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Le raisin et les ronces...

Les éditions Pierre-Guillame de Roux viennent de publier un essai de Laurent Fourquet intitulé Les raisins et les ronces. Normalien, énarque, agrégé de sciences sociales, Laurent Fourquet a déjà publié L'ère du consommateur (Cerf, 2011).

 

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" Cet ouvrage prolonge la réflexion engagée par l’auteur depuis son premier livre, L’ Ère du consommateur, sur le fonctionnement des sociétés occidentales contemporaines dans lesquelles l’obsession de l’intérêt personnel, ce qu’il nomme la consommation du monde, a peu à peu dévoré toute autre considération, alimentant ainsi un nihilisme généralisé.

Ainsi ce livre parle de philosophie, et même de métaphysique, montrant comment l’oubli volontaire de la conscience tragique de la vie nous enferme dans un monde factice, occupé à nier la réalité de la mort, de la souffrance et du mal et vivant dans l’illusion qu’il peut tout contrôler et tout déterminer. A ce titre, c’est aussi une critique du modèle de connaissance que produit notre monde, persuadé qu’il connaît une chose lorsqu’il a opéré celle-ci de tout ce qui est vivant en elle pour la réduire à un objet inerte que l’on peut consommer.
Ce livre est aussi l’ouvrage d’un moraliste qui traque la présence de l’intérêt partout, et en particulier là où notre monde veut nous faire croire qu’il est parfaitement désintéressé : la morale et l’art, par exemple. Cette omniprésence de l’intérêt égoïste conduit à aplatir les individus, effaçant toute singularité effective pour ne plus laisser subsister que des différences anecdotiques. Le livre oppose à la morale de l'intérêt une morale de l'estime de soi, figurée par les saints et les héros, où la recherche constante de l'estime de soi se fortifie. À la dissémination de la vérité, à sa privatisation sous la forme d’une multitude de petites vérités individuelles, il oppose les exigences de principe d’une vérité qui vaut pour tous.

Enfin, ce livre est aussi l’ouvrage d’un styliste qui analyse l’esthétique du nihilisme contemporain, c’est-à-dire la traduction de ce nihilisme dans nos formes de pensées et d’actions, depuis le culte de la différence jusqu’à celui de l’opportunisme, mais aussi à travers notre pratique moderne de la politique et de la religion. Au style du nihilisme, il oppose les exigences d’un style résolument autre, se fondant notamment sur le christianisme baroque et l’Europe classique, où la création aristocratique de soi abolit le souci intéressé de soi.

Parce que ce livre est à la fois un traité du style et une dénonciation du nihilisme moderne, il privilégie le fragment et l’aphorisme, opposant ainsi à la dispersion indifférenciée, caractéristique de notre modernité, l’unité de la pensée dans la diversité de ses expressions. "

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