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élections présidentielles - Page 2

  • L’esprit de la Ve république miné par les primaires...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la prochaine élection présidentielle et à ses préparatifs...

    Directeur de la revue Krisis , dont le dernier numéro est consacré à la question du progrès, et éditorialiste de la revue Éléments,  Alain de Benoist a récemment publié Survivre à la pensée unique (Krisis, 2015), un recueil de ses entretiens avec Nicolas Gauthier.

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    Alain de Benoist : « Les primaires sont contraires à l’esprit de la Ve république »

    Primaires à droite, primaires à gauche : les médias ne parlent plus que des primaires. À l’origine, ce système nous vient des USA. Importation en nos contrées d’un énième gadget idéologique ?

    C’est, en effet, un modèle qui, comme tant d’autres choses, a été copié des États-Unis – et, bien entendu, d’abord par le Parti « socialiste ». Auparavant, on ne connaissait les « primaires » qu’au sens psychologique, pour désigner les tempéraments à réactivité immédiate (il y a beaucoup de primaires à droite), par opposition aux « secondaires », qui prennent le temps de réfléchir. Mais parler de « gadget », c’est trop peu dire. Le recours aux primaires marque un tournant dans la politique française, et ce tournant est détestable. Comme l’a récemment rappelé Henri Guaino, les primaires sont totalement contraires à l’esprit de la Ve République, qui définit l’élection présidentielle comme la rencontre directe du peuple et d’un homme (ou d’une femme) le plus possible affranchi du poids des partis. Un parti peut, certes, soutenir un candidat, mais quand ce candidat n’est plus que le représentant du parti qui le soutient, on sort du modèle qu’avait souhaité le général de Gaulle.

    Les primaires démontrent qu’il n’y a aucun « candidat naturel » dans le parti qui les organise. En aiguisant la concurrence des ego, elles créent des tensions et des déchirements qui pèseront sur l’avenir (souvenons-nous du duel Balladur-Chirac au sein du RPR). Quoi qu’en disent leurs protagonistes, elles réduisent le débat politique à des querelles de personnes, la compétition à un concours de beauté, en même temps qu’elles confirment que les partis ne sont plus aujourd’hui que des écuries électorales. Avec les primaires, les « partis de gouvernement » s’efforcent de préserver leur monopole, alors qu’ils ne représentent plus maintenant que le cinquième ou le sixième du corps électoral. La combine des parrainages accentue cette dérive, puisqu’elle permet d’éliminer les candidats qui pourraient faire de l’ombre aux têtes d’affiche.

    Patrick Buisson, interrogé par Valeurs actuelles (dont le patron, Yves de Kerdrel, a été l’un des premiers adhérents du mouvement d’Emmanuel Macron : carte n° 007), déclarait : « Les primaires remettent à une minorité partisane le pouvoir de construire l’offre politique de la présidentielle, au lieu de laisser aux Français une entière liberté de choix. C’est le régime de la carte forcée […] Songez que le binôme Sarkozy-Hollande, dont quatre Français sur cinq ne veulent pas les candidatures, pourrait être investi de nouveau au terme de cette aberrante mystification ! » Deux Français sur trois estiment, en effet, que François Hollande et Nicolas Sarkozy ont été « aussi mauvais » l’un que l’autre après leur entrée à l’Élysée. Que penser de primaires qui n’aboutiraient qu’à repasser le plat du déjà-vu ?

    Nicolas Gauthier : Outre-Atlantique, les électeurs républicains votent aux primaires républicaines et les électeurs démocrates aux primaires démocrates. En France, tout le monde peut voter pour tout le monde. Petit souci de cohérence ?
    Alain de Benoist : Le système politique américain, fondé sur le bipartisme, est complètement différent du système politique français. Les primaires y sont nécessaires en raison du découpage du pays entre des États ayant chacun leur gouverneur et leur Sénat. De plus, outre-Atlantique, il n’y a qu’un tour pour les primaires et un tour pour la présidentielle. Les primaires à la française, elles, créent un scrutin à quatre tours ! En France, des électeurs de gauche pourront contribuer à désigner le candidat de la droite, ce qui est une absurdité ! Le fait que n’importe qui puisse participer aux primaires « de la droite et du centre », même s’il n’a aucune sympathie pour « la droite et le centre », les prive par avance de toute signification.

    Quelles différences, au fond, entre Juppé et Sarkozy ?
    La différence entre Juppé et Sarkozy est que Juppé a des idées détestables, tandis que le mari de Carla Bruni n’a pas d’idées du tout. Il n’a que les idées qu’il utilise dans l’espoir de maximiser le rendement de ses ambitions. Le livre de Patrick Buisson le démontre à la perfection, c’est un personnage absolument dénué de principes et de scrupules, quels qu’ils soient. Il est prêt à tout, car pour lui tout compte pour rien. Quand il dit que « l’identité n’est pas un gros mot », il pourrait aussi bien dire « bingo bidou pokémon » : dans les deux cas, cela ne signifie absolument rien.

    Mais ce qui m’étonne, c’est que personne ne pose la question de savoir si les candidats éliminés vont véritablement accepter de se soumettre ou s’ils ne vont pas chercher à se maintenir malgré tout. Si Juppé sort vainqueur de la compétition, j’ai du mal à imaginer Sarkozy faire voter pour lui après s’être engagé dans la campagne frénétique à laquelle il se livre actuellement. Si, à l’inverse, c’est Sarkozy qui est désigné, j’ai également du mal à imaginer que Juppé, qui sait bien qu’il effectue en ce moment son dernier tour de piste, appellera à voter pour l’ancien Président – d’autant qu’en ce cas, François Bayrou se portera lui aussi candidat. Et que se passera-t-il si les deux hommes maintiennent leur candidature ? Rien, décidément, n’est joué pour l’élection présidentielle de l’an prochain.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 5 octobre 2016)

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  • Le temps du phénix...

    Les éditions Cité Liberté viennent de publier Le temps du phénix, un roman de politique-fiction de Bruno Mégret. Numéro 2 et organisateur du Front national dans les années 90, puis fondateur du Mouvement national républicain, Bruno Mégret, retiré de la politique depuis 2008, nous livre avec ce roman le scénario d'un redressement de la France sur la base d'un programme d'orientation nationale-libérale et favorable à l'Europe des nations. L'ouvrage, en se décalant subtilement par rapport à la situation politique réelle et à ses acteurs - pas de Front national mais une Alliance nationale, pas de Républicains mais une Union populaire, etc... - permet aux lecteurs de s'intéresser plus aux enjeux et aux choix politiques qu'aux questions de personnes, même si certains ne manqueront pas de trouver des clefs pour tel ou tel personnage... Au total, le livre, bien enlevé, donne à réfléchir, et mérite donc le détour !

     

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    " Le temps du phénix est un récit d'anticipation qui relate le quinquennat d'un président imaginaire élu en 2017.
    En rupture avec le politiquement correct et la classe politique actuelle, il lui faut surmonter de multiples difficultés pour mener à bien son projet.
    Porté par une vision géopolitique, animé par un projet européen novateur, défendant l’identité, la prospérité et la puissance de la France, le chef de l’État imaginé par Bruno Mégret ouvre une voie nouvelle qui rompt avec les errements de la vie publique d’aujourd’hui.
    Au cœur de l'actualité, ce livre apporte un éclairage original sur les débats qui agitent la scène médiatique. À un moment où la mode est au déclinisme, le Temps du phénix propose une vision optimiste et volontariste de l'avenir de la France. Il montre comment un autre projet et une autre méthode de gouvernement pourraient, malgré les obstacles, redonner un destin à notre nation.
    Loin des ouvrages politiques militants, le Temps du phénix s’apparente à un roman. Le récit y est nourri par de nombreux rebondissements, le flux d’événements tour à tour heureux ou décevants et le sort parfois tragique des personnages. "

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  • Vers les grandes turbulences ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Chardon, cueilli sur Polémia et consacré aux stratégies de défense que pourrait mettre en place le système face à une forte poussée du Front national  à l'occasion des élections européennes...

     

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    Front national : vers les grandes turbulences ?

    L'année 2014, tous les observateurs politiques l'ont compris, s'annonce cruciale pour Marine Le Pen. Trois ans après son arrivée à la présidence du FN, deux ans après ses résultats prometteurs lors de l'élection présidentielle, elle va, à l'occasion des deux premiers rendez-vous électoraux du quinquennat, mettre à l'épreuve la nouvelle ligne politique, à la fois sociale, populaire et souverainiste, qu'elle a fait adopter au parti, en bousculant l'appareil hérité du long règne de son père.

    D'évidence, les résultats aux élections municipales montrent que le parti de Marine Le Pen a réussi à restaurer son implantation locale. Cependant, même si le Front a obtenu la victoire dans douze communes, ce scrutin, dont les enjeux restent essentiellement locaux, n'apportera rien de décisif. Il confirme simplement, comme l'indiquent régulièrement les sondages, que les Français sont désormais moins sensibles à l'entreprise de diabolisation de ce parti.

    L'épreuve du feu, ce sera donc l'élection des députés au Parlement européen. C'est le premier scrutin qui va permettre aux Français de sanctionner la politique désastreuse du gouvernement, mais également celle de l'eurocratie bruxelloise (1), dont le rôle néfaste paraît maintenant bien compris. C'est donc une élection stratégique pour la formation politique qui se présente comme le seul véritable adversaire du pouvoir actuel et comme l'opposant le plus résolu à la commission de Bruxelles et à son président, José Manuel Barroso.

    Les objectifs affichés par Marine Le Pen et par le vice-président du parti Florian Philippot sont légitimement ambitieux : devenir le premier parti de France, devant l'UMP et le PS, et dépasser la barre des 30 %.

    Ces objectifs, s'ils étaient atteints, provoqueraient sans doute le choc politique le plus violent de ces 40 dernières années.

     

    Les élections européennes : Une élection, cette fois, cruciale

    Depuis le début des années 1980, le FN a été, de facto, un instrument politique de régulation du système que la gauche a su utiliser avec brio pour empêcher la droite de revenir au pouvoir ou pour peser sur ses choix politiques en lui interdisant d'aborder certains sujets sensibles comme l'immigration.

    En brisant la progression de son parti en 1988 avec un jeu de mot stupide, qui valut à celui-ci d'être la cible d'une campagne de diabolisation d'une violence et d'une intensité rares, Jean-Marie Le Pen perdait toute possibilité de sortir du rôle d'épouvantail que lui avait assigné la gauche et s'interdisait ainsi de peser positivement sur la situation politique.

    Parti repoussoir et réceptacle d'un vote protestataire par nature volatil, oscillant entre 10 et 20 % de l'électorat, le Front se montrait incapable de devenir le parti fédérateur des déçus de la « mondialisation heureuse » et de la « France Black Blanc Beur ». L'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002 permit simplement d'élire pour la deuxième fois président de la République un Jacques Chirac « fatigué, vieilli, usé », sans programme et prêt à tous les compromis…

     

    L’espace du gaullo-bonapartisme

    L'arrivée, en 2011, de Marine Le Pen à la tête du parti, après une campagne « à la régulière » contre Bruno Gollnisch, change évidemment radicalement la donne. Marine Le Pen n'est pas que la « fille de »… C'est une femme politique charismatique et percutante dans les médias, à laquelle la campagne présidentielle de 2012 a donné une stature et une légitimité. Son choix de nettoyer le parti de ses éléments figés dans un extrémisme nostalgique et caricatural et de lui donner une ligne politique claire, anti-système et qui vient bousculer le pseudo-clivage droite/gauche, lui offre la possibilité de venir occuper l'espace du gaullo-bonapartisme abandonné depuis longtemps par les formations politiques. La seule faiblesse du dispositif reste pour l'heure le manque de cadres en mesure d'accompagner et de soutenir leur présidente dans sa marche vers le pouvoir et, en cas de succès, de prendre en main les organes politiques de décision.

     

    Faire exploser le fameux « plafond de verre »

    C'est donc bien là qu’apparaît le caractère crucial des prochaines élections européennes. Si elle atteint les objectifs qu'elle s'est fixés, Marine Le Pen fait exploser le fameux « plafond de verre » et prouve qu'elle est en mesure, le moment venu, de sortir en tête du premier tour de l'élection présidentielle, et également de disposer d'une formation capable de former le noyau d'un rassemblement majoritaire à l'Assemblée nationale. L'accession au pouvoir n'est plus alors un rêve chimérique mais devient une possibilité crédible.

    Un tel succès changerait évidemment le statut du Front national. De parti protestataire, voué à l'opposition et à la déploration, il deviendrait un parti d'action et de projet, un parti qui réussit et suscite le dévouement, qui mobilise les talents et aiguise les ambitions. Il deviendrait un parti séduisant, offrant des perspectives de pouvoir et d'influence – bref, un parti susceptible d'attirer des décideurs et des cadres potentiels (2).

    Ce sont donc bien ces élections européennes qui sont à même d'inscrire le Front et Marine Le Pen dans une dynamique victorieuse et d'être à l'origine de la lame de fond qui peut porter cette dernière au second tour de l'élection présidentielle de 2017.

     

    Une remise en cause radicale du système

    Cette analyse, Marine Le Pen et les responsables du Front ne sont, bien entendu, pas les seuls à l'avoir menée. Dans certains cercles de l'oligarchie, l'inquiétude sourd déjà. L'incurie de la faction Hollande et la naïveté avec laquelle elle croit pouvoir utiliser le FN à son profit pour reproduire contre la faction Sarkozy les manœuvres des années 1980-1990 laissent perplexe. Les cercles les mieux informés, ceux qui ne s'auto-intoxiquent pas avec les médias du système, qu'ils contrôlent, savent que la situation a changé et que le FN représente maintenant une menace et que cette menace deviendra un danger s'il triomphe au soir du 25 mai : un danger, car la seule formation à vouloir remettre en cause radicalement le système sur le plan économique (remise en cause de la libre circulation des personnes et des biens, protectionnisme, relocalisation de l'industrie), politique (dénonciation des Traités de Maastricht et de Lisbonne, utilisation du référendum), sociétal (promotion de l'identité française, lutte contre les extrémismes communautaristes) et diplomatico-stratégique (souverainisme, choix de l'Europe des nations, rapprochement avec la Russie), se verrait promue comme alternative principale au système. Or, pour les oligarques, il n'y a pas et il ne doit pas y avoir d'alternative.

     

    Fin de partie pour les joueurs de pipeau ?

    Face à ce danger, quelle pourrait être la réponse de l'oligarchie ? Certains groupes privilégieront probablement la méthode habituelle : le lapin blanc sorti du chapeau pour sauver le système et mis en scène par une intense propagande médiatique. En 2012, ce devait être Strauss-Kahn, mais, du fait du priapisme de l'intéressé et de ses aventures ancillaires dans une suite d'hôtel new-yorkaise, ce fut finalement « Pépère », que les communicants eurent bien du mal à transformer en sauveur suprême. En 2017, qui aura-t-on ? Sarkozy, le retour de l'homme mûri par la défaite et la traversée du désert (la blague !…) ? Valls, le nouveau Clemenceau, le réformateur, le Blair français ? Fillon, le charme discret de la bourgeoisie ? Borloo, l'homme du juste milieu, dont on ne sait s'il voit sa bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, mais qui la termine… ? Un autre ectoplasme, encore ?

    Mais certains cercles de l'oligarchie devinent déjà que, cette fois-ci, un joueur de pipeau, même vêtu de lin blanc, même talentueux, même accompagné par les grandes orgues médiatiques, ne suffira pas face à l'exaspération du pays réel, et que des méthodes radicales s'imposeront.

     

    Entrée dans la zone de mort ou de très grand danger ?

    On peut aisément imaginer trois méthodes, qui ne sont pas nécessairement exclusives l'une de l'autre :

    • la déstabilisation du Front national ;

    • l'élimination de Marine Le Pen ;

    • l'interruption ou la remise en cause du processus démocratique.

    La déstabilisation du Front, qui est la méthode la moins sale, ne paraît pas offrir beaucoup d'espoir de réussite. La majeure partie de ceux qui s'opposaient à Marine Le Pen ont quitté le parti et on n'imagine pas Bruno Gollnisch entamer demain une entreprise de scission. Assez jeunes, les principaux cadres du parti n'ont jamais eu de responsabilités dans des exécutifs locaux et n'ont jamais été confrontés aux tentations du pouvoir. Enfin, s'agissant de leur comportement personnel, les révélations faites sur l'homosexualité supposée d'un certain nombre de dirigeants du parti n'ont pas passionné les foules. Reste la déstabilisation par la base, avec, par exemple, des violences racistes, commises par ou à l'instigation d'éléments manipulés, infiltrés au sein du parti, et propres à jeter l'opprobre sur celui-ci. Bref, une manipulation du type Carpentras… Mais, là encore, la ligne définie et appliquée vis-à-vis des nostalgiques et autres éléments provocateurs ne pourrait pas laisser penser un instant que le parti cautionne des comportements de ce genre.

    Alors, la solution radicale et définitive d'une élimination physique de Marine Le Pen ne doit pas être exclue. L'assassinat politique a été pratiqué régulièrement en France jusque dans les années 1990 et les morts suspectes sous la Ve République sont nombreuses. On n’a pas oublié l’assassinat du prince de Broglie (1976), ni celle de Joseph Fontanet (1980), sans parler de l’étrange mort de Robert Boulin (1979). On rappellera aussi l'assassinat opportun de René Bousquet (3) par un exalté (1993) et l'étrange « suicide » de François de Grossouvre (4) à l'Elysée (1994), alors que les révélations de ces personnages étaient en mesure de déstabiliser François Mitterrand. L'assassinat d'un dirigeant politique ne ressortit donc pas au fantasme mais est bien un moyen que le système ne s'est jamais interdit d'utiliser en cas de besoin. L'efficacité du procédé serait évidente. Le parti serait décapité et incapable, à court terme, de trouver un chef aussi charismatique et apprécié, et, passée la période de deuil et d'unité, la guerre de succession amènerait probablement le parti au bord de l'explosion. Bien entendu, il faut faire confiance aux partisans de ce type de solutions radicales pour développer un scénario complet. Plaçons-nous, par exemple, en avril 2016, à deux mois de la Coupe d'Europe de football, qui doit se jouer en France. L'élection présidentielle est dans un an et les candidats putatifs s'échauffent…

     

    Les structures sécuritaires de l’Etat profond ou l’appui d’Etats étrangers ?

    Imaginons alors le déroulé de l'opération :

    1/ Assassinat de Marine Le Pen et revendication par un groupe antifa ou anarcho-autonome ;

    2/ Riposte sur une personnalité de gauche (politique ou médiatique) par un groupe télécommandé d'ultra-droite ;

    3/ Assassinats de militants de base du Front et de militants d'extrême gauche ; attentat sanglant contre une mosquée ;

    4/ Localisation et élimination sanglante des deux groupes par les unités antiterroristes ;

    5/ Appel à la concorde civile et au rejet des extrémismes par l' « homme fort » du moment (ministre de l'Intérieur ou premier ministre) ;

    6/ Menaces d'annulation de la Coupe d'Europe par les autorités du football ; l'homme fort s'engage pour la France et garantit la sécurité de la manifestation ;

    7/ Un dispositif policier et militaire de grande ampleur est déployé ; les arrestations dans les milieux extrémistes de droite et de gauche se multiplient ;

    8/ La France… gagne la Coupe d'Europe ; liesse de la population et lyrisme des médias sur la France unie, au-delà des haines et des extrémismes, autour de son équipe ; l'homme fort est loué pour son action déterminée et résolue contre la violence politique ;

    9/ Après une période estivale apaisée, François Hollande annonce qu'il ne se représentera pas ; l'homme fort est placé sur orbite présidentielle, alors que le candidat péniblement désigné par le Front stagne à 15 % dans les sondages. Un nouveau lapin blanc est sorti du chapeau…

    La mise en œuvre d'un scénario de ce type nécessite l'engagement de moyens importants, l'appui de structures sécuritaires de l' « Etat profond », voire l'appui de services étrangers (5). C'est donc une solution qui comporte une part de risque non négligeable.

     

    La quinzaine de la haine

    Les cercles de l'oligarchie opteront donc peut-être plus facilement pour un attentisme actif et pour une entrée en action au soir du premier tour de la présidentielle en cas de qualification de Marine Le Pen. La quinzaine de la haine qui a suivi la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, donne une bien faible idée de la riposte que serait en mesure de déclencher le système s'il était réellement en danger.

    On aurait évidemment droit à la mobilisation de l'ensemble de la classe politique (« Union nationale contre l'extrémisme »), mais également à celle des milieux économiques (« La victoire de Marine Le Pen, c'est la syncope économique garantie »), des syndicats (« Menaces de régression sociale ») et de l'Education nationale (professeurs et lycéens enrégimentés). L'eurocratie ne manquerait pas de faire part de sa grande préoccupation et la finance internationale orchestrerait une baisse progressive et spectaculaire de la Bourse de Paris. Les bandes ethniques des banlieues des principales métropoles françaises entreraient probablement dans la danse pour faire monter la pression, tout comme les milices antifas se chargeraient d’empêcher, dans les grandes villes, la campagne de se dérouler normalement (harcèlement des meetings du FN, attaque des militants, etc.). Quant aux médias, ils seraient chargés de donner aux événements leur intensité dramatique et de présenter la France comme un pays au bord du gouffre : l'Allemagne à la veille du 30 janvier 1933, en quelque sorte.

    Tout serait fait pour empêcher le processus démocratique de se dérouler normalement, pour faire peur à la population et lui faire prendre conscience des conséquences apocalyptiques d'un mauvais vote. Si, malgré quinze jours de tir de barrage ininterrompu, il se trouvait encore une majorité d'électeurs pour donner la victoire à Marine Le Pen, la contre-attaque de l'oligarchie serait immédiate et violente car, comme l'a dit Malekh Boutih, député PS : « Même si vous gagnez, vous aurez un problème de légitimité à notre égard, on ne se laissera pas faire » (6). La présidente du FN, élue par les Français, n'aurait pas le temps de savourer sa victoire. La dizaine de jours séparant l'élection de la prise de fonctions se déroulerait dans une ambiance quasi insurrectionnelle : effondrement de la Bourse, menaces de l'eurocratie, blocage de l'appareil d'Etat, émeutes dans les banlieues, grèves de la SNCF et du métro, constitution des exécutifs régionaux en contre-pouvoir avec la complicité des préfets, etc.

    Dans de telles conditions, si Marine Le Pen parvenait à entrer en fonction, serait-elle en mesure d'obtenir une majorité aux élections législatives lui permettant d'appliquer son programme ? On peut légitimement en douter.

     

    L’histoire est ouverte et pleine d'imprévus

    Faut-il, pour autant, en conclure que l'oligarchie est définitivement toute-puissante et que rien n'est possible ? Non, car, tout d'abord, comme n'a cessé de le rappeler Dominique Venner, l'histoire est ouverte et pleine d'imprévus (7). Et il n'est pas possible d'exclure dans les prochains mois une aggravation brutale de la crise qui fasse basculer la majorité de la population dans la révolte contre le système. Ensuite, parce que le but de cet article est de se livrer à un salutaire exercice d'anticipation (8) : oui, en cas de victoire au soir du 25 mai 2014, Marine Le Pen et le Front national entreront dans une zone de mort ; mais, oui, également, ils peuvent en sortir victorieux, et avec eux le peuple français. Il faut anticiper le pire (9) pour pouvoir se préparer et être en mesure de riposter.

     

    Préparer la riposte populaire

    Les événements de ces derniers mois ont offert quelques exemples intéressants à analyser et qui peuvent servir de sources d'inspiration. Ainsi, avec La Manif pour tous et Le Printemps français, le système a vu se dresser contre lui des réseaux (principalement associatifs et catholiques), extérieurs aux partis politiques, qui, au fil des mois et grâce, à la fois, à un travail de proximité et à une utilisation intensive d'Internet et de ses outils (sites de réinformation, blogs, Twitter, Facebook, …), ont réussi à mobiliser dans la rue des centaines de milliers de personnes et à mettre en œuvre des modes d'intervention originaux (Veilleurs, Homen, Veilleurs debout, …). Le plus efficace a probablement été celui du harcèlement démocratique, qui a consisté à perturber les déplacements des ministres et du président de la République, notamment par des actions coups de poing dans les gares, mais également à procéder à des réveils matinaux d'élus à leurs domiciles ou encore à se signaler symboliquement devant leurs résidences secondaires. Bref, ce harcèlement consistait à aller chercher les responsables ailleurs que là où ils se sentent protégés (ministères, Assemblée nationale ou Sénat, mairies, etc.) et à faire la publicité de ces actions par l'intermédiaire des différents réseaux sociaux.

    La mobilisation autour des commerçants, qui face à des agressions ont réagi en se défendant les armes à la main, est également intéressante à constater. Parfaitement virtuelle, contestée par certains commentateurs, elle n'a pourtant pas pu être tue et a amené certains politiques à réagir et à afficher des positions fermes sur la question de l'autodéfense.

    Enfin, le succès de la manifestation « Jour de colère » a prouvé qu'une agitation virtuelle par le biais d'Internet et des réseaux sociaux pouvait déboucher sur une mobilisation réelle et significative, sans l'appui d'aucun parti politique ou d'aucune association fortement structurée sur le plan national.

     

    Ne pas sous-estimer la capacité de mobilisation du pays réel

    Ainsi, il apparaît que le pays réel, qu'on pouvait croire anesthésié, dispose encore d'une forte capacité de mobilisation, et qu'un véritable réseau d'alerte et de vigilance s'est mis en place de façon souple et informelle.

    Alors, sur cette base, comment dissuader l'oligarchie d'entamer une épreuve de force pour empêcher le déroulement normal du processus démocratique ?

    Pour dissuader un adversaire, il faut, à la fois, lui faire comprendre que ses projets sont connus et lui prouver que l'on a les moyens de toucher ses points faibles.

    Face au système, il faut donc réinformer, notamment en divulguant et en dénonçant ses méthodes et ses objectifs. C'est ainsi que, grâce à la réactivité du réseau de réinformation, la tentative d'orchestration de la mort dans une bagarre du jeune Méric, militant d’extrême gauche, a été un échec retentissant.

    Mais il faut également analyser ses points faibles.

    L'oligarchie a mis en place un système de pouvoir qui ne dispose pas d'organes apparents mais qui contrôle, par l'intermédiaire de réseaux, des structures existantes, qu'elles soient étatiques, économiques ou associatives.

     

    Compositeurs, chefs d’orchestre et instrumentistes du grand opéra politiquement correct

    En s'appuyant sur une parabole musicale, on peut définir trois niveaux dans ces réseaux :

    • celui des compositeurs : ceux qui écrivent la musique ou participent à son écriture et qui évoluent au sein des réseaux les plus fermés, au niveau international (commission Trilatérale, Bilderberg, Forum de Davos, etc.) ou national (club du Siècle, etc.) ;

    • celui des chefs d'orchestre : ceux qui font en sorte que la musique écrite par les compositeurs soit jouée partout et qui appartiennent donc à la caste politico-médiatique ou au milieu économico-financier ;

    • celui des instrumentistes (réseaux maçonniques, politiques, associatifs, etc.) : ceux qui, avec leur instrument, dans leur secteur d'activité, jouent la partition qu'on attend d'eux (journalistes, magistrats, hauts fonctionnaires, responsables syndicaux, chefs d'entreprise, élus, etc.).

    Dans un tel système, il est illusoire de vouloir influencer les « compositeurs ». Ils appartiennent à ce que Jean-Pierre Chevènement nomme les « élites mondialisées » et que Jacques Attali appelle avec gourmandise les « hypernomades » (10), et n'ont plus véritablement d'attaches nationales. Par ailleurs, il est vide de sens de vouloir agir sur les « instrumentistes », qui sont à la fois trop nombreux, trop anonymes et aisément remplaçables en cas de défaillance. Ce sont donc bien les « chefs d'orchestre » qu'il convient de cibler et de dissuader.

     

    Cibler et dissuader les chefs d’orchestre de « l’empire du Bien »

    Ces quelques centaines d'individus sont identifiés et localisés, et il est possible, sans difficulté majeure, de connaître et de faire connaître leurs activités et les lieux qu'ils fréquentent. A ces zélés représentants de l'empire du Bien, qui adorent dresser des listes de proscription, des listes de « méchants », de « réacs » ou de « fachos », il convient de faire savoir qu'ils peuvent être amenés à croiser des citoyens qui leur exprimeront courtoisement mais fermement leur mécontentement vis-à-vis de leurs agissements de serviteurs du système.

    Ainsi, si l'oligarchie prenait la décision de fausser le jeu normal de la démocratie, ces rouages du système seraient avertis qu'ils deviendraient, de fait, les premières cibles de la riposte populaire.

    Des individus qui savent qu'ils ne peuvent plus agir en toute impunité, à l'abri de leur statut, peuvent ainsi être amenés à réfléchir avant de s'engager en faveur de stratégies risquées. Risquer de croiser des quidams mécontents est une chose, mais recevoir la visite de citoyens rendus nerveux par le terrorisme de l'oligarchie en est une autre. Qui sème le vent…

    François Chardon  (Polémia, 9 avril 2014)

     

    Notes :

    1) Sur l'eurocratie, cette citation éclairante de l'essayiste Pierre-André Taguieff :« L’Europe est un empire gouverné par des super-oligarques, caste d’imposteurs suprêmes célébrant le culte de la démocratie après en avoir confisqué le nom et interdit la pratique » (« Les ravages de la mondialisation heureuse », in Peut-on encore débattre en France ? Plon – Le Figaro, 2001).

     

    2) Au nombre desquels, bien sûr, des arrivistes, des carriéristes, des cyniques… C'est le lot de toute organisation qui connaît un développement rapide.

     

    3)Secrétaire général à la police du régime de Vichy du 18 avril 1942 au 31 décembre 1943 ; impliqué, à ce titre, dans l'organisation de la rafle du Vél’ d'Hiv’. Condamné à la Libération à 5 ans de dégradation nationale, il poursuit une belle carrière dans la banque. Dans les années 1960, il devient un des soutiens financiers de François Mitterrand et reste un de ses proches jusqu'au milieu des années 1980.

     

    4) Industriel et ami politique de François Mitterrand, il joue un rôle clef dans le financement de ses campagnes présidentielles de 1974 et 1981. Il occupe, à partir de l'élection de celui-ci, un poste de conseiller à l’Elysée, en charge des affaires sensibles.

     

    5)L'infiltration, probablement au profit de la DCRI, du Groupe de Tarnac par un policier anglais de la National Public Order Intelligence Unit (NPIO), est désormais de notoriété publique (cf. l'article de Laurent Borredon dans le Monde du 12 mars 2014). On notera que les agents du NPIO, infiltrés sous couverture, sont autorisés à commettre des délits et à pratiquer la provocation.

     

    6) Emission Mots croisés du 7 octobre 2013, sur France 2, présentée par Yves Calvi.

     

    7) « Dans l’interprétation conventionnelle de l’Histoire, on décrit la succession des événements comme nécessaire ou évidente. Mais c’est faux. Il n’y a jamais rien de nécessaire ni d’évident. Tout est toujours suspendu à l’imprévu », Dominique Venner, entretien avec Louis Montarnal publié dans L'Action française 2000, n° 2827, du 3 au 16 novembre 2011.

     

    8) Scénarios paranoïaques ? Ceux qui le pensent sont invités à s'intéresser à la période des « années de plomb » chez notrevoisin italien, et à découvrir les méandres de l'affaire de l'assassinat d'Aldo Moro, et le rôle du réseau Gladio ou de la loge P2... Cf. Philippe Foro, Une longue saison de douleur et de mort / L'affaire Aldo Moro (Vendémiaire, 2011) ; Gabriele Adinolfi, Nos belles années de plomb (L'Æncre, 2008).

     

    9) « La prophétie de malheur est faite pour éviter qu'elle ne se réalise », Hans Jonas (Le Principe de responsabilité, 1979). Sur ce sujet, cf. Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé (Seuil, 2002).

     

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  • Encore un effort pour être républicain !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré aux résultats des élections présidentielles en France et des élections législatives en Grèce... 

     

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    Encore un effort pour être républicain !

    Rien n’aura vraiment changé le 7 mai. Le grand vainqueur est évidemment le système. Non seulement parce que le parti du gouvernement mondialiste de cet « espace » néolibéral qu’est devenue la France, l’UMPS, est sorti conforté avec, au premier tour, un peu plus de 55% des voix, mais aussi parce que la puissante participation aux deux votes, plus de 80%, témoigne de l’attachement du peuple français au régime de despotisme éclairé postmoderne. Cette formidable adhésion à un scrutin qui n’est, somme toute, qu’un chèque en blanc, ne manque pas d’étonner si l’on se réfère à la défiance maintes fois réitérée à l’égard de la classe politique, tant dans les sondages qu’à l’occasion d’élections locales, et surtout lors du référendum, en 2005, sur le projet de constitution européenne, qui avait vu la victoire du nom, contre l’ensemble de la « France d’en haut ». Les 18% du score de Marine Le Pen, et les résultats d’autres mouvements protestataires, dont le total s’élève à peu près à 30%, montrent que cette méfiance s’exprime néanmoins, mais à un degré qui ne constitue pas une menace sérieuse pour l’oligarchie cosmopolite au pouvoir. Si l’on considère au surplus que 51% des électeurs du Front national ont reporté leurs voix sur un candidat frénétiquement libéral, destructeur du système de protection sociale issu du Conseil national de la Résistance, sur celui qui a vassalisé franchement notre pays, qui a mené une politique visant ouvertement à la disparition de notre nation, et qui a déconsidéré la plus haute fonction de l’Etat par sa vulgarité et son cynisme, on prend la mesure de l’ « illusion politique ». Il est encore prouvé, une fois de plus, que rien ne peut entamer, si le désastre n’y met bon ordre, le quasi envoûtement des maîtres chanteurs qui se partagent le pouvoir depuis des décennies, ni les faits, ni les critiques. 

    Hollande a, en effet, lourdement démenti les faibles mouvements de manches destinés à réinjecter quelque chaleur au rêve, désormais perdu, de l’anticapitalisme socialisant. Très rapidement, il s’est réclamé du blairisme, c’est-à-dire d’un grand parti « démocrate » à l’américaine, plus libéral que social. Il s’est empressé de rassurer les marchés et la finance, il n’est pas revenu sur la réforme des retraites imposée par le gouvernement Fillion, il ne conteste pas les délocalisations, l’ouverture des frontières, il avoue ouvertement sa préférence pour le métissage, il souhaite une intervention militaire en Syrie, s’inscrivant ainsi dans la continuité de la politique néocoloniale de Sarkozy, et dans un américanisme qui, sans être ostentatoire, n’en sera que plus réel, et il vante la « démocratie » israélienne, qui est un apartheid agressif. Quant à Sarkozy, outre son action extraordinairement dévastatrice pour la France et son identité, il a réussi, par des roulements de menton et d’épaule, à voiler la réalité de ses convictions, qui sont tout autant mondialistes, immigrationnistes, soixante-huitardes que celles de la gauche. 

    L’ensemble de la « droite » partage en effet les mêmes valeurs que la « gauche ». Bachelot n’a-t-elle pas augmenté de près de 50% de la rémunération des médecins pour une interruption involontaire de grossesse ? De même, le 22 novembre 2011, des responsables UMP, confortés par Chatel, l’inévitable Bachelot et Copé himself, avaient lancé un appel en faveur du mariage gay, comme l’avait fait, du reste, le premier ministre anglais et « ultra-conservateur » !, David Cameron ». Sarkozy n’était pas défavorable, en 2006, à un « contrat d’union civique » pour les homosexuels, comme d’ailleurs, à la même époque, il louait le « métissage ».

    Il serait relativement dérisoire de mettre l’accent sur ces péripéties appartenant au champ « sociétal », si cher à la « nouvelle gauche » américanisée, si elles ne dissimulaient, avec la peur rhétorique du « socialisme » ou du « fascisme », les questions de fond engendrées par les choix économiques et internationaux, celle, notamment, de la nécessaire rupture avec l’emprise des marchés financiers et de leur bras armé, l’empire hégémonique américain. Malheureusement, les réflexes conditionnés et les connotations idéologiques ont joué bien plus que la raison. Les foules en liesse à la Bastille, le soir du 6 mai, indiquent assez éloquemment le degré de mystification qui sidère encore une partie des masses.

    Au même moment avaient lieu des élections, dans une Grèce qui ressemble à ces ruines qui jonchent son sol chargé d’histoire. Le pays a rejeté, en bloc, les partis de gouvernement, la Nouvelle démocratie et le Pasok, l’équivalent de l’UMPS. Les Grecs montrent, en ayant choisi majoritairement des mouvements protestataires, qu’ils ne sont plus décidés à se laisser berner. C’est là évidemment un avertissement pour la caste bureaucratico-financière qui est en train d’emprisonner l’Europe dans un carcan libéral à tendances dictatoriales. Le pays d’Homère n’est donc plus gouvernable, et il est probable qu’on s’achemine vers de nouvelles élections, avec l’accompagnement propagandiste et les pressions que l’on augure.

    Quoi qu’il en soit, comme deux photographies d’une évolution dans le temps de la situation européenne, nous avons dans le même instant un passé qui cherche à perdurer illusoirement, et un avenir plein d’amertume et de colère. Les Français doivent attacher leur attention à ce qui se passe du côté de la mer Egée, car ils seront bientôt face au même dilemme : ou se résigner à l’esclavage, ou se révolter, voire mener une révolution. 

    Qu’est-ce donc, au fait, qu’une révolution ? Un tel chamboulement n’est possible que lorsque se conjuguent trois facteurs : un effondrement économique, avec la misère, le désespoir qui en résultent ; une démoralisation ou un amollissement de la classe dirigeante, et enfin une prise de conscience, par le peuple, de ses intérêts propres. Nous aurons le premier, fatalement ; la seconde est incertaine, car la caste européenne qui nous ment est partagée, mais reste conquérante et sûre d’elle, d’autant plus qu’elle sait compter sur la puissance de son maître américain ; la troisième n’est pas acquise, et c’est ce qui nous reste encore à parfaire, si nous voulons vraiment être républicains.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 7 mai 2012)

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  • « The Artist ! » : la nouvelle superproduction électorale...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'artiste comique qui anime nos soirées électorales...

     

     

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    « The Artist ! » : la nouvelle superproduction électorale

    Il faut lui reconnaître un talent certain. Il sait y faire avec le public et les caméras. Il sait jouer les nominés, dans son costume sombre et élégant, sous les flashs et les projecteurs de la scène médiatique. Car, malgré sa petite taille, Nicolas est un excellent acteur.

    Un excellent acteur

    Déjà avant 2007 il avait très bien réussi dans le rôle de M. Sécurité, celui qui voulait nettoyer les banlieues au kärcher. Un bon western, dans le genre Justicier dans la ville avec Charles Bronson, qui l’avait mis en valeur auprès des spectateurs âgés, qui ne vivaient pas en banlieue justement.

    En 2007, ensuite, sa performance fut inespérée : il réussit à faire croire à une partie de la droite qu’il était son candidat et qu’il allait rompre avec l’immobilisme chiraquien : pensez donc, il avait employé le mot « identité nationale » !
    Mais il faut reconnaître aussi que les acteurs concurrents n’étaient pas à la hauteur et que la pauvre Ségolène, qui s’empêtrait dans le nombre de sous-marins nucléaires, faisait piètre figure face à l’homme de « la rupture ». Il fut donc nominé en 2007.
    Il joua ensuite pendant 5 ans l’hyper-président à l’Elysée. Ce fut son premier contre-emploi : il continuait de jouer les aspirants jeunes-premiers alors qu’il était dans le rôle du patriarche. On le voyait partout, à la différence des résultats. Ce fut un bide et il commença de lasser le public, qui se mit à rêver à de nouveaux visages.

    Mais voilà que, loin de se retirer, Nicolas candidate en 2012 pour de nouveaux oscars.

    Quel comédien !

    Pour ce faire Nicolas a renouvelé sa garde-robe et son look.
    Ainsi il a redécouvert le peuple français à l’issue de son premier mandat. Le faubourg Saint-Honoré fut son chemin de Damas, en quelque sorte.
    On le voit aujourd’hui faire les sorties d’usine et se promener dans les rues, pour parler avec les passants. Quel charmeur !

    Finis la « discrimination positive » et son souhait d’une « France d’après » où l’expression Français de souche aurait « disparu ». Non : ce qui l’intéresse, c’est la France de maintenant, et plus exactement celle qui va voter le mois prochain.
    Il aime tant le peuple qu’il lui promet beaucoup de référendums sur tous les sujets. Tiens ! Il propose même un référendum sur les chômeurs. C’est vrai que personne n’y avait pensé !

    Et puis, quelle conversion de la part de celui qui, sous la forme du pacte de Lisbonne, a imposé aux Français un traité qu’ils avaient pourtant refusé d’approuver par référendum ! Saint Nicolas se fait l’apôtre du référendum ! Quel comédien !

    Un acteur qui nous aime

    C’est que Nicolas a une qualité essentielle pour un acteur : il sait s’adapter à son rôle, à son public comme aux circonstances. On appelle cela « pragmatisme » en novlangue. En français on dirait plus trivialement que c’est un bon baratineur. Il sait nous dire tout et son contraire, avec sa belle voix : car il nous aime tant, nous autres les Français, qu’on voit bien qu’il cherche avant tout à nous faire plaisir. En tout cas, le temps de la campagne électorale.

    Il n’est pas du tout le président des riches. Il regrette, bien sûr, son dîner de victoire au Fouquet’s. Car il se soucie de la France qui souffre. C’est pourquoi il nous promet une « France forte ». Il veut aussi sauver notre modèle social : nos économies, notre sécurité sociale et nos retraites. Et, bien sûr, aussi, l’avenir de nos enfants. Ce n’est plus un candidat c’est un saint-bernard : il ne lui manque plus que le petit tonneau de rhum autour du cou.

    On finirait par oublier qu’il est au pouvoir depuis des années et que, si la France est faible, c’est sans doute aussi à cause de lui. Quel talent !
    Mais en campagne, Nicolas est dans son élément : il saisit le micro et ne le lâche plus. Le ministère de la parole, c’est son truc : il excelle dans le rôle de « crooner ».

    De très bons partenaires

    Il faut dire que dans cette superproduction électorale permanente, il a toujours eu d’excellents partenaires. Il dispose aussi des meilleurs producteurs d’effets spéciaux médiatiques.

    Des vedettes internationales comme Mme Angela ou Mister Obama lui donnent très bien la réplique : on finirait par croire qu’ils ont fréquenté la même école d’art dramatique !
    On voit sur tous les écrans le couple Angela et Nicolas déjouer tous les périls pour sauver en permanence l’euro menacé par les terribles Grecs. Mieux qu’Indiana Jones !

    Et puis il a aussi de très bons partenaires français.
    Comme Claude Guéant, par exemple, qui a succédé à Brice Hortefeux dans le rôle du méchant ténébreux : il dit plein de vilaines paroles pour complaire aux électeurs du Front national et exciter la gauche. Ou comme Nathalie, son porte-parole de campagne qui, elle, dit plein de mal de ces mêmes électeurs pour s’attirer les bonnes grâces des centristes ; elle est très bien aussi dans son rôle de la jeune ingénue qui ne connaît pas le prix du ticket de métro, la pauvre. Pas mal aussi, ce François Fillon, un excellent acteur du cinéma muet.

    Mais où est donc le public ?

    Pourtant cette année, le public semble bouder ce remake de 2007. Un remake où François a pris la place de Ségolène : c’est en effet nettement moins drôle que la première fois, même si Mélanchon fait quelques apparitions communistes burlesques.

    Dans cette nouvelle version du film électoral, la gauche fait, certes, des efforts pathétiques pour donner la réplique à Nicolas : pas un jour où elle n’annonce un nouvel impôt ou de nouvelles dépenses publiques ! Mais le scénario, pesant, est mal emmené et les spectateurs somnolent.

    Malgré la débauche publicitaire, dans les entrées, l’artiste Nicolas ne fait toujours pas recette.

    Les spectateurs français s’ennuient : ils espéraient Les Visiteurs III ou bien encore Bienvenue chez les Ch’tis II : on leur sert un pesant Titanic II, sur fond de crise.

    Ils connaissent d’avance la fin du film et en particulier qui va payer au bout. Cela ne les fait pas rire du tout et beaucoup, n’en doutons pas, partiront dès l’entracte.

    Michel Geoffroy (Polémia, 2 mars 2012)

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  • La France de Nicolas Sarkozy...

    Les éditions Desclée de Brouwer publient cette semaine La France de Nicolas Sarkozy, un recueil des chroniques de François Taillandier publiées dans le quotidien L'Humanité entre 2007 et 2011. Auteur de plusieurs essais, comme Les parents lâcheurs (Rocher, 2001), François Taillandier est aussi romancier et a, notamment, écrit une magnifique fresque romanesque en cinq volumes, intitulée La grande intrigue, parue chez Stock (mais en cours de publication en poche dans la collection Folio), que nous vous recommandons.

    Métapo infos a reproduit deux textes de cet auteur, «Pass contraception : just do it» et «Le bruit des baskets», que nous vous invitons à découvrir...

     

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    "2012 est une année d’échéance électorale importante pour la France : présidentielles, légistlatives, avec peut être une alternance en vue. C’est aussi l’occasion de bilans d’ordre politique, économique ou de société. À la croisée des chemins, notre société s'interroge sur ses options fondamentales.
    Mais qu’est donc devenu la France au cours du quinquennat de Nicolas Sarkoy ? En quoi a-t-elle changé ? Est-ce le pays du « Président des riches » pour reprendre le titre d’un récent best-seller ? Quelles sont les valeurs et les mentalités de ceux qui l’habitent ?
    En reprenant et relisant ses chroniques écrites pour le quotidien L’Humanité durant toute cette période, François Taillandier dresse un tableau vif et suggestif de notre société contemporaine."

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