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napoléon - Page 3

  • Femmes d'Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier de fond consacré au pouvoir et à l'influence des femmes dans l'histoire de l'Occident, des articles variés et les rubriques régulières : actualités, interview, expositions, mémoire des lieux, portrait, histoire politique, cinéma, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

     

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    Sommaire :

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    EXPOSTION

    Autour de Napoléon

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Le château de Langeais

    PORTRAIT
    Le lieutenant-colonel Jeanpierre.

    ENTRETIEN
    Alain de Benoist

    DOSSIER
    Femmes d'Occident. Pouvoir et influence (avec des articles de Dominique Venner, Yann Trébaol, Damien Bouet, Jean du Pélem, Jean Thibault, Claude Franc, Diane A. Roger, Christine Delavigne, Olivier Frèrejacques, Adélaïde de la Coume, Paul Villatoux)

    1456 : LE SIÈGE DE BELGRADE
    La grande défaite de Mehmet II

    LES CATHARES
    Une hérésie méconnue

    1947 : LA RÉVOLTE DE NOÉ
    Un camp de l'épuration française

    HISTOIRE POLITIQUE
    L'Union fasciste britannique

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    6 août 1870 : la bataille de Woerth

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    La mort de César, de Vincenzo Camuccini

    L'HISTOIRE AU CINEMA
    7 films pour 6 femmes

    L'ABOMINABLE HISTOIRE DE FRANCE
    Une chronique iconoclaste de notre Histoire

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  • Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur...

    Les éditions du Toucan publient dans leur collection L'Artilleur un ouvrage collectif dirigé par Olivier Battistini , préfacé par Jean Tulard, et intitulé Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur. Olivier Battistini est maître de conférence en histoire grecque et a publié, notamment, une biographie d'Alexandre le Grand.

    Battistini_Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur.jpg

    " Ce livre est né de rencontres entre des historiens spécialistes de Napoléon et un historien de l’Antiquité, spécialiste de Thucydide et d’Alexandre le Grand. L’étude s’est donc concentrée sur certains points communs aux deux géants : «  l’homme  politique  », la guerre et l’idée d’Empire.
    Par la conception d’un pouvoir partagé avec un peuple en armes, par la fulgurance des décisions au combat, par la grandeur et une esthétique du tragique, Alexandre le Grand, le «  philosophe en armes  », et Napoléon, le «  poète de l’action  », sont fascinants et ressemblants  : la force du Beau, du Terrible et de la Puissance.
    Alexandre conduit à Napoléon, selon un regard proche de celui que portait Nietzsche sur «  le Corse Napoléon qui a la fierté de l’homme qui se révolte  »  : Napoléon, parce qu’il était corse, a «  remis en lumière toute une face du monde antique, peut-être la plus définitive, la face de granit  » (Le Gai savoir, 362). "

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  • Napoléon : quel héritage ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier de fond consacré à Napoléon et à l'héritage qu'il a laissé, des articles variés et les rubriques régulières : actualités, interview, expositions, mémoire des lieux, portrait, histoire politique, cinéma, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

     

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    Sommaire :

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    PATRIMOINE

    Versailles : la restauration du cabinet  d'angle du roi

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Le théâtre antique d'Orange

    PORTRAIT
    Le maréchal de Lattre de Tassigny.

    ENTRETIEN
    Mgr Gérard Defois : la laïcité, une religion nationale ?

    DOSSIER
    Napoléon. Quel héritage ? (avec des articles de Pierre Branda, Clade Franc, François de Lannoy, Christopher Lannes, Jean-Paul Bled, Thierry Lentz et Martin Benoist)

    L'INDÉPENDANCE DE LA GRÈCE
    25 mars 1821, le soulèvement contre les Turcs

    BORGHESE, LE PRINCE NOIR
    et la Decima Flottiglia MAS

    LES FRANÇAIS ÉMIGRÉ AU CANADA
    pendant la Révolution

    HISTOIRE POLITIQUE
    Solidarnošc, du syndicat au mouvement social de masse

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    25 juin 524, la bataille de Vézeronce

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    La Bataille du Nil de Nicholas Pocock

    L'HISTOIRE AU CINEMA
    6 films pour un empire

    L'ABOMINABLE HISTOIRE DE FRANCE
    Une chronique iconoclaste de notre Histoire

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  • Feu sur la désinformation... (330)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      La célébration du bicentenaire de la mort de Napoléon a provoqué de vifs débats médiatiques.
    • 2 : Zemmour, d’Ornellas, Trump… Censure générale !
      Entre le Conseil d’État qui confirme la dissolution des Identitaires, la suppression d’une émission de TV Libertés par Dailymotion ou les multiples actes de censure qui visent les voix dissidentes, la liberté d’expression est en danger !
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : 1er mai : le gros bobard de la CGT
      Les traditionnelles manifestations de gauche du 1er mai ont été émaillées par des violences entre « black blocs » et syndicalistes de la CGT. Mais, pour les responsables de ce syndicat, les responsables sont l’extrême droite !

     

                                                 

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  • Un « Empereur du peuple » ? La place de Napoléon dans la mémoire française...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan, cueilli sur Voxnr et consacré à la place de Napoléon Bonaparte dans l'histoire politique de notre pays.

    Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015) et dernièrement Achever le nihilisme (Sigest, 2019).

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    Un « Empereur du peuple » ? La place de Napoléon dans la mémoire française

    Houellebecq écrit quelque part que Napoléon est pire qu’Hitler car Hitler croyait à quelque chose, ce qui n’aurait pas été le cas de Napoléon. Homme d’opportunités, assurément, Napoléon l’était. Il dit qu’il aurait pu se faire musulman. Certes. Mais ce n’est pas un hasard s’il a fait carrière en France, et ni en pays musulman, où il a vite été rejeté comme envahisseur français par les populations locales, qui ne s’y trompaient pas, ni en Allemagne ou en Autrice comme Feld-maréchal von Bonaparte, comme l’avait imaginé l’excellent Jean Dutourd.

    Il n’est du reste pas certain que Napoléon ne croyait en rien. Il ne croyait pas aux religions, car il ne croyait qu’à leur utilité sociale mais pas à leur message. Mais il croyait en Dieu. En tout cas en un Dieu, même s’il aurait pu croire aussi bien au Dieu de l’islam qu’au Dieu chrétien. D’autant plus qu’il était (à tort) sceptique sur l’existence de Jésus. Nous renvoyons, sur cette question, à l’ouvrage érudit et passionnant de Philippe Bornet (Napoléon et Dieu, Via Romana, 2021).

    Si Houellebecq veut dire que Napoléon n’avait pas d’idéologie au sens de ce terme au XXe siècle, c’est une évidence. Napoléon détestait les « idéologues ». Ceux-ci représentaient une pointe avancée de l’esprit des Lumières, qui, contrairement à la plupart des penseurs des Lumières, ne croyaient pas en un Dieu, étaient donc antithéistes, et étaient matérialistes c’est-à-dire ramenaient la compréhension du réel à l’étude des forces matérielles.

    Napoléon était un homme des Lumières mais pas de ces Lumières avancées. Il croyait aux Lumières au sens où rien de doit être examiné sans faire usage de la raison, mais, bien qu’ayant été influencé par Rousseau, il rejetait la croyance en la vertu de la liberté. Il ne croyait pas non plus – c’est le moins qu’on puisse dire – aux idées de Kant et de Condorcet sur la nécessité d’un tribunal international des nations. Ami des Lumières modérées au service d’un pouvoir fort, Napoléon n’était pas un cas isolé. Avant Napoléon, ce fut le cas de Joseph II de Habsbourg, et Frédéric II de Prusse. Et en même temps que Napoléon, le tsar Alexandre 1er de Russie se veut un homme des Lumières avant de tomber dans le rejet de celles-ci durant la dernière partie de son règne.

    Les idées de Napoléon par rapport aux Lumières, tout comme son ambigüité entretenue par rapport à la Révolution, expliquent en bonne part le déplacement de Napoléon dans le spectre politique. C’est ainsi que Napoléon assumera toujours l’exécution du duc d’Enghien, comme marqueur de la différence incomblable entre lui et les Bourbons. Il faut aussi tenir compte du fait que Napoléon est longtemps perçu comme héritier de la Révolution, et que la période « heureuse », guerrière mais victorieuse, de son règne (jusqu’en 1808) correspond à la période durant laquelle il n’a pas encore complètement rompu avec l’héritage révolutionnaire. Le calendrier révolutionnaire est supprimé en 1806, et jusqu’en 1808, les pièces de monnaies portent l’inscription « République française – Napoléon 1er Empereur ». C’est à partir de cette date de 1808 qu’est créée une noblesse, qui n’a pas les privilèges de l’ancienne, et qui n’est pas héréditaire.

    Napoléon, Empereur du peuple ? C’est l’image qu’on en gardera souvent. C’est beaucoup dire. Mais le soutien populaire était réel durant les premières années de son règne. En outre, l’impulsion donnée à l’industrie, le protectionnisme – ce que Bertrand de Jouvenel a appelé « l’économie dirigée » (Napoléon et l’économie dirigéeLe blocus continental, La Toison d’or, 1942) va aussi avec un relatif plein emploi des ouvriers, tandis que le tournant absolutiste de son règne, avec son remariage avec une fille de l’Empereur d’Autriche, s’accompagne de la crise économique de 1811, et des désastres militaires. Napoléon a perdu le peuple en même temps que sa bonne étoile. Héritier de la Révolution, mais y mettant un point final, tel est donc le double visage de Napoléon. Son souvenir sera lié à ces deux aspects. Les républicains se rappelleront de l’autocrate, mais les monarchistes ne lui pardonneront pas d’avoir refusé en 1800 les propositions du comte de Provence de rétablir la monarchie. Détesté par les monarchistes, Napoléon sera rejeté du côté du souvenir de la Révolution.

    Comment Napoléon prend-t-il place dans l’histoire politique de la France ? C’est tout d’abord sous la forme d’un souvenir. Puis, après le Second Empire, ce souvenir est désacralisé, car la défaite de 1870 n’est pas perçue comme grandiose, comme celle de Waterloo, mais beaucoup plus comme un échec trivial. Et c’est alors que l’on passe de la nostalgie napoléonienne au mouvement bonapartiste. Il se diluera rapidement dans le boulangisme puis dans les divers populismes et tentative de troisième voie du XXe siècle.

    Mais c’est d’abord un souvenir brûlant, une présence émotionnelle que l’empreinte laissée par Napoléon. Sous la Restauration, les bonapartistes sont proches des libéraux, c’est-à-dire de la « gauche » avec, par exemple, le général Foy. Un des éléments qui expliquent ce rapprochement paradoxal est l’épisode des Cent Jours. C’est là que fut élaborée la Constitution dite Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, inspirée par Benjamin Constant, et dite pour cela la « Benjamine ». Loin d’être un Acte additionnel, elle contredisait toutes les pratiques politiques antérieures de Napoléon. Cette nouvelle Constitution allait nettement plus loin dans le sens d’un régime représentatif parlementaire que la Charte de 1814 « octroyée » (le roi tenait au mot) par Louis XVIII. L’une des erreurs, la plus énorme de l’acte additionnel de Napoléon, plus concédé que voulu, était l’instauration d’une Chambre des Pairs héréditaire. Il n’est pas étonnant que le peuple se soit si peu déplacé lors du plébiscite de mai 1815 pour approuver un tournant libéral qui n’était pas dans son tempérament, alors qu’il espérait plutôt un tournant jacobin, voire montagnard et « sans-culotte ». Cette illusion d’un possible « Empire libéral » permettra un rapprochement entre bonapartistes et libéraux jusqu’en 1830.

    Les choses changent avec la Monarchie de Juillet. Louis-Philippe récupère le souvenir de Napoléon avec le retour des cendres (1840), et il prend à son service quelque uns de ses vieux serviteurs. Le rétablissement du drapeau tricolore crée une continuité entre Révolution, Empire, Monarchie de Juillet. Napoléon devient une référence moins « à gauche », le symbole d’une révolution maitrisée, réduite à ses acquis de 1789-91. Les ouvriers, encore proches de Napoléon en 1815, s’éloignent de toute nostalgie impériale. Il faudra la Révolution de Février 1848 et un singulier alignement de planètes pour que Napoléon III, alors le prince Louis-Napoléon, petit-fils de Joséphine, bénéficie d’une occasion inespérée. Celle-ci venait de la très rapide dérive à droite de IIe République issue de la Révolution de 1848. En Juin 1848, le gouvernement tire sur les ouvriers, ceux-ci protestant, en pleine crise économique, contre la fermeture des Ateliers nationaux. La brutalité de la répression bourgeoise laisse un vide politique. L’élection présidentielle de décembre 1848 montre qu’un candidat issu du camp de la répression ne peut incarner l’unité de la nation. Louis-Napoléon recueille plus de 74 % des voix, tandis que, loin derrière, le conservateur Cavaignac en recueille moins de 20 %. Encore plus loin (5 %) est le démocrate socialiste, ou « républicain avancé », Ledru-Rollin. Cette élection ne peut se comprendre qu’en référence aux événements terribles de Juin 1848 : la République contre les ouvriers. C’est à partir de là que Louis-Napoléon pourra apparaitre un homme de l’ordre – conservatisme social et catholicisme – sans être lui-même l’homme de la répression anti-ouvrière.

    Après avoir gagné largement l’élection présidentielle de fin 1848, le rétablissement de l’Empire se fera en deux étapes avec le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et la proclamation de l’Empire le 2 décembre 1852, non sans une forte résistance en décembre 1851, venue aussi bien de milieux ruraux qu’ouvriers. Le régime se dotera néanmoins, à la faveur d’une certaine prospérité, d’une base sociale chez les paysans. Par contre, des mesures sociales en matière d’habitat n’amèneront pas un ralliement des ouvriers.

    Camouflage ou authentique orientation ? Conservateur social, Louis-Napoléon ne l’était pas du tout à la mode Thiers ou Guizot. Auteur des Idées napoléoniennes (1839), De l’extinction du paupérisme (1844), le futur Napoléon III avait le souci de résoudre le problème social par des propositions réformatrices concrètes. Si le terme de « socialisme napoléonien » peut paraitre excessif, Louis-Napoléon était à coup sûr plus social que beaucoup de républicains négligeant la question sociale. Devenu Empereur, Louis-Napoléon n’oublie pas ses idées réformatrices. Un Empereur saint-simonien, c’est toujours une façon d’être héritier des Lumières, mais les limites du saint-simonisme apparaissent vite. Restent des mesures qui rompent avec l’individualisme exacerbé de la monarchie de Louis-Philippe.

    C’est Napoléon III qui institue le droit de grève en 1864, supprime le délit de coalition (loi Emile Ollivier, un républicain libéral rallié à Napoléon III à partir du tournant de l’Empire libéral en 1860), et s’il faut attendre la loi Waldeck-Rousseau de 1884 pour que soient autorisés les syndicats, il fait un pas en ce sens en autorisant les chambres syndicales en 1868, tandis qu’il supprime en 1869 l’obligation du livret ouvrier, établi en 1781 sous Louis XVI, et rendu obligatoire par Napoléon Bonaparte (1803. C’est encore Napoléon III qui abolit la loi qui, en cas de litige entre un patron et un ouvrier, faisait prévaloir le dire du patron.

    Le mouvement ouvrier, qui va des républicains radicaux aux « socialistes » (les guillemets s’imposent car le terme est récent et les socialistes sont divers et non organisés en parti), comme François-Vincent Raspail, ne peut compter que sur une masse de travailleurs à domicile et d’ouvriers de fabriques qui est en augmentation, mais reste très minoritaire par rapport aux masses rurales. Napoléon III, par le souvenir du Grand Homme (dont Raspail fut un partisan durant les Cent Jours), peut s’imposer auprès de l’électorat paysan, sans s’aliéner radicalement les populations ouvrières. Le monde ouvrier, s’il n’est pas bonapartiste de conviction, ne veut pas se battre pour les fusilleurs de Juin 1848.

    Ce mouvement ouvrier se définit en bonne part « à gauche », en ce sens que les revendications sociales se mêlent à un anti monarchisme (ni le comte de Chambord ni les Orléans, malgré les propositions sociales mais paternalistes de Chambord) et à un anticléricalisme virulent. Marx, qui ne se référait jamais à la « gauche », tout comme Michéa, qui voudrait que le mouvement socialiste ne s’y référa jamais, sous-estiment les aspects hors lutte de classes du mouvement ouvrier et socialiste : le patriotisme intransigeant, voire irréaliste en 1871, et l’anticléricalisme.

    Cette confusion entre gauche ouvrière et gauche politique libérale, dont la critique est l’élément central des livres de Jean-Claude Michéa, fait que la gauche ouvrière mène des combats qui ne « devraient pas » être les siens, selon une pure logique de la lutte des classes, contre l’Eglise, alors que le problème principal n’est plus l’Eglise mais le capital, pour Dreyfus alors que cette question pourrait être considérée comme une affaire interne à la bourgeoisie. Le problème est que ce point de vue se heurte au sens commun : une injustice faite à un homme est-il dépourvu de tous rapports avec une injustice faite à une classe ? Que cela plaise ou non, le goût français des idées générales et de l’universalité amène à répondre non.

    Ceci explique qu’un mouvement socialiste et ouvrier au-delà du clivage droite-gauche est concrètement difficile à identifier. Ce socialisme chimiquement pur que recherche Jean-Claude Michéa, en expliquant à juste titre que le mouvement ouvrier se fait manipuler par la mise en avant d’enjeux sociétaux qui ne sont pas les siens, peut-il exister ? En théorie peut-être, dans l’histoire réelle, on ne le trouve pas. Qu’on le déplore ou non, force est de constater que le mouvement ouvrier est souvent imprégné de l’idéologie du progrès, ce qui l’amène à entrer dans des coalitions « progressistes », à soutenir la guerre de 1914 comme « guerre du droit » et à se rallier à l’ « Union sacrée », etc.

    Après le Second Empire et le désastre de 1870, l’idée napoléonienne se trouve déportée « à droite ». Les bonapartistes des années 1870-1880 se trouvent proches des monarchistes orléanistes. Ils s’engouffrent pour beaucoup dans l’aventure boulangiste et disparaissent ensuite. L’esprit napoléonien se retrouve dans les projets de république rénovée, autoritaire et plébiscitaire, supposée être plus efficace que la république parlementaire. Toutefois, après la victoire de 1918, il devient difficile, pour les nostalgiques des deux Empereurs, de dire que la république ne sait pas gagner une guerre, d’autant que les deux Empires ont montré qu’ils étaient capables d’en perdre.

    Ce qui reste du bonapartisme est le goût d’un Etat fort et efficace, non entravé par les excès délibératifs du parlementarisme, une capacité d’impulser de grands projets, et surtout l’idée qu’un gouvernement doit s’appuyer sur le peuple (« l’appel au peuple ») en faisant régulièrement constater sa légitimité par le plébiscite. C’est ce dernier aspect qui reste actuel et sa forme démocratique sera le référendum dont usera de Gaulle et qui sera un des derniers moments où la France aura connu de vrais débats démocratiques. L’esprit gaullien, son réalisme international, son souci de la question sociale avec la participation, réalisera la synthèse entre le principe napoléonien de la souveraineté du peuple, et le réalisme politique des meilleurs des capétiens.

    Pierre Le Vigan (Voxnr, 22 avril 2021)

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  • Le dernier Romain...

    Les éditions des Belles Lettres viennent de publier un essai de Jacques-Olivier Boudon intitulé Napoléon, le dernier Romain. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, Jacques-Olivier Boudon est professeur d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de l’Institut Napoléon.

     

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    " Pour comprendre Napoléon, pour comprendre la fascination qu’il exerce sur nous deux cents ans après sa mort, il faut passer par Rome. Stendhal nous l’apprend dès les premières lignes de La Chartreuse de Parme : « après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur. »
    Quoi ? Nous préférons regarder l’Antiquité comme un aimable decorum, offrir l’image d’Épinal d’un Napoléon costumé en Romain, alors qu’elle pourrait bien être son ADN.
    De la soif de conquête à l’apothéose finale, Napoléon Bonaparte a sculpté sa légende dorée ou noire dans le marbre antique faisant de son gouvernement un précis d’histoire romaine, des fondations de la République jusqu’aux règnes de Constantin et de Justinien, favorisant la paix religieuse, promouvant le Code civil… ou organisant un véritable culte de sa personne, fidèle aux empereurs sanguinaires dépeints par Suétone. Car de la Rome antique, Napoléon retient avant tout la leçon d’immortalité.
    Le premier empereur des Français serait-il le dernier Romain ? La réponse dans cet essai novateur qui recèle bien des surprises. "

     

                               

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