Les éditions Pardès viennent de rééditer le premier essai de Pierre Drieu la Rochelle intitulé Mesure de la France, avec une préface Franck Buleux. Après Socialisme fasciste, Avec Doriot , Ne plus attendre, et Chroniques politiques (1934-1942) réédités par les soins des éditions Ars Magna, l’œuvre de publiciste de l'auteur de Gilles redevient accessible à tous.
" Au retour de la Grande Guerre, le sous-officier d’infanterie Pierre Drieu la Rochelle s’interroge sur la victoire des Alliés, dans laquelle il ne voit qu’un trompe-l’oeil. Jeune auteur de 27 ans, issu d’une famille nationaliste et conservatrice d’origine normande, il s’émeut des faiblesses de la France, posant ainsi les limites du nationalisme intégral, cher aux partisans de Charles Maurras. Démontrant l’incapacité française à se régénérer humainement, il s’interroge, au-delà du fait national, sur le devenir de la puissance des nations. Dans la première partie de Mesure de la France, il consacre de larges développements à la dénatalité qui frappe son pays, véritable suicide (un « crime », dénonce-t-il). S’il a fallu la moitié de la planète pour vaincre l’Allemagne, qu’aurait pu la France seule ? Dans la seconde partie de l’essai, le déclin démographique français l’amène à s’interroger sur la puissance des nations, fondée sur la seule notion de Production, stade final du besoin économique. Il cherche les responsabilités des acteurs institutionnels, politiques et religieux de l’époque. Pour sauver la France, il en appelle à de véritables « Alliances », fruits d’unions nationales, consenties sur un pied d’égalité en temps de paix, et non issues de guerres mortifères pour le continent européen. Cet essai annonce les prochaines œuvres de Drieu, Le Jeune Européen et Genève ou Moscou, dans lesquelles il fera clairement le choix d’une « autre voie », celle de l’Europe. Mesure de la France, tout en proposant des pistes de réflexion, n’en délivre pas moins un message pessimiste : l’Europe n’a pas vécu la « der des der », comme certains, les plus nombreux, aimeraient à le croire, mais la «Première Guerre». La suite de l’Histoire, avec la Seconde Guerre mondiale, lui donnera raison. "