Les éditions Lemieux viennent de publier un essai de François L'Yvonnet intitulé Apologie d'Ernst Jünger. Professeur de philosophie, François L'Yvonnet a notamment publié un essai polémique intitulé Homo comicus ou l'intégrisme de la rigolade, (Editions Mille et une nuits, 2012) ainsi que L'effet Baudrillard - L'élégance d'une pensée (François Bourin, 2013).
" « Une apologie d’Ernst Jünger s’impose. Une apologie – c’est le sens grec du mot – est un discours (logos) qui vise à lever (apo) une accusation, en montrant son absence de fondement. Comme dans l’Apologie de Socrate de Platon. Extirper les vieilles calomnies anciennement enracinées, colportées par la rumeur et la malveillance. »
Telle est la démarche de François L’Yvonnet qui entreprend l’exploration d’une personnalité sulfureuse : Ernst Jünger (1895-1998). L’auteur d’Orages d’acier, Sur les falaises de marbre ou de Journal de guerre est associé au nazisme, et notamment à Martin Heidegger et Carl Schmitt dont il fut proche. Ces trois-là illustreraient le « fond obscur de l’esprit allemand, dans sa grandeur, mais aussi dans sa dangerosité » (Habermas).
Si les deux intellectuels cités furent des militants encartés, ce n’est pas le cas de Jünger. Certes, rappelle l’auteur, Jünger a fréquenté les milieux nationalistes de la « Révolution conservatrice », des gens parfois peu recommandables qui, pour certains, joueront un rôle important dans le futur État nazi. Certes, il a pu écrire des lignes regrettables, tenir des propos ambigus. Certes encore servit-il, presque jusqu’à la défaite, dans les troupes d’occupation allemande, en France, sous l’uniforme de la Werhmacht. « Mais est-ce suffisant pour le clouer au pilori des pensées maléfiques ? Jünger est à part. Il faut, nous semble-t-il, le prendre tel qu’en lui-même : un auteur inclassable, contradictoire et déroutant. » "