Joe Biden : le retour de la guerre ?
Les journalopes françaises sont en pleine période d’euphorie depuis la victoire de Biden et il est impossible pour un Français qui se limiterait à ce qui reste de la presse hexagonale moribonde de se faire une idée juste de ce qui s’est passé aux Etats-Unis. Il faut chercher avec la plus grande objectivité possible ailleurs et on mesure alors stupéfait la rapidité avec laquelle les commentateurs se sont félicités de la défaite de Trump. Il y a forcément anguille sous roche.
Tout d’abord la fraude du côté démocrate est manifeste.
Les images abondent de bulletins détournés, de sacs postaux remplacés, de comptage rapide. La fraude incombe au vote par correspondance justifié par la pandémie covid et dont certains en France hument déjà l’intérêt pour voler une fois de plus le choix des français en 2022. La fraude américaine fut proprement gigantesque et elle indique déjà le niveau d’honnêteté et la capacité au mensonge dont seront capables les démocrates qui prendront le pouvoir en janvier.
Dans les westerns hollywoodiens, on attaquait le train postal, aujourd’hui, c’est le vote postal qu’on falsifie dans les wagons.
Sans doute pour les raisons déjà évoquées, la réaction molle face à la sédition de Chop dont nous avons parlé, Trump a perdu mais de toute évidence avec un écart moindre que celui annoncé, avec un très faible écart de voix qui le rend – et c’est une situation que les Etats-Unis n’ont pas connu depuis longtemps – le leader incontesté et tonitruant d’une opposition intérieure qui a ses nombreux partisans et de plus en plus d’ailleurs, fait surprenant, dans la dite diversité (noir, latino) excédé par l’extrémisme suicidaire des Black Lives Matter.
Nous voudrions donc revenir ici sur un point capital que dans leur aveuglement partisan aucun éditorialiste n’a relevé. Donald Trump fut le premier président américain à ne pas avoir déclaré une guerre. Pour la première fois depuis bien longtemps, les Etats-Unis, état voyou et criminel sur bien des aspects, ne sont pas rentrés en guerre sur une quelconque partie du monde. C’est proprement du jamais vu. Le prix Nobel Barack Obama s’était lui illustré comme le président qui avait le plus bombardé et lâché de bombes durant tout son mandat. Trump n’a déclaré la guerre à personne : il a au contraire ramené nombre de boys à la maison. Nous n’osons imaginer ce qu’aurait été une présidence Hillary Clinton mais ce fait indéniable, indiscutable, passe partout aux oubliettes, ne risque-t-il pas cependant de nous revenir comme un boomerang, cette fois teinté d’explosifs avec la Présidence Biden.
Il reste certes beaucoup à faire, surtout dans le domaine des opérations américaines à l’étranger, où des nations sont perdues et réduites au chaos avec toutes les conséquences sur les destins collectifs des peuples que cela entraîne, mais la situation actuelle, à la fin du mandat de Trump est bien meilleure qu’à la fin du mandat d’Obama. Les attentes sont de nouveau grandes maintenant avec l’arrivée de Joe Biden, mais je ne suis pas sûr que cela suscitera un avenir brillant.
Déjà, on connaît l’inflexion : « l’Amérique comme guide du monde », titre de son programme de politique étrangère. Les préoccupations de ce programme restent les obsessions démocrates : la Russie, l’Iran et la Chine, vers laquelle Obama avait déjà infléchi toute la stratégie offensive et de défense des intérêts américains.
Soyons clair : le siège de la Russie, comme celui que l’Entente a exercé contre l’Allemagne au siècle dernier, se résoudra forcément dans une série de guerres de faible intensité ou par une folie toujours possible en une confrontation radicale sur l’espace européen. Or nous savons déjà que matériellement (les coupures dans les budgets de la défense, véritables castrations des armées nationales) et psychologiquement, les Européens, prenons le cas des Français par exemple, seront incapables de faire face à un conflit qui durerait plus d’une semaine et qui leur causerait des sacrifices de sang et de leurs propres biens.
Nonobstant, et certaines déclarations de nos plus hauts gradés récemment le confirment, le monde s’approche d’une montée de tension qui risque de ne pas être soutenable avec l’arrivée de Biden à la présidence des États-Unis, s’il revenait aux mêmes politiques agressives d’Obama et d’Hillary Clinton. La Chine s’y est déjà longuement préparé et a remporté cet été un atout décisif avec les alliances nouées dans le sud-est asiatique (nous y reviendrons).
Les options de tir sont multiples et variés: le Cachemire, le Ladakh, la mer de Chine, le Caucase, la Biélorussie, la Crimée, la Syrie, un incident aéronaval en Baltique ou en Arctique, la Libye, des bouleversements dans une Arabie saoudite impliquée dans des différends successoraux, la mer Égée gréco-turque… Les occasions ne manquent pas, même une future balkanisation de l’Espagne ou du Royaume-Uni ne doivent pas être écartées. La capacité d’une puissance mineure à provoquer un second Sarajevo et à conduire le monde dans un conflit aux conséquences plus graves n’est plus seulement une hypothèse de travail dans certaines officines stratégiques mais Trump ne l’aurait pas permis.
En Libye, en Syrie, dans les îles de la mer Égée, en Azerbaïdjan, et à l’avenir en Bosnie, en Albanie ou dans les quartiers très turcs de l’Allemagne, les drapeaux de Erdogan, le nouveau «sultan» se déploient, qui convertit la Turquie en un possible empire régional. Or, sans le soutien américain, quel pouvoir réel a-t-il face à une intervention russe ?
Qu’annonce en fait Biden ? « Tandis que “le président Trump a diminué, affaibli et abandonné alliés et partenaires, et abdiqué du leadership américain, comme président j’accomplirai immédiatement des actes pour renouveler les alliances des États-Unis, et faire en sorte que l’Amérique, encore une fois, conduise le monde”.
Comme “le monde ne s’organise pas tout seul”, souligne Biden, les États-Unis doivent de nouveau “jouer le rôle de guide dans l’écriture des règles« , comme ils l’ont fait pendant 70 ans sous les présidents aussi bien démocrates que républicains, jusqu’à ce que Trump n’arrive.
Ce n’est pas un programme qui sent réellement le pacifisme ! Reste alors ce qui doit nous importer le plus : l’avenir de l’Europe.
Donald Trump, – décidément un grand président – avait donné indirectement la plus grande impulsion à la Défense européenne depuis la naissance de l’Union avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951. En étant farouchement isolationniste, avec des manifestations constantes de désaffection envers les pays européens, il est vrai pas exempt de quelques débordements –mais il vaut mieux avoir du style qu’être aussi terne que Macron ! – Trump a permis un réveil européen sur les questions de défense, il a servi à mettre la peur dans le corps des dirigeants européens qui, du coup ces dernières années, coïncidant avec sa présidence, ont mené un énorme effort dans la construction d’une nécessaire Défense européenne, avec le Fonds européen de Défense, au sein de la Coopération structurée permanente. Il s’agit là d’une réalisation européenne majeure parmi d’autres également significatives et nous la devons à Trump. Le problème est qu’avec une lecture superficielle de l’ « Amérique comme guide et gendarme du monde », pilier de l’OTAN qui depuis la fin du Pacte de Varsovie aurait dû être dissout, avec surtout les Atlantistes qui noyautent la classe politique française et européenne, cela peut amener de nombreux partenaires européens à penser qu’avec Biden et la protection américaine de nouveau assurée, il ne vaut plus la peine de poursuivre la construction de la Défense européenne.
C’est la position de l’esclave et cela nous laisse nu au milieu d’un monde en ébullition, alors qu’aucune des menaces n’a disparu, alors qu’au contraire, les menaces se réactivent en douceur, lentement mais sûrement (voir le retour des euro-missiles nucléaires sur le sol européen).
Mais au final qu’elle le sache, l’Union européenne se retrouvera seule avec ses démons et sur un terrain de bataille pour lequel, elle n’est pas préparée.
Michel Lhomme (Métainfos, 3 janvier 2021)