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  • Tour d'horizon... (56)

     

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Le Monde diplomatique, Régis Debray se déclare partisan d'une sortie de la France de l'OTAN. Un texte brillant, publié en mars 2013 et désormais disponible en ligne.

    La France doit quitter l'OTAN

     

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    - sur son blog, Bernard Lugan rend hommage à l'historien et africaniste Daniel Lefeuvre avec un texte consacré au coût de la colonisation de l'Algérie...

    Comment la France s'est ruinée en Algérie

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  • L'offensive de Taubira contre la « France raciste »...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 octobre 2013 et consacrée à la médiocre polémique sur la montée du racisme en France, reprise en chœur par les médias du système...

     


    L'offensive de Taubira contre la "France raciste" par rtl-fr

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  • Théorie de la constitution...

    Les Presses universitaires de France viennent de rééditer, dans leur collection de poche Quadrige, Théorie de la constitution, un essai important du juriste et philosophe allemand, Carl Schmitt. L'ouvrage est précédé d'une longue présentation d'Olivier Beaud, spécialiste du droit constitutionnel et auteur d'une étude intitulée Les derniers jours de Weimar - Carl Schmitt face à la montée du nazisme (Descartes et Cie, 1997).

     

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    " Cette traduction, publiée en 1993, fut la première en France de cette œuvre monumentale, dans laquelle un grand universitaire entreprend de donner sa propre description des régimes politiques occidentaux, au miroir de la République de Weimar. Ce vaste ouvrage s’adresse à tous ceux qu’intéresse l’État moderne. Après avoir défendu la validité d’une notion politique de la Constitution et polémiqué avec Hans Kelsen, partisan d’un normativisme, Carl Schmitt analyse l’État de droit libéral-bourgeois en le décomposant en deux éléments antithétiques : libéraux (droits de l’homme et séparation des pouvoirs) et politiques (représentation et identité). Il termine sur une théorie de la Fédération novatrice au regard de notre actuelle construction européenne. Toutefois, le but polémique de l’auteur est réel, sa proposition de théorie de l’État étant directement issue d’une lecture autoritaire de Hegel. La lecture de ce penseur « dérangeant » reste néanmoins un défi intellectuel pour tous ceux qui étudient les problèmes de la démocratie et du libéralisme."

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  • Portrait d'un penseur libertaire et nietzschéen...

    Nous reproduisons ci-dessous un beau texte de Max Leroy, cueilli sur Ragemag et consacré à Albert Camus. Max Leroy "écrit des livres et vit dans un coin perdu de la Bourgogne. S'il faut des cases : socialiste-libertaire. S'il faut des noms : un pied chez Orwell, l'autre chez les zapatistes (et Ferré ou Nietzsche les jours de pluie)."

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    Albert Camus : portrait d'un penseur libertaire et nietzschéen

    Né à la veille de la Première guerre mondiale dans ce pays que l’on nommait alors l’Algérie française, enfant d’une femme de ménage et d’un père mort au combat, Albert Camus est avant tout fils de modestie. Fils des sans-grades, des anonymes, des démunis. De la lie ou de la plèbe, diraient les possédants avec ce ton qui leur sied tant. Cette identité sociale, classe au cœur, est le fil rouge d’une trop brève existence – que quelques dates permettront, à grands traits, de retracer : une adhésion au Parti communiste, en 1935 (qu’il quitte deux ans plus tard) ; la direction du journal Combat durant la résistance contre l’occupation allemande, en 1943 ; la dénonciation esseulée de l’utilisation de l’arme atomique nord-américaine sur les civils japonais, en 1945 ; la publication controversée de L’Homme révolté, en 1951 ; l’appel à la « trêve civile » lors de la guerre d’Algérie et la critique de l’expansionnisme soviétique, en 1956 ; le Prix Nobel de littérature, en 1957 ; l’accident de voiture qui le fauche à l’âge de quarante-sept ans, en 1960.

    Un socialisme de la mesure : « l’utopie relative »

    L’Absolu ? Camus lui met une muselière et en appelle à « une pensée politique modeste », concrète, pragmatique, sans messianisme ni Paradis terrestre. Tiédeur ? Lâcheté ? Conformisme petit-bourgeois ? Camus sait seulement que le sang ne s’arrête plus dès lors qu’on lui laisse libre voie. Les doctrines oublient que les hommes sont à prendre avec leurs fêlures et leurs folies. L’enfer, on le sait, a le goût des bonnes intentions et les salauds y siègent avec des ailes de saints… La Révolution aime les hommes de demain mais cet amour a un prix : la haine de ceux qui s’en tiennent au présent. Camus refuse de sacrifier l’instant pour un futur incertain connu d’un seul, oracle allemand rentré dans l’Histoire après avoir révélé au grand jour les lois de cette dernière…

    Le marxisme, énonce-t-il dans L’Homme révolté, est un christianisme athée où « l’utopie remplace Dieu par l’avenir ». Il place toute sa confiance dans les bras du Progrès et fait litière des particularismes culturels pour façonner l’humanité d’une main de fer. Le marxisme croit défendre la classe ouvrière mais les outils qu’il utilise sortent des forges de le classe dominante : sa foi en la technique et la production « sont des mythes bourgeois » du XIXe siècle. Camus ne croit pas à la mission historique et rédemptrice du prolétariat telle que Karl Marx l’a conçue : les travailleurs ne sont pas des créatures hors-sol mues par les seuls impératifs économiques, ils ont une patrie et le fait national, n’en déplaise, a la tête dure. Le penseur ne se paie pas de mots : le marxisme, nonobstant la sagacité et l’intemporalité de certaines de ses analyses critiques, n’eut de scientifique que ses seules prétentions…

    « L’enfer, on le sait, a le goût des bonnes intentions et les salauds y siègent avec des ailes de saints… La Révolution aime les hommes de demain mais cet amour a un prix : la haine de ceux qui s’en tiennent au présent»

    Camus tient à réintroduire la notion de limites et à rappeler cette évidence, chère au bon sens si peu prisé des idéologues : il y a des choses qui ne se font pas. La lutte pour l’émancipation a bon dos quand chacun chante sur les charniers qui bâtiront les lendemains heureux. Les moyens, rappelle-t-il, sont déjà des fins. Rien ne peut justifier les déportations et les camps, pas même le rêve d’une société sans classes. Rien ne peut légitimer les pelotons et la terreur, pas même l’espoir d’une paix prochaine. Rien ne peut excuser les purges et les procès truqués, pas même la dialectique hégélienne. Camus refuse que la haine devienne une catégorie intellectuelle ou une modalité de l’action. La morale n’est pas l’apanage de la bourgeoisie et l’homme perd un peu de sa dignité dès lors qu’il lui préfère l’efficacité. D’où sa réhabilitation du « goût de la grandeur humaine », de l’honneur, de l’éthique, du respect et de la camaraderie – ces valeurs qui font sourire le siècle.

    Le vrai démocrate, pense Camus, sait que son adversaire peut avoir raison et qu’il doit pouvoir s’exprimer à sa guise. Les révolutionnaires ont perdu le goût de la liberté au nom de l’égalité. Camus n’entend pas transiger. Le pain ne se partage pas au fond des cachots… Le socialisme qu’il fait sien « ne croit pas aux doctrines absolues et infaillibles, mais à l’amélioration obstinée, chaotique mais inlassable, de la condition humaine » (Actuelles I).

    Le sang, mauvais témoin de la vérité

    La Résistance contre l’occupant allemand a pu compter Camus dans ses rangs. Il ne mania pas les armes mais en justifia l’usage : on ne serre pas la main au nazisme, on la lui arrache. « Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. » Mais quelle violence ? L’interrogation hante son œuvre de ses spectres entêtés. À quelles conditions le sang d’un homme peut-il couler ? Que représente la vie d’une poignée d’individus au regard de la libération des masses ? Camus esquisse quelques pistes : 1) Que nul ne touche aux enfants, 2) On peut tuer, à titre exceptionnel, un représentant de l’ordre coercitif au nom de la justice, 3) Mais on ne peut recourir à la violence ultime qu’à la seule condition de risquer sa propre vie et d’accepter que l’on puisse, dans cette lutte, être tué en retour.

    Camus sait que l’on ne peut faire l’économie de la brutalité, en périodes révolutionnaires, mais il n’accepte pas que l’on puisse lui donner bonne conscience. La violence doit avoir le rouge au front, celui du sang qu’elle répand. Elle doit baisser les yeux, honteuse des âmes qu’elle emporte pour la juste cause. Camus abhorre « la violence confortable », celle des chaires des mandarins et des cafés parisiens : comme il est facile d’appeler au combat loin du front, des tranchées et des bombes ! L’intellectuel est galvanisé par sa feuille blanche et jongle avec les lettres quand des plus jeunes que lui, moins savants mais plus braves, s’écroulent un trou dans les reins ou la cervelle. On ne peut jouer avec la vie des autres quand la sienne ne risque rien. La légitimation philosophique et politique de la violence, en ce qu’elle lui confère une assise théorique et conceptuelle, fait horreur au philosophe qu’il se défend pourtant d’être : la violence ne peut être avancée au « service d’une doctrine ou d’une raison d’État » et doit conserver, à jamais, « son caractère provisoire d’effraction ». Camus fait savoir, en 1952, qu’il a étudié les enseignements non-violents et qu’il n’était « pas loin de conclure qu‘[ils] représente[nt] une vérité digne d’être prêchée par l’exemple ». Puis il ajoute : « Mais il y faut une grandeur que je n’ai pas. »

    « La violence doit avoir le rouge au front, celui du sang qu’elle répand. Elle doit baisser les yeux, honteuse des âmes qu’elle emporte pour la bonne cause. »

    La guerre d’Algérie le place dans une position pour le moins inconfortable puisqu’il ne veut rallier aucun des deux camps – ni l’abjection coloniale, qu’il dénonce depuis son enquête Misère en Kabylie, ni le mouvement indépendantiste conduit par le FLN, dont il critique l’idéologie et les méthodes d’action. Camus se veut partisan d’une troisième voie : une fédération franco-algérienne, sur le modèle suisse, qui permettrait selon lui aux populations (arabes, berbères, kabyles, juives et européennes) de cohabiter en toute égalité. « Pour Albert Camus – écrivit son professeur Jean Grenier dans Albert Camus, souvenirsla guerre d’Algérie était une guerre civile dans laquelle il ne pouvait qu’être des deux côtés à la fois. » C’est ainsi qu’il renvoie dos à dos l’armée métropolitaine et les poseurs de bombes et appelle, avant de se retirer publiquement du conflit, à une trêve afin d’épargner, de part et d’autre, la vie des civils. Une position qui, examinée avec la sérénité qui manque à nos mémoires, ne manque pas d’ambiguïtés : Camus condamne l’usage de la torture, intervient en secret pour sauver la vie de nombreux indépendantistes et n’est pas, comme ont pu gloser d’aucuns, un apôtre de l’Algérie française – mais il reconnait être avant tout un Français d’Algérie éperdument attaché à sa terre natale et confie, en privé, que la guerre contre le FLN est inévitable et que son devoir l’obligera, en dernière instance, à rejoindre les siens, c’est-à-dire les pieds-noirs… Camus rêvait d’une Algérie juste mais ses rêves n’entendirent pas toute la colère qu’une terre occupée couvait depuis 1830 (ce qui fit dire à l’historien Benjamin Stora que Camus était « prisonnier des stéréotypes coloniaux » de son temps et qu’il n’avait pas vu « venir la question nationale algérienne »).

    Avec et contre Nietzsche

    « Je dois à Nietzsche une partie de ce que je suis », déclare Camus à plus de quarante ans. Compagnonnage d’une existence, peut-on dire : il lui consacra une étude, étudiant, et mourut d’un accident de voiture, un exemplaire du Gai savoir à ses côtés… Le nom de Nietzsche apparaît dès les premières pages de son premier essai, Le Mythe de Sisyphe, et ses carnets foisonnent de citations du penseur allemand. Mais c’est à la lecture de l’essai L’Homme révolté que l’on peut percevoir, dans toutes leurs nuances, les rapports que l’écrivain entretient avec ce maître difficile qu’il présente ailleurs comme une âme « qui nous surpasse tous infiniment », une « dure et belle intelligence ».

    Après avoir étrillé Max Stirner sur quelques pages dudit essai (Stirner et son culte du Moi, son solipsisme infantile et sa radicalité vaine), Camus s’empare de Nietzsche pour en faire un médecin : le philosophe allemand a, de sa plume-scalpel, ouvert les chairs de son époque pour tenter d’en approcher les infections et les miasmes. Celles-ci portent un nom : le nihilisme. L’étymologie nous rappelle qu’il renvoie à l’idée de « rien » mais Nietzsche étend la définition à toute manifestation de haine et de mépris contre l’existence et la vie terrestre. Puisque Dieu a rendu l’âme et que la vie n’a plus de sens, il incombe à l’homme bâtir sur ces cendres un brasier sans précédent – d’où l’exhortation nietzschéenne à la création de nouvelles valeurs. « La philosophie de Nietzsche tourne certainement autour du problème de la révolte. Exactement, elle commence par être une révolte », écrit Camus. Puisque le Ciel est un mensonge, honorons la terre – point de salut hors d’elle. Nietzsche en appelle à l’innocence du devenir : ne pas se cabrer contre ce qui est, ne pas résister à ce qui doit être : la liberté nietzschéenne s’obtient, paradoxalement, dans un consentement absolu et une acceptation totale. Adhérer à la nécessité et parvenir à la libération en aimant son destin – tel est le sens de l’Amor fati prisé par le père de Zarathoustra et retracé dans les pages de L’Homme révolté.

    « Défendre Nietzsche lorsqu’il est traduit au banc des infamies ? À l’évidence. Le défendre envers et contre tous ? Certainement pas. »

    Camus y rappelle les détournements que l’on sait : le philosophe solitaire devint le flambeau des régiments casqués, l’ennemi des antisémites le héraut du racialisme aryen et l’être épris de droiture la caution des miradors. Jamais, note-t-il, aucun penseur – Marx excepté – n’eut à subir pareille injustice : « Jusqu’à Nietzsche et au national-socialisme, il était sans exemple qu’une pensée tout entière éclairée par la noblesse et les déchirements d’une âme exceptionnelle ait été illustrée aux yeux du monde par une parade de mensonges, et par l’affreux entassement des cadavres concentrationnaires. » Défendre Nietzsche lorsqu’il est traduit au banc des infamies ? À l’évidence. Le défendre envers et contre tous ? Certainement pas. Camus s’oppose à l’assentiment systématique du déterminisme nietzschéen : si l’on dit Oui à tout, alors on doit se résigner face au mal, à l’injustice, au mensonge et au meurtre – et cela, il ne peut le tolérer. Nietzsche, ajoute-t-il, a manqué le coche du socialisme : lui seul était, et reste, en mesure de barrer la route au nihilisme et de construire le rêve du philosophe : la surhumanité. Il faut dire Oui à ce qui élève la vie mais contester ce qui l’abaisse.

    Marx, bien qu’il ne conduise pas aux camps de rééducation soviétiques, peut ouvrir les portes d’une politique qui, au nom des nécessités du mouvement historique, nie la dignité des hommes ; mais Marx incite à changer le monde. Nietzsche, bien qu’il ne conduise pas au programme Aktion T4, peut ouvrir les portes d’une politique qui, au nom de l’empire féroce de la fatalité, écrase les hommes ; mais Nietzsche incite à aimer la vie. Marx coud l’homme aux lignes de l’avenir ; Nietzsche le cloue aux ailes du présent. La pensée camusienne esquisse une réconciliation : aimer le monde que l’on déteste.

    La révolte libertaire ou la « pensée solaire »

    Si les références au socialisme libertaire abondent sous sa plume, on ne fera pourtant pas du penseur un anarchiste orthodoxe : Fabrice Magnone eut raison de le présenter, lui qui vota un jour pour un candidat social-démocrate, comme un compagnon de doute des héritiers du drapeau noir. D’autant que Camus n’entendait pas qu’on le réduise à une étiquette politique, partidaire ou clanique. L’expression libertaire a « une fécondité toute prête à condition de se détourner sans équivoque de tout ce qui, en elle-même et aujourd’hui encore, reste attaché à un romantisme nihiliste qui ne peut mener nulle part », consigne-t-il dans l’une de ses lettres. Camus oppose les lumières grecques et méditerranéennes aux brumes de l’idéalisme allemand et met à disposition, au fil des pages et des rencontres, une pensée libertaire solaire, positive, dynamique, plastique et à même de répondre aux enjeux contemporains. Pourquoi ne pas laver l’anarchisme ancestral de ses tâches et de ses tares ? À quoi bon, aujourd’hui, les coups de sang et la poudre, les braquages et les bombes, le lyrisme et la haine ? Pourquoi ne pas prélever dans l’œuvre de Bakounine, cet insurgé russe si cher à Camus, les matériaux les plus fertiles tout en délaissant ce qui nuit à la vie ?

    Point d’ambivalences chez Camus : le capitalisme, escorté des civilisations mécaniques qu’il dresse, doit être pourfendu – toute la question reste de savoir comment. Et Camus de répondre : par la révolte et non plus par la révolution dans sa formulation marxiste-léniniste, robespierriste, autoritaire et « césarienne ». La première est « force de vie, non de mort. Sa logique profonde n’est pas celle de la destruction ; elle est celle de la création ». La révolte proteste contre la négativité, le nihilisme et les passions tristes ; elle s’élance, féconde, et n’entend pas répondre au mal par son ombre. La révolte se trahit lorsqu’elle cède sur ses principes et s’empare des armes de son ennemi – le mensonge et la mort. La révolte ne s’apaise jamais et ne peut s’en remettre à ses acquis : prendre la tête d’un régime ; et après ? Quand le révolutionnaire, fort et fier de l’appareil d’État dont il vient de s’emparer, lève de nouvelles armées pour asseoir son pouvoir, le révolté se sait aux aguets : les chefs, fussent-ils bardés de rouge, ont la mémoire courte et les dents longues… L’homme révolté sait qu’il ne sait pas tout. Son doute est son garde-fou. On ne tranche plus la gorge d’un homme lorsque l’on croit qu’il peut encore changer.

    « L’homme révolté sait qu’il ne sait pas tout. Son doute est son garde-fou. »

    Belles intentions… Prêches de boy-scout… Humanisme à l’eau-de-rose… Camus entend la rumeur alentour et tâche d’y répondre : le syndicalisme libertaire révolutionnaire est à même de libérer le peuple des chaînes qui l’oppriment. Non plus le soulèvement armé conduit par une avant-garde issue de beaux quartiers mais un travail mené à la base et au sein des masses. Camus s’inscrit dans les pas de la Commune de Paris et oppose le fédéralisme au centralisme jacobin : « La commune contre l’État, la société concrète contre la société absolutiste, la liberté réfléchie contre la tyrannie rationnelle, l’individualisme altruiste contre la colonisation des masses ». Les épigones les plus zélés du socialisme matérialiste critique, de Saint-Germain-des-Prés ou d’ailleurs, dressèrent, à défaut de bûcher, le portrait d’un Camus défenseur de l’ordre établi et de la bourgeoisie – il existe pourtant une « autre tradition révolutionnaire » répondit le natif d’Oran, celle des libertaires, celle des anarchistes, celle, confie-t-il lors d’un entretien paru dans son recueil Actuelles II, qui inspira sa réflexion 1

    Vieille querelle : socialisme « scientifique » contre socialisme « utopique », Marx & Engels contre Bakounine & Proudhon – ou ce que Camus nomme aussi la gauche policière et la gauche libre (même s’il refuse de céder « aux facilités d’un anticommunisme politique », celui qui fait les choux gras de la droite et de l’establishment nord-américain). Albert Camus est donc sans appel : que l’on rende la parole aux libertaires, « la société de demain ne pourra s['en] passer »…

    Max Leroy (Ragemag, 7 novembre 2013)


    Note :


    1 Camus mentionne son « anarchie profonde » dans la préface de son ouvrage L’envers et l’endroit.

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  • Petit dictionnaire de novlangue...

    Polémia a rassemblé dans son Nouveau dictionnaire de novlangue 500 mots parmi les plus employés par l’oligarchie dirigeante et les médias pour tromper l’opinion. Des mots tabous, trompeurs, marqueurs, sidérants ou subliminaux décryptés pour nous. On trouvera également dans ce recueil un texte de Michel Geoffroy (« Les habits "républicains" de l'oligarchie ») et un texte de Jean-Yves Le Gallou (« La novlangue de l'Union européenne ».

    Cet ouvrage est en vente sur le site de Polémia.

     

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    " La novlangue se développe et se répand à la vitesse d’un cheval au galop. Comme dans bien d’autres domaines, on assiste à une dénaturation du langage, les médias étant le gros porteur du nouveau vocabulaire. Des mots sont inventés ; on les appelait naguère néologismes et ils étaient prononcés avec réticence et presque un sentiment de culpabilité jusqu’à ce qu’ils soient entrés dans le langage courant ; d’autres perdent leur sens étymologique et, au regard de leur signification première, sont utilisés à mauvais escient. Aujourd’hui, c’est la compétition : le bobo « néologise » et rivalise avec les médias qui vendent ce nouveau vocabulaire sans retenue.

     

    Curieusement, ces mots de la novlangue ont une fonction banalisante, visant à adoucir la réalité : à la société il faut parler avec précaution (en jouant du principe du même nom), dans des termes édulcorés, non seulement pour cacher volontairement des choses qui ne seraient pas bonnes à dire, mais aussi, et surtout, pour lobotomiser les cerveaux et ainsi éviter des réactions brutales. "

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  • Lorànt Deutsch et la Bataille de l'Histoire dans les médias

    Nous avons cueilli sur le site de l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique une excellente mise en perspective de la polémique médiatique autour de Lorànt Deutsch et de son dernier livre, intitulé Hexagone et consacré à l'histoire de France.

     

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    Lorànt Deutsch et la Bataille de l'Histoire dans les médias

    Après l’incroyable succès de Métronome (Michel Lafon), qui s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires et a été adapté sur Arte pour atteindre un record d’audience, Lorànt Deutsch a récidivé avec Hexagone (Michel Lafon), sorti le 26 septembre dernier. Réutilisant le même procédé ludique, sur un ton toujours aussi passionné, c’est cette fois-ci l’Histoire de France, après celle de Paris, que le comédien évoque en suivant les routes et les fleuves du pays, comme il avait eu recours aux stations de métro pour raconter la capitale. Tiré à 220 000 exemplaires, le livre est déjà en réimpression et s’annonce comme un nouveau best-seller historique. Mais ce succès, qui donnerait lieu de se féliciter d’un tel regain d’intérêt pour l’Histoire chez nos concitoyens, a surtout accouché d’une polémique. En effet, trois universitaires, William Blanc, Aurore Chéry et Christophe Naudin, qui avaient déjà attaqué Métronome dans la presse et publié en mars dernier un livre pamphlétaire : Les Historiens de garde (Inculte), remontent à l’assaut pour dénoncer les méthodes et, essentiellement, l’idéologie que Lorànt Deutsch véhiculerait à travers ses livres. Les historiens étendent leur critique à la diffusion médiatique de l’Histoire. Leur thèse : Bénéficiant de postes, de relais ou de complicité dans les médias, un groupe d’historiens divulguerait une version tronquée de l’Histoire afin de gaver les masses d’idées chauvines, réactionnaires et étriquées… En un mot : « nauséabondes ». Quelle est donc la véritable nature de cette polémique ?

    Le facho nouveau est arrivé !

    Tout d’abord, il est évident que la désignation d’un ennemi mal-pensant illico « fascisé » est une maladie chronique dont souffre le débat national depuis au moins une décennie. L’année dernière, à la même époque, c’est l’écrivain Richard Millet qui déclenchait l’ « affaire » de septembre et se trouvait qualifié de « réac », de « néo-facho », d’« islamophobe », sa prose étant jugée « nauséabonde ». La polémique Deutsch semble donc, au premier abord, relever simplement du procès d’inquisition annuel. « Chasse aux sorcières nous rétorquera-t-on », conviennent d’ailleurs les auteurs des Historiens de garde dans un article du Huffington Post. Mais ces derniers nous assurent cependant que cette chasse n’est pas gratuite et qu’il y a un véritable crime : « Son Métronome scande l’histoire aux rythmes des grands hommes, monarques et saints, construisant depuis l’aube des temps une nation quasi-éternelle et figée où Paris serait depuis toujours capitale de la France, de l’Empire romain quand il ne s’agit pas carrément de la chrétienté. »

    Or pour William Blanc, Aurore Chéry et Christophe Naudin, on est là face à une « vision quasi-maurassienne de l’Histoire ».

    Certes la formule est impropre mais riche d’insinuations. Impropre, parce que Maurras n’était pas historien et que c’est Bainville qui assurait cette fonction dans le célèbre quotidien royaliste que le premier dirigeait. Il serait donc plus juste de dire « banvillienne ». Impropre surtout, parce que l’Histoire de Bainville n’accorde pour le coup pas beaucoup de place aux saints, que sa perspective est surtout géopolitique, et sa tradition plutôt rationaliste, et que son travail n’est par conséquent pas représentatif de ce qui est reproché à Deutsch. Mais Maurras s’étant, à la fin de sa vie, compromis dans la collaboration en soutenant le régime de Pétain, ne faut-il pas comprendre « quasi-maurrassienne » comme « crypto-pétainiste » ? On atteint ainsi sans beaucoup de virages le fameux point Godwin. Au-delà de cette attaque de fond, sur laquelle nous reviendrons, le point le plus sensible où se cristallise la polémique dans la presse (puisque le livre Les Historiens de garde ne traite pas d’Hexagone) est la bataille de Poitiers, telle que la raconte Lorànt Deutsch dans son dernier ouvrage.

    Le tabou islamique

    En effet, l’acteur commet la faute inexcusable de raconter la bataille de Poitiers comme elle a toujours été présentée partout (y compris sur ce site d’Histoire militaire anglais, par exemple : militaryhistory.about.com), oubliant que depuis dix ans, pour complaire à une population musulmane à la fois nombreuse, en partie non-intégrée et parfois irritable, il est devenu convenable de présenter l’Andalousie comme un âge d’or et Poitiers comme un détail de l’Histoire du bas moyen-âge. Or, note Christophe Naudin avec une remarquable perspicacité : « La bataille de Poitiers est en effet un marqueur idéologique qui n’a rien d’anodin. » Ainsi, depuis que les Identitaires ont brandi une banderole en hommage à Martel, glorifier l’action du Maire du Palais et grand-père de Charlemagne serait suspect ? En fait, Poitiers est surtout un marqueur du totem-tabou absolu de notre époque : l’Islam. Sainte Geneviève peut toujours repousser les Huns, Eudes de Paris les Vikings, Jeanne d’Arc les Anglais, mais Charles Martel, lui, n’a plus l’autorisation de bouter hors de France les Sarrazins. Et pourtant, Lorànt Deutsch précise ne s’être pas spécialement focalisé sur l’épisode : « Sur les 2 600 ans d’Histoire dont je parle, mes détracteurs ne retiennent qu’une page, celle sur la bataille de Poitiers. Oui, c’est un événement marquant de notre Histoire, mais ce n’est pas un marqueur idéologique. »

    Complot ?

    Si l’on résume le procès, on obtient donc à peu près ça : accusé principal : Lorànt Deutsch (en tant que figure la plus célèbre de la conjuration) ; Sacrilège majeur : lèse-Islam ; co-inculpés : Patrick Buisson, directeur de la chaîne Histoire, Stéphane Bern (« Secrets d’Histoire » sur France 2), Franck Ferrand (« Au cœur de l’Histoire » sur Europe 1), Dimitri Casali (Historien médiatique), Jean Sévilla (Historien et journaliste au Figaro), Éric Zemmour (journaliste féru d’Histoire actif au Figaro, à RTL et sur Paris Première). Motif de l’accusation : tenter de faire ressurgir le « roman national » avec la complicité des médias. « Tels des chiens de garde, pour reprendre l’image de Paul Nizan, ils sont les historiens de garde d’un trésor poussiéreux qui n’est que le fruit d’une inquiétude face au passé qu’eux seuls n’arrivent pas à assumer. » (Introduction des Historiens de garde).

    L’expression qu’utilise Christophe Naudin en présentant son livre pour critiquer un « Rouleau compresseur médiatique de ce genre d’Histoire », insinue une forme de complot médiatico-politique ayant pour ambition de reformater les masses.

    Théorie évidemment difficile à soutenir, notamment sur le plan des complicités médiatiques, à moins de parvenir à démontrer que les dirigeants de France 2 ou d’Arte sont de mèche avec les producteurs de Radio Courtoisie. La vérité est plus simple. Tout comme Éric Zemmour dans son domaine, Lorànt Deutsch a bénéficié d’un succès aussi impressionnant qu’imprévisible. C’est le plébiscite qui l’a placé où il se trouve, et certainement pas des réseaux médiatiques plutôt marqués à gauche, comme l’OJIM le montre régulièrement.

    À fronts renversés

    Quand des étudiants et des profs de gauche s’en prennent à Canal++ pour reprocher à des journalistes « chiens de garde » de défendre un historien amateur, royaliste assumé, contre leurs attaques, on se demande d’abord si l’on est tombé par mégarde dans une faille temporelle. C’est pourtant bien ce qui s’est produit dans le Huffington Post sous la plume de Christophe Naudin : « Un sujet, intitulé “Accusé de faire le jeu de l’extrême droite, Lorànt Deutsch répond à ses détracteurs”, a égrainé tout l’arsenal du “journalisme chien de garde” pour parvenir à caricaturer le propos des “détracteurs” (…), tout en laissant l’acteur se défendre face à une animatrice complaisante (…) ». C’est que les « détracteurs » en question auraient trouvé sans doute naturel que l’animatrice de l’émission voue à l’humiliation publique un auteur de best seller et acteur populaire sous prétexte de déviance idéologique… Si l’animatrice est « complaisante », sans imaginer un complot pétainiste, c’est peut-être seulement : 1) qu’il s’agit de la tendance naturelle d’une animatrice, et 2) qu’elle voit plus d’intérêt à pouvoir réinviter Lorànt Deutsch sur son plateau que Christophe Naudin dont tout le monde se fiche. De là à en tirer des conclusions de connivences idéologiques et de manipulation politique…

    En revanche, on peut se demander s’il ne faut pas quelques complicités médiatiques de nature idéologique pour permettre à un William Blanc par exemple, de poser en adversaire crédible face à Lorànt Deutsch. Celui-là, en effet, n’est nullement un historien reconnu, mais, au même âge que l’acteur qui compte à son actif une trentaine de films et bientôt deux best sellers, William Blanc, quant à lui, est essentiellement connu pour avoir tenu les murs de la fac Tolbiac en jouant les nervis de la CNT, étudiant professionnel n’étant toujours pas parvenu à passer sa thèse. Quant à ses co-auteurs, pas un seul qui n’ait même la très relative reconnaissance d’une fiche Wikipedia. Cette absence de « stature légitime » pourrait bien entendu être largement compensée par la qualité de leur texte. Mais pour cela, encore faudrait-il qu’ils sachent au moins construire des phrases, objectif qui, même en s’y mettant à trois, n’est pas toujours atteint.

    L’aspiration au « roman national »

    S’il y a complot médiatico-politique, alors ce serait celui qui permettrait à trois militants parfaitement inconnus de tous de se faire un nom sur le dos de Lorànt Deutsch, afin justement de contrer un phénomène pour le moins gênant au regard de l’idéologie dominante. Ce phénomène, c’est celui qui a propulsé Lorànt Deutsch où il se trouve et qui a fait l’étonnant succès des émissions d’Histoire de Stéphane Bern ou de Franck Ferrand. Ce phénomène, c’est ce qui fait dire à certains que « La télé préfère les historiens réacs », pour ne pas avouer que c’est l’audimat, en fait, qui préfère les historiens « réacs », c’est-à-dire les historiens du « roman national » tant décrié. Ce phénomène traduit une profonde aspiration du peuple français au « roman national » méprisé par les élites et retiré des programmes par les réformes de l’enseignement.

    Et qu’est-ce que ce phénomène a de tellement déroutant, de si incroyable, de si déstabilisant aux yeux de certains intellectuels ? Dans un pays ravagé par la crise économique, en pleine crise de confiance et en pleine crise d’identité, qu’y a-t-il d’étonnant à ce que le peuple éprouve un irrépressible besoin qu’on lui raconte à nouveau son Histoire ? D’où il vient, ce qu’il a accompli, quels furent ses idéaux ? Lorsque l’on dispose en outre d’une Histoire aussi exceptionnelle que la nôtre, oui, se la remémorer suffit à remonter à bon compte un moral dramatiquement en berne. Où est le complot, là-dedans ? Il faut être aveuglé par des fantasmes pour ne pas se rendre à une si naturelle évidence.

    La bataille des romans

    L’autre argument des contempteurs de cette Histoire « réac » qui envahirait les médias, est d’expliquer qu’elle est arriérée, approximative, ne tient pas compte des recherches historiques récentes et qu’elle serait prisonnière de mythologies défuntes. Parce qu’elle s’intéresse au « roman national », cette vision de l’Histoire serait forcément « étriquée » et « téléologique » (c’est à dire orienté en fonction d’une fin prédéfinie), et il serait d’autant plus absurde de l’évoquer après la « déconstruction » que l’historienne Suzanne Citron a fait du mythe national en 1989. Il faut déjà admettre que Suzanne Citron, ancienne maire PS de Domont, ait une légitimité historique suffisante – et supérieure à celles de Michelet, Lavisse ou Bainville -, pour nous « interdire » de parler après elle de « roman national. » Pointer le fait que le « roman national » est une construction, souvent a posteriori, forcément relative et partiale, de l’Histoire, n’est pas inutile. Cependant, écrire une Histoire quelconque à partir de simples sources est toujours une construction, est toujours un acte partial et téléologique. S’il est bon de n’en être pas dupe, il serait bon également de n’être pas dupe du fait qu’on n’y échappe pas. Il n’y a pas d’un côté des historiens médiatiques qui seraient enfermés dans leur vision nationale et défendraient un « roman » illusoire, et de l’autre, des chercheurs sérieux aux méthodes « scientifiques ». Il y a simplement l’opposition de deux prismes historiques, deux « romans » : le « roman national » et le « roman communiste », lequel est enfermé dans son idéologie et se prévaut fantasmatiquement d’objectivité « scientifique » au sein d’une discipline qui ne s’y prête pas, exactement comme la politique conduite par Lénine et Staline se prétendait issue d’un « socialisme scientifique ». En outre, c’est pour répondre aux nécessités de sa propre fiction que le « roman communiste » se doit de dépasser la forme nationale pour établir ses visées internationalistes. Il est donc dans sa logique narrative de dévaloriser par tous les moyens ce qui a trait à la nation et d’attaquer tous ceux qui la défendent.

    Un os…

    Il y a cependant quelque chose de neuf dans le paysage médiatique que cette polémique met en évidence, c’est que les chiens de garde, les vrais, ceux qui désespèrent de ne parvenir, pour l’heure, à siffler le reste de la meute, sont tombés sur un os. Cet os, c’est qu’à rebours des discours officiels mondialistes, multiculturalistes ou internationalistes, les Français, en l’occurrence les téléspectateurs et les auditeurs français, expriment un besoin profond de se ressaisir, en tant que peuple, à travers leur Histoire nationale. Et cela répond à une nécessité bien plus grave, bien plus intime, bien plus essentielle que les clivages partisans ou les querelles idéologiques. C’est cette nécessité qui a abouti à un véritable plébiscite obligeant des médias, contraints par l’audimat, à donner une place importante à des personnalités  qui par leurs convictions ou leur sensibilité patriotique, dénotent en effet dans la pensée majoritaire ayant cours dans ces milieux. Pourtant, il ne s’agit pas ici de danger fascisant ou autres fantasmes dont sont si friands les inquisiteurs patentés afin de se donner la sensation d’être des résistants. Il ne s’agit même pas de politique à proprement parler. Il s’agit, simplement, dans nos circonstances, d’une sorte de fatalité historique, qui pourrait du reste préluder d’un sursaut.

    (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique, 28 octobre 2013)

     

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