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Itinéraire d'un insoumis...

 Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un essai de Danièle Masson intitulé Éric Zemmour, itinéraire d'un insoumis. Agrégée de lettres, Danièle Masson à notamment publié un livre d'entretiens, Dieu est-il mort en Occident ? (Guy Tredaniel, 1998).

 

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" Comprendre comment et pourquoi Eric Zemmour est passé de l’ombre à la lumière, c’est un des buts de ce livre. Zemmour pense souvent à lui quand il écrit sur les autres. Il rappelle « l’argument massue» de Chaban-Delmas à Pierre Messmer, potentiel candidat, en 1974, à la magistrature suprême : «Tu seras battu car tu seras mauvais à la télé!» Zemmour est bon à a télé, très bon. Détesté, adulé, jalousé pour cela même.

À quoi doit-il son sulfureux succès ? À sa dégaine de titi parisien, à son indifférence visible à sa manière d’être coiffé et vêtu, quand les élites médiatiques soignent leur brushing et leurs camaïeux ? À son absence de ressentiment, à ses éclats de rire même quand il vient d’être insulté ou prié de se taire ? À son sens de la repartie, à sa gentillesse pour les personnes et son exigence pour les idées ? Sans doute. Les Français reconnaissent en lui l’un des leurs ; il leur permet une identification sans risque, à valeur cathartique, dirait-on si l’on ne craignait d’être pédant.

Mais il y a autre chose. un art de la maïeutique qui rappelle Socrate. il nous délivre de ce que nous portions en nous sans parvenir à l’exprimer : « ce livre, dit-il du Suicide français […] a fait comprendre tous les enjeux et l’intensité de la guerre idéologique […]. Le public qui vient me voir […] comprend qu’il y a une vraie guerre culturelle, qui lui est menée frontalement […]. ils sont un peu comme l’inspecteur Bourrel […]. Bon sang, mais c’est bien sûr ! ».  Ce nouvel inspecteur Bourrel saisit le fil d’Ariane, le fil rouge, qui relie des événements que nous avons vécus éclatés, sans en comprendre la cohérence. Zemmour use de la pédagogie du détour chère à Jacqueline de Romilly. Il remonte à la fin de la Première Guerre mondiale, fait l’éloge de la parole prophétique de l’historien Jacques Bainville. Zemmour est démocrate, Bainville ne l’était pas. Mais il vivait dans une république qui n’avait pas rétabli le délit de blasphème. Zemmour en est victime, et assume son rôle de bouc émissaire : «Pour que la masse continue à se taire, il faut que certains soient condamnés. J’ai l’honneur, je dis bien l’honneur, d’être devenu une cible privilégiée».

Zemmour est rarement classé parmi les intellectuels. mais si, comme le disait Michel Foucault, la fonction de l’intellectuel est de diagnostiquer le présent, Zemmour est un intellectuel. il pense ce qu’il dit, il dit ce qu’il pense. Il voit sans chausser de lunettes idéologiques. Il court le risque d’intervenir dans la vie publique en s’exerçant à la pensée juste, c’est-à-dire ajustée, réajustée au réel, sans être dans la posture. Saisir la cohérence d’une pensée qui travaille à se déprendre de l’oubli, à mettre en perspective le présent, à lui donner une profondeur de champ par l’éclairage du passé, à refuser, en historien passionné qui n’en exclut rien, l’histoire hémiplégique, c’est aussi, c’est surtout le but de ce livre. "

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