Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque les manifestations de la communauté chinoise à Paris...
Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.
Des Chinois à Paris
Les émeutes ethniques qui ont suivi la mort d’un ressortissant de Chine populaire, à Paris, au cours d’une intervention de la police pour un « différend familial », montrent que la « communauté » chinoise n’a rien à envier à la racaille issue d’autres ethnies immigrées : même stratégie de victimisation, même violence urbaine, même refus de laisser la justice suivre son cours, même mise en accusation de la police. A croire que la police est profondément raciste et qu’elle dérange un ordre communautaire dont la transparence n’est pas l’apanage. Que Pékin ait soufflé sur les braises communautaires, c’est évident, selon la DGSI, tout comme pour Alger et d’autres capitales du Tiers-Monde qui vouent à la France une haine « historique » que la repentance officielle n’apaise pas. Après les Gitans, après Adama Traoré et le bon « Théo » (dont les familles sont d’ailleurs en délicatesse avec la justice), voici donc les Chinois, en attendant les Turcs, les Eskimos, les Papous, les crocodiles et je ne sais quelle ethnie minoritaire encore... La rue communautariste, soucieuse de préserver ses privilèges victimaires et ses trafics, dicte sa loi à un personnel politique incompétent, lâche, sourd au désarroi du vrai peuple. Un peuple souverainement méprisé dès lors que Macron fait l’éloge du multiculturalisme, et déclare qu’il n’existe pas de culture française ou que la Guyane est une île. Il en va de même quand un hologramme macronien, l’ineffable Pigasse, propriétaire des Inrockuptibles et du Monde, organes de conditionnement post-civilisationnel, acquiert un festival de rock. L’acquisition, qui est présentée comme un « événement culturel », ne saurait faire oublier que le rock est une arme particulièrement active de la dé-civilisation en cours, tout comme les émeutes ethniques, les prix littéraires, le mariage homosexuel, l’abandon de la grammaire, la prostitution de la langue à la « communication », et le terrorisme à quoi on s’habitue comme aux accidents de la route. Ainsi l’attentat du métro de Saint-Pétersbourg n’a-t-il pas suscité de grand spectacle lacrymal, avec interventions d’« experts », de « héros », de « témoins », d’amis de victimes : après tout, cela se passe en Russie, n’est-ce pas, le pays de Poutine, qui paie ainsi son soutien à Assad… Le mensonge règne ; c’est pourquoi il est tordant de voir le « monde de la culture » (c’est-à-dire une phalange de la boboïtude ordinaire) appeler à « faire barrage » à Marine Le Pen : qu’importe les signataires – interchangeables, increvables, insignifiants ; ils jouent leur rôle d’arroseurs arrosés par un peuple qu’ils passent leur temps à mépriser par leur absence de talent et leur prostitution au système.
Les émeutes ethniques sont la version light des attentats. Elles révèlent à quel degré de décomposition politique est parvenue la France. Une décomposition en grande partie liée à la déchristianisation. Une forme de politique qui ne dit pas son nom, mais très active, pourtant, par le biais de l’indifférence. On le voit dans celle qui accueille le caillassage puis la tentative d’incendie d’une église évangélique arménienne, à Alfortville, la semaine dernière. Les Arméniens ? C’est quoi, ça ? Existent-ils en dehors d’Aznavour ? Le génocide de 1915 n’a pas réussi à faire entrer l’abomination turque dans l’opinion publique : il est déjà oublié. Et puis on a assez de problèmes avec Erdogan. L’islamisme a de bien beaux jours devant lui. La presse officielle, si elle a fait état de ces agressions, s’est bien gardée d’établir des relations de cause à effet entre le discours d’un pasteur arménien sur le sort des chrétiens d’Orient et les musulmans « locaux », dont on sait l’amour qu’ils vouent au christianisme, en général et à celui d’Orient, en particulier. Le même type d’agression contre une mosquée eût engendré des émeutes communautaires qui eussent été considérées par la presse avec toute la bienveillance due à ses maîtres sunnites.
Il est vrai que les chrétiens d’Orient n’intéressent pas même mes amis catholiques, lesquels participent donc, eux aussi, à la déchristianisation puisque, je suis las de le répéter, seuls les imbéciles et les traitres refusent de voir que notre destin de catholiques est lié à celui de nos frères d’Orient, et non aux évêques qui nous enjoignent d’accueillir favorablement les musulmans. Nous sommes las des musulmans en Europe, particulièrement en France. Nous sommes également las des hommes politiques qui leur permettent d’ériger le territoire en proto-califats.
Je n’accepterai pas davantage de dire, désormais, selon la décision de l’Eglise, « Ne nous laisse pas entrer dans la tentation » au lieu de « Ne nous laisse pas succomber à la tentation. » D’abord, je ne tutoie pas le Seigneur. Il n’est pas un pote. Ensuite il y a dans le verbe succomber quelque chose de plus fort, de plus subtil, navrant et profond que ce très laid « entrer en tentation », qui rappelle « entrer en conférence » ou « en lévitation », et qui suppose la souveraineté de l’homme face au Démon, donc la diminution de la puissance de ce dernier, voire sa disparition élocutoire au profit d’un psychologisme du mal, évidemment réducteur, et qui fait le jeu du Démon.
« Entrer en tentation », c’est, par exemple, voter pour l’un des candidats à l’élection présidentielle. C’est se faire le zélote du pouvoir culturel et abdiquer toute forme de pensée, d’effort vers la vérité. Lisons ou relisons donc Tertullien, que les éditions Les Belles Lettres publient, ces jours-ci, sans doute pour se faire pardonner la publication des œuvres complètes de Mitterrand dont la momie n’en finit décidément pas de puer.
Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 4 avril 2017)