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  • Où Nestor Burma rencontre l'Aristo...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier un essai de Michel Marmin intitulé Où Nestor Burma rencontre l'Aristo. Journaliste, critique cinématographique, Michel Marmin a dirigé pendant de nombreuses années la rédaction de la revue Eléments et est aussi l'auteur de plusieurs essais sur le cinéma, dont, notamment, une biographie de Fritz Lang (Pardès, 2005) ainsi que de recueils de poésie, comme dernièrement Chemins de Damas et d’ailleurs (Auda Isarn, 2018). On peut découvrir le parcours de l'auteur dans un récent livre d'entretien avec Ludovic MaubreuilLa République n'a pas besoin de savants (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

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    " Léo Malet et André Héléna… Deux figures fondatrices du roman noir français, sans lesquelles l’œuvre de Jean-Patrick Manchette, d’A.D.G. ou de Frédéric H. Fajardie n’aurait jamais vu le jour. Deux romanciers de race et deux poètes qu’unit une même origine méridionale mais, surtout, une vision tragique de la vie marquée par une puissante nostalgie du soleil et du bonheur. Deux esprits libres, enfin, à qui les drames et les mensonges de l’histoire contemporaine ont forgé un invincible scepticisme idéologique et politique.

    Léo Malet et André Héléna… Ce sont deux portraits croisés que propose ce livre. Si l’œuvre de Malet, symbolisée par Nestor Burma, le détective privé incarné au petit écran par Guy Marchand et recréé par Tardi dans ses BD, est universellement reconnue, celle d’Héléna reste largement à redécouvrir. Pourtant, Héléna est le père d’un personnage qui pourrait inspirer une réjouissante série télévisée : l’Aristo, un mélange de Rocambole et d’Arsène Lupin auxquels le grand dessinateur Jef de Wulf a donné, dans les années 50, des traits définitifs pour illustrer ses aventures. C’est d’ailleurs à Tardi et à Jef de Wulf que la couverture de ce livre rend hommage…

    Léo Malet et André Héléna… Outre des vues originales sur ces deux maîtres, Michel Marmin livre ici pour la première fois un ensemble de lettres que lui a adressées Malet, ainsi qu’un cahier de photographies et d’images inédites, dont deux collages surréalistes de l’auteur des « Nouveaux Mystères de Paris »."

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  • Macron et le système sont à bout de souffle...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur le site de L'Incorrect et consacré à la déclaration faite par Emmanuel Macron pour répondre à la révolte des Gilets jaunes...

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    Macron et le système sont à bout de souffle

    Emmanuel Macron a désespérément besoin d’être aimé et reconnu. Malheureusement pour lui, il est aujourd’hui de plus en plus moqué, méprisé, et même haï par de nombreux Français, dont ces fameux Gilets Jaunes qui ont radicalement bouleversé l’échiquier politico-social lors des quatre dernières semaines. Pour Nicholas Machiavel, le prince devait tout faire pour éviter d’être méprisé, stade terminal atteint en paraissant « inconstant, léger, efféminé, pusillanime, irrésolu, toutes choses dont le prince doit se tenir loin comme d’un écueil ». Autant dire que la tâche dévolue à Emmanuel Macron hier soir était difficile, sinon impossible. Comment contenter autant de clientèles que de mécontentements ? Comment ne pas passer pour faible en donnant raison à un mouvement social horizontal après plusieurs graves émeutes sur tout le territoire hexagonal, soit en accordant une prime à la violence ? Comment se sauver de la fureur vengeresse d’un peuple en train de prendre de nouveau plaisir à l’épopée collective, renouant avec certains de ses mythes les plus puissants ? Comment redonner un nouvel élan à un quinquennat que d’aucuns disent déjà fini ?

    Il faut le dire, les « Gilets Jaunes » représentent une forme d’impasse politique et de rupture historique, ou, au moins, un champ des possibles ouvert sur une série d’issues non idéales. La France subit de plein fouet les nouveaux grands équilibres mondiaux qui entraînent de très importants réajustements économiques à l’échelle planétaire. À mesure que les inégalités réduisent dans le monde, elles augmentent ou ne diminuent plus en Occident, ce qui provoque au mieux un sentiment de stagnation et au pire une impression (sûrement justifiée) de déclin. L’époque demande donc des efforts politiques considérables, soit bien plus qu’une réforme : une révolution. Emmanuel Macron avait d’ailleurs pressenti l’ampleur des travaux qui l’attendaient, intitulant son livre programme… Révolution. Ce qu’il n’avait pas anticipé, en dépit d’un assez bon diagnostic des difficultés présentes de la France et de l’Europe, est la capacité de révolte du peuple français. C’est, du reste, un élément central de la « crise des Gilets Jaunes » : les Français n’ont pas perdu leur caractère. La passion de la liberté, le désir d’égalité et le besoin impérieux de fraternité sont ainsi les grands axes des Gilets Jaunes.

    Les Français veulent redonner du sens à l’impôt, donc savoir concrètement à quoi est employée leur contribution à l’effort budgétaire national, particulièrement important en 2018 du fait de la crise économique de 2008 et des contraintes de l’Union européenne. Pour cette raison précise, se sont ajoutées des demandes institutionnelles additionnelles dès la deuxième semaine de mobilisation, date de la première grande manifestation parisienne. Avec son air de petit garçon timide faisant pénitence, tout en manifestant trop ouvertement ses certitudes quant à sa propre intelligence, Emmanuel Macron prenait de gros risques. Ont-ils été payants ? Probablement dans l’opinion molle, c’est-à-dire parmi les soutiens modérés des Gilets Jaunes et les Français excédés par les week-ends agités que nous avons vécus. Le Président a voulu jouer l’apaisement, en présentant une liste de cadeaux de Noël, non sans avoir auparavant condamné les « violences intolérables » des derniers jours, tout comme les appels à l’insurrection.

    Pas de quoi calmer les Gilets Jaunes les plus engagés, ceux qui ont basculé et dont la vie a été radicalement changée par la lutte. Eux attendaient bien plus qu’un tour de passe passe budgétaire pour « augmenter » le SMIC, ou plus précisément la « prime d’activité », ce qui exclura de nombreuses personnes au SMIC du dispositif, la défiscalisation des heures supplémentaires (qui recèle de nombreux dangers et qui avait été mise en place par Nicolas Sarkozy), l’exemption de la hausse de CSG pour les retraites inférieures à 2000 euros, des primes de Noël versées par les grands patrons les plus proches de la Macronie, ou bien encore des gentillettes et creuses déclarations d’intention sur la lutte contre l’évasion fiscale.  

    Pour la majorité des Gilets Jaunes invités à la télévision, ainsi que ceux qui ont réagi sur les pages Facebook du mouvement, ces mesures sont insuffisantes. Elles auront pourtant un sérieux coût, déséquilibrant des budgets extrêmement tendus et précaires pour satisfaire aux sacrosaintes règles de la commission européenne, laquelle a d’ailleurs fait part de ses inquiétudes dès hier soir. Le dogme bruxellois doit être attaqué frontalement, sans quoi la France ne pourra pas avancer. Nous sommes tenus par des politiques décidées et voulues par la technostructure, sous domination allemande. Que fallait-il faire ? Revoir drastiquement le Crédit d’impôt et de compétitivité qui n’a pas créé d’emplois, rénover le dispositif Fillon d’allègement des cotisations patronales pour les petits salaires en sortant les très grosses entreprises de son champ d’application, etc.

    La révolte des « Gilets Jaunes » est celle des personnes au SMIC, mais aussi des chômeurs et des Français qui sont tout juste au-dessus du salaire minimum et qui ne peuvent plus vivre décemment de leur travail. Dernier point : s’attaquer au gaspillage de fonds publics (immigration en premier lieu) et ne pas se contenter de mots pour lutter contre l’hyper fraude des hyper riches. En revanche, il faut absolument refuser les volontés macroniennes de s’attaquer aux détenteurs du patrimoine bâti. Les Français économisent pour transmettre un patrimoine à leurs enfants, le cadre du modèle français social-démocrate n’offrant que peu de mobilité économique et sociale. Un chantier pour le moins complexe.

    Par leur mobilisation sans faille, les Gilets Jaunes ont redonné aux Français leur voix. Ils ont même accompli un véritable exploit en forçant l’enfant roi à faire amende honorable, à envisager qu’il ait pu blesser ses « sujets » par ses remarques brutales et souvent infondées. Ce qu’a proposé Emmanuel Macron n’avait, au fond, rien de bien différent avec ce qui est pratiqué depuis 1981, voire avant. Il ne s’est pas attaqué aux racines du mal. Père Noël, c’est mignon. Père la nation, c’est mieux. Il a donc manqué l’essentiel au président : du souffle ! Le cri qui s’est levé des profondeurs de la France est clair. Il dit : rendez-nous la France. La question excède largement les milliards négligemment jetés ce soir. Nous n’en sommes qu’au début de la reconquête nationale. 

    Gabriel Robin (L'Incorrect, 11 décembre 2018)

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