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politiquement correct - Page 21

  • Le rebelle couronné...

    Nous reproduisons ci-dessous un billet réjouissant de Frédéric Rouvillois, cueilli sur Causeur et consacré à Stéphane Hessel. Professeur de droit public à l’université Paris Descartes, Frédéric Rouvillois est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire des idées comme Histoire de la politesse (2006), Histoire du snobisme (2008),  tous deux diponibles en format de poche dans la collection Champs Flammarion, ou L’invention du progrès (CNRS éditions, 2010) et plus récemment, Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011).

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    Le rebelle couronné

    Fin 2010, en France, un « véritable phénomène éditorial », comme on dit, se mit à perturber le sympathique train-train des palmarès et les listes de best sellers, au point de captiver les médias : le succès, aussi démesuré qu’inattendu, de l’opusculet de Stéphane Hessel, Indignez-vous ! À 93 ans, l’auteur avait, il est vrai, tout pour plaire à un certain public, incarnant à la perfection toutes les icônes de notre Brave new world : le martyr, le bienfaisant et le rebelle.

    Le martyr, puisque ce juif résistant fut torturé tout jeune par la Gestapo, interné à Buchenwald et condamné à la pendaison avant de parvenir à s’évader. Le bienfaisant, puisqu’il a été, comme il le rappelle avec insistance, l’un des principaux rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme avant de s’engager pour toutes les bonnes causes, de l’indépendance algérienne à la lutte contre l’apartheid, du combat pour les Palestiniens, les Roms, les sans-papiers, à la défense des retraités sans le sou et des bénéficiaires de la sécu. Le rebelle, enfin, assurant au bon peuple que l’indignation fut « le motif de base » de la Résistance, et qu’à l’inverse, « l’indifférence est la pire des attitudes » (on notera l’audace du propos). A l’en croire, c’est en se rebellant que l’on rejoint « le grand courant de l’Histoire », qui « doit se poursuivre grâce à chacun » jusqu’à l’instauration de la Démocratie idéale. D’où la formule qui conclut son texte, que l’on croirait empruntée au graphiste Ben ou recopiée à même la trousse d’un collégien : « créer, c’est résister. Résister, c’est créer. » Hessel, c’est donc à la fois Guy Môquet et l’abbé Pierre, Coluche et Rimbaud.

    A l’époque, certains ont osé s’étonner du succès remporté par cette cascade de lieux communs – les plus lucides insinuant que c’est précisément pour cela qu’Indignez-vous a écrasé, en termes de ventes, jusqu’au Goncourt de Michel Houellebecq. Si ça marche, écrivait ainsi Luc Rosenzweig, c’est parce qu’Hessel, est « l’axe du bien à lui tout seul. Toute sa vie il a eu tout juste, a toujours été du bon côté, ne s’est jamais compromis avec les salauds, c’est toujours arrangé pour que sa biographie ne puisse être autre chose qu’une hagiographie. L’achat de son livre par les gens ordinaires relève de la croyance magique que sa lecture pourrait faire de vous un homme ou une femme meilleure, réveiller le Hessel qui sommeille en chacun d’entre nous ». Et tout ça pour trois euros seulement, 13 pages écrites en gros caractères, environ 20 000 signes, l’équivalent d’un gros article de Télérama. La rébellion tout confort, en somme, de quoi étancher sans douleurs, et sans délais et sans frais excessifs sa soif d’engagement au service de la Justice.

    C’est pourquoi on a appris avec ravissement que, lundi 30 janvier 2012, le vieux jeune homme indigné, aujourd’hui âgé de 94 ans, a obtenu, « pour l’ensemble de son œuvre » (sic), le premier prix Mychkine, destiné à récompenser « des auteurs qui se sont distingués par leurs contributions exemplaires à l’instauration d’un climat de générosité », et que c’est une autre icône de notre temps, un autre apôtre des gentils, un autre rebelle, en somme, Daniel Cohn-Bendit en personne, qui a fait son éloge. Un second prix, modestement doté de 50.000 euros, a récompensé un militant autrichien du droit des animaux sous les applaudissements de la brillante foule parisienne réunie pour l’occasion au théâtre de l’Odéon, impatiente de faire un sort aux canapés de foie gras ou de saumon fumé. Comme disait le poète, il y a des informations qui se passent de commentaires.

    Frédéric Rouvillois (Causeur, 1er février 2012)

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  • Jean-Louis Murat, anar de droite ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien décapant avec le chanteur-compositeur Jean-Louis Murat, cueilli sur le site du Point, dans lequel il sort son lance-flamme contre la gauche bien-pensante et le milieu du showbiz...

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    Jean-Louis Murat : "Ça me plaît assez qu'on ne m'aime pas"

    Jean-Louis Murat travaille comme les paysans dont il célèbre l'existence. D'abord il compose, retiré dans les monts d'Auvergne, puis il enregistre, puis il joue, puis il se terre à nouveau pour reprendre le cycle de sa vie d'artiste. C'est méticuleux, régulier, et toujours talentueux, comme il le prouve avec son dernier album, un petit bijou d'écriture et de mélodie baptisé Grand Lièvre (1). Jean-Louis Murat, un homme rare, mais disert.

    Le Point.fr : Vous vous tenez en marge du système. Pourquoi refuser de participer aux opérations caritatives, comme Les Enfoirés ?

    Jean-Louis Murat : Je trouve ce système dégoûtant. Les jolis coeurs, les plus-généreux-que-moi-tu-meurs, je n'y crois pas du tout. Tous ces artistes sont des monstres d'égoïsme. La vraie générosité, elle est silencieuse. Tu fais, mais tu fermes ta gueule. Ça ne doit pas devenir un élément de promotion.

    Les artistes qui y participent n'ont aucune volonté d'aider une cause, selon vous ?

    Non, ils font de la promo. N'importe quelle maison de disque te dira que la meilleure émission de variétés, c'est "Les Enfoirés", et qu'il serait bien d'y être. Tout est dit.

    Même pas un soupçon d'altruisme ?...

    Moi, toutes ces qualités-là, l'altruisme, le machin, je m'en bats les c... Ces hommes de gauche patentés, je connais leur mode de fonctionnement. Le plus grand des jolis coeurs, Renaud, je l'ai vu faire un truc qui te conduit normalement en prison. Il est devenu mon ennemi de base, même si on ne tire pas sur une ambulance. J'ai vu aussi des hérauts de la gauche jouer au poker une petite nana perdue, une nana de 16 ou 17 ans. "Elle est pour toi ou elle est pour moi ?" Je les ai vus faire ça, ces mecs qui hurlent à la mocheté du monde dès qu'un chien se fait écraser. Dans le business, c'est pire. C'est un milieu où il faut se taire. Ils ne peuvent pas me supporter, je le leur rends bien. Je n'ai pas d'amis là-dedans.

    C'est pourquoi vous avez choisi de vivre et travailler en Auvergne ?

    Oui. Je ne suis jamais arrivé à me faire à ce milieu. Au début, j'avais un appartement à Paris, parfois je me mélangeais un peu, mais c'était une catastrophe. Je me souviens d'une fois où j'ai mangé avec le patron d'une maison de disque et sa grande vedette. Je n'ai pas passé l'entrée. Je leur ai dit : "Je n'ai rien à voir avec vous, je vous emmerde, au revoir, je me casse."

    Vous dénoncez aussi l'engagement politique des artistes.

    C'est le triomphe de l'hypocrisie. Les chanteurs se mettent toujours du côté du manche. La vie d'artiste est beaucoup plus confortable si tu es vaguement contre. Ils essaient de se placer sous une sorte de lumière marxiste. Ils disent : Je suis un rebelle, je suis socialiste. Tous les cons font ça.

    Tous ne sont pas de gauche !

    Non. Tu peux aussi faire une carrière de lèche-cul à la Souchon. C'est le plus grand stratège de la chanson française. Il est passé de Pompidou à Sarkozy sans broncher. C'est un centriste, si on veut. Souchon, c'est le Lecanuet de la chanson, ou alors, pour être plus moderne, c'est le Bayrou de la chanson. Un exemple à suivre si on veut vendre des disques.

    Vous ne vous reconnaissez dans aucun parti ?

    Je n'ai jamais été de gauche une seule minute dans ma vie, mais je n'ai jamais été de droite non plus. L'engagement, c'est différent, c'est le pont plus loin. Si tu t'engages, tu dois faire abstraction du fait de savoir si tu es de droite ou de gauche. Ou alors il faut faire de la politique comme Flaubert, c'est-à-dire déceler la connerie, sortir le détecteur. C'est un spectacle tellement ridicule qu'il faut jeter un regard neuf dessus. On aurait besoin de Blake Edwards pour mettre en scène la clownerie de l'accord passé ces derniers jours entre les Verts et le PS, par exemple !

    L'artiste n'a rien à dire politiquement ?

    Mais quelle est la valeur de l'artiste dans la société ? Qu'est-ce que c'est que ces petits chanteurs de variétés qui font des trucs à la con de trois minutes avant de disparaître, et qui d'un seul coup ont des consciences de Prix Nobel de la paix ? Ça n'est pas sérieux.

    Vous faites malgré tout des choix politiques, comme tout le monde...

    Idéologiquement, j'aime beaucoup Léon Bloy, Bernanos. Ils ont une façon de penser dans laquelle je me retrouve. Ce sont des pré-communistes, des pro-chrétiens. Si je doute de quelque chose, il suffit de quelques pages de Bernanos, ça me remet à cheval ! Mais ce n'est pas tellement de la politique, c'est plutôt une façon d'envisager la vie et l'individu.

    Donc, vous ne vous engagerez pas pour une cause ?

    Jamais. L'idéologie chez les artistes, c'est une funeste blague. Ce qu'ils portent vraiment, c'est dans leurs chansons et leur comportement.

    Et vous, pourquoi faites-vous des chansons ?

    Pour moi. Si elles rencontrent des gens, très bien. Mais je n'ai jamais pensé à quelqu'un d'autre que moi en écrivant une chanson. Même dans la chanson populaire, même Bruant, même Pierre Perret, ils pensent d'abord à leur gueule.

    C'est de l'égocentrisme !

    Non, c'est la nature des choses. Je ne pense pas qu'un artiste puisse amener quoi que ce soit. Je pense que les enjeux sont ailleurs. Ils sont à l'extrême intérieur, dans le saint des saints de chacun. La seule idée que j'aimerais faire passer, c'est que chacun a en soi une énergie quasi infinie.

    C'est ce que vous démontrez sur scène, où vous semblez comme possédé ?

    Sur scène, je vais dans une sorte de château-fort intérieur. S'il y a quelque chose qui peut être exemplaire chez l'artiste, c'est ce chemin sportif qui mène vers ce "Fort-Boyard" dans lequel je me mets sur scène. Ce chemin a du sens. Un concert, c'est un meeting d'athlétisme. Je ne l'envisage que comme ça. Je fais un disque tous les ans parce que je défends une idée quasi héroïque de l'énergie. Je peux regarder quinze fois un sprint d'Usain Bolt, et ça me sert pour écrire mes chansons. Je suis dans quelque chose de primitif, d'où vient l'énergie, le feu sacré.

    En revanche, vous ne parlez pas pendant un concert. Les spectateurs ont l'impression que vous les méprisez...

    Je ne dis plus rien parce que tout le monde filme. Cinq minutes après, tu te retrouves sur Internet. Pourtant, j'ai eu des moments très spectaculaires. Le lundi qui suit la défaite de Jospin en avril 2002, par exemple, je suis en concert à la Cigale. J'attaque par une blague où je dis : 80 ans de communisme, 80 millions de morts, on est bien débarrassé ! Silence de cathédrale dans la salle. Le public ne supporte pas ce genre de truc ! En fait, j'aime beaucoup déclencher le rire jaune, j'aime bien aller à la limite. Il faut être créatif.

    Qui sont vos héros personnels ?

    Les sportifs, comme Usain Bolt ; peu d'artistes, ou alors des morts. J'aime Proust, par exemple. En musique, j'en ai très peu. J'aime bien les gagnants, mais aussi les losers. Je trouve qu'il y a une abnégation incroyable chez Van Morrison, chez Tony Joe White, chez JJ Cale. Ils ne sont jamais arrivés en haut mais ils s'en foutent, ils rament !

    Ils ont cette fameuse énergie, ce feu sacré ?

    Voilà ! J'aime aussi les gens qui, comme Bernanos, vont vers le surnaturel ou le mysticisme. Hector, Achille, Léon Bloy, Bahamontès et Usain Bolt, c'est un mélange de tout ça. Mais j'aime pas les lopettes, ce qui semble être la particularité du monde politique : fabricant de lopettes. Même Proust pouvait provoquer quelqu'un en duel et aller au coin du bois. Dans le monde politique d'aujourd'hui, pas un seul serait capable de le faire !

    L'une de vos chansons, sur votre dernier album, proclame ceci : "Dans ce monde moderne je ne suis pas chez moi". Vous êtes misanthrope ?

    Je dis ensuite : "Merci pour tant de peine, mais je ne t'aime pas." C'est ce que je pense vraiment. C'est même vicieux, puisque ça me plaît assez qu'on ne m'aime pas. Être une vedette dans ce monde pourri, je n'apprécierais pas tellement ! C'est plutôt un honneur d'être détesté. Mais je ne suis pas suicidaire. Je suis un mec simple. Je garde les valeurs paysannes : se lever tôt, travailler. Et ce que les autres en pensent, à vrai dire, on s'en fout.

    Jean-Louis Murat, propos recueillis par Michel Revol (Le Point, 9 décembre 2011)

    (1) Grand Lièvre, Jean-Louis Murat, V2 Music/Polydor

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  • Les bobos contre le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Chantal Delsol, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré aux bobos...

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    Les bobos contre le peuple

    Bourgeois et bohème, c’est un oxymore. La contradiction est en effet caractéristique de ce groupe social, qui cultive à la fois les qualités bourgeoises de la vie quotidienne et les spécificités d’une pensée fantaisiste, artiste, se voulant sans préjugés. Il faut voir comment s’arrangent les contraires. Et pourquoi ils se cherchent.

    Le bobo est un révolté contre le système et les systèmes. En général un soixante-huitard, et à ce titre “en lutte contre”. Cependant, depuis Mai 68, il a fait du chemin et, comme il appartenait à l’élite douée, il a réussi, a occupé des places élevées, a vécu confortablement. C’est donc quelqu’un qui a mérité une vie moelleuse, voire luxueuse, tout en tenant à longueur d’année dans la main le pétard pour fustiger la société qui l’abrite.

    Cette contradiction produit des personnalités bien particulières. Il y a là une discordance radicale entre la vie et la pensée : une vie bourgeoise et une pensée révolutionnaire, en tout cas en permanence révulsée, indignée, scandalisée par la société même dans la quelle s’établit cette vie bourgeoise, rangée, organisée, cossue. On va dire qu’aucun d’entre nous n’applique totalement ses idées à soi-même : il est si facile de parler et si difficile de faire… bien entendu !

    Mais ici nous avons un groupe social pour lequel cette distorsion entre le discours et l’acte apparaît comme une sorte de vocation et de profession. Lorsque nous sommes pris en flagrant délit de contradiction intérieure, nous en sommes penauds et tentons vite de nous remettre en accord avec nous-mêmes, ne serait-ce que pour redevenir crédibles. Mais le bobo n’a pas de ces scrupules. Il estime que lui est pour ainsi dire programmé pour parler, discourir et surtout donner des leçons aux autres. Car il a un magistère, une autorité doctrinale et morale qui lui a été conférée parce qu’il possède la vérité – et cela est un reste de l’époque idéologique disparue. Évidemment il ne professe plus les dogmes idéologiques, mais la morale qui leur tient aujourd’hui lieu d’ersatz. Et comme cette morale est assez radicale dans sa compassion et son égalitarisme dégoulinants, la contradiction entre les paroles et la vie apparaît vite abyssale. Le bobo est celui qui, par esprit social, vilipende les hauts revenus, mais se fait adjuger dès qu’il le peut un salaire exorbitant ; qui noircit avec indignation l’héritage bourgeois mais, dès qu’il se trouve en situation d’hériter, s’arrange pour recueillir la meilleure part au détriment de sa fratrie ; qui réclame à cor et à cri l’égalité à l’école et, par la guerre souterraine des passe-droits, obtient que son enfant intègre les meilleurs établissements… Le héros du film les Invasions barbares, qui avait défendu toute sa vie la misère de l’hôpital public et qui réclamait des traitements de faveur dès qu’il se retrouvait hospitalisé, était un bobo typique.

    Comme le bobo habite dans les beaux quartiers et fait ses achats dans des épiceries chic, il peut se permettre sans frais de soutenir qu’il n’y a rien de mieux que Leader Price, que les banlieues pourries sont très agréables à vivre et que la mixité sociale n’est un problème que pour les racistes du Front national.

    Le groupe bobo est à la fois très restreint et très influent. Il représente une partie importante de notre élite. On peut l’expliquer par l’évolution propre aux systèmes idéologiques. Ceux-ci sont caractérisés par leur existence seulement théorique : ils se déploient dans le discours et ne se réalisent pas dans les faits. C’est ainsi que nos soixantehuitards supposent que leur morale, républicaine ou socialiste, représente pour eux un magistère doctrinal et rien de plus. L’idée de la nécessité du témoignage, tellement essentielle dans une éthique classique portée par le respect de la réalité, n’a aucun sens ici. Les anciens idéologues ignorent ce qu’est le témoignage, puisque leur discours ne s’est jamais réalisé nulle part. Ils ignorent ce que signifie s’engager soimême dans l’acte qui correspond au discours, puisqu’ils ont toujours vécu dans un monde chimérique où l’on attendait seulement que le verbe engendre la réalité, se prenant en quelque sorte pour Dieu le Père. Nous nous trouvons devant les glorieux restes d’une époque révolue. Et le côté bohème, en ce qu’il a de charmant, de fantaisiste et de gai (il est beaucoup plus facile d’être fantaisiste quand on est riche), permet d’atténuer et même d’effacer toutes les turpitudes des an ciennes idéologies – comme lorsqu’on nomme la der nière pensée marxiste une “pensée artiste” : quel don pour ennoblir l’indignité ! Finalement, de la pensée 68 il ne reste qu’une gigantesque habileté communicationnelle : la capacité de se faire encore passer pour des gens bien.

    On s’aperçoit pourtant, et pas seulement dans cet exemple mais partout, que c’est toujours la vie qui l’emporte sur la pensée. Lorsqu’on fait le contraire de ce que l’on dit, ce dire est un feu follet, une pantalonnade, une nigauderie, en tout cas quelque chose que nul ne peut prendre au sérieux. C’est pourquoi le peuple citoyen, auquel on ne peut pas faire avaler n’importe quoi, a tendance à ne plus croire ces discours de Tartuffe. C’est pourquoi la gauche a perdu le peuple.

    Chantal Delsol (Valeurs actuelles, 19 janvier 2012)

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  • Millénium : une si moderne trilogie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Beauvillé, publié sur Causeur et consacré à Millénium, ce pseudo-polar nordique, indigeste et politiquement correct, de Stieg Larsson, qui fait déjà l'objet de deux adaptations cinématographiques...

     

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    Millénium : une si moderne trilogie

    La trilogie Millénium, œuvre du suédois Stieg Larsson, dont l’adaptation cinématographique par David Fincher est sortie en janvier, restera l’un des grands phénomènes d’édition des années 2000. Les raisons premières de cet engouement ont été largement établies : titres intrigants, qualité intrinsèque du récit policier, suspens prenant, personnages attachants, halo de mystère entourant l’auteur mort après avoir livré son ultime manuscrit, etc.

    Argent facile

    Mais allons un peu plus loin. Tâchons de comprendre comment la saga Millénium a pu entrer en résonance avec notre époque. Il apparaît en effet que la trilogie Millénium aborde en filigrane un certain nombre de thèmes situés au cœur des préoccupations contemporaines.
    Millénium a beaucoup plu aux journalistes . Et pour cause ! Mickael Blomkvist, le héros de la saga, est à lui seul une sorte d’idéal du métier : patron d’un journal d’investigation engagé contre les puissants, il est un jour grassement payé et logé par un millionnaire, Henrik Vanger, pour enquêter, en toute liberté, sur la disparition non-élucidée de la petite-nièce du magnat. En ces temps de précarité dramatique et de bouleversements du métier, la situation de Blomkvist a de quoi faire rêver plus d’un pigiste en galère ! Comme Blomkvist, l’autre héros de l’histoire, Lisbeth Salander, connaît un heureux destin financier. Son emploi en freelance dans une société de sécurité et d’espionnage lui assure des revenus réguliers jusqu’à ce qu’elle décroche le « jackpot », la fortune de l’homme d’affaire Wennerström détournée grâce à ses compétences en piratage informatique.

    Que ce soit pour Salander ou pour Blomkvist, un gros gain d’argent vient ainsi délivrer les protagonistes du souci de « travailler pour vivre ». Dans les deux cas, la fortune survient de manière miraculeuse, par un mécénat ou un acte de délinquance informatique.
    Que nous disent ces facilités financières décrites par Millénium ? Que l’on est vraiment libre et indépendant que si l’on roule sur l’or. Que l’aisance n’est liée à aucune forme d’effort particulier (mais à un talent presque inné, une façon d’être plutôt qu’une façon de faire), que la fortune peut résulter du hasard des circonstances, voire du viol caractérisé des lois par une personne présentée comme une victime de la société (Salander). En définitive, que l’argent facilement obtenu, par tout moyen, est enviable comme condition de la liberté individuelle… et de la vérité, puisque c’est au terme de son enquête subventionnée que Blomkvist fait la lumière sur l’histoire de la famille Vanger. Dans Millénium, roman bling-bling, gagner beaucoup et vite, c’est moralement bien, peu importe les moyens.

    Mickael Blomkvist a une vie sexuelle riche, faite de conquêtes multiples (Cécilia Vanger, Harriet Vanger, Lisbeth) et d’une relation suivie en la personne d’Erika Berger, son associée et collègue du journal Millénium, qui campe ce que l’on peut appeler sa « fuck friend ». A ce titre, le personnage de Blomkvist personnifie un deuxième fantasme, celui du quadra « séducteur malgré lui » qui tombe les petites jeunes en manque de figure paternelle et dont les collègues sont secrètement éprises. Une figure romanesque digne des plus belles pages de Biba, Cosmo, et autres merveilles iconoclastes de la presse féminine… De son côté, la bisexualité assumée de Lisbeth Salander lui ouvre les portes de nombreuses expériences, hétéro (avec Mickael Blomkvist, avec le jeune George Bland aux Caraïbes) ou homo (avec Myriam Wu), en une liberté totale guidée par l’instinct et l’instant.

    Des méchants très méchants

    En regard des deux figures attachantes, riches, libres, engagées et sexy du journaliste et de la hackeuse, les méchants de l’histoire font pâle figure. Dans le premier tome, icônes des anciens ordres patriarcaux, « les hommes qui n’aimaient pas les femmes » sont des homosexuels refoulés, des sadiques machos dominateurs qui abusent de leur position sociale (tuteur de jeune délinquante ou riche père de famille) pour assouvir de bas instincts misogynes et incestueux. Dans le second tome, les ennemis sont des bikers buveurs de bière et néo-nazis. Le troisième tome m’est, je l’avoue, tombé des mains. Figures du Mal, usées jusqu’à la corde, degré zéro de la création scénaristique, mais procédés inspirés par l’engagement personnel de l’auteur Stieg Larsson de son vivant. Entendons-nous bien : il n’est pas question ici de souhaiter lire ou voir des œuvres qui présentent l’extrémisme de droite comme une idéologie sympathique. Mais bien de déplorer le manque d’imagination des esprits créateurs quand il s’agit d’imaginer un mal absolu. Quel pire méchant peut-on trouver que des nazis pédophiles ? Des extra-terrestres cannibales nazis pédophiles peut-être… Amis auteurs et scénaristes, encore un effort !

    Millénium, sous une apparence iconoclaste et innovante, reste donc un parfait roman de l’époque.

    Pierre de Beauvillé (Causeur, 22 janvier 2012)

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  • «J'ai vu "Intouchables" ! »...

    Vous pouvez visionner ci-dessous la chronique d'Eric Zemmour sur RTL, datée du 10 janvier 2012 et consacrée au film "Intouchables"...


    Eric Zemmour : "J'ai vu 'Intouchables' !" par rtl-fr

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  • Les snipers de la semaine... (35)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Causeur, Jérôme Leroy mouche finement ceux qui voudraient que le bon peuple se soumette gentiment à l'ordre des choses...

    Pauvre, sois heureux !

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    - sur son blog, pour ce début d'année, Laurent Ozon dézingue de belle manière le politiquement correct !

    Voeux multiculturels

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