Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

indo-européens - Page 7

  • Le burkini et la statuaire européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul-Georges Sansonetti, cueilli sur Nice Provence Info et consacré à la question du burkini sous l'angle civilisationnel.

    Spécialiste de littérature et de mythologie, Paul-Georges Sansonetti a été chargé de conférences à l’école pratique des Hautes-Etudes. Il est notamment l'auteur de Chevaliers et dragons (Porte Glaive, 1995).

    Statuaire_europe.jpg

    Le burkini et la statuaire européenne

    L’affaire du burkini est symptomatique du choc de civilisations que nous vivons, même si cette confrontation se voit quotidiennement niée par ceux-là mêmes qui, sociologues, politiques ou agents des médias sont en première ligne pour en percevoir toute l’acuité. Comme on le sait, le burkini – vêtement de bain d’invention récente – recouvre entièrement le corps de la baigneuse musulmane, des talons jusqu’au sommet de la tête. Seuls, les pieds, les mains et le visage entrent en contact direct avec l’eau. Il s’agit de protéger le corps de la femme et, donc, sa pudeur, contre des regards supposés concupiscents ou relevant d’un voyeurisme banal sinon instinctif. C’est vrai qu’ainsi enveloppée celle qui s’avance dans la mer ne risquerait pas de provoquer un accès de lubricité chez le célébrissime loup de Tex Avery.

    Si entrer dans l’eau tout habillé s’impose en tant qu’exigence incontournable d’une religion, qu’il en soit ainsi mais sa pratique ne saurait s’inscrire, surtout à des fins prosélytes (comme cela a été dit), dans les piscines publiques ou les plages. Cacher son corps au contact de l’eau énonce un fait capital : c’est une façon d’interpréter le vivant qui, indéniablement, n’a rien à voir avec l’héritage esthétique et spirituel issu de la Grèce ancienne, de Rome mais aussi de la Gaule et d’autres peuples indo-européens. En effet, la nudité, loin d’avilir l’individu à partir du moment où on lui confère une signification symbolique, nous allons y revenir, transcrit une notion d’hommage à la Création conçue par le vouloir divin. Avant d’aller plus loin, rappelons que, dans le contexte civilisationnel arabe, la représentation du corps humain n’est pas souhaitée et même déconseillée.

    Il est dit qu’Allah est un musavir, autrement dit un « créateur », terme qui désigne aussi un « peintre ». D’où la crainte d’imiter Dieu en représentant un visage ou une silhouette humaine. On sait que Mahomet lui-même a détruit des idoles à la Mecque mais aurait épargné une figure de la Vierge à l’enfant. Toujours est-il que l’image ou la contemplation du corps d’une personne ne doit pas devenir un sujet d’admiration et de louanges. En un mot, on ne peut exalter ce qui est beau car ce serait faire passer cet objet avant le Créateur et, de la sorte, perçu comme blasphématoire. Pour user d’un terme à la mode dans le monde journalistique, là se trouve un clivage méritant le qualificatif d’irréductible. L’Islam écarte donc la représentation corporelle de son espace sociétal alors que, tout au contraire, l’Européen en multiplie les représentations. De par l’héritage grec, l’image d’un corps dénudé ne répond pas à on ne sait quel érotisme exhibitionniste mais à la volonté de valoriser la beauté que présente – du moins sous sa spécificité de souche européenne – l’espèce humaine. Et pourquoi rejeter la beauté inscrite dans le vivant ?

    D’autant plus que le corps humain est construit selon les proportions du fameux « nombre d’or » présent partout dans la nature, à croire que la Création procède d’une intelligence faisant se conjoindre mathématiques et harmonie(1).

    Tout l’art grec résulte de ce principe, qu’il s’agisse d’une statue ou d’un temple.

    Cette passion de la perfection qui, dans le contexte de la sacralité grecque, s’impose comme une référence au principe apollinien, poussera les sculpteurs du siècle de Périclès et, plus tard, leurs continuateurs à conférer aux visages sculptés un angle facial de 90° que ne possèdent que rarement, pour ne pas dire jamais, le représentants de notre humanité (en Europe, l’angle facial le plus rapproché avoisine 88°). Selon le Grand Larousse (édition de 1930, précisons-le), il s’agissait, par cet angle de 90°, de transcrire morphologiquement, je cite, « la majesté, l’intelligence et la beauté »(2).

    Lors de la Renaissance, les artistes s’inspirèrent prioritairement de la statuaire grecque. Ainsi, l’une des plus célèbres statues de cette période, le David de Michel Ange, est un exemple de physique parfait tandis que son profil est construit à partir de l’angle de 90°.

    Plus proches de nous et pour rester dans l’actualité aquatique, on pourrait mentionner de nombreuses représentations de naïades. N’en choisissons que deux. L’éblouissante « Danaïde » d’Auguste Rodin (1840-1917) (illustration à la une) et celle d’un remarquable artiste genevois, James Pradier (1790-1852), occasion de rappeler son souvenir. Sa superbe baigneuse est, en elle-même, un hymne à la féminité (voir ci-contre).

    Au passage signalons que, durant notre Moyen Âge européen, le christianisme a conservé précieusement le projet grec selon lequel toute beauté procède du divin. Parfaite illustration de cela, la représentation du Christ au portail de la cathédrale d’Amiens. En découvrant sa physionomie, on comprend pourquoi il fut désigné comme « le Beau Dieu ».

    Pour nous résumer disons que les peuples (indo-)européens ont toujours fait en sorte que la recherche passionnelle du beau et sa réalisation soient parties prenantes de leur environnement et reçoivent le statut d’intermédiaire entre l’humain et le divin(3). Or cette perception du beau passe par la physiologie ; et ce, d’autant plus que la maîtrise d’un territoire et la défense qu’il nécessite ne peuvent s’accomplir durant tant de générations – s’accumulant sur des millénaires – sans une somme d’efforts modelant le corps. L’individu qui, de façon continue, se confronte musculairement à la matière, finit par acquérir une plastique impeccable. Il devient ainsi lui-même une œuvre d’art… inépuisable sujet d’inspiration pour le sculpteur ou le peintre.

    L’homme et, bien entendu, la femme sont omniprésents dans l’ornementation du cadre de vie des Européens. Du reste, les musées mais aussi les lieux publics en témoignent abondamment. Avant que l’art contemporain, sous l’effet d’une pathologie équivalente au « Grand Remplacement », se mette à rejeter l’harmonie corporelle, l’être occidental a multiplié les chefs d’œuvres magnifiant, sous le triple signe de la force, de l’élégance et de la grâce, l’ensemble anatomique nous constituant.

    De telles réalisations ne pouvaient évidemment éclore en terre d’Islam. Il ne s’agit pas, on l’aura compris, de porter une critique envers ce courant de civilisation mais de constater qu’existent des perceptions totalement différentes du monde et qu’il faut renoncer au plus vite à tenter de faire cohabiter et même, comme le souhaitent certains humanistes « hors sol », à pousser à la fusion, des sociétés aussi antinomiques(4). Pareil projet relève de l’utopie ou d’une irresponsabilité frôlant la maladie mentale(5). Ces jours-ci, on parle beaucoup, du côté de Bordeaux, d’« identité heureuse ». Mais les identités ne seront « heureuses » et se respecteront mutuellement – ce que nous souhaitons tous ! – que lorsque chaque peuple pourra retrouver ou, plus exactement, aura spirituellement reconquis, l’homogénéité de son ethno-culture.

    Paul-Georges Sansonetti (Nice Provence Info, 30 août 2016)

    Notes

    (1) On pourra se référer à ce propos à notre éditorial intitulé « L’appartenance, la forme et le centre » du 26 novembre 2014.
    (2) Article précisément intitulé « angle facial ». Dans l’édition du Petit Larousse de 1988 on pouvait encore lire (p. 401, au mot « facial », cette fois) que cet angle « est plus ou moins ouvert selon les groupes humains ». Mais plus rien (ni à « angle », ni à « facial ») dans l’édition de 2003.
    (3) Outre le monde indo-européen, signalons que dans l’ésotérisme hébraïque, le mot Tiphéreth, signifiant « Beauté », prend place au cœur d’une structure médiatrice entre le domaine (limité par la matière et le temps) de l’humain et celui, infini, du divin.
    (4) Le nouveau maire musulman de Londres, Sadiq Khan, s’est empressé de tenter de faire interdire dans le métro de la capitale les affiches représentant des femmes au corps « irréalistes » selon lui. En fait toute représentation de la femme. Bizarrement la classe politique bien pensante au complet qui avait applaudi l’élection de ce maire musulman, s’est tue lors de cette décision.
    (5) Jugement déjà formulé dans notre article « Les bachi-bouzouks et Toutatis » du 7 août 2016.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Retour sur le parcours intellectuel d'Alain de Benoist...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au Cercle Kritik, dans lequel il revient sur son parcours intellectuel...

    Le Cercle Kritik se décrit comme l'alliance d'un afficionado de Georg Lukàcs et d'un adepte de Friedrich Hayek "mettant de côté leurs divergences sur des questions périphériques pour focaliser leurs attaques et leurs critiques sur un point central : la social-démocratie et la domination de la rente parasitaire; éteindre la démesure des abstractions financières, et redonner sa primauté à la sphère de la production réelle".

     

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (108)

     

    Artillery observer.jpg

     

     Au sommaire cette semaine :

    - dans la lettre Communication & Influence, Frédéric Pichon, historien arabisant, spécialiste du proche-orient, décrypte les opérations de désinformation et de manipulation qui ont été mises en œuvre contre l'Iran et la Syrie au cours des dernières années...

     

    Frédéric Pichon.jpg

    - sur Youtube, Romain Filstroff dit Linguisticae fait une présentation didactique et dynamique des langues indo-européennes et des différents proto-peuples indo-européens...

    Les langues indo-européennes

    D'où viennent les Indo-européens? - Les cultures archéologiques

    Kernosivka.jpg

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Le Dieu fou...

    Les éditions Les belles Lettres viennent de publier un ouvrage de Bernard Sergent, intitulé Le Dieu fou - Essai sur les origines de Siva et Dionysos. Chercheur au CNRS,  docteur en histoire ancienne, président de la Société de Mythologie Française, Bernard Sergent est spécialiste des Indo-Européens et est notamment l'auteur de Les Indo-Européens - histoire, langue, mythes (Payot, 1995) et de Celtes et Grecs - Le livre des héros et Le livre des dieux (Payot, 2000 et 2004).

     

    Dieu fou.jpg

    " Ce livre revient sur une comparaison entre deux grands dieux, l'un, grec, Dionysos, l’autre, indien, Śiva. En tenant compte des travaux antérieurs et en apportant un nouveau matériel, l’auteur montre que ces deux figures remontent à une seule et même, celle d’un dieu auquel sont attribués tous les excès (débauche, consommation d’alcools ou de drogues, etc.). Ce dieu lié au monde des morts entraîne ses fidèles et adorateurs au-delà des limites communément admises par la société. Dionysos et Śiva possèdent un grand nombre de mythes en commun, et globalement ce qui est dit en Grèce ancienne de Dionysos était dit de Śiva en Inde ancienne et médiévale.
    La recherche comparative révèle que d’autres figures divines chez les Germains, les Baltes, les Anatoliens, les Thraces, les Phrygiens, les Celtes se rattachent à Dionysos et Śiva. Cela confirme que Śiva et Dionysos représentent un héritage religieux indo-européen. Inde et Grèce se caractérisent, par rapport aux autres nations de langue indo-européenne, par l’extrême richesse du matériel qu’elles offrent.
    C’est donc tout un pan de l’idéologie indo-européenne qui se distingue et se met ici en exergue. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Les origines nordiques de l'Iliade et de l'Odyssée...

    Les éditions astrée viennent de publier un ouvrage de Felice Vinci intitulé Homère dans la Baltique - Les origines nordiques de l'Odyssée et de l'iliade, avec une préface d'Alain de Benoist. Ingénieur nucléaire, passionné par l’œuvre d'Homère, Felice Vinci a publié ce livre après plusieurs années de recherches, en particulier sur le terrain.

     

    Vinci_Homère.jpg

    " Le livre de Felice Vinci résout une question qui a depuis longtemps intrigué les spécialistes de la période homérique : comment se fait-il que les nombreuses et précises indications géographiques données par Homère ne semblent pas du tout correspondre avec le monde méditerranéen ? S’il est impossible de reporter les aventures d’Achille et d’Ulysse sur une carte de la Méditerranée, c’est peut-être parce que celles-ci se sont déroulées bien plus au nord, dans le monde de la Baltique et de la mer du Nord...

    « Je viens de lire votre livre et je suis profondément impressionné. Vos argumentations géographiques et météorologiques sont très fortes, et je prévois que, après la période habituelle d’hésitation, les spécialistes de l’antiquité classique les accepteront » (Theo Vennemann, Université de Munich) "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (102)

     

    Soldat somalien.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Le Monde, Audrey Garric aborde avec brio la question du statut de la nature dans notre société...

    La nature, un bien marchand ?

    Forêts Europe.jpg

     

    - sur Diploweb, Alexandre Andorra analyse finement la politique des Etats-Unis à l'égard de l'Europe...

    L’Europe vue des Etats-Unis : ou comment s’assurer que l’UE ne soit ni un complet échec ni un franc succès

     

    Etats-Unis_UE.jpg

    - sur Sputnik, on peut découvrir une évocation des travaux de recherches menés dans des universités anglaise et portugaise sur les origines indo-européennes des contes de Grimm...

    Les contes européens sont bien plus anciens qu'on ne le croit

     

    Contes de Grimm.jpg

    - sur Le Monde, Alain Finkielkraut répond aux question du journal dans le cadre d'un dossier consacré à l'omniprésence des méchants intellectuels néo-réactionnaires...

     

    Alain-Finkielkraut.jpg

     
     
     

     

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!