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alain de benoist - Page 87

  • La publicité, arme de l'idéologie dominante...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la publicité... 

     

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    Le message publicitaire ? Le bonheur réside dans la consommation…

    La réclame a toujours existé, puisqu’un fabricant a besoin de faire savoir que ses produits existent ; mais cela semble être devenu une industrie à part entière. Le faire savoir compterait-il plus désormais que le savoir-faire ?

    Le problème ne tient pas à l’existence de ce qu’on appelait autrefois la« réclame ». Il tient à ce que la publicité envahit tout et mobilise les esprits dans des proportions dont les gens ne sont même pas conscients. Un enfant connaît aujourd’hui beaucoup plus de marques publicitaires qu’il ne connaît d’auteurs classiques. Les paysages urbains sont défigurés par des panneaux publicitaires qui prolifèrent comme des métastases. Les campagnes n’y échappent pas non plus. La télévision ne propose plus des programmes financés par la publicité, mais des messages publicitaires entrelardés de programmes qui ne sont là que pour inciter à regarder les premiers. Rappelez-vous les déclarations de Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1, en juillet 2004 : « Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »Même chose dans la presse, puisque les principaux titres ne peuvent plus survivre qu’en accumulant les pages de publicité. Dans tous les cas, la publicité se voit dotée d’un pouvoir qui va bien au-delà du « faire savoir » – d’autant qu’elle n’est pas la dernière à véhiculer des images, des slogans (de plus en plus fréquemment proposés en anglais, d’ailleurs), des situations, des rapports sociaux, voire des types humains, qui sont en stricte consonance avec l’idéologie dominante. Autrefois, on parlait de propagande. Aujourd’hui, on parle de communication. La publicité est devenue la forme dominante de la communication (y compris, bien sûr, de la communication politique) dans la mesure où elle tend à s’instaurer comme la forme paradigmatique de tous les langages sociaux.

    Dans un entretien précédent, vous disiez considérer la publicité à la télévision comme infiniment plus obscène que n’importe quel film pornographique. Etait-ce une allusion à l’habitude des publicitaires de dénuder des femmes pour vendre des yaourts ou des voitures ? Ou bien vouliez-vous dire que le point commun de la publicité et de la pornographie est qu’elles suscitent l’une et l’autre de la frustration ?

    Ce qui est obscène ne se rapporte pas seulement à la sexualité, mais aussi à la morale sociale, à tout ce qui choque la « décence commune » chère à George Orwell. Étymologiquement, l’« ob-scène » est ce qui n’appartient pas à la scène, ou ne devrait pas lui appartenir. La publicité est obscène, non seulement parce qu’elle est mensongère (toutes les publicités sont mensongères), mais parce qu’elle véhicule implicitement un seul et unique message : le bonheur réside dans la consommation. La raison d’être de notre présence au monde est réduite à la valeur d’échange et à l’acte d’achat, c’est-à-dire à un acte performatif qui voue nécessairement à la frustration (car toute possession dans l’ordre de la quantité appelle nécessairement le désir de posséder plus encore). Jean Baudrillard l’avait bien montré dans ses travaux pionniers sur le système des objets : la publicité est le principal vecteur d’une logique inhérente au système capitaliste qui consiste, d’un côté, à persuader les individus qu’ils éprouvent réellement tous les besoins qu’on veut leur inculquer, et de l’autre à susciter en eux des désirs que la consommation ne peut satisfaire.

    Le pouvoir de la publicité est de faire oublier qu’un produit est issu avant tout d’un travail, c’est-à-dire d’un certain type de rapport social, et de le faire percevoir comme un simple objet consommable, c’est-à-dire une commodité. L’expérience économique réelle est remplacée par des signaux visuels inhérents à un message conçu en termes de séduction. En dernière analyse, l’individu ne consomme pas tant le produit qu’on l’incite à acheter que la signification de ce produit telle qu’elle est construite et projetée dans le discours publicitaire, ce qui l’infantilise et occulte la capacité du produit acheté à revêtir une véritable valeur d’usage. La publicité, enfin, contribue au conformisme social – et à un ordre social obéissant aux modèles diffusés par la mode – dans la mesure où elle se fonde sur une forme de désir purement mimétique : en cherchant à nous convaincre de consommer un produit au motif qu’il est consommé par (beaucoup) d’autres, la publicité nous dresse à calquer notre désir sur le désir des autres, en sorte qu’en fin de compte la consommation est toujours consommation du désir d’autrui. Conscience sous influence !

    De plus en plus de cinéastes – Ridley Scott au premier chef – viennent de la publicité. Simple effet du hasard ?

    Même les réalisateurs qui ne viennent pas de la publicité sont touchés. La porosité de la frontière entre la publicité et le cinéma n’a rien pour surprendre, puisque l’une et l’autre relèvent du système du spectacle, mais le plus caractéristique est que la publicité influe de plus en plus sur l’écriture cinématographique. De plus en plus de films destinés au grand public – et non des moindres – ressemblent à une suite de clips publicitaires, ces derniers étant d’ailleurs de plus en plus conçus eux-mêmes comme de très brefs courts-métrages.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 mai 2014)

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  • Autour de Dominique Venner et de Roland Laudenbach...

    Le quatorzième numéro de la revue Livr'arbitres est en vente et comporte deux dossiers consacrés respectivement à Roland Laudenbach et à Dominique Venner avec des textes et des signatures de qualité

    La revue peut être commandée sur son site :  Livr'arbitre, la revue du pays réel.

     

     

    Livr'arbitre 14.jpg

    Au sommaire :

    Editorial

    Humeur

    Plaisirs solittéraires

    Nouveautés

    Le salut par les Belges

    Inédit

    Miller, Bukowski, les deux affreux

    Réédition

    Du meilleur Paucard

    Portraits

    Roland Laudenbach

    Avec des textes et des témoignages de Michel Mourlet, Christian Dedet, Gabriel Matzneff, Jean-Paul Angelelli, Alexandre Astruc et Christopher Gérard.

    Dominique Venner

    Avec des textes et des témoignages de Philippe Conrad, Alain de Benoist, Jean-Yves Le Gallou, Laurent Schang, Rémi Soulié, Adriano Scianca, G. Albin d'Hyvet et Christian Segré.

    Souvenirs

    Wife beater, par Thierry Marignac

     

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  • L'Europe contre l'Occident ou le contraire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la différence fondamentale entre l'Occident et l'Europe... 

     

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    L'Europe contre l'Occident ou le contraire ?... 

    Nombreux sont les gens, issus ou non du monde médiatique, à faire la confusion entre l’Europe et l’Occident. Le Japon ferait ainsi partie de l’Occident, alors qu’il ne se trouve pas exactement en Europe…

    Raymond Abellio avait observé que « l’Europe est fixe dans l’espace, c’est-à-dire dans la géographie », tandis que l’Occident est « mobile ». De fait, l’« Occident » n’a cessé de voyager et de changer de sens. Au départ, le terme évoquait seulement la terre du Couchant (Abendland), par opposition au pays du Soleil-Levant (Morgenland). À partir du règne de Dioclétien, à la fin du IIIe siècle de notre ère, l’opposition entre Orient et Occident se ramène à la distinction entre l’Empire romain d’Occident (dont la capitale fut Milan, puis Ravenne) et l’Empire romain d’Orient installé à Constantinople. Occident et Europe se sont ensuite confondus durablement. Cependant, à partir du XVIIIe siècle, l’adjectif « occidental » se retrouve sur les cartes maritimes en référence au Nouveau Monde, appelé aussi « système américain », par opposition au « système européen » ou à « l’hémisphère oriental » (qui comprend alors aussi bien l’Europe que l’Afrique et l’Asie). Dans l’entre-deux-guerres, l’Occident, toujours assimilé à l’Europe, par exemple chez Spengler, s’oppose globalement à un Orient qui devient à la fois un objet de fascination (René Guénon) et un repoussoir (Henri Massis). Durant la guerre froide, l’Occident regroupe l’Europe occidentale et ses alliés anglo-saxons (Angleterre et États-Unis) pour s’opposer cette fois au « bloc de l’Est » dominé par la Russie soviétique. Cette acception, qui permet aux USA de légitimer leur hégémonie, survivra à la chute du système soviétique, comme on peut le voir chez Samuel Huntington.

    Aujourd’hui, l’Occident a encore changé de sens. Tantôt il reçoit une définition purement économique : sont « occidentaux » tous les pays développés, modernisés, industrialisés, aussi bien le Japon et la Corée du Sud que l’Australie, les anciens pays de l’Est, l’Amérique du Nord ou l’Amérique latine. « Ex Oriente lux, ex Occidente luxus », comme disait plaisamment l’écrivain polonais Stanisław Jerzy Lec ! L’Occident perd alors tout contenu spatial pour se confondre avec la notion de modernité. Tantôt il s’oppose globalement à la dernière incarnation en date de la furor orientalis aux yeux des Occidentaux : l’islamisme. Dans cette vision, une fracture essentielle opposerait « l’Occident judéo-chrétien » à « l’Orient arabo-musulman ». Comme il n’existe pas plus « d’Occident » unitaire que « d’Orient » homogène, c’est une nouvelle source d’équivoque.

    À la fin des années 1970, vous aviez choqué l’opinion droitière en déclarant que la perspective de porter la casquette de l’Armée rouge n’était certes pas enthousiasmante, mais que l’idée de partir manger à vie des hamburgers à Brooklyn était tout aussi horrible. À l’ère de la Russie poutinienne, qu’avez-vous à ajouter ?

    La boutade à laquelle vous faites allusion voulait simplement dire qu’à l’époque de la guerre froide, je ne me sentais en sympathie ni avec le système soviétique ni avec un monde occidental dont la qualification de « libre » appelait déjà beaucoup de guillemets. J’en tenais pour une Europe autonome, indépendante des deux blocs. Maintenant que le système soviétique s’est effondré, les choses sont plus claires encore. La « liberté » que propose un « monde libre » qui ne peut plus se servir de l’URSS comme d’un repoussoir apparaît clairement comme porteuse d’aliénations nouvelles. « L’Occident », c’est aujourd’hui le périmètre de la pensée unique et du libre-échangisme débridé. L’Europe, elle, est à mes yeux appelée à se tourner vers une Russie dont elle est à bien des égards complémentaire, et qui appartient comme elle au bloc continental eurasiatique.

    À peu près à la même époque se faisait sentir la nuance, dans les milieux « nationalistes », entre « européistes » et « occidentalistes ». Ce clivage vous semble-t-il toujours d’actualité, à un moment où d’autres font se superposer les notions d’Occident ou de chrétienté ? De fait, l’Occident ne serait-il pas aujourd’hui le pire ennemi de l’Europe ?

    Le clivage existe toujours, bien sûr : je me sens moi-même profondément européen, mais absolument pas « occidental ». Mais ce qu’il importe surtout de réaliser, c’est que la notion « d’Occident », telle qu’elle est comprise aujourd’hui, est une aberration géopolitique. L’Europe appartient à la Puissance de la Terre, tandis que les États-Unis représentent la Puissance de la Mer. L’histoire, disait Carl Schmitt, est avant tout une histoire de la lutte entre la Terre et la Mer. En dépit de tout ce qu’on nous serine à Bruxelles comme à Washington, les intérêts des Européens et des Nord-Américains ne sont pas convergents mais opposés. Quant à la notion « d’Occident chrétien », qui n’a que trop longtemps fait oublier la dimension universelle (et universaliste) de la religion chrétienne, elle a perdu toute signification depuis que la religion est devenue une affaire privée. L’Europe et l’Occident se sont aujourd’hui totalement disjoints – au point que défendre l’Europe implique, en effet, bien souvent de combattre l’Occident. Ne se rapportant plus à aucune aire géographique ni même culturelle particulière, le mot « Occident » devrait, en fait, être oublié.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 7 mai 2014)

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  • Une nouvelle guerre froide ?...

    Spectacle du monde 201405.jpg

    Le numéro de mai 2014 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la crise ukrainienne et à son influence sur les relations entre l'Europe et la Russie. On pourra y lire, notamment, des articles d'Olivier Zajec ("Une nouvelle logique bipolaire"), de Gabriel Matzneff ("La tombe d'Akhmatova") et d'Eric Branca ("L'Ukraine entre deux mondes") ainsi qu'un entretien avec Marie-France Garaud ("Aux sources du malentendu russo-américain").

    Hors dossier, on pourra aussi lire, notamment, un entretien avec Alain de Benoist ("De quoi la théorie du genre est-elle le nom ?") et des articles de François Bousquet ("Gary le magnifique"), de Stéphane Guégan ("Fantastique Gustave Doré), de Laurent Dandrieu ("Les chouans du Nouveau-Monde"), de Michel Marmin ("Thomas l'imposteur") et de Bruno de Cessole ("Les nostalgies du Guépard"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de François d'Orcival ("Hollande vise au centre"), de Patrice de Plunkett ("Les clown ne rient pas") et d'Eric Zemmour ("Valls ou le grand aveu").

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  • A propos des valeurs des politiciens...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à ces valeurs que les hommes politiques agitent en se gardant bien de les définir... 

     

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    Les politiciens défendent leurs « valeurs »… Mais lesquelles ?

    Les médias et les politiciens nous rebattent les oreilles de leurs « valeurs » : « valeurs » républicaines, « valeurs » des droits de l’homme, etc. Mais le terme de « valeur » n’est-il pas, à l’origine, de nature économique ?

    Les hommes politiques se flattent en général de défendre leurs « valeurs » sans jamais préciser de quelles valeurs il s’agit. Il en va de même pour leurs « fondamentaux », terme qui n’est d’ailleurs qu’un pur barbarisme (« fondamental » est un adjectif, pas un nom). Le plus probable est qu’ils ne savent même pas le sens des mots qu’ils utilisent.

    Au Moyen Âge, le mot « valeur » s’emploie essentiellement pour désigner le mérite ou des qualités telles que la bravoure ou le courage. Après quoi, comme pour bien d’autres termes, on est passé de la qualité à la quantité. Adam Smith associe déjà la valeur à la notion d’utilité. On aura ensuite la « valeur vénale », la « valeur d’échange », la « valeur boursière », c’est-à-dire la valeur économique qui ne s’apprécie qu’en argent. La critique de la valeur (Wertkritik), qui constitue la part la plus intéressante de la pensée de Marx, assimile le sujet du Capital au « sujet automate », c’est-à-dire au processus de valorisation capitaliste, forme historique du fétichisme de la marchandise : la notion de « valeur » est l’expression d’un rapport social qui conduit à chosifier les êtres humains et à faire de l’argent le seul but de l’existence, les crises financières n’étant qu’un symptôme d’une crise plus générale de la valorisation.

    Pour justifier son titre, l’hebdomadaire Valeurs actuelles cite en couverture de chacun de ses numéros la phrase de Jean Bodin : « Il n’y a de richesse que d’hommes », aujourd’hui devenue l’un des mantras favoris des tenants de « l’humanisme d’entreprise ». La citation exacte figure au livre V, chapitre II, des Six Livres de la République (1576) : « Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens : vu qu’il n’y a richesse, ni force que d’hommes. » Pour Bodin, précurseur du mercantilisme, elle signifie donc, non que l’homme soit une valeur en soi, mais que le nombre des habitants fait la richesse de l’État. On reste dans le domaine de la quantité.

    Cela dit, au sens général, la valeur peut aujourd’hui aussi bien désigner l’importance que l’on donne à une notion quelconque qu’une norme de conduite, un ensemble constituant une « échelle de valeurs », etc.

    Ce qui vaut pour les uns ne vaut pas forcément pour les autres. Pourquoi faudrait-il alors nécessairement s’incliner devant les « valeurs » à la mode ?

    Il y a d’autant moins de raison de s’incliner devant une valeur ou un système de valeurs que la valeur n’est pas une qualité inhérente aux choses, mais relève toujours d’un jugement subjectif, qu’elle est décrétée par l’homme en fonction de ses croyances ou de ses convictions, de ce qu’il approuve ou de ce qu’il désapprouve. Le jugement de valeur s’oppose par là au jugement de fait. C’est pourquoi Max Weber exigeait du savant qu’il s’en tienne à une stricte « neutralité axiologique », c’est-à-dire qu’il ne confonde pas la valeur (subjective) et le fait (objectif), la raison scientifique ne pouvant jamais fonder que le second.

    Weber parlait aussi du « polythéisme des valeurs ». Il entendait par là que les valeurs sont vouées à se combattre entre elles, à la façon des dieux de l’Olympe (« Nous n’avons pas les mêmes valeurs que vous ! »). Comme l’a maintes fois rappelé Julien Freund, la valeur implique en effet la pluralité : là où il n’y aurait qu’une valeur, il n’y aurait pas de valeur du tout, faute d’une possibilité de comparaison. Il s’en déduit qu’une valeur ne vaut que par rapport à ce qui vaut moins qu’elle (ou à ce qui ne vaut rien). Autrement dit, les valeurs se distribuent sur une échelle, selon qu’elles sont supérieures ou inférieures à d’autres. Elles sont non seulement plurielles, mais aussi incompatibles entre elles. La notion de valeur suppose donc une hiérarchie, au moins implicite, ce qui pose le problème de la valeur d’égalité…

    Le caractère subjectif de la notion de valeur est par ailleurs ce qui la rend la plus critiquable, « l’appel aux valeurs » pouvant s’assimiler à un débordement généralisé des subjectivités. Robert Redeker déclare ainsi : « C’est quand la foi et la morale sont mortes que surgit le discours sur les valeurs. C’est parce qu’il n’y a plus de morale que les valeurs imposent leur bavardage urbi et orbi […] C’est en leur nom, et plus en celui de la nation ou de la patrie, que l’on part en guerre. Ces discours confondent les valeurs et la morale, soumettant la morale à la juridiction des valeurs. » Dans son livre sur La tyrannie des valeurs (1960), Carl Schmitt fait une critique comparable, quand il écrit que le déclin de l’objectivité a entraîné la dispersion de l’opinion en un pluralisme des valeurs, qui traduit en fin de compte une indifférence à la vérité.

    Autrefois, on parlait de « vertus » ou de « qualités », voire d’éthique. Ou encore de simple sens commun : il y a des choses qui se font et d’autres qui ne se font pas, tout simplement parce qu’elles ne se font pas. La gentillesse, fondement du vivre ensemble, est-elle une vertu, une valeur ou une qualité ?

    C’est une qualité ou une vertu qu’on est en droit de considérer comme une valeur. La distinction entre les choses « qui se font » et celles « qui ne se font pas » relève plutôt de cette « décence commune » (common decency) dont George Orwell faisait, à juste titre, l’une des plus constantes qualités des classes populaires. L’éthique – du grec ethos – tout comme la morale – du latin mores – renvoient d’ailleurs l’une et l’autre aux mœurs, c’est-à-dire aux valeurs partagées au sein d’un même peuple.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 1er mai 2014)

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  • Colloque Dominique Venner

     

    Le premier colloque autour de l’œuvre et des idées de Dominique Venner se tiendra le 17 mai 2014 à la Maison de la Chimie à Paris, à partir de 14h30 (28 rue Saint-Dominique 75017 Paris)

    Le programme des interventions :

    - “Dominique Venner, historien et essayiste de l’histoire” par Philippe Conrad
    - “Dominique Venner, le coeur rebelle” par Pierre-Guillaume de Roux
    - “Les leçons du samouraï” par Javier Portella
    - “L’esprit Corps Franc” par Bernard Lugan
    - “Un exemple de tenue” par Alain de Benoist

    Le nombre de places est limité, aussi nous vous recommandons vivement le recours à la billetterie en ligne

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