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guillaume travers

  • Vers la fin de la suprématie occidendale...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°211, décembre 2024 - janvier 2025) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à la fin de la suprématie occidentale, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Stephen Mennell, Henry Laurens, Auron MacIntyre ou Emmanuel Lincot...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Michel Marmin et de Julien Rochedy...

     

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    Au sommaire cette semaine :

    Éditorial
    Dépolitisation, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Stephen Mennell : « Les USA ont une perception faussée d’eux-mêmes et du monde », propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches
    L’objet disparu : la carte postale, par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Bons sentiments ? Par Nicolas Gauthier

    Un homme, un site : Yann Vallerie présente Breizh Info

    Curiosa Erotica : la pygophilie ou le fétichisme des fesses, par David L’Épée

    Champs de bataille : l’autre bataille de Fontenoy (1/2), par Laurent Schang

    Uranie, le crime de Jean-Marie Gustave (3), par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : la Constitution, statut politique ou norme juridique ? Par Aristide Leucate

    Économie, par Guillaume Travers

    Anatole France éducateur, le regard d’Olivier François

    Bestiaire : le poisson se voit dans le miroir, pas le cartésien, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Henry Laurens : Israël-Palestine, aux racines du conflit, propos recueillis par Daoud Boughezala

    Vers la fin de l’exceptionnalité historique de la Shoah ? Par Lucie Marin

    Thomas Hennetier et « Krisis » : regards croisés sur l’Islam et l’Occident, propos recueillis par François Bousquet

    Antiracisme, la nouvelle chasse aux hérétiques, par François Bousquet

    Auron MacIntyre, propos recueillis par Ethan Rundell

    Entre continents et cultures avec Alain Le Pichon, propos recueillis par Hervé Juvin

    Éveiller l’Europe à la puissance avec Pierre-Romain Thionnet, propos recueillis par Gabriel Piniés

    MeToo : Bégaudeau et Fourest sur la corde raide, par Daoud Boughezala

    L’amour socialiste face aux lois du marché, par David L’Épée

    Madame Angot, mère & fille : opéra-comique pour famille funeste, par Christophe A. Maxime

    Le surréalisme, pour quoi faire ? Enquête par Olivier François

    « Juré n° 2 » : le dernier verdict de Clint Eastwood, par Thomas Gerber

    La Renaissance orientale : comment la Terre devient ronde, par Christopher Gérard

    L’enthousiasme selon Rémi Soulié : comment habiter poétiquement le monde, par Alexandre Nantas

    L’art de la correspondance selon Patrice Jean et Bruno Lafourcade, propos recueillis par Anthony Marinier

    La littérature croate au-dessus des nationalismes ? Par Gérard Landry

    Le désarroi de Robert Musil, témoin de l’agonie d’une civilisation, par Jean Montalte

    Dossier
    Vers la fin de la suprématie occidentale

    Vers un monde multipolaire : la fin des illusions occidentales, par Michel Geoffroy

    La plus grande offensive russe n’est pas en Ukraine : les BRICS redessinent le monde, par Nikola Mirković

    Guerre d’usure sur le front de l’Est : perspectives pour l’après-guerre en Ukraine, par Michel Chevillé

    Emmanuel Lincot : la Chine et les routes de la soie au centre du jeu, propos recueillis par Daoud Boughezala

    Comment conjurer notre déclin ? Plaidoyer pour l’Europe civilisationnelle, par David Engels

    Panorama
    La leçon de philo politique : Mikhaïl Bakounine, par Ego Non

    Un païen dans l’Église : Saint-Riquier dans la Somme, par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : Un Voltaire brechtien ? Par Michel Marmin

    Rochedytorial : danger sur le marché de l’information, par Julien Rochedy

    Éphémérides

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  • L'économie de la puissance...

    Le nouveau numéro de la revue Réfléchir & agir (n°82 - Été 2024) est paru. Le dossier est consacré à l'économie...

    La revue n'est plus disponible que par abonnement.

     

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    Au sommaire :

    En bref

    Antipasti

    Pierre-Denis Boudriot et les périodes de crise politique aigüe

    Scènes et rustines du nationalisme

     

    DOSSIER 

    L'économie de la puissance

    La réappropriation nationale, par Klaas Malan
    Dépenses militaires ou dépenses sociales, par Scipion de Salm

    Les secteurs stratégiques à (re)nationaliser, par Klaas Malan

    L'enjeu de la main d’œuvre, par Eugène Krampon

    Financer les dépenses, par Klaas Malan

    Sortir de la mondialisation, par Klaas Malan

    Entretien avec Guillaume Travers

     

    Grand entretien

    Pierre de Brague: « La France est l'une des plus grandes puissances capitalistes tout en ayant l'un des peuples les plus prolétaires au monde.»

    Réflexion

    The Line, ville dystopique ou mirage financier ?, par Fabrice Seldon

    Fascisme

    Le « frontisme », aux origines du nationalisme suisse, par Sylvain Roussillon

    Politique

    Les nationalistes populaires de Militant, par Édouard Rix

    Notes de lecture

    Les crimes du mois

    Cinéma

    Tu aimes les films de gladiateurs ?, par Pierre Gillieth

    Disques

     

     

     

     

     

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  • Séparatisme : les nouvelles guerres de sécession...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°208, juin 2024 - juillet 2024) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré aux nouvelles guerres de sécession, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Jean-Jacques Annaud, Caroline Galactéros, Olivier Zajec, Jean-Loup Bonnamy, Wang Guofeng et Piero San Giorgio...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot et de Julien Rochedy...

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Des populismes contre le peuple. Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Jean-Jacques Annaud : « J’aime les cultures qui honorent le temps long ». Propos recueillis par Grégory Pons

    Cartouches
    L’objet disparu : les affiches de cinéma dessinées. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : les acteurs, un mal nécessaire ? Par Nicolas Gauthier

    Michèle Delagneau et Michel Marmin, leur dictionnaire amoureux de la musique. Par Richard Millet

    Curiosa Erotica : quand les curés étaient libertins. Par David L’Épée

    Champs de bataille : Finis Hungariae ? (1/2). Par Laurent Schang

    Nos figures : Lancelot du like. Par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : être ou ne pas naître, droit à la vie et liberté du marché. Par Aristide Leucate

    Économie. Par Guillaume Travers

    François Sureau, derrière la vitrine. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : ces animaux qui ont fait le choix de la démocratie. Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Russie-Ukraine : comment sortir de l’impasse ? L’analyse de Caroline Galactéros Propos recueillis par François Bousquet

    Pourquoi le « réalisme », avec Olivier Zajec. Propos recueillis par Laurent Schang

    Printemps russe : mon séjour d’observateur international au pays des tsars. Un reportage de Christian Rol

    Jean-Loup Bonnamy : vers un choc des décivilisations. Propos recueillis par François Bousquet

    L’aplatissement du monde et la civilisation des emojis. Par François Bousquet

    Jeux et esprit des peuples : dames, le déclin d’un loisir populaire. Par Guillaume Travers

    L’IA ou l’autopsie de la liberté avec Julien Gobin. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    La rancœur des mâles, ce ressentiment qui monte dans la jeunesse. Par David L’Épée

    « Mon papa était nazi » : tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin. Par François Bousquet

    Kant et nous : critique de la critique. Par Alain de Benoist

    Institut Iliade : transmettre pour former et reconquérir. Un reportage de Xavier Eman

    Exploration du système solaire : de la Terre à la Lune et au-delà. Par Christophe Belleval

    Pour saluer Pierre Barrucand, un siècle de non-conformisme ! Par Alain de Benoist

    Rencontre avec Wang Guofeng : quand un artiste chinois photographie le pouvoir. Propos recueillis par Hervé Juvin

    Le royaume de Pascal Vinardel : l’art caché de notre temps. Par Olivier François

    Dossier
    Séparatisme : les nouvelles guerres de sécession

    Séparatisme, partition, sécession : le temps des tribus. Par François Bousquet

    La France lessivée, un pays en instance de divorce. Par Daoud Boughezala

    Les nouveaux parias : quand la sécession devient une nécessité. Par Xavier Eman

    Piero San Giorgio : survivalisme, l’ultime sécession. Propos recueillis par Xavier Eman

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot


    Reconquête : des braies et des hommes. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : lire Johann Gottfried Herder. Par Ego Non

    L’esprit des lieux : destination Marseille. Par Christophe A. Maxime

    Un païen dans l’Église : la basilique Notre-Dame de L’Épine. Par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : Madame Ackermann et Claude Jamet. Par Michel Marmin

    Rochedytorial : métapolitique et infrapolitique. Par Julien Rochedy

    Éphémérides

     

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  • Les Indo-Européens : aux sources de la longue mémoire de nos peuples...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un court essai d'Henri Levavasseur intitulé Les Indo-Européens - Aux sources de la longue mémoire de nos peuples

    Docteur en histoire et germaniste, Henri Levavasseur a notamment collaboré à La Nouvelle Revue d’Histoire, ainsi qu’à deux ouvrages édités par l’Institut Iliade : Ce que nous sommes - Aux sources de l’identité européenne et Nature, excellence, beauté - Pour un réveil européen. Il a également contribué à La Bibliothèque du jeune Européen (Rocher, 2020) recueil dirigé par Alain de Benoist et Guillaume Travers. En 2021, il a publié L’identité, socle de la cité (La Nouvelle Librairie, 2022) dans la collection Cartouches de l’Institut Iliade.

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    " Depuis les vagues de peuplement indo-européen, aucun apport nouveau n’est venu modifier sur une aussi large échelle, jusqu’à la fin du XXe siècle, la composition ethnique et l’identité linguistique des peuples européens. Si leurs mœurs et leurs institutions ont évolué à travers le temps, leur donnant une physionomie propre, les principaux ensembles ethnoculturels de l’Europe ancienne et moderne sont issus de ce creuset commun. Aussi importantes que soient les évolutions, l’apport indo-européen a néanmoins laissé une empreinte profonde sur la culture de notre continent et il est aujourd’hui possible d’en retracer l’évolution.
    Croisant les données de la linguistique, de l’histoire ancienne, de l’archéologie, de l’anthropologie physique et de la génétique, Henri Levavasseur invite, dans cet ouvrage, à découvrir les sources pérennes de notre civilisation. À l’heure du grand effacement de l’identité, la prise de conscience de notre héritage indo-européen s’avère capital pour ancrer les différents peuples européens dans une « longue mémoire » commune. "

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  • Macron, Darmanin : la dictature en marche !...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe du magazine, autour d'Olivier François, à l’occasion de la sortie du nouveau numéro, dresse le tableau accablant du recul des libertés : censures, interdictions, dissolutions, jusqu’à la fermeture des comptes bancaires des militants patriotes et identitaires. La dictature en marche ! – on en prend le chemin. 

    Au menu également, le dossier que Guillaume Travers consacre aux "communs", réponse à l’individualisme, et notre visite de Madrid, capitale habsbourgeoise.

    On trouvera sur le plateau Patrick Lusinchi, directeur artistique, Christophe A. Maxime, Daoud Boughezala et Rodolphe Cart...

     

                                            

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  • Guillaume Travers : « La pensée des “communs” permet un renouveau de la pensée identitaire »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Guillaume Travers au site de la revue Éléments pour évoquer le dossier du dernier numéro de la revue consacré aux communs, qu'il a dirigé.

    Professeur d'économie, Guillaume Travers est chroniqueur à la revue Éléments et fondateur du laboratoire d’idées Champs Communs. Il a déjà publié Pourquoi tant d'inégalités ? (La Nouvelle Librairie, 2020), Économie médiévale et société féodale (La Nouvelle Librairie, 2020), Capitalisme moderne et société de marché (La Nouvelle Librairie, 2020) et La société de surveillance, stade ultime du libéralisme (La Nouvelle Librairie, 2021). Il est aussi l'auteur dans la collection Qui suis-je ?, aux éditions Pardès, d'un Werner Sombart (2022) et d'un Ernst Kantorowicz (2023).

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    Guillaume Travers : « La pensée des “communs” permet un renouveau de la pensée identitaire »

    ÉLÉMENTS : Qu’est-ce que les communs ? En quoi sont-ils importants dans notre vision du monde ? Et qu’est-ce qui les distingue du communisme ?

    GUILLAUME TRAVERS. La réflexion sur les « communs » permet de repenser en profondeur les rapports que nous avons au monde qui nous environne. Selon la pensée moderne, nous sommes avant tout des individus, qui pourrions jouir comme bon nous semble des biens privés dont nous serions les propriétaires absolus. Ce règne de l’individu ne trouve face à lui que la puissance de l’État, souvent pensé comme entité abstraite, technocratique, garant de valeurs abstraites (« droits de l’homme », « valeurs de la République », etc.) et de biens publics qui seraient accessibles à tous de manière indistincte. Les « communs » permettent de penser une authentique troisième voie : des biens qui n’appartiennent pas uniquement aux individus mais qui ne sont pas non plus ceux d’une humanité abstraite ; des biens qui appartiennent à des communautés enracinées. Dans le monde médiéval, ces communs sont souvent liés à la terre : par exemple, les forêts ne sont ni propriété privée ni « bien public » auquel tout le monde pourrait accéder ; ce sont des communautés villageoises spécifiques qui y ont des droits propres, en vertu d’usages coutumiers. L’actualisation de cette idée me semble extraordinairement féconde. Penser les communs, c’est d’abord penser un monde où les appartenances communautaires sont centrales, et souvent plurielles (du lignage à des communautés plus vastes), où ce qui est collectif est en même temps proche et charnel. En dépit de la similarité sémantique, nous sommes bien loin du « communisme ». Ce dernier pense une humanité abstraite (« prolétaires de tous les pays »), alors que la pensée des communs voit le monde social comme pluriel et différencié.

    ÉLÉMENTS : Vous montrez la symétrie des notions d’État et de propriété, de public et privé, là où communément on s’en tient à des oppositions factices. Qu’est-ce qui vous a conduit à les réunir dans une même vision du monde ?

    GUILLAUME TRAVERS. Jusque tard dans la période médiévale, la dimension communautaire de la vie sociale allait de soi. En matière juridique, le droit (par exemple en matière de mariage et d’héritage) était structuré pour préserver la continuité des lignages. Les appartenances villageoises, communales et professionnelles (via les corps de métiers) structuraient l’ensemble de la vie sociale. À chacune de ces communautés correspondait l’idéal d’un « bien commun » propre. L’homme n’était ni un individu totalement coupé du monde (le bannissement, c’est-à-dire la coupure d’avec la communauté, était d’ailleurs le pire des châtiments), ni le jouet d’une technocratie distante. Ce monde communautaire s’est effacé en raison de l’essor simultané de l’individu et de l’État abstrait. En s’affirmant comme individu, l’homme peut exister hors des lignages, hors des traditions locales, hors des enracinements locaux. Son domaine propre se réduit à sa propriété, pensée comme « droit absolu » depuis la Révolution française. Face à l’individu abstrait, les appartenances collectives doivent aussi se faire abstraites, les valeurs collectives doivent être définies sans plus de référence à aucun lieu ni à aucune tradition. C’est le règne de l’État « républicain », et demain peut-être de l’État mondial. Ainsi, si nous avons l’habitude d’opposer individu et État, public et privé, propriété et souveraineté, les deux résultent en vérité du même mouvement historique. Ils sont les deux faces de la modernité, et tous deux se sont constitués contre un monde de communautés différenciées. Repenser les communs permet donc de dépasser beaucoup d’oppositions binaires, qui trop souvent enferment dans de faux débats ou de fausses solutions.

    ÉLÉMENTS : Deux des plus grands spécialistes français des communs, résolument situés à gauche, Pierre Dardot et Christian Laval, s’apprêtent à sortir une Cosmopolitique des communs. N’y a-t-il pas là une contradiction dans les termes ?

    GUILLAUME TRAVERS. Il y a des pages passionnantes chez Dardot et Laval, mais aussi des contradictions majeures. La plus importante est celle que vous pointez : pour qu’il y ait des communs, il faut qu’il y ait des communautés. Je le dis clairement dans le dossier : affirmer l’existence de biens communs, c’est aussi affirmer des frontières ; c’est dire qui appartient à telle communauté et qui y est étranger. Dans le monde prémoderne, cela est très clair : les ressources forestières, de même que l’accès aux pâtures communes, est réservé aux membres d’une communauté particulière. Si chacun peut accéder à tout sans discrimination, il y a vite épuisement des ressources collectives. Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie qui a beaucoup travaillé sur les communs, l’a magistralement montré. Ce contresens est malheureusement répandu chez beaucoup d’auteurs dont la lecture peut par ailleurs être très stimulante.

    ÉLÉMENTS : En quoi les communs peuvent-ils constituer un « nouveau paradigme identitaire », pour reprendre le titre de votre introduction à ce dossier ?

    GUILLAUME TRAVERS. Il y a aujourd’hui un malaise de la pensée identitaire, tiraillée entre deux tendances. D’une part, beaucoup voient que l’État est de plus en plus hostile, bureaucratique, et souvent un puissant instrument de destruction des identités. Face à cela, nombre de militants « identitaires » sont tentés de fuir tout ce qui, de près ou de loin, a à voir avec le secteur « public » : l’éducation publique, les services publics, etc. Cette attitude confine vite à une forme de libertarianisme qui, c’est le moins qu’on puisse dire, n’a rien de « communautaire ». D’autre part, il est évident que le marché est une autre forme de dissolution des identités : si nous ne sommes que des consommateurs, des individus « libres » de faire tout et n’importe quoi, alors nous pouvons exister hors de toute tradition, hors de tout cadre éthique, etc. Face à la puissance des forces marchandes, certains voient dans le recours à un État fort la meilleure solution, et exaltent sa « souveraineté » presque sans limites. Ces contradictions apparentes sont aujourd’hui omniprésentes, sans qu’on parvienne à en sortir de manière satisfaisante. En renvoyant dos à dos individu et État, public et privé, propriété et souveraineté, la pensée des communs peut permettre un renouveau fécond de la pensée identitaire.

    Guillaume Travers (Site de la revue Éléments, 29 janvier 2024)

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