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marine le pen - Page 12

  • La revue de presse d'un esprit libre... (26)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    DÉBAT ENTRE LES CINQ PRINCIPAUX CANDIDATS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

    Bilan du débat entre les cinq principaux candidats. Machine à lancer des promesse mirobolantes et coûteuse pour Hamon (demain on rase gratis) largement distancé de  ce point de vue par Mélenchon qui se révèle, sans surprise, le meilleur tribun. Macron incarne excellemment le zeitgeist post-politique de l’époque; seigneur de l’empire du vide,  le néant en marche n’a pas crevé l’écran où il apparaissait pour la première fois en débat. Alors qu’il était le plus attendu des candidats, il n’est pas parvenu à dégager une  « vision » d’avenir de sa possible présidence. Provoquant l’éclat de rire de Marine Le Pen, Il n’a pas hésité à répéter le « fake new » selon lequel le nombre d’immigrés n’avait  pas augmenté depuis les années trente, la même ritournelle que les médias nous servent avec leur psittacisme habituel. Il a également assuré sans pouffer de rire qu’il savait ce qu’était les fins de mois difficiles. Macron, pauvre comme Crésus, les neuf millions de démunis apprécieront… L’état de grâce qu’il connaissait jusqu’alors risque d’en pâtir.  Les autres étaient dans leur registre habituel. À ce propos le check up de Laurent Cantamessi.
     
     
     
    L’un des meilleurs debriefing du débat du 19 mars, on le trouve sur TV-Libertés. Bref et précis. Il en ressort que Macron, pour autant qu’on puisse en cerner les idées, correspond à la parfaite définition du ludion selon le dictionnaire, un objet creux rempli d’air soumis par des pressions successives à un incessant mouvement d’aller et retour. Ondoyant, fluctuant et sans doute versatile, il se dérobe sans cesse sans qu’on puisse l’attraper, comme un savon précipité au fond de la baignoire. Mais le bébé cadum du paysage audiovisuel français continuera d’être, n’en doutons pas, le chouchou de la médiasphère.
     
     
     
    Pour Raoul Fougax qui signe sur Metamag son bilan du débat, ce fut d’abord un round d’observation qui a permis à chacun de marquer son territoire sans mordre la poussière. 
    Selon lui Mélenchon fut sans conteste le meilleur, ce qui constitue pour Hamon, le terne apparatchik, une mauvaise nouvelle. Macron possède un art consommé de ne rien dire en parlant beaucoup. Il demeure « le joker mondialiste et médiatique choisi contre Marine le Pen… qui, elle, n’est pas parvenue à élargir son électorat ».
     

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    ZOOM SUR LE CANDIDAT MACRON
     
    Répondant à quelques questions de Breizh info, Alain de Benoist déclare que « Macron représente le regroupement des élites dirigeantes acquises à la mondialisation, qui ont compris qu’il leur fallait s’unir pour faire faire face au populisme du peuple ».
     
     
     
    Tous les médias nous cachent délibérément les turpitudes du candidat Macron. TV Libertés, la chaîne TV dissidente, nous réinforme. Émission présentée par Élise Blaise.
     
     
     
    Quand la folie Macron s’empare du « cercle de la raison ». Vincent Trémolet de Villers s’étonne, dans une décoiffante tribune du Figaro, que ceux qui ne juraient jadis que pour la litanie des chiffres, les experts et leur courbe, les techniciens et leur calcul, les spécialistes et leur démonstration puissent s’abandonner aux délires irrationnels du freluquet d’En marche. Faire « marcher » dans la langue vernaculaire se dit aussi de ceux que l’on veut berner…
     
     
     
    Tribune de Paul-François Paoli dans Le Figaro. L’auteur de « Quand la gauche agonise » (Éditions du Rocher, 2016) souligne la contradiction d’un homme qui se dit admirateur de l’historien républicain Ernest Lavisse qui défendait tout à la fois le roman national, dont il fut « l’instituteur », et la mission civilisatrice de la France des droits de l’homme dans ses colonies et qui déclare à Alger tel un Janus contemporain que la colonisation fut un crime contre l’humanité. Le sophiste Macron, symptôme de la névrose de l’universalisme française ?
     
     
     
    Complicité entre « Young Leader ». Emmanuel Macron est-il le candidat de l’atlantisme pur sucre ? Réponse sur le site des Identitaires, Novopress.
     
     
     
    Richard Millet sur son site écrabouille le candidat Emmanuel Macron dont il blâme la servilité idéologique à la repentance, particulièrement éclatante dans ses deux récentes prises de position sur l’absence de culture française et sur le colonialisme assimilé en bloc à un crime contre l’humanité. Position qui lui a valu un satisfecit d’Al-Quaïda dans la péninsule arabique.
     
     
     
    Selon Jean-Paul Brighelli le programme scolaire de Macron est fait pour les gobe-mouches.  
     
     
     
    D’après Alain de Benoist, « l’élection présidentielle marque un véritable tournant historique, car elle va de pair avec une totale restructuration du paysage politique, du fait de l’effondrement programmé des deux grands partis de gouvernement qui ont eu le monopole de l’alternance en France depuis plus de quarante ans, mais qui se trouvent maintenant l’un et l’autre menacés de ne pas passer le cap du premier tour ». Résultat : les libéraux du PS et les centristes de l’UDI et des LR « partent par pleines charrettes rejoindre la start-up de l’ectoplasme macronien ». Si bien que la nouvelle polarisation n’oppose plus, selon un axe horizontal, la droite à la gauche, mais suivant un axe vertical « ceux d’en bas à ceux d’en haut, le peuple contre les oligarques ». La nouvelle configuration du monde politique dresse dès lors les « populistes » contre Macron qui ne serait qu’un hollande-bis totalement libéré de Solferino.
     
     
     
    L’avocat Régis de Castelnau fait feu contre Macron en relevant les très nombreuses irrégularités qui environnent sa campagne, la propagande éhontée à laquelle se livrent les médias subventionnés, les diverses interventions de l’État et le caractère plus que trouble de son financement. Sa conclusion est limpide : « Emmanuel Macron est donc la solution pour cette partie du Capital, celui de l’oligarchie néolibérale mondialisée qui a fait sécession et qui emmène avec elle celles des couches moyennes qui en profitent… La mondialisation néolibérale est incompatible avec la démocratie. Les gens qui la conduisent le savent bien qui rêvent de démocratie sans démos. Macron est leur agent ». 
     
     
     
    Parus sur le blog de Jean-Paul Brighelli les échanges qu’il a eu avec Malika Sorel-Sutter font le point sur les récentes déclarations du candidat Macron et décèle chez ce présidentiable la parfaite copie conforme du libéral-libertaire, un produit de synthèse entre « Terra Nova » et « L’Institut Montaigne ».
     
     
     
    La caricature d’Emmanuel Macron diffusée sur le compte Twitter des Républicains le vendredi 10 mars a suscité une effervescence démesurée sur les réseaux sociaux et  dans les médias. Tous s'enflamment et accusent le visuel de faire référence aux pires clichés antisémites des nauséeuses années trente. Si il y a motif à être surpris par cette histoire rocambolesque et l’hystérie qu’elle soulève ce n’est pas par le croquis d’une banalité extrême. On pourrait en effet s’étonner que Les Républicains qui ne passent pas pour des ennemis acharnés de la ploutocratie financière aient pu figurer l’ex-banquier Macron selon les stéréotypes classiques du possédant affameur du peuple avec son haut-de-forme, son costume élégant (offert par Bourgi ?) et tranchant avec une faucille maculée de sang un imposant cigare. Comme le remarque Emmanuel Debono dans Le Monde cette imagerie est internationale et dénuée de connotation judéophobe. Elle fut surtout utilisée, et abondamment, par la gauche et les communistes dans leur propagande contre « le grand capital ». La reprise de ce lieu commun par Les Républicains n’avait donc rien à voir avec les arrière-pensées antisémites que certains se plaisaient à y voir, et le visage figuré de Macron ne ressemblait d’aucune façon à l’iconographie en vogue dans les milieux anti-juifs des années trente. Mais puisque on est sensés revivre dans l’atmosphère méphitique de ces années là il fallait bien que la caricature y soit rapportée contre toute évidence. La disposition des médaillons représentant les différents ralliés au fringuant hologramme de Hollande dans laquelle certains ont voulu percevoir une réminiscence de la fameuse toile d’araignée d’un complot enserrant le monde n’avait pour but que de figurer l’éclectisme des has-been rejoignant le panache du candidat (d'Alain Madelin l’ancien Occidental, à Robert Hue fossoyeur du Parti communiste français, et aux dernières nouvelles, jusqu’au crétin des Pyrénées, le traîne-misère Douste-Blazy, c’est dire l’escroquerie !). 
    Difficile donc de faire passer ce croquis badin comme relevant des codes de l'obsession antisémite. Pourtant rien n’y a fait : après que le dessin ait été prestement évacué à la première alerte, le courageux Fillon demandait des sanctions contre son auteur.
     
     
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    DIVERS
     
    L’économiste-philosophe Frédéric Lordon invité de France culture le vendredi 24 mars parle de la souveraineté qui pour lui « s’assimile en totalité au concept de démocratie ». Héros de Nuits debout, il poursuit une réflexion intéressante sur la sortie de l’UE par le bord « droit » (Brexit, Marine le Pen) ou le bord « gauche » qu’il approuve mais dont il éprouve beaucoup de mal à donner un exemple concret.
     
     
     
    Pour Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique et membre du Comité Orwell le cycle néolibéral commencé le 15 août 1971 avec la fin du système de Bretton Woods touche à sa fin. Brexit et Trump sont les prodromes de ce changement de cap qui nous introduit dans une phase de démondialisation, de retérittorialisation et de réhabilitation des frontières. Sa conclusion géopolitique est édifiante : « Soit l’Allemagne joue le jeu de l’Europe européenne, pour reprendre une expression gaullienne, et normalise à cette fin sa relation avec Moscou. Soit elle demeure atlantiste et refuse d’envisager la dimension stratégique de son rapport au monde. Elle restera alors un pays exclusivement mercantiliste… Mais il n’est pas certain que le construction européenne puisse survivre longtemps à la seconde option ».
     
     
    L’Observatoire des Journalistes et de l’Information Médiatique (OJIM) poursuit son indispensable travail de critique des médias de grand chemin. Cette fois il traite  de la mainmise des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) les quatre multinationales américaines, sur notre vie quotidienne. En contrôlant l’information numérique elles contrôlent de fait le formatage des citoyens. 
     
     
     
    Face aux déclarations contradictoires de Donald Trump concernant l’OTAN et la Russie, Jean-Paul Basquiast propose de remplacer l’alliance atlantique par un nouvel organisme de sécurité collective s’étendant de Vancouver à Vladivostok.
     
     
     
    Dans un récent numéro de Marianne, Jean-François Kahn moque la russophobie rabique des médias du « système » qui ont trouvé l’ouvre-boîte universel pour expliquer leurs nombreuses déconvenues face au monde tel qu’il va : « c’est la faute à Poutine ». Tout cela n’est pas sans évoquer la célèbre phrase de Guy Debord extraite de ses commentaires sur la société du spectacle : « cette démocratie si parfaite qu’elle veut en effet être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats ». 
     
     
     
    Le numéro 165 d’Éléments est sorti avec son excellent éditorial sur l’Europe désarmée tel un canard sans tête face à un monde qui se repolitise. Le sommaire, consacré à la chute de l’empire des médias (subventionnés) et, plus surprenant, un Christophe Guilluy, géographe iconoclaste, qui n’hésite pas à trouver un asile libertaire dans la revue et à mettre les pieds dans le plat de la tambouille politiquement correcte.
     
     
    Excellente analyse de l’ouvrage de François Bousquet « La droite buissonnière » (Éditions du Rocher, 2017) par Nicolas Faure sur le site de la Fondation Polémia.
     
     
     
    Rendre le pouvoir au peuple suivant le voeu du fondateur de la cinquième République, tel est l'objectif de Jean-Yves Le Gallou selon lequel ce pouvoir est accaparé par des juges dépourvus de légitimité démocratique. Il faudrait en revenir à une stricte séparation des pouvoirs, condition sine qua non d’un bon équilibre suivant Montesquieu. Ce qui bien entendu n’est plus de règle aujourd’hui, puisque les juges interprètent les lois qui nous gouvernent selon des principes tellement généraux qu’ils peuvent donner cours aux gloses les plus contradictoires. Bonne intervention sur le zoom de TV-libertés assortie d’une déambulation instructive dans le Paris des véritables centres de décision : le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, le Tribunal administratif, la Cour de cassation, le Tribunal de Paris où siège la XVII chambre liberticide et pour finir la Cour européenne des droits de l’homme qui siège à Strasbourg.
     
     
    Pour Michel Maffesoli l’écologie reste dans la droite ligne du productivisme, c’est pourquoi il propose de lui substituer ce qu’il appelle l’écosophie, néologisme par lequel il entend non plus un traitement de notre rapport à la nature mais une discipline considérant que l’espèce humaine fait partie de la nature, n’en est séparée d’aucune façon. 
    Il y a une « nature des choses » et la prétention de la changer n’a conduit qu’à la dévastation du monde naturel et social. Reprenant la distinction faite par la philosophie allemande entre la culture c’est à dire l’instituant et la civilisation, c’est à dire l’institué, sa démarche s’inscrit dans une perspective résolument « révolutionnaire conservatrice ».
     
     
     
    Ingrid Riocreux affichant en épigraphe de son blog « Décryptons les décrypteurs ! » démonte le reportage de C8 sur le Front National niçois en en dévoilant les trucages et les combines. À dire vrai le procédé de l’infiltration qui caractérise ce type de « révélation » qui ne révèle rien et qui n'est employé qu'à l’encontre de ceux que les médias aiment tant haïr nous en apprend beaucoup plus sur les procédés d’une presse subventionnée que sur les cibles qu’elle vise avec une constance et une obstination jamais démentie et dont chacun a pu mesurer depuis des dizaines d’années la remarquable efficacité.
    On lira, pour parfaire cet article, le remarquable entretien de décodage des médias qu’elle livre dans la dernière livraison d’Éléments.                  . 
     
     
     
    La dernière édition d’I-Média présentée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp étudie le festival de novlangue fait de litotes utiles pour euphémiser le terrorisme islamique. Elle rappelle opportunément le discours prophétique d’Enoch Powell qui vit sa carrière brisée car il appelait les britanniques au sursaut face à l’immigration. Le Zapping nous signale que le présentateur du journal de TF1 se fait taper sur les doigts par le CSA pour avoir proféré une vérité dérangeante et nous montre un Pascal Bruckner soucieux avant tout de faire battre Marine Le Pen… Une séquence sur les diverses performances des débatteurs lors de l’émission opposant les cinq principaux candidats aux présidentielles publiées dans la presse qui sacre « une large victoire de Macron » confirme ce que nous savions : les médias de l’oligarchie votent et poussent à voter pour le godelureau. Enfin l’émission se termine avec un gros plan sur « La semaine de la presse à l’école » sensée forger l’esprit critique des élèves mais qui se révèle une véritable séance d’endoctrinement, assimilant la critique des médias au « complotisme »…
     
     
    La coalition anti État Islamique se devait d’épargner autant que faire ce peut les civils dans son siège de Mossoul, à la grande différence des « barbares russes et pro-assad »qui à Alep n’avaient pas hésité à recourir à des moyens de terreur face à des populations désarmés. On voit par cet article du Monde qu’il n’en est rien. Les guerres ne sont jamais propres, et qui plus est les guerres modernes. Cette information que Le Monde traite avec une pudeur de vierge, ne serait-ce que par le titre de l’article qui parle « d’effondrement » au lieu de rapporter la vérité crue qui est celle d’un « bombardement » en dit long sur l’alignement des médias sur le suzerain américain. Qu’aurait-on lu si il s’était agi d’une action russe au Proche-Orient ?
     
     
     
    Michel Onfray prend position pour un régionalisme anti-jacobin inspiré des Girondins et de Proudhon, seule façon selon lui de renouer avec un idéal communautaire. Son livre « Décoloniser les provinces. Contribution aux présidentielles » Éditions de L’Observatoire, vient de paraitre.
     
     

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  • Vous aimez la mondialisation ? Votez Macron !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'élection présidentielle à venir , qui semble devoir marquer un véritable tournant historique... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Présidentielle - « Vous aimez la mondialisation ? Votez Macron ! »

    La liste définitive des candidats à l’élection présidentielle est maintenant connue. Cette échéance électorale, qui aura été d’un cru inédit, a déjà provoqué une foule de commentaires, notamment sur Boulevard Voltaire. Quels sont les vôtres ?

    Je ne m’intéresse pas aux commentaires, toujours superficiels et ennuyeux quand ils se bornent à dire pourquoi l’on aime ou non tel ou tel candidat, mais seulement aux analyses, qui permettent de comprendre le sens de ce que l’on voit. Quand vous dites que cette élection, qui fut effectivement riche en coups de théâtre et en rebondissements, aura été d’un cru inédit, vous êtes encore en dessous de la réalité. Non seulement elle ne ressemble à aucune autre, mais elle marque un véritable tournant historique, car elle va de pair avec une totale restructuration du paysage politique, du fait de l’effondrement programmé des deux grands partis de gouvernement qui ont eu le monopole de l’« alternance » en France depuis plus de quarante ans – mais qui se trouvent maintenant l’un et l’autre menacés de ne pas passer le cap du premier tour.

    Les primaires, que la classe politique a commis l’imprudence d’emprunter au système politique américain, ont joué un rôle d’accélérateur en provoquant des fractures et en révélant des haines inexpiables qui sont en passe de désagréger les deux ex-grands partis. Elles ont vu deux candidats atypiques, François Fillon et le « frondeur » Benoît Hamon, l’emporter au détriment des favoris (Sarkozy et Juppé, Valls et Montebourg). Coincé entre Mélenchon et Macron, Hamon est incapable de rassembler son camp. Il en va de même de Fillon, coincé de manière symétrique entre Marine Le Pen et Macron. Résultat : les plus libéraux des dirigeants du PS partent par pleines charrettes rejoindre la start-up de l’ectoplasme macronien, et il en va de même des centristes qui ne se reconnaissent pas plus dans le programme de Fillon que Valls et Hollande ne se reconnaissent dans celui de Hamon.

    On assiste donc à une nouvelle polarisation, qui ne se situe plus sur l’axe horizontal gauche-droite, mais sur l’axe vertical « ceux d’en bas » contre « ceux d’en haut » : le peuple contre les oligarques. C’est le schéma populiste par excellence, qui s’est déjà imposé dans plusieurs autres pays : la montée de SYRIZA a tué le PASOK, l’élection présidentielle autrichienne a opposé un populiste et un écologiste, le Brexit a créé un clivage transversal chez les conservateurs comme chez les travaillistes, le parti social-démocrate hollandais vient de s’effondrer, etc. La France est aujourd’hui en passe de rejoindre ce schéma. C’est la fin de la Ve République telle que nous l’avons connue.

    Le phénomène Macron, que personne n’avait prévu, a aujourd’hui visiblement l’appui des principaux médias. Quel sens faut-il lui donner ? Et quid de l’étonnant ralliement de François Bayrou ?

    Macron est en train de réaliser un regroupement qui peut paraître surréaliste – d’Alain Madelin à Robert Hue –, mais qui ne doit pas surprendre. Prenant acte du gouffre qui s’est creusé entre le peuple et la classe dirigeante, il veut rassembler les élites mondialisées de droite et de gauche tout comme Marine Le Pen cherche à rassembler à la base les « patriotes » de gauche et de droite, à commencer par ceux qui appartiennent aux couches populaires et à la fraction des classes moyennes qui se sent aujourd’hui menacée de déclassement (et sans lesquelles il n’y a pas de majorité possible). L’usage que fait Macron du mot « progressiste » est, à cet égard, révélateur. Son ambition, à terme, est de créer un grand parti progressiste où se rassembleront, face à la « menace populiste », les tenants de tous bords de la mondialisation heureuse, de la soumission aux marchés financiers, des flux migratoires sans fin et du libéralisme hors-sol.

    Qu’est allé faire François Bayrou dans cette galère ? Mystère. Bayrou, depuis sa jeunesse, est un grand lecteur de Barrès, de Simone Weil et, surtout, de Péguy. C’est à ce titre qu’il était intervenu, en janvier 2014, au colloque sur « L’actualité de la pensée politique de Charles Péguy », dont les actes viennent de paraître chez Privat. Il y expliquait ce qu’il devait à l’auteur de L’Argent : « Il invite à ne pas hésiter à affronter les puissants, quelle que soit la puissance des puissants […] Chez les péguystes authentiques existe une propension, parfois excessive – je parle également pour moi –, à ne pas hésiter à braver les convenances, les interdits du conformisme […] Dans le péguysme, tel que je le vis, prévaut cette volonté de conserver cette ligne de conduite fondée sur l’engagement au service de ce qu’on ressent comme étant l’essentiel […] Cela amène naturellement à une attitude de vie dont l’une des composantes essentielles est l’intransigeance […] Le péguysme c’est, au nom de ce que l’on croit être essentiel, une absolue insoumission. » Aujourd’hui, Bayrou a rallié l’hologramme créé de toutes pièces qu’il dénonçait encore il y a quelques semaines comme un outil au service des « plus gros intérêts financiers ». Il s’est trahi lui-même. Bayrou chez Macron, c’est Péguy au CAC 40, Mère Teresa dans la Waffen-SS ou Nabilla au Collège de France !

    Un pronostic sur le second tour ?

    François Fillon ayant à mon avis peu de chances de se qualifier pour le second tour (son programme patronal séduit surtout les retraités), celui-ci devrait normalement opposer Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Pour l’heure, c’est en tout cas le scénario le plus probable. Quant au résultat final, je ne m’aventurerai pas à le prédire. Je dirai seulement que, dans cette hypothèse, Marine Le Pen n’a de chances de l’emporter qu’à la condition de faire comprendre au plus grand nombre que ce second tour ne sera pas un vote pour ou contre le Front national, mais un référendum sur la mondialisation. Vous aimez la mondialisation ? Vous en voulez encore plus ? Votez Macron !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 18 mars 2017)

     

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  • Histoire des droites en France...

    Les éditions Perrin viennent de publier un ouvrage de Gilles Richard intitulé Histoire des droites en France de 1815 à nos jours. Professeur à l'université de Rennes, Gilles Richard est un spécialiste des droites françaises à laquelle il a consacré de nombreux travaux.

     

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    " Depuis le classique de René Rémond, les droites n'avaient pas trouvé leur historien. C'est désormais chose faite grâce à la belle synthèse de Gilles Richard. Couvrant plus de deux siècles d'histoire politique et n'hésitant pas à aborder les enjeux contemporains, l'ouvrage évoque bien entendu les partis et leurs métamorphoses, tout en scrutant les cultures politiques et en pointant les grandes mutations. Depuis 1815, en effet, les temps ont bien changé ! Ce qui faisait clivage au XIXe siècle entre droites et gauches (la République démocratique et laïque) a ainsi laissé place au XXe siècle à un autre clivage : la République qui avait triomphé dans les années 1870-1880 devait-elle être " libérale " comme le souhaitait Jules Ferry, ou bien " sociale " comme le proclama Jean Jaurès ? En ce début de XXIe siècle, tout semble à nouveau remis en cause : tandis que les gauches sont menacées de disparition, les droites sont aujourd'hui hégémoniques. Mais le pluriel s'impose plus que jamais. De fait, les oppositions ne manquent pas, entre tenants du libéralisme et droite nationaliste, ou entre " les mondialistes " et " les patriotes ", comme Marine Le Pen aime à le répéter. Cette mutation fondamentale surprend ; mais Gilles Richard offre des clés pour comprendre ce qui, à l'heure d'élections présidentielles cruciales, constitue un enjeu déterminant pour la France d'aujourd'hui et de demain. "

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  • Guilluy : "Le FN est le parti de la fin de la classe moyenne"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Christophe Guilluy à l'Express et consacré à la disparition de la classe moyenne et à l'émergence des nouvelles classes populaires de la France périphérique. Géographe, Christophe Guilluy est l'auteur de plusieurs essais marquants comme Fractures françaises (Bourin, 2010), La France périphérique (Flammarion, 2014) ou, dernièrement, Le crépuscule de la France d'en haut (Flammarion, 2016).

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    "Le FN est le parti de la fin de la classe moyenne"

    Dans La France périphérique (1), vous prononciez la mort clinique du concept de "classe moyenne" et plaidiez pour que l'on s'affranchisse sans délai de cette classification... Pourquoi? 

    Je vous le confirme: nous vivons le temps de la disparition de la classe moyenne. En France, mais aussi en Europe et aux Etats-Unis. C'est là le grand événement politique, sociologique, culturel des dernières décennies, et nous faisons comme si cette classe moyenne existait toujours. Je vois bien l'intérêt: continuer d'y ranger artificiellement "deux Français sur trois" - pour reprendre la fameuse estimation de Giscard - permet de prétendre que les politiques menées depuis trente ans n'ont finalement pas trop échoué... Comme si, bon an mal an, elles avaient profité à la majorité, et dysfonctionné seulement "à la marge", en banlieues ou chez les ruraux, par exemple.  

     

    Or la réalité nous dit exactement l'inverse: quand on regarde les niveaux de vie, les taux de chômage, les taux de précarisation et la nouvelle géographie sociale - qui maintient les plus modestes les plus éloignés des zones qui créent l'emploi -, on constate une distorsion de plus en plus importante de ce que j'appelle les nouvelles catégories populaires. 

    Le concept de classe moyenne brouille les cartes: professions intellectuelles à Paris, nous appartiendrions à la classe moyenne, et l'ouvrier d'Hénin-Beaumont aussi? Soyons sérieux! D'ailleurs, ce concept marche tellement mal que vous avez désormais des sociologues qui parlent de classes moyennes inférieures, et même de classes moyennes "inférieures-inférieures"... 

    Quelles sont ces nouvelles catégories populaires dont vous parlez? 

    D'abord les ouvriers, et les employés - qui constituent toujours, rappelons-le, une majorité de la population active. Si l'on y ajoute les petits indépendants, les paysans, mais aussi une partie des jeunes et des retraités issus de ces catégories, on arrive à la majorité de la population française. C'est en travaillant sur la répartition de ces catégories dans l'espace que je suis arrivé au constat de l'existence d'une France périphérique.  

    Pour la première fois dans l'histoire, la majorité de ces catégories ne vit pas là où se crée la richesse, mais à l'écart des métropoles, dans des petites et moyennes villes et des espaces ruraux: contrairement à feu la classe moyenne, elles ne font plus partie de l'histoire économique et presque plus de l'histoire culturelle du pays. Elles sont invisibles. Si vous êtes parisien, vous allez croiser des gens qui vivent à Berlin, à Buenos Aires ou à Milan, mais un habitant de la Creuse, jamais!  

    Oui, c'est ça: il y a moins de distance entre un Parisien et un New-Yorkais qu'entre un Parisien et un Creusois. Tous les grands débats autour de "comment parler aux électeurs du FN" sont hors sol à partir du moment où l'on ne prend pas en compte l'essentiel, c'est-à-dire le système économique mondialisé. Un système qui, en divisant le travail à l'échelle internationale, a induit une sortie de la classe moyenne de presque tous ceux qui la constituaient auparavant. 

    Est-ce la clef essentielle, selon vous, de la compréhension du vote Front national? 

    Oui, le FN est le parti de la fin de la classe moyenne. Comme Donald Trump l'est aux Etats-Unis. Méfions-nous: ceux que l'on nomme "populistes" aujourd'hui sont souvent les responsables politiques qui ont intégré ce fait: une majorité des petites classes salariées est en train de sortir de l'histoire économique des pays développés. Il y a d'abord eu les ouvriers - c'est mathématique: à partir du moment où l'on avait fait le pari de faire travailler l'ouvrier chinois ou indien plutôt que l'ouvrier français, il fallait s'y attendre...  

    Mais l'erreur de diagnostic a été de croire que cela s'arrêterait là! Qu'il y avait un problème très spécifique lié à la désindustrialisation et qu'en aucun cas cela ne toucherait les salariés du tertiaire. Or, aujourd'hui, on constate que même dans la fonction publique, vous avez des cadres catégories B et C qui votent en masse pour le Front national.

    En quoi ces derniers sont-ils touchés par la mondialisation? 

    Quand on s'intéresse à la France périphérique, il faut prendre en compte le facteur social, mais aussi le facteur culturel. J'ai inventé la notion d'"insécurité culturelle" il y a quelques années, alors que je travaillais avec des bailleurs sociaux à tenter d'expliquer la multiplication des demandes de déménagement émanant de cités sans problèmes de violence particuliers. J'y ai découvert un désarroi, né de la combinaison entre une forte instabilité démographique et la conversion de facto de notre société au modèle multiculturel, c'est-à-dire une société où l'autre ne devient pas soi.  

    Forcément, cela génère une inquiétude: l'autre ne devenant pas soi, on a besoin de savoir "combien va être l'autre". Dans son immeuble, son quartier, son village, etc. Le multiculturalisme à 1000 euros par mois, ça n'est pas la même chose qu'à 10000 euros par mois! Cela me frappe, d'ailleurs, de voir que certains quartiers bastions de la gauche bobo sont aussi ceux qui détiennent le record de "gruge" de la carte scolaire! 

    Cela étant dit, dans les cités, l'"insécurité culturelle" est loin de ne concerner que les "petits Blancs", ainsi que le veut la caricature. Si vous étudiez la géographie de la banlieue, vous constaterez, entre autres, qu'il y a eu un fort exode de Maghrébins en pleine ascension sociale: ils ne se sentaient plus "chez eux" avec l'arrivée de nouvelles populations immigrées. 

    Cela contredit un peu l'image des cités ghettos dont on ne peut jamais s'extraire... 

    Cette image du ghetto empêche de penser. D'abord, elle interdit, en effet, de voir qu'il y a ascension sociale des immigrés. D'ailleurs, le terme de "classe moyenne" a été très ethnicisé. Quand on dit qu'il n'y a plus de classe moyenne en banlieue, on sous-entend qu'il n'y a plus de Blancs. Or il y a des classes moyennes issues de l'immigration maghrébine, par exemple. En région parisienne, c'est très net. Comme quoi la République n'a pas été si nulle: il y a eu une intégration!  

    Ensuite, la notion de ghetto empêche de mesurer la réalité des flux migratoires permanents dans ces zones géographiques: beaucoup de gens arrivent, beaucoup de gens partent. La Seine-Saint-Denis, par exemple, a complètement changé. Il y a eu une migration maghrébine d'abord, mais, aujourd'hui, l'immigration y est davantage subsaharienne, sri lankaise ou pakistanaise. Tout s'est transformé. D'ailleurs, si cela ne bougeait pas, on n'aurait pas des jeunes qui dealent dans le hall de l'immeuble, mais des petits vieux qui tapent le carton! 

    Ces dernières années, on a vu le vote Front national grimper dans des endroits où l'on pensait qu'il ne s'y implanterait jamais. Dans des petites ou moyennes villes bretonnes, par exemple, où il n'y a pas beaucoup d'immigrés... 

    Analyse de Libération: ces gens sont complètement tarés, racistes, ils ont trop allumé leur téléviseur, ils ont trop écouté RTL et Zemmour (avant, c'était Pernaud). Il suffit de les rééduquer: ils rentreront dans le droit chemin! [Il rit.] Au passage: c'est très français de penser que tout vient d'en haut et arrive en bas, genre l'intellectuel qui guide le peuple... Et si l'on arrêtait de prendre les gens pour des imbéciles? Ils font un diagnostic de leur situation, de leur vie dans leurs quartiers, de leurs perspectives...  

    Dans le cas des petites et moyennes communes de Bretagne, les habitants ont vu évoluer la métropole du coin - Rennes, Brest ou Nantes -, et notamment les quartiers de logements sociaux de ces villes-là. Ils constatent l'installation progressive de problématiques qu'on leur disait cantonnées à Paris ou à Lyon. Et le vote FN émerge. Les reportages auxquels on a le droit, sur le thème "dans tel village, on a voté FN, alors qu'il n'y a pas d'immigrés", sont d'une condescendance crasse. 

    Pourquoi un type dans un village breton n'aurait-il pas le droit de penser quelque chose sur l'évolution démographique de Rennes? A ce titre, au reste, la dispersion des migrants dans les petits villages est catastrophique: c'est absurde d'installer des migrants afghans dans la Creuse ou la Lozère, où il n'y a pas de travail. On voudrait faire monter le FN qu'on ne s'y prendrait pas autrement! 

    De quel type de responsable politique pourrait venir ce que vous appelez de vos voeux dans vos travaux? 

    Mon espoir serait que tous y aillent. Mais le problème est qu'il leur faudrait penser contre leur camp. Et notamment contre notre modèle économique qui ne dysfonctionne pas stricto sensu. Vue de Paris, de Toulouse ou de Lyon, la mondialisation marche bien. Regardez la courbe du PIB en France: la production de richesses continue. Mais ce modèle ne fait pas société, il n'intègre pas tout le monde.  

    C'est là le grand changement: notre modèle ne fait plus société. Il est très difficile pour les tenants de ce modèle de concevoir qu'il faille y renoncer. Et pourtant! Tout le discours qui consiste à prôner des aménagements à la marge "en attendant le retour de la croissance" est voué à l'échec. On sait très bien que la croissance revenue se concentrerait dans les grandes métropoles!

    N'y aurait-il pas alors un ruissellement depuis les grandes villes vers la périphérie? 

    "Le ruissellement", c'était le grand truc de la Datar du temps du Minitel, dans les années 1970. Et puis il y a eu le numérique: avec le télétravail, on a prophétisé que les cadres allaient s'installer à la campagne, et qu'il y aurait une réintégration des territoires par le digital. Comme si vivre au fin fond du Cantal, c'était la même chose qu'à New York... Quelle arnaque! Evidemment, ce qui compte, à la fin, c'est de se rencontrer, d'échanger dans la vie réelle...  

    Pourquoi toutes les classes supérieures se concentrent-elles dans les grandes métropoles? Parce que c'est là où notre modèle économique fonctionne. Tant qu'on proposera des rustines du type "revenu universel" qui, au bout du compte, permettent juste au système de se maintenir dans son injustice, eh bien, on n'en sortira pas! Ce qui compte, aujourd'hui, c'est donner du pouvoir aux élus de la France périphérique, les laisser développer des projets, favoriser la gouvernance locale. Force est de constater qu'on en est loin, tant les réformes territoriales n'ont cessé d'affaiblir les collectivités (départements en tête) de cette France populaire. 

    On a fait le procès inverse au revenu universel: à savoir qu'il serait utopique et angélique, mais aussi antisocial... 

    Le revenu universel consiste à admettre que le seul avenir qu'on peut imaginer pour ces catégories-là, c'est de leur "refiler un billet", en espérant qu'elles n'iront pas trop exprimer leur colère dans les urnes. Bref, il revient à faire vivre les territoires par la redistribution, plutôt que par la création d'emplois... Et, bien sûr, c'est la gauche qui fait le sale boulot! C'est à désespérer...  

    Je n'exclus pas cependant qu'une partie importante de "la France d'en haut" soit dans cette logique- là. C'est-à-dire, au finish, dans une logique consciente ou inconsciente d'abandon. En vérité, il faudrait avoir le courage intellectuel de délaisser un peu les indicateurs économiques pour investir dans quelque chose qui ne rapporte pas grand-chose à court terme. Qu'est-ce que la base de la démocratie, finalement ? N'est-ce pas donner du pouvoir à ceux qui n'en ont pas? 

    Pour moi, les discours méprisants d'après Brexit - comme celui d'Alain Minc, qui a quasiment traité les électeurs du Brexit de débiles - constituent un grand danger. En France, il faut se pencher sur les catégories qui ne rapportent pas grand-chose économiquement, que l'on a ostracisées à travers le vote FN, et avec qui, pourtant, il faut d'urgence refaire société. Il y a un monde d'en haut qui se ferme de plus en plus et qui, paradoxalement, tient un discours d'ouverture. Il se referme dans un modèle qui ne bénéficie plus qu'à lui, en tenant des discours culturellement très open sur les bienfaits de la diversité, d'une part, et d'excommunication politique, d'autre part. 

    C'est pourquoi je parle de "crépuscule de la France d'en haut" (2). Cette France d'en haut est condamnée. Elle ne le sait pas encore, car elle va de victoire en victoire. Mais comme son modèle ne fait pas société, il n'est pas durable. Ce qui est durable, c'est une vie où les gens modestes ont leur place et ont des perspectives. 

    Les perspectives, c'est important? 

    Capital. Mais cela ne veut pas dire que l'objectif est forcément de devenir ministre ou trader! Rappelons-le, quand on naît dans un milieu populaire, son destin est de mourir dans un milieu populaire, et je vais vous dire, ça n'est pas grave: on peut faire sa vie modestement, et avoir des amours, des amitiés, faire des rencontres... Mais, pour cela, il faut être intégré économiquement, culturellement, politiquement et... géographiquement.  

    Or le modèle économique et territorial tend à restreindre les champs du possible: aujourd'hui, les logiques foncières interdisent aux enfants des catégories populaires de la France périphérique d'intégrer l'enseignement supérieur à Paris, à Lyon: payer une chambre de bonne à Paris, cela devient très compliqué pour quelqu'un qui vit au coeur de la Picardie.  

    Dans le même temps, le bloc du haut - qui repose en fait sur 30 à 40% de la population, et non seulement ce 1% qui est une escroquerie et qui renvoie quasiment à une théorie du complot - est en train de faire sécession. Demain, nous aurons certainement des partis qui représenteront cette France de la mondialisation et des métropoles... Peut-être Macron est-il ce candidat-là, rassemblant les libéraux de droite et de gauche. Ce qui serait cohérent... D'ailleurs, il peut être estimé pour cela: il n'avance pas masqué et met cartes sur table. 

    On assisterait dès lors à une polarisation du paysage politique: le "ni droite ni gauche d'en bas" représenté par Marine Le Pen, versus le "ni droite ni gauche d'en haut" incarné par Emmanuel Macron... Or numérairement, les premiers sont plus nombreux. Est-ce à dire que le FN pourrait l'emporter? 

    N'oubliez pas que "La France d'en haut" ne se résume pas seulement aux "élites", mais à tous ceux qui bénéficient de la mondialisation ou en sont protégés. Cela représente un très vaste électorat qui, en plus, "survote". Par ailleurs, le FN n'est pas le Parti communiste des années 1950. Oui, c'est une masse très importante d'électeurs; c'est un parti qui existe le soir des élections mais qui n'existe pas vraiment dans la vie réelle. Il ne structure pas la société comme jadis le Parti communiste, avec des militants partout, des journaux, des télés... C'est toute la différence entre Marine Le Pen et Donald Trump: Trump avait le Parti républicain avec lui.  

    Mais la présidentielle est une élection particulière, la seule où les classes populaires votent. Par ailleurs, les thématiques portées par le FN sont désormais culturellement majoritaires (régulation des flux migratoires, contestation de la mondialisation). Pour l'instant, ce qui fait défaut au Front national, ce sont les plus de 60 ans, et singulièrement les retraités issus de ces catégories, "les retraités populaires" (expression que j'ai forgée avec le sociologue Serge Guérin).  

    Ce n'est pas le moindre des paradoxes, mais, dans cette France qui ne jure que par le jeunisme, où l'on voit le vieillissement de la population comme un phénomène porteur de réaction, voire de populisme, les seniors en sont le rempart! 

    Christophe Guilluy, propos recueillis par Alexis Lacroix et Anne Rosencher (L'Express, 21 février 2017)

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  • Feu sur la désinformation... (128)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Trocadéro - Fillon : victoire par K-O
      Fillon va-t-il laisser la place à Juppé ? Les media n’en démordent pas… Le candidat des républicains est isolé et les 40 000 militants place du Trocadéro ne leur font toujours pas voir la réalité.
      Sur le plateau de France 2, le soir de la manifestation, alors que François Fillon démontre avec force le soutien de la base militante, Laurent Delahousse interroge à nouveau le candidat des républicains sur la possibilité du retrait de sa candidature.
    • 2 : Le zapping d’I-média
      RCF fait dans le point Godwin : Rudy Blanchard l’animateur d’une émission musicale sur la radio chrétienne déclarera à propos du Front national : « faites attention, avant d’être bleues marines, les chemises étaient marron »…

      Dans 28 Minutes sur Arte, quand, Julie Graziani parle de trisomie 21, et dénonce une discrimination, évoquant même un « racisme chromosomique », la réaction des journalistes est unanime : vous ne pouvez pas dire cela.

    • 3 : Fillon, Macron, Temps de paroles dans les médias
      Débat présidentiel : Le CSA tire la sonnette d’alarme sur le déséquilibre du temps de parole. Le temps à l’antenne toujours compté de manière quantitative et non qualitative : alors que Marine Le Pen et François Fillon occupent leur temps d’antenne à se défendre contre les attaques médiatiques, aucune affaire n’est publiée sur le candidat d’En Marche, qui peut exposer tranquillement son « programme ».
    • 4 : Les tweets de la semaine
      « Athènes va (enfin) accueillir sa première mosquée », c’est le titre d’un article du Figaro. Le titre neutre pour ce type d’information devrait être : « une mosquée va être construite à Athènes ». Entre le mot « accueillir » et « Enfin » le Figaro prouve son manque d’objectivité.
    • 5 : Troadec : dans la famille des coupables, je demande le fils
      Meurtre de la famille Troadec à Orveaux, Quand la police soupçonne le fils Sébastien, la presse le désigne comme coupable. Les médias vont passer au peigne fin la vie de Sébastien. Il faut prouver sa culpabilité : casier judiciaires, amis réseaux sociaux, tout est interrogé. Dans cette histoire morbide, les médias n’ont qu’un désir : Trouver un nouveau Dupont de Ligonès.

                              

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  • Feu sur la désinformation... (127)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Agressions des militants du FN à Nantes et mensonges médiatiques
      Des militants du Front National ont été pris pour cible par des « Antifas » à Nantes, en marge du meeting du 26 février. Les médias minimisent les faits et dédramatisent la situation. Mieux, l’Obs évoquera dans un titre « 11 blessés en marge des manifestations contre Marine Le Pen » sans plus de précisions. Le titre de l’article laisse entendre qu’il s’agit de 11 blessés parmi les manifestants, mais en réalité les 11 blessés sont des gendarmes ou des policiers… La presse évoque des « incidents banals » pour une campagne électorale à croire que, pour le Système, les militants du FN l’ont bien mérité.
    • 2 : Le zapping d’I-média
      Grâce aux réseaux sociaux, Lucie, une jeune joggeuse agressée à Lille par des Roms oblige la mairie à évacuer un camp. Lucie nous montre ici la force des médias alternatifs et des réseaux sociaux face aux médias mainstream.

      Laurent Ruquier et Florence Foresti souhaitent la mort de Donal Trump le même jour (25 février) sur France 2, chaine du service public. Malgré l’indignation du syndicat FO de France télévision, Delphine Ernotte présidente du groupe ne réagit pas. CUSPA, le collectif des usagers du service public a décidé de saisir le CSA.

    • 3 : Césars, Oscars : la « diversité » dans les salles noires
      Dans le cinéma, on laisse la place à la « diversité » et on commente l’actualité, les stars en paillettes donnent des leçons de politique… bienpensante.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Après avoir fait la Une de tous les journaux, Emmanuel Macron délègue à sa femme la lourde tâche de prendre la pose. C‘est donc Brigitte qui fait la Une de L’Express et Gala cette semaine. En revanche toujours aucune enquête journalistique sur les déclarations de patrimoine incohérentes du président du mouvement En Marche ! .
    • 5 : Théo : les médias ont eu tout faux
      Enième rebondissement dans l’affaire Théo, les journalistes se sont emballés sur la parole « d’un gentil garçon » victime des « méchants policiers », c’est ballot, les médias avaient tout faux.

     

                              

     

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