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rebatet - Page 2

  • Les épis mûrs...

    "Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés..." 

    Charles Péguy

     

    Les éditions Le dilettante rééditent dans les prochains jours Les épis mûrs, le second roman de Lucien Rebatet, publié initialement en 1954 chez Gallimard. L'auteur d'Une histoire de la musique (Robert Laffont, 1998) a voulu écrire sous une forme romanesque la biographie imaginaire du musicien de génie qui a manqué à la première moitié du XXe siècle. Cette nouvelle édition est préfacée par Nicolas d'Estienne d'Orves.

     

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    "Rebatet ! Lucien Rebatet ! On entend déjà les commentaires. À quoi bon exhumer, rendre à la lumière, rehausser sur le pavois éditorial, photo d’époque, préface émue et dossier critique, les œuvres de celui qui fut, après avoir bataillé à l’Action française, le porte-plume le plus incisif et vitriolant de la Collaboration intellectuelle. Celui qui, à côté de la grande et déferlante célinienne, sanieuse, somptueuse, offrit, avec Les Décombres un scanner amer de l’avant-guerre et de la défaite de 40, pointant là ce qui, pour lui, était les signes sombres de la décadence française : les politiciens, la démocratie, les juifs. En effet, pourquoi. Parce qu’il y a, à Rebatet, un autre Rebatet. Au publiciste pronazi répond en effet, dès les années trente, un esthète, un amateur encyclopédique de littérature, peinture, cinéma et, avant tout, un musicologue éclairé, ardemment moderniste. Ce dernier, on le trouvera s’exprimant dans l’opulente Une histoire de la musique, mais également dans ces Épis mûrs que Gallimard publia en 1954 et que réédite aujourd’hui Le Dilettante avec une étude du critique musical Nicolas d’Estienne d’Orves. Ce Doktor Faustus (Thomas Mann) à la française déploie pour nous le destin fracassé de Pierre Tarare, rejeton frondeur d’un chapelier et d’une mère anxieuse et surtout, avant tout, génie musical en herbe. Depuis les premiers tapotis prometteurs sur le piano familial jusqu’à l’adoubement solennel de Fauré et d’Enesco, ce roman nous expose la croissance contrariée, l’expansion douloureuse d’un autre Berlioz ou Wagner, infatigable et conscient de son avant-gardisme génial. Une « courbe de vie » endiguée par la férule imbécile du père, troublée par les soubresauts de la sexualité et le traditionalisme, finalement bienveillant, des professeurs. À l’heure de la reconnaissance et de la célébrité internationale, c’est un autre tonnerre qui attend Pierre Tarare : celui de la Première Guerre mondiale. Chronique d’un gâchis dénoncé, ce roman est également une peinture passionnée, et cocasse, des combats houleux de la modernité musicale des années trente. Comment a-t-il pu y avoir des « maîtres chanteurs » à « Nuremberg » ? Telle est toujours la question."

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  • Céline, toujours...

    Le Magazine Littéraire du mois de février 2011 consacre son dossier à... Céline ! On y trouvera notamment des articles de David Alliot, d'Yves Pagès, de Maxime Rovere ou de Pascal Ifri, universitaire américain par ailleurs spécialiste de Rebatet. On pourra aussi lire un entretien avec Céline datant de 1958 et consacré à Rabelais, ainsi qu'un chapitre non paru de Féérie pour une autre fois.

     

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  • Lorsque le vitriol remplace l'encre !

    Frédéric Saenen, fondateur de la revue  de réflexion politique Jibrile, collaborateur régulier du Magazine des livres et polémiste de talent, vient de publier un Dictionnaire du pamphlet aux éditions Infolio. De Georges Bernanos à Lucien Rebatet, en passant par Louis-Ferdinand Céline, Régis Debray, Michel-Georges Micberth, Philippe Muray, Marc-Edouard Nabe et bien d'autres, de bonnes idées de lectures pour pouvoir rester en colère jusqu'a son dernier souffle !

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    "Le pamphlet s'est imposé comme genre littéraire en France à l'issue de la période révolutionnaire. Son essor est parallèle à celui de la presse d'opinion, qui fleurira surtout sous la IIIe République.

    Voué à tomber dans l'oubli parce qu'étroitement lié à un contexte historique précis, le pamphlet est souvent méconsidéré à cause de la violence verbale que déploie son auteur pour affirmer ses convictions. Et pourtant… La littérature française ne serait sans doute pas ce qu'elle est si Victor Hugo, Émile Zola, Georges Bernanos ou les surréalistes n'avaient eu le courage – ou l'outrance – de fulminer contre leur époque, et de s'affirmer détenteurs d'une Vérité, même partielle. Même partiale.

    Article de journal, brochure de quelques feuillets ou pavé de deux mille pages, le pamphlet vaut autant par sa force de dénonciation que par ses qualités rhétoriques et stylistiques. Il peut atteindre au sublime comme au sordide, mêler « la boue et l'or » comme on le disait à propos de l'oeuvre de Henri Rochefort.

    Le « Dictionnaire du pamphlet », précédé d'une introduction, permet de découvrir une galaxie d'auteurs, pamphlétaires par vocation ou occasionnels, dont les oeuvres, quel que soit le jugement que l'on puisse porter sur leur valeur ou leur pertinence, jalonnent l'étendue d'un continent tout de papier et d'encre : celui de la Colère."

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  • Lucien Rebatet, toujours infréquentable ?

    Trouvé sur son blog Lettres ouvertes, un très bon texte de Raphaël Sorin sur Philippe d'Hugues et Rebatet, dont une sélection d'articles sur le cinéma, rassemblés sous le titre Quatre ans de cinéma, vient d'être publié aux éditions Pardès, et que Métapo infos a déjà signalé ici.

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    Lucien Rebatet, toujours infréquentable?

    Depuis quinze jours je n’écoute plus les grandes radios. Marre d’entendre parler de Copenhague (sauvons les icebergs), d’Éric Besson (l’homme à la Boîte de Pandore entre les dents), de Johnny («J’entends siffler le drain») etc. Donc je vagabonde ailleurs, vers les postes en marge, loin de ce qui s’entend partout. J’ai un faible pour Radio libertaire, sa gouaille, ses colères, ses refrains. Et j’écoute aussi Radio Courtoisie, sa musique classique, ses nostalgiques de l’Empire français, son langage choisi. Il m’arrive ainsi de tomber sur l’émission de Philippe d’Hugues, «Le libre journal du cinéma», que je recommande aux apprentis cinéphiles. Dans la dernière, il y parlait du cinéma français sous l’Occupation, un sujet qu’il connaît comme personne, en bousculant quelques idées reçues. Par exemple, il rappelait qu’avant la guerre nos cinéastes furent soutenus par des producteurs juifs, réfugiés en France. Sans Gregor Rabinovitch, pas de Quai des brumes, et sans les frères Penkovitch, pas de Grande illusion, pour ne citer que ceux-là.

    UN AMI DE JEAN FORTON
    Il s’étendit sur un livre qu’il venait d’éditer et de préfacer aux éditions Pardès, une anthologie des textes de Lucien Rebatet, critique de cinéma à Je suis partout, le journal de Brasillach, sous le pseudonyme de François Vinneuil. Avant de plonger dans le vif de ce sujet délicat, il faut dire un mot sur d’Hugues, personnage discret, fiable, avec qui je ne manque pas d’affinités. Il est né en Indochine puis est venu à Bordeaux où il devint l’ami de Jean Forton. Ensemble, il créèrent une petite revue, La Boîte à clous. Raymond Guérin y publia sa mémorable visite à Malaparte (reprise chez Finitude). On reparle enfin de Forton puisque le Dilettante réédite son roman le plus fort, La Cendre aux yeux, tandis que Finitude publie un inédit, Sainte famille. Dans mes Produits d’entretiens (Finitude, 2005), j’ai repris une rencontre avec lui, dans sa librairie Montaigne, à Bordeaux, où il vendait des polycopiés de droit. Il est mort d’un cancer du poumon, en mai 1982. Relisant aujourd’hui La Cendre aux yeux, je retrouve son «humour glacé», un «pessimisme sans recours». La critique passa à côté du livre, jugea son héros «ignoble». Je rappelai «qu’elle ne comprit pas qu’en admirateur de l’Orphée de Cocteau, et du Tabou de Flaherty, Forton fut un visionnaire, un homme trop ardent pour faire banalement carrière». Après d’Hugues, j’appartins, comme lui, au conseil d’administration de la Cinémathèque française. Il fréquenta Pierre Boutang dont j'ai publié, au Sagittaire, un roman plus que déroutant, Le Purgatoire. Et je lisais ses articles dans Positif, les Cahiers du cinéma, Les Écrits de Paris où il succéda à… Vinneuil, en admirant leur netteté, l’étendue de son savoir.


    AVEC QUI ON REPLONGE SOUS l’OCCUPATION

    Dans sa préface à ces Quatre ans de cinéma (1940-1944), qui reprend l’essentiel des chroniques de Rebatet, d’Hugues évoque sa longue carrière, allant de L’Action française à Valeurs actuelles, de 1930 à 1972. Il cite ses deux livres majeurs, l’un encore maudit, Les Décombres, l’autre, Les Deux étendards, reconnu comme un chef d’œuvre par Etiemble (que Sartre vira illico des Temps Modernes), Paulhan ou Blondin (son compte-rendu délirant d’enthousiasme est repris dans Ma vie entre les lignes, disponible en Folio/Gallimard). Quand Pauvert, en 1976, se risqua à publier Les Décombres, intégrés dans Les Mémoires d’un fasciste 1, suivi des Mémoires d’un fasciste 2, il eut l’imprudence d’en caviarder des passages sans avertir ses lecteurs. Au cours d’une émission de radio, en direct, je lui en fit la remarque. Il dut imprimer un papillon pour signaler cette censure stupide (faite à la demande de l’auteur?).
    Quant à Dominique Gaultier, du Dilettante, il n’a pas oublié la vague d’indignation qui lui tomba dessus dès la parution, en 1992, des Lettres de prison adressées à Roland Cailleux. Elle témoignait, chez les conspueurs, d’une volonté de ne pas lire, que j’ai connue parfois dans ma carrière d’éditeur. Condamné à mort en 1946, et gracié, Rebatet n’en finit pas de purger sa peine. Il suffit de lire ce qu’en disent les usuels de littérature qui l’exécutent vite fait. Le Dictionnaire des écrivains de langue française (Larousse, 2001), le traite moins bien que Rebell et à peine mieux que Paul Reboux et Charles Muller, les aimables pasticheurs. Quant au Dictionnaire des Littératures (Larousse, 1986), il est encore plus concis, l’entrée «Rebatet» s’achevant comiquement par ce commentaire de son Histoire de la musique (Bouquins, 1969) qui «révèle une vision originale».

    ET ON FEUILLETTE «JE SUIS PARTOUT»
    Il est temps de méditer ce que Rebatet-Vinneuil a pu écrire sur des films produits sous la censure de Vichy et des Allemands. D’Hugues a raison de souligner leur pertinence et la clairvoyance du critique qui reconnaît la vague nouvelle des futurs grands cinéastes français, révélés après l’armistice: Clouzot, avec Le Corbeau, Bresson, pour Les Anges du pêché, Autant-Lara, avec Douce, Becker, dès Dernier atout. Il annonce, avant Bazin et les Cahiers, la «politique des auteurs».
    Sa chasse aux navets est réjouissante. Un pauvre producteur, Roger Richebé, devient une cible de choix, le «représentant du cinéma à la petite semaine». Il l’accuse même, avec ses pairs, de créer le communisme. De tels écarts de jugements sont assez rares dans ce recueil. Rebatet s’est lâché en 1941 dans Les Tribus du cinéma et du théâtre. Il s’en prend plutôt aux médiocres, au «fernandellisme». Il sent ce qui cloche dans un scénario mal construit, juge sévèrement le jeu des acteurs («Alain Cuny est décidément un comédien pour le seul "ralenti", décomposant, décantant le moindre geste, et constituant un assez lourd handicap pour le spectacle.» En cela, il prépare le terrain à Truffaut (qui reconnut sa dette) et je me demande pourquoi, le «fasciste» bien cloué et décloué au pilori, les critiques d’aujourd’hui évitent de distinguer l’auteur de 1500 (ou 2000) chroniques de films.
    Bernard Frank, dans Chronique d’un amour 2, en 1953, (voir Mon siècle, Quai Voltaire, 1993), déclarait ceci: «Je comprends… qu’on édite les livres de Rebatet. Avec les gouvernants que nous avons, ces Pinay ou ces René Mayer, ce serait une honte que les écrivains seuls perpétuent les injustices des périodes révolutionnaires. je comprends même qu’on parle de ces écrivains, si leurs livres sont bons. Encore que je n’apprécie pas trop ce gloussement de vieille poule qui s’emparent de certains critiques quand ils le font. Eh bien! oui,vous parlez de Rebatet. Ce n’est pas la mer à boire. Et une rafale de mitrailleuse ne vous menace pas. Quoi! vous voulez la Légion d’honneur?»
    Rassure toi, cher Bernard (dont Flammarion réédite Les Rats), d’Hugues et moi ne gloussons ni ne caquetons.

    Éditions Pardès, boîte postale 11,
    44, rue Wilson, 77880 Grez-sur-Loing.
    01.64.28.53.38

    BONUS
    Serge Reggiani eut un rôle dans Le Carrefour des enfants perdus, de Léo Joannon (on a revu de lui Caprices, une comédie charmante, lors de l’hommage à Danièle Darrieux à la Cinémathèque). Rebatet estime qu’il est le meilleur comédien du film, projeté en avril 1944. «Il y apporte une vraie nature, autant d’intelligence que de jeune vigueur.» On peut vérifier cette opinion, et faire un beau cadeau à ses admirateurs, avec un coffret édité par les productions Jacques Canetti. Il contient un CD avec 28 chansons enregistrées en public, trois DVD inédits (49 chansons en images, 26 reportages -conversation avec Melville, extrait des rushes de l'Enfer de Clouzot, moments des Séquestrés d'Altona de Sartre).

    • Raphaël Sorin • Publié le 18/12/2009 sur Lettres ouvertes, un blog de Libération.fr

     

    Il faut aussi lire, bien sûr, les réactions, assez variées, des lecteurs à cette tribune...

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  • Un critique de cinéma nommé... Rebatet !

    Les éditions Pardès publient sous le titre Quatre ans de cinéma, un précieux recueil de critiques de films de Lucien Rebatet, publiées à l'origine dans la presse entre 1940 et 1944, à une période où la production cinématographique française était particulièrement riche.

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    "Textes réunis,présentés et annotés par Philippe d Hugues avec la collaboration de Philippe Billé, Pascal Manuel Heu et Marc Laudelout. Tout le monde connaît le romancier des Deux Étendards, le pamphlétaire des Décombres ou le grand historien de la musique. Mais beaucoup ignorent ou ont oublié que Lucien Rebatet, qui avait d'autres cordes à son arc, fut aussi un très grand critique de cinéma, le plus grand, selon un augure comme l'antifasciste Nino Frank. Sous son pseudonyme de François Vinneuil, longtemps plus célèbre que son nom véritable, il écrivait avant la guerre à L'Action française et Je suis partout et, sous l'Occupation, dans le même hebdomadaire. À sa sortie de prison, et jusqu'à sa mort, il reprit cette activité dans Dimanche-Matin, L'Auto-Journal et Le Spectacle du monde, notamment. L'ensemble représente une masse considérable d articles exceptionnels qui méritent publication. Avec Quatre ans de cinéma, on a commencé par ceux de l'Occupation, à cause de l'intérêt historique de la période et de la qualité particulière de la production cinématographique d'alors. C est aussi le temps où l'influence de Rebatet est à son apogée. Il contribue plus que n'importe qui à révéler les nouveaux talents qui surgissent alors (Autant-Lara, Becker, Bresson, Clouzot, Delannoy) et à défendre, en oubliant tout clivage politique, des maîtres d'avant-guerre comme Carné et Grémillon, ou de bons artisans comme Joannon, Decoin et Christian-Jaque. C est lui qui, le premier, ferraille allégrement pour imposer ces futurs classiques, souvent d'abord contestés et aujourd'hui illus'res: L'assassin habite au 21, Le Corbeau, Goupi Mains-Rouges, Le Mariage de Chiffon, Douce, Les Anges du péché, Les Inconnus dans la maison, La Symphonie fantastique, La Main du diable, L'Assassinat du Père Noël, Le Carrefour des enfants perdus, Pontcarral, et dix autres que dominent deux titres phares: Les Visiteurs du soir et Le ciel est à vous, chevaux de bataille du critique dans son incessant combat pour la renaissance du cinéma français. L'évocation colorée pleine de passion et d animation de ces oeuvres, du contexte politique qui fut celui de leur apparition et de la toile de fond historique qui en constitue l'arrière-plan, les sorties virulentes contre Vichy et Londres, contre les gaullistes, les communistes et les «terroristes»; tout cela donne lieu à une fresque pleine de bruit et de fureur. Livre de cinéma d'une importance majeure, Quatre ans de cinéma offre en creux une image oblique des quatre années les plus tragiques de notre histoire. Voilà qui en redouble l'intérêt et en fait un livre capital et sans équivalent."

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