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mythologie - Page 2

  • Que sont devenus les héros européens ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Desylve cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à l'effacement des héros européens.

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    Que sont les héros d’autrefois devenus ?

    Si vous demandez à un enfant quel est son héros préféré, il y a de très fortes chances pour qu’il vous réponde par le nom d’un « super-héros ». Les jours de Carnaval dans les écoles, vous croiserez Spiderman, Batman ou l’un de leurs acolytes, un Robin des Bois si vous avez de la chance, mais probablement pas d’Hercule ni de Siegfried. Les héros européens sont en voie d’effacement, plus précisément de “super-remplacement” dans l’imaginaire collectif.

    Point n’est besoin de revenir ici en détail sur la figure du héros européen – figure saillante porteuse de vertus cardinales ou célèbre pour ses bienfaits – ni de citer d’autres noms que ceux d’Arthur, Cúchulainn, Siegfried et Achille, ou encore Ulysse et Héraklès, pour que nous sachions de quoi il est question.

    Désormais, au lieu de quelques individus incarnant les vertus cardinales européennes, nous assistons à une multiplication de clones bon marché qui officient comme autant de têtes de gondoles du supermarché de la bien-pensance. D’un petit nombre de héros inspirants, célèbres pour les bienfaits qu’ils ont apportés ou pour les modèles qu’ils nous proposent, nous sommes passés à une horde grouillante et bigarrée de héros en plastique.

    Pourquoi nos héros européens sont peu à peu remplacés ?

    Comprendre les raisons de ce remplacement, c’est déjà avancer vers son remède. Plusieurs phénomènes coexistent.

    Le premier est la rupture des transmissions traditionnelles combinée à la perte de nos racines. Déclin de la lecture et de la transmission orale au sein de la famille, qui conduit à l’ignorance de plus en plus généralisée de l’existence de nos propres héros. Les enfants ne lisent plus, et leurs parents ne leur racontent plus nos histoires. Coupés de leurs racines, ils sont abandonnés devant des écrans par des adultes complices, qui ne contrôlent pas ce que regardent leurs rejetons. Smartphones, télévision, jeux vidéo sont remplis de super-héros. Est-il besoin de préciser que ces écrans sont alimentés par les mêmes qui préfèrent des super-héros rentables à des héros incompatibles avec le monde globalisé ?

    Après la perte des racines vient ensuite la permanence de l’aspiration héroïque. Les peuples ont besoin de héros, du sentiment héroïque transcendant. Mais nos héros européens, personnages d’ascendance divine ou non, incarnent des modèles propres à notre civilisation, à la civilisation européenne. Et c’est bien là ce qui les rend incompatibles avec notre monde moderne, mercantile et globalisé. En étant porteurs de valeurs spécifiques à un peuple, à une aire civilisationnelle, ils sont des obstacles au marché qui nous voudrait tous identiques, standardisés et acheteurs des mêmes produits.

    Dès lors, très logiquement, le marché nous propose des héros compatibles avec ses objectifs. Des héros mondialisés et porteurs des valeurs de la morale universaliste. Ces héros de substitution qui nous encerclent, en étant ceux d’aucun peuple, deviennent ceux de tous les peuples et remplacent les héros mythologiques.

    Du modèle d’élite au produit de grande consommation : le super-héros comme modèle confortable

    Dans la plupart des cas, le super-héros n’est qu’un humain lambda qui reçoit des super-pouvoirs par hasard, s’inscrivant dans la plus pure logique égalitariste : il n’est pas différent des autres, et ce qui lui est arrivé pourrait arriver à n’importe qui. Il n’est qu’un citoyen moyen, mais disposant de super-pouvoirs.

    Nous sommes également passés du héros comme élite – appartient à une élite celui qui sait qu’il a plus de devoirs que de droits – au super-héros comme produit de marché. C’est un rapport totalement inversé qui s’est instauré. Au lieu de héros qui personnifient les vertus nécessaires à un peuple donné, valeurs qui fondent son identité et alimentent sa puissance, ce sont les individualismes forcenés et les minorités qui donnent leurs caractéristiques aux super-héros. Noir, musulman, bisexuel, LGBT… la liste est longue et ne cessera de s’allonger à mesure que de nouveaux marchés s’ouvriront.

    Il faut souligner en outre que l’identification à un super-héros est bien plus facile qu’à un héros traditionnel, puisque le catalogue est tellement large que vous finirez bien par trouver celui auquel vous pouvez vous identifier sans aucun effort. Aujourd’hui, un héros n’est plus qu’un personnage de fiction mercantile qui lutte pour le « bien ». Le modèle vertical du héros s’est effacé devant le modèle horizontal de la logique de marché.

    Et c’est le marché, avec toute sa puissance, qui mène la guerre contre nos héros : encerclement par les produits dérivés et ciblage de toutes les tranches d’âge. Les clients de ces « super-héros » ne sont pas seulement les enfants devenus parents, mais directement les parents. Le marché du super-héros est devenu un marché transgénérationnel qui n’épargne personne. Les parents amènent leurs enfants au cinéma voir le dernier film de « super-machin », et lui offrent ensuite un cartable logoté qui transformera ce pauvre gosse en homme-sandwich. Films, dessins animés, jeux-vidéos, jouets, vêtements, fournitures scolaires, boissons, friandises… L’envahissement est total.

    Enfin, et c’est un facteur important, ces « super-héros » sont bien souvent des produits américains. De cette Amérique qui se veut tout sauf européenne. De cette Amérique qui, avec à peine plus de trois siècles d’histoire, demeure elle aussi soumise à ce besoin de culte héroïque, et produit donc des héros antinomiques aux héros européens traditionnels.

    Que faire ? Comme toujours, puiser à nos propres sources

    Tout d’abord, nous devons nous réjouir du regain d’intérêt pour la mythologie en général, et grecque en particulier. Les héros grecs sont l’archétype du héros européen, la source primordiale à laquelle il faut accompagner les enfants pour qu’ils y puisent.

    Ensuite, nous affranchir des écrans et du marché, revenir à nos traditions. Traditions de nos propres héros qui portent et transmettent nos valeurs, et tradition de la transmission au sein de la famille. Raconter des histoires à nos enfants, raconter nos histoires à nos enfants. Redécouvrir, nous adultes, parents, ces histoires, les faire nôtres à nouveau et les raconter à notre tour. Point n’est besoin d’infliger à nos enfants un cours magistral sur le culte héroïque, il suffit de les laisser s’émerveiller devant les exploits de Finn Mac Cumhail, la ruse de Pénélope, et ignorer royalement le lancement de tel ou tel « super-héros » supplémentaire.

    Frédéric Desylve (Institut Iliade, février 2022)

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  • Georges Dumézil : variations sur une épopée intellectuelle...

    Nous reproduisons ci-dessous le texte d'une conférence donnée par Aristide Leucate, à l'occasion des Jeudis de l'Iliade, et consacrée à Georges Dumézil.

    Docteur en droit, journaliste et essayiste, Aristide Leucate est l'auteur notamment de Détournement d'héritages - La dérive kleptocratique du monde contemporain (L'Æncre, 2013), d'un Carl Schmitt (Pardès, 2017), d'un Dictionnaire du Grand Épuisement français et européen (Dualpha, 2018), de Carl Schmitt et la gauche radicale - Une autre figure de l'ennemi (La Nouvelle Librairie, 2021) et de Dumézil (Pardès, 2021).

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    Georges Dumézil : variations sur une épopée intellectuelle

    Érudit encyclopédique, locuteur de langues rares ou disparues, le Maître fut sans doute un des derniers grands « honnêtes hommes » de notre civilisation européenne. Évalué à l’aune des canons de notre époque, il serait assurément relégué dans le camp des maudits. Vers la fin de sa vie, ses travaux, sinon ses fréquentations, étaient minutieusement épiés par une camarilla de « vigilants » bien plus préoccupés à polir leur gloire vaine et pâle, qu’à travailler sérieusement sur l’œuvre du Maître ravalé, pro domo, au rang de faire-valoir de leur infinie médiocrité. Il n’en sera d’ailleurs nullement question dans cette conférence, sauf à leur assurer, comme à leurs plus récents épigones, une postérité ou une publicité indue.

    Toujours est-il que Georges Dumézil fut un être complexe, non dénué de contradictions, en dépit de convictions fortes et qui s’obstinait incessamment à s’effacer le plus possible derrière son œuvre, à l’instar de Pythagore ou de Thalès dont ne subsiste, pour l’essentiel, que le souvenir bien plus vivace et utile de leurs célèbres théorèmes.

    Une vie avec les Indo-Européens

    Cet homme à l’intelligence lumineuse, au savoir encyclopédique et à la prodigieuse mémoire, naquit à Paris le 4 mars 1898. Son père, Jean Anatole, était Polytechnicien et deviendra Général de Division en 1916. Durant la Grande Guerre, il supervisera pour l’Etat, la fabrication de l’artillerie.

    Le petit Georges développe précocement un gout acéré pour les langues. À 9 ans, il lit l’Enéide dans le texte, apprend l’allemand et, en parallèle, se passionne pour la mythologie, préférant Jason et Héraclès à Peau d’Ane et le Petit Poucet.

    S’étant émerveillé devant des mots de sanscrits découvert dans le Dictionnaire étymologique du latin du célèbre linguiste, Marcel Bréal, il profitera d’une amitié nouée au lycée Louis-le-Grand avec le petit fils de Bréal pour rencontrer ce dernier qui lui fera présent d’un dictionnaire sanscrit-anglais. « À partir de ce moment, ma vocation fut assurée, j’étais en quelque sorte consacré d’avance par le patriarche », confiera-t-il quelques années plus tard.

    Après son baccalauréat, il effectue ses khâgnes avant d’être reçu premier à l’Ecole normale supérieure.

    L’année suivant son entrée rue d’Ulm, en 1917, Dumézil est mobilisé sur le front. Il a 19 ans. Il sera précipité dans les orages d’acier de la seconde Bataille de la Marne, ce qui lui vaudra la Croix de guerre.

    À la fin de la guerre, il devient agrégé de lettres et part faire ses premières armes au Lycée de Beauvais. Cette expérience lui déplaira singulièrement. Il part ensuite enseigner la littérature française à Varsovie mais en revient très vite. L’appel de la thèse s’avère irrésistible.

    En réalité, il rédige deux thèses, comme il était alors en usage de le faire en ces temps universitaires révolus. Sous la direction d’Antoine Meillet (philologue très en vogue qui défendra, notamment, l’existence d’une civilisation indo-européenne attestée par une unité linguistique originelle) il soutient ses thèses qui lui vaudront la mention très honorable. Nous reviendrons un peu plus longuement sur ces premiers travaux.

    Par l’entremise de Jean Mistler, futur secrétaire perpétuel de l’Académie française, et de quelques universitaires bienveillants, Dumézil part en Turquie à la faculté de théologie d’Istanbul (qu’il quittera subrepticement pour la faculté des lettres, ne tenant pas à se mêler plus que cela de religion). Nous sommes en 1925 et les époux Dumézil (car il s’était marié entretemps) y resteront jusqu’en 1931. Durant ce séjour, n’ayant pu approfondir la question indo-européenne, il se rabattra, avec succès et profits, sur la linguistique caucasique. À son retour en 1931, il part pour deux ans en Suède, séjour qui s’avèrera décisif pour la suite de ses travaux.

    Le 29 juin 1935, Dumézil est élu au sein de la Ve section de l’Ecole pratique des hautes études, avec le soutien bienveillant et actif de Sylvain Lévi, alors un des maîtres éminent de l’indianisme français.

    En 1939, il est à nouveau mobilisé, cette fois en tant qu’officier de liaison, avant de reprendre le cours de ses activités universitaires au moment de l’armistice, jusqu’à sa destitution de la fonction publique en 1941 pour son appartenance maçonnique quelques années auparavant. Bien qu’ayant réussi à se faire réintégrer au sein de l’université, Dumézil sera quand même traduit en 1944, sur dénonciation de collègues communistes, devant la commission d’épuration de l’enseignement supérieur qui le blanchira.

    S’ouvre alors pour Dumézil une période professionnellement et intellectuellement faste, bien que sa renommée auprès du grand public se fasse jour assez tardivement.

    Cela commence par son élection, en avril 1949, au Collège de France, à la chaire, spécialement créée pour lui, de civilisation indo-européenne. Il bénéficiera de l’appui d’Emile Benveniste, linguiste à la réputation déjà établie et spécialiste incontesté de grammaire comparée des langues indo-européennes.

    Les années cinquante, en même temps qu’elles le verront inlassablement reprendre ses travaux antérieurs, le porteront à l’étranger, de la Turquie jusqu’à son cher Caucase et même au Cuzco, dans les Andes péruviennes, où, durant six mois, il s’éprendra du quechua avec une passion dévorante.

    La décennie soixante commence à marquer l’heure des « bilans ». Pour Dumézil, il s’agit moins de graver définitivement ses conclusions dans le marbre que de reprendre, totalement ou partiellement, l’ensemble de ses travaux et d’en faire le point. Extrêmement pointilleux et méticuleux, Dumézil se refuse à rédiger des manuels, estimant que la matière qu’il étudie ne se prête guère à cet exercice d’académisme. En 1966, La Religion romaine archaïque, magistrale synthèse sur la plus ancienne religion des Romains, voit le jour. S’ensuivent une série de titres qui feront la notoriété de leur auteur jusqu’à sa mort : Mythe et épopée I (1968), II (1971) et III (1973), Heur et malheur du guerrier (1969), Mariages indo-européens (1979), Apollon sonore et autres essais, (1982), L’oubli de l’homme et l’honneur des dieux (1985), Loki (1986), etc. Ouvrages auxquels il convient d’ajouter ses multiples études caucasiennes ou celle consacrées à l’oubykh, langue désormais disparue dont il fut l’un des derniers locuteurs au monde.

    La consécration ultime viendra le 26 octobre 1978, jour de son élection à l’Académie française. En réponse à son discours de réception, son ami Claude Lévi-Strauss prononce un éloge aussi célèbre que synthétique, résumant l’œuvre brillante de Dumézil.

    Dès ce moment, les grands médias, notamment la télévision, commenceront à s’intéresser à ce savant quelque peu singulier qui aura passé son existence aux confins de ce qu’il a appelé l’ultra-histoire, ces années transitoires entre la fin de la préhistoire et la très haute Antiquité.

    C’est ainsi que les Français découvriront cet homme bien mis, aussi rieur que modeste et érudit, lévitant allègrement au milieu d’un amas invraisemblable de livres et de documents constituant une bibliothèque riche d’environ 20 000 ouvrages !

    Ainsi, Parmi ses apparitions télévisuelles, l’on retiendra notamment l’entretien qu’il offrit, un an avant sa mort, à Bernard Pivot dans sa célèbre émission « Apostrophe ». Diffusée en couleur, pour la première fois, le 18 août 1985, elle demeure l’une des plus touchantes jamais consacrée au mythologue qui s’y livre avec élégance, humilité et humour.

    Malade du cœur depuis de nombreuses années, Georges Dumézil s’effondrera chez lui, le 11 octobre 1986, à l’âge de 88 ans.

    Les Indo-Européens en actes

    Après avoir tutoyé les dieux toute sa vie, il allait les rejoindre pour l’éternité et gageons qu’ils lui firent un accueil des plus triomphal.

    Ces dieux provenaient de la plus lointaine civilisation apparue entre la Mer noire et la Baltique vers le 5e ou 4e millénaire avant notre ère.

    Des peuplades s’exprimaient dans des dialectes d’une même langue qui répondra, plus tard, au nom algébrique et générique d’indo-européen.

    Ces hordes se répandirent en tous sens, vers l’Atlantique, vers le Nord, vers l’Asie, ou la Méditerranée, ce dans le courant du 3e millénaire, voire au début du 2e millénaire. Ils conquirent des territoires et se mêlèrent de gré ou de forces aux autochtones.

    Les hypothèses avancées pour expliquer cette dispersion tiendraient, selon l’anthropologue David W. Anthony, à l’invention de la roue et à la domestication du cheval (Le cheval, la roue et la langue : comment les cavaliers de l’âge de bronze des steppes eurasiennes ont façonné le monde moderne, 2007).

    Descendants des Yamna des steppes pontiques, qui enterraient leurs morts sous des kourganes – mot russe d’origine turc signifiant tumulus –, les proto Indo-Européens présentent, au surplus, des similitudes génétiques avec les locuteurs actuels des langues IE, ainsi que l’a montré David Reich dans Comment nous sommes devenus ce que nous sommes. La nouvelle histoire de nos origines (2019).

    Dumézil s’intéressa très tôt, dès ses fameuses thèses de 1924, respectivement intitulées Le Festin d’immortalité et Le Crime des Lemniennes, à ces cultures fort éloignées dans ce passé lointain qu’il allait s’efforcer de rendre accessible, après moult « tâtonnements », erreurs et autres errements.

    Sur les traces de ses maîtres Antoine Meillet et Marcel Mauss et selon une démarche comparatiste pour partie inspirée des travaux du sinologue Marcel Granet, Dumézil s’attachera à reconstituer des faits de civilisation, persuadé qu’il ne peut y avoir de langue commune sans un minimum de pensée commune.

    Par la comparaison des textes religieux et épiques de l’Inde, de Rome ou de Scandinavie, Dumézil a essayé de remonter vers des prototypes communs, soit des points fixes archétypiques dans la préhistoire. Et à partir de ces points à peu près fixes, la méthode consiste à étudier les transfigurations qui ont dû amener aux formes que nous connaissons.

    En 1938, Georges Dumézil, après de longs tâtonnements, découvre un fait qui dominera une grande partie de la matière indo-européenne.

    Les données de cette découverte sont les suivantes : on peut considérer que les peuples IE anciens construisaient leur système du monde, leur conceptions de la société, voire leur cosmologie, leur psychologie en se fondant sur l’idée que, dans leur combinaison harmonieuse, trois pesanteurs agissant sur trois niveaux sont nécessaires au bon fonctionnement du monde.

    Dumézil a mis en évidence ces trois fonctions : la souveraineté juridico-magico-religieuse, la force guerrière et la fécondité ou l’abondance.

    Selon lui, on retrouve l’agencement hiérarchisé de ces trois fonctions dans toutes les civilisations où une substantielle composante IE est attestée de manière incontestable.

    Ainsi, la division de la société indienne en brahmanes (prêtres), kṣattriya (guerriers), et vaiçya (éleveurs-agriculteurs) n’était guère propre à l’Inde des castes (ou ārya) puisqu’elle se retrouvait aussi bien à Rome dans la triade précapitoline formée par Jupiter, Mars et Quirinus, ou encore dans l’ancien monde celtique, avec les druides, les equiles et éleveurs.

    Certes, si en Inde, ces trois castes font référence à une relative organisation sociale, à Rome, la trifonctionnalité correspondrait-elle davantage à des fonctions intellectuelles, religieuses ou cosmiques, ce qui signifie, en d’autres termes, qu’il n’y a pas de lien de solidarité obligatoire entre une fonction sociale et cette conception mentale des trois fonctions, lesquelles correspondent plutôt à un cadre de pensée ou un idéal imaginé par ces sociétés.

    À l’objection selon laquelle cette tripartition se retrouve universellement parce que toute société humaine doit tendre à la satisfaction des besoins vitaux qu’impliquent la triple nécessité d’une organisation politique, d’une armée pour se défendre comme d’une économie rurale pour se nourrir, Dumézil répond que dans le monde IE, ces trois besoins constituent bien plus le cadre, la matière à réflexion qui, de proche en proche, finit par offrir une explication de tout.

    Si cette tripartition existe bien évidemment ailleurs, elle n’a jamais engendré, ailleurs que dans le monde IE, un système général de pensée.

    Ce cadre joue, de cette façon, le rôle d’une sorte de superstructure intellectuelle, morale, spirituelle venant coiffer la structure sociale naturelle.

    Pour illustrer ce propos, l’on prendra pour exemple un des rapprochements singuliers que Dumézil a effectués entre l’aire romaine et le monde scandinave.

    C’est ainsi qu’il mit en évidence, dans ce qu’il appelait lui-même le « paradigme de la comparaison », la relation du borgne et du manchot.

    À Rome, d’après les récits tardifs de Tite-Live, notamment, lors de la 1ere guerre de la République (entre la fin du VIe siècle et le début du Ve, avant notre ère) Tarquin Collatin (qui a fait lui-même, dans la relation avec son père Tarquin le Superbe, d’une analyse tripartie par Dumézil, mais ceci est une autre histoire), À Rome, donc, Tarquin Colattin fait appel au roi étrusque Porsenna pour reprendre Rome à l’armée royale mutinée.

    Dumézil distingue deux épisodes dans cette guerre de fondation (celle de la République romaine).

    Le premier, au début de la guerre, voit un guerrier romain, Horatius Coclès, qui empêche le passage du pont du Tibre (le pont Sublicius) par l’armée étrusque de Porsenna.

    Par quel moyen ? En décochant un regard terrible et noir aux assaillants étrusques qui décampèrent en désordre, permettant aux Romains de reprendre l’avantage. Ce regard perçant, sinon glaçant était d’autant plus aigu qu’il était le fait d’un borgne (Coclès).

    Le deuxième épisode a lieu à la fin de la guerre. Symétrique au premier, il narre l’audace de Mucius Scaevola qui pénètre dans le camp étrusque pour assassiner le roi Porsenna. Mais il se trompe et tue le secrétaire du roi. Amené devant celui-ci, il pose son bras droit sur un brasero qui se trouvait là et le défie en lui disant que 300 autres soldats sont aussi déterminés que lui à tuer le souverain. Très impressionné, Porsenna négocie la paix avec les Romains. Dans le même temps, Scaevola gagne son surnom de « gaucher », en référence à son unique main valide.

    À Rome, ce mythe est présenté comme une histoire terrestre. D’ailleurs, ce sera le grand apport de Dumézil, se heurtant alors aux susceptibilités des historiens romanistes, que d’avoir montré et démontré combien la plus vieille histoire de Rome n’était une mythologie transformée en histoire réelle.

    Mais ce couple du cyclope et du gaucher se retrouve dans le ciel des dieux germano-scandinaves.

    À l’aube des temps, les dieux ont vu naître Fenrir un petit loup qui, portant avec lui la promesse de la perte des dieux, était voué à être attacher avec un lien magique invisible qu’Odin, le père des dieux, avait fait tisser.

    Le jeune loup accepte de se faire ligoter, les dieux prétextant un jeu inoffensif, mais à la condition qu’un des dieux place sa main dans sa gueule pendant l’opération, pour sûreté que cette dernière se déroulera sans fausseté.

    Le dieu Tyr court le risque. Mais, à peine s’est-il exécuté, que la bête, ayant subitement compris qu’elle ne pourrait jamais se détacher, lui coupe le bras.

    À la suite de quoi, Tyr, devient le dieu manchot des procédures juridiques et du droit, le dieu du peuple rassemblé dans le thing, assemblée à la fois politique et judiciaire.

    Quant au borgne, c’est à Odin lui-même qu’il revient d’endosser cette mutilation d’origine volontaire.

    En effet, Odin a accepté de sacrifier son œil en le déposant dans la source de la sagesse, en échange d’une vue plus large et plus profonde et de pouvoirs magiques incoercibles. En temps de guerre, cette magie se manifeste par la puissance de pétrifier, d’immobiliser l’adversaire.

    Dumézil, d’autre part, a souligné l’importance fondamentale d’éclairer les détails par les ensembles.

    C’est ainsi, par exemple, que Mars n’est pas un dieu qui s’étudie en lui-même, isolément des autres, mais bien par rapport à un autre dieu qui lui est supérieur (Jupiter) et également par rapport à un autre qui lui est subordonné (Quirinus).

    Ces trois dieux forment donc un système, Dumézil se hasardant même à parler de structure, à une époque où le structuralisme philosophique triomphait littéralement.

    Sur ce point, d’ailleurs, il fit une mise au point définitive dans son introduction à Mythe et épopée III, où il écrivait : « je ne suis pas, je n’ai pas à être, ou n’être pas, structuraliste. Mon effort n’est pas d’un philosophe, il se veut d’un historien, d’un historien de la plus vieille histoire et de la frange d’ultra-histoire qu’on peut raisonnablement essayer d’atteindre, c’est-à-dire qu’il se borne à observer les données primaires sur des domaines que l’on sait génétiquement apparentés, puis, par la comparaison de certaines données primaires, à remonter aux données secondes que sont leurs prototypes communs, et cela sans idée préconçue au départ, sans espérance à l’arrivée, de résultats universellement valables ».

    Et de poursuivre, plus largement sur le sens de sa démarche épistémologique : « ce que je vois quelquefois appelé ‘‘la théorie dumézilienne’’, consiste en tout et pour tout à rappeler qu’il a existé, à un certain moment, des Indo-Européens et à penser, dans le sillage des linguistes, que la comparaison des plus vieilles traditions des peuples qui sont au moins partiellement leurs héritiers doit permettre d’entrevoir les grandes lignes de leur idéologie ».

    C’est que, tout à sa méthode particulière d’investigation, Dumézil n’a jamais prétendu travailler sur autre chose que de la matière morte – un « cadavre », disait-il.

    Les Indo-Européens en pratique

    Aussi, serait-il bien audacieux, sinon peut-être présomptueux – voire prétentieux – de s’acharner à chercher ce qui demeure de l’idéologie tripartie dans les sociétés actuelles. Bien que nous continuions à parler des langues indo-européennes, il est vain d’espérer poursuivre la quête d’éléments ou signes attestant de la persistance d’une civilisation indo-européenne originelle.

    Dumézil s’en tenant étroitement aux limites de son domaine de constante, minutieuse et infatigable recherche, s’est toujours refusé à énoncer la moindre extrapolation « paralinguistique » ou « para-mythologique » qui eût eu pour effet de fragiliser ses travaux – alors d’ailleurs vivement discutés, notamment chez les romanistes – et eût risqué même de les entacher d’une perte irrémédiable et désastreuse de crédibilité – sur ce point, nous nous contenterons de renvoyer à l’ouvrage salutaire de Didier Eribon, Faut-il brûler Dumézil ?, narrant par le menu les tentatives ineptes et insanes de démolition d’une œuvre rétrospectivement accusée de sympathies nazies.

    Sous cette expresse réserve émise par Dumézil lui-même, il n’est pas interdit, toutefois, de méditer sur ou à côté de l’œuvre, tant celle-ci semble ouvrir de fructueuses pistes de réflexions d’ordre anthropologique notamment.

    De la sorte, est-il permis d’explorer, tout au moins philosophiquement, les voies d’une intériorisation authentique de l’héritage indo-européen, lequel ne se bornerait pas exclusivement à la locution des langues dérivées.

    En d’autres termes, parce que nous sommes des Européens, devons-nous renouer, non pas seulement avec les âges, mais avec une manière d’être et de penser qui a longtemps structuré notre ethos et façonné notre « Vue du monde » – notre Welt-anschauung, pour reprendre ce terme emprunté à la philosophie allemande dont le signifié met clairement l’accent sur la vérité du monde dans sa cosmogonie profonde.

    Si, depuis longtemps – soit au moins depuis la Révolution française –, la « vue du monde » de nos contemporains n’est guère plus soutenue, même implicitement, par l’idéologie tripartie, cette dernière n’en offre pas moins une grille de lecture structurale des plus pertinentes pour interpréter nos temps actuels, et interroger cette fameuse réelle « crise morale » qu’un certain Emmanuel Macron, au début de l’année 2019, s’était, lucidement mais fugacement, aventuré à diagnostiquer.

    Tandis que la valeur explicative des trois fonctions n’acquiert de sens que par l’ordre dans lequel elles apparaissent hiérarchiquement, comme dans leurs rapports entre elles, ainsi que nous l’avons expliqué tout à l’heure, on demeure frappé, malgré tout, par la persistance têtue d’un fait triadique de première importance et qui caractérise en propre notre postmodernité harassée.

    En d’autres termes, l’idéologie tripartie que l’on croyait disparue depuis plus de deux cents ans, semble à nouveau émerger en tant que fait révélateur d’une nouvelle conception du monde symétriquement inverse à celle inventée par Georges Dumézil et qui constituait, nous l’avons dit, l’arrière-plan intellectuel et spirituel de la mentalité des proto-Indo-Européens.

    C’est ainsi, alors, que l’on constate une capitis diminutio de la première fonction, une évaporation de la deuxième et une hypertrophie symptomatique de la troisième.

    Tout d’abord, la fonction française de souveraineté s’est déplacée vers d’autres lieux, quand son correspondant bivalent, représenté par ce qui reste de la fonction sacerdotale-religieuse (l’Eglise catholique, pour être plus explicite), ne cesse de s’étrécir à proportion des fermetures ou destructions d’églises – sans parler de la crise des vocations.

    Ensuite, convenons que la deuxième n’existe quasiment plus, tant depuis la suppression chiraquienne de la conscription, que par le fait de régulières coupes claires dans le budget de la défense. Notons également que, corrélativement, la violence, naguère monopole de l’autorité légitime encadrée par le droit, s’est éparpillée au point de s’insinuer dans toutes les strates de la société (violences intrafamiliales, dans la rue, à l’école, au bureau…).

    Enfin, relativement à la troisième fonction, son poids qualitatif est devenu inversement proportionnel à sa masse quantitative. Sa participation aux deux autres fonctions étant devenue bien plus symbolique que réelle, elle aurait compensé cette « privation », par un surinvestissement au sein de son propre champ fonctionnel : explosion de l’industrie du tourisme et du loisir, consumérisme d’addiction soutenu par le crédit renouvelable, hédonisme sexuel coupé de toute préoccupation reproductrice, déspiritualisation (selon un mot emprunté à Georges Bernanos) couplée à une perte de sens de la nature et de ses lois intrinsèques, égotisme narcissique, individualisme affinitaire (communautarisme de dilection sexuelle, raciale ou culturo-religieuse).

    Ce changement qualitatif qui affecte les tréfonds de notre antique civilisation se laisse d’autant mieux observer à travers une trifonctionnalité appliquée, que Dumézil a maintes fois insisté sur la nécessité d’éclairer les détails par les ensembles.

    Chaque fonction (incarnée par un dieu ou son célébrant, dans l’optique dumézilienne) ne se laisse pas étudiée en elle-même, mais se définit par rapport aux autres fonctions ; la présence d’une fonction explique et limite les deux autres fonctions triparties.

    Cette triade dont les éléments sont interdépendants forme alors un système.

    Partant, il est loisible de comprendre que la carence ou l’insuffisance d’une fonction engendre un déséquilibre de l’ensemble dont les autres éléments constitutifs ne sortent guère indemnes.

    En l’espèce, la place démesurée occupée par la troisième fonction dans nos sociétés apparaît comme la résultante des faiblesses structurelles inhérentes aux deux autres fonctions de souveraineté et de « force ».

    Cette démarche appliquée ne doit pas évidemment pas tendre à surdéterminer l’importance de l’instrument trifonctionnel dont l’usage ne s’éclaire que parce qu’il est originellement le produit d’une mentalité propre aux lointains Européens et commune aux premiers Indiens, Perses, Grecs et Romains.

    Néanmoins, le fait même que ce schème affleure encore nos consciences démontre sa persistance entêtée, lors même qu’il serait aujourd’hui ravalé à la plus stricte insignifiance dans la psyché de nos contemporains.

    Corde tendue au-dessus du présent, entre le passé le plus lointain et l’avenir, la trifonctionnalité demeure aux fondations des murs porteurs de la civilisation.

    Cependant, et pour paraphraser – en en inversant les termes – une œuvre célèbre de Dumézil, la trajectoire suivie par nos sociétés hyper-festives entraîne les hommes sur la pente du déshonneur à proportion de ce qu’ils font tapageusement et vaniteusement profession de reléguer les dieux aux confins des plus noirs exils de l’oubli.

    Aristide Leucate (Institut Iliade, 9 décembre 2021)

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  • Les structures anthropologiques de l'imaginaire...

    Les éditions Armand Colin viennent de rééditer l'essai de Gilbert Durand intitulé Les structures anthropologiques de l'imaginaire. Professeur émérite de sociologie et d’anthropologie culturelle à l'université de Grenoble, mort en 2012, Gilbert Durand est connu pour ses travaux sur l'imaginaire et la mythologie, qui ont fortement influencé Michel Maffesoli, dont il a été le professeur.

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    " Gilbert Durand, disciple de Bachelard, souhaitait en concevant cet ouvrage compléter "anthropologiquement" les recherches inaugurées par l'auteur de "la psychanalyse du feu". Son livre est devenu la référence de tous les travaux sur les mythes : une sorte de "jardin" des images, ordonné comme la botanique de  Linné, un  merveilleux  répertoire organisé autour des grands schémas structuraux. "

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  • Confinez-vous avec : ... Mythes et mythologies politiques, de Raoul Girardet !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver aux éditions du Seuil, dans la collection Point, un essai de Raoul Girardet intitulé Mythes et mythologies politiques. Agrégé d'histoire et docteur ès lettres, Raoul Girardet (1917-2013) a été professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'ENA. Intellectuel de droite, il a été dans sa jeunesse membre de l'Action française, puis résistant et s'est ensuite engagé dans le combat pour l'Algérie française.

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    " C'est par l'examen de ses rêves qu'une société révèle ses désordres et ses souffrances. Essai d'exploration de l'imaginaire politique à travers notre histoire, le livre de Raoul Girardet montre comment les grands moments d'effervescence mythologique ont toujours correspondu à des phénomènes de crise, de mutation ou de rupture.

    L'ouvrage s'organise autour de l'étude de quatre " grands ensembles " politico-mythologiques : la Conspiration, le Sauveur, l'Âge d'or et l'Unité. S'inspirant des leçons de Bachelard et de Lévi-Strauss, il en décrit les thèmes et en analyse les structures. Mais il s'efforce aussi d'apporter un élément nouveau d'interprétation en les replaçant dans le cadre de l'histoire générale d'une société et d'une culture.

    C'est à une nouvelle lecture de l'histoire idéologique de la France contemporaine que l'auteur nous invite. "

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  • Le Cycle de la Branche Rouge...

    Les éditions Terres de Brume viennent de publier un roman de Roger Chauviré intitulé Le Cycle de la Branche Rouge, inspiré des aventures du héros mythique Cûchulainn. Ancien professeur de l’Université Nationale d’Irlande, historien et poète, Roger Chauviré est l’auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages sur l’histoire et les traditions mythologiques des pays gaéliques.

     

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    " C'est dans un monde étrange, reculé et primitif que vous convie cette histoire. Un univers empreint de bruit et de fureur, régi par la règle stricte des lois tribales, où tout n'est que titanesques combats, furieuses courses de chars et merveilleux banquets... Il y plane la présence du héros plein d'ardeur guerrière, sujet aux métamorphoses fantastiques et que seuls peuvent arrêter les interdits magiques. Dans le Cycle de la Branche Rouge, ce héros mythique, c'est Cûchulainn, le fils du dieu Lug et le champion d'Ulster. Son destin unique le conduira à une existence sacrificielle et hors du commun. À l'instar du "Cycle de Finn" ou de la "Légende du roi Arthur", le "Cycle de la Branche Rouge", entre proto fantasy et ethnographie littéraire, appartient aux grands mythes du monde celtique, fondateurs de notre civilisation et sources d'inspiration pour nombre d'écrivains, de Lovecraft à Tolkien, en passant par R. E. Howard... "

     

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  • La mort, l'au-delà et les autres mondes

    Les éditions Imago ont publié en début d'année une nouvelle étude de Claude Lecouteux intitulée La mort, l'au-delà et les autres mondes. Professeur de civilisation du Moyen-âge à la Sorbonne, Claude Lecouteux s'est spécialisé dans les mythes, les contes et les légendes et a publié de nombreux ouvrages comme Démons et Génies du terroir au Moyen Âge (Imago, 1995), Fées, Sorcières et Loups-garous au Moyen Âge (Imago, 2012) ou son Dictionnaire de mythologie germanique (Imago, 2014).

     

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    " Squelette creusant une tombe, spectre aux yeux caves ou créature encapuchonnée dérobant son visage, la mort, armée d’une faux ou d’une lance, peut surgir à tout moment. Chacun le sait, tôt ou tard, il faut lui payer son tribut. Mors certa, hora incerta, disaient les Anciens.
    Depuis longtemps, Claude Lecouteux s’est attaché à étudier la mort et ses représentations dans les mentalités médiévales. Dans cet ouvrage, il nous entraîne cette fois dans une exploration de l’outre-tombe, et suit les défunts dans leurs différents périples. De l’Antiquité à nos jours, s’appuyant sur les mythologies, les contes, les traditions populaires et les romans de chevalerie, il met au jour la permanence d’antiques croyances sous une vision plus chrétienne de l’au-delà.
    Il souligne en outre — et nul ne l’avait établie jusqu’alors — l’étonnante proximité des images venues d’un lointain passé avec les témoignages de ceux qui, lors de comas ou de catalepsies, ont vécu des expériences de mort imminente (Near Death Experience), montrant ainsi que l’homme n’a jamais cessé d’imaginer son ultime voyage… "

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