La revue de presse de Pierre Bérard
Au sommaire :
• Un tournant majeure dans le traitement médiatique de la crise syrienne en France. France 2 revient "honnêtement" sur la guerre civile, ses origines, ses enjeux et ses finalités. Interviewant des "experts" indépendants le documentaire se livre à une ré-interprétation de certains des événements qui ont marqué cette guerre et leur donne une lecture qui aurait été jugée comme "révisionniste" il y a quelques semaines encore. En fin de séquence cependant on n'échappe pas à l'épisode lacrymal sur les "réfugiés". L'émission était programmée jeudi 18 février en fin de soirée.• Chronique d'Éric Zemmour sur RTL consacrée au désengagement américain en Syrie. "En se retirant de ce guêpier, Obama rend service au monde", proclame-t-il avec raison.• Roland Hureaux, haut fonctionnaire, tance dans cette vidéo l'imposture et la responsabilité des gouvernements occidentaux concernant les affaires syriennes et dénonce le "bobardement" médiatique qui a précédé et qui accompagne le chaos occasionné par la guerre civile. Comment peut-on prétendre combattre ici le djihadisme alors que l'on le soutient sur place ?• Le point sur la situation en Syrie. Entretien avec Fabrice Balanche spécialiste du Proche Orient et membre du Washington Institute. Un autre de Valérie Toranian, directrice de la Revue des deux mondes.• Ivan Blot fait le point sur la situation en Ukraine et revient sur certains événements récents occultés par la presse occidentale jusqu'au documentaire de Paul Moreira diffusé sur Canal plus il y a quelques jours (Ukraine, les masques de la révolution) dont nous-nous étions fait l'écho.• Vive le Brexit ! Une intervention de Hajnalka Vincze, spécialiste hongroise de géo-stratégie établie en Suisse. Collaboratrice régulière du site Theatrum Belli.• Le martyr d'Anne Frank utilisé pour que l'inusable culpabilité allemande la porte à recevoir décemment tous les "réfugiés" qui se présentent à ses frontières. Nazifier la contestation de l'immigration, telle est la dernière recette de ceux qui y trouvent leur avantage. Une technique immuable.• La désinformation : un enjeu stratégique. François-Bernard Huygue répond à l'IRIS à propos de son livre La désinformation. Les armes du Faux paru chez Armand Colin• En Europe plus les populations immigrées seront importantes et plus la séparation entre les communautés sera grande. Une implacable démonstration de Roland Hureaux contre les bons sentiments et les politiques d'accueil généreuses qui demeurent le b.a. Ba de l'Union européenne et de nombreux gouvernements pour aboutir au total à une Europe ghettoïsée, conflictuelle et autoritaire. Un parfait exemple d'hétérotélie (Jules Monnerot).• Pour Françoise Bonardel, professeur émérite de philosophie à la Sorbonne et spécialiste des doctrines hermétistes, la diabolisation du "repli sur soi" témoigne en fait d'une incapacité à penser et à vivre sans heurt la tension toujours vive du dehors et du dedans, réduite à une simple et stérile alternative entre ouverture et fermeture, générosité et égoïsme, courage et peur. belle démonstration contre un topique de l'époque.• Pour Maxime Tandonnet l'espace Schengen est déjà derrière nous. Tandonnet est haut fonctionnaire, ancien responsable des problèmes d'immigration dans le cabinet présidentiel de Nicolas Sarkozy.• Révolte populaire contre l'afflux des "migrants" (en réalité des clandestins). Les soldats d'Odin patrouillent en Finlande .• Jean-Paul Brighelli à propos de la Corse et du football. Des réflexions qui vont droit au but.• Jacques Sapir; retours vers Mélenchon ? À la condition cependant que celui ci libéré du carcan des manoeuvres d'appareil fasse au deuxième tour des présidentielles où il ne parviendrait pas, le choix de faire voter pour un et surtout une candidate souverainiste...• "Le dernier des païens ?" Christopher Gérard fait une critique très positive du dernier livre de Marcel Conche, Épicure en Corrèze (Stock).• La lutte des classes en action. Un article décapant de Frédéric Lordon dans Le Monde Diplomatique à propos du film de François Ruffin Merci patron ! Ruffin est le fondateur du journal Fakir. Les Klur héros bien malgré eux de ce film offrent un résumé du système néo-libéral dans toute sa perfection de laminoir des classes populaires. En attendant les autres.• Le président du Conseil national des Républicains, Luc Chatel, déclare dans une envolée dépourvue du moindre lyrisme que son parti est celui des OGM et du gaz de schiste. Bien entendu, tout cela au nom de "l'innovation". Nous voici prévenus. Première référence : les fait puisés dans un article de 20 minutes. Seconde référence : l'avis éclairé de Gaultier Bès, l'un des animateurs de la revue Limite.• "Lire les signes avant-coureurs de ce qui vient", voilà la légitimité que confère Alain de Benoist au travail des intellectuels dans sa chronique du Boulevard Voltaire.
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La revue de presse d'un esprit libre... (3)
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La Russie de Poutine...
Les éditions Bernard Giovanangeli viennent de publier un essai d'Ivan Blot intitulé La Russie de Poutine. Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012), Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014) ou encore L'Homme défiguré (Apopsix, 2014).
" Les Russes sont un peuple de résistants. Après l'éclatement de l'URSS et les catastrophiques années qui ont suivi, la Russie s'est relevée et est redevenue aujourd'hui une puissance qui compte.
Ce redressement est incarné par Vladimir Poutine. À rebours des Européens, le président russe a restauré la fonction de souveraineté et la fonction militaire, au détriment des oligarques de la finance. Il a renoué avec la tradition et n'a pas sacrifié l'identité et la civilisation de son pays.
C'est des Russes eux-mêmes et des ressources de leur État qu'est venu le salut. Ce livre, qui mêle des considérations politiques et philosophiques, présente différents aspects de cette Russie nouvelle et analyse son rôle géopolitique dans un monde marqué par l'affaiblissement de l'hégémonie des États-Unis et la vassalisation de L'Europe.
Celle-ci, pour sauver son indépendance et son identité, sera-t-elle capable d'un rapprochement avec la Russie ? " -
Le retour de la Russie...
Le 5 janvier 2016, Martial Bild et Élise Blaise recevaient, sur TV libertés, Ivan Blot à l'occasion de la sortie de son livre La Russie de Poutine (Bernard Giovanangeli, 2015). Ancien député européen et président de l'association "Démocratie directe", Yvan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012), Les faux prophètes (Apopsix, 2013) et Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014).
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L'Occident est-il dangereux aujourd'hui ?...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site d'informations Sputnik et consacré à la dangerosité de la politique occidentale...
L'Occident est-il dangereux aujourd'hui ?
D’après le blog Slate du 3 janvier 2014, un sondage de Worldwide Independent Network et de Gallup sur la question « Quel pays est la plus grande menace pour la paix dans le monde aujourd’hui ? » a été effectué dans 65 pays où 66 806 personnes ont été interrogées.
Le résultat est net: pour 24% de la population mondiale, les Etats-Unis sont le pays le plus menaçant pour la paix mondiale. Le Pakistan est second avec 8%, et la Russie vient en 12ème position! Il s'agit de l'avis des citoyens. Certains organismes « d'experts » comme le « Center for Peace and Conflict » de Sidney s'arrangent pour mettre les Etats-Unis en milieu de classement. Mais le citoyen sondé, lui, n'est pas payé et à l'inverse de « l'expert », il n'a pas de marché ou de carrière en jeu!
Au-delà de cette réalité indiscutable, l'Occident véhicule par ailleurs un message philosophique mortifère, celui de l'arraisonnement utilitariste qui considère l'homme avant tout comme une matière première pour l'économie. Cet arraisonnement a été appelé le « Gestell » par le philosophe existentiel allemand Heidegger, enterré avec les sacrements de l'église catholique en 1976.
Le philosophe, disciple d'Aristote, a accusé le monde occidental moderne de détruire le monde traditionnel chrétien des Européens qui assurait tant bien que mal l'épanouissement de l'homme. Ce monde était structuré par quatre pôles: Dieu, les hommes en tant que mortels, les valeurs éthiques de l'honneur et du sacrifice de soi (non utilitaristes) et les racines familiales et patriotiques.L'Occident moderne, surtout après 1968 pour la France, a tué Dieu dans la conscience des hommes pour le remplacer par les caprices de l'égo. Il a remplacé l'éthique du sacrifice de soi par le culte matérialiste de l'argent et des droits qui y sont associés. Il a remplacé l'éducation des personnalités grâce à l'humanisme classique par le conditionnement des masses. Il a enfin remplacé les racines charnelles, famille et patrie, par l'idolâtrie de la technique sans mesure. Il faut en effet que les hommes deviennent des matières premières interchangeables et l'on instrumentalise l'égalitarisme dans ce sens!
On retourne ainsi, depuis les années 1960, vers la barbarie des instincts libérés au nom des droits de l'homme, instincts dont la « libération » est justifiée par le cerveau calculateur, cette « crapule » dont parlait Dostoïevski. Résultat: le nombre de crimes en France a été multiplié par quatre depuis mai 1968. On est passé de 1,5 à 4,5 millions de crimes et de délits. Aux USA, le nombre d'emprisonnés est passé de 0,5 million en 1965 à 2,3 millions en 2013. Les Etats-Unis sont le pays qui a le plus d'emprisonnés au monde.Autre résultat: l'effondrement démographique de l'Occident signalé par le président Poutine (qui parla de suicide) au cercle de Valdaï en 2013. L'Occident ne fait pas que semer la mort par ses interventions militaires en série, notamment au Proche Orient. Il se suicide peu à peu et le Pape catholique Jean-Paul II avait parlé à son sujet de « culture de mort ».
Les quatre idoles actuelles de l'Occident, la technique, l'argent, les masses et l'égo aboutissent à dévaster la terre, détruire les idéaux traditionnels, soumettre les hommes libres au conditionnement des masses et exalter l'égo dans ses caprices les plus ignobles. Le président Poutine affirme qu'il veut préserver la Russie de cette idéologie mortifère. C'est pourquoi la majorité de l'oligarchie occidentale, qui déteste les peuples enracinés et gère le « Gestell » au pouvoir, ne peut pas supporter Poutine. Elle voudrait l'éliminer et faire de la Russie trois ou quatre protectorats divisés comme le rêve le géopoliticien des récents présidents américains, Zbigniew Brzezinski. Washington espère ainsi conserver le contrôle sur le monde, et sur le continent qui pourrait le concurrencer: l'Eurasie. La subversion à Kiev a été créée dans ce but. Le coup d'Etat de Kiev a mis au pouvoir un gouvernement qui tire à coups de canon sur les citoyens qui réclament des référendums de décentralisation. Les va-t-en guerre américains rêvent d'une guerre de plus en Ukraine et brûlent d'intervenir!Le danger change de camp avec le déroulement de l'histoire. Avant la seconde guerre mondiale, il résidait en l'Allemagne nazie. Le communisme a pu dans le passé être aussi un danger. Mais aujourd'hui, c'est l'Occident qui menace la paix du monde par un néo-colonialisme qui va jusqu'à provoquer des guerres. C'est l'Occident qui agit en idéologue conquérant et qui a une idéologie d'Etat intolérante. Ce n'est plus la Russie depuis qu'elle a surgit à nouveau lors de l'effondrement de l'Union soviétique. On doit conseiller à l'Occident de pratiquer la maxime de Socrate: « connais-toi toi-même »! Car c'est la seule façon de pouvoir se corriger.
Ivan Blot (Sputnik, 21 février 2015)
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L'hystérie anti-russe
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site de La voix de la Russie et consacré au comportement hystérique qu'a adopté la classe dirigeante américaine à l'encontre de la Russie...
L'hystérie anti-russe
L’observation clinique du comportement américain depuis la fin de la guerre froide conduit à ce diagnostic : une partie de l’élite américaine est atteinte d’un syndrome d’hystérie anti-russe inquiétant. En effet, cette hystérie est un danger pour la paix dans le monde, et représente aussi une dérive préoccupante pour les Etats-Unis eux-mêmes qui voit leur image se dégrader dans le monde, ce qui entraine un affaiblissement objectif de leur rôle mondial. Une analyse psychologique peut éclairer le phénomène et aider à le contenir.
Nous pouvons utiliser les analyses exceptionnelles du grand auteur russe Dostoïevski. Celui-ci, dans les « Frères Karamazov », consacre sept chapitres aux « hystéries ». Il montre que celles-ci sont fréquentes dans l’espèce humaine et se rencontrent dans tous les milieux. Il décrit l’hystérie du Père Féraponte qui donne des leçons d’ascétisme et prétend converser avec le saint Esprit. Il conclut que ce moine est méchant et orgueilleux. Il étudie ensuite l’hystérie chez le père Karamazov, méchant et cupide. Puis, l’hystérie chez des petits enfants qui se battent à coups de pierre, tous contre un seul. Puis, il étudie des cas d’hystéries amoureuses où l’orgueil joue aussi un grand rôle, et enfin, l’hystérie d’un capitaine chassé de l’armée, humilié par sa pauvreté mais homme d’honneur.
Si l’on recherche les quatre causes de l’hystérie selon le schéma d’Aristote, on constate que l’hystérie au sens large, qui est celle étudiée par le romancier, est un trait de caractère et non une maladie, est due à un débordement d’énergie. C’est la cause matérielle de l’hystérie. Les cerveaux reptiliens et mammifères (instinctif et affectif) ne sont plus sous le contrôle du cerveau rationnel.
L’hystérie va conduire le sujet à s’appuyer sur des prétextes moralisateurs (cause formelle d’Aristote) qui justifient son agressivité contre son entourage, typique du père Féraponte. L’hystérique ne cesse de raisonner et se prétend rationnel pour justifier sa colère. En réalité, pour Dostoïevski, l’hystérie est liée à l’orgueil (cause motrice) qui vient d’une boursouflure de l’égo dans un milieu social qui a renié Dieu (cause finale d’Aristote). Les gens qui ont un égo démesuré sont portés à l’hystérie. Dans les cas les plus graves, l’hystérie peut devenir meurtrière. Elle devient alors criminelle comme l’hystérie antijuive d’Adolf Hitler.
Si l’on analyse les déclarations des dirigeants occidentaux, notamment américains, ou de l’OTAN, comme celles de l’ancien secrétaire général Rasmussen, on est inquiet de constater qu’il s’agit bien souvent de réactions hystériques, dès qu’on aborde le sujet de la Russie. Celle-ci serait agressive, non démocratique, sous-développée, méritant des punitions sévères. Ces accusations ne cadrent nullement avec les faits, mais satisfont les pulsions agressives et égotiques de la volonté de puissance des acteurs.
Ceux-ci affirmeront que la Russie serait agressive parce qu’elle augmente son budget militaire : que dire des Etats-Unis qui à eux seuls, représentent 40% du total des dépenses militaires de la planète et qui possèdent des bases sur tous les continents, pour soutenir les guerres diverses qu’elles ne cessent de lancer (l’Irak et l’Afghanistan étant des modèles à cet égard car elles n’ont rien de défensif) ?
La Russie serait non démocratique mais l’Arabie Saoudite, alliée des Etats-Unis, qui est une dictature islamiste autoritaire n’a pas droit à ce qualificatif. Par ailleurs, le fait que 80% de la population soutienne le président Poutine, régulièrement élu, ne trouble pas nos censeurs. Mais l’Arabie est considérée comme une amie, et la Russie est désignée comme ennemie. Donc l’accusation de ne pas être une démocratie n’est pas opératoire pour l’Arabie saoudite !
On accuse aussi la Russie d’avoir annexé la Crimée. Que le peuple de Crimée ait souhaité cette annexion, que son parlement, puis le peuple consulté par référendum l’ait approuvé, ne compte pour rien. Que la France ait annexé Mayotte, référendum à l’appui, et soit condamnée par l’ONU chaque année ne compte pas. C’est encore le double standard. La France ne concurrence pas les Etats-Unis, on ne la craint pas, donc on la laisse tranquille.
La Russie serait sous-développée : ce serait un pays archaïque, hostile aux homosexuels, traditionnaliste, qui ne sait produire que du pétrole et du gaz. La Russie serait d’ailleurs en voie de disparition démographique. Il faut donc la punir pour la contraindre à se moderniser. Peu importe que la Russie soit la seule capable de transporter des hommes dans l’espace vers la station orbitale, peu importe que sa loi contre la propagande homosexuelle n’a pour but que de protéger les mineurs, peu importe que 75% de son PIB vienne d’autres activités que l’exploitation des hydrocarbures, peu importe que la démographie russe se soit redressée depuis trois ans, les faits n’ont aucun intérêt pour l’hystérique. Il est ivre d’idéologie. Il est difficile d’échanger des arguments rationnels avec un ivrogne. C’est ce que fait pourtant avec beaucoup de patience la diplomatie russe, qui ignore les provocations et essaye de faire prévaloir une approche rationnelle et sobre de la situation internationale, que ce soit en Ukraine, en Syrie, ou ailleurs.
L’hystérique ne cesse pourtant de raisonner : car la raison, comme dit Dostoïevski, est aussi une « crapule » : il veut dire par là qu’elle est toujours appelée à la rescousse pour défendre de mauvais instincts. Le rôle de l’idéologie raisonnante est toujours de trouver de bonnes raisons pour défendre de mauvais instincts et de mauvais affects.
Il faut enfin punir la Russie : cela résulte d’un comportement typiquement hystérique décrit par Dostoïevski chez de nombreux personnages, le père Féraponte ou les gamins déchainés contre un des leurs. Il faut diaboliser l’adversaire (le moine Féraponte accuse les autres moines d’être entourés de petits diables). Il faut le frapper pour se venger : c’est ce qui se passe à l’école dans les cours de récréation.
Soit ! Direz-vous. C’est un comportement infantile mais l’adulte peut y échapper. Le psychologue Dostoïevski montre, hélas, que non. L’adulte a des sentiments et des instincts qu’il a du mal à contrôler, surtout s’il n’a plus l’aide de la religion. Beaucoup de dirigeants de l’Occident moderne sont animés par la haine du christianisme, et exigent au minimum sa marginalisation. Ils croient que la « raison » seule commande aux instincts et aux sentiments bien que l’histoire tragique de l’humanité a montré souvent l’inverse.
Comment résister à un partenaire diplomatique hystérique ? Il faut de la patience car l’hystérie consomme beaucoup d’énergie et n’est donc pas éternelle. Il faut associer la raison aux valeurs traditionnelles qui permettent de rechercher le bien commun. Il faut garder confiance (la foi est une forme sacrée de la confiance, ce n’est pas un « savoir » au sens scientifique). Il faut garder l’espérance car l’histoire montre aussi que « le pire n’est jamais sûr ». Il faut enfin avoir de la charité, surtout ne pas juger l’autre du haut d’un tribunal créé pour les besoins de la cause, donc ne pas copier le comportement arrogant de la puissance dominante. Enfin, il faut se garder du mensonge le plus possible, du style de celui du ministre américain Colin Powell expliquant que l’Irak a des armes de destruction massive et qu’une guerre préventive est nécessaire contre ce pays.
Au fonds, sans se faire d’illusions et sans « prendre les canards sauvages pour des enfants du bon Dieu », comme disait De Gaulle, il faut s’imposer une tenue morale exemplaire conforme aux valeurs de notre vieille civilisation chrétienne humaniste. C’est exactement ce que font avec talent le président de la Russie et son ministre des affaires étrangères.
Il faut aussi faire confiance à plus long terme dans les peuples. Aux Etats-Unis, 50% du peuple se montre aujourd’hui hostile à l’aventurisme en matière de politique extérieure. L’hystérie règne dans des milieux élitistes, ivres de puissance depuis l’effondrement de l’URSS, en proie à ce que les Grecs appelaient l’hybris (l’excès). Or l’hybris se heurte à l’ordre du monde et se retourne toujours un jour contre ceux qui en sont la proie. On peut trop boire et devenir ivre. L’ivresse ne se limite pas à l’alcoolisme. On peut être ivre d’idéologie, en général par orgueil. Mais l’histoire montre que cette ivresse se calme d’elle-même ou qu’elle est vaincue par sa propre irrationalité.
Les hommes qui poussent l’Occident à la russophobie ne « savent pas ce qu’ils font » et jouent avec le feu des forces de la mort. De Gaulle a dit : les puissances qui misent sur la pourriture périront car leur propre pourriture se retournera contre eux. Le propos est sévère mais réaliste.
Prenons l’hystérie pour ce qu’elle est en lui opposant le droit et la sagesse. L’histoire montre que c’est le meilleur pari. Le malheur en Occident est le déclin de la culture historique chez certains dirigeants. Celui qui ignore l’histoire répétera les fautes du passé. Ainsi, Hitler voulu copier Napoléon. En s’attaquant à la Russie, il a signé son propre arrêt de mort. L’intérêt du monde est d’accorder l’Europe et la Russie. L’Amérique a peur d’un tel accord mais il est inéluctable. La peur mène à l’hystérie. La connaissance de l’histoire conduit au retour à la sagesse ! Sophocle le tragique a écrit que l’homme apprend par la souffrance : essayons cette fois de lui donner tort !
Ivan Blot (La voix de la Russie, 21 décembre 2014)
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L'homme défiguré...
Les éditions Apopsix viennent de publier un essai d'Ivan Blot intitulé L'Homme défiguré. Président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012), Les faux prophètes (Apopsix, 2013) et Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014).
" Le vingtième siècle, avec ses guerres mondiales, ses totalitarismes et ses génocides, a été l'un des plus barbares de notre histoire. Le culte d'une raison calculatrice et froide au service de mauvais instincts est la cause majeure. Notre monde moderne oublie l'existence douée de sens pour réduire la vie à sa seule dimension biologique et économique. Il détraque la personne humaine en combattant l'antique alliance du cœur et de la raison pour discipliner le chaos du dragon des instincts. Il méprise les institutions et traditions, ouvrant la porte à la violence révolutionnaire et à la montée du crime. Il méprise la spiritualité (qui se venge à travers l'islamisme extrémiste) en laissant la jeunesse dans un monde matérialiste et sans repères.
Ivan Blot examine quatre thèmes (l'existence humaine, la personne humaine, l'importance des traditions et des institutions pour l'homme, la spiritualité incarnée et les limites de la raison) et esquisse des voies de sortie de cette impasse à l'aide d'Aristote, Heidegger, Nietzsche, Kierkegaard, Platon, Dostoïevski, Gehlen, Hayek, Dumézil, Jean Climaque ou encore Grégoire Palamas.
Il constate que l'Occident s'enfonce dans un monde « im-monde » où l'Ego remplace Dieu, l'argent le sens de l'honneur, les masses la personnalité humaniste et le calcul économique et technique la famille et les racines qui donnent sens à notre vie. Par contraste, la nouvelle Russie retrouve l'humanisme de notre Civilisation, et c'est pourquoi elle est tant calomniée. "