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épuration - Page 2

  • Chroniques du 7e art...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier un recueil d'articles de Robert Brasillach intitulé Chroniques du 7e art. Écrivain et journaliste à l'Action française et Je suis partout, Robert Brasillach, à qui l'on doit, notamment, Les sept couleurs, Comme le temps passe et Notre avant-guerre, mais aussi une Histoire du cinéma (avec son beau-frère Maurice Bardèche) ou un Corneille, a été une des principale victimes de l'épuration des intellectuels et est mort le 6 février 1945, dans les fossés du fort de Montrouge, sous les balles d'un peloton d'exécution...

     

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    " Avant d’être fusillé le 6 février 1945, Robert Brasillach a laissé, malgré sa courte vie, une œuvre d’un rare éclectisme et d’un talent inouï. Aussi à l’aise dans le roman, la critique littéraire et cinématographique, le théâtre que dans la politique ou la poésie, il incarnait un humanisme aujourd’hui bien disparu.

    Dès l’âge de dix-huit ans, il amorçait une longue carrière de cinéphile et de critique du septième art, dans La Tribune de l’Yonne sous la signature de Jacques Tournebroche (pseudonyme emprunté à Anatole France). Suivirent Le Coq catalan, La Revue universelle, Gringoire, La Chronique de Paris, L’Appel, La Gerbe, L’Echo de la France, mais quasiment jamais Je suis partout où la critique cinématographique était assurée par son ami Lucien Rebatet (alias François Vinneuil).

    Le présent volume rassemble tous les articles de cinéma que Robert Brasillach a publiés dans ces divers organes de presse de 1927 au 12 juillet 1944. Il témoigne de sa vision, de sa tendresse et de ce fameux “plaisir du cinéma”, et complète ainsi la fabuleuse Histoire du cinéma coécrite avec son beau-frère Maurice Bardèche. "

     

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  • L'énigme Pierre Pucheu...

    « Mort superbe et ressemblante. Tant qu'il reste un souffle de vie, rien n'est fini : tel est le message de Pucheu. Car ses derniers gestes reprennent et magnifient les grands thèmes de sa vie. Quand face au peloton, il commande le feu, il est, comme dans son bureau de ministre, le chef qui prend sur lui les responsabilités. La mort qui nous saisit d'ordinaire au plus bas de notre courbe, le fixe à ce sommet. » Alfred Fabre-Luce, Journal de France

     

    Les éditions Nouveau Monde viennent de publier une étude historique de Gilles Antonowicz intitulée L'énigme Pierre Pucheu, avec une préface de Jean-Marc Berlière. Déjà biographe, notamment, de l'avocat Jacques Isorni, Gilles Antonowicz revient avec ce livre sur le parcours complexe de ce normalien, esprit brillant et homme d'action, engagé dans l'industrie puis dans la politique active, qui finit broyé par la raison d'état. Il en profite, dans la lignée des travaux de son préfacier, pour tordre le cou à quelques mensonges forgés par le résistancialisme communiste, et pour rappeler les conditions particulièrement indignes dans lesquelles le procès de Pierre Pucheu, premier procès de l’Épuration, s'est déroulé.

     

     

    " « Allemands et collabos me haïssent pour ma réalité, tandis que gaullistes et Anglais me détestent sur ma légende »… Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy de juillet 1941 à avril 1942, nourrit les controverses : a-t-il réellement désigné lui-même les otages fusillés à Châteaubriant, dont Guy Môquet, comme il en est systématiquement accusé ? A-t-il organisé les crimes judiciaires perpétrés par la section spéciale de la cour d'appel de Paris et le tribunal d'Etat, condamnant à mort des communistes pour avoir distribué quelques tracts ? Ou est-il au contraire le ministre qui, en zone libre, a permis l'arrestation de plusieurs centaines d'agents ennemis ? Celui qui adjura Pétain de partir pour Alger en octobre 1942 de manière à y appeler les Américains, rompre l'armistice et reprendre la guerre contre l'Allemagne ? Alors qu'il rejoint le camp allié dès novembre 1942 pour aller se battre en première ligne contre les Allemands avec l'aval du général Giraud, Pierre Pucheu est arrêté à son arrivée en Afrique du Nord, incarcéré, jugé, condamné, fusillé.
    Son procès, le premier de l'épuration, préfigure tous les autres. De Gaulle, tout en refusant sa grâce pour "raison d'Etat", fait cependant savoir qu'il lui « garde son estime ». Symbole de cette contradiction, voire de ce regret, Pierre Pucheu est, avec le maréchal Ney, le seul condamné à avoir été autorisé à commander le peloton chargé de l'exécuter…

    Ni réquisitoire ni plaidoirie, cette captivante biographie conçue comme une enquête « comble – enfin ! – un trou noir de l'historiographie concernant Vichy, l'Occupation et la "collaboration" » (Jean-Marc Berlière). "

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  • Un peu d'occupation...

    Les éditions Robert Laffont viennent de publier dans leur collection Bouquin, sous le titre Occupation, les ouvrages de Pierre Assouline sur la période de l'Occupation, dont Une éminence grise, consacré à Jean Jardin, homme d'influence et directeur de cabinet de Pierre Laval, et Le fleuve Combelle, consacré au journaliste Lucien Combelle, qui fut un proche de Drieu la Rochelle et le rédacteur en chef de la revue Révolution nationale. Pierre Assouline est journaliste et chroniqueur.

     

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    " Les romans et biographies de Pierre Assouline liés à la période de l'Occupation représentent une part essentielle de son oeuvre. L'auteur s'est intéressé tout particulièrement au rôle des éminences grises qui ont agi dans les coulisses du pouvoir vichyste, tel le fascinant Jean Jardin. Dans son essai sur L'Épuration des intellectuels comme dans le récit de son amitié paradoxale avec le " collabo " Lucien Combelle, il évoque la situation des écrivains, éditeurs et patrons de presse compromis avec l'occupant. Il pose en filigrane la question, restée sensible, de la responsabilité morale et politique des créateurs et des hommes de pensée à des moments aussi cruciaux.
    Cette dramaturgie trouble et tragique est au coeur des obsessions du romancier. Dans La Cliente, un biographe enquêtant sur la vie d'un écrivain découvre par hasard des milliers de lettres de dénonciation, dont l'une concerne l'un de ses propres amis et sa famille qui a été déportée. Lutetia entraîne le lecteur dans le dédale vertigineux du Paris occupé à travers un de ses hôtels mythiques. On retrouve ce théâtre d'ombres dans Sigmaringen, petite ville d'Allemagne où le maréchal Pétain et ses derniers fidèles bénéficièrent d'un ultime refuge en septembre 1944.
    Dans sa préface inédite, où il dévoile la genèse de ses textes, Pierre Assouline éclaire toutes les ambiguïtés de cette histoire collective : une " zone grise semée de doutes et de compromis ", écrit-il, où " le mal subi côtoie le mal commis ". En montrant toute sa complexité, ce volume permet d'approcher de plus près la vérité d'une époque. "

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  • Qui arrêtera les grands épurateurs de l'Histoire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bérénice Levet, cueilli sur Figaro Vox et consacré à l'entreprise d'épuration de l'histoire menée par le milices du politiquement correct. Docteur en philosophie, Bérénice Levet a publié La théorie du genre ou La vie rêvée des anges (Grasset, 2014) et Le crépuscule des idoles progressistes (Stock, 2017).

     

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    Bérénice Levet :«Qui arrêtera les grands épurateurs de l'Histoire ?»

    Mardi dernier, le 28, se saisissant de la condamnation unanime par les médias français des événements de Charlottesville déclenchés par la décision de la municipalité de destituer la statue du ségrégationniste Général Lee, et la dénonciation non moins unanime du racisme persistant des Américains, de l'attitude des «suprémacistes blancs», le très prévisible président du Conseil Représentation des Associations noires de France (Cran), Louis-Georges Tin, publiait dans Libération une tribune intitulée «Vos héros sont parfois nos bourreaux» - précisons que la nuance n'est pas de Tin lui-même ; pour lui, il n'y a pas de «parfois»: «Vos héros sont nos bourreaux», écrit-il.

    Dans cette tribune, il somme le peuple français de procéder à son examen de conscience, de prendre acte de sa propre complaisance envers «les négriers», et réclame des édiles une vaste politique d'épuration urbaine: débaptiser les noms de rues, déboulonner les statues et, parmi les cibles visées par le militant, un nom se détache, nullement choisi au hasard tant la charge symbolique est forte, celui d'une des grandes figures de l'histoire de France: le nom de Colbert. «Lequel des deux pays est le plus problématique, feint de s'interroger Tin, celui où il y a un conflit autour de la statue d'un général esclavagiste, ou celui où il y a l'Assemblée nationale une statue de Colbert, une salle Colbert, une aile Colbert au ministère de l'Économie, des lycées Colbert, des dizaines de rues ou d'avenue Colbert sans qu'il y ait le moindre conflit, la moindre gêne, le moindre embarras?»

    S'attaquer aux statues est un geste hautement significatif. Souvenons-nous de l'Abbé Grégoire et de sa grande croisade contre le vandalisme (mot qu'il forgea) révolutionnaire, qu'il interprétait comme une volonté de «ramener le peuple à l'ignorance en détruisant les monuments des arts». Une ville est sédimentée historiquement et les statues sont les incarnations de ces couches successives qui la composent. Une ville se raconte au travers de ses statues. Celles-ci sont riches d'une double épaisseur temporelle: elles renvoient au siècle de la personne statufiée - témoins d'un temps passé, elles sont les marqueurs de la continuité historique d'une nation - mais aussi à l'époque où elles ont été érigées. (Je renvoie sur cette question aux précieux travaux de Maurice Agulhon).

    Ces grands démolisseurs ignorent les racines affectives de ces monuments. «Ces mois derniers, racontait le philosophe Ortega y Gasset dans sa préface à la Révolte des masses destinée aux lecteurs français, tout en traînant ma solitude par les rues de Paris, je découvrais qu'en vérité je ne connaissais personne dans la grande ville, personne sauf les statues (…) N'ayant personne à qui parler, c'est avec elles que je m'entretins». Et chacun de nous fait au moins l'expérience de ces itinéraires urbains jalonnés par la présence de ces grands hommes, écrivains, monarques, révolutionnaires, qui ont fait la France.

    Ces exigences de réécriture de l'histoire se sont multipliées au cours de ces dernières années. En décembre 2015, le Rijksmuseum d'Amsterdam s'engageait dans une vaste opération intitulée «Ajustements au sujet des terminologies colonialistes». Vingt-trois termes figurant sur les cartels des œuvres accrochées aux cimaises du musée, pouvant être jugés «offensants» par les visiteurs, avaient été retenus afin de leur trouver des substituts politiquement corrects: Maure, nègre , esclave, sauvage, hottentot, nain, mahométan. La même année, un Américain de trente-trois attaquait le Metropolitan Museum of Art de New York en justice pour racisme. Il accusait l'institution muséale de n'exposer que des œuvres figurant des Christs de type «arien», des Christs à la peau claire et aux cheveux blonds, provoquant du même coup, chez lui «un sentiment de rejet». Quatre toiles l'offensaient particulièrement, dont une du Tintoret et une autre du Pérugin. Il en exigeait impérieusement le décrochage.

    Cette année, en Martinique, à l'occasion du 23 août, décrété par l'Unesco journée international de la mémoire de l'esclavage et de son abolition, une manifestation à l'initiative du MIR (Mouvement International pour les Réparations) a été organisée afin d'obtenir la destitution de la statue de Joséphine de Beauharnais, sur la place de la Savane. Les militants ont brûlé sur la statue le drapeau aux serpents, emblème très controversé de la Martinique puisque ce pavillon figurait à l'époque sur les navires négriers. D'autres manifestations et revendications de cet ordre ont été récemment rappelées par Mathieu Bock-Côté (Le Figaro, 30 août 2017). Il faudrait également regarder du côté des féministes non moins résolues à reconfigurer l'espace public.

    Politique de reconnaissance importée

    Comment en sommes-nous arrivés là? Plusieurs facteurs y ont contribué et se conjuguent.

    Nous sommes la proie d'une hydre à plusieurs têtes. Effets délétères partout dans le monde, mais plus encore en France tant cet esprit est contraire à notre histoire. L'avènement d'une mémoire pénitentielle et l'importation d'une idéologie et d'une politique de reconnaissance des identités venue des pays anglo-saxons, l'exaltation du droit à la différence avec la création de SOS Racisme par la gauche mitterrandienne en 1984 ont eu raison de la conception française de la République et de sa passion du monde commun.

    Le retrait de la nation, de l'histoire nationale comme principe d'identification a laissé le champ libre à l'affirmation identitaire, aux revendications de chacune des communautés et à l'émiettement du corps national. Un individu ne se satisfait pas longtemps de demeurer sans identité, il se tourne alors vers les plus avenants, les seuls offrants. Une identité de victime, autorisant la haine de la France et de l'Occident, semble un joyeux écrin.

    Ces phénomènes témoignent du rapport extrêmement épineux que nous entretenons avec le passé. Nous ne savons plus comment l'appréhender. Le passé appelle des héritiers, car il aspire à être continué, maintenu vivant et enrichi, or, il semble bien qu'il doive se contenter de touristes ou de juges, qui sont souvent les mêmes. L'hubris, la démesure d'un présent qui se voudrait entièrement fondateur, nous domine. L'homme ne veut plus se concevoir comme un héritier, avec ce que cela engage de responsabilité. L'histoire singulière dans laquelle nous entrons nous est confiée et il nous appartient d'en répondre. «Naître, disait Marcel Hénaff, c'est être en dette».

    La passion judiciaire nous habite et le passé ne nous apparaît plus que comme coupable de part en part et indigne d'être continué. Nous sommes devenus inaccessibles à la grandeur du passé, à sa noblesse, à sa puissance d'inspiration, à ses trésors. Dans la novlangue des années 1960-1970, fabriquer des héritiers signifie ipso facto se rendre coupable de collaboration en permettant à une civilisation de se prolonger. La passion de la repentance, l'ivresse pénitentielle, sur lesquelles tout a été écrit, nous habitent.

    Incarcérés dans la prison du présent

    Un point me semble devoir cependant être ajouté, plus rarement souligné. Incarcérés dans la prison du présent, nous sommes devenus incapables de nous extraire de nos catégories de pensée et de jugement - sexisme, racisme, colonialisme, machisme, dominants/dominés et nous revisiterons l'histoire avec pour seule pierre de touche cette indigente grille de lecture. L'inconnu est ramené au connu, l'étrangeté qui marque de son sceau des modalités de pensée et de vie venues d'autres rives temporelles, reconduites à du familier.

    Un mal redoutable nous affecte: nous sommes devenus incapables de suspendre nos évidences, de mettre entre parenthèses nos préjugés d'hommes démocratiques, égalitaristes. Incapables, autrement dit, de «nous dépayser dans un sens autre» (Paul Ricoeur) et d'atteindre à la complexité de réalités essentiellement distinctes des nôtres - et le plus grave est que l'école elle-même ne se fait plus le lieu de l'apprentissage de cette faculté, de cet art. Les programmes d'histoire et de littérature sont infestés par l'idéologie contemporaine et l'élève appréhende le passé avec les lunettes du présent, encouragé à distribuer les bons et mauvais points.

    Ainsi de Colbert, cette immense figure de l'histoire de France, qui a permis à notre pays d'accéder à une grandeur jusqu'alors inégalée, Louis-Georges Tin ne sait et ne veut savoir qu'une chose: qu'il fut l' «auteur du code noir» - formule approximative car si Colbert fut à l'initiative du code noir, il n'en fut pas le rédacteur, mais ne demanderons pas à Tin de s'embarrasser de ce qui n'est assurément à ses yeux qu'un détail - et le fondateur de la Compagnie des Indes Occidentales.

    Qu'on ne nous accuse pas de nier la réalité de l'esclavage et la rigueur de cette juridiction. Nous n'ignorons nullement que le Code noir «en vigueur jusqu'en 1848, fut l'un des outils de l'inhumanité du système esclavagiste. Il en demeure l'un des symboles» (Olivier Grenouilleau) mais l'histoire de la France ne s'y réduit pas. Ce que s'obstinent à nier les Tin et consorts pour qui la colonisation est l'essence même de la France. Et dans cette intrigue des plus rudimentaires, les rôles sont aisés à distribuer: nous sommes les bourreaux et eux, les victimes.

    Il est évident que l'établissement des faits, la connaissance historique n'intéressent pas ces militants. L'objectif de ces carabiniers n'est pas le savoir, l'instruction, mais la comparution: ils veulent une France à terre, une France qui batte sa coulpe. La haine, le ressentiment - passion vile des hommes démocratiques, disait Nietzsche - les dévorent.

    Lecture infantilisante de l'histoire

    Cette lecture en blanc et en noir de l'histoire pourrait être dénoncée comme de l'infantilisme, ce qu'elle est assurément - l'adulte, l'homme qui a accédé à l'âge de la majorité, l'homme éclairé est censé savoir que l'histoire est un tissu de complexités - mais ce serait insuffisant car elle est d'une redoutable efficacité, elle séduit et est diffusée, relayée par des esprits qui ont largement dépassé l'âge infantile.

    Nos élites intellectuelles, culturelles, politiques en sont les grandes instigatrices. Ainsi, mardi 28, dès 7h30, avant même de s'être rendu à son kiosque à journaux, l'auditeur de la Matinale de France-inter savait, grâce à son animateur Nicolas Demorand (éditorial accessible en ligne sur le site de la radio), qu'il était ce jour-là un sermon à ne pas manquer et à gravement médité, publié dans le quotidien Libération, la tribune de Louis-Georges Tin. «Examen de conscience nécessaire, donc, de ce côté de l'Atlantique», concluait le journaliste sur un ton solennel mais non moins enjoué, le ton de celui qui se sait appartenir au camp du bien.

    C'est la raison pour laquelle on aurait tort de traiter par le mépris, avec un haussement d'épaules et un sourire au coin des lèvres, ces manifestations et revendications. Comment ces grands épurateurs de notre histoire, de notre passé, ne trouveraient-ils pas audience auprès de nos politiques hantés par l'idée d'être suspects de complicité avec les «péchés», quand ce ne sont pas les «crimes», de la France (colonialisme, sexisme etc.)? Imaginons un instant, Anne Hidalgo, lisant la tribune de Tin: Comment l'exhortation à traquer la moindre trace des «négriers» dont la ville perpétuerait le souvenir, et en conséquence, à débaptiser les rues, les établissements scolaires, déboulonner les statues pécheresses, ne trouverait-elle une oreille des plus bienveillantes auprès de la maire de Paris engagée dans cette vaste opération d'ingénierie urbaine et sociétale, éloquemment intitulée «Réinventer Paris» (entendre régénérer le peuple parisien)? Une ville nettoyée de ces vieilleries au nom de la lutte contre le racisme et l'esclavagisme…Que rêver de mieux!

    Il nous faut être extrêmement vigilants, car les revendications communautaristes sont un tonneau des Danaïdes et nos élites font montrer d'une véritable soumission.

    Cette focalisation sur le passé offre l'avantage de se détourner de l'urgence du présent, de se dispenser de juger ici et maintenant. Ainsi la France mérite-t-elle toute leur haine, quand les terroristes islamistes à l'inverse, serinent-ils après chaque nouvel attentat, ne l'auront pas.

    Bérénice Levet (Figaro Vox, 4 septembre 2017)

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  • Six heures à perdre...

    Aux morts de Février

    Les derniers coups de feu continuent de briller,

    Dans les jours indistinct ou sont tombés les nôtres.

    Sur onze ans de retard, serai-je donc des vôtres ? 

    Je pense a vous, ce soir, ô morts de Février.

    Robert Brasillach, 5 février 1945

    Les éditions Pardès viennent de rééditer un roman de Robert Brasillach intitulé Six heures à perdre , avec une de Philippe d'Hugues. Ecrivain et journaliste, Robert Brasillach, à qui l'on doit, notamment, Les sept couleurs, Comme le temps passe et Notre avant-guerre, mais aussi une Histoire du cinéma (avec son beau-frère Maurice Bardèche) ou un Corneille, a été une des principale victimes de l'épuration des intellectuels et est mort le 6 février 1945, dans les fossés du fort de Montrouge, sous les balles d'un peloton d'exécution...

     

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    " Ce n’est peut-être pas le meilleur roman de Robert Brasillach, mais ce n’est pas le moins intéressant, bien au ­contraire. C’est égale­ment le plus méconnu, le moins cité et le moins lu. La parution de ce roman posthume ne constitua pas un événement. L’exécution de Brasillach, le 6 février 1945, semblait déjà appartenir à une autre époque. Le retour inopportun d’un fusillé ne pouvait que passer inaperçu. Rares furent les comptes rendus. Ce n’était pas un inédit à proprement parler: tout à la fin de l’Occupation, il était paru en feuilleton, du 11 mars au 10 juin 1944, dans Révolution nationale, l’hebdomadaire de Lucien Combelle. Avant d’être arrêté, Brasillach avait eu le temps de corriger le texte paru en feuilleton, et de déposer chez Plon le manuscrit de cette version améliorée par ses soins. C’est ce texte définitif que Plon publia en 1953. S’il n’a pas l’éclatante qualité de Comme le temps passe, voire des Sept Couleurs, Six heures à perdre en a d’autres: on y voit surgir des tonalités différentes, qui annonçaient une nouvelle manière, un mûrissement de la pensée comme du style de Robert Brasillach. Dans ce roman de l’Occupation – un des plus grands qui soient, écrit à chaud, comme filmé sur le vif –, tout y est dit de la situation de notre pays en 1943-1944, de la Résistance, du marché noir, de la peine des femmes, de la confusion politique et des incertitudes des jeunes garçons. «Ce qui m’effraie, dit le narrateur, c’est l’intolérance des Français les uns vis-à-vis des autres.» Cette leçon, encore plus actuelle aujourd’hui qu’en 1953, devrait être méditée par les habituels détracteurs de service. Pour leur grand déplaisir, l’œuvre de Brasillach demeure, comme le montre avec éclat ce grand roman, à demi oublié mais que l’on va, enfin, pouvoir ­redécouvrir. "

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  • Quand Ferdinand était furieux...

    Les éditions Gallimard viennent de publier les Lettres à Pierre Monnier (1948-1952) de Louis-Ferdinand Céline. Pierre Monnier est celui qui, après la guerre, a permis à l'auteur du Voyage au bout de la nuit, alors en exil au Danemark, d'être à nouveau publié en France.

     

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    " Septembre 1948 : la Providence a pour nom Pierre Monnier, caricaturiste sous le nom de Chambri, qui profite de la tournée d’un groupe folklorique auvergnat pour rencontrer Louis-Ferdinand Céline. Après dix-huit mois de prison, ce dernier vit exilé au Danemark dans une chaumière prêtée par son avocat. Menacé d’extradition, en conflit avec son éditeur Denoël, il n’a rien publié depuis Guignol’s band et enrage de voir ses livres indisponibles. Pendant ce temps, le simple «ouvrier» travaille sans relâche à Féerie pour une autre fois. De retour à Paris et bien que le milieu soit exsangue depuis l’épuration, Pierre Monnier compte mettre fin par tous les moyens à ce scandale éditorial. Céline l’encourage de ses invectives : d’abord avec Charles Frémanger (l’éditeur de Jacques Laurent et d’Antoine Blondin) la republication sous le manteau de Voyage au bout de la nuit (1949), puis la création par le novice Monnier de sa propre Maison – les Éditions Frédéric Chambriand – pour mettre en circulation Casse-pipe et Mort à crédit.
    La détestation de Céline pour les éditeurs et ses logorrhées d’homme meurtri ne l’empêchent pas d'accorder sa confiance à Pierre Monnier, qui rejoint le petit cénacle des fidèles composé de Marie Canavaggia, Jean-Gabriel Daragnès, Albert Paraz ou Marcel Aymé. L’éditeur de fortune lui sert également de courroie de transmission avec Tixier-Vignancour qui tente à Paris d’obtenir son amnistie (procès en 1950). Bien que malmené à son tour, le valeureux Monnier parvient à organiser l’arrivée de Céline chez Gallimard, qui acceptera toutes ses conditions. Une fois le non-lieu prononcé (1951), l’écrivain maudit revient discrètement en France : la saison au purgatoire est loin d’être terminée.
    Ce douzième volume de la «Série Céline» corrige, approfondit par des notes et complète par des inédits les 313 lettres (ici 325) que Pierre Monnier avait divulguées dans son récit Ferdinand furieux (L’Âge d’homme, 1979). On trouvera également en annexe des témoignages de Pierre Monnier et une précieuse documentation sur son aventure éditoriale."

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