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gilets jaunes - Page 15

  • Dans la tête des Gilets jaunes...

    Les éditions VA Press viennent de publier un essai de François-Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia intitulé Dans la tête des Gilets jaunes. Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne, Xavier Desmaison enseigne la communication d'influence à Science-Po et Damien Liccia est spécialiste de l'analyse de l'opinion en ligne.

     

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    " La révolte des gilets jaunes a paniqué tous ceux qui font profession de penser ou de diriger. D’une affaire de prix à la pompe, on est passé à des manifestations géantes, à des revendications politiques fondamentales – démocratie représentative versus démocratie directe – à une crise de régime, de croyances et de société.
    Pour saisir l’incroyable changement, il faut nommer les passions qui ont enflammé les masses (refus du mépris « d’en haut », défiance envers les représentants...) : une crise d’identité oppose la France dite périphérique aux élites politiques ou médiatiques.
    Dissipant théories du complot et légendes technologiques, le livre montre aussi comment, hors médias traditionnels voire contre eux, les réseaux sociaux donnent un visage et des armes à ceux qui étaient auparavant invisibles. "

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  • Macron choisit la stratégie de la tension...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la stratégie d'affrontement avec les gilets jaunes décidée par le président de la république. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Gilets Jaunes : Macron choisit la stratégie de la tension

    Le « tournant social » du quinquennat, vanté par les médias de propagande, n’aura finalement duré qu’un court instant : environ un quart d’heure le 10 décembre 2018, lors de l’allocution d’Emmanuel Macron destinée à tenter d’éteindre la mobilisation des Gilets Jaunes. Le temps d’un nouvel enfumage politico-médiatique puisque les mesures annoncées finiront bien par être financées par… la classe moyenne.
    Aujourd’hui l’heure est à la stratégie de la tension, c’est à dire à l’affrontement avec les Gilets Jaunes et ceux qui les soutiennent.

    Changement de style, durcissement politique

    Avec ses vœux de nouvel an, le président de la république a changé de posture, au sens propre comme au figuré.

    Le 10 décembre, il appuyait ses mains sur une table – comme on s’accroche à une bouée de sauvetage – le visage crispé et les yeux fixés sur le prompteur. On sentait qu’il faisait des efforts pour paraître social.

    Mais le 31 décembre, il se tenait au contraire debout, agitant ses mains, volubile : c’était le vrai Macron qui parlait cette fois.

    Un changement de style significatif : Emmanuel Macron a finalement fait le choix de l’affrontement avec ceux qui contestent son action. Cela s’appelle la stratégie de la tension.

    Fuck le peuple !

    Les sondages d’opinion montrent que le président de la république n’a toujours pas regagné la confiance des Français [1] ?
    Mais qu’est ce que cela change pour lui, finalement ?

    Son mandat présidentiel dure jusqu’en 2022 et il peut s’appuyer sur les solides institutions de la Vème république. Il bénéficie en outre d’une « majorité » de godillots à l’assemblée nationale qui vote tout ce qu’il veut. Mais il peut aussi s’appuyer sur les médias, sur le pouvoir judiciaire, sur l’appareil d’Etat, sur les lobbies qui n’existent pas et sur l’abstention des syndicats.

    Alors fuck le peuple !

    Et d’ailleurs, c’est qui le peuple français ? Emmanuel Macron s’est interrogé à son propos lors de ses vœux : Parler au nom du peuple ? Mais « lequel ? d’où ? comment ? ». Une façon de dire que le peuple concret n’existe pas pour lui.

    Emmanuel Macron préfère en effet invoquer des concepts abstraits : la république, l’ordre, les valeurs, la démocratie. Et surtout il préfère le peuple élu par l’oligarchie : celui des banlieues de l’immigration.

    Accélérons la cadence !

    Les Français espéraient que son impopularité conduirait le président à mettre ses « réformes disruptives » en sourdine ?

    Las, le porte-parole du gouvernement a tenu à nous déniaiser : « Le Président est revenu sur trois reproches qu’il nous faut entendre: le fait que les choses n’aient pas réellement changé pour beaucoup de nos concitoyens […], le fait qu’il est indispensable de redonner du sens dans un monde où il faut lutter pour ne pas céder à l’immédiateté du moment, et le fait que nous devons aller encore plus loin dans le changement, et être plus radicaux dans notre manière de faire » [2].

    Traduisons : le président estime avoir répondu le 10 décembre aux revendications des Gilets Jaunes. Donc il est temps de revenir à l’essentiel : amplifier les « réformes ».
    Emmanuel Macron n’abandonnera donc pas le mandat immigrationniste, européiste et libre-échangiste que lui a donné la Davocratie, le seul qui compte vraiment à ses yeux.

    Tel le commandant du Titanic, il décide d’augmenter la vitesse malgré les icebergs…
    En navigation c’est de l’imprudence. En politique c’est de la radicalisation.

    Le diable s’habille en gilet jaune

    Le 27 novembre, Emmanuel Macron affirmait entendre la colère des gilets jaunes. Le 10 décembre il nous prenait même à témoin de la misère sociale qu’il avait découverte en France.

    Mais, le 31 décembre, il ne voyait plus que « les porte-voix d’une foule haineuse [qui] s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels ».

    Et à l’issue du conseil des ministres du 4 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, reflet de la pensée jupitérienne, estimait d’ailleurs que « le mouvement dit des Gilets jaunes est devenu pour ceux qui restent mobilisés un mouvement d’agitateurs qui veulent l’insurrection et renverser le gouvernement ».

    Après la peste brune que le ministre Darmanin ou BHL affirmaient avoir vu défiler (en jaune donc…) sur les Champs Elysées, après les factieux ou l’ultra-droite que dénonçait le ministre de l’Intérieur, après les beaufs poujadistes et factieux de Jean Quatremer, voici le temps des insurgés qui veulent renverser le gouvernement !

    C’est clair : pour le pouvoir, désormais, le diable s’habille en gilet jaune.

    La stratégie de la tension à l’ordre du jour

    Cette sémantique belliqueuse n’est pas neutre : elle traduit la mise en œuvre consciente d’une stratégie de la tension, orchestrée par le pouvoir et ses soutiens depuis le mois de décembre et qui s’amplifie d’une façon inquiétante.

    Globalement, la mobilisation des Gilets Jaunes est restée bon enfant à l’échelle du pays.

    Mais les médias de propagande nous ont pourtant servi en boucle des images de violences sporadiques pour diaboliser le mouvement, en l’associant systématiquement aux casseurs, comme lors du saccage de l’arc de triomphe le 1er décembre par exemple.

    L’amalgame est devenu la règle. Car, à la différence des violences qui embrasent périodiquement nos charmantes banlieues défavorisées, ou des nuits de la St Sylvestre, le pouvoir et les médias ne diffusaient cette fois aucun des habituels discours d’excuse bisounours.

    Le pouvoir a eu en effet une attitude trouble vis-à-vis de ces violences. Officiellement, il les condamnait, mais, officieusement, il s’en réjouissait. Quand il ne les provoquait pas indirectement par l’attitude agressive de certaines forces de l’ordre, comme si elles voulaient pousser des manifestants à la faute.

    La même stratégie est aujourd’hui appliquée quand les médias donnent la parole au moindre excité invoquant la perspective d’un soulèvement populaire : on nous refait, comme sous François Hollande, le coup de la guerre civile !

    Le but est non seulement de jeter le discrédit sur un mouvement qui reçoit, aujourd’hui encore, un large soutien populaire, mais aussi de détourner l’attention sur les revendications portées par les gilets jaunes. Et de diffuser au surplus la peur dans le pays.

    Salauds de pauvres !

    Les Gilets Jaunes peuvent bien multiplier les manifestations de sympathie naïve à l’égard des forces de l’ordre.

    Cela ne les préserve pas de la répression politique qui s’abat désormais sur eux au nom de l’état de droit. Emmanuel Macron les a d’ailleurs avertis clairement lors de ses vœux : « L’ordre républicain sera assuré sans complaisance ».

    On apprend ainsi que 219 personnes auraient été incarcérées entre le 17 novembre et le 17 décembre 2018, selon les chiffres du ministère de la Justice. Et que sur 4.500 personnes au total placées en garde à vue, seuls 825 dossiers ont été classés sans suite.

    Comme le remarque benoîtement RTL « un chiffre record, inédit dans le cadre d’un mouvement social » [3].

    Inédit en effet, dans un pays où les délinquants multirécidivistes, les fichés S, les racailles de banlieue ou les casseurs d’extrême-gauche bénéficient depuis des années de la clémence, pour ne pas dire plus, des pouvoirs publics.

    Pas de complaisance pour ces salauds de Français pauvres !

    Pas de pitié pour la France périphérique !

    Vis-à-vis de la France périphérique, la ligne est désormais tracée : pas de complaisance, répression !

    Et comme il ne s’agit que de Français natifs, on n’a pas à se gêner. Fiorina n’aura pas le soutien des pleureuses médiatiques dont a bénéficié Théo !

    Aux interpellations préventives et aux gardes à vue de gilets jaunes, aux gaz lacrymogènes, aux tirs directs, aux canons à eau pour disperser des manifestants pacifiques, aux blindés dans les rues et aux fractionnements policiers des cortèges en usage depuis les manifestations de décembre, s’ajoutent désormais les directives données aux préfets d’évacuer les lieux occupés par les manifestants et la multiplication des poursuites et des condamnations : là contre des journalistes de La Charente Libre, là contre un manifestant qui aurait crié  guillotine à l’encontre d’un député LREM parce qu’on « est face à une remise en cause des fondements de la démocratie » selon un procureur de la république [4], là contre Eric Drouet.

    Si on était en Russie ou en Iran, on crierait à la dictature et à la violation des droits humains. Mais en France, on appelle cela du maintien de l’ordre républicain. Nuance.

    Le pouvoir s’entraîne à la répression

    Avec les Gilets Jaunes, La République en Marche et ses idiots utiles sont devenus le parti de l’ordre. Mais de l’ordre progressiste bien sûr, puisque que le camp du bien est au pouvoir. Les méchants ce sont donc les autres et il faut les punir d’être méchants.

    Mais il ne faut pas s’y tromper.

    Alors que se profilent les élections européennes, les Gilets Jaunes expérimentent à leurs dépens ce que le pouvoir peut mettre en œuvre demain contre toute autre dissidence politique. Un pouvoir qui s’habitue dangereusement à la répression.

    Diabolisation, amalgame, censure, intimidation, judiciarisation : le pouvoir gouverne mal mais, en 2019, il saura se défendre !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2018)

     

    Notes :

    [1] Pour63% des personnes interrogéesEmmanuel Macron devra retrouver en priorité «la confiance et de la crédibilité auprès des Français» et «prouver qu’il est parvenu à baisser les impôts et à améliorer le pouvoir d’achat» (55%) . Seuls 25% se disent «satisfaits» de l’action du gouvernement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, soit 15 points de moins qu’en avril 2018. (enquêteOdoxa-Dentsu Consulting Le Figaro/France Info des 2 et 3 janvier 2019)

    [2] A l’issue du conseil des ministres du 4 janvier 2018

    [3] RTL du 3 janvier 2019

    [4] RT le 3 janvier 2019

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  • Les snipers de la semaine... (175)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Acrimed, Frédéric Lemaire et Lucile Dumont prennent dans leur viseur BFM TV en revenant sur le traitement journalistique d'un samedi de mobilisation des Gilets jaunes

    Gilets jaunes : une journée de matraquage médiatique sur BFM-TV

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    - sur son blog La pompe à phynance, le philosophe Frédéric Lordon dézingue l'équipe Macron et son acharnement pathétique, voire maladif...

    Les forcenés

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  • Feu sur la désinformation... (217)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Gilets Jaunes. Les journalistes cherchent le KO
      Face à la reprise de la mobilisation et à la médiatisation des violences, les journalistes et les éditorialistes ont violemment attaqué les Gilets Jaunes… Les médias dominants semblent chercher le KO !
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Partout, les Gilets Jaunes se radicalisent contre les médias. Parallèlement, les journalistes leur fournissent chaque semaine des raisons de douter de leur probité ou de leur expertise.

    • 3: Gilets Jaunes et médias, vers la rupture totale ? Entretien avec Kim, Gilet Jaune
      La rupture entre les Gilets Jaunes et les médias semble s’amplifier de jour en jour. Pour tenter de comprendre cette situation, nous interrogerons Kim, Gilet Jaune.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le CSA veut réunir les chaînes d’info à propos des Gilets Jaunes pour les inciter à plus de retenue. Dans la désinformation ?

    • 5 : Cagnotte clôturée, journalistes gênés
      La cagnotte Leetchi de soutien à Christophe Dettinger a été clôturée par l’entreprise. Et les médias se sont bien gardés de creuser sur les raisons de cette décision.

     

                                   

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  • Qui a dit guerre civile ?... (2)

    Nous reproduisons ci-dessous un article de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site huyghe.fr et consacré aux traces de panique qui commencent à transparaître dans le discours du gouvernement...

    Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Qui a dit guerre civile ? (2) - Parti de l’ordre, parti de la peur ...

    Dans le dernier article, nous rappelions qu’il n’y a pas guerre civile, car il n’y a heureusement eu ni mort, ni usage d’armes létales. Mais, violence il y a et nous en sommes au huitième affrontement / défi sur rendez-vous. Le dernier épisode - la fuite rue de Varenne (ou de Grenelle) de Benjamin Griveaux assiégé en son ministère - montre l’effet panique qui gagne les gouvernants. Voir ses déclarations : « C’est la République et les institutions qui étaient visées. Ce ministère est le ministère des Français et de l’équilibre des institutions… Nous ne céderons rien à la violence.». Le ton est moins martial que lorsqu’il dénonçait la « peste brune ». Ou lorsqu’il était question « d'agitateurs qui veulent l'insurrection et, au fond, renverser le gouvernement » et face auxquels « nous devons être encore plus radicaux dans nos méthodes » (et ne remontons pas à « ceux qui fument des clopes et utilisent du diesel »). Cela s’appelle la peur.

    Au-delà de la personne du porte-à-faux gouvernemental, tout affrontement de ce type révèle la polarisation d’une société et oblige à se ranger dans un camp où dans l’autre Dominant dominé, aujourd’hui assiégeant assiégé. D’où la question : guerre de mouvement ou guerre de position ? Dans la mesure où les forces en présence se mesurent jour après jour, cherchent à s’affaiblir mutuellement et à gagner progressivement des avantages y compris symboliques, nous sommes bien en présence d’une guerre de position au sens de Gramsci.

    Donc un front principal, social, politique, idéologique et deux camps, hétérogènes mais unifiés par la lutte. Les Gilets jaunes clivent la France comme l’affaire Dreyfus en son temps et si vous voulez passer un dîner en ville paisible, souvenez vous du célèbre dessin de Caran d’Ache et évitez d’en parler. Mais comme nous allons en parler ici, commençons par quelques définitions de base. Quand le conflit revient, il se structure autour d’intérêts, certes, mais aussi de croyances fondamentales - à commencer par les fameuses valeurs -. Mais tout cela ne va pas sans discours explicatifs et sans projets à réaliser (vaincre, c’est imposer sa volonté). Mon tout s’appelle, on s’en doute lutte pour l’hégémonie.

    Commençons par par le camp au pouvoir, très bien identifié par les commentateurs comme celui des élites. C’est une notion qui recouvre, les riches, la technostructure d’État, les milieux financiers, les classes urbaines à haut niveau de revenu, à éducation développée, à forte mobilité. Mais aussi des gens à visibilité sociale élevée, experts, faiseurs d’opinion, et bien sûr gens de médias. Je ne sais pas si l’énumération qui précède fait beaucoup de sens en sociologie, mais elle est évidente pour ceux qui manifestent. Et c’est souvent le terme de bobo qu’emploient les Gilets jaunes, agacés autant par les privilèges que par la prétendue supériorité morale de ceux d’en haut, pour désigner l’ennemi de classe. Cela devient combat de l’ochlocratie (pouvoir des foules) contre l’oligarchie (pouvoir de quelques uns). C’est du moins ainsi que disaient les Grecs qui ne disposaient pas des intéressants concepts de centraux et périphériques ou progressistes et populistes et ne regardaient pas les émissions de débat.

    Quels intérêts ? De son aveu même, le macronisme est une philosophie de premier de cordée, d’obsédé du mouvement et de la réussite, de techno saint-simonien qui s’ignore mais qui pense que tout est problème + solution pour qui est assez dynamique. Le succès de Macron s’expliquait par sa capacité à rassembler (outre les retraités qui avaient peur que MLP leur supprime leurs euros économisés) a) une bourgeoisie « progressiste », « bougiste », libérale et libertaire à la fois dont les maîtres mots sont moderniser et ouvrir et b) une bourgeoisie plus traditionnelle, ayant largement voté Fillon, mais qui pensait que ce type dynamique allait débureaucratiser et trouver des réponses pragmatiques pour une bonne gestion.
    Poursuivre la réforme structurelle, conformer le pays aux standards internationaux libéraux devient alors l’alpha et l’omega, capable de faire oublier le vieux clivage (d’ailleurs très relatif et bien mis à mal sous Hollande) droite/gauche ou libéraux atlantistes / keynesiens européens. C’est le parti, on l’a écrit cent fois, des centraux contre les périphériques, des bénéficiaires de la mondialisation contre les perdants, des « everywhere » contre les « somewhere », etc.

    Quelles « passions » ? Vu du point de vue macroniste, elles sont dynamiques et positives à fortes connotations entrepreneuriales : succès, mouvement, ouverture, universalisme, innovation, efficacité. Le tout résumé par un vague appel aux « valeurs de la République » qui sont bonnes filles et se laissent reprendre par qui veut. Et qui servent largement à assimiler le manifestant violent à un ennemi de la République (il est connu que les révolutions de 1789, 1830, 1848… furent non-violentes). D’où les concours d’indignation et les appels à condamner encore plus fortement les violences inacceptables.

    D’où leur douloureux étonnement de découvrir qu’il y a des personnes « illibérales », conservatrices, soucieuses de leur identité, demandeuses de protection, attachées à leurs communautés et à leur patrimoine, etc. Ce ne peut être que parce qu’il y a manipulation (ces gens sont désinformés) ou par fragilité psychique (peur de l’autre, repli sur le passé). Il doit y avoir des remèdes. D’où une invraisemblable incompréhension de toute forme de critique classée sous la catégorie
    - de l’ignorance (ils n’ont pas compris, les résultats ne leur sont pas encore assez sensibles, ils sont intoxiqués par des complotistes, d’ailleurs la satanique manipulatrice Frigide Barjot ne vient-elle pas de se réveiller)
    - ou des penchants criminogènes (extrémisme, violence et subversion).

    Nous le verrons dans l’article suivant, les passions des classes supérieures sont vécues comme des marques de mépris par celles d’en bas.

    Quelles interprétations ? Le logiciel macroniste est binaire et assez simple. Le monde va dans le sens d’une société des individus plus apaisée et plus universelle. Le mouvement de l’économie et de la technologie pousse en ce sens et l’Europe incarne l’achèvement d’une société postpolitique respectueuse des droits, des individus qui doivent s’y épanouir, mais aussi de la Nature que nous ne devons pas brutaliser non plus. Le binôme mouvement et respect constitue une synthèse indépassable. Indépassable, sauf que des milliards d’individus, chinois, russes, indiens ou autres, ne sont pas de cet avis et qu’au sein même du Paradis post-historique européen, la plèbe renâcle.

    Quels projets ? Ici la tactique se révèle plus confuse qui devrait nous permettre de retourner à la grande stratégie (marche en avant progressiste universaliste du bloc bourgeois, victoire finale sur les derniers ferments de nationalisme ou de conservatisme). Que faire ?
    - Argument de l’ordre, moi ou le chaos, qui devrait ramener au bercail la droite plus traditionnelle un moment choquée par le comportement décontracté de Jupiter
    - Diabolisation du mouvement Gilet jaune assimilé (amalgamé ?) à ses éléments les plus durs physiquement ou idéologiquement. C’est le thème : bande de casseurs anti-Républicains, beaufs, homophobes et russophiles, antisémites, zemouro-dieudonno-houelbecquiens, abrutis, etc.
    - Relativisation : le mouvement s’essouffle et n’est d’ailleurs pas si représentatif
    - Division : nous ne confondons pas les aspirations légitimes (auxquelles va d’ailleurs répondre notre dynamique, mais nous avons tardé et avons mal expliqué) et la volonté diabolique des subversifs anti-Républicains
    - Carotte : venez dialoguer, nommez des représentants, exprimez vous par écrit, et. D’ailleurs ne vous a-t-on pas lâché dix milliards en dix minutes le dix décembre ? Médiation et discussion. Ce qui n’empêche pas que nous poursuivrons notre marche triomphale vers la réforme, pendant que vous serez au comité Théodule.
    - Promesses : vous allez voir le Grand Débat national…

    Cela peut marcher ? Pour gagner, il faut s’imposer dans les têtes et transformer ses propositions en évidences qui fonctionnent spontanément. Nous verrons dans un prochain article ce qu’il en est en face.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 6 janvier 2019)

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  • Emmanuel Macron, Président du « parti de l’ordre »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'économiste Jacques Sapir, cueilli sur Les Crises et consacré à la ligne politique d'Emmanuel Macron face à la révolte des Gilets jaunes.

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    Emmanuel Macron, Président du « parti de l’ordre »

    Emmanuel Macron s’était présenté comme le candidat du « parti du mouvement ». Moins de deux ans après son élection, il est devenu le Président du parti de l’ordre. Les interpellations d’Eric Drouet et de ses camarades dans la nuit du 2 au 3 janvier, mais aussi les 219 incarcérations qui ont eu lieu depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, et les nombreux blessés graves que l’on a au à déplorer lors des manifestations le prouvent. Ce n’est pas par hasard si l’on utilise ici les termes de « parti du mouvement » de « parti de l’ordre ». Ils servaient à analyser la polarisation politique en France au XIXème siècle, et ils furent repris dans de nombreux ouvrages de science politique. Il y a aujourd’hui une certaine ironie à ce que le fondateur d’un mouvement appelé En Marche, ait finalement choisi le parti de l’immobilité, et en réalité – car ce fut le cas du « parti de l’ordre » au XIXème et au XXème siècle – de la réaction.

    La mutation d’Emmanuel Macron

    Cette mutation n’est ni étonnante, ni accidentelle. Elle était même prévisible. Au début de l’année 2017 j’avais, à la télévision russe (RT en anglais), expliqué en quoi tant Emmanuel Macron que François Fillon représentaient des candidats du passé, ou si l’on préfère de la réaction. J’avais même retraduit le texte en français et installé cette traduction sur mon blog [1], ce qui me fut d’ailleurs reproché, au point que ce fut l’un des prétextes utilisés pour me censurer. Emmanuel Macron est un parfait représentant des élites métropolisées et mondialisées face au soulèvement de la « France périphérique » [2] .

    Or, c’est le soulèvement de cette « France périphérique » qui a dévoilé la nature réelle du projet politique et économique d’Emmanuel Macron. C’est le choc engendré par le soulèvement de ces couches sociales qui a provoqué le raidissement conservateur ultime de son pouvoir et qui l’a fait basculer, au vu et au su de tous, du « parti du mouvement » au « parti de l’ordre ». Ce basculement a d’abord eu comme effet la répression extrêmement violente des diverses manifestations qui ont eu lieux depuis la fin du mois de novembre. Non que toutes ces manifestations aient été pacifiques. Tout le monde a pu voir que des groupes ultra-violents, ou uniquement motivés par le pillage, s’étaient infiltrés dans ces manifestations. Mais, tout le monde a pu AUSSI constater que les brutalités policières ont bien souvent commencées avant l’irruption de ces groupes ultra-violents, et que les pilleurs ont parfois bénéficié d’une bien étrange immunité. L’emploi d’armes de tir (ce que l’on appelle les « Flash Ball ») pour viser les parties hautes du corps des manifestants ainsi que la tête doit être dénoncé. Un certain nombre de manifestants ont été éborgnés ou défigurés par ces armes [3]. On ne compte plus, hélas, les cas de pertes de mains, d’œil, de traumatismes crâniens ou de fractures du crane. Tout cela sans compter le cas de cette femme de Marseille tuée par une grenade alors qu’elle fermait ses volets au quatrième étage, un cas qui a manifestement peu ému les éditorialistes des grands médias…

    L’Inspection Générale de la Police, l’IGPN a d’ailleurs ouvert au moins 48 dossiers sur ces violences. L’association Amnesty International a dénoncé les violences policières dans le cours de ces manifestations [4]. Au-delà, ces violences posent la question suivantes : le gouvernement, car nul ne peut croire qu’il puisse s’agir seulement de « bavures » individuelles même si elles existent incontestablement, le gouvernement donc a-t-il délibérément décidé de provoquer un sentiment de terreur afin de décourager les manifestants ? La mise en scène de ces violences par le gouvernement est un élément qui incite à le penser. On peut ici opposer l’attitude du Ministre de l’intérieur et celle du Préfet de Police à celle de l’homme qui fut Préfet de police en mai 1968, M. Maurice Grimaud [5], et dont les consignes et ordres permirent d’éviter le pire lors de manifestations qui étaient en réalité bien plus violentes que celles des différents « actes » des Gilets Jaunes.

    Emmanuel Macron et le « débat national »

    Le Président de la République a annoncé, dans son allocution du 10 décembre, un grand « débat national ». Pourtant, les revendications du mouvement des Gilets Jaunes sont bien connues : elles portent sur la justice fiscale, le pouvoir d’achat, et la nécessité de renforcer les mécanismes démocratiques dans notre pays. Sur ce dernier point, ces revendications se concentrent sur le référendum d’initiative citoyenne, qui pourrait être un remède à l’inachèvement démocratique des institutions de la France [6]. Dans son allocution du 31 décembre, allocution dite des « Vœux », le Président a pourtant réaffirmé sa volonté de mener à bien des réformes, dans l’assurance chômage, l’organisation des services publics ou sur les retraites. Soumettra-t-il ces réformes au « débat national », ce qui serait dans la logique de ce dernier ? Car, ces « réformes » ont toutes un très fort impact potentiel avec les questions qui ont émergé du mouvement des Gilets Jaunes. Ainsi, la soi-disant réforme de l’assurance chômage, dont on peut penser que le décret pris au début de l’année est une anticipation, entend stigmatiser au moins 4,5 millions de personnes (et en réalité au dessus de 6 millions), du fait de l’existence de 300 000 postes de travail non pourvus, soit dans un rapport d’1 sur 20. De même, la réforme des services publics, si elle est menée dans l’esprit des réformes antérieures, et en particulier de la SNCF, aboutira à sacrifier toujours plus la « France périphérique » au profit des grandes métropoles et de la partie boboïsée de leur population. Enfin, ce que l’on annonce de la réforme des retraites, et en particulier l’adoption d’un système par points et d’une forte réduction des pensions de réversion aura des conséquences négatives considérables sur la partie la plus fragile des retraités.

    On peut donc penser que non ; le Président n’aura nulle envie de soumettre ses « réformes » à consultation populaire. Alors, si la nécessité de « cadrer » un débat, pour des raisons d’efficacité qui sont évidentes et qui renvoient à la théorie de l’information, n’est pas discutable, on sait aussi que le contrôle sur les ordres du jour est une des formes les plus classiques de capturer à son profit un processus démocratique [7]. C’est pourquoi il conviendra de lire avec attention la « lettre » que le Président entend envoyer à tous les français. C’est cette lettre qui déterminera si le Président est honnête dans sa volonté d’organiser un « débat national » ou s’il entend seulement se livrer à une opération bassement politicienne. De ce point de vue, l’interview de Christophe Bouillaut sur le site Atlantico se révèle riche d’enseignements [8].

    Car, le « débat national » est déjà en train d’avoir lieu. Les « cahiers de doléances » mis à disposition du public dans de nombreuses mairies de communes rurales nous donnent à voir quelles sont les questions que les français aimeraient discuter dans ce « débat ». Un comportement démocratique de la part du Président aurait été de prendre acte de ce qui existe. Mais, pour cela, encore faudrait-il qu’il rétablisse le contact, depuis longtemps perdu, entre le sommet du pouvoir et cet échelon essentiel de la démocratie que sont les petites communes. Il faudrait aussi qu’il admette qu’un débat sans sanction n’est pas un débat. L’engagement de soumettre les réformes projetées à la sanction des français une fois le débat achevé, par exemple sous la forme d’un référendum, serait, de la part d’Emmanuel Macron le signe le plus juste et le plus indubitable, qu’il a bien entendu ce que les français ont voulu dire. A contrario, la volonté d’émasculer le débat, et de continuer comme si de rien n’était à promouvoir des réformes dont l’impact sur la vie quotidienne des français sera évident, sera le signe le plus évident que ce Président n’a rien appris ni rien oublié.

    Le « parti de l’ordre » et le désordre

    Emmanuel Macron s’affirme donc comme un tenant du « parti de l’ordre », et parfois dans tous ses excès. Mais, contribue-t-il à l’ordre républicain ? Remarquons que cet ordre est quelque peu asymétrique. Si la presse, souvent aux ordres, s’est largement déchaînée sur les dégradations – condamnables – survenues lors des manifestations des Gilets Jaunes, elle a été bien plus silencieuse quant aux centaines de voitures brulées lors de la nuit du 31 décembre. De plus, rien de comparable aux déploiements spectaculaires des forces de l’ordre lors de ces dites manifestations n’a été vu pour sécuriser des quartiers où se produisent, maintenant depuis des années, des violences récurrentes lors des nuits du 1er de l’an.

    Mais, de plus, que ce soit dans les mots qu’il utilise, comme l’emploi tout récent de « foules haineuses » pour stigmatiser le mouvement des Gilets Jaunes, ou ses déclarations plus anciennes sur les « fainéants » et « ceux qui ne sont rien », ou que ce soit dans certains des actes qu’il a inspirés voire commandités, comme l’arrestation d’Eric Drouet ou la destruction contestable des points de rassemblements établis par les Gilets Jaunes (destructions qu’une avocate a fait déclarer illégales), il y a une incontestable volonté provocatrice. Comment appelle-t-on alors celui qui se pose en défenseur de l’ordre mais qui par ses propres actions créé le désordre ? On peut même aller plus loin. Si Emmanuel Macron avait, dans une courte déclaration (et l’on sait combien il a tendance à s’étendre), reconnu l’existence de problèmes sociaux importants et annulé l’accroissement des taxes sur les carburants et annoncé le coup de pouce au pouvoir d’achat, toutes choses qu’il a faites le 10 décembre, dès le 1er ou le 2, on peut penser que le mouvement se serait calmé de lui-même. Car, si l’on peut toujours trouver ici ou là des personnes qui ne sont motivées que par le désordre et le profit qu’ils peuvent en tirer, la moindre des honnêteté serait de reconnaître que la force, l’ampleur et la violence du mouvement sont le produit de l’insatisfaction de revendications essentielles. Ces revendications n’ont d’ailleurs reçues qu’une satisfaction très partielle, ce qui contribue à enraciner le mouvement dans la durée.

    Il est des dirigeants qui ne comprennent pas la différence qu’il peut y avoir entre un accès de révolte et un mouvement plus profond. Il est aussi des dirigeants qui ne comprennent pas comment on peut glisser de l’un à l’autre. Et, ce glissement est largement le produit de l’incapacité ou de la surdité des gouvernants. A l’annonce de la prise de la Bastille, on dit que Louis XVI déclara, interrogatif : « c’est une révolte ? » et que l’un de ses courtisans lui répondit « non, Sire, c’est une révolution ». Que l’échange soit réel ou inventé après coup, il témoigne de la dangereuse pente dans laquelle glissent les pouvoirs qui ne comprennent pas les événements qui surviennent, qui en minorent tout d’abord l’ampleur puis la signification. Emmanuel Macron a-t-il commis la même erreur ? C’est bien probable. Glisse-t-il sur la même pente ? Seul l’avenir peut le dire. Mais, s’il persiste à ne pas entendre ce que lui disent les français, s’il persiste dans ses provocations, qu’elles soient volontaires ou non, il y a fort à penser qu’il contribue à transformer un mouvement au départ limité en une réelle révolution.

    La peur du peuple est, bien souvent, le début de la sagesse pour les dirigeants. A l’évidence, Emmanuel Macron n’a pas encore eu assez peur.

    Jacques Sapir (Les Crises, 5 janvier 2019)

     

    Notes :

    [1] https://russeurope.hypotheses.org/5888

    J’écrivais alors, au sujet d’Emmanuel Macron : « Se faisant le candidat de l’Ubérisation de la société, Emmanuel Macron, derrière un langage faussement moderne, n’est en fait que l’avocat d’un retour au début du XIXème siècle, un retour au « domestic system » d’avant la révolution industrielle. Il est ici frappant de constater que le candidat même qui se prétend le plus « moderne », celui qui ne cesse de vanter les vertus de ce qu’il appelle « l’économie numérique », est en réalité un homme du passé. Mais, Emmanuel Macron est un homme du passé à un deuxième titre. S’il se présente comme un « homme nouveau », voire – et cela ne manque pas de sel – comme un candidat « anti-système »[[1]], il convient de rappeler qu’il fut étroitement associé, que ce soit comme conseiller de François Hollande ou comme Ministre de Manuel Valls, à la politique désastreuse mise en œuvre durant ce quinquennat. Or, cette politique à rajouté, de février 2013 au début de cette année, plus de 400 000 chômeurs au nombre considérable que nous avait laissé le tandem Sarkozy-Fillon. »

    J’écrivais aussi, à propos de Marine le Pen : « Mme Marine le Pen s’appuie sur un électorat extrêmement stable, largement composé de personnes convaincues, et qui défie toutes les approximations et autres effets de manche cherchant à le qualifier « d’extrême droite » et même, sans aucune peur du ridicule, de « fasciste ». Si des franges extrémistes peuvent se joindre à cet électorat, sa réalité correspond très largement à ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé la « France périphérique ».

    [2] Guilluy C., La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014

    [3] Diverses sources permettent de faire le recensement (partiel) de ces incidents : https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/04/gilets-jaunes-quel-est-le-bilan-officiel-des-morts-blesses-et-interpelles-depuis-le-debut-du-mouveme_1695762 , http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/12/09/97001-20181209FILWWW00099-videos-gilets-jaunes-des-violences-policieres-denoncees.php, https://www.lepoint.fr/societe/manifestations-la-police-est-elle-de-plus-en-plus-violente-17-12-2018-2279793_23.php. , https://www.streetpress.com/sujet/1495554039-morts-victimes-police .

    [4] https://www.liberation.fr/direct/element/amnesty-international-denonce-les-violences-policieres-dans-les-manifestations-de-gilets-jaunes_91530/

    [5] https://www.lci.fr/societe/commemoration-des-50-ans-de-mai-68-maurice-grimaud-ce-prefet-de-police-de-paris-qui-a-evite-le-pire-lors-des-manifestations-2083405.html

    [6] Bertrand Renouvin a publié sur son blog un entretien avec Pierre Rosenvallon sur cette notion d’inachèvement démocratique réalisé à l’origine pour le numéro 36 de la revue « Cité » – Deuxième trimestre 2001. : http://www.bertrand-renouvin.fr/

    [7] S. Holmes, “Gag-Rules or the politics of omission”, in J. Elster & R. Slagstad, Constitutionalism and Democracy, Cambridge University Press, Cambridge, 1993, (1988), pp. 19-58.

    [8] https://www.atlantico.fr/decryptage/3562632/lettre-aux-francais-pour-cadrer-le-grand-debat–emmanuel-macron-ou-l-anti-discours-de-la-methode-christophe-bouillaud

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