Antisémite ?... Umberto Eco, l'auteur du Nom de la rose et du Pendule de Foucault se croyait sans doute insoupçonnable !
Et pourtant, comme l'indique Marcelle Padovani sur Bibliobs, avec la sortie de son nouveau roman Il Cimitero di Praga ("Le cimetière de Prague"), dont l'intrigue est centrée sur l'invention des Protocoles des Sages de Sion, le faux le plus célèbre de l'histoire, il est la cible d'accusations d'antisémitisme involontaire...
Ainsi, lui qui a voulu se confronter aux clichés antisémites «pour les démonter», se trouve accusé par Pagine ebraicha, le mensuel du judaïsme italien, qui lui consacre un dossier de sept pages dans son numéro d'octobre, de semer la confusion et de construire ce qu'il a voulu défaire.
Du côté de l'Osservatore romano, le quotidien du Vatican, on note avec componction que «les continuelles descriptions de la perfidie des Juifs font naître un soupçon d'ambiguité.»
Enfin le Rabin de Rome, dans l'hebdomadaire L'Espresso, juge lui aussi que le message d'Eco est ambigu, au terme d'un raisonnement dont on peut apprécier la clarté : «Dans le livre d'Eco, les trois sujets qui sont accusés de complot sont les Juifs, les Maçons et les Jésuites. Les Jésuites sont les premières victimes de Simonini : mais de la narration on comprend que ce sont des gens au fond peu recommandables. Même chose, sur un ton mineur, pour les Maçons : au 19ème siècle, ils participèrent à des jeux de pouvoir. Et si il y a des morceaux de vérité quand on parle de Jésuites et de Maçons, le problème se pose pour les Juifs: seraient-ils les seuls à être des victimes innocentes, ou bien y a-t-il quelque chose de vrai dans leur complot? Voilà où le jeu lancé par Eco devient dangereux.»
Ambiguïté, confusion, danger... : il ne nous reste plus qu'à espérer qu'Eco trouvera un éditeur en France pour nous permettre de juger son roman sur pièce !
Commentaires
Aucune pédagogie n'est parvenue à extirper l'antisémitisme.
Je ne vois pas d'espoir d'éradiquer la bêtise.
Pourquoi accuser Umberto Eco d'antisémitisme, alors que, dès les premiers chapîtres, il déroule les préjugés sur les allemands, les italiens, les français, les jésuites et les francs-maçons?
Personne n'a poussé les hauts cris pour ces derniers.
Pendant que l'antisémitisme le plus arriéré se répand sans gêne dans le monde musulman, que va-t-on se ridiculiser en accusations grotesques contre un auteur que son oeuvre et son militantisme devraient évidemment protéger?
Si des lecteurs d'Umberto Eco (cultivés donc) sont antisémites, je ne vois pas comment on pourrait les en guérir, quant à ceux qui ne le lisent pas...
A crier sottement au loup, hors de propos... la fable est connue.
Par ailleurs, je pense utile de signaler que tout concourt à démontrer que les juifs et les francs-maçons sont probablement à l'origine du réchauffement climatique...