Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donnné par Pierre Péan à France 24 et consacré à son livre Kosovo - Une guerre « juste » pour créer un État mafieux (Fayard, 2013).
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Kosovo : une guerre pour créer un État mafieux...
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Kosovo, l'Etat mafieux ?...
Les éditions Fayard publient cette semaine une nouvelle enquête de Pierre Péan intitulée Kosovo - Une guerre « juste » pour un État mafieux. Journaliste indépendant, Pierre péan est l'auteur de plusieurs enquêtes décapantes comme La face cachée du Monde (Mille et une nuits, 2003), Le monde selon K. (Fayard, 2009) ou Carnages - Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (Fayard, 2010). Il a récemment signé, avec Philippe Cohen, Le Pen, une histoire française (Robert Laffont, 2012), une biographie de Jean-Marie Le Pen.
" La première guerre de l’OTAN a été menée au nom des droits de l’homme : frapper fort pour « prévenir un génocide » et stopper les troupes serbes menaçant des populations civiles. Elle était pourtant illégale. Pendant 78 jours, au printemps 1999, l’Alliance emmenée par les États-Unis a bombardé la Serbie, y compris le Kosovo, alors sa province, avec le soutien enthousiaste de la plupart des intellectuels et médias français. La même Alliance, soutenue par l’Europe, a détaché de la Serbie le Kosovo pour en faire, en 2008, un nouvel État qu’elle a adoubé.
Quatorze ans après, où en est le Kosovo « démocratique » et « pluri-ethnique » ? Voici un droit de suite – un de plus – dont nous avons été privés. En dépit de ses déclarations d’autosatisfaction, la communauté internationale a failli. Une véritable purification ethnique a débarrassé le Kosovo d'une grande partie de ses minorités (en premier lieu, serbes et roms), au lendemain de l’intervention de l’OTAN et en 2004. Au centre des trafics dans les Balkans, le nouvel Etat est dirigé par les leaders issus des rangs de l’UÇK, l’ancien mouvement indépendantiste armé, hier encore présentés comme les « combattants de la liberté », et aujourd’hui connus pour leurs liens avec le crime organisé.
Pierre Péan démontre la terrible duplicité de la communauté internationale, États-Unis en tête. Tous, Américains, Britanniques, Français et Allemands, savaient parfaitement à qui ils avaient affaire ; leurs services ont souvent appuyé ou formé militairement plusieurs des leaders de l’UÇK. L’auteur révèle que la France mena de facto une politique à double face pendant et aussitôt après la guerre… Depuis, ni Washington ni Paris n’ont jamais voulu désavouer leurs anciens protégés. Même la justice internationale et l’ONU ont été entravées. Voilà comment un effrayant trafic d’organes, mis au jour dès 2003 par des membres de la Mission d’administration du Kosovo de l’ONU, a été étouffé pendant sept ans… Pourtant, le constat, effroyable, des exactions et crimes commis ou couverts par le nouveau régime est abondamment documenté par nombreux enquêteurs internationaux, magistrats et agents de services de renseignement présents sur le terrain. Pierre Péan est allé à la rencontre de ces victimes ignorées par l’opinion internationale. Ce livre lève un coin du voile. " -
Cohen et Péan plongent dans le ventre de la bête....
"[...] le livre «Le Pen, une histoire française» est avant tout une tentative de célébration politique et de blanchiment idéologique du leader d'extrême droite." Maurice Szafran (Marianne, 24 au 30 novembre 2012)
Les éditions Robert Laffont viennent de publier Le Pen, une histoire française, une enquête signée par Pierre Péan et Philippe Cohen. Les deux auteurs, qui ont cherché à traiter leur sujet avec objectivité, ont, bien évidemment, provoqué la colère des bien-pensants...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue sur ce livre de Jean-Claude Lauret, cueilli sur le site de Boulevard Voltaire.
Cohen et Péan plongent dans le ventre de la bête
« Le diable de la République », tel est le titre d’un documentaire consacré à Jean-Marie Le Pen et diffusé en 2011 sur France 2. Les rayonnages des bibliothèques ploient sous le poids des ouvrages consacrés au président d’honneur du Front national. Certains sont de véritables hagiographies dues à des admirateurs zélés et militants et sont de ce fait des armes destinées au combat idéologique. A côté de ces textes engagés, on dénombre une multitude de livres dont les auteurs, encore plus militants, s’évertuent de dénoncer tous les méfaits et nuisances d’un « monstre » accusé de tous les péchés du monde. Pour tous ses détracteurs, Le Pen était tour à tour pétainiste, antisémite, tortionnaire… A les entendre, il fallait sans cesse dénoncer cet être malfaisant, véritable menace contre la démocratie. L’affaire était jugée. La sentence rendue. Le Pen était condamné et expédié en enfer. N’est-ce pas la place du Diable et de ses lieutenants ?
Philippe Cohen et Pierre Péan, peut-être agacés d’un tel déferlement de clichés et de caricatures, ont décidé de se pencher sérieusement sur ce satané bonhomme, objet de tant de haines. Il faut toujours se méfier lorsqu’on est confronté à la loi du lynch. L’un et l’autre sont le contraire d’apprentis journalistes. Ils ont derrière eux un long passé qui peut se caractériser par un regard iconoclaste et souvent bien acide sur notre société contemporaine. Par delà la diversité des thèmes, leurs textes se caractérisent par un constant souci de traquer au plus près la vérité. Nos deux compères en investigation se doutent naturellement de la levée de boucliers que leur ouvrage va susciter. Ils affrontent le diable. Ils l’interrogent. Ils expriment leurs doutes et ne manquent pas, devant cet inculpé accusé de toutes les turpitudes, de noter que Le Pen se dérobe, glisse dans le silence ou se livre à quelques pirouettes où il fait preuve d’une belle agilité. Lorsqu’une question le gêne, notent les auteurs, il nie, dément ou déclare ne plus se souvenir. La mémoire peut toujours connaître des éclipses, même à géométrie variable.
Le Pen prend très vite la Corpo de la Fac de droit et en devient le président. Il est beau, a de la gueule, de la gouaille. Il aime la rhétorique et ne dédaigne pas bousculer ses adversaires, au besoin à coups de poing. Au Quartier latin, les empoignades sont tour à tour verbales et physiques. Le Pen n’est pas un trublion, c’est un ruffian, un corsaire et un réfractaire à toute autorité. Un chef de bande ou, mieux encore, un mâle dominant. Il règne sur sa bande.
Narrant l’histoire de cet énergumène, Cohen et Péan ont le mérite de plonger leur lecteur dans l’ambiance d’une époque révolue. Au Quartier latin, en ces années de l’après-guerre, se déroule autour de la Fac de droit tout un folklore se voulant rabelaisien. On boit, on entonne des chansons paillardes, on se livre à de provocantes bacchanales, on bouffe du curé, on trousse allègrement les jupes des jeunes bourgeoises. Toutes ces frasques ne doivent pas occulter l’histoire. Le Parti communiste, fort de récolter lors des élections autour de 25 % des suffrages, se targuant d’être le parti des 75 000 fusillés, impose sa rugueuse et austère vision du monde. Deux univers se heurtent. Viscéralement anticommuniste, Le Pen attire autour de lui les réprouvés, sinon les damnés de la terre. Voici donc les parias au passé sulfureux : ils viennent de la LVF, de la Waffen SS, sont des collabos, d’anciens pétainistes, des barbares nostalgiques de Thulé et des Vikings. Ils sont bientôt rejoints par de fervents patriotes nostalgiques de la grandeur de l’Empire en train de se fracturer. Puis, au fil des ans, viendront les rescapés de l’Indo, des soldats perdus de l’Algérie, des insurgés du putsch, des membres de l’OAS, des pieds-noirs condamnés à devoir choisir entre la valise et le cercueil, des catholiques intégristes et des orphelins du Roi de France. Un inventaire à la Prévert.
En suivant la longue histoire de cet histrion de la politique, Cohen et Péan racontent une histoire française qui fut souvent occultée pour des raisons partisanes et idéologiques. Suivant ce parcours chaotique, ils abordent des sujets extrêmement brûlants. Ils livrent sans complaisance leur analyse en explorant des dossiers aussi chauds que la torture, l’antisémitisme, les rapports de Le Pen avec sa fille Marine et sa petite-fille Marion…
Cette biographie serrée, en dépit d’une certaine empathie pour ce diable d’homme, montre le côté obscur du personnage, véritable figure de notre histoire contemporaine. L’homme est violent, impulsif, parfois vulgaire, emporté par un ego démesuré. Il peut être injuste, vindicatif, et se laisser aller à des provocations inutiles. Lui qui a assisté, en y participant pleinement, à toutes les guerres de toutes les droites, peut se laisser embarquer en un méchant conflit familial quand un père prend trop d’ombrage du succès de sa fille et joue, par la bande, avec les conflits de génération. Ce faisant, les auteurs ne déboulonnent pas la statue d’un héros pour les uns, d’un monstre pour bien d’autres. Cette longue narration va sans aucun doute scandaliser des furieux qui ont la prétention d’être les champions du combat de la lumière contre les puissances du mal.
On plonge sans hésiter dans cette histoire d’une passion française. Voici le portrait d’un homme, rien que d’un homme. Une figure incontournable peut-être à l’image d’un monde qui a disparu.
Jean-Claude Lauret (Boulevard Voltaire, 26 novembre 2012)
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L'énigme Mitterrand...
Le trentième anniversaire du 10 mai 1981 est une bonne occasion pour revenir avec ce texte de Dominique Venner, l'éditorial du dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire, sur le personnage complexe et énigmatique qu'était François Mitterrand...
Mitterrand et le mystère français
Au centre de toutes les interrogations que soulève l’itinéraire sinueux et contradictoire de François Mitterrand, sujet de notre dossier, figure en première place la photo devenue fameuse de l’entrevue accordée à un jeune inconnu, futur président socialiste de la République, par le maréchal Pétain, à Vichy, le 15 octobre 1942.
Ce document était connu de quelques initiés, mais il n’a été cautionné par l’intéressé qu’en 1994, alors qu’il voyait venir la fin de sa vie. Trente ans plus tôt, à la veille de l’élection présidentielle de 1965, le ministre de l’Intérieur du moment, Roger Frey, en avait reçu un exemplaire. Il demanda une enquête qui remonta jusqu’à un ancien responsable local de l’association des prisonniers, dont faisait partie François Mitterrand. Présent lors de la fameuse entrevue, il en possédait plusieurs clichés. En accord avec le général De Gaulle, Roger Frey décida de ne pas les rendre publics.
Un autre membre du même mouvement de prisonniers, Jean-Albert Roussel, en possédait également un tirage. C’est lui qui donna à Pierre Péan le cliché qui fit la couverture de son livre, Une jeunesse française, publié par Fayard en septembre 1994 avec l’aval du président.
Pourquoi, Mitterrand a-t-il soudain décidé de rendre public son pétainisme fervent des années 1942-1943, qu’il avait nié et dissimulé jusque-là ? Ce n’est pas une question anodine.Sous la IVe République, en décembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, Raymond Dronne, ancien capitaine de la 2e DB, devenu député gaulliste, avait interpelé François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur : « Je ne vous reproche pas d’avoir arboré successivement la fleur de lys et la francisque d’honneur… » « Tout cela est faux », répliqua Mitterrand. Mais Dronne riposta sans obtenir de réponse : « Tout cela est vrai et vous le savez bien… »
Le même sujet fut abordé de nouveau à l’Assemblée nationale, le 1er février 1984, en plein débat sur la liberté de la presse. On était maintenant sous la Ve République et François Mitterrand en était le président. Trois députés de l’opposition de l’époque posèrent une question. Puisque l’on parlait du passé de M. Hersant (propriétaire du Figaro) pendant la guerre, pourquoi ne parlerait-on pas de celui de M. Mitterrand ? La question fut jugée sacrilège. La majorité socialiste s’indigna et son président, Pierre Joxe, estima que le président de la République était insulté. Les trois députés furent sanctionnés, tandis que M. Joxe rappelait haut et fort le passé de résistant de M. Mitterrand.
Ce passé n’est pas contestable et pas contesté. Mais, au regard de la légende bétonnée imposée après 1945, ce passé de résistant était incompatible avec un passé pétainiste. Et voilà donc qu’à la fin de sa vie, M. Mitterrand décida soudain de rompre avec le mensonge officiel qu’il avait fait sien. Pourquoi ?
Pour être précis, avant de devenir peu à peu résistant, M. Mitterrand avait d’abord été un pétainiste fervent comme des millions de Français. D’abord dans son camp de prisonnier, puis après son évasion, en 1942, à Vichy où il fut employé par la Légion des combattants, grand rassemblement mollasson d’anciens combattants. Comme il trouvait ce pétainisme-là beaucoup trop endormi, il se lia à quelques pétainistes « purs et durs » (et très anti-allemands), tel Gabriel Jeantet, ancien cagoulard, chargé de mission au cabinet du Maréchal, l’un de ses futurs parrains dans l’ordre de la Francisque.Le 22 avril 1942, il écrivait à l’un de ses correspondants : « Comment arriverons-nous à remettre la France sur pied ? Pour moi, je ne crois qu’à ceci : la réunion d’hommes unis par la même foi. C’est l’erreur de la Légion que d’avoir reçu des masses dont le seul lien était le hasard : le fait d’avoir combattu ne crée pas une solidarité. Je comprends davantage les SOL (1), soigneusement choisis et qu’un serment fondé sur les mêmes convictions du cœur lie. Il faudrait qu’en France on puisse organiser des milices qui nous permettraient d’attendre la fin de la lutte germano-russe sans crainte de ses conséquences… » C’est un bon résumé du pétainisme musclé de cette époque. Tout naturellement, au fil des événements, notamment après le débarquement américain en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, ce pétainisme évolua vers la résistance.
La fameuse photo publiée par Péan avec l’accord du président provoqua un ouragan politique et médiatique. Le 12 septembre 1994, le président, miné par son cancer, dut s’expliquer à la télévision sous l’œil noir de Jean-Pierre Elkabbach. Mais contre toute attente, sa solitude d’accusé, doublée d’une détresse physique évidente, parut injustes, provoquant un élan de sympathie. L’interrogatoire d’Elkabbach avait suscité une réaction : « Mais pour qui se prend-il, celui-là ? » Ce fut un élément capital du rapprochement des Français avec leur président. Non que le bilan politique du personnage ait été approuvé. Mais l’homme, soudain, était devenait intéressant. Il avait acquis une épaisseur inattendue, celle d’une histoire tragique qui éveillait un écho dans le secret du mystère français.
Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire, mai-juin 2011)
Note
(1). Le SOL (Service d’ordre légionnaire) fut constitué en 1941 par Joseph Darnand, ancien cagoulard et héros des deux guerres. Cette formation nullement collaborationniste fut officialisée le 12 janvier 1942. Dans le contexte nouveau de la guerre civile qui se déploie alors, le SOL sera transformé en Milice française le 31 janvier 1943. On se reportera à La NRH n° 47, p. 30 et à mon Histoire de la Collaboration, Pygmalion, 2002.
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Carnages !
Dans son nouveau livre Carnages, le journaliste Pierre Péan dévoile les dessous de la guerre secrète qui se déroule dans la région africaine des Grands Lacs (Congo, Burundi, Rwanda, Ouganda), et qui, depuis près de vingt ans, a provoqué des millions de morts dans la plus grande indifférence. Une guerre dont l'enjeu est le contrôle des ressources d'une région particulièrement riche en minerais rares et qui voit les Etats-unis, et ses alliés la Grande-Bretagne et Israël, affronter la France pour l'éliminer du coeur stratégique de l'Afrique.
Un livre que son auteur veut voir comme son grand oeuvre !
"Plus de 8 millions de morts ? Qui en parle ? Depuis la fin de la guerre froide, la région des Grands Lacs est devenue celle de la mort et du malheur dans une indifférence quasi générale. Avec 2 millions de Rwandais exterminés en 1994 à l'intérieur du Rwanda, plus de 6 millions de morts rwandais et congolais dans l'ex-Zaïre, des centaines de milliers de Soudanais tués, de nombreuses victimes ougandaises, plus de un demi-million de morts angolais, des millions de déplacés, quatre chefs d'Etat et des centaines de ministres et autres dirigeants assassinés, des dizaines de milliers de femmes violées, des pillages éhontés, cette zone a le triste privilège d'avoir subi plus de dommages que ceux additionnés de toutes les guerres intervenues de par le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, les médias, dans leur très grande majorité, n'ont parlé, ne parlent et ne pleurent que les centaines de milliers de victimes tutsies du Rwanda, dénoncent les Hutus comme seuls responsables directs de ces boucheries, et les Français, qui les auraient aidés dans leur horrible besogne, faisant de François Mitterrand et d'Edouard Balladur des réincarnations d'Hitler, et des soldats français, celles de Waffen SS. Une version officielle, affichée non seulement par Paul Kagamé, l'actuel président du Rwanda, mais également par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le bras justicier de la communauté internationale, et par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la majorité des autres pays..."