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hervé juvin - Page 8

  • 50 ans d’escroquerie politique, ou le déni français devant l’immigration...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à l'immigration.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    50 ans d’escroquerie politique, ou le déni français devant l’immigration

    D’abord, ils sont venus pour repartir. Ils, ce sont ces Maliens, Algériens, Marocains, etc., recrutés parfois par villages entiers par d’anciens militaires français dans les années 1960 pour répondre aux besoins d’une industrie française en plein essor, mais qui refusait d’investir dans les robots et préférait le travail à la chaîne de millions d’OS — ouvriers spécialisés. Certains peuplaient les bidonvilles, d’autres s’entassaient dans les logements insalubres, mais déjà, avec la construction des grands ensembles et des villes nouvelles, il était évident dans les années 1970 qu’ils ne repartiraient pas — mais interdit de le dire ! Ils étaient venus pour travailler, ils repartiraient sitôt leur tâche remplie.

    Fin de l’assimilation, tous Français !

    Après, ils allaient tous s’assimiler, et au nom de quoi douter qu’ils seraient bientôt tous des Français comme les autres ? C’est le moment qui vit le regroupement familial autorisé par le décret du 29 avril 1976 à l’initiative de Jacques Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, donc sans débat au Parlement. Puisqu’ils avaient acquis des droits — assurance maladie, retraite, logement — pourquoi ne pas permettre à leurs familles de les rejoindre ?

    Certains pourtant parlaient de quotas, de seuils de tolérance, suggéraient que l’afflux de migrants d’autre religion, d’autres cultures, pouvait ne pas garantir leur assimilation à une France encore très majoritairement blanche et chrétienne, à la différence des maçons italiens et des mineurs polonais — mais interdit d’en parler ! Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, et si quelques incidents troublaient la sérénité du discours, c’était la faute des lanceurs d’alerte, des racistes et des beaufs, confondus dans le même opprobre ! Et quand le gouvernement de Raymond Barre voulut stopper pour trois ans le regroupement familial, le Conseil d’État lui barra la route, le 8 décembre 1978, transformant l’immigration de travail en immigration de colonisation (selon Abd el Malek Sayad).

    Puis vint la marche des Beurs, du mouvement « Ni putes ni soumises », suivi de la grande manipulation montée par SOS Racisme. C’était le milieu des années 1980. Jeunes et moins jeunes musulmans, et une majorité de femmes avec eux, voulaient affirmer la compatibilité de leur Islam avec la République, et proclamaient leur volonté d’être reconnus pleinement Français, ni plus ni moins. Les femmes étaient majoritaires dans un mouvement qui aurait pu changer les rapports entre la France et l’Islam. Mais les socialistes internationalistes, agents de la soumission de la France à la globalisation montante, ne pouvaient supporter un mouvement qui échappait à leur tutelle, et risquait de refonder la lutte des classes en réalisant la solidarité entre classes populaires françaises et descendants d’ouvriers immigrés partageant leurs conditions de vie.

    La faute aux Français

    Il fallait diviser — il leur faut toujours diviser. Monté de toutes pièces avec la complicité d’un État socialiste en mal d’idées, SOS racisme tourna la revendication des Beurs en tout autre chose ; la haine de la France et des Français, présumés racistes, haineux et pétainistes, la soumission à un internationalisme qui détruisait toute possibilité de progrès social français, et enfin, et surtout, l’annonce d’un droit à la différence et l’apologie d’un multiculturalisme qui effectivement, porteraient gravement atteinte à l’unité de la Nation. Ceux qui voulaient être reconnus Français furent mobilisés contre les Français !

    Menaces, intimidations, chantages allaient s’abattre sur les Français résistants ; certains évoqueront une dérive tribale, d’autres une soumission de la France à une minorité nuisible, d’autres encore un abaissement rapide de l’unité de la France — mais interdit d’en parler et même de voir les effets de la manipulation qui fera réélire François Mitterrand en 1988 ; les différences sont une chance, la France est plus belle de toutes les couleurs, la diversité est notre avenir… rien n’a changé! Et certains, qui jouent encore la division des Français, appliquent en 2021 la recette qui a si bien réussi en 1988.

    Il fallut bien reconnaître que tout n’allait pas tout seul. La belle histoire avait des ratés. Longtemps nié, le rapport entre montée de la délinquance et immigration, difficultés d’intégration et seuils quantitatifs, devenait évident. Plus question de dire que tout allait bien dans la meilleure des France possibles ! Il suffisait de dire que ce qui tournait mal était de la faute des Français — des Français de France, cela va sans dire. Dans l’exercice, l’échine courbe d’un conseiller d’État fit merveille. Publié en 2013, le rapport Tuot en vint à commander aux Français de s’adapter aux immigrés, dénonçant « la célébration du passé d’une France chevrotante». Le Conseil est familier de ces hardiesses morales.

    L’immigration, une arme contre les nations

    Le rapport Tuot ne parquait pas encore les Français dans des réserves, mais l’idée y était — confinez ces Français qui se croient chez eux en France, veulent garder leur drapeau, leur langue, leur culture, et continuent de croire en leur Nation ! Remplacez-les vite ! D’ailleurs, les Français éliraient bientôt un Président qui leur dirait que la culture française n’existe pas ! D’ailleurs, la maire de Cologne viendrait, en octobre 2021, déclarer que les valeurs de la diversité qui distinguent Cologne autorisent l’appel du muezzin à retentir sur la ville, chaque jour, à midi ! Et bien peu soulignèrent la logique juridique du rapport ; si nous sommes tous des nomades comme les autres, si dire « chez nous » ou « chez soi » est interdit, alors en effet chacun doit s’adapter à une diversité que nul ne contrôle ni ne prétend contrôler. Qui a parlé d’occupation ?

    Et enfin, vint le pacte de Marrakech. Rien qui agite les tribunes ; d’ailleurs, la France y dépêcha un obscur secrétaire d’État au tourisme dont nul ne rappelle le nom. Le pacte, vague et « généreux », proclame le droit universel et incontournable de tout être humain à s’installer dans le pays de son choix. La « générosité » invoquée dispense de considérer les effets concrets de l’appel aux migrations, aussi dramatique pour les populations dites d’accueil que pour la majorité des migrants. Selon une méthode bien rodée, le Pacte est présenté comme une déclaration de droits généraux et abstraits, qu’il appartient à chaque Nation de traduire en droit positif. Et c’est là que l’Union européenne entre dans le jeu, une Union qui a toujours utilisé l’immigration de masse comme une arme contre les Nations — comme si dissoudre les Nations était le moyen de renforcer l’Europe ! Car la conséquence est claire ; la droit à la mobilité signe la mort des mutualités nationales. Si les citoyens les plus riches acceptent de payer pour les citoyens plus démunis, c’est parce qu’ils ont la Nation en commun. Faites-la disparaître, et la mutualité disparaîtra avec elle — où se transformera en charité ; qui est autre chose que la justice, bien moins, ou bien plus, mais n’a rien à voir avec l’égalité.

    Le bilan d’un demi-siècle de mensonges et de déni est accablant. Moins par ce qui a été fait que par l’impossibilité constatée de le défaire ; même Valéry Giscard d’Estaing a déclaré que son plus grand regret était d’avoir autorisé le regroupement familial… L’impuissance politique à répondre aux souhaits de la majorité des Français est éclatante. Elle signe un recul de la démocratie. Seule, une volonté majoritaire clairement exprimée par referendum pourrait faire prévaloir le droit du sang, à condition qu’il soit mis fin à la dictature des institutions européennes et des cours dites de justice. À condition surtout que le débat soit ouvert, les chiffres sur la table, et qu’il soit permis de parler-vrai. Chacun connaît de ces brutes de plateau télé qui ont pour parler de l’immigration des pudeurs de jeune fille. Et chacun connaît ces intellectuels qui éclairent avec lucidité nos débats politiques, mais se gardent bien de dire ou d’écrire un mot sur les migrations. Comme Marcel Gauchet récemment, ils trouvent toutes les raisons de disséquer l’échec du Président Emmanuel Macron, sauf la plus évidente…

    L’immigration au cœur de la campagne présidentielle

    Est-ce enfin le moment de rendre justice à ceux qui se sont battus, qui ont été insultés, poursuivis, persécutés pour avoir dit ce qu’ils voyaient et pour avoir donné une voix aux Français qui n’en ont pas ? Car leur heure est venue. C’est sans doute la première vertu du débat présidentiel actuel; le débat sur l’immigration est enfin au centre des propositions, comme il est au cœur des préoccupations des Français. Pour prendre la place qu’il mérite, et surtout déboucher sur les changements décisifs et nécessaires, quatre conditions s’imposent.

    La première est de tenir fermement la boucle qui unit laïcité et citoyenneté. La laïcité rend la République, certainement pas aveugle, mais indifférente à la religion ; chrétien, musulman, juif, bouddhiste, etc., tout citoyen est également français si, et le si est majeur, sa nationalité le relie plus fortement aux Français qu’à ses coreligionnaires. En clair, est Français qui fait passer la France avant Jérusalem, La Mecque ou Rome. Et chacun voit bien que le débat actuel qui tend à désigner l’Islam comme unique problème est largement biaisé. Les musulmans ne sont pas seuls à préférer leur religion à leur patrie.

    La seconde est d’en finir avec l’obsession économique qui fait s’affronter les tenants d’une immigration qui rapporte, et ceux qui font le compte des coûts de toute nature qu’elle entraîne. Évaluer l’immigration en rapport coût-bénéfice ne fait pas honneur à ceux qui se livrent à des calculs d’ailleurs toujours imparfaits, et jamais concluants. Et il faut aussitôt mesurer l’intérêt qu’ont les multinationales à prôner l’immigration ; le déracinement supprime toutes les satisfactions humaines, sauf celle de consommer. L’homme hors sol contribue à la croissance, oui, mais en cessant d’être lui-même. Bel effet de l’humanisme des Gafam et autres escrocs de l’humanisme libéral ; le multiculturalisme signifie la fin de toute culture. Et c’est l’objectif recherché.

    La troisième est de revenir sur cette condition de la citoyenneté, qu’est la souveraineté. Est citoyen celui qui décide avec les autres citoyens de ce qui les concerne. Eux, et pas d’autre. Eux, sur leur territoire, et pas ailleurs. Autant dire que les cinquante dernières années resteront comme le plus formidable déni de démocratie qui ait été ; de ce qui a été l’une de leurs premières préoccupations, voire la première, l’immigration de masse, les Français n’ont jamais pu débattre, décider, et voter. Et le principe est clair ; une Nation est libre de fixer les critères qu’elle veut à l’accès à son territoire, à sa citoyenneté, aux systèmes de solidarité mutualisés, sinon elle cesse d’exister en tant que Nation, pour devenir une offre où chacun fait son marché — les uns, en devenant exilés fiscaux, les autres, en devenant les clients des guichets sociaux. Nous en sommes là.

    Le quatrième principe est devenu indicible, parce que le seul mot de discrimination condamne celui qui l’emploie. Et pourtant, une Nation prend forme quand elle sépare les citoyens des non-citoyens, quand elle privilégie les uns par rapport aux autres, quand elle fonde cette solidarité nationale qui unit les citoyens entre eux en les séparant des étrangers. Voilà ce qui est en jeu derrière les dérives de l’Union européenne, voilà ce que le pacte de Marrakech veut détruire. Une Nation qui ne préfère pas ses citoyens se condamne elle-même — et si cela s’appelle discriminer au bénéfice de ses citoyens, qu’importe le mot, puisque la chose est juste !

    J’ajouterais un dernier point, crucial parce qu’il touche à la dignité humaine. J’ai connu les pays où toute rencontre commence par ; « d’où viens-tu ? » La question est interdite, parce qu’elle renvoie à des origines et à des territoires, à des déterminations que le nomadisme de rigueur entend faire disparaître — le local, voilà l’ennemi ! La question est interdite, parce qu’elle conduit à interroger l’appartenance ethnique, culturelle, et que la réalité de ces appartenances, leur poids humain comme leur évidence, doivent être niés pour que la société du métissage généralisé puisse advenir — le réel ethnique, religieux, voilà l’ennemi !

    Et qu’arrive -t-il quand plus aucune différence ne fait plus de différence (René Girard) ? L’argent seul fait la différence. Quand la couleur de peau ne fait plus aucune différence, la couleur de la carte de crédit discrimine efficacement — et cette discrimination là, universelle, n’est critiquée par personne. Le capitalisme totalitaire entend régner sans partage, et abolir toute distinction qui n’est pas d’argent.

    A ce compte, le bûcher des identités brûle à grands feux. Et résonne la grande voix de Proudhon ; «  Qui dit humanité veut tromper », pour nous rappeler que les hommes ne sont jamais les mêmes, et que la frontière est le dernier garant de nos libertés contre la loi d’airain de la démographie.      

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 11 octobre 2021)

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  • La nouvelle « nouvelle économie »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à la nouvelle économie des entreprises géantes et monopolistiques.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    La nouvelle « nouvelle économie »

    Elle faisait les grands titres des journaux économiques dans les années 2000. C’était le temps de « l’entreprise sans usines » (Serge Tchuruk), le temps aussi où des sociétés à peine nées, sans chiffre d’affaires et sans business model, mais avec une belle histoire à raconter aux investisseurs, réunissaient des millions de dollars.

    Cette nouvelle économie est venue se briser sur le krach des valeurs du numérique et de la « tech » au début des années 2000, elle a sombré lors du krach de 2007-2008. Mais voilà que de nouveau le mot, ou la question, s’imposent : l’économie a changé. À l’évidence, les règles jugées acquises ne s’appliquent plus. Et nous manquons à la fois des mots pour désigner la situation, des concepts pour l’analyser, et des lunettes pour regarder en face la réalité d’une économie sortie de son lit. De sorte que nous n’en finirons jamais avec la nouvelle économie — chaque fois nouvelle et si vite dépassée…

    Seule l’Union européenne croit à la concurrence

    Première caractéristique ; la fin de la concurrence comme l’économie classique l’enseigne, comme seules l’Union européenne et sa Commission y croient encore. Pour une part sans cesse croissante des services et de l’industrie, des acteurs en situation de monopole et, plus souvent, d’oligopoles, se partagent les marchés mondiaux, décident des prix et des offres. Peter Thiel l’affirme sans détour ; « la concurrence est l’affaire des perdants ».

    Les gagnants de l’économie d’aujourd’hui ne sont pas en concurrence. Ils créent leur marché, ils inventent leur marché, ou bien ils concentrent les offres pour partager leur marché. Ce qui veut dire en clair qu’ils suppriment le marché comme nous le connaissons, et comme nous faisons encore semblant qu’il existe. Il est grand temps de se le dire ; la concentration des entreprises étouffe la concurrence, et le « quantitative easing » signifie la suppression de la fonction éminente des marchés ; donner un prix au risque et hiérarchiser les risques des investissements. Les marchés ont perdu leur fonction principale, pour devenir les courroies de transmission des banques centrales, anesthésiées qu’ils sont par l’afflux intarissable de monnaie. Mais quel réveil les attend ?

     Quant à la fonction de l’entrepreneur… Au capitalisme monopoliste d’État a succédé le capitalisme monopoliste privé. Il n’est pas sûr que nos sociétés y aient gagné quelque chose. D’autant que ce mouvement s’accentue au moment où la marche en avant du grand marché mondial s’inverse. Fin du « zéro stock, zéro délai, trésorerie zéro » ; disruption majeure des chaînes logistiques qui assuraient la ronde incessante des composants autour du monde — le manque de semi-conducteurs paralyse déjà maints constructeurs, la pénurie d’énergie menace des millions de ménages de précarité énergétique, et certains voient venir la pénurie alimentaire… et en pareilles circonstances, seule l’intervention de l’État peut maintenir les marchés en état de marche, et empêcher qu’ils ne tournent au racket, à l’usure, et aux monopoles.

    Une concentration féodale de l’économie

    Deuxième caractéristique ; la concentration qui se poursuit, et même, s’accélère, repose la question des inégalités en termes de pouvoir, donc de démocratie. Concentration des capitaux, des moyens, et des revenus. Le pape François s’était attiré la commisération des économistes, en dénonçant une théorie du « ruissellement » (« trickle down economics ») justifiant la faible imposition des super-riches en vertu du principe selon lequel leur richesse « ruissellerait » naturellement vers les classes moyennes et les plus démunis. Il avait raison. Rien ne vient vérifier cette théorie, jamais observée nulle part depuis le Moyen Âge et le devoir de munificence imposé aux riches et puissants ; ils doivent dépenser, pour que les autres, artisans, commerçants, paysans profitent de leur richesse!

    Et le succès mondial du travail de Thomas Piketty, malgré ses imperfections de détail, dit l’essentiel ; le sentiment d’inégalité grandit, il s’appuie sur les faits, et il devrait figurer en tête de toute réflexion politique. Car ce n’est plus d’argent qu’il s’agit, mais de pouvoir. Car pour beaucoup de ceux qui se croyaient « classe moyenne », ce n’est plus d’inégalité qu’il s’agit, mais d’injustice, et de pauvreté. Ce n’est pas qu’en France que le pouvoir d’achat redevient la première préoccupation de citoyens de plus en plus exposés à la précarité économique, énergétique, alimentaire bientôt !

    Le mouvement de concentration le plus préoccupant se déroule dans l’industrie et la finance saisies par le numérique. Trois sociétés de gestion, toutes Américaines (Blackrock, State Street, Vanguard ; voir American Affairs, spring 2021), sont en passe de contrôler la plupart des conseils d’administration des très grandes entreprises américaines et européennes. Une poignée d’entreprises contrôle l’alimentation mondiale, que ce soit comme fournisseurs d’intrants, comme propriétaires des gènes des espèces exploitées, ou comme commerçants des matières premières alimentaires. Et dans combien d’autres secteurs industriels, le pouvoir de marché est entièrement passé aux mains de producteurs qui forment ostensiblement des oligopoles.

    La conséquence politique est majeure ; la démocratie libérale reposait sur le tissu d’indépendant, d’artisans, de PME familiales qui créent encore aujourd’hui 80 % des emplois. Ce tissu se déchire. Avec lui, le libéralisme. Et nous devons regarder la réalité en face ; l’économie des monopoles de l’Internet et de la distribution est la moins libérale qui soit. Des monopoles capitalistes privés remplacent les monopoles capitalistes d’État, qui croit au progrès ?

    Un capitalisme totalitaire ?

    Troisième caractéristique ; le capital acquiert le monopole de la force. C’est le fait révolutionnaire du capitalisme devenu totalitaire. Twitter, Facebook, combien d’autres, peuvent prononcer la mort sociale de tous ceux qui ne se conforment pas aux codes implicites qu’ils ont eux-mêmes établi, ou pire encore, qu’ils n’ont jamais établi, ce qui laisse place à l’arbitraire, et qu’ils font appliquer par des sous-traitants dont il est permis de mettre en doute la faculté d’appréciation. Le mécanisme est bien connu, les régimes totalitaires l’ont employé ; la seule perspective d’être censuré instaure une autocensure préventive, de sorte que même les informations les plus vérifiées, les faits les plus établis, les opinions les plus largement partagées ne seront pas exprimées, dès lors que leur expression enfreint le code imposé par les censeurs des réseaux.

    Ceux qui ont connu les formules obligées de l’empire soviétique, ou de la Chine de Mao, du « tigre de papier » américain aux « chiens de garde » du capitalisme retrouvent avec curiosité les formules obligées sur « la société ouverte et inclusive », sur « les bénéfices du multiculturalisme » et, bien entendu, sur « les hommes sont tous les mêmes ». Inutile de préciser que c’est le moyen choisi pour imposer l’immigration de masse aux peuples qui la refusent, de nier le lien manifeste entre migrations illégales et délinquance, ou d’interdire le débat sur un multiculturalisme dont, pourtant, même Mme Merkel avait constaté l’échec manifeste en Europe.

    Il s’agit là du renversement le plus décisif. Le monopole de la force appartient à l’État dans toute Nation civilisée ; c’était l’un des piliers du droit et des Droits. Il n’en reste rien. Quand un magnat d’Internet et des réseaux, comme Jack Ma, défie le pouvoir en place à Pékin et l’autorité du Parti communiste chinois, il va méditer quelques semaines en résidence forcée sur la fragilité de son empire — d’autres méditeront plus longuement en camp de travail. Quand Twitter suspend le compte du Président en exercice du pays le plus puissant du monde, Donald Trump, c’est le Président qui s’en va, et ni Jeff Bezos, ni Bill Gates, ni Mark Zuckerberg ne tremblent devant la perspective de quelques mois en camp de travail…

    Devant les géants d’Internet, nos dirigeants ont abandonné leur mission de défense des libertés. Après quelques annonces à ce sujet ; même Donald Trump a vite abandonné la partie… Nos démocraties sont en proie à un capitalisme devenu totalitaire, à une économie sortie de ses bases, et à l’avènement d’un constructivisme social absolu. Ce n’est pas ce qui est qui compte, c’est ce qui devrait être. Énoncer la réalité, la regarder en face et en témoigner publiquement, c’est déjà se rendre coupable. Après Marine Le Pen, et tant d’autres avec elle, Éric Zemmour va bientôt s’en rendre compte…

    Pénaliser le débat autour d’un génocide dont la réalité se limite sans doute à celle de massacres intercommunautaires, en Bosnie-Herzégovine, mais dont le proconsul allemand nommé par Washington veut faire un article de foi dont la négation serait passible de prison, afin de marginaliser la résistance serbe ; interdire d’appeler les choses par leur nom, de dire qui est qui, qui fait quoi, et qui est responsable de quoi ; un effort immense pour mettre le spectacle que la société se donne à elle-même en conformité avec les intérêts dominants, pas avec la réalité de ce qu’elle est, refonde l’espace public, la liberté d’expression, et, à la fin, la conscience de soi. La réécriture de l’histoire bat son plein ; et de Shakespeare à Tintin ou au Club des Cinq, l’héritage européen subit la censure des « woke » — et sa destruction de l’intérieur.

    Ceux qui parlent de l’obscurantisme de l’Islam, pas toujours sans raison, ceux qui dénoncent le contrôle social que la Chine exerce sur ses citoyens, à juste titre, ceux qui mettent en cause avant même que les bureaux de vote ne soient ouverts, la sincérité des élections en Russie, devraient être plus attentifs à l’obscurantisme qui gagne les démocraties libérales, sous couvert de big data, d’intelligence artificielle, et de contrôle des réseaux. Car la vraie force de l’Europe, puis de l’Occident a été une conscience aiguë du monde tel qu’il est ; à la suite de Machiavel, et de son invite à considérer «  la réalité effective de la chose », plutôt que l’histoire qui en est racontée, l’Occident a su ne pas se raconter d’histoire. Ce temps-là est fini. Mais quel est ce nouveau voile d’ignorance que la société prétendue de la connaissance étend sur le réel, ceux qui le disent, et ceux qui se vouent à cette vertu oubliée ; la lucidité ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 11 octobre 2021)

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  • Libéralisme contre libéralisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à la montée en puissance du capitalisme totalitaire.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    Libéralisme contre libéralisme

    Libéralisme et capitalisme ont eu partie liée. Ce n’est plus le cas. En Europe comme ailleurs, un capitalisme totalitaire devient la première menace qui pèse sur nos démocraties et restreint nos libertés.

    Un vieux clivage

    Pour deux siècles, Benjamin Constant avait fixé le cadre du débat ; « la liberté politique est la liberté des Anciens, la liberté de l’individu est la liberté des Modernes ». Entre anciens et modernes, entre souverainistes et mondialistes, entre tenants de l’autonomie des Nations à faire leurs lois et à respecter leurs mœurs, et apôtres de l’universalisme du droit et des droits, s’est résumé le débat politique qui nous a si longtemps tenus éveillés. Mais voilà qu’une autre ligne de fracture vient transformer en profondeur le débat. Au vieil affrontement entre le libéralisme politique, celui de la liberté des peuples, exprimé par le principe majoritaire et le suffrage universel accordé à tous les citoyens, et le libéralisme de l’individu, celui des libertés individuelles, exprimé par l’État de droit et les droits de l’Homme, oublieux du citoyen, succède l’affrontement entre le libéralisme et le capitalisme. Un capitalisme sorti des mœurs et des lois, des frontières et des Nations est devenu la plus grande menace qui pèse sur nos libertés publiques comme privées.

    Le capitalisme est sorti de son lit. C’est ce que l’incroyable accumulation de richesse par les géants du numérique américain dit aussi bien que l’ascension, puis la chute, des magnats du numérique et des réseaux en Chine. C’est ce que signifie le privilège insolent du capital, désormais immune du politique, à l’abri du vote comme des décisions gouvernementales, au titre des accords internationaux de libre-échange signés par l’Union européenne qui protègent le capital et son rendement au point de faire porter sur le contribuable le coût de toute décision, par exemple sociale ou environnementale, qui porterait atteinte au rendement attendu d’un investissement. Et c’est ce que nous disent à la fois le grand désordre qui s’étend aux États-Unis, et le grand retour au patriotisme économique qui secoue la Chine et fait rendre gorge à ceux qui ont cru édifier leur fortune sans le peuple, ou contre lui. Qui a dit que l’égalité devait fixer des limites à la liberté économique ?

    Le communisme en a rêvé, les GAFAM l’ont fait

    Que s’est-il passé ? Ni révolution dans la rue, ni coup d’État à sensation, mais un changement de nature de ce que nous appelons encore démocratie sans mesurer à quel point le mot s’est vidé de son sens. C’est le numérique qui a donné au capitalisme ce caractère totalitaire que les limites des Nations, des ressources et des organisations lui interdisaient de prendre. Deux révolutions sont passées sous silence :

    D’abord, le fait que les techniques de traitement de masse de données pratiquement infinies rendent possible la planification intégrale ; ce que les régimes communistes avaient échoué à faire, faute de moyens techniques adéquats, Amazon ou Google peuvent le faire, mais alors que les régimes socialistes affirmaient le faire au bénéfice du peuple Amazon ou Google le font au bénéfice de leurs seuls actionnaires.

    Ensuite, le fait que la maîtrise de l’information acquise du fait de l’Intelligence artificielle et des algorithmes permet de fabriquer l’opinion, de susciter des états de conscience, bref, de modifier la perception du Bien et du Mal dans un sens unique et facile à identifier — à condition de s’en tenir à distance. Le numérique permet au capital de fabriquer la vérité — d’imposer sa vérité. Résumons en quelques mots ; tout ce qui vient de l’État est mal, tout ce qui vient du privé est Bien.

    Les milliardaires du Net font le Bien de l’humanité ; leurs fondations et les ONG qu’ils financent, généralement avec l’argent accumulé dans des paradis fiscaux ou acquis en ruinant les classes moyennes de leur pays d’origine, ne peuvent être mises en cause. La justice n’a rien à voir avec le capital et les revenus ; les pauvres doivent tout à la charité des riches. D’ailleurs qui n’est pas ému par la bonté d’âme des Soros, Gates et cie ? Les exemples criants de manipulations d’opinion sont partout. Citons seulement les coûts écologiques de ces voyages dans l’espace dont les Branson, Musk et cie semblent faire leur nouveau jouet — et dont personne ne dénonce les impacts désastreux. Citons encore la volonté, affichée par Gates, Bezos et quelques autres, de lancer l’exploitation du Groenland et des terres australes, piétinant un consensus que l’on croyait acquis sur la préservation de ces terres vierges et surtout, fragiles.

    Et citons encore l’extraordinaire impunité dont bénéficient des opérateurs modernes d’une censure dont l’arbitraire n’a d’égale que la partialité, mais dont aucun gouvernement, en dehors de la Chine, n’est parvenu à leur imposer les sanctions qui sauveraient cette condition de la démocratie ; la liberté d’opinion. Pour conclure ; nous vivons un nouveau temps des « robber barrons », ces Vanderbilt, Pierpont Morgan et autres bâtisseurs d’empires par le crime et la fraude, mais pardonnés parce qu’ils construisaient des bibliothèques ! Mais à quand la loi sur l’enrichissement sans cause, qui brisera leurs empires ?

    L’économie emportée par un capitalisme intégral est devenue totalitaire. Elle a plus à voir avec la croyance qu’avec l’économie, la société et bien sûr, la politique. Et c’est bien en cela que cette économie du capitalisme est totalitaire ; elle avale tout ce qui n’est pas elle. L’extension du domaine du marché à tout ce qui vit, de la reproduction humaine à la lutte contre les pandémies, comme l’illustre l’indécente fortune accumulée par les big pharma sous prétexte du Covid, est spectaculaire ; comme est spectaculaire la constitution de monopoles privés qui remplacent les monopoles d’État.

    Pour sortir de cette situation qui menace plus encore que les libertés, la vie elle-même, la première solution est de rendre aux populations leurs biens communs, des autoroutes à La Poste et des chemins de fer aux hôpitaux ; à eux d’en devenir associés propriétaires, à eux de décider de leurs conditions d’exploitation et du rendement qu’ils en attendent. La seconde est d’affirmer la priorité de l’indépendance stratégique, et de la décliner dans tous les secteurs où l’intérêt de la Nation est en jeu. La dernière appelle une tout autre dimension. Celle du sacré. Et comment ne pas paraphraser Heidegger ; face à l’être de la technique déchaîné par la cupidité privée, pouvons-nous faire autre chose que créer les conditions pour qu’à nouveau, le sentiment du sacré nous emplisse de respect, de crainte et de retenue ?

    Hervé Juvin  (Site officiel d'Hervé Juvin, 15 septembre 2021)

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  • Vous avez dit médecine ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au fiasco américain en Afghanistan.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Vous avez dit médecine ?

    Un vent mauvais souffle sur la France. Jamais la parole publique n’a été aussi discréditée. Rarement les Français ont été aussi divisés. Au-delà de la polémique pour ou contre le pass sanitaire, les questions de libertés publiques qu’il suscite et la corruption massive qu’il suggère ; la question posée est celle que j’avais initiée dans : « L’Avènement du Corps » (Gallimard, 2006) : que se passe-t-il dans une société qui fait de la longue vie, sans accident, sans maladie et sans souffrance, son objectif majeur ? Que se passe-t-il dans une société qui a pour modèle de vie d’en profiter à fond, le plus longtemps possible, avant le déluge ?

    L’évolution de la médecine et du corps : une révolution

    Au-delà des polémiques actuelles, l’évolution de la médecine vaut attention. Car elle fournit une réponse, la seule ; la société de la longue vie est prête à abdiquer toutes ses libertés pour un souffle de plus. A payer sans limites. Et les industriels de la santé, de la pharmacie et du numérique l’ont bien compris. Car c’est une révolution analogue à celle qui a vu la chasse aux sorcières et la destruction de l’héritage paîen-magique qui a lieu, sous l’égide de la santé numérique, du «Big Pharma», et de la privatisation de la santé. Les bûchers s’allument tous les jours pour les sorcières qui s’obstinent à proposer autre chose que la vaccination ; faut-il se réjouir que ces bûchers ne soient encore que médiatiques, ou s’inquiéter d’un climat de persécution et de délation qui rappelle les sombres temps de l’Inquisition, ou des régimes totalitaires, ceux des vérités révélées, de la censure des idées et des procès d’opinion?

    La dérive française vaut intérêt. Car elle nous concerne tous. Avez-vous vu combien d’homéopathes ferment les portes de leur cabinet sans être remplacés ? Le déremboursement a frappé fort, les interdictions professionnelles menacent. Hors de l’industrie pharmaceutique, pas de salut. Les pratiques millénaires, de l’acupuncture aux massages, n’ont qu’à bien se tenir. Que va devenir le laboratoire Boiron, français, et leader mondial de l’homéopathie ?

    Savez-vous que les pharmaciens ont perdu la liberté de préparer ces concoctions d’herbes médicinales qui ont fait la santé florissante de tant de famille, sans rien payer à la mafia des «Big Pharma» mondiaux ? Et savez-vous que la liberté de prescrire et de conseiller qui a fait la grandeur et la richesse du métier de médecin vient de subir les plus rigoureuses restrictions, depuis qu’un Conseil soumis au gouvernement, c’est-à-dire aux intérêts privés qui le gouvernent, a la capacité de supprimer l’autorisation d’exercer de tout médecin qui n’appliquerait pas la politique de santé du gouvernement — c’est-à-dire des intérêts privés de l’industrie de la santé ?

    J’entendais la semaine dernière cet officier avouer que le médecin de famille leur avait recommandé d’attendre avant de se faire vacciner, puis conseillé divers produits pour renforcer leur immunité naturelle. Il fait perdre des revenus à Pfizer, Sanofi, Astra-Zeneca, etc. doit-il être interdit d’exercer la médecine ? Cette pharmacienne voisine m’a en douce conseillé d’acheter une potion à base de produits naturels, substitut efficace aux antibiotiques des laboratoires. Doit-elle être interdite d’exercice pour ôter des dividendes aux amis de M. Macron, et aux experts en délocalisations, captation de fonds publics et évasion fiscale, comme Moderna ou Pfizer qui ont imposé des contrats léonins à la Commission européenne — tous les bénéfices pour nous, tous les risques pour le patient et le contribuable !

    J’ai acheté un produit venu des abeilles serbes, présenté comme un élixir, dois-je être condamné parce que les abeilles serbes n’enrichissent pas Sanofi ? Et que penser de la mise à la retraite de Didier Raoult, de la censure médiatique imposée à des chercheurs, des médecins, des pharmaciens, comme les professeurs Montagnier ou Perronne, dont le seul tort est d’apporter des informations qui contredisent la propagande des laboratoires et la main basse sur la santé de l’industrie numérique ?

    La liberté de prescrire est morte, mais pas seulement

    Le débat n’est pas français. Devant la mise en place d’un oligopole mondial de la santé, l’Union européenne doit réagir. Elle en a les moyens, mais la volonté ? Cet automne, le Parlement européen va devoir se prononcer sur l’application de la directive « Reach » aux huiles essentielles. La directive « Reach » est l’une des réussites écologiques de l’Union. Elle soumet les produits chimiques, issus de l’industrie, à des critères rigoureux concernant la santé humaine, les impacts, environnementaux, le recyclage, etc. Elle demeure incomplète, en partie incontrôlée, elle a fait pousser les hauts cris à l’industrie chimique, notamment allemande, elle constitue une référence mondiale ; Reach est une avancée européenne à saluer. Mais voilà ! L’industrie a trouvé sa revanche ; pourquoi ne pas soumettre les produits naturels, ces herbes, ces fruits, ces fleurs, ces « huiles essentielles », aux contraintes qui sont imposées  au glyphosate ou au chlordécone ?

    Et voilà le mouvement qui se dessine ; la soumission absolue de la médecine et de la pharmacie aux intérêts de l’industrie. La prise de pouvoir d’une industrie qui procède par data et par mécanique, au détriment de la relation personnelle et du sentiment humain — qui réduit le corps humain à une mécanique de pièces et de cellules. L’antériorité d’usage, par exemple de la chloroquine ou de l’ivermectine, interdites de prescription, d’accès et de mise en concurrence, les traditions établies par l’histoire et l’expérience, n’auront plus cours ; la raison de la data, des algorithmes et des nombres dispose d’elles.

    La fin de la médecine libérale, de la pharmacie d’officine, indépendants et responsables, est prononcée. Le silence l’entoure. Que sont ces médecins, ces pharmaciens, qui prétendent soigner ? Ils sont là pour prescrire les produits de l’industrie. Dans une note de 2018, un analyste de Goldman Sachs a tout dit ; un remède qui guérit fait perdre des occasions de profit, l’idéal est un médicament qu’il faut prendre en permanence. Et voilà pourquoi il faudra un vaccin annuel contre le Covid (Israël semble ouvrir la voie à la vaccination semestrielle), et voilà pourquoi l’industrie pharmaceutique prend le contrôle de la médecine, et voilà pourquoi le numérique entend se substituer à ce fossile vivant qu’est le médecin de famille, le médecin libéral, celui qui agit en son âme et conscience — éclatent de rire ceux qui n’ont pour âme et conscience que leur intérêt individuel.

    Révolution de la santé, en effet. Fin de la liberté de prescrire, de soigner et surtout de guérir ; le médecin comme le pharmacien sont au service du capital investi dans l’industrie de la santé. Fin de la liberté individuelle de choisir de se faire soigner ou non, examiner ou non, la surveillance permanente des outils numériques sera là pour contraindre, inquiéter, consulter — et malheur à qui ne disposera pas de son autorisation sanitaire.

    Le changement du permis de conduire, qui perd sa forme « papier », assuré à vie, pour prendre une forme numérique soumise à validation périodique, pourrait bien obliger les conducteurs lors de chaque renouvellement (tous les cinq ans ?) à un contrôle de santé pour obtenir le renouvellement de leur permis de se déplacer, et instaurer au nom de la santé l’ordre biométrique auquel tout nous conduit.

    La médecine libérale sera-t-elle la première victime collatérale de la pandémie ? Le seul complot qui ait jamais fonctionné est celui d’intérêts convergents, et puissants. Pour la fin de la médecine comme savoir guérir et de la santé comme liberté, des intérêts puissants sont en jeu, puisque la santé est la première industrie mondiale — et que je n’ai que cette vie. Un financier dirait ; en matière de santé, l’effet levier est infini. Cette situation pose une question. Si le vaccin était national, produit par une entreprise nationale, propriété de tous les Français, le débat qui entoure la vaccination aurait-il lieu ?

    Et comment expliquer le silence abyssal des économistes sur ce sujet majeur pour nos sociétés, nos démocraties, et notre consentement aux politiques de santé publique ; la santé peut-elle être un service comme un autre, les médicaments des produits comme les autres, l’hôpital une entreprise comme une autre, au moment même où dans nos sociétés débarrassées du sacré, du religieux et de l’espoir politique, rien ne vaut plus qu’une vie, ce qui signifie que plus aucune des règles de la concurrence et du marché ne s’applique entre celui qui peut mourir et celui qui lui offre de vivre — que chacun est prêt à tout donner, à tout payer au nom du dernier impératif catégorique : « une minute encore, Monsieur le Bourreau » ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 5 septembre 2021)

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  • Afghanistan : l’Union européenne, l’OTAN et nous...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au fiasco américain en Afghanistan.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Évacuation de l’ambassade des États-Unis à Kaboul

     

    Afghanistan : l’Union européenne, l’OTAN et nous

    Les images de l’évacuation du personnel de l’ambassade américaine à Kaboul tournent en boucle sur les écrans. Antony Blinken peut affirmer que les troupes américaines s’en vont mission accomplie, le Président Biden assure qu’il confirme son choix du retrait, les correspondants locaux signalent que bien des Américains resteront présents en Afghanistan, comme « contractors » et agents divers,   il est difficile d’échapper à un triple constat, et d’ en éviter les conséquences.

    Un nouvel échec de la politique US

    D’abord, et selon une leçon maintes fois répétée, le passé ne compte pas pour des Etats-Unis qui se refont en permanence une nouvelle virginité géopolitique. Le Président Obama lui-même avait affirmé qu’il n était pas question que les Etats-Unis s’excusent pour avoir abattu un avion civil iranien avec 250 passagers à bord, pas plus qu’ils n’ont beaucoup interrogé les bombardements sur Hambourg ou Dresde et l’emploi de l’arme atomique sur Hiroshima et Nagasaki, alors même que seules des cibles civiles étaient visées – la victoire sans doute était à ce prix. L’esprit humain dispose de la capacité merveilleuse de l’oubli. Les Nations aussi. Mais ce qui leur assure bonne conscience et assurance collective peut aussi se révéler source d’ignorance et cause d’échec. « Le tombeau des Empires » qu’est l’Afghanistan aura une fois de plus bien mérité son nom.

    Ensuite, et nous en voyons un nouvel exemple, les alliances ne comptent pour les Etats-Unis que pour autant qu’elles servent leurs intérêts. Le mélange du brutalisme réaliste de Théodore Roosevelt et de l’idéalisme moraliste de Wilson est à cet égard redoutable ; les Etats-Unis auront toujours la morale de leurs intérêts. C’est la morale du plus fort ; en est-il une autre ? Et tant pis pour leurs collaborateurs afghans abandonnés aux talibans ! Il ne sert à rien de parler d’ingratitude, mais de rappeler cette leçon sans exception ; les traîtres à leur religion et leur peuple finissent toujours mal. Ceux qui sont tentés de collaborer avec l’occupant américain, en Europe comme ailleurs, contre les intérêts des leurs, doivent s’en souvenir.

    Enfin, la faillite du droit sans la force et même, avec elle, devrait interpeller une Union européenne qui poursuit une hallucinante fuite en avant normative et juridique. Les services de renseignement américains, aveuglés par une idéologie qui interdit de considérer les ethnies, la religion, le genre, la tradition, comme des données fondamentales de l’ordre politique et de l’expérience humaine, ont fait croire à la fiction d’une armée nationale afghane – comment pourrait-il y avoir une armée afghane quand il n’y a pas de Nation afghane ? Pléthores de conseillers, de juristes, de « écontractors » en tout genre, ont vendu pour des milliards de dollars la politique de leurs intérêts ; peu importent les résultats sur le terrain, l’essentiel était que Washington signe les commandes. Docile en façade, Kaboul a vécu sa « gay pride » comme les autres !

    La puissance américaine a choisi de ne pas voir l’indignation populaire qui sautait aux yeux, de ne pas entendre les signes multiples qui disaient que l’armée afghane n’était que château de sable, traversée par les rivalités ethniques séculaires ; a-t-elle été plus lucide en Syrie, en Irak, en Libye, le sera-t-elle en Ukraine et face à l’Iran ?

    L’Europe doit urgemment réfléchir à son indépendance

    Pour l’Union européenne, le devoir d’examen est urgent, il est sans appel. La question n’est plus de constater la mort clinique de l’OTAN, la question est de savoir si les fausses assurances que continue de dispenser l’OTAN ne sont pas en elles-mêmes un risque plus grand que ne le serait l’isolement. Car l’Union européenne continue de dispenser sans compter les dividendes de la paix à l’abri d’un imaginaire parapluie américain. Car l’Union européenne continue de faire l’économie de sa sécurité, en croyant au conte de fées du sauveteur extérieur et du payeur en dernier ressort. Car l’Union européenne se soumet à un ordre financier qui tôt ou tard aboutira au désastre enclenché par la décision de Richard Nixon de rendre le dollar non convertible en or – c’était le 15 août 1971, qui a rappelé cette date dans la presse française ?

    Après d’autres, avant d’autres, la fuite américaine hors d’Afghanistan doit réveiller la conscience européenne. Nul n’attend de l’Union européenne qu’elle vienne se mêler de ses affaires ; l’insolence des jugements moraux du Parlement est étouffante, insultante, et se paiera. Nul ne fera pour l’Europe ce qu’elle ne fera pas pour elle-même. Nul ne fera pour les Nations européennes ce qu’elles ne feront pas pour elles-mêmes en matière de frontières, de défense et de sécurité.

    L’Union a manqué le grand rendez-vous avec l’histoire qu’aurait été le rapprochement avec la Russie d’après Eltsine et la constitution du bloc ouest-eurasiatique, autonome en énergie, en agro-alimentaire, assurant lui-même sa défense, un bloc allié des Etats-Unis, équilibrant la montée de la Chine, succédant légitimement à une OTAN à laquelle la chute de l’Empire soviétique enlevait sa raison d’être. Le rendez-vous a été manqué et ne sera pas reporté. Tout indique que les partenaires contraints que sont la Chine et la Russie resserrent sans cesse leur alliance, sous l’emprise d’une agressivité américaine qui manque son objet – la concurrence entre des systèmes qui chacun prétendent assurer le progrès humain. Tout indique aussi que le fantasme occidental d’une Russie étouffée par la Chine et contrainte de se plier aux exigences de l’Ouest est bien loin de la réalité. A moins que l’Union européenne fasse à la Russie une offre que celle-ci ne pourrait pas refuser – mais laquelle, venant de qui, et portant sur quoi ?

    L’exemple afghan vaut leçon. Il n’y aura pas plus d’armée européenne qu’il n’y a eu d’armée afghane, parce qu’il n’y a pas de Nation européenne ; ce qui ne signifie pas qu’il ne puisse y avoir d’actions de Défense européenne, sur des sujets communs de sécurité et de protection.

    La fausse sécurité de l’OTAN est le premier obstacle que les Nations européennes rencontrent sur la voie de la sécurité commune, avec le détournement de fonds que la commande obligée à l’industrie américaine signifie pour les Etats et les industriels européens de la Défense ; la Pologne laissée à l’écart de l’accord sur Nordstream2 donne à cet égard le lamentable exemple de la sujétion sans contrepartie. Il n’y aura pas plus d’Etat européen qu’il n’y a d’Etat afghan, parce que l’écart des expériences historiques, des appartenances et des intérêts renvoie la rhétorique sur la communauté de destin au vide qu’elle ne dissimule plus; la démission de l’Allemagne face à la Turquie comme la soumission de l’Union aux injonctions américaines d’embargo et de sanctions vaut preuve.

    Et il y aura d’autant moins de Nation européenne que l’inflation du droit et de la norme étouffe le politique, cette conscience politique ; celle identité collective et cette volonté politique qui seules pourraient fonder une Nation. Que l’exemple afghan le rappelle aux peuples oublieux de leur histoire ; il n’est pas donné à tous d’avoir une Nation, et ce trésor qu’est un Etat Nation en pleine possession de son territoire se protège, se défend, et se mérite.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 18 aout 2021)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (52)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    • Dans l’émission de Thomas HennetierLe libre journal de la Nouvelle Droite (sur Radio Courtoisie),  il s'entretient successivement avec Alain de Benoist pour son livre  L’homme qui n’avait pas de père. Le dossier Jésus, (édition Krisis), David L’Épée rédacteur en chef de la revue Krisis, pour son dernier numéro consacré à l’amour, puis Baptiste Rappin pour son ouvrage Abcédaire de la déconstruction (éditions Ovadia), on peut lire dans le dernier numéro de Nouvelle Ecole l’excellent article que ce dernier a consacré au philosophe Pierre Legendre sous le titre « Quand Pierre Legendre rencontre Martin Heidegger »  :

     
    Dans un long entretien avec Martial Bild (principal animateur de la Tv-libertés) Patrick Buisson déroule le point central de son dernier livre La fin d’un monde. Pour lui les « quinze piteuses » se déroulent entre 1960 et 1975, période charnière qui fabrique l’homme nouveau ou l’homo economicus c’est à dire l’homme érigé en simple consommateur. C’est d'après lui le premier Grand Remplacement, celui qui annonce tous les autres. Ce qui le caractérise c’est qu'il n’implique aucune population étrangère. La mort qui était depuis des dizaines de milliers d’années un événement spirituel se transforme en simple accident biologique. Fin de l’homme religieux, attaché à un sacré quel qu’il soit. Assomption de l’individu que plus rien ne dépasse. C’est une révolution anthropologique majeure. 1965 c’est aussi la fin du concile de Vatican II et l'effondrement de la pratique religieuse ainsi que le début de ce que l’historien Pierre Chaunu a appelé « La peste blanche » à savoir l’effondrement des naissances en France et en Europe. Une fois liquidé le rituel pagano-chrétien qui irrigua l’âme du pays durant des siècles au profit d’une nouvelle foi intellectualisée et finalement abstraite en lieu et place de l’incarnation qui la caractérisait jusqu’alors. Buisson explique qu'elle a chassé tous les catholiques par tradition sociologique et familiale hors de l’Église. Partant de ce fait majeur il justifie le rejet par les cultures étrangères demeurées dans l’orbite du sacré le refus de s’adapter en France à un mode de vie qui n’est plus surplombé par une quelconque référence à ce qui peut dépasser l’individu devenu créateur de lui-même. C’est ainsi que le nihilisme occidental devenu notre lot commun depuis une cinquantaine d’années justifierait à ses yeux la sécession d’un islam conquérant. Il illustre cela en proclamant de manière caricaturale sa préférence pour le voile islamique plutôt que pour la femme en string ignorant visiblement qu’au moyen âge européen, par exemple, les femmes se rendaient nues avec les hommes aux bains publics sans que pourtant on ne puisse invoquer la moindre présence « occidentale » à une période aussi précoce. Je me demande si le christianisme qu’il prend pour modèle n’est pas celui, pudibond, de la contre-réforme catholique ou de l’Angleterre victorienne ?
     
     
    Long entretien de Livre Noir avec Éric Zemmour dans lequel il dessine les grandes lignes d’un programme politique. L’un des plus célèbres essayiste et journaliste de France s’y dévoile en racontant ses origines juives et bérbères, la tradition assimilationniste dans laquelle il a vécu, mais à laquelle il ne croit plus. Les différences insurmontables entre l’islam et le catholicisme. Il revient également sur ce qu’il faut entendre par laïcité. La grande histoire dont il est passionné depuis son jeune âge et qui n’inspire plus les politiciens contemporains alors qu’elle devrait être leur code. Zemmour toujours habile dans ses mots sera-t-il bientôt au coeur de l’action ? Question urgente dit-il puisque personne ne propose de solutions à son diagnostic. Sans doute n’a-t-il jamais été aussi explicite sur ses intentions. Reste à savoir si il dispose de l’argent, des équipes, des réseaux etc pour les mener à bien : 
     
     
    L’éolien du rêve à la réalité. Recueillant près de 80% d’opinions favorable, les éoliennes sont devenues ces dernières années les symboles de la transition énergétique. L’envers du décor est bien plus sombre. L’installation des éoliennes en France et en Europe repose sur une quadruple escroquerie. Ecologique notamment pour la bonne raison qu’elles ne peuvent fonctionner que 25%  du temps et que lorsqu’elles fonctionnent c’est de 20% à 30% de leur puissance installée. Leur intermittence implique qu’elles soient couplées à des centrales au gaz rejetant du CO2 à effets de serre. La base d’une éolienne comporte 1500 tonnes de béton et de ferraille, le mat de 300 tonnes d’acier nécessite plus de 200 tonnes de charbon (générateur de CO2) pour sa fabrication et un transport couteux quand il vient de loin, les pales contiennent 2 à 3 tonnes de terres rares venues de Chine, ce qui aggrave notre dépendance et 90 tonnes de matériaux composites non recyclables, raison pour laquelle on les enterre après 20 ou 25 ans d’usage. La charge de la dépollution de leur immense base en béton reste à la charge des propriétaires des lieux, généralement de petites communes rurales sans le sou. On comprend dés lors l’arnaque qu’elles représentent sans compter le souci du paysage qu’elles détériorent. Il est vrai qu’elles sont toujours implantées à la campagne dans le rural profond qui n’est pas la préoccupation majeure des écolos urbains où se recrute une large majorité de leurs thuriféraires. Même les champions allemands de l’éolien commencent à reculer devant ce gouffre financier inefficace, c’est dire :
     
     
    Remarquable texte d’Hervé Juvin sur l’écologie différentielle des peuples. Il y déclare notamment « J’ai dénoncé la supercherie d’une écologie hors sol, globaliste, déraciné. J’ai affirmé que la diversité des cultures et des conceptions de la vie était notre assurance de survie ; nous survivrons parce que les hommes ne sont pas les mêmes, ne désirent pas les mêmes choses, et ne veulent pas tous devenir des Californiens comme les autres » :
     
     
    •  Les druides, prêtres des peuples celtes. Dans ce documentaire qui commence par une séquence folklorique sur le druidisme contemporain la parole est donnée à des archéologues irlandais, allemands et français. On ne sait pas grand chose d’eux puisque ils n’ont laissé que de rares sources écrites. Bien que sachant écrire en grec ou en latin ils faisait davantage confiance à la mémoire pour la transmission des savoirs. Depuis une trentaine d’années notre connaissance à leur propos s’est considérablement étoffée grâce aux nombreux chantiers de fouilles réalisés de la Pologne à l’Irlande. Émission d’Arte : 
     
     
    La revue Nouvelle École vient de faire paraître un numéro en quadrichromie consacré à l'écrivain J.R.R. Tolkien qui du Silmarillon au Seigneur des anneaux a créé un monde de « féérie » (faërie). Cette parution est un somme magnifiquement illustrée pour tous les adeptes de l’imaginaire de Tolkien. Première référence, les différents articles du numéro. Seconde référence, une brève critique d’Éric Garnier pour le site de l’Iliade :
     
     
    Excellente émission d’I-Média du jeudi 3 juin. Un décryptage des médias opéré par Jean-Yves Le Gallou et Nicolas Faure qui montre comment la presse de propagande occulte certains faits et en majore d’autres, toujours dans le même but : délivrer à jet continu les leçons de l’Empire du Bien contre une réalité qui se montre de plus en plus rétive à ses diktats :
     
    Intervention d’Alain de Benoist au colloque de l’Iliade, Institut pour la longue mémoire, tenu le samedi 29 mai. Son exposé s’intitule « Le libéralisme contre les peuples » :
     
     
    Au cours de ce même colloque avait lieu une table ronde sur le thème Décroissance et puissance sont-elles compatibles ? Elle réunissait Pascal Gauchon, normalien, agrégé d’histoire et ancien directeur de la collection Major aux PUF ainsi que de la revue ConflitsOlivier Rey, polytechnicien et philosophe et enfin François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments. À première vue il n’est pas possible de concilier la puissance avec la décroissance comme le suggère le deuxième principe de la thermodynamique, la recherche d’une puissance toujours accrue nous conduit droit dans le mur d’un effondrement généralisé de la société industrielle selon la logique qui veut qu’une croissance infinie soit impossible dans un monde fini aux ressources rares et en déplétion. Et pourtant dans le monde concurrentiel aucune nation n’acceptera de décroitre volontairement puisque cela signifierait pour elle un déclassement qui en ferait la proie de ses concurrents. Question globalement indécidable selon Rey et Bousquet qui émettent cependant l’hypothèse d’une croissance encouragée de nos moyens de défense (et de la technologie qui va avec) et d’une décroissance du reste de nos activités. Hypothèse qui laisse de marbre Gauchon qui donne dans l’optimisme technologique en imaginant que les techniciens trouveront les moyens d’échapper à cet horizon bouché :
     
     
    Martial Bild (Tv-Libertés) reçoit Michel Geoffroy pour son opuscule intitulé Immigration de masse - L’assimilation impossible. Au cours de l’émission celui-ci, énarque et ancien haut fonctionnaire, membre de la Fondation Polémia, développe toute un batterie d’arguments à l’appui de sa thèse et appelle les peuples européens à tirer au plus vite les conséquences de ce fait inédit afin de relever le défi civilisationnel que cette immigration de masse nous lance :
     
     
    Remarquable entretien avec le philosophe Vincent Coussedière réalisé par Charlotte D’ornellas pour l’hebdomadaire Valeurs Actuelles. Pour rendre compte des immenses problèmes que pose l’archipel des communautés en France Coussedière remonte à l’origine c’est à dire à l’édification des sociétés modernes basées sur l’individu. Il en examine la longue dérive depuis les Lumières jusque à Jean-Paul Sartre dont il fait d’une certaine manière le père de l’identitarisme contemporain. Il distingue la « communauté musulmane » détentrice d’une véritable civilisation des autre communautés inventées récemment comme celles des végans, des lgbt+ ou de celle des féministes etc qui ne sont pas des communautés au sens propre puisqu’elles ne se définissent que par un seul trait particulier. Elles sont très pauvres en terme de signification alors que l’islam se définit par une multitude des traits identitaires qui en font un autre monde que celui qui a défini l’Europe jusqu’à présent. Il s’inquiète également de la non assimilation des jeunes européens à un quelconque modèle. L’assimilation se faisant par les lois de l’imitation définies par le sociologue Gabriel Tarde
    C’est parce que nous ne sommes plus capables de poursuivre des buts communs que surgit la question de l’identité définie comme une essence qui supplée à l’absence de buts politiques. Raison pour laquelle nous cherchons dans une identité phantasmée le but de notre action. Afin de remédier à l’absence de projets dans laquelle nous sommes plongés, Coussedière suggère de recourir au passé européen dans lequel nous pourrions puiser de nombreuses ressources. Cela implique un autre rapport au passé que celui induit par le progressisme culpabilisateur et des élites politiques qui n’incarnent plus rien de tout, à commencer par le modèle de la civilisation française. Il faut, dit-il, retrouver le vrai sens de la politique qui est la païdeia, une éducation pouvant fournir un modèle que le peuple souhaite imiter. Nous en sommes hélas fort éloignés
     
     
    Le site d’Éléments propose dans une vidéo de 80 minutes le portrait d’Olivier Rey, un penseur brillant, lucide et bien entendu très original qui a le double avantage de mêler sa formation de polytechnicien à une culture de philosophie. Il est connu essentiellement pour son livre Une question de taille, une réflexion sur la loi d’airain du nombre. c’est à dire que les dimensions quantitatives à partir d’un certain moment-seuil posent des questions qualitatives qu’ont tendance à occulter des philosophes qui se déplacent uniquement dans les abstractions. À partir du moment où né une science mathématique de la nature, dit Olivier Rey qui se donne comme idéal la mesure Au total une réflexion très intéressante dans laquelle les politiques devraient se plonger. Il est interrogé ici par François Bousquet :   
     
     
    Dans une nouvelle vidéo Ego Non se penche avec perspicacité sur un des premiers textes politiques de Charles Maurras Trois idées politiques, Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve, à partir duquel ce dernier renvoie dos à dos le sentimentalisme romantique et passéiste de la droite et le sentimentalisme progressiste de la gauche en proposant des solutions de dépassement de cette dialectique infernale. Ce livre très bref (une cinquantaine de pages) constitue une ébauche de l’oeuvre à venir en même temps qu’un appel à l’action contre les naufrageurs et amis du désastre qui résonne de façon très contemporaine :
     
     
    Guillaume Travers dévoile un peu de sa personnalité dans cette interview donnée à la chaîne des conservateurs européens, The Conservative Enthusiast. Il en ressort que Travers est comme il le dit lui même « un gros travailleur » et qu’il sortira dans les mois qui viennent plusieurs ouvrages dont il nous livre l’ébauche. Localiste et écologiste, il déplore la colonisation de celle-ci par des mouvements d’extrême gauche qui en dénaturent le sens; toute écologie affirme-t-il est nécessairement enracinée comme tous les écosystèmes sont évidemment particuliers. Se montrant assez rebelle à la notion de conservatisme il préfère se dire « révolutionnaire-conservateur » et regarder vers l’avenir pour y incarner sous des formes nouvelles des valeurs fondatrices et donc éternelles. Enfin il déplore l’effacement contemporain de l’Europe comme civilisation et entend y mettre un terme avec tous ceux qu’il encourage à partager les finalités de son action. Pour compléter cette présentation on peut lire dans la dernière livraison d’Éléments l’article très instructif qu’il a consacré à la politique catastrophique du sol  entreprise en France depuis quelques décennies :
     
     
    Marine Le Pen vient de reconnaitre qu’une fois élue elle ne toucherait pas au Conseil d’État ni au Conseil Constitutionnel et que la France continuera de reconnaitre les arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme c’est à dire que nous ferons droit aux instances qui ont transformé notre pays et l’ensemble de l’Europe de l’ouest en un vaste 
    caravansérail diversitaire de populations désunies et potentiellement affrontées. Mettre fin à la participation française aux organismes judiciaires de l’Union européenne ou du Conseil de l’Europe n’est-elle pas la moindre des exigences pour qui prétend gouverner souverainement ? Autant dire qu’elle ne pourra, ou ne voudra pas réaliser l’essentiel de son programme à savoir l’arrêt de l’immigration-invasion qui implique pour le moins une profonde réforme de ces vaches sacrées que révère toute la nomenklatura de Bruxelles. Comment y parvenir ? Par le recours au referendum. Comme disait de Gaulle : « En France la Cour Suprême c’est le peuple ». 
     
    Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, interrogée au micro de France Inter par Patrick Cohen (l’homme du service public qui fait des listes d’indésirables) défend un point de vue académique à l’écart, croit-elle, de tout engagement « politique ». Il me semble que son engagement pour une science neutre dégagée de tout a-priori axiologique est tout à fait illusoire face à la déferlante « woke » qui s’abat sur l’université. Face à ce wokisme militant, il faudrait une brillante contre-offensive dont on ne voit pas le moindre début de commencement :
     
     
    Maxime Tandonnet qui fut conseiller de Sarkozy aux questions d’immigration avec le succès que l’on sait pose ici la question d’un éventuel Front républicain face à l’avancée dans les sondages de Marine Le Pen :
     
     
     Nicolas Gauthier. Pour avoir parlé avec ÉlémentsHubert Védrine est crucifié par la gauche morale en fonction de l’axiome bien connu de l’homme qui a vu l’ours malfaisant, qui a vu l’ours et ainsi de suite. Mais quand en finira-on avec cet étouffant magistère moral ? : 
     
     
    Réponse de Bernard Lugan aux vaticinations de l’extrême gauche française qui entend régler ses comptes avec François Mitterrand et contre l’action qui fut celle de la France au Rwanda. Il approuve totalement les propos tenus par Hubert Védrine dans le dernier numéro d'Éléments. Rappelons que Lugan est un historien de l’Afrique, spécialiste reconnu du pays des mille collines. Il a écrit deux livres fort documentés sur la genèse et l’histoire du génocide des Tutsis, le premier, Rwanda, un génocide en questions, le second, Dix ans d’expertise devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Il sait donc de quoi il parle, raison pour laquelle il n’est jamais interviewé par les médias de grand chemin :
     
     
    Aristide Leucate vient de faire paraitre un essai sur les rapports de l’extrême gauche contemporaine avec la pensée de Carl Schmitt dont elle s’est partiellement entichée. Son livre très intéressant s’intitule Carl Schmitt et la gauche radicale. Une autre figure de l’ennemi (éditions de La Nouvelle librairie). Il est ici interrogé par le site breton Breizh -info:
     
     
    Recension du livre d’Henri Levavasseur L’identité, socle de la cité par Aristide Leucate sur Boulevard Voltaire :
     
     
    À propos de son dernier livre Paris-Moscou, aller simple contre le féminisme, un entretien avec Yannick Jaffré  sur le site de stratpol par Xavier Moreau. Jaffré est professeur agrégé de philosophie :
     
     
    Yannick Jaffré récidive sur le site d’Éléments où il est interrogé à propos de son livre paru aux éditions de La Nouvelle Librairie par François Bousquet :
     
     
    Magnifique illustration des Bobards d’or 2021, l’équipe de France de foot-ball va ployer ce soir le genoux afin de protester contre le soi-disant racisme systémique anti-noirs de la police américaine. Le site de Polèmia propose ici de revenir à la réalité vraie :
     
     
     
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