidèle à leur mystique mélangiste et à leur projet d'übermensch métissé, entendent utiliser ces “forces vives” pour “régénérer” le pays.

     

    Les gangsters allogènes sont, plus qu'une force d'occupation, une force de substitution : leurs comportements incivils sont encouragés, leur agressivité n'est jamais réfrênée ni condamnée car elle est la garantie de leur valeur militaire.  Lorsqu'à la télévision, la “Bouche d'Ombre” du Système, l'on diffuse des clips de rap misogynes exaltant les corps bodybuildés d'allogènes roulant des mécaniques, clips sur lesquels Caroline Fourest n'écrit étrangement aucun livre,  lorsque Joey Starr, bien connu pour sa tendresse envers les femmes, est invité chez Drucker, lorsque les charmants bambins impliqués dans des affaires de viols en réunion écopent de peines symboliques, on constate que le modèle d'une virilité belliciste, celle du champ de bataille, est exagérément valorisée lorsqu'il s'agit des “jeunes”, tandis que dans le même temps, les hommes de souche européenne subissent le rouleau-compresseur de la vulgate féministe. L'homme honnête, lit-on, entend-on, doit “retrouver sa part de féminité”, cultiver la douceur et le pacifisme, éviter de se mettre en colère, consacrer une moitié de sa vie aux tâches ménagères, s'accomplir à travers le passage de l'aspirateur, etc.

     

    Les attributs d'une virilité classique caricaturée en brutalité primitive sont ainsi systématiquement portés au crédit des “bad boys” allogènes. Mais parce qu'il institue un rapport de force brute défavorable pour l'autochtone, il est possible de trouver à ce double discours une assez effrayante cohérence : certains sont en effet enjoints à s'affaiblir tandis que les autres reçoivent la permission d'user impunément de la force.

     

     

     

    Cependant, ce simple fait-divers, cet acte de guerre, c'est à dire donc ce phénomène politique, devrait pouvoir constituer un indice d'espérance. Malgré la volonté absolue de retirer du monde tout ce qui pourrait le ramener au réel, les faits restent têtus : la disparition des frontières, des communautés naturelles, du droit, ne peut avoir pour conséquence que la reconstitution d'autres communautés organiques, d'autres droits. La conception politique classique n'est pas morte, et elle risque même de se rappeler bien cruellement à notre souvenir.

     

    Il n'est pas du ressort de ce texte d'analyser dans le détail cet “autre droit”, et le caractère tribal et clanique de ces communautés sécessionnistes que l'impuissance de nos institutions laisse prospérer, bien souvent au dépends même de ceux qui vivent sous la coupe de caïds et de mafieux. Cela dit, il n'est pas douteux que les modèles d'organisation de la vie publique, dans ces espaces, sont incompatibles avec la manière dont nous concevons l'existence.

     

    La bonne nouvelle, c'est que ces phénomènes iront en s'amplifiant au point où chacun sera tenu d'opérer un aggiornamento dans ses conceptions politiques, de déterminer et, enfin, d'adandonner toutes celles qui l'auront conduit à supporter une invivable oppression. Tous les hommes ont en partage un sens aigu de l'injustice : si les mirifiques “valeurs”, quelles que soient les oriflammes trompeurs qu'elles exhibent, accroissent l'iniquité en ce bas monde, les hommes, espérons-le, les brûleront aussi vite et haineusement qu'ils les ont vénérées.

    William Léonard (Scriptoblog, 8 juillet 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!