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  • Un art de l'éternité...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer un essai d'Eric Michaud intitulé Un art de l'éternité - L'image et le temps du national-socialisme. Directeur d’études, Eric Michaud enseigne à l’ Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris (E.H.E.S.S.) et étudie les figures de l’homme nouveau qu’ont dessinées conjointement, au 19ème et au 20ème siècles, artistes, politiques et idéologues.

    Michaud_Art pour l'éternité.jpg

    " L'art ne fut pas sous le IIIe Reich un instrument de propagande au service d'un programme politique. Parce que le nazisme fondait sa conception du monde sur le mythe de la race supérieure, seule créatrice de culture, l'art fut au contraire la raison d'être et la fin d'un régime qui se présentait comme "la dictature du génie".

    Le réveil du peuple allemand à l'art de son passé prit la forme d'un réveil religieux, l'art devint l'objet d'un culte national et tout travail fut assimilé à l'activité artistique. Guidé par un Führer artiste, le peuple 'aryen' modelait sa propre figure, en dessinait les contours, éliminant son fond "parasite" pour atteindre l'éternité promise. "

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  • Que veut faire François Fillon ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation et l'analyse par Michel Drac de Faire (Albin Michel, 2015), le livre-programme de François Fillon, candidat des Républicains aux élections présidentielles. Comme toujours avec l'intéressé, c'est clair, posé et équilibré.

    Penseur non-conformiste, Michel Drac a publié dernièrement un essai intitulé  Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux Sources, 2015) et est également le fondateur des éditions le Retour aux Sources, qui publient notamment Piero San Giorgio ou Howard Kunstler.

     

     

                                         

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  • 2017: l'année de tous les dangers ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°12, janvier-février-mars 2017), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré aux enjeux de l'année 2017.

    Conflits 12.jpg

     

    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Le message des Anglo-Saxons, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Jean-Dominique Merchet. L'homme qui lève le "secret défense"

    PORTRAIT

    L'inquiétant héritage de Boutlefika, par Frédéric Pons

    ENJEUX

    Guinée-Bissau, un narco-Etat, par Tigrane Yégavian

    ENJEUX

    Le groupe de Visegrad. Une autre Europe, par Thierry Buron

    ENJEUX

    Micro-états, micro-puissances ?, par Didier Giorgini

    ENJEUX

    Géopolitique du droit américain, par Olivier de Maison Rouge

    ENJEUX

    Les États-Unis et les routes maritimes de la Chine, par Jean-Yves Bouffet

    TOUT LE MONDE CROIT SAVOIR QUE...

    L'arme atomique ne sert plus à rien !, par Pierre Royer

    IDÉES

    La géopolitique au service du libéralisme, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    Quand l'Angleterre inventait la diplomatie des droits de l'homme, par Charles Zorgbibe

    GRANDE BATAILLE

    Yorktown (1781). La France accouche les États-Unis, par Pierre Royer

    GEOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Brexit, Trump. Face à un monde de risque, la revanche des frontières ?, par David Simmonet

    GEOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Alain Juillet. Mondialisation : un combat au couteau

    GEOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Robin Rivaton. L'économie française face au défi du Brexit

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    "Vers l'Orient compliqué, je volerai avec des idées simples", par Pierre Royer

    LA LANGUE DES MEDIAS

    Trump, candidat des médias malgré eux, par Ingrid Riocreux

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Spécialistes, experts. La défaite de la pensée, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    La vérité sur le "royaume", par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Le Caire. La caserne et la mosquée, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : 2017. L'année de tous les dangers

    2017. L'année de tous les dangers, par Pascal Gauchon

    Europe : y a-t-il une vie après le Brexit et avec Trump ?, par Hadrien Desuin

    2017. Quelles menaces ?

    Lucio Caracciolo : Le chaos

    Gérard Chaliand : Nous-mêmes !

    Paul Coyer : Le risque financier

    Vers un nouvel afflux de "migrants" en Europe ?, par Julien Damon

    Troisième guerre mondiale ou querelle d’ilots ?, par François Godement

    La Corée du Nord : trublion ou véritable danger ?, par Jean-Marie Bouissou

    Vaincre l'Etat islamique et après ?, par Frédéric Pichon

    Ou va la Turquie ?, par Tancrède Josseran

    L'Afrique du Nord sous tension, par Bernard Lugan

    La menace djihadiste a-t-elle disparu au Sahel ? , par Olivier Hanne

    Ukraine, vers la victoire de Moscou ?, par Xavier Moreau

    Amérique latine. les lendemains qui déchantent ? , par Didier Giorgini

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  • Limites protectrices...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur Idiocratie et consacré à la question éminemment politique des frontières...

     

    No border.jpg

    Limites protectrices

    Au début de l'automne, quand fut annoncé le démantèlement du bidonville de Calais, cette jungle si éloignée des tropiques mais dotée d'un inimitable cachet post-moderne, il y eut, dans plusieurs villes de France, quelques défilés de militants soutenant la ligne des « no border ». A cette occasion, on put voir des manifestants brandir de grandes banderoles ornées du slogan « ouvrez les frontières ». Le surréalisme était dans la rue. Dans l'Europe de Schengen où les frontières sont béantes depuis des décennies, quoi de plus absurde, en effet, qu'une telle formule ! Elle n'en révèle pas moins l'inquiétude de toute une frange de l'opinion, ces dernières années, devant le retour des frontières dans le débat public.

    On sait à quel point le fantasme de l'ouverture tranquille a dominé l'Europe, depuis la chute communisme. Des habitudes de pensée se sont durablement établies. Une vision du monde benoîte, confortable, simplifiée. Des schémas et des sentiments. Or, voilà qu'apparaissent de fortes tendances en dehors de la voie à laquelle beaucoup s'étaient d'autant plus habitués qu'ils la croyaient définitive. Braves progressistes qui ne voient jamais la croisée des chemins, ni les bifurcations de l'Histoire ! Sous leurs yeux médusés, les peuples anglais et américains viennent d'exprimer leur souhait de voir, entre autres choses, revaloriser les frontières. Expressions de volonté politique qui semblent en outre appartenir à une vague de fond plus vaste puisque, selon l'analyste Jérôme Fourquet, deux tiers des opinions publiques européennes sont aujourd'hui favorables à une remise en cause des accords de Schengen, lesquels traduisent par excellence la volonté constante de nos dirigeants, depuis les années 80, de démanteler les frontières. Ceci malgré la propagande de masse qui n'a cessé d'accompagner toutes les décisions allant dans ce sens. Trente ans de prédication en faveur de la libre circulation en tous domaines pour en arriver là ! On comprend le désarroi des croyants les plus fidèles.

     

    Digue politique

    Enfermés dans la défense des droits individuels, ces adeptes de la foi transfrontiériste ne voient pas que, sous la question des frontières, se joue la survie du commun. De fait, une tendance se cristallise actuellement en Occident sur la question du respect des limites territoriales parce que ressurgit une vérité ancienne : de telles limites sont consubstantielles à l'existence de toute communauté politique et donc d'abord, point capital, à l'exercice de sa volonté propre. C'est en effet en vertu de cette volonté commune que les populations se rebiffent aujourd'hui contre les choix unilatéraux qu'on leur impose et qui touchent à leur être même. Quand s'affermit le souhait de ne plus subir, la lucidité revient et la frontière apparaît comme un enjeu déterminant, celui du pouvoir de la communauté souveraine face au pouvoir des oligarchies. On redécouvre alors que cette frontière constitue une ligne d'appui, une digue politique, pour faire face aussi bien aux menaces liberticides qui viennent d'en-haut (les oligarchies ne dominant que par la transgression) qu'à celles qui viennent d'en-bas, forces déferlant, dans un cas comme dans l'autre, sur le capital immatériel et matériel de la communauté, à la manière de fléaux. Devant la prédation des puissances d'argent et les masses humaines déracinées que celles-ci contribuent à mettre en mouvement sur le terrain, on comprend donc que l’on ne pourra opposer de barrage efficace que fondé sur le territoire.

     

    D'une limite à l'autre

    Dans les esprits, le désenfumage est donc à l'oeuvre, du Middle West américain aux vieilles nations d'Europe, et on commence à retrouver les liens fondamentaux entre territoire et volonté commune. Au regard de l'architecture civilisationnelle, il apparaît, de fait, que les limites dont une communauté politique donnée pourvoit un espace pour en faire un territoire renvoient directement aux limites englobantes de la communauté elle-même, à ses contours spécifiques, autrement dit au choix constitutif du groupe à partir duquel se définit qui en fait partie et qui n'en fait pas partie. Il est utile de le rappeler, ce rapport entre le bornage du sol commun et le bornage du groupe social est illustré notamment, avec la radicalité sereine propre aux Anciens, par le mythe de Romulus et Remus. La transgression du sillon fondateur est une menace pour l'existence de la communauté. Romulus tue donc Remus qui l'avait franchi par dérision et, ayant ainsi rendu sacrée cette limite, il devient le chef de la communauté. On ne saurait mieux faire entendre que celui qui est à même d'assurer le bien commun est celui qui défend avant tout la limite protectrice. Or, il s'agit bien là, non seulement de la limite territoriale mais aussi, et avant tout, de la limite anthropologique séparant les deux termes de la relation ami / ennemi, qui constitue la « distinction spécifique du politique » selon Carl Schmitt. De ce point de vue, il n’est guère étonnant que l'inaptitude toute contemporaine d’une part encore considérable de l’opinion à saisir ce qui est en jeu ici se traduise par de la méfiance devant la simple perspective d'une réhabilitation des frontières. Les sermons officiels ont fait des ravages durables chez les moins structurés. Chez ceux-là, on n'est pas prêt d'admettre que c'est la croyance infantile dans le « tous amis » qui empêche d'organiser des relations pacifique entre non-amis. 

     

    Distinctions claires ou empire du flou

    Aussi, en dépit du malaise croissant et des attentats sur notre sol, le fantasme de la grande fusion des peuples continue pour l'instant de faire obstacle à une plus large compréhension de cette traditionnelle distinction que l'on peut désigner ainsi: ami/non-ami. Distinction qui relève de la sagesse ancestrale des nations et que Schmitt n'avait fait que rappeler avec ses formulations propres (ce point précis prenant place, chez lui, au sein d’une réflexion puissante et originale, on le sait), après la rupture que constitua, en 1919, l'irruption des principes de Wilson sur la scène internationale. L'Histoire le montre à l'envi, une telle distinction représente l'une des conditions essentielles pour éviter que les non-amis, ennemi potentiels, se transforment en ennemis réels. Ceci en reconnaissant d'abord les non-amis comme tels (phase décisive où la limite est reconnue et assumée), puis à ce titre, comme des partenaires plus ou moins proches. C’est ce que recouvre la notion d’ennemi dans cette perspective. Envisager le conflit permet de le neutraliser, sans se soumettre pour autant. Tel est le vieux sésame ouvrant le champ précieux des bonnes relations. Et tel est le cadre raisonnable de toute diplomatie. Comme l’énonce Julien Freund dans le sillage de Schmitt, « la non-reconnaissance de l’ennemi est un obstacle à la paix ». 

    En somme, contrairement aux illusions que défend l’ancien premier ministre Dominique de Villepin, « Mémoire de paix pour temps de guerre », c’est la culture de la guerre qui constitue la véritable culture de la paix. Naturellement, il ne faut pas confondre cette classique culture de la guerre avec le bellicisme, comme le fait Villepin, étrange gaulliste, qui croit prendre le contre-pied du néo-conservatisme agressif de l’ère Bush en préconisant une diplomatie générale de l’apaisement. Pour cet apôtre de la conciliation abstraite, nul retour aux frontières ne s’impose. Il est vrai que lorsqu’on pense que les peuples n’ont pas de formes définies, on n’a pas de raison de songer aux limites précises de leurs territoires qui en sont pourtant la garantie cruciale. Là est le centre de la question. On promeut donc l’empire du flou, c'est-à-dire, en définitive, l'empire tout court, la logique favorable aux impérialismes.

    En effet, répondre aux dynamiques de domination de tous ordres, qu’elles soient le fait d’Etats, d’oligarchies financières ou d’une religion telle que l’Islam, par la politique impolitique de l’apaisement, selon la méthode tristement célèbre de Chamberlain, c’est tout simplement faire leur jeu. En l’occurrence, on semble avoir oublié en quoi consiste l’art d’obtenir l’équilibre le plus stable possible entre des forces. L’art politique, rien de moins.

    Sous ce rapport, il est intéressant de noter que pacifisme et impérialisme belliqueux constituent deux façons symétriques de ne pas reconnaître de non-amis, dont l’une se résume dans le « tous amis », l’autre dans le « tous ralliés à ma botte », deux manières de pratiquer abondamment la rhétorique de la paix (paix universelle irénique ou paix de soumission) et, de ce fait, deux types de rapports à la conflictualité qui se complètent souvent de la manière la plus tragique qui soit.

    Rappelons, pour finir, un évènement significatif qui eut lieu au XVIe siècle. Pendant la période troublée des guerres de religion, où certains critères d'appartenance à la communauté politique étaient devenus incertains, le jeune roi Charles IX, accompagné de la reine mère Catherine de Médicis, entreprit un long voyage dans le royaume, de 1564 à 1566. L'un des principaux buts de ce voyage était de visiter les frontières avec précision, en en suivant les sinuosités. Le roi effectua donc un « circuit », un « tour » (selon les expressions de l'époque) du sol français, réaffirmant ainsi de manière hautement symbolique les contours de la communauté politique, en crise, à travers les contours de son territoire.

    Des idiots (Idiocratie, 1er janvier 2017)

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  • Conversation avec l'éclair...

    Olivier Meyer a récemment publié aux éditions Bookelis, Conversation avec l'éclair, un pamphlet nietzschéen. Il est, notamment, déjà l'auteur de Nietzsche hyperboréen (Editions du Lore, 2011) et d'un Guide des citations d'Homère (Pardès, 2012).

    Le livre est disponible sur le site des éditions Bookelis.

    Conversation-avec-l-eclair.jpg

    "«Conversation avec l'éclair» est un pamphlet nietzschéen. Je l'ai écrit pour mes frères en Nietzsche,
    solitaires et fiers comme l'aigle, en lutte avec le parc humain. C'est un écrit de combat pour sauver l'âme européenne du néant moderne. "Où donc est l'éclair qui vous lèchera de sa langue ?" a écrit Nietzsche dans "Ainsi parlait Zarathoustra". Mais entre vos mains... "

     

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  • Russophobie et haine de Poutine : les chiens aboient...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son site J'ai tout compris et consacré au déferlement de russophobie provoqué dans les médias occidentalistes par les succès de la stratégie russe au Proche-Orient.

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    Russophobie et haine de Poutine : les chiens aboient

    En effet ”les chiens aboient, la caravane passe ”, c’est-à-dire que Moscou ne se laisse pas impressionner. La majorité des médias occidentaux a présenté l’intervention russe en Syrie comme une entreprise criminelle et impérialiste. C’est dans la logique stratégique de la diabolisation de Poutine ; le but est d’entraver le rétablissement de la Russie comme puissance internationale. Inventer une menace militaire russe, répéter que la Russie vit sous une dictature, prétendre que la Crimée a été annexée et l’Ukraine agressée – prétexte des sanctions occidentales, totalement contre–productives – tout cela fait partie d’une politique pensée dès 2011 pour relancer la guerre froide mais aussi pour contrer le ”mauvais exemple” idéologique que donne la Russie de Poutine : patriotisme, restauration des valeurs traditionnelles, refus de l’idéologie gaucho– libertaire, populisme, défense de l’identité nationale, etc. La nouvelle Russie incarne tout ce que qu’abhorrent les classes dirigeantes occidentales, oligarchies coupées de leurs peuples. (1)

    L’intervention russe en Syrie : mensonges et réalités.

    La reprise d’Alep par les troupes et les alliés chiites de Bachar el–Assad, aidés de manière décisive par l‘aviation et des détachements russes, a donné lieu à des accusations de « crimes de guerre » contre des populations civiles ; Vladimir Poutine a été accusé d’être le premier responsable, en tant que principal soutien d’ Assad. Ce dernier n’est certes pas un enfant de chœur mais il n’est pas pire que d’autres grands amis d’un Occident qui ferme par exemple les yeux sur les massacres que commet l’Arabie au Yémen. Les médias occidentaux ont exagéré, mensonges à l’appui, les exactions d’Assad, au cours de cette guerre civile, et caché des faits gênants.

    La propagande anti-russe a dissimulé que les massacres de civils, femmes et enfants, commis à Alep, ne l’ont pas été par les troupes d’Assad et ses alliés ou par l’aviation russe, mais par des tirs d’artillerie des ”gentils rebelles”, qui sont en réalité des islamistes fanatisés. Ils sont armés par les Américains, les Saoudiens et les monarchies du Golfe. Les assassins ne sont pas ceux qu’on croit.

    La Russie est clouée au pilori, alors que tout le monde sait bien que toute opération militaire aérienne – y compris celles que mène la France, sous le commandement du suzerain américain – donne lieu à des dégâts collatéraux. On n’a jamais accusé de « crimes de guerre » les dirigeant américains, alors que, depuis un peu plus de 70 ans, l’USAF a, au nom de la ”guerre juste”, commis le plus grand nombre de massacres de civils et de destructions de toute l’histoire. Les derniers en date concernaient la Serbie et l’Irak.

    Dans cette affaire, les États–Unis et le gouvernement français qui lui obéit prennent objectivement le parti de l’islamisme sunnite terroriste, qui devrait être l’ennemi principal. Il l’est en parole – par la bouche de M. Le Drian – mais pas dans les faits. Ivan Rioufol remarquait justement et courageusement : « la menace que fait courir aux démocraties le totalitarisme islamique mériterait une riposte qui ne vient pas. Au contraire : les ”rebelles” islamistes d’Alep–Est (Syrie), soutenus par Al–Qaida, le sont aussi par les États–Unis et la France, qui se désolent de leur défaite. Cette inconséquence hisse Vladimir Poutine, protecteur des chrétiens d’Orient ciblés par les djihadistes, en leader respectable » (Le Figaro, 16/12/2016).     

    Quant à l’ ASL (Armée syrienne libre) qui combat Assad, financée par l’Occident, il s’agit de troupes très louches, à la frontière du terrorisme islamiste, susceptibles de changer de camp comme de chemise. En voulant maintenir (pour l’instant…) Assad et les Alaouites au pouvoir en Syrie, la Russie joue la carte de la stabilité.

    Si les Russes n’étaient pas intervenus pour empêcher la chute d’Assad, la Syrie serait devenue un enfer islamiste. Assad aurait été remplacé par Dae’ch et le chaos fondamentaliste se serait installé. Avec toutes les conséquences que l’on devine en Occident.

    Provocations occidentales contre la nouvelle Russie

    Ce sont d’ailleurs les interventions américaines en Irak, qui ont déstabilisé le Moyen–Orient et favorisé l’islamisme. C’est depuis la chute de Saddam Hussein que les chrétiens d’Orient sont éradiqués. L’Occident, suicidaire, a allumé le feu, là où la Russie veut l’éteindre. À ce propos, il faut rappeler la genèse de la nouvelle guerre froide (voulue) entre les gouvernements européens et leur suzerain d’outre Atlantique et la Russie de Poutine.

    Après la chute de l’URSS en 1991, la Russie, dirigée par le faible Eltsine, en perte de puissance, a été dominée par les États–Unis qui cherchaient à la neutraliser et à la vassaliser. Le réveil russe, opéré grâce à Poutine, n’a pas été accepté par les dirigeants occidentaux. On a donc inventé une ”menace russe”. La stratégie choisie, élaborée par la CIA et les planificateurs de l’Otan – américains et européens obéissants– fut celle de la provocation. Avec deux cibles : la Géorgie et l’Ukraine. En promettant à ces deux pays, contrairement aux engagements pris envers les Russes en plein désarroi lors de disparition de l’URSS, de les intégrer dans l’Union européenne et dans l’Otan, en sachant que ces deux hypothèses étaient absurdes économiquement et stratégiquement.

    Le but de la provocation occidentale était seulement d’amener les Russes à réagir violemment, afin de créer un espace conflictuel. Mais cette stratégie a échoué, non seulement à cause de la mollesse et de l’indécision du président Obama qui devait gérer une situation décidée par d’autres que lui, mais aussi parce que le gouvernement de Poutine, contrairement à celui de Eltsine, a procédé à un redressement de la puissance russe et a décidé de ne pas se laisser impressionner et de ne pas céder.

    Trump et la Russie : promesses et contradictions

    Normalement, lorsque Donald Trump entrera en fonction fin janvier 2017, il rompra avec cette politique sournoisement pro–islamique, anti–israélienne et russophobe de l’administration Obama. Mais, il faut surtout espérer que, suivant son programme révolutionnaire de politique étrangère, il osera une convergence USA–Russie, en rupture complète avec la politique des États–Unis depuis 1945. Si Donald Trump tient parole et résiste aux puissantes forces qui veulent infléchir sa politique, ce rapprochement avec la Russie, virage à 90°, sera un bouleversement majeur dans la géopolitique mondiale. Très hostile à Pékin, le nouveau président américain, s’il est bien conseillé – car il ne brille pas par sa subtilité – peut créer un séisme : une alliance Washington–Moscou (Trump–Poutine) constituerait une redistribution mondiale de toutes les cartes. Avec, à la clé, la fin de l’atlantisme. Les castes politiques et médiatiques européennes seraient déstabilisées, ne sachant plus à quel saint se vouer. Un axe Amérique–Europe–Russie est au bout de cette logique qui passe au dessus des petits calculs des dirigeants européens qui seraient complètement dépassés. L’Europe est le maillon faible. Les promesses de Trump – comme je l’ai déjà dit dans ce blog– sont tellement porteuses de bouleversements fondamentaux qu’on se demande si elles sont sérieuses et si elles pourront être tenues.     

    Le sérieux problème auquel se heurtera Trump après sa prise de fonctions le 20 janvier est qu’il devra concilier sa volonté affichée de se rapprocher de la Russie avec l’implication de cette dernière aux côtés de l’Iran : coopération dans la guerre en Syrie, livraisons d’armes, etc. bref, relations au beau fixe. Car Trump, tout comme le gouvernement israélien, veut rompre avec la politique d’Obama favorable à Téhéran et dénoncer l’accord sur le nucléaire. Cette contradiction  – s’allier avec l’ami d’un ennemi – sera très difficile à gérer.

    Vladimir Poutine a récemment déclaré, voulant réinstaurer la Russie comme très grande puissance : « Nous devons renforcer le potentiel militaire de nos forces nucléaires stratégiques, en particulier avec des installations de missiles qui puissent pénétrer tous les systèmes de défense anti–missiles existants et futurs. » Allusion au ”bouclier anti–missiles” installé par les Américains en Europe centrale… Peut-être Poutine a–t–il voulu répondre à son imprévisible ”ami”, le futur président Trump, qui avait fait savoir, quelques jours auparavant, prenant le contrepied des positions d’Obama : « Les États–Unis doivent considérablement renforcer et étendre leurs capacités nucléaires, en attendant le moment où le monde deviendra raisonnable ». Il aurait confié à Mika Brzezinski de MSNBC : « Qu’il y ait donc une course aux armements ! On les surpassera à tous les coups et on leur survivra tous. » Bref, les choses ne sont pas claires.

    Le déshonneur du gouvernement français

    Les médias et le gouvernement français considèrent Poutine comme un affreux autocrate. En refusant de le recevoir à l’inauguration de la cathédrale orthodoxe de Paris, M. Hollande a commis une très grave faute diplomatique, obéissant probablement à un ordre venu d’outre Atlantique. Le président français n’a même pas humilié M. Poutine ou la Russie, c’est la France et son indépendance qu’il a humiliées. 

    Mais, dans le même temps, Ségolène Royal, ministre représentante de l’État, aux obsèques de Fidel Castro, a fait officiellement l’éloge de ce tyran assassin, petit Staline tropical. Donc Poutine est infréquentable pour l’État français, pas le criminel Castro.

    Le record de gaffes détenu par Mme Royal n’est pas en cause ; toutes les semaines, elle en commet une sur tous les sujets. Ce qui est en cause, c’est que la France, les gouvernements européens et l’UE, qui diabolisent le Kremlin, entretiennent d’étroites relations (intérêts financiers et corruption obligent) avec des monarchies du Golfe absolutistes et tyranniques, en fermant les yeux sur leurs exactions : notamment l’Arabie saoudite et le Qatar. L’adoration des ”droits de l’homme” est un culte à géométrie variable.

    Ambiguïtés et reculades de François Fillon

    François Fillon, qui espère être élu président, commence déjà à se démarquer de Poutine, après avoir pris une position pro–russe en demandant l’arrêt des sanctions et la reprise d’un dialogue avec Moscou. Il a été très gêné que le président russe fasse son éloge. Poutine avait qualifié Fillon, de « grand professionnel qui se distingue fortement des hommes politiques de la planète ».  François Fillon avait pris partie pour la Russie en reconnaissant que c’est le parlement ukrainien qui refuse de voter l’accord sur l’autonomie des parties orientales russophones de l’Ukraine. Mais très rapidement, il a reculé. Passer la marche arrière est une habitude chez ce ”pilote de course” autoproclamé.  

    Son porte–parole et conseiller, Jérôme Chartier, a cru bon préciser le 18 décembre : « ils se connaissent et se respectent mais ce ne sont pas des amis ». Être l’ ”ami” de Poutine est infâmant. Si M. Fillon est élu, on peut parier qu’il trouvera un prétexte pour changer d’option et ne pas exiger une levée des sanctions de l’UE contre la Russie.

    Le gagnant de la primaire a fait cette déclaration d’allégeance humiliante à Washington, empreinte d’une russophobie bas de gamme : « l’intérêt de la France n’est évidemment pas de changer d’alliance en se tournant vers la Russie plutôt que les États–Unis. […] Nous sommes les alliés des États–Unis, nous partageons avec les États–Unis des valeurs fondamentales que nous ne partageons pas avec les Russes et nous avons une alliance de sécurité avec les États–Unis, donc nous n’allons pas la remettre en cause » (débat télévisé du 24 novembre l’opposant à Alain Juppé). Quelle soumission… Et en même temps, le pseudo pilote de course parle de « retisser un lien avec la Russie et l’amarrer à l’Europe ». Il juge la politique de Hollande « absurde » qui « conduit Moscou à se durcir, à s’isoler, à actionner les réflexes nationalistes ». Il affirme  que la Russie, puissance nucléaire, est « un pays dangereux si on le traite comme nous l’avons traité depuis cinq ans . Propos contradictoires, où l’on change d’avis comme de chemise sans affirmer une véritable position

    Victoire géostratégique de la Russie

    Le 20 décembre, réunis à Moscou, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense russes, iraniens et turcs ont déclaré conjointement que « le combat contre le terrorisme » était leur objectif et non pas de renverser le régime de Bachar el–Assad. C’est un camouflet pour les États–Unis et l’Union européenne, pour qui l’expulsion d’Assad est un préalable, et qui n’ont même pas été invités à la réunion de Moscou. La victoire du Kremlin est totale puisqu’il a réussi à faire renoncer la Turquie à sa volonté d’éliminer Assad. Seul Poutine décidera de son sort. Sergueï Shoïgou, ministre russe de la Défense, a déclaré que les Occidentaux avaient tout faux, ayant totalement échoué au Moyen–Orient et « n’avaient plus d’influence sur le terrain ».

    La victoire de la stratégie de Poutine en Syrie et au Moyen Orient enrage les Occidentaux, d’autant plus que la Russie, par ce biais, a réussi à redevenir une puissance internationale pour tous les pays du monde. « Les Russes se substituent aux Américains comme grande puissance de référence de la région », note Renaud Girard en parlant du Moyen–Orient (Le Figaro, 20/12/2016).

    Les relations ”amicales ” entre la Russie et la Turquie sont factices et calculées. Les deux puissances sont rivales depuis des siècles, les Sultans contre les Tzars. Le Kremlin joue une carte machiavélienne vis–à–vis de la Turquie du néo-sultan Erdogan qui voudrait ressusciter la puissance ottomane. La Russie s’est réconciliée avec la Turquie malgré l’incident aérien où un avion russe a été abattu. Et l’assassinat d’Andreï Karlov, ambassadeur à Ankara, le 19 décembre, a peut-être des causes très louches et tortueuses, dans lesquelles le pouvoir turc est impliqué pour faire pression sur la Russie. Il est possible aussi qu’il s’agisse tout simplement d’une négligence du pouvoir turc, qui n’a pas su repérer le policier tueur. Ce qu’il faut retenir de cette partie d’échecs, c’est que la Russie a pu rallier à sa stratégie un pays pilier de l’Otan, la Turquie. Ce qui inflige un douloureux revers à la politique mondiale américaine. Le Kremlin a arraché à Washington un de ses alliés, pardon, un de ses vassaux.

    Mais bien entendu, le Kremlin n’a pas commis l’erreur de céder, comme l’UE, au chantage des Turcs pour admettre sur son territoire des centaines de milliers de réfugiés !   

    Pour le système, la menace russe est d’abord idéologique

    La Russie de Poutine est devenue l’ennemie (bien plus que la Russie soviétique !) parce qu’elle restaure et incarne des valeurs et des principes de patriotisme, d’enracinement et de traditions, honnies par l’idéologie dominante à l’Ouest. Poutine est détesté parce qu’il semble s’inspirer du Tzar Alexandre III, qui s’appuyait sur l’Église orthodoxe et le populisme (c’est–à–dire l’esprit du peuple) et pratiquait l’autorité souveraine. Les oligarchies occidentales ont la hantise de la démocratie directe ou ”césarisme”, ou encore ”populisme” – dont le bonapartisme et le vrai gaullisme furent des déclinaisons – qui menacent leur pouvoir.     

    Donc, la russophobie des castes politiques dirigeantes et des médias occidentaux s’explique pour des raisons idéologiques et non pas pour des raisons géostratégiques de menace militaire – totalement inventée– de la Russie. Ce dont ils ont peur, c’est que l’exemple du régime russe actuel, les valeurs qu’il défend n’influencent les opinions publiques occidentales, lassées par le décadentisme, et les dangereux partis ”populistes”. Le FN et d’autres abominables partis d’ ”extrême–droite” ne sont-ils pas pro-russe ? Paradoxe suprême : de même que pour l’ancien pouvoir soviétique, l’exemple du capitalisme occidental du ”monde libre” représentait un péril, de même, pour les pouvoirs occidentaux actuels, l’exemple du patriotisme et de l’idéologie identitaire de la Russie de Poutine constitue un très grave danger d’influence et d’encouragement des mouvements ”populistes” honnis.   

    Poutine dérange parce qu’il défend une idéologie patriote qui est détestée par l’hyperclasse médiatique, politique, ”intellectuelle” et culturelle occidentale, idolâtre du cosmopolitisme. Poutine et le gouvernement russe ne sont pas du tout ciblés par les oligarchies parce qu’ils représentent un régime tyrannique ou qu’ils risqueraient de déclencher une agression militaire contre leurs voisins. Personne ne croit à cette hypothèse stupide, même la propagande de l’Otan qui la diffuse pourtant en permanence. C’est encore moins crédible que l’attaque de l’Occident par l’URSS, menace agitée du temps de Brejnev. Poutine essaie de restaurer la dimension spirituelle de la souveraineté, héritée de l’ère tsariste, associant orthodoxie religieuse et pouvoir patriote fort. Avec le recours aux grandes figures historiques russes, comme le prince Vladimir, équivalent chez nous de Jeanne d’Arc. On comprend que cela soit diabolique aux yeux de la majorité de nos journalistes et politiciens.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 29 décembre 2016)

    (1) Voir autres articles de ce blog sur les rapports entre la Russie et l’Occident.

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