Les éditions H&O viennent de publier un essai de Pierre-André Taguieff intitulé Pourquoi déconstruire ? - Origines philosophiques et avatars théoriques de la French Theory.
Philosophe, politologue et historien des idées, Pierre-André Taguieff est l’auteur d'essais importants qui ont contribué à mettre à mal la pensée unique comme La Force du préjugé - Essai sur le racisme et ses doubles (La découverte, 1988), Résister au bougisme (Mille et une Nuits, 2001), Les Contre-réactionnaires : le progressisme entre illusion et imposture (Denoël, 2007), Julien Freund, au cœur du politique (La Table ronde, 2008), Du diable en politique - Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire (CNRS, 2014), Les nietzschéens et leurs ennemis - Pour, avec et contre Nietzsche (Cerf, 2021), Qui est l'extrémiste ? (Intervalles, 2022) ou Le nouvel âge de la bêtise (L'Observatoire, 2023).
" Qu’est-ce que la « déconstruction » ? Quelles sont les origines philosophiques de ce mot magique, brandi par tous ceux dont le but, déclaré ou non, est de criminaliser l’Occident en le réduisant à une expression du racisme, de l’esclavagisme, de l’« hétéro-patriarcat » et de l’impérialisme colonial ? Cette civilisation redoutable dont les proies seraient les peuples dominés, racisés, opprimés, et les minorités essentialisées en tant que victimes « systémiques ». Ainsi la civilisation occidentale se trouve-t-elle convoquée devant un nouveau grand Tribunal de l’Histoire pour répondre de ses crimes, imaginaires ou réels, et, surtout, elle est la seule civilisation à être mise au banc des accusés. Au croisement de la recherche universitaire et du militantisme politique, le décolonialisme, l’intersectionnalité, la « théorie critique de la race », la « théorie queer », la « théorie du genre », mais aussi le « wokisme », né d’une corruption idéologique de l’antiracisme et du féminisme importée des campus étatsuniens, se sont peu à peu diffusés dans les médias et dans la société tout entière grâce à une propagande violente et culpabilisante puisant dans un imaginaire victimaire. Dans ce livre incisif et documenté, qui part d’une réflexion sur la pensée de Nietzsche et sur ses mésusages par les disciples français de Heidegger, Pierre-André Taguieff analyse ces théories aussi foisonnantes qu’inconsistantes et dénonce l’émergence de ce nouvel esprit totalitaire qu’il faut se garder de réduire à ses effets les plus médiatisés, comme ces « déboulonnages » spectaculaires illustrant la violence purificatrice de la « cancel culture ». De fait, ce néo-puritanisme obscurantiste, inquisitorial et punitif représente, dans les démocraties occidentales, un défi majeur pour les défenseurs de la liberté d’expression, de pensée et de création. "