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philippe muray - Page 6

  • Causes toujours !...

    Les éditions Descartes & Cie viennent de publier Causes toujours,  un petit recueil des chroniques que Philippe Muray publiait dans La Montagne (comme Alexandre Vialatte !). On y retrouve le style mordant de l'auteur d'Après l'Histoire (Les Belles Lettres, 1999 et 2000) ou de Festivus festivus (Fayard, 2005). En guise de préface et de postface, les éditeurs ont placé un texte de Jean Baudrillard et un texte de François Taillandier consacrés à Philippe Muray.

     

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    " À partir de l'an 2000 et jusqu'en février 2006 (un mois avant sa mort), les lecteurs dominicaux de La Montagne et les différents titres du Groupe Centrefrance ont entendu la voix ardente, provocante, féroce, de Philippe Muray. Une voix qui dénonçait inlassablement l'escroquerie du monde moderne voué à l'hyperfestif et à la bouffonnerie du politiquement correct. "

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  • Lire Philippe Muray !...

    «Une histoire de la littérature en fonction des consensus qu’elle désespère à travers les âges serait à faire. On y croiserait les niaiseries de chevalerie (le kitsch du xvie siècle, ce que lisaient les midinettes de l’époque) mises à mal par Cervantès, ou encore l’obscénité sulpicienne parvenue à son plus haut degré et démolie par Sade. On y trouverait Molière en train d’affliger le parti dévot. Et aujourd’hui quoi ? Quelles images “fédérantes” et intimidantes ? Notre Télébazar de la charité, probablement, avec sa légitimité quotidiennement renouvelée par l’audimat. Notre parti dévot à nous. » Philippe Muray

     

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier, sous la direction d'Alain Cresciucci, un ouvrage collectif intitulé Lire Philippe Muray. Alain Cresciucci, spécialiste de la littérature contemporaine est l'auteur d'une biographie d'Antoine Blondin, ainsi que de l'essai intitulé Les désenchantés (Fayard, 2011), consacré aux Hussards, Nimier, Laurent, Blondin et Déon.

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    "Philippe Muray (1945-2006), partout cité sur Internet, court, désormais, le grand risque d'être réduit à une caricature de pamphlétaire ou comique Bobo. D’où l’urgence de rétablir la vérité à son sujet : loin de se revendiquer comme critique, Muray s’est, au contraire, essayé au roman. Parce que seul le roman se saisit de la réalité vivante. Problème : le monde avait changé, la « réalité » même n’était plus qu’une fiction. Usant de divers registres, armé de connaissances jusqu'au cou, il avoue multiplier les angles de vue pour tenter de circonscrire la véritable nature de notre monde : un monde bien loin de Balzac, avec ses agents d'ambiance, ses techniciennes de surface, son obsession de la fête et surtout du Bien. C'est l'histoire du "roman" murayien que raconte Lire Muray à l'aune de son expérience picturale (La Gloire de Rubens), de sa saisie de l'Histoire entre Hegel et Braudel (Le dix-neuvième siècle à travers les âges), de son rejet de la "comédie" du monde partagée avec Céline, Baudelaire et Balzac, sans oublier sa fascination pour le phénomène d' « indifférenciation » née de la désacralisation (Entretiens avec René Girard) qui dissimule une violence sans précédent. La place de Muray dans le "débat" ou plutôt le "non débat intellectuel", l'aspect très particulier de son esprit satirique, toujours épris d'authenticité, sans oublier un glossaire de ses "concepts" phares achèveront d'éclairer le lecteur sur le "code" d'interprétation à donner à son langage et à son discours."

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  • La gauche contre le réel...

    Les éditions Fayard publient cette semaine un essai d'Élisabeth Lévy intitulé La gauche contre le réel. Journaliste, directrice du mensuel Causeur, Élisabeth Lévy  est l'auteur d'un excellent essai sur la police de la pensée, Les Maîtres censeurs (Jean-Claude Lattés, 2002) ainsi que d'un livre d'entretien avec Philippe Muray, Festivus festivus (Fayard, 2005), tous deux réédités en collection de poche.

     

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    "Un quarteron de journalistes félons menace la République. Ils s’appellent Éric Zemmour, Robert Ménard, Ivan Rioufol, Élisabeth Lévy. Ils ont le mauvais goût de ne pas se prosterner devant toutes les lubies de l’époque : la culture réduite à l’écran, l’art dévoyé en marketing, la disparition de l’autorité des salles de classe, l’effacement des frontières. Ce sont les « nouveaux réactionnaires ».

    Mais de tous leurs crimes, le plus grave est de s’obstiner à nommer les choses, même quand elles sont déplaisantes. Ils ne considèrent pas les délinquants comme des victimes et pensent que l’immigration n’est pas seulement une chance pour la France, en particulier pour les derniers arrivés dont elle freine l’intégration, sans parler de l’assimilation. Pour les prêchi-prêcheurs de la « gauche divine » dont parlait Baudrillard, ce refus de repeindre la réalité en rose vaut brevet de crypto-lepénisme : si le peuple pense mal et ne vote pas mieux, c’est parce qu’il a été influencé par ces mauvais coucheurs. Alors les professeurs de vertu dressent la liste des suspects et déclenchent la machine à simplifier, à caricaturer, à dénoncer. Cette alliance de la malveillance et de la niaiserie peut décourager. Ou, au contraire, donner envie de descendre encore dans l’arène pour mener le seul combat qui vaille : celui des idées."

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  • L'excité dans le monde des fous tranquilles

    "Je suis l'excité. Nous sommes les excités dans le monde des fous tranquilles. Une société sans conflits est une société morte"

    Les éditions Bartillat ont rassemblé dans un recueil intitulé L'excité dans le monde des fous tranquilles les articles publiés par Edward Limonov dans L'Idiot international, l'hebdomadaire dirigé par Jean-Edern Hallier, entre 1989 et 1994. On espère que cette publication est un signe avant-coureur de la réédition de l'essai-pamphlet de Limonov, Le grand hospice occidental, qu'il avait publié aux Belles Lettres en 1993...

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    "De 1980 au début des années 1990, Edouard Limonov a séjourné à Paris et, outre la rédaction de nombreux ouvrages, a multiplié les collaborations dans la presse dont la plus célèbre fut sans aucun doute celle au journal littéraire et impertinent L'Idiot international, auquel des esprits originaux et talentueux qui y ont collaboré : Philippe Muray, Patrick Besson, Charles Dantzig, Christian Laborde, Morgan Sportès, Marc-Edouard Nabe, etc. Ce sont tous les articles parus dans ce périodique qui sont ici rassemblés. Ils constituent un ensemble important car Limonov réagit à chaud face aux bouleversements du monde. Il faut reconnaître qu'à cette époque ils n'ont pas manqué : chute du Mur de Berlin, effondrement de l'Union soviétique, première guerre du Golfe, éclatement de la Yougoslavie. C'est dans ce contexte houleux que Limonov s'en donne à cœur joie pour donner son avis toujours excentrique et subversif.

    Cette publication est attendue de longue date. Elle permettra de juger sur pièce ces articles depuis longtemps introuvables."

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  • L'invention de Philippe Muray...

    Les éditions Carnet Nord viennent de publier L'invention de Philippe Muray, un essai d'Alexandre de Vitry consacré au découvreur de l'Homo festivus et à l'auteur des Exorcismes spirituels, de Après l'histoire ou de On ferme. Alexandre de Vitry est, par ailleurs, en charge de la préparation de l'édition du journal de Philippe Muray, qui s'annonce explosif...

     

     

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    "Mars 2010, patatras. Fabrice Luchini lit Philippe Muray. L’événement confidentiel tourne presque aussitôt à l’événement médiatique, Muray s’affiche désormais en couverture des magazines, s’entend à la télévision, se cite dans les dîners…

    Mais qui est Philippe Muray ? Sa récente célébrité a renforcé une image qui depuis plusieurs années se dessinait déjà, chez ses adversaires mais aussi chez beaucoup de ses admirateurs : celle du bougon de service, d’un intarissable pourfendeur de bobos, d’un pilier de bar gouailleur qui aurait par hasard lu Hegel.

    Cette explosion a été si soudaine, si rapide, qu’elle en est venue à masquer la complexité et la richesse d’une œuvre qui, dès qu’on y regarde de près, ne se limite pas à quelques « billets d’humeur » de circonstance, puisque cette expression revient à la mode. Il nous avait prévenus : « Pour les commentateurs, qui ont besoin d’idées simples, les pamphlétaires sont des gens qui ont toujours été des pamphlétaires. C’est faux : Bloy ne l’a été que quelques années dans sa vie ; Céline aussi ».

    C’est l’ambition de cet essai que de dévoiler, sans l’amoindrir, espérons-le, le secret de Philippe Muray. D’aller débusquer, à même l’œuvre, les origines de l’œuvre. De dévoiler, derrière le rire de Philippe Muray, une vision grinçante mais libératrice, de l’Homme et de la modernité. De comprendre comment Muray, avant de révéler l’époque à elle-même comme jamais celle-ci n’aurait cru pouvoir être décrite, s’est inventé comme écrivain."

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  • Les intermittents du chaos...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Claude Bourrinet publié sur Voxnr et consacré aux bons petits soldats du système que sont intermittents du spectacles ou autres clowns transgressifs et artistes de rue décalés...

     

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    Les intermittents du chaos

    Jeudi 9 juin, Quimper. Le spectacle n’annonçait réjouissant. Pensez-donc : des clowns ! Les collégiens s’en pourléchaient le zygomatique. Le titre de la prestation était bien en anglais : Christmas Forever, mais bah ! il ne faut pas être plus royaliste que le roi… Drôle de nom, quand même, pour une troupe italienne : Tony Clifton Circus. Mais re-bah !, Johnny est bien considéré comme un chanteur national. Et puis, nos pré-ados en ont eu plein les mirettes : d’abord une grosse limousine noire qui se gare.

    Mais voilà comment un témoin, le principal du collège, raconte la suite : « On a eu affaire à quelque chose de totalement surréaliste et d'invraisemblable. Subitement, la troupe a commencé à balancer des paquets de cigarettes dans la foule alors que nous nous battons toute l'année contre le tabac. Une poupée gonflable a fait son apparition puis un homme complètement dénudé. C'était de la provocation. Les élèves étaient atterrés et choqués. Ce spectacle n'avait pas sa place dans une cour de récréation. »

    Les réactions ont été, et tant mieux !, très virulentes, de la part des parents, des autorités, et la reprise du « spectacle » a été annulée.

    A vrai dire, c’est la surprise qui est surprenante. Certains coins de France sont tellement habitués à ce genre de plaisanteries de mauvais goût qu’on n’y fait même plus attention. La presse, d’ailleurs, s’empresse d’applaudir à des performances festives qui « décoiffent », font « penser », « font table rase des préjugés », « animent les rues trop tristes » etc. Toute la topique du libéralisme potache et cucul y passe. Et nous sommes contraints, comme pour l’art contemporain, d’acquiescer, sous peine d’être taxés d’ « archaïques », d’ « incultes », de « réacs », voire de « cons ». On nous dit que c’est le monde d’aujourd’hui. On veut bien le croire.

    A quoi servent donc ce qu’on a l’habitude d’appeler les « intermittents du spectacle » - terme trop large, auquel qu’il vaut mieux, en l’occurrence, adjoindre la précision « de rue » ?

    Il faut se défaire de préjugés culturels, historiques et politiques.
    Le premier discours attendu, pour celui qui a encore une vision du théâtre marquée par l’après-guerre, serait celui de la Culture, de l’humanisme militant, de l’éveil du peuple par la transmission de la beauté et du savoir. Cette ligne est directement héritière de la génération de Jean Vilar, qui plaçait haut le métier d’artiste. Mais il faut se résigner à constater l’émergence d’un autre type de spectacle, qui relève de l’entertainement, du divertissement, parfois prétentieux lorsqu’il dérive vers l’agit prop. , ainsi qu’il s’avère avec le théâtre de rue, souvent de médiocre prestation. Et quand s’y mêle un discours idéologique, il est plaqué sur les poncifs de la nouvelle classe moyenne. Dans le fond, la rhétorique et l’éthos des luttes d’intermittents épousent la vision libérale mondialiste. Les nouveaux héros sont les sans papiers, les journalistes, les ONG, les sidéens, les homosexuels etc. La dialectique du réel est remplacée par une approche compassionnelle, droitdel’hommiste, où la victime a toujours raison. Dans les pratiques culturelles, le livre et la tradition (celle de la classe ouvrière) sont passés à la trappe de la néophilie, et les nouveaux moyens de communication, l’information par réseaux, la posture « rebelle » sont des marqueurs obligés. Les valeurs libertaires, contestataires ont été retournées comme des gants pour servir à la déterritorialisation, au déracinement, à l’émergence des flux marchands. L’intermittent du spectacle moderne est ignorant au sens classique, mais empli de vents médiatiques. Au lieu de lorgner sur Moscou ou Pékin, il a pour New York ou la Californie une préférence marquée. Il aime la langue anglaise, les goûts esthétiques anglo-saxons.
    La haine des intermittents du spectacle pour les nationalismes (sauf certains) ou tout simplement les frontières, le patriotisme, les traditions, le passé, relève d’une mentalité complètement attachée à l’idéologie marchande contemporaine, jusqu’à lier flux des choses et flux des hommes, nomadisme et liberté absolue.

    Il faut dire que la société marchande est friande d’un fait culturel qui lui rend tant service. Le nombre d’entreprises culturelles a subi une augmentation spectaculaire : de 1996 à 2003, par exemple, elle a été de 42% (jusqu’en 1999, le rythme annuel a été de 3%, puis à partir de 2000 de 6,5%, le spectacle vivant a crû de 54% de 1996 à 2000, contre 28% pour l’audiovisuel.
    Ce phénomène s’explique par ce que Philippe Muray nomme l’assomption de l’homo festivus. Les festivals se sont multipliés, les villes et les départements, les régions ont voulu attirer un public varié, souvent estivant. C’est là un secteur économique non négligeable, qui nourrit l’argumentaire des « luttermittents ». Ces entreprises hautement commerciales véhiculent un message très clair, tout à fait compatible avec la société libérale : il faut détruire le vieux monde, instaurer celui du jouir immédiat, de l’éternel présent, disloquer par des mises en situations décalées, « déjantées », les certitudes habituelles, les valeurs traditionnelles, et, comme l’explique bien Muray, occuper le territoire urbain pour le rendre invivable (qui a fréquenté un festival de spectacle de rue sait de quoi je parle). Derrière le paravent « ludique » (mot tarte à la crème, s’il en est) se dissimule une stratégie idéologique extrêmement élaborée, le pendant de celle des entreprises Walt Disney, dont l’alpha et l’oméga est de convaincre qu’il suffit de peu (de « délire ») pour rendre la société de consommation formidable. Les faux airs rebelles, qui s’attaquent surtout aux « beaufs », et réjouissent les ados en leur faisant croire qu’ils s’engagent, malgré leur superficialité stupéfiante, donnent un crédit fallacieux à ce business déstabilisant. Et quand bien même on voudrait, par mauvaise foi, que certains spectacles soient, comme l’était l’agitation soixanthuitarde, « subversifs », il suffit de rappeler que de nombreuses communes ou départements, qui ne sont bien sûr pas révolutionnaires, mais qui obéissent à des objectifs clientélistes ou électoraux, tombant ainsi dans le pire snobisme, financent généreusement ces agressions contre le bon goût et la société. Nous en sommes là : bêtise ou cynisme, militantisme ou intérêt, les autorités de notre pays contribuent à défaire ce que des siècles ont construit, dédaignant par ailleurs des types de spectacles autrement plus valorisants, mais qui ont le malheur, à leurs yeux, d’être « ennuyeux ». A moins qu’on ne reprenne Carmen et Le Cid pour en faire des plaisanteries d’après soûlerie de fin de semaine.

    Il faut dire que cette « esthétique » est parfaitement adéquate avec les réquisits du nouveau capitalisme. La « praxis » professionnel des intermittents correspond étonnamment aux nouveaux rapports sociaux-économiques. Le personnage romantique du saltimbanque a été remplacé par le travailleur créatif et flexible, emblème du management issu des années 70. La création artistique est en effet revendiquée par le nouveau capitalisme, soit dans le domaine productif, soit dans le domaine sociétal. Elle irrigue par la publicité hédoniste, ludique, l’imaginaire des consommateurs, et l’art « contemporain », sous toutes ses formes, lui offre des thématiques idoines.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 12 juin 2011)

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