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Faut pas rire avec les barbares...

«J'ai bousculé les vieux pour mieux fouiller la maison, terroriser et ne pas risquer d'être surpris. Naturellement, je hurlais — c'est la consigne, la logique : on doit hurler. C'est à ce moment-là qu'elle est partie en courant. De la porte, j'ai lâché une courte rafale pour l'obliger à se coucher, mais mon chargeur s'est bloqué ; le temps de le dégager, et elle avait atteint l'orée du village et la diguette. Elle courait à petits pas pressés. Les gars se sont alors mis en position sur la lisière, doucement, en prenant bien leur temps, comme à la foire. J'ai vu une traceuse ricocher sur le petit corps et grimper en chandelle vers le ciel, comme une âme assoiffée de Dieu. Elle s'est arrêtée, comme essoufflée. Puis elle a encore fait deux ou trois pas, les bras ballants, avant de s'affaisser sur elle-même, dans ses vêtements, comme un suaire abandonné par son fantôme. Elle avait été jolie, fine, menue, comme seuls peuvent l'être ces merveilleux enfants du Viêt-nam. Elle n'était plus qu'un minuscule tas de vêtements. Il n'y avait plus d'intelligence, plus de beauté, plus de rire dans le monde. Elle avait tout emporté avec elle — tout l'amour, toute la joie de vivre — nous laissant seuls, sans idéal, sans victoire.»

 

Les éditons de la Manufacture du livre viennent de rééditer Faut pas rire avec les barbares, d'Albert Spaggiari, initialement paru chez Robert Laffont en 1977. Dans ce livre, Albert Spaggiari, bien connu pour avoir été le cerveau du célèbre "casse", par les égouts, de la Société générale de Nice, en 1976, raconte ses souvenirs de guerre en Indochine. Une chronique assez crue qui nous met dans les pas de guerriers, de soudards gouailleurs et sans illusions, et dans laquelle l'auteur apparait sous les traits du personnage de Bert...

 

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"Albert Spaggiari est connu pour avoir été le cerveau du « casse du siècle» de la Société Générale de Nice. Ancien soldat, écrivain et photographe, après une évasion spectaculaire, il aura nargué la police française durant sa cavale qui durera jusqu’à sa mort en 1989.

Faut pas rire avec les barbares ne parle ni du casse de la Société Générale, ni du grand banditisme, mais de la guerre d'Indochine. Spaggiari, ancien para d’Indochine, pioche dans ses souvenirs et dans ceux des soldats qu'il a connus là bas. Ce livre, rédigé à la prison de la Santé, où ses activités OAS l'ont envoyé plusieurs années après l’Indo, et bien avant le casse de la Société Générale de Nice, sera publié par Robert Laffont en 1977.

L'Indochine de Spaggiari, c'est un mélange de Schoendoerffer, de Platoon et du Malraux de La Voie Royale. Une guerre de soudard. Un des rares témoignages vécus de cette guerre oubliée."

 
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