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Quand l'européisme sentait le souffre...

Julien Prévoteaux, chercheur en histoire contemporaine à l'Université de Sao Paulo, au Brésil, vient de publier aux éditions François-Xavier de Guibert, sous le titre Un européisme nazi, une étude intéressante sur la pensée européiste développée pendant  la période de l'occupation allemande par le groupe Collaboration, présidé par Alphonse de Châteaubriant et dont l'activité était centrée sur l'organisation de conférences et de manifestations culturelles à travers la France. Un livre qui remet en cause certaines idées convenues...

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"Respectabilité morale et politique obligent, l'histoire de l'Union semble, d'un premier abord, aisée à retracer et sans ambiguïtés. Entre l'essor de l'idée d'Europe unie, les tentatives manquées de l'entre-deux-guerres, et sa concrétisation après 1945, l'expérience de la guerre sert de prise de conscience générale, prélude à l'unification. Les historiens traitant de l'européisme s'accordent sur ce schéma de la continuité de l'idée européenne, troublée un ultime moment par les dérives du nationalisme. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale n'a pas sa place dans l'idée d'Europe au XXe siècle. L'Europe nouvelle chère aux nazis est réduite à un instrument de la propagande allemande alors que la Résistance aurait préparé soigneusement ses projets unionistes et fédéralistes en attendant la défaite des pays de l'Axe. Cette image d'Epinal ne résiste pas à une analyse objective des faits et des idées. Il apparaît ainsi clairement que, dans la Résistance, le sentiment national prime généralement sur le sentiment européen : le projet générique d'" Europe des nations libres " en est le symbole. Son intérêt pour l'union du continent a été exagéré après guerre pour légitimer la cause européenne, les ennemis du nazisme semblent, à juste titre, profondément désorientés et méfiants devant cette idée d'Europe qui est l'axiome favori des partisans du Reich. En effet, à l'inverse, sur le continent unifié par les armes, officiels nazi et intellectuels engagés dans la voie de la collaboration sont, la source d'une réflexion intarissable sur l'Europe visant à définir ses contours et son identité, commentant sa future organisation politique, économique, juridique ou sociale. Le Groupe Collaboration se place dès sa création en septembre 1940 dans cette perspective. Il se veut un pôle attractif, principalement parisien, de réflexions et de promotion culturelle pour tous les intellectuels désireux d'ébaucher plans et projets d'une union européenne imminente, d'encourager le rapprochement franco-allemand et la solidarité continentale. Même si les plus ardents européistes d'aujourd'hui ne sauraient être assimilés à des groupes de pensée dévoyés, cette étude très documentée permet d'analyser l'idéologie européenne dans une perspective historique plus réaliste et, comme telle, nouvelle. Cette grille de lecture donne, de manière surprenante, des clefs pour mieux comprendre les enjeux qui se dessinent devant nous pour demain.
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