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jean-louis tremblais

  • Entre les lignes...

    Les éditions Erik Bonnier viennent de publier les souvenirs du journaliste de terrain Jean-Louis Tremblais intitulé Entre les lignes - Reportages de guerre et aventures de presse. Jean-Louis Tremblais a été grand reporter au Figaro Magazine de 1999 à 2023. Spécialiste des relations internationales, il a couvert plusieurs conflits pour son journal. Il a déjà publié, avec Jean Sassi, Opérations Spéciales, vingt ans de guerres secrètes (Nimrod, 2009).

     

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    "« Ce qui n’a jamais été publié » Jean-Louis Tremblais a été grand reporter au Figaro Magazine pendant 25 ans. Spécialiste de la politique étrangère, il a couvert plusieurs conflits pour son journal. Dans cet ouvrage, il a sélectionné une vingtaine de ses reportages sur les convulsions d’une planète en fusion : Kosovo, Cisjordanie, Afghanistan, Cachemire, Irak, Congo, Côte d’Ivoire, Somalie, Birmanie, Cambodge, Ukraine, etc. Il y a ajouté quelques aventures de presse n’ayant rien à voir avec la guerre mais dignes d’êtres racontées, parce que cocasses ou loufoques. « Le métier de journaliste consiste à passer la moitié de sa vie à parler de ce que l’on ne connaît pas, et l’autre moitié à taire ce que l’on sait », dit-il en citant son maître ès reportage, Henri Béraud, l’égal d’Albert Londres pendant l’entre-deux-guerres. C’est pourquoi il a décidé de publier ici, non pas le reportage tel qu’il est paru à l’époque, mais le « making of » de chaque sujet, ce qui s’est vraiment passé sur le terrain et que le lecteur n’a jamais lu, n’a jamais su. L’auteur ne se met pas en scène. Loin de là, car il n’est pas toujours à son avantage dans ces tribulations multiples et variées. Il raconte, tout simplement, ce qu’il faut faire pour « rapporter » l’information. Un témoignage de terrain, unique et vécu, pour comprendre le monde tel qu’il est..."

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  • Jean-Louis Tremblais : « Les USA, premier « État voyou » au monde ! »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Louis Tremblais à Nicolas Gauthier pour le site de la revue Éléments à l'occasion de la publication de ses souvenirs de reporter de guerre, Entre les lignes Reportages de guerre et aventure de presse (Erick Bonnier, 2025).

     

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    Jean-Louis Tremblais : « Les USA, premier « État voyou » au monde ! »

     

    ÉLÉMENTS. Votre livre lève le voile sur les dessous des rédactions parisiennes. Il y a ce que l’on a vu, mais qu’on ne peut révéler: pourquoi ?

    J-L TREMBLAIS : Ce livre m’a été inspiré par une citation d’Henri Béraud, grand reporter de l’entre-deux guerres, l’égal d’Albert Londres et de Joseph Kessel, Prix Goncourt 1922 pour Le Martyre de l’obèse. Dans le Flâneur salarié, qui rassemble ses souvenirs de reportages, il écrit cette phrase ô combien pertinente : « Le journalisme est un métier qui consiste à passer la moitié de sa vie à parler de ce que l’on ne connaît pas et l’autre moitié à taire que l’on sait ». Désormais libéré de mon devoir de réserve, puisque je ne suis plus en activité, j’ai décidé de ne plus « taire ce que je sais » pour reprendre la formule de mon maître Béraud. En effet, les limites inhérentes à la presse écrite (calibrage, pagination, bienséance, déontologie, etc.) sont pour moi abolies. Un reportage n’est jamais qu’un résumé présentable et publiable d’une expérience qui s’est inscrite dans la durée, avec ses hauts et ses bas. Une infime portion du vécu réel. Dix feuillets pour raconter plusieurs semaines de péripéties, c’est peu, on en conviendra. Le grand reporter n’est pas censé détailler ce qui s’est véritablement passé : les ratés, les échecs, les refus, les humiliations, les arrestations, les dérapages ou les débandades. Il est là pour témoigner d’un événement tout en occultant les dessous du récit, soit le cambouis de la machine Presse. C’est ce « non paru », ce « non publié », que j’ai souhaité faire revivre en contre-champ de chaque reportage, de sorte que le lecteur puisse lire « entre les lignes » (de front et/ou de prose) et découvrir les dessous du papier glacé, pas toujours héroïques, parfois ridicules, mais toujours humains.

     

    Devoir malgré tout composer avec l’idéologie dominante

    ÉLÉMENTS. Il convient également de ne pas heurter la doxa du moment. Votre ouvrage, où vous nous livrez les dessous de vos reportages, est-il à lire comme une sorte de séance de rattrapage ?

    J-L TREMBLAIS : La doxa dont vous parlez, autrement dit l’idéologie dominante, il faut faire avec, vous avez raison. Arriver à transmettre un message politiquement incorrect dans un article n’est pas toujours facile mais on y arrive plus ou moins, jusqu’au jour où le grand écart et le slalom géant deviennent trop éprouvants pour votre organisme vieillissant. Personnellement, j’avoue que la crise COVID et la guerre d’Ukraine (deux sujets où j’étais en désaccord avec ma direction, alignée sur le narratif officiel) ont été décisives dans mon choix de raccrocher les gants. On ne peut pas être et avoir été (« has been », dans la langue de Shakespeare). Et comme je suis « has been », je vous répondrai que cet ouvrage n’est pas une séance de rattrapage. Rattraper quoi ? Mon avenir n’est pas devant moi, mais derrière moi…

    ÉLÉMENTS. On aurait pu croire que la parole d’un reporter de guerre, qui risque sa vie sur le terrain, valait un peu plus que celle d’un confrère, souvent simple analyste de bureau se contentant de répéter ce qu’il a lu chez d’autres confrères et qui, lui, ne risque jamais rien d’autre que sa place. Le lecteur peut y perdre ses dernières illusions quant à la profession. Et vous, que reste-t-il de celles de vos débuts ?

    J-L TREMBLAIS : N’ayant jamais conçu d’illusions sur cette profession, j’ai la chance de n’en avoir jamais perdues. On ne peut pas vous déposséder de ce que vous ne possédez pas, n’est-ce-pas ? Quand je vois les « confrères » et « consœurs » qui se relaient sur les plateaux de LCI, BFM, Cnews et tutti quanti, je me pince pour savoir si je rêve. Ils/elles sont tous « spécialistes » de l’Ukraine ou du Proche-Orient alors que, pour les trois-quarts, ils/elles (ce n’est pas que je sacrifie à l’écriture inclusive mais le journalisme est aujourd’hui colonisé par la gent féminine) n’ont jamais voyagé plus loin que l’Assemblée Nationale ou les studios de Beaugrenelle-Billancourt. Le summum, c’est quand on leur demande un avis technique sur le missile machin ou le blindé trucmuche. Et qu’ils répondent ! Sans vergogne et avec aplomb, qui plus est ! Alors que nul d’entre eux, nul d’entre elles, n’a entendu siffler une balle à ses oreilles, si ce n’est une balle de tennis… Le journaliste contemporain est un perroquet apprivoisé qui ne pense qu’au cachet, au salaire, à la notoriété et à la célébrité. Au fric et à la frime, pour résumer. Si j’ai choisi le métier de grand reporter (distinct de celui de journaliste), c’est justement pour fuir ces Rastignac de rédaction. Or quel était le seul endroit où on était sûr de ne pas les croiser ? Dans les zones de guerre, évidemment, là où on n’a rien à gagner, mais que des coups à prendre.

     

    « La vérité de la vérité, c’est la guerre », affirmait Michel Foucaut

    ÉLÉMENTS. Puisqu’il s’agit de ne rien cacher aux lecteurs d’Éléments, autant dire la vérité : je vous ai connu au siècle dernier, dans ce que l’on peut nommer la « presse dissidente ». Ce qui m’avait marqué chez vous, c’était une sorte de misanthropie assez célinienne. Après plus de vingt-cinq ans de métier, passés dans des conditions pour les moins inconfortables, désespérez-vous toujours autant de l’âme humaine ?

    J-L TREMBLAIS : Oui, nous étions des dissidents et des précurseurs. Nous avions raison sur tout, mais trop tôt. Et les « autres » ont gagné, ceux qui sont aux commandes. C’est pour cette raison que ni vous ni moi ne présentons le JT de 20 heures, que vous faites des piges pour Éléments et que je fais des livres qui ne se vendront pas (rires) ! Ce que j’ai constaté au cours de mes pérégrinations, c’est que, quelle que soit la longitude ou la latitude, l’être humain n’aime rien tant que faire du mal à son prochain, souvent plus par plaisir que par besoin. Depuis l’époque des cavernes, il excelle en ce domaine. Michel Foucault l’énonçait en ces termes : « La vérité de la vérité, c’est la guerre. » Le reste n’est que littérature. Le comble, c’est que le bipède ne se comporte pas mieux dans la paix. On le voit bien dans nos sociétés occidentales, gavées et châtrées. La violence et la cruauté y sont même plus pernicieuses : État rapace et vorace, lutte des classes et des races, exclusion des pauvres et des faibles, mort des campagnes, etc. En somme, « les hommes sont lourds », comme disait Céline…

    ÉLÉMENTS. Toujours à propos de l’humanité, une chose me frappe dans votre ouvrage, c’est que grande est l’impression que, de l’Afrique noire au Sud-Est asiatique, du Maghreb jusqu’au Machrek, les idéologies ne sont finalement que des habillages et que les appartenances ethniques, tribales, religieuses et culturelles finissent tôt ou tard par reprendre le dessus. Mais peut-être vous ai-je mal lu ?

    J-L TREMBLAIS : Vous avez très bien lu, dans et « entre les lignes ». Les Néandertaliens se défonçaient à coups de massues et de casse-têtes pour le contrôle d’un feu, d’une femme ou d’un cuissot de mammouth. Au moins, c’était clair et net. Rien n’a changé depuis sauf qu’on a effectivement « habillé » cet instinct de mort avec des idéologies. Pour justifier l’injustifiable. Or les idées sont fluctuantes et dépendent des modes. En revanche, les haines ancestrales, tribales ou ethniques, culturelles ou religieuses, ne varient pas d’un iota. Elles donnent le tempo du carnage, toujours.

     

    Le rôle mortifère des ONG

    ÉLÉMENTS. Pareillement, vous paraissez en avoir soupé, de la dose quotidienne de moraline humaniste. À ce propos, quid du rôle des ONG, censées soulager les peuples en proie aux guerres civiles, mais dont on est en droit de se demander si elles ne sont pas les épigones de puissances étrangères. En d’autres termes, il n’y a pas que des hommes des services secrets dans ces officines humanitaires, mais tous les hommes des services secrets y sont. Simple vue de l’esprit ?

    J-L TREMBLAIS : Je vais user d’une métaphore zoologique : les ONG sont aux guerriers ce que les rémoras sont aux requins. Elles se nourrissent des restes du prédateur, dans une symbiose parfaite. Savez-vous qu’on en recense dix millions dans le monde, selon le chercheur Thomas Davies dans Routledgge handbook of NGOs and International Relations ? Avant d’être un faux-nez pour les barbouzes (parfois mais pas toujours), c’est d’abord une remarquable entourloupe. Sous couvert de faire le bien, l’« humanitaire » roule en 4X4 et vit en nabab (souvent servi par des boys indigènes), son salaire étant payé par les donateurs privés ou par les subventions publiques. Je connais bien ces parasites qui, sur place, frayent entre eux dans leurs villas de luxe, sans se mélanger, tout en tenant des discours tiers-mondistes et progressistes : « Aimez-vous les uns les autres. Mais nous, on s’aime entre nous ! » Et quand ces bons-à riens prétentieux rentrent chez eux, c’est pour se pavaner avec l’aura du baroudeur et le prestige du bienfaiteur. Une engeance !

    ÉLÉMENTS. D’ailleurs, à en croire le simple exemple du Rwanda, dans la région des Grands lacs, ces mêmes ONG et leurs complices médiatiques semblent avoir tout mis en œuvre pour désigner la France comme complice des massacres entre Hutus et Tutsis. Mais il est vrai que cette partie du monde abrite des trésors en ses sous-sols. Soit de quoi provoquer nombre de convoitises. Mais pourquoi faut-il que cette vulgate soit reprise par nos médias ? À part Hubert Védrine, il ne s’est pas trouvé grand monde pour venir au secours de l’honneur de nos soldats qui, à en croire le colonel Jacques Hoggar, ont pourtant tout mis en œuvre pour éviter ces massacres…

    J-L TREMBLAIS : L’affaire du Rwanda est un cas exemplaire de désinformation. Pendant quatre ans, avant le massacre de 1994, la France a tout fait pour empêcher cet holocauste, notamment en y dépêchant des forces spéciales. Objectif : éviter la descente des Tutsis, qui faisaient partie de l’armée ougandaise (anglophone), vers Kigali. Car nos services secrets savaient qu’un génocide était programmé. L’armée française a rempli sa mission, mais son chef (selon la Constitution de 1958) était le Président de la République. Or, François Mitterrand venait de lancer sa croisade contre la « Françafrique » et ne jurait plus que par l’effacement de notre mainmise-présence sur le continent africain. Il a donc interdit à l’état-major de faire le nécessaire, ce qui était militairement réalisable, mais ne serait pas passé inaperçu. C’est donc justement parce que nos soldats ne sont pas intervenus (veto de l’Élysée) que le pire a eu lieu. Erreur dont les Américains, qui soutenaient l’Ouganda et les Tutsis, ont profité, faisant d’une pierre deux coups : évincer Paris de la région des Grands Lacs et faire main basse (via le Rwanda de Paul Kagame) sur les richesses minières de cette région limitrophe avec la République démocratique du Congo. Nos médias, qui se complaisent dans le mea culpa et la mauvaise conscience post-coloniale, ont fait ce qu’ils font le mieux : taper sur la France, responsable de tous les maux et les vices de l’Afrique, comme il se doit… Sous le regard extatique de Washington et des multinationales anglo-saxonnes. CQFD.

     

    Quid de notre pré carré africain ?

    ÉLÉMENTS. Toujours dans le même registre, la France vient d’être chassée de son « pré carré africain ». Défaite ou bon débarras ? Les Russes et les Chinois paraissent nous remplacer. Bonne ou mauvaise nouvelle pour les Africains ?

    J-L TREMBLAIS : Il n’y a pas eu défaite puisqu’il n’y a pas eu combat. Les pays qui nous expulsent ne sont forts que par nous sommes faibles. Il eût suffi d’une compagnie de Légion à Ouagadougou pour calmer les esprits et mater les putschistes. À la chicotte et sans même sortir un calibre. On n’est pas partis, on s’est couchés. Position qu’affectionne Emmanuel Macron ; tout le monde sait ça. Ce pourrait être un « bon débarras » si nous étions cartiéristes, « La Corrèze plutôt que le Zambèze », affirmait jadis le journaliste Raymond Cartier. Hélas, je crains que nous refassions les mêmes erreurs qu’avec l’Algérie en 1962 : on continuera de payer pour des gens qui nous crachent dessus. En sexologie, ceci porte un nom : c’est le masochisme, la jouissance dans la douleur, la soumission et l’humiliation. En politique, on appelle ça la décadence et la lâcheté. Quant aux Africains, ils ont commencé à s’en apercevoir avec les mercenaires de Wagner et Africacorps, je ne suis pas certain qu’ils aient gagné au change. Ils reviendront vers nous, comme des enfants penauds reviennent chouiner vers papa/maman mais ce sera trop tard : la France n’existera plus.

    ÉLÉMENTS. L’africaniste Bernard Lugan affirme que la pire erreur qu’on puisse faire à propos de ces populations consiste à les considérer comme des « Européens pauvres », alors qu’ils participent d’une autre culture et que là-bas, l’opposition récurrente se situe plus entre paysans et éleveurs qu’entre Africains démocrates et Africains autoritaires. Et le même d’affirmer que s’il a parfois défendu la colonisation quand elle était attaquée de manière injuste et stupide, ce fut malgré tout une erreur majeure d’aller bouleverser les mœurs de ce continent dont la culture n’est finalement pas plus incongrue que celle des occupants. Après tout, le polythéisme africain n’est pas plus incongru que le folklore panthéiste professé par les francs-maçons…

    J-L TREMBLAIS : J’adhère totalement aux thèses de Bernard Lugan, le meilleur de nos africanistes. Les Français ont une vision tronquée de l’Afrique, transposant là-bas nos mentalités et nos traditions. C’est objectivement une forme de néo-colonialisme, porté par les ONG précitées, les médias grégaires et nos diplomates du Quai d’Orsay (les « danseurs de claquettes » de Sciences Po, selon l’expression de mon ami Lugan). Ce qui se joue depuis toujours sur le continent africain, c’est la lutte pour les terres (et donc pour la survie) entre, d’une par les pasteurs nomades, et d’autre part, les agriculteurs sédentaires. Les peuples de la lance et de la vache contre les peuples de la glèbe et de la houe. C’est ce décryptage qu’il faut appliquer au Rwanda (Tutsis contre Hutus) ou au Mali (Touaregs contre Bambaras), par exemple. Les frontières ou les idées n’y ont aucune espèce d’importance. Je vous rejoins lorsque vous déplorez ce qu’on appelait le « fardeau de l’homme blanc » sous la Troisième république République, j’entends par là notre obsession – celle de la gauche, façon Jules Ferry – à vouloir exporter et imposer nos mœurs, us et coutumes à des peuplades qui avaient déjà les leurs. C’est le péché originel de la République française, que nous payons au centuple aujourd’hui…

     

    Israéliens et Palestiniens : tous terroristes !

    ÉLÉMENTS. Quid des Américains, qui distribuent les bonnes notes, jugeant que tel ou tel État est « voyou » ou ne l’est pas ?

    J-L TREMBLAIS : Les Américains ? « Vaste programme », comme répondit un jour le Général de Gaulle à un ministre qu’i l’exhortait à « s’occuper des cons »… De qui parle-t-on ? Des vrais, à savoir les Amérindiens, peuples libres et fiers, ceux qui vivaient dans les grandes plaines, sans contraintes ni entraves, avant l’arrivée de l’homme blanc ? Ou de ceux qui les ont exterminés, avec le fusil et l’alcool, en moins d’un siècle, c’est-à-dire tous les rebuts de l’Europe (de la prostituée ostracisée au prédicateur excommunié, en passant par le forçat ou le convict proscrits), au nom de la Bible et de la « destinée manifeste » ? Qui est le « voyou » dans cette affaire ? Pour moi, « les » voyous sont les États-Unis, cette entité monstrueuse sans passé ni ADN, faite de bric et de broc, enfantée dans la douleur et la violence (vol des terres, extermination des indigènes, commerce triangulaire, traite des Noirs, esclavage des plantations, guerre de Sécession, culte du pétard et de la potence, loi du Talion, etc.), qui ose désormais faire la morale à la planète. C’est cette nation qui règne sur la moitié du monde depuis 1945 et sur son entièreté depuis 1989 (la chute de l’URSS) ! C’est cette nation qui fait le catéchisme et décrète qui sont les « good guys » et les « bad guys » ! C’est cette nation qui est l’arbitre des élégances morales ! Et ce, alors que toutes les guerres menées par Washington depuis celle de Corée sont hors-la-loi. Pour ces cowboys enrichis et surarmés, le droit international n’existe pas. Toutes leurs interventions militaires le démontrent, du Vietnam à Panama, de la Serbie à l’Irak, en passant par l’Afghanistan. Il n’y a qu’un seul « État-voyou », le capo di capo, le parrain des parrains, le cador du mitan, le serial-killer de l’Histoire (souvenez-vous d’Hiroshima et Nagasaki), c’est l’Oncle Sam.

    ÉLÉMENTS. Il ne vous a pas échappé que la question israélo-palestinienne est au cœur de l’actualité. Là encore, on évoque le terrorisme du Hamas, qui est avéré. Mais quid du terrorisme d’État, celui d’Israël, qui a récemment bombardé un État souverain, le Qatar ? D’ailleurs, dans cette région du monde, les peuples qui la composent n’ont-ils pas été, à un moment ou à un autre, des terroristes avant de fonder des États constitués ?

    J-L TREMBLAIS : Non seulement cela ne m’a pas échappé mais je n’en peux plus de vivre à l’heure de cette « chikaya » familiale, sur laquelle le monde, en général, et la France, en particulier, se focalisent. J’ai l’impression de vivre entre la Judée et Gaza, alors que j’habite dans les monts du Lyonnais ! Dans le pays du « tablier de cochon », cette spécialité gastronomique et identitaire que je vous recommande, à moins que votre confession vous l’interdise, bien sûr… Peu me chaut, à moi, que des cousins brouillés (la tribu d’Ismaël – les Arabes – contre celle d’Isaac – les Juifs –, cf. le Pentateuque et le chapitre relatif à Abraham) s’étripent pour des oliviers, des chevrettes et des mers mortes. J’ai effectué une dizaine de reportages en Israël et en Cisjordanie (et aussi dans la bande de Gaza). Ma conclusion : il n’y a aucune solution pacifique tant le contentieux est multiforme (embrouilles bibliques, tracé des frontières, statut de la Ville Sainte, incompatibilités religieuses, etc.). Terrorisme ? Si les Juifs ne l’avaient pas pratiqué après-guerre (je pense aux groupes armés sionistes comme l’Irgoun ou Stern), jamais ils n’auraient pu chasser les Anglais qui administraient la Palestine et les Arabes qui y habitaient. En face, les autres ne valent pas mieux, surtout depuis la radicalisation de l’Islam et la régression que cela induit. En réalité, on a affaire à un conflit entre des fanatiques possédés par une conception dévoyée de leur Dieu. Mais il ne faut jamais oublier que le litige premier est purement territorial : au nom de la Shoah, on a légitimé la création ex nihilo d’un État israélien et l’expropriation manu militari des Palestiniens. À cet égard, j’aime à citer Cioran dans L’inconvénient d’être né : « Hitler est sans aucun doute le personnage le plus sinistre de l’Histoire. Et le plus pathétique. Il a réussi à réaliser le contraire, exactement, de ce qu’il voulait, il a détruit point par point son idéal. »

    Jean-Louis Tremblais, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 24 octobre 2025)

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  • Guerre dans l'espace...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°52, juillet - août 2024), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à la guerre dans l'espace.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    Le sang et l'eau, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    La Grèce piégée par un territoire, dont l'importance géostratégique dépasse sa capacité de défense. Entretien avec Georges Prevelakis

    IDÉES

    Guerre juste, guerre sainte : le retour ?, par Jean-Louis Tremblais

    PORTRAIT

    Dans la tête de Susle Wiles, le cerveau de Trump, par Alexandre Mendel

    Andreï Belousov, le McNamara russe, par Eugène Berg

    ENJEUX

    Royaume-Uni : un Trafalgar militaire , par Maximilien Nagy

    Dans l'arène du Grand Jeu africain, par Pierre d'Herbès

    Les mathématiques, un enjeu de puissance, par Jean-Marc Holz

    Géopolitique des territoires français : centralisation à tous les étages, par Gérard-François Dumont

    REPORTAGE

    Embarqué avec le brise-glace L'Astrolabe qui veille sur les terres Australes et Antarctiques françaises, par Jean Bexon

    GRANDE STRATÉGIE

    Babylone : la puissance du mythe, l'empire des rêves, par Guy-Alexandre Le Roux

    HISTOIRE BATAILLE

     

    DOSSIER

    Espace

     

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    RIEN QUE LA TERRE

    EN MER

    CHEMINS DE FRANCE

    CARTE MAÎTRESSE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

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  • Les crimes de guerre alliés : la mémoire effacée...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier consacré aux crimes de guerre des Alliés pendant la deuxième guerre mondiale, des articles variés et les rubriques habituelles : actualités, interview, mémoire des lieux, portrait, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

     

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    EXPOSITIONS

    ENTRETIEN 
    Jacques Villemain : « Le génocide vendéen était un projet politique soigneusement préparé »

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Le château du Haut-Koenigsbourg

    PORTRAIT 
    Julien, l'empereur apostat

    A L’ÉCOLE DE L'HISTOIRE 
    Tite-Live ou le roman national romain

    GÉOPOLITIQUE
    Il y a 25 ans, l'Otan bombardait la Serbie

     

    DOSSIER
    Les crimes de guerre des Alliés

     

    DE PORT-SAÏD À ALGER
    La rupture de confiance entre l'armée et les politiques

    LE VIN GAULOIS
    La consommation de vin en Gaule préromaine

    1914, LES ALLIANCES MILITAIRES
    jettent l'Europe dans la guerre

    HISTOIRE POLITIQUE
    Le Cartel des gauches

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    19 juillet 1747, la bataille de l'Assietta

    TABLEAU 
    Socialisme et choléra, par Horace Vernet

     

     

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  • La Pologne : bouclier de la défense européenne ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°51, mai - juin 2024), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à la Pologne.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    Le retour de l'ennemi, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    Au Québec, le retour des Bleus dans la vie politique ? Entretien avec Etienne-Alexandre Beauregard

    IDÉES

    Indépendance ou souveraineté ? Ce qu'Aristote et Bodin nous ont appris de la souveraineté, par Thibaut Gress

    PORTRAIT

    Victoria Nuland, la chute du faucon, par Michel Chevillé

    ENJEUX

    Comment la Chine maintient la Russie en activité , par Yanmei Xie et Thomas Gatley

    Nauru : du Capitole à la roche Tarpéienne, par Antoine-Baptiste Filippi

    L’Équateur en guerre contre les Narcos, par Michel Faure

    En Colombie, quand l'ONU tente de remplacer la coca par le café, par Jean-Louis Tremblais et Erick Bonnier

    La France dangereuse, par Jean-Marc Holz

    GRANDE STRATÉGIE

    La grande stratégie du Portugal, par Olivier Kempf

    GRANDS CAPITAINES

    Blenheim (13 aout 1704). Tonnerre sur le Danube, par Pierre Royer

     

    DOSSIER

    Pologne

     

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    HISTOIRE BATAILLE

    CARTE MAÎTRESSE

    CHEMINS DE FRANCE

    GÉOMORPHOLOGIE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

     

     

     

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  • La guerre d'Indochine...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier consacré aux États-Unis, un pays en état guerre quasi-permanent, des articles variés et les rubriques régulières : actualités, interview, mémoire des lieux, portrait, histoire politique, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

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    EXPOSITION

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Le château de Wewelsburg

    DE L'HISTOIRE 
    Polybe et la puissance romaine

    GÉOPOLITIQUE
    La Syrie toujours occupée

    ENTRETIEN 
    Michel de Jaeghere

    DOSSIER
    la guerre d'Indochine (avec des articles d'Ivan Cadeau, Jean-Louis Tremblais, Rémy Porte, Paul Cherrier, Marie-Danielle Demélas, Paul Villatoux, Sylvain Roussillon, François Cochet)

    DÉCOUVERTES
    A la racine divine de l'autorité

    François Ier est-il un roi maudit ?

    HISTOIRE POLITIQUE
    Les ligues antisémites à l'aube du XXe siècle

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    16 mai 1364 : la bataille de Cocherel

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    La bataille de Marengo

    CINÉMA 
    Les trois Mousquetaires

    CONSEILS DE LECTURE

     

     

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