Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

liberté - Page 6

  • De l'intelligence de la politique des "Droits de l'Homme"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue percutant d'Aymeric Chauprade, cueilli sur son blog Carnet de bord, sur les impasses mortelles dans lesquelles nous entrainent les tenants de la politique des "Droits de l'Homme"...

     

    aymeric_chauprade.jpg

    De l’intelligence de ces « Droits de l’Homme » qui installent l’islamisme dans le monde arabe et nous brouillent avec la Turquie

    J’interromps un long silence, volontaire je dois dire. La raison ? Une série de voyages, en Amérique Latine et dans le monde arabe, mais aussi la volonté de prendre du recul sur les nombreux événements qui ont fait l’actualité géopolitique récente. J’espère ne pas avoir trop déçu les lecteurs qui pouvaient légitimement attendre mes commentaires durant ces dernières semaines. Qu’ils se disent que dans notre société d’immédiateté et de bruit de fond, l’abstinence est parfois aussi un bienfait.

    Le vote par l’Assemblée nationale française d’une loi visant à pénaliser la contestation du génocide arménien, me paraît être, pour quelqu’un qui se réclame de la realpolitik, un bon moment pour revenir au débat.

    Chacun sait que je ne suis pas favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, et cela pour une raison simple : non seulement les Turcs ne sont pas Européens, mais l’idée même d’Europe s’est en partie forgée dans l’opposition aux Turcs ottomans. Le monde turcophone est une aire culturelle qui dispose de ses propres critères de civilisation, et qui ne se limite pas à la différence religieuse avec les Européens. Et si j’étais méchant je dirais que comme je ne leur veux pas de mal, je n’ai aucune raison de leur souhaiter de monter à bord d’un bateau qui coule.

    Pour autant, ni l’affection particulière que l’on peut avoir pour le peuple arménien, ni l’opposition à la candidature turque à l’Union européenne, ni l’hostilité de certains à l’AKP (le parti islamiste turc qui gouverne), ne doivent affaiblir notre sens du discernement.

    J’ai noté, ces derniers temps, que chercher des querelles avec « l’ennemi musulman » était une pente à laquelle cédait facilement nombre de défenseurs des identité française et européenne. Quand on entre dans ce genre de logique, il convient d’observer une règle de bon sens qui consiste à se demander pour « qui roule-t-on vraiment ?». Il est évident que tout ce qui conduit à l’aggravation des relations entre les peuples européens d’un côté, les Iraniens, les Turcs et les Arabes de l’autre, sert les Américains et les Israéliens mais certainement pas les Européens. Que les choses soient dites clairement à ceux qui pensent qu’Huntington a la solution : nous ne règlerons pas le problème de l’immigration extra-européenne par la guerre avec le monde musulman.

    Qu’il soit bien entendu ensuite que le réalisme (la realpolitik) ne signifie pas l’absence de valeurs ou le piétinement de celle-ci. J’établis une distinction entre les « Droits de l’Homme », fabrication révolutionnaire, et la liberté, valeur antique. La liberté, depuis la Grèce, Rome et la chevalerie européenne, est au cœur de ce qu’est l’identité de l’Europe. Les « Droits de l’Homme », droits abstraits d’un homme abstrait, n’ont, quant à eux, rien à voir avec la liberté, et bien au contraire ! C’est au nom des « Droits de l’Homme » que depuis deux siècles, une seule et même politique de Terreur est menée : celle qui terrorise les peuples et les prend pour cible davantage que leurs armées, autant dans la France de 1793, que dans le vieux Sud américain, l’Irak baasiste, la Serbie, la Libye, sans oublier Dresde et Cologne, Hiroshima et Nagasaki.  Demain peut-être en Syrie et en Iran.

    La realpolitik c’est d’abord le rejet de cette politique des « Droits de l’Homme » qui au prétexte de libérer les peuples d’eux-mêmes, n’a cessé de les assassiner et de les livrer à des forces étrangères. La realpolitik c’est ensuite la première protection de l’idée de liberté, valeur essentielle de la civilisation européenne, qui, associée à l’exercice de la raison, est sans conteste le premier facteur du succès historique de l’Occident.

    Les « Droits de l’Homme » sont en train de détruire ce que la liberté et la raison ont construit durant des siècles en Occident. Ils détruisent la puissance des Européens, annihilent leur capacité à établir le diagnostic lucide de leur véritable situation (soumission au mondialisme américain et invasion migratoire), et attisent le ressentiment des vieux peuples qui reviennent dans l’Histoire (Russes, Chinois, Indiens, Iraniens, Turcs…).

    Je ne suis pas en train de contester la loi votée sur le génocide arménien au motif d’intérêts purement économiques qui seraient menacés et en m’asseyant sur mes principes. Je conteste cette mauvaise idée, parce qu’elle est, une fois de plus, le produit de l’aveuglement provoqué par la fiction des « Droits de l’Homme ».

    Et plus cette fiction s’impose dans notre pays, au détriment de la realpolitik, plus la liberté recule.

    Cela fait des années que la liberté d’investigation dans le champ de l’Histoire est fragilisée en France, qu’une politique de Terreur mémorielle règne sur notre pays, et que le débat est écarté au profit de la loi, surtout quand les vérités dominantes commencent à être menacées par des arguments « trop convaincants ».

    Il n’est plus permis d’affirmer librement les conclusions de travaux scientifiques portant sur certaines périodes de l’Histoire (Deuxième Guerre mondiale et époque coloniale surtout) ; il n’est plus possible d’énoncer des faits et des chiffres qui établiraient un lien entre immigration et criminalité. Et, à la différence du monde-anglo-saxon, il n’est plus possible de travailler sur les différences génétiques et biologiques entre groupes ethniques et raciaux.

    Ce n’est plus la science (sciences humaines et sciences exactes), ou du moins la résultante de ses libres débats, qui, chez nous, tend à énoncer la vérité, ce sont des dogmes idéologiques.  Et quand ces dogmes faiblissent face à l’exercice de la raison, des lois viennent immédiatement à leur renfort pour empêcher la raison de progresser. Il existe un exemple consternant de cet effacement de la vérité scientifique, au profit de l’idéologie, un exemple qui normalement devrait réveiller les Français, ceci tout simplement parce qu’il  frappe directement leurs enfants : la théorie du genre (la gender theory) qui postule que la différenciation sexuelle est le produit d’une détermination sociologique et non d’une détermination biologique, et qui est imposée à nos écoliers contre la vérité scientifique, et pas seulement contre les morales juive, chrétienne et musulmane, ou les sagesses asiatiques. Certes, les manuels d’histoire souffrent depuis bien longtemps d’une vision déformée de l’Histoire. Des médiévistes comme Régine Pernoud ou Jacques Heers se sont battus, à juste titre, contre l’image noire que l’enseignement républicain a donnée du Moyen-âge, un Moyen-âge version « Nom de la Rose », ramené aux dents pourries et à la peste, caricaturé à l’extrême pour mieux souligner la césure de la Renaissance, et surtout un Moyen-âge privé de sa dimension fondamentale : « l’enchantement » et la spiritualité. Ce qu’il y a d’essentiel dans le Moyen-âge – la puissance de la foi et l’enchantement du réel- est complètement passé à côté de nos écoliers. Comme la philosophie médiévale d’ailleurs, puisque notre enseignement de la philosophie saute allègrement de Platon à Helvétius.

    Au-delà du seul Moyen-âge, et pour renforcer sa légitimité, la République n’a cessé d’inculquer à ses petits écoliers une vision manichéenne de l’Ancien Régime. Cette vision grossière et contraire à la vérité s’est étendue ensuite à l’époque coloniale, durant les trois dernières décennies, avant d’englober toute l’histoire de la civilisation européenne. Dans les derniers manuels d’histoire, ce qui a été grand est dominateur (Louis XIV, Napoléon) y est volontairement effacé au profit d’empires africains incertains. Mais ce qui est nouveau, c’est que les manuels de Sciences et vie sont maintenant également rattrapés par les dogmes de l’idéologie dominante. Le fait d’être un homme ou une femme est désormais aussi une construction sociologique, et par voie conséquence il devient légitime de pouvoir changer de sexe et de sexualité. Pour donner une légitimité au résultat de la démonstration, on a tordu les prémisses. Le contraire même de la démarche scientifique. Le sexe n’est plus un fait naturel qui s’impose à nous dès notre naissance. Il y a eu d’abord la négation des races, puis celle des nations ; il y a maintenant la négation des sexes. Et la loi est désormais chargée de nous faire entrer dans le crâne cette nouvelle religion mondialiste et ses dogmes si le conformisme n’y parvient naturellement.

    La nouvelle religion a sa nouvelle histoire, laquelle est ponctuée de catastrophes incontournables, l’Holocauste des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, dans une moindre mesure celui des Arméniens, puis le « petit Holocauste » du 11 septembre. Certains holocaustes, mais pas tous quand même ! On n’imagine guère en effet nos députés votant une loi pénalisant la négation du génocide des Indiens d’Amérique lequel est au fondement pourtant de la création des… Etats-Unis d’Amérique, ou une loi visant à pénaliser la négation de la dispersion palestinienne en 1948 et 67.  Il faut dire qu’il y a peu d’Indiens qui voteront à la prochaine élection présidentielle française. Peu de Palestiniens non plus, même s’il y a pourtant beaucoup d’Arabes. Le jour où la proportion de Français rendue à l’évidence deviendra trop importante, on peut s’attendre aussi à une loi pénalisant la contestation de la version officielle du 11 septembre.

    Aujourd’hui en France, un universitaire est emprisonné (après avoir été détruit socialement) non parce qu’il a attaqué une banque, mais parce qu’il a osé contester des vérités historiques établies. A l’inverse, ceux qui martyrisent de façon quotidienne les Français (Français de souche ou nouveaux Français qui ont fait l’effort de le devenir), ceux qui les volent, les insultent, bousculent leurs Anciens, giflent leurs ados maigrichons et terrorisent leurs filles, ceux-là n’intéressent pas la représentation nationale. Non, pour nos députés, ce qui est essentiel, c’est de protéger la mémoire arménienne, comme ils ont cru protéger hier la mémoire juive. Manifestement, ils pensent avoir été élus pour ployer le genoux devant les minorités, plutôt que de s’occuper d’une masse de braves Français qui, inexplicablement, renouvelle leur mandat depuis plus trois décennies.

    Je reviens à cette mauvaise idée de loi sur le génocide arménien.

    1/ Ce débat doit rester celui des historiens. Les Parlementaires, dont l’immense majorité est ignare et n’a jamais lu un seul livre sur le sujet, n’ont pas à s’en mêler. Ils n’ont pas plus à légiférer sur la question arménienne, qu’ils n’avaient hier à légiférer sur les drames concentrationnaires de la Deuxième Guerre mondiale.

    2/ Cette question appartient aux Arméniens et aux Turcs. Elle regarde la Turquie et non la France. Il ne faut pas venir se plaindre si les Turcs rétorquent en se penchant sur notre passé colonial. C’était tellement prévisible. Parler de l’Algérie pour les Turcs c’est à la fois semer la discorde chez nous, mais c’est aussi rehausser un peu plus le prestige de la Turquie dans le Maghreb.

    3/ Puisqu’ils se déchaînent maintenant sur notre Histoire, j’avoue que les Turcs m’amuseraient davantage s’ils s’occupaient de légiférer sur la contestation du génocide des Vendéens. S’ils ne les connaissent pas encore, qu’ils se précipitent sur les ouvrages de l’historien français Reynald Secher, spécialiste des guerres de Vendée. Ils y trouveront les textes de la Convention qui donnèrent l’ordre explicite d’éradiquer une population toute entière, hommes, femmes et enfants, parce qu’elle était, « ethniquement contre-révolutionnaire ». Ils y découvriront des massacres de grande ampleur qui ne furent pas le résultat de débordements de la part des exécutants, mais bien d’une politique criminelle planifiée au plus haut niveau, utilisant des méthodes préindustrielles (noyades de Carrier à Nantes) et la Terreur (tannage des peaux humaines, cannibalisme, nourrissons cuits dans des fours à pain) comme stratégie militaire.

    J’imagine même combien il serait intéressant pour une élite turco-musulmane anti-kémaliste de découvrir combien leurs adversaires « jacobins » kémalistes doivent à cette Révolution française, qui fut aussi la matrice des grands totalitarismes du XXe siècle (bolchévisme et nazisme) et des grandes idéologies modernistes du monde musulman auxquels s’opposent islamistes turcs et Frères musulmans arabes !

    Si nos gouvernants ont décidé de nous faire détester par des pays émergents qui comptent de plus en plus, comme le Mexique (avec l’affaire Cassez) ou la Turquie, qu’ils nous le disent clairement. De ce point de vue, les résultats engrangés durant l’année 2011 sont exceptionnels !

    Le Maroc a interdit ce 24 décembre un numéro de L’Express figurant Mahomet. Début de scandale dans notre presse bienpensante. Et alors ? Nouvelle leçon de Droits de l’Homme à attendre ? Il ne suffit pas de la Tunisie, du Mexique, de la Turquie, il nous faut maintenant nous fâcher avec le Maroc ? Nous ne sommes pas en train de parler d’un titre de presse français sur le territoire français mais d’un titre français sur le territoire marocain. Les Marocains n’ont-ils pas le droit de faire ce qu’ils veulent chez eux ? Ils seraient donc obligés de distribuer L’Express ? Ils n’auraient pas le droit d’estimer que ce numéro peut constituer un trouble à l’ordre public ? Le PJD (parti islamiste) n’est-il pas encore assez fort (il gouverne) à nos yeux qu’il faudrait lui donner encore un coup de main ? Il y a un très bon historien du Maroc (je ne peux que recommander son excellente et tout récente Histoire du Maroc), Bernard Lugan qui ne doit pas en revenir en ce moment ! Il y a quelques jours, l’émission qu’il enregistrait pour I-Télévision avec Robert Ménard, afin de présenter un décapant essai « Décolonisez l’Afrique ! » (paru aux éditions Ellipses début décembre) a été purement et simplement censurée, c’est-à-dire enregistrée mais jamais diffusée. Nos amis marocains devraient poser la question à la France : si vous interdisez de parole votre plus grand historien de l’Afrique, pourquoi alors ne pourrions-nous pas (de temps en temps mais c’est tellement rare !) bloquer la distribution de l’un de vos titres de presse sur notre territoire ?

    A la vitesse à laquelle la France multiplie les querelles, il faut maintenant se poser une question. La bêtise suffit-elle à tout expliquer ? Ou bien y-a-t-il une force plus profonde qui pousse dans cette direction ?

    Aymeric Chauprade (Carnet de bord d'Aymeric Chauprade, 24 décembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'africaniste Bernard Lugan censuré par Itélé...

    Nous reproduisons ci-dessous un communiqué de Bernard Lugan daté du 19 décembre 2011 et consacré à la censure dont il a fait l'objet par Itélé...

    Lugan-Ménard.jpg

     

    Après un véritable psychodrame, la direction d’I-Télé a censuré un entretien que Robert Ménard avait enregistré avec l’africaniste Bernard Lugan dans le cadre de son émission quotidienne « Ménard sans interdit ». Bernard Lugan avait été invité pour présenter son essai « Décolonisez l’Afrique » qui vient de paraître chez Ellipses.
    Cette décision relève de la censure et de l’atteinte à la liberté d’expression dont se réclament pourtant les journalistes. Une telle mesure montre que ceux qui se permettent de donner des leçons de démocratie, de tolérance et de « droits de l’homme » au monde entier ne supportent pas le parler vrai.
     
    Quelle était donc la teneur des propos « scandaleux » tenus par Bernard Lugan ? Robert Ménard, avait posé à ce dernier quatre grandes questions :

     
    1) Dans votre livre vous écrivez que les Africains ne sont pas des « Européens pauvres à la peau noire » ; selon vous, c’est pourquoi toutes les tentatives de développement ont échoué en Afrique ?
     
    Le refus de reconnaître les différences entre les hommes fait que nous avons imposé à l’Afrique des modèles qui ne lui sont pas adaptés. Nous l’avons fait avec arrogance, comme des jardiniers fous voulant greffer des prunes sur un palmier et noyant ensuite le porte-greffe sous les engrais. C’est ainsi que depuis 1960, 1000 milliards de dollars d’aides ont été déversés sur l’Afrique, en vain. De plus, nous avons voulu européaniser les Africains, ce qui est un génocide culturel. De quel droit pouvons-nous en effet ordonner à ces derniers de cesser d’être ce qu’ils sont pour les sommer d’adopter nos impératifs moraux et comportementaux ? L’ethno-différentialiste que je suis refuse cette approche relevant du plus insupportable suprématisme. Contre Léon Blum qui déclarait qu’il était du devoir des « races supérieures » d’imposer la civilisation aux autres races, je dis avec Lyautey qu’il s’agit de pure folie car les Africains ne sont pas inférieurs puisqu’ils sont « autres ».
     
    2) Dans votre livre vous proposez de supprimer l’aide.
     
    Oui, car l’aide, en plus d’être inutile, infantilise l’Afrique en lui interdisant de se prendre en main, de se responsabiliser. Dans la décennie 1950-1960, les Africains mangeaient à leur faim et connaissaient la paix tandis que l’Asie subissait de terribles conflits et d’affreuses famines. Un demi siècle plus tard, sans avoir été aidées, la Chine et l’Inde sont devenues des « dragons » parce qu’elles ont décidé de ne compter que sur leurs propres forces, en un mot, de se prendre en charge. Au même moment, le couple sado-masochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine a enfanté d’une Afrique immobile attribuant tous ses maux à la colonisation.
     
    3) Vous dénoncez l’ingérence humanitaire que vous définissez comme un hypocrite impérialisme et une forme moderne de la « guerre juste », mais n’était-il pas nécessaire d’intervenir en Libye pour y sauver les populations ?
     
    Parlons-en. Nous sommes en principe intervenus pour « sauver » les populations civiles de Benghazi d’un massacre « annoncé ». En réalité, nous avons volé au secours de fondamentalistes islamistes, frères de ceux que nous combattons en Afghanistan. Cherchez la logique ! Violant le mandat de l’ONU et nous immisçant dans une guerre civile qui ne nous concernait pas, nous nous sommes ensuite lancés dans une entreprise de renversement du régime libyen, puis dans une véritable chasse à l’homme contre ses dirigeants. Or, le point de départ de notre intervention reposait sur un montage et nous le savons maintenant. Que pouvaient en effet faire quelques chars rouillés contre des combattants retranchés dans la ville de Benghazi ? On nous a déjà « fait le coup » avec les cadavres de Timisoara en Roumanie, avec les « couveuses » du Koweït ou encore avec les « armes de destruction massive » en Irak. A chaque fois, la presse est tombée dans le panneau, par complicité, par bêtise ou par suivisme.
    Mais allons plus loin et oublions un moment les incontournables et fumeux « droits de l’homme » pour enfin songer à nos intérêts nationaux et européens, ce qui devrait tout de même être la démarche primordiale de nos gouvernants. Nos intérêts étaient-ils donc menacés en Libye pour que nos dirigeants aient pris la décision d’y intervenir ? Etaient-ils dans le maintien au pouvoir d’un satrape certes peu recommandable mais qui, du moins, contrôlait pour notre plus grand profit 1900 kilomètres de littoral faisant face au ventre mou de l’Europe ? Nos intérêts étaient-ils au contraire dans la déstabilisation de la Libye puis son partage en autant de territoires tribaux livrés aux milices islamistes ? Sans parler des conséquences de notre calamiteux interventionnisme dans toute la zone sahélienne où, désormais, nos intérêts vitaux sont effectivement menacés, notamment au Niger, pays qui fournit l’essentiel de l’uranium sans lequel nos centrales nucléaires ne peuvent fonctionner…
     
    4) Votre conception du monde n’a-t-elle pas une influence sur vos analyses et prises de positions ?
     
    J’ai une conception aristocratique de la vie, je dis aristocratique et non élitiste, la différence est de taille, et alors ? Depuis 1972, soit tout de même 40 ans, je parcours toutes les Afriques, et cela du nord au sud et de l’est à l’ouest, ce qui me donne une expérience de terrain unique dans le monde africaniste ; c’est d’ailleurs pourquoi mes analyses ont du poids. Dès le mois de décembre 2010, dans ma revue, l’Afrique Réelle, j’ai annoncé ce qui allait se passer en Egypte trois mois plus tard. De même, dès le début, j’ai expliqué que le « printemps arabe » n’était qu’un mirage, un miroir aux alouettes autour duquel tournaient les butors de la sous-culture journalistique cependant que, méthodiquement et dans l’ombre, les Frères musulmans préparaient la construction du califat supranational qui est leur but ultime.
     

    Voilà les propos que les téléspectateurs d’I-Télé n’ont pas eu le droit d’entendre.

    Comment riposter à cette censure ?
     
    1) En rejoignant les centaines de milliers d’internautes qui ont visité le blog officiel de Bernard Lugan : http://www.bernard-lugan.com
    2) En s’abonnant à la revue mensuelle par PDF L’Afrique Réelle, la seule publication africaniste libre.
    3) En achetant « Décolonisez l’Afrique » (Ellipses, novembre 2011).
    4) En faisant savoir autour de vous que dans la « Patrie des droits de l’homme », un directeur de chaîne de télévision peut impunément censurer un universitaire auteur de plusieurs dizaines de livres consacrés à l’Afrique, conférencier international et expert de l’ONU.
    Lien permanent Catégories : Décryptage, Entretiens 1 commentaire Pin it!
  • Retour à l'âge de pierre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site Regards sur le renversement du monde...

    fallujah.jpg

     

    Retour à l'âge de pierre

    L’Irak ? Un pays laïque, proclamant des valeurs socialistes, assurant d’une main de fer une coexistence pacifique entre communautés ayant renoncé à toute prétention au pouvoir. Et une dictature.

    La Syrie ? Un pays laïque, sans trace de Charia dans sa loi, proclamant des valeurs socialistes, assurant une relative égalité entre hommes et femmes,  et garantissant d’une main de fer la coexistence de religions, de tribus et de clans opposés. Et une dictature.

    La Yougoslavie ? Un pays fait de l’association plus ou moins consentie entre les pièces d’un puzzle qui jadis participait à l’Empire austro-hongrois, un pays laïque et socialiste où la paix civile était maintenue au prix d’une main de fer.

    Faudra-t-il dire bientôt la Tunisie ? Rongé par l’affairisme et la corruption, sans doute, un pays où l’égalité des droits des femmes et des hommes était une réalité, un pays dont la charia ne réglait pas les mœurs, un pays dont la dernière campagne électorale a vu des femmes « en cheveux » voter, et même figurer sur des affiches – est-ce la dernière fois ?

    Rien de commun avec le Malawi sans doute. Le Malawi, pays laïque, d’inspiration socialiste, a travaillé à acquérir son autonomie alimentaire et à organiser son agriculture pour récuser toute dépendance à l’égard du colonisateur britannique. En rupture avec les préceptes de la Banque mondiale, des institutions internationales, du consensus de Washington, en refusant la culture d’OGM et l’ouverture aux multinationales de l’exploitation de la terre – à fins d’exportation, bien sûr.

    Rien de commun ? Rien, sinon que plane sur chacun de ces pays, et sur combien d’autres, l’ordre du colonel américain de Apocalypse now voyant ses hélicoptères sérieusement accrochés par les résistants vietnamiens : « Ramenez moi ça à l’âge de pierre ! ». Arrivent les bombardiers bourrés de bombes au napalm, qui effectivement ramènent le village et les collines alentour à l’âge de pierre. Nul ne sait ce que sera la situation des pays cités, et de quelques autres, dans une génération. Mais à court terme, le bilan est autre que celui qui est annoncé ; des puissances, des Nations, ont été brisées, et ramenée au sous-développement. L’Irak, comme le Liban, sort d’une occupation étrangère dégradé, appauvri, fractionné en communautés irréconciliables, mobilisé sur des conflits internes et des partitions internes qui l’éliminent en tant que puissance autonome, et ce pays laïque est retombé dans un obscurantisme religieux qui se traduit par le départ des derniers Chrétiens de Bagdad ; qui est sûr que les Chrétiens coptes, demain, pourront survivre dans une Egypte dont le printemps salué pourrait bien précéder un hiver précoce ? Chacun voit bien quelles puissances, et quel nouvel ordre mondial, souhaitent que bien vite la Syrie et l’Iran, avant le Pakistan et la Chine, suivent la voie de l’Irak et d’un Afghanistan détruits ; il ne faut aucun obstacle à la domination de ceux qui se veulent seuls maîtres du monde. Ils sont moins nombreux à se souvenir des crimes commis par l’Otan contre la Serbie, des bombardements à l’uranium enrichi perpétrés contre un peuple européen en Europe, par ceux il est vrai qui ont perpétré contre Dresde l’un des actes terroristes les plus remarquables de l’histoire ( Dresde n’étant ni un pôle industriel, ni un centre de l’armée allemande, ni une cible militaire, mais le centre de regroupement des familles fuyant l’avance soviétique ), moins nombreux encore à en tirer les conséquences. Car le sous-développement est tout le contraire d’une fatalité, il faut y voir une stratégie décidée, raisonnée et en œuvre de destruction des puissances émergentes, des pôles de résistance à l’Empire, ou simplement d’ouverture de marchés fermés, ou de bases géographiques utiles. L’ex-Yougoslavie durablement réduite à l’anarchie et les haines ou les rivalités ethniques, religieuses et nationales habilement ravivées, les Etats-Unis ont tranquillement pu établir l’une de leurs plus importantes bases militaires et sécuriser – ou contrôler – une zone stratégique pour l’approvisionnement en pétrole de l’Europe et la surveillance de l’est de la Méditerranée. A la faveur d’une décision judiciaire contestable, suscitant la mise en question du respect des Droits de l’homme, et à partir de la mise en cause des subventions publiques à l’agriculture ( qui a compté les subventions aux agriculteurs américains ? ),  la suspension de toute aide internationale au Malawi, ajoutée à la hausse des prix des matières premières, place de nouveau ce pays indépendant sous le contrôle de ses anciens colonisateurs, qui sauront faire fructifier ses terres, mais à leur profit, et depuis la City – comment peut-on vivre au Malawi ?

    La question intéressante porte sur l’Union européenne. Ce n’est pas par hasard si fleurissent ici et là des analyses qui dénoncent un prétendu «  IVème Reich » en cours de constitution. Ce n’est pas par hasard si la très réelle crise des déficits publics européens passe pour une condamnation sans appel de la spécificité européenne, des systèmes sociaux et plus encore, de l’ambition européenne. La quête d’une autonomie stratégique européenne, engagée avec panache lors de l’agression américaine contre l’Irak, n’a pas eu de suite, elle parait aujourd’hui enterrée. Quel homme d’Etat européen s’est levé pour dénoncer la manipulation des « armes de destruction massive » que ne détenait pas Saddam Hussein, engager la quête et l’élimination au moins politique de ses auteurs ? Le processus continu qui faisait de l’euro la seconde monnaie de réserve mondiale, en passe de faire concurrence au dollar, est lui aussi interrompu ; le privilège de faire payer ses dettes par les autres ne doit pas être contesté ! Et d’ailleurs, quelques-uns des pays qui refusaient d’utiliser le dollar sont la cible désignée des prétendues « révolutions démocratiques » en cours ; c’en est fait, et pour longtemps, du projet de place régionale de la finance islamique. Qu’en sera-t-il du projet de place asiatique ?

    L’anesthésie stratégique dans laquelle sont plongés les Européens depuis un demi-siècle les empêche sans doute encore de reconnaître leurs vrais ennemis, et de compter leurs forces. La confusion du monde, qui n’oppose plus des Nations les uns aux autres, mais des systèmes de pouvoir, des réseaux ou des mafias, aux peuples en quête de leur autonomie, aux Nations en recherche de leur souveraineté, participe de cette apesanteur stratégique étendue. Sans doute pas par hasard. Et comment ne pas entendre la disparition du mot qui résume tout ce qui s’est appelé ici et pour nous liberté, souveraineté, capacité à choisir son destin, et à se donner ses lois, et qui se dit République ?

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 27 octobre 2011)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Mon traître...

    Disponible au Livre de poche,  Mon traître est un magnifique roman de Sorj Chalandon, dont nous vous vous recommandons la lecture. Amoureux de l'Irlande et sensible au combat de son peuple pour la liberté, l'auteur, qui a couvert le conflit nord-irlandais pour Libération, nous livre aussi une belle réflexion sur l'amitié et l'engagement.

    Vous pouvez lire en lien un entretien avec l'auteur : interview de Sorj Chalandon

     

    Mon traître.jpg

     

    "Mon Traître est l’histoire d’Antoine, luthier parisien qui découvre l’Irlande des violons. Il ne sait rien du Nord. Peu lui importe. Ses héros sont archetiers, grands luthiers de légende. La guerre n’est pas encore passée par lui puis, un jour, elle s’impose. Antoine va devenir Tony, pour les gens de Belfast, parce qu’il les verra vivre et souffrir et se battre. Et qu’ils l’aimeront en retour comme un fils. Et puis il y a Tyrone Meehan. L’Irlande est sa bataille. Il boit, il chante, il vous enlace, il vous prend le bras pour parler en secret. Il est engagé à jamais, sans que jamais rien ne le trahisse. Il est l’insoupçonnable. Tyrone donc, l’ami d’Antoine, son frère, son traître à lui. Tyrone n’est pas Denis (le personnage réel qui a inspiré Tyrone). Leurs regards se ressemblent pourtant. Sorj Chalandon n’est pas Antoine, leur douleur est pourtant la même. Denis Donaldson a été exécuté le 4 avril 2006, alors que Sorj Chalandon écrivait l’histoire de Tyrone Meehan. Il a été tué par une arme de chasse, dans le petit cottage familial qui le cachait. Nous ne savons pas qui tenait le fusil. Personne n’a été accusé ce jour."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Les médias : une école de servitude...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un entretien de Robert Ménard avec Dominique Jamet,  réalisé en début d'année 2011 pour la revue Médias. Comme l'indique cette revue, "il est un des rares, très rares, trop rares journalistes dont on peut écrire, sans risque d’être démenti, qu’il a du talent, des idées et du courage. Qu’il a toujours préféré ses opinions à son confort, ses convictions à sa réputation". Dominique Jamet évoque dans cet entretien la situation du journalisme en France.

     


    Dominique Jamet :"Les médias : une école de... par revue-medias

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • De la censure en France...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial d'Hervé Juvin, auteur du Renversement du monde (Gallimard 2010), publié sur son site personnel, Regards sur le renversement du monde.

     

    censure.png

     

     

    Censeurs, savez-vous bien ce que vous faites ?

    Ce n’est pas loin, 1976. Cette année-là, on a brûlé dans la cour du Palais de Justice, les bandes du film « L’Essayeuse », de Serge Korber, sur les plaintes d’associations familiales, en raison du caractère pornographique du film. C’était peu de temps après que le doux poète, André Hardellet, ait été condamné pour le livre « Lourdes Lentes » (publié en 1969, le livre fut condamné en 1973 par la 17è chambre correctionnelle pour « outrage aux bonnes mœurs ), au moment où le livre « Le Château de Cène », de Bernard Noël, lui aussi déclenchait les foudres des critiques et des ligues de vertu. Dans les mêmes années 1970, un grand et prestigieux éditeur français publiait, entre autres, « La Petite Marie» (1972), petit livre sous couverture bleue, racontant en termes choisis mais précis l’initiation d’une élève de treize ans par sa professeure et l’amant de celle-ci (1). Et qui se souvient des écrits de Tony Duvert, de Gabriel Matzneff et de tant d’autres ?

    Vingt-cinq ans plus tard, j’ai vu, sur une chaîne de télévision, à une heure de grande écoute, un film à peine coupé du même Serge Korber. Vingt-cinq ans plus tard, nul ne trouverait rien à redire sans doute à ce que le livre d’André Hardellet, celui de Bernard Noël, figurent dans des programmes d’enseignement ; mais il est clair que l’auteur, l’éditeur, les critiques favorables à « La Petite » seraient sans forme de procès embastillés, privés de défense et condamnés par l’opinion avant de l’être par la cour – pensez, une mineure de treize ans !

    Il faudra bien un jour écrire une histoire de nos sensibilités modernes, et prouver à une opinion incrédule à quel point les années, sur le même sujet, et sur les mêmes publics, condamnent ce qui était célébré, et célèbrent ce qui était condamné – en moins d’une génération ! Et il faudra aussi écrire l’histoire de la censure, pour montrer par quels procédés et par quels détournements ceux qui cultivent la haine du peuple et se défient des Français comme de la France, s’emploient à interdire aux Français de dire, de débattre et de décider. Un détour par les Etats-Unis, puritains si l’on veut, sidérés par les étalages de chair aux étalages de nos kiosques à journaux, mais qui titraient, en première page de USA Today, lors de la convention démocrate de Los Angeles, à Beverly Hills, en août 1999, « Est-il bon pour les Etats-Unis d’avoir un vice-Président juif ? » à propos de la désignation du sénateur Liebermann comme second d’Al Gore dans la course à la présidence (2), est significatif  ; une écoute de nouveaux arrivants musulmans, incrédules devant ce qu’ils ressentent comme une provocation sexuelle permanente, conscients de l’abandon de parts grandissantes du territoire aux mafias et aux clans, lucides devant le rôle des réseaux confessionnels dans l’organisation future de ces territoires, l’est tout autant ; et l’aveu récent de Chinois, hommes d’affaires multipliant récemment les allers-retours commerciaux sur la France, incrédules devant les plaintes portées contre des Préfets et des Ministres, et s’étonnant d’une population française bien étrangère à leurs représentations et à leurs attentes, confirme ce que suggère toute écoute d’une conversation de cantine professionnelle ou de table familiale ; « le renversement du monde » est aussi le renversement du domaine de la censure. La diversité humaine est devenue ce qu’était le sexe, ce qui ne se montre pas, ce qui se nie, ce qui se cache à tout prix. Censurer le politique pour débrider le commerce, voilà l’objet caché de la vertu moderne. Tout ce qui peut exciter, affamer, ou seulement réchauffer les désirs d’un consommateur saturé de sollicitations, est désormais autorisé ; et l’épuisement du plus fondamental des désirs humains, le désir sexuel, est programmé par sa sollicitation permanente et détournée vers son unique objet véritable ; le commerce et la banque. En revanche, et c’est le fait nouveau, tout ce qui peut arracher l’individu à sa condition de consommateur désirant sans fin, tout ce qui pourrait lui donner conscience d’une appartenance et d’un lien, d’une identité et d’une foi, d’une singularité et d’une autonomie, doit être interdit, banni et censuré. Vous êtes priés de ne pas penser, désirez seulement ! Le culte de l’indétermination de l’individu est présenté sous les couleurs chatoyantes de sa libération ; libéré de tout, même de lui-même, même de sa liberté et de son autonomie, l’individu isolé moins encore que désolé est livré à l’industrie de production du désir qui règne sans partage.

    Et voilà à quoi sert désormais la censure ; à empêcher que les Français disent ce qui leur importe, parlent de ce qui compte pour eux, et débattent des sujets politiques, c’est-à-dire de leur singularité, de leur circonscription et de leur projet. Passez, il n’y a rien à voir ! Interdit de voir, de compter et de nommer, en parler est déjà coupable ! L’instance mondialiste appuie à fond pour en finir avec la singularité française. Et voilà comment la France n’est plus le pays de la liberté de pensée, depuis qu’elle a laissé passé cette indignité qu’est une loi créant un délit d’opinion. Et voilà comment la France n’est plus une démocratie, depuis que ce qui fait la France et les Français ne peut plus être nommé, compté et désigné. Entre ce que disent les Français entre eux, sur les incivilités et l’insécurités, sur ce que signifie être Français, sur la nécessité d’introduire le droit du sang dans l’accès à la nationalité, sur leur confrontation à des mœurs, des comportements et des relations qui bafouent ce qu’ils ont appris être le Bien et le Vrai, moins du tiers est susceptible d’être exprimé en public, moins du tiers est susceptible d’éviter les foudres des ligues de vertu et des mouvements de dissolution de la France dans le grand tout mondialisé, globalisé et métissé qui habille si bien la haine de soi et des siens. 

    Chacun comprend l’intérêt des censeurs, qui garantissent des parts de marché à l’expression publique autorisée, qui assurent au capitalisme financier un recours illimité à l’esclavage et au trafic de main d’œuvre, qui confortent le pouvoir de mafias autoproclamées et autonettoyantes sur l’espace public médiatique, avec les rétrocommissions assurées. Mais attention ! Le réel se venge toujours. Il est grave que débat politique soit réduit au non-dit, aux sous-entendus, ou au déni. Il est grave que le débat d’idées soit arbitré par le juge, qui n’a ni qualité, ni légitimité, à déterminer ce que les Français peuvent dire, penser, et choisir. Ceux qui croient bon d’attaquer en justice un ministre ou un préfet, simplement parce qu’ils défendent la France et les Français, mesurent-ils l’affaiblissement de l’Etat et de la justice qui découle de ces parodies d’accusation, de défense et de jugement ? Les mensonges sur les vrais chiffres de l’immigration, sur ses coûts et ses avantages, quand ils contredisent si évidemment la réalité, détruisent la foi dans les comptes et les statistiques publics. Les mensonges sur la réalité des délocalisations et du libre-échange, la destruction de l’emploi industriel en France et les bénéfices qui en résultent pour les entreprises, détruisent la confiance dans la politique économique. Les mensonges de l’individualisme méthodologique opposés à l’évidence de la construction dans le temps d’un peuple et d’une Nation, notamment sur le nombre de générations qui font un Français, notamment sur le temps qui fait que tous, peut-être, seront de bons Français, mais dans vingt, trente ans, après quelles épreuves et quels errements !, le déni plus encore du droit des Français à savoir, à dire, et à décider, ne peuvent avoir qu’un effet ; le repli dans le malheur individuel d’abord, la violence de la dignité bafouée et de la survie menacée, ensuite. Ceux-là même qui entendent célébrer et la démocratie, et la République, doivent entendre le message que la démocratie américaine nous envoie ; il n’est aucune question, il n’est aucun sujet qui soit dans l’opinion qui ne puissent être exprimés, instruits, et débattus. Il est certainement des réponses, des propositions et des lois qui sont mauvaises, dangereuses, et qui doivent être refusées. C’est l’objet de la démocratie, et nul des bien pensants par tribu, des sachants par naissance et des autorisés d’eux-mêmes n’a qualité pour dire aux Français ce qu’ils doivent savoir, débattre, et déterminer. Contre la censure, contre le détournement du débat public, contre la confiscation de la démocratie, la tâche de ceux qui croient à la République, à la souveraineté du peuple, condition de l’autorité de l’Etat et de la justice rendue, est urgente, elle sera courageuse, c’est un nouveau combat de Libération qui requiert l’énergie la plus haute, celle de la liberté nationale. 

    Hervé Juvin (10 avril 2011)

    1 – L’éditeur s’appelait Gallimard… Ceux qui veulent prendre du recul sur l’hystérie contemporaine à propos des relations amoureuses entre adultes et mineurs liront avec intérêt l’affaire Gabrielle Russier, et plus encore les débats consacrés à la révision du Code pénal concernant la sexualité et l’enfance, en 1979, tels que le tome 2 consacré aux « Dits et Ecrits » de Michel Foucault ( Quarto, Gallimard), membre de la commission aux côtés de Guy Hocquengem, entre autres, en rend compte ( p. 763 et suivantes, par exemple ). 

    2 – pour conclure, après avoir présenté sur deux colonnes les arguments pour et contre, à l’intérêt pour le peuple des Etats-Unis, d’avoir à la vice-présidence un homme dont la vertu personnelle, la foi religieuse, la quête spirituelle et l’engagement communautaire garantissaient des valeurs fortes.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!