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anticipation - Page 3

  • Retour au Camp des Saints...

     « La pitié ! La déplorable, l’exécrable pitié, la haïssable pitié ! Vous l’appelez : charité, solidarité, conscience universelle, mais lorsque je vous regarde, je ne distingue en chacun de vous que le mépris de vous-mêmes et de ce que vous représentez. […] En pariant sur la sensibilité, que vous avez dévoyée, des braves gens de chez nous, en leur inculquant je ne sais quel remords pour plier la charité chrétienne à vos étranges volontés, en accablant nos classes moyennes prospères de complexes dégradants […], vous avez créé de toutes pièces au coeur de notre monde blanc un problème racial qui le détruira, et c’est là votre but. »

     

    Les éditions Robert Laffont viennent de rééditer Le Camp des Saints, l'extraordinaire roman de Jean Raspail, publié initialement en 1973, qui met en scène l'invasion pacifique d'un Occident impuissant par le Tiers-Monde. Visionnaire, prophétique, le livre l'était en identifiant les maux dont souffre notre civilisation et qui provoquent son effondrement : irénisme, veulerie, bienpensance, haine de soi, lâcheté... L'auteur a fait précéder cette nouvelle édition d'une longue préface, particulièrement incisive, intitulée Big Other, qui se veut un dernier cri d'alarme avant la submersion définitive.

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien de l'auteur avec Bruno de Cessole, publié par l'hebdomadaire Valeurs actuelles.

     

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    Jean Raspail : “Ouvrir les yeux sur les mensonges”

    Revenant sur l’étonnante aventure de son livre, Jean Raspail raconte sa genèse comme les raisons de son audience, et confie ses ultimes convictions.

    Votre livre le Camp des saints, qui est réédité ce mois-ci avec une importante préface inédite, a été publié la première fois en 1973. Comment s’est imposé à vous ce que l’on peut considérer com­me votre premier grand ro­man ?

    Effectivement, j’avais publié auparavant deux romans de jeunesse qui n’avaient pas eu beaucoup d’écho, et des récits de voyage qui avaient touché un assez large public. L’image qu’ils donnaient de moi était celle d’un écrivain voyageur, qui se penchait avec intérêt et sympathie sur des peuples étrangers ou des minorités oubliées. Le Camp des saints tranchait de façon radicale à la fois avec cette image et avec la nature de mes précédents ouvrages, et même tranche avec mes romans ultérieurs. Si un livre m’a été “donné” ou “inspiré”, ce fut bien celui-là, encore que je n’accorde pas une considération particulière à la notion romantique de l’écrivain “mage et prophète”…

    On m’avait prêté une villa au bord de mer, dans le Midi. De la pièce que j’avais choisie pour écrire j’avais une vision à 180° sur l’horizon. Un jour que je contemplais cette vue idyllique, je me suis dit : « Et s’Ils arrivaient de la mer ? » Je me suis vu à la place du vieux professeur qui, du haut de sa terrasse, aperçoit dans sa longue-vue une armada de rafiots en ruines avec leur cargaison d’émigrants misérables rêvant à la Terre promise de l’Occi­dent.

    Je n’avais aucune idée de ces “Ils”, et pas davantage des personnages du roman, de l’intrigue et moins encore de sa fin. J’ai commencé à écrire, sans aucun effort, ce qui ne m’était pas naturel, et deux ans plus tard le livre était achevé. Le titre m’est venu de la lecture de l’Apocalypse, du chapitre 20, qui annonce qu’au terme de mille ans, des nations innombrables venues des quatre coins de la Terre envahiront « le camp des saints et la Ville bien-aimée ».

    En aucune façon vous n’avez été sensible à la pression de l’actualité ?

      Nullement, car on parlait peu à cette époque des flux migratoires. C’est sous la présidence de Giscard qu’a été inaugurée la politique de regroupement familial, qui a généré ces flux. Le Camp des saints ne fait pas référence à une communauté précise d’émigrants. Il n’est question ni des populations du Maghreb ni de l’Afrique, et aucunement d’une communauté religieuse particulière.

    Les migrants que j’évoque représentent le tiers-monde dans son ensemble. Si je les appelle les « gens du Gange », c’est que l’idée de multitude innombrable était liée dans mon esprit au continent indien. Quant à l’armada de bateaux hors d’âge sur lesquels ils embarquent, il s’agit d’une réminiscence de l’Exodus et aussi du phénomène plus récent des boat people, à cette exception près que les raisons de l’exode de ces derniers étaient politiques.

    Quelles ont été les réactions de l’éditeur à la réception de votre manuscrit, puis de la presse et du public à la sortie du livre ?

    Robert Laffont, mon éditeur, et toute son équipe lui ont réservé un accueil très chaleureux. Du côté de la presse, qui, au début, n’a pas été très abondante, les journaux de gauche sont restés silencieux et, dans la presse de droite, le livre, s’il a été loué par Valeurs actuelles, sous la plume de Pol Vandromme, a été éreinté par le Figaro

    En fait, la critique s’est surtout manifestée lors de la réédition de 1985, pour laquelle j’avais donné une préface, sous le premier septennat de François Mitterrand. C’est alors que j’ai fait l’objet d’un tir de barrage et qu’on m’a décrété infréquentable. Il y a eu de vio­lentes attaques, notamment celle de Max Gallo, qui, depuis, a quelque peu changé d’avis…

    À l’étranger, le Camp des saints a été traduit dès 1975 aux États-Unis chez Charles Scribner’s Sons à New York et a suscité quantité d’articles. Le livre a été bien accueilli du public, et même des universitaires, qui l’ont inscrit au programme de plusieurs établissements. Dans la foulée, de nombreuses traductions étrangères ont suivi… En France, le livre s’est écoulé à 15 000 exemplaires, moins que ce qu’espérait Laffont, puis, vers la fin de 1974, alors qu’il aurait dû achever sa carrière, les commerciaux, à leur surprise, ont observé qu’il poursuivait sa progression. Jusqu’à la réédition de 1985, quelque 8 000 exemplaires par an, en moyenne, se sont vendus grâce au bouche à oreille. Je n’ai jamais rencontré un seul de ses lecteurs qui n’en en ait acheté qu’un exemplaire. Ils le prê­taient, on ne le leur rendait pas, ils en acquéraient un autre. Ainsi le Camp des saints a-t-il élargi son audience pour atteindre, toutes éditions et traductions confondues, près de 500 000 exemplaires jusqu’à aujourd’hui.

    Attachez-vous un prix particulier à cette réédition de 2011 et à la préface “musclée” que vous avez rédigée, sous le titre : « Big Other »?

    Cette réédition revêt pour moi une importance plus haute que les précédentes car il me semble que le moment où elle s’inscrit est crucial. La vi­sion développée dans le roman sera sans doute une réalité au­tour de 2050. La plupart des démographes sont d’accord sur le caractère inéluctable du phénomène, qui touche d’autres pays d’Europe. Les minorités dites visibles seront alors des majorités et ce sont les Français dits de souche qui seront minoritaires. Des pans entiers de ce pays seront peuplés de Français d’origine extra-européenne.

    On me dira que la France a été constituée par des vagues d’immigration successives. Certes, mais l’immigration des siècles précédents était composée d’immigrés d’origine européenne, qui, en deux ou trois générations, se sont intégrés dans le modèle français. Or, le modèle d’intégration républicain se révèle inopérant depuis au moins une décennie. On assiste à la prolifération du communautarisme, à la juxtapo-sition de groupes revendiquant leurs différences ethniques, religieuses, culturelles, qui ne se reconnaissent pas dans le “vouloir vivre ensemble” qui fait le ciment d’une nation, comme le soulignait Renan.

    Je défie nos gouvernants de prétendre qu’il s’agit là d’un progrès. Nous sommes ou serons confrontés à un retour à la tribalisation, qui m’apparaît comme le contraire de la civilisation. On a beaucoup parlé, récemment, de la nature de l’identité française, des limites de notre capacité assimilatrice, et puis on a enterré le débat dès que Big Other a froncé le sourcil. Qu’est-ce que Big Other ? C’est le produit de la mauvaise conscience occidentale soi­gneusement entretenue, avec piqûres de rappel à la repentance pour nos fautes et nos crimes supposés –  et de l’humanisme de l’altérité, cette sacra-lisation de l’Autre, particulièrement quand il s’oppose à notre culture et à nos traditions. Perversion de la charité chrétienne, Big Other a le monopole du Vrai et du Bien et ne tolère pas de voix discordante.

    Je n’ai jamais été un écrivain engagé, mais je n’ai jamais, non plus, dissimulé mes convictions, et j’aimerais que le Camp des saints ouvre les yeux des lecteurs sur les mensonges et les illusions qui pervertissent notre vie publique. Depuis sa parution, j’ai reçu énormément de courrier, et j’ai discuté avec nombre d’hommes po­litiques, de droite et de gau­che. Ce qui m’a frappé, c’est le contraste entre les opinions exprimées à titre privé et celles tenues publiquement. Double langage et dou­ble conscience… À mes yeux, il n’y a pire lâcheté que celle devant la faibles­se, que la peur d’opposer la légi-timité de la force à l’illégitimité de la violen­ce.

    Je crains, hélas ! que l’épilogue de la pièce ne soit déjà écrit, mais j’aurai au moins joué mon rôle d’estafette et essayé de libérer le pouvoir de la parole. À l’âge que j’ai, du reste, je n’ai plus rien à perdre : cette réédition est ma dernière “sortie”. L’occasion de rappeler, sans mépris et sans haine, que l’Autre, contrairement à ce qu’assurait François Mitterrand, n’est pas totalement chez lui chez moi !

    Propos recueillis par Bruno de Cessole (Valeurs actuelles, 10 février 2011)

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  • En route vers le monde d'après !...

    Les éditions Anticipolis viennent de publier Crise mondiale - En route vers le monde d'après, de Franck Biancheri, un exercice d'anticipation et de réflexion sur les voies d'une sortie de crise durable. L'auteur est membre du Laboratoire européen d'Anticipation Politique (LEAP).

     

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    "La crise financière et économique que connaît la planète depuis deux ans marque la fin de l'ordre mondial établi après 1945. En 1989, le "pilier soviétique " s'est effondré et nous assistons actuellement à la décomposition accélérée du " pilier occidental ", avec les États-Unis au cœur du processus de désintégration.

        Après deux décennies passées à vivre dans le mythe d'une " histoire finie " dans laquelle notre camp occidental se serait imposé universellement, il nous est presque impossible d'imaginer " un monde d'après " dans lequel les évolutions du jour ne seraient pas déterminées à Washington ou Wall Street, dans lequel l'Anglo-américain ne serait pas nécessairement synonyme de modernité et dans lequel le Dollar ne serait plus roi.

        Comme dans l'Europe de l'Est d'avant 1989, ni nos médias, ni nos élites ne sont actuellement capables de nous aider à " imaginer l'inimaginable ", trop occupés qu'ils sont à tenter de nous faire " oublier l'inoubliable ", à savoir, les effets socio-économiques dévastateurs de la crise à travers toute la planète.

        Ce livre tente de combler ce manque d'anticipation de nos dirigeants et de nos élites en proposant une vision concrète de l'avenir de la France, de l'Europe et du monde à l'horizon 2020.

        Quels conflits ce monde d'après la crise peut-il générer ? Comment se préparer aux bouleversements économiques et monétaires des toutes prochaines années ? Comment pourrons-nous et devrons-nous y faire face en tant que Français et Européens ? Comment vont interagir les puissances émergentes, Brésil, Inde, Russie et bien sûr Chine en tête ? Avec quelles difficultés ces pays vont-ils gérer leur ascension ? Comment nos enfants peuvent-ils se positionner pour préparer ce monde d'après, en tant que citoyens et en tant que professionnels ?

        Voici quelques unes des questions auxquelles ce livre tente d'apporter des réponses en offrant des pistes de réflexion et d'action pour l'individu comme pour le collectif. Car cette crise n'est pas seulement la fin du " monde d'avant ", c'est également, une formidable occasion de reconstruire un " monde d'après ", à condition, toutefois, de ne pas se tromper sur les dangers, les défis et les opportunités qui nous attendent."

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  • Jérôme Leroy parle de son roman "La Minute prescrite pour l'assaut"

    Jérôme Leroy répond aux questions de Michel Field à propos de son nouveau roman La Minute prescrite pour l'assaut qui paraît aux éditions Mille et une Nuits.

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