Philosophe, musicologue, étiopathe, mais surtout esprit libre et lumineux, Jean-François Gautier, que connaissaient bien les lecteurs d’Éléments ou les sympathisants de l'Institut Iliade, est mort dimanche 6 décembre.
Nous reproduisons ci-dessous le texte d'hommage publié par Breizh Info qui doit être complété par la lecture de ceux publiés :
- sur le site de la revue Eléments
Jean-François Gautier, un savoir universel contre l’universalisme
- et sur le site de l'Institut Iliade
Disparition de Jean-François Gautier
Avec Jean-François Gautier disparait un Pic de La Mirandole contemporain
Ce jour, notre ami et collaborateur Jean-François Gautier nous a quittés. Il a rejoint aux Champs Elysées les héros et personnes remarquables de la Grèce antique qu’il a étudiés et admirés avec passion depuis sa jeunesse.
Issu d’une vieille famille charentaise, né à Paris le 9 janvier 1950 où il passe ses premières années, Jean-François Gautier se retrouve en Normandie à Caen en 1965 quand son père devient directeur de la fabrication chez Moulinex en plein essor.
Il y obtiendra son doctorat de philosophie sous la conduite en particulier du professeur Jerphagnon à qui il vouera une grande reconnaissance pendant toute sa vie pour l’avoir initié à la culture grecque et romaine antique. Julien Freund sera un autre de ses maîtres à penser. En parallèle, il suivra des cours de musique, qui sera un autre domaine de son expertise.
Dès son enfance, il se prendra de passion pour la navigation en mer, qu’il pratiquera avec brio. De nombreux scouts bénéficieront de sa connaissance du monde marin.
Après son doctorat, il fera un service militaire de coopérant à l’université de Libreville au Gabon pendant un an comme enseignant. Cela lui ouvrait la porte d’ une carrière sans histoire de mandarin. Mais, sur place, Michel Combes lui fait découvrir le GRECE, école de pensée plus connue sous le nom de « Nouvelle droite ».
Est-ce la raison de son changement d’orientation ? A son retour, il ne s’engagera pas dans le cursus de professeur universitaire et se lancera dans ses propres recherches.
Son intérêt pour la culture le fera directeur d’édition puis directeur général des Éditions Atlas et journaliste du groupe Valmonde.
Ensuite, il élargira encore son champ de compétences en entamant de brillantes études d’étiopathie sous la houlette de Christian Trédaniel. Il quittera Paris et créera son cabinet d’étiopathe à Châteauneuf sur Charente, renouant ainsi avec ses racines familiales. Brillant thérapeute – il avait » l’intelligence de la main » -, il deviendra également enseignant de cette discipline et formera de nombreux confrères.
Nous l’avons connu quand nos enfants se sont retrouvés dans un mouvement scout dont il s’occupait. Au fur et à mesure de notre relation, Jean-François nous est apparu comme un Pic de La Mirandole contemporain, cet homme de la Renaissance exalté par la découverte des textes de l’Antiquité, qui avait la réputation de s’intéresser à tous les domaines de la connaissance de son temps.
Même si cela est devenu très difficile avec l’extension des études et des recherches depuis cette époque, la curiosité et le travail de Jean-François faisaient de lui un véritable puits de science. Nous ne sortions jamais d’une rencontre sans qu’il ne nous ait ouvert un champ de réflexion sur l’Univers, la vie, les peuples, les hommes. Chacun pourra en juger à travers tous les sujets de ses livres et de ses articles ou son entretien avec Paul Marie Couteaux sur TVL.
Outre sa participation comme journaliste à Valeurs actuelles, il collaborera à la revue Éléments, où depuis plusieurs années, il tenait la rubrique « Anti-manuel de Philosophie ». Il donnera aussi des contributions à la revue Nouvelle École créée par Alain de Benoist et à Antaios animée par Christopher Gérard. N’oublions pas les brillants articles publiés sur Breizh Info sur la musique, la médecine, les sciences etc.
Comme philosophe, le produit de sa réflexion sur la réalité du monde s’exprimera dans son livre consacré à la cosmophysique L’Univers existe t-il ? chez Actes sud en 1999. Celle sur la marche du monde sera développée dans son ouvrage Le sens de l’histoire, une histoire du messianisme chez Ellipses.
Il venait de publier un essai, « A propos des Dieux, l’esprit des polythéismes « , une sorte de testament, sur lequel Christopher Gérard écrit : « L’un des leitmotiv pourrait bien être « Pourquoi pas ? ». Pourquoi pas des correspondances entre Hermès et Hestia, entre Apollon et Dionysos ? Pourquoi ne pas faire le pari de la malléabilité, de l’assimilation et de l’identification ? Pourquoi ne pas comprendre le divin comme fluide, en perpétuel mouvement ? ».
Dans La sente s’efface (Éditions Le Temps qu’il fait,1996), il s’intéresse à la poétique du paysage.
Comme musicologue, il publiera des essais remarqués comme Palestrina ou l’esthétique de l’âme du monde en 1994 chez Actes Sud ou Claude Debussy, la musique et le mouvant chez Actes Sud en 1999.
Dans le domaine médical, il a notamment publié Logique et pensée médicale en 1991, Le syndrome CNV en 1993, Le système circulatoire en 1994.
Mais Jean-François n’était pas seulement un penseur, c’était un homme d’engagement qui se préoccupait de l’avenir de nos enfants. il a largement contribué à l’organisation de camps scouts. Plus récemment, il a été une cheville ouvrière de la création de l’Institut Iliade. Celui-ci a pour objectif de transmettre aux jeunes générations la culture millénaire de la civilisation européenne.
Enfin et surtout, en homme de la Renaissance, il aimait la vie et les rencontres. Sa maison de Châteauneuf était largement ouverte aux amis de passage, qui en profitaient pour bénéficier de ses soins d’étiopathe… et de sa cuisine qui était fameuse ! C’était un conteur riche de mille anecdotes, fruits de ses expériences multiples et de sa curiosité sans limite.
Jean-François nous manque déjà.
Nous pensons à ses enfants et petits-enfants auxquels toute l’équipe de Breizh Info adresse son affectueuse sympathie.
Thierry Monvoisin et Philippe Le Grand (Breizh Info, 6 décembre 2020)