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Quand les digues se brisent...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à la révolte des Gilets jaunes. Paul Fortune est l'auteur d'un excellent récit initulé Poids Lourd... 

 

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Quand les digues se brisent

Il se passe enfin quelque chose. Nous l’avons tant attendu, ce moment. Certains pendant plus de 40 ans, à rêver de révolution et d’un grand mouvement qui emporterait tout sur son passage, noyant ce système et tous ses tenants. Après toutes ces années passées à nous voir humilier toujours un peu plus, il semble que le souffle libérateur se fasse sentir. Comme à son habitude, l’histoire nous prend au dépourvu. Personne, il n’y a encore quelques semaines, n’aurait seulement pu imaginer que ce serait un gilet jaune qui servirait d’oriflamme à une révolution naissante. Le peuple français qui nous désespérait tant par son apathie, sa bêtise et ses renoncements se révèle fidèle à lui-même : brutal dans sa colère, capable des pires débordements, dont nous ne voyons que le début. Ce peuple qui ne semble rien tant aimer que sa tranquillité bougonne et un peu lâche est aussi celui que la violence fascine. Il n’y a qu’à voir tous ces gilets jaunes qui observent avec une relative bienveillance la violence de l’extrême-gauche et de la racaille. La vérité est que les Français aiment cela. Sous couvert de déplorer ces débordements, ils savent au fond d’eux que c’est le seul moyen de se faire entendre et quelque chose au fond de leurs tripes leur rappelle que leurs aïeux ont commis de bien terribles massacres.

Les exactions, les destructions et les vandalismes sont à la fois déplorables et nécessaires. Tout cela fait partie du triste cortège qui accompagne le réveil d’un peuple en colère : certains se croient tout permis. C’est le jour des fous. Qu’ils prennent garde cependant, tous ces destructeurs : la foule qui aujourd’hui les laisse faire peut se retourner contre eux en un rien de temps. Une fois lancé, un tel mouvement est incontrôlable.

Peut-être que demain sera le jour de la gueule de bois et que le peuple de France retombera dans son apathie coutumière. La bête n’aura fait que se retourner dans son sommeil. Les jours à venir nous le diront vite. Soyons réalistes : tout dépend maintenant des forces de l’ordre. Si elles décident de rester fidèles au pouvoir, elles seront obligées d’aller vers une répression efficace mais potentiellement meurtrière, et nous pourrions bien voir tout cet élan noyé comme lors d’un soir de février. Si au contraire elles se retournent contre leurs maîtres, alors il ne restera comme solution à ces derniers que la fuite.

Nous vivons enfin quelque chose d’intéressant. C’est avec un mélange de crainte et d’enthousiasme que j’espère voir advenir le changement.

Paul Fortune (Blog de Paul Fortune, 3 décembre 2018)

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