Les éditions du Seuil viennent de publier Ce que l'argent ne saurait acheter, un essai du philosophe américain Michael J. Sandel, préfacé par Jean-Pierre Dupuy. Professeur de philosophie politique à l’université Harvard, Michael Sandel est un des principaux représentant du mouvement « communautarien » , qui s'oppose à la mouvance intellectuelle libérale.
" Nous savons bien que l’argent ne saurait tout acheter. Et pourtant, la marchandisation des biens et des valeurs progresse sans cesse. Mais c’est en Amérique que cela se passe, pensons-nous. Là-bas, les écoles en sont à payer les enfants s’ils ont de bonnes notes ; les entreprises paient les travailleurs qui font des efforts pour améliorer leur santé… Serions-nous à l’abri de ces dérives ?
Nous sommes en réalité déjà contaminés. Il est mal de vendre le droit de faire du tort aux autres. Pourquoi alors acceptons-nous l’une des mesures phares sur le changement climatique, à savoir le marché des droits à polluer, qui permet à certains d’aller au-delà de leur permis d’émission en payant ceux qui se restreignent davantage ?
Nous ne confondons pas l’amour vénal et l’amour tout court. Pourquoi alors acceptons-nous que l’INSEE inclue dans la richesse nationale le temps que les parents passent à s’occuper des enfants au tarif de la baby-sitter ?
Nous n’avons pas encore réfléchi à ce que devrait être la place du marché dans une société démocratique et juste. Ce livre, déjà un best-seller mondial, nous y aide puissamment. "