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Films - Page 9

  • Duellistes !

     "Vous devez chercher votre ennemi, vous devez faire votre guerre, pour vos pensées !"   Friedrich Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra)

    Duellistes : un film sublime et d'une beauté à couper le souffle !... C'est, avec Blade runner, le chef d'oeuvre de Ridley Scott. Disponible en DVD et facilement trouvable, il est à voir absolument !...

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    "1800, en France… À cause d’une querelle futile dont l’origine deviendra avec le temps de plus en plus imprécise, deux officiers de l’armée napoléonienne, D’Hubert et Féraud (Keith Carradine et Harvey Keitel), vont s’affronter en duel à plusieurs reprises durant plus de quinze ans…

    Après avoir fourbi ses armes dans le domaine de la publicité, le réalisateur britannique Ridley Scott désirait ardemment faire ses preuves au cinéma. Sa deuxième tentative de convaincre un studio de financer un long métrage fut la bonne, même si on ne lui alloua qu’un budget minime et un temps de tournage restreint. Adapté du roman de Joseph Conrad, Le Duel, inspiré d’une histoire vraie, Les Duellistes fut tourné en Dordogne, sur les lieux mêmes de la véritable intrigue. Ridley Scott, épaulé par le chef opérateur Frank Tidy, s’est appliqué à créer une image d’une exquise beauté, jouant avec la lumière (à la manière de Stanley Kubrick dans Barry Lindon), afin de donner constamment au spectateur la sensation d’entrer dans un tableau (ce qui valut au cinéaste son surnom de Rembrandt du cinéma). Pour interpréter les deux hussards exaltés par un sens de l’honneur démesuré, Paramount avait imposé à Ridley Scott deux stars montantes de l’époque : Harvey Keitel et Keith Carradine. Devenu culte aujourd’hui, Les Duellistes a remporté le Prix du Jury à la première œuvre au festival de Cannes en 1977."
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  • Les Nazis de l'espace !...

    Iron sky, c'est le titre d'un film germano-finlandais qui, s'il ne s'annonce pas comme un chef d'oeuvre du cinéma mondial, devrait, néanmoins, rapidement faire parler de lui !... Réalisé par un certain Timo Vuorensola, qui s'était signalé jusqu'à présent uniquement par la réalisation d'un pastiche des films de la série Star Trek, il s'agit d'un film de science-fiction uchronique sur le thème du nazisme : les nazis qu'on croyait écrasés en 1945 ont conservé une base secrète en Antarctique, à partir de laquelle ils ont discrètement conquis la Lune à l'aide de soucoupes volantes, et en 2018, ils reviennent... On retrouve là des éléments classiques du "nazisme ésotérique" qu'a bien décrit l'historien anglais Nicholas Goodrick-Clarke dans Soleil Noir, publié aux éditions Camion noir, et qui constituent la matière des romans du nostalgique allemand Wilhelm Landig. Evidemment, on ne s'attendait pas à retrouver tout ces ingrédients dans un film dont l'esthétique kitsch risque de faire un peu tousser... et dont l'humour au deuxième degré ne sera peut-être pas compris par tous ! Pour se faire un idée, et rire un peu en imaginant l'article que Télérama publiera, on pourra utilement visionner les bandes-annonces ci-dessous et visiter le site du film...

     

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    "Alors que la Seconde guerre mondiale touche à sa fin, l'officier SS Hans Kammler fait une découverte scientifique majeure sur l'anti-gravité. A partir d'une base secrète en Antarctique, les premiers vaisseaux Nazis sont lancés sur la Lune à la fin 1945, dans l'espoir de trouver la base militaire baptisée "Schwarze Sonne", "soleil noir", située sur la face cachée de la Lune. Celle-ci fut construite pour servir de point de lancement à une puissante flotte aérienne d'invasion, lancée sur la Terre. 2018 : l'invasion Nazie peut enfin commencer, alors que le Monde court une nouvelle fois à la catastrophe... "


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  • Ecce Cantona !

    Pour ceux qui n'ont pas encore pris le temps de voir Looking for Eric, l'excellent film de Ken Loach, disponible en DVD, nous publions ici la recension qu'en a fait Mathieu Le Bohec dans la revue Eléments.

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    Ecce Cantona !

    Sur le premier plan du dernier film de Ken Loach, Looking for Eric (2009), Eric Bishop (excellent Steve Evets), dans l'espoir inconscient de se tuer, brûle le pavé à plusieurs reprises en sens inverse sur un rond-point. Il est vrai que dans le gris Lancashire, ce postier est dans une mauvaise passe. Ses deux beaux-fils glissent vers le banditisme, sa vie sentimentale est un désert et sa fille lui reproche de ne pas assumer pleinement son rôle de père. Soutenu tendrement par ses collègues de travail, notamment lors d'une hilarante séance de psychothérapie de groupe, il continue néanmoins à chavirer dans la dépression. Et ce jusqu'à l'apparition, issue des vapeurs de l'herbe fumée en solitaire, du mythe qui va le patronner et lui faire reprendre sa vie en main. Il ne s'agit pas de Joséphine Ange-Gardien, mais de l'idole qui tapisse sa chambre, le footballeur français légendaire du grand Manchester United des années 1990, Eric Cantona.

    Réputé dans sa carrière sportive pour ses buts audacieux, mais aussi pour ses douteuses formules philosophiques lors d'interviews et conférences de presse, Cantona parade dans le film en prophète génial et pétri d'autodérision. Au gré des SOS «cannabistiques» du facteur, Eric The King distille pour ce dernier, via des maximes au franglais pimenté, la force nécessaire à sa renaissance sociale et amoureuse. Cette reconquête passera également par la bienveillance désormais très active de ses collègues et amis, jusqu'à la scène finale violente, drôle et triomphante, consacrant l'idée de groupe et de communauté. Ken loach l'évoque ainsi: «C'est un film contre l'individualisme: on est plus fort en groupe que seul. Il est aussi question de l'endroit où vous travaillez et de vos collègues. Même si cela peut sembler banal de dire cela, ce n'est pas dans le vent de l'époque. Ou du moins ça ne l'est plus depuis trente ans. Ceux qui vous entourent ne sont plus vos camarades, ils sont vos concurrents.» Le groupe est donc ici perçu comme une contre-société combattante, qui échafaude ses propres armes pour résister aux estocades incessantes de la société libérale. Le précepte essentiel de cette dernière étant sans nul doute l'accomplissement d'une désocialisation absolue, où l'humble, même s'il se révolte, doit se retrouver seul.

    Ken loach excelle comme à son habitude et signe là une version souriante de Raining Stones (1993), où il était déjà question de la conservation de la dignité malgré tout. Il y aborde avec une poésie truculente les valeurs d'entraide et de solidarité de la common decency orwellienne, ainsi que la dimension christique des mythes populaires, ici un joueur de football, fondements de l'âme du peuple ouvrier anglais. Ces petites gens qui n'ont plus les moyens de s'acheter un billet pour le stade, qui macèrent dans la violence, mais qui tentent de garder la tête haute, le col relevé, comme Cantona après le but.

     

    Mathieu Le Bohec (Éléments n°133, octobre-décembre 2009)

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  • Triple agent

    Triple agent est le titre de l'avant-dernier film réalisé par Eric Rohmer. Nous reproduisons ici la présentation qu'a faite Michel Marmin de cette oeuvre dans Eléments à l'occasion de sa sortie en DVD (Arcades vidéo, 2008).

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    "Le public est passé complètement à côté de cet extraordinaire film d'espionnage d'Éric Rohmer, inspiré de la ténébreuse affaire du général russe blanc Miller, enlevé et disparu en 1937 à Paris, mais dont le héros était en réalité son adjoint, le général Skobline. L'histoire n'a jamais clairement établi le rôle de Skobline dont sa nièce, la charmante Irène Skobline, soutien dans le bonus de ce DVD qu'il fut manipulé.

    Dans sa transposition, Rohmer laisse planer le doute. Skobline travaillait-il exclusivement à la cause de la Russie blanche? Avait-il secrètement rallié le régime soviétique? S'était-il rapproché de l'Allemagne nazie pour mieux combattre Staline? Ce film d'une limpidité et d'une netteté formelles stupéfiantes est en réalité d'une extrême complexité, et il se « lit » à plusieurs niveaux. Niveau historique d'abord: Triple agent offre une passionnante description idéologique, politique et sociologique de la France du Front populaire. Niveau psychologique ensuite: l'histoire est aussi celle d'une épreuve très rohmérienne, le héros étant écartelé entre deux fidélités grosses de conflits, fidélité à son épouse et fidélité à ses engagements. Niveau philosophique enfin: tout le film repose sur une dialectique du libre arbitre et du destin. C'est tout simplement génial."

    Michel Marmin (Eléments n°115, Hiver 2004-2005)

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  • Le guerrier silencieux

    Un film de vikings pour lequel on évoque John Boorman, Werner Herzog, Andrei Tarkovski ou Ingmar Bergman, et qui bénéficie de critiques élogieuses du Monde à Rivarol, en passant par Bakchich et Novopress, ce n'est pas banal. Mais c'est pourtant ce que réussit Le guerrier silencieux, film franco-anglo-danois (dont le titre original est Valhalla Rising) du réalisateur danois Nicolas Winding Refn.

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    "Un bref rappel historique s'impose pour situer le contexte de ce film elliptique, aux dialogues réduits au strict minimum, et dont le personnage principal est muet. Eventration, décapitations hors champs, mais avec craquements d'os bien audibles : les Barbares qui s'y affrontent sont des guerriers fanatiques de l'an 1000, aussi patibulaires les uns que les autres. D'un côté des païens, Vikings navigateurs et pillards, de l'autre les mercenaires d'une christianisation forcée, aveugles justiciers de Dieu.

    Les historiens affirment que les Vikings auraient pu s'aventurer jusqu'en Amérique du Nord. En 1960, des archéologues y auraient découvert les traces d'un campement susceptible de leur être attribué, où une stèle pourrait avoir été élevée par eux. Les audacieux qui iront voir Le Guerrier silencieux trouveront là l'explication possible de la fin du film, où l'Antéchrist se sacrifie en arrivant sur un territoire peuplé d'Indiens, après avoir construit un monticule de pierres.

    Vous aurez compris que la signification de ce voyage initiatique n'est pas d'une limpidité extrême. Torse tatoué, cheveux en chignon, l'espèce de Superman borgne dont Nicolas Winding Refn nous invite à suivre le périple se libère de ses chaînes grâce à un enfant qui le suit comme un disciple, et accompagne sans se convertir des soldats de Dieu déterminés à rejoindre la Terre sainte afin de s'y enrichir. A l'issue d'une traversée vécue comme une malédiction (l'embarcation se retrouve perdue dans les brumes, immobilisée par l'absence de vent), les conquérants débarquent sur cette terre inhospitalière qu'il est permis d'identifier comme le Nouveau Monde américain.

    Dire que Nicolas Winding Refn réinvente le film de Vikings est un euphémisme. Ce film découpé en six chapitres est une odyssée poétique dans l'inconnu, le symptôme de la recherche de l'un des cinéastes actuels les plus intrigants qui soient, poussé du nihilisme vers une métaphysique qui rechigne à dévoiler ses codes. Portée par une impassible fascination contemplative, l'absurdité de la quête débouche sur une énigme dont les indices sont la majesté de la nature (sites sauvages, austères), le culte de l'épée (référence à Excalibur) et l'impossibilité pour le personnage principal de sortir du chaos autrement que par la mort.

    Hanté par le thème de l'enfermement physique ou mental, l'auteur de la trilogie Pusher poursuit ici une série de portraits de bagarreurs rebelles, portée au plus haut point avecBronson(2008), évocation d'un braqueur ultra-violent. Reflet probable de l'auteur, le héros borgne du Guerrier silencieuxest un prisonnier de lui-même en liberté, scrutant une raison d'espérer par l'oeil de la caméra. Il s'est avoué ensorcelé par Scorsese et Kubrick, mais sa référence semble être ici Werner Herzog et son Aguirre (1972).

    Dans ce film envoûtant, où les repères géographiques et temporels restent flous, où le réel se brouille au rêve en des visions rouge sang, un combattant traque au coeur des ténèbres ce qui pourrait lui donner une raison d'être. Aussi fracassante qu'elle soit, l'expérience physique ne le mène à rien. Emmuré dans son corps de gladiateur moyenâgeux, son salut réside dans le legs spirituel. En d'autres termes, Nicolas Winding Refn poursuit par le cinéma un but qui lui reste secret, et c'est ce mystère qui captive, comme la fulgurance d'une oeuvre d'art en gestation

    Jean-Luc Douin (Le Monde, 9 mars 2010)

     

    "[...]L'extrême lenteur du rythme, les obscurités du récit, son foisonnement de symboles et une complaisance certaine pour la violence ne font pas de Valhalla Rising une oeuvre aimable, au sens ethymologique du mot, ni d'un accès évident, mais pour ceux qui se laisseront tout simplement envoûter par la beautéfantastique des images et la présence inouïe de Mikkelsen, le voyage sera inoubliable."

    Patrick Laurent (Rivarol, 19 mars 2010)

     

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