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sous-culture mondialisée

  • Rap, Cannabis, Mangas... Qu'avons-nous fait de nos enfants ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur A moy que chault ! et consacré à la déculturation de la jeunesse française.

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Rap, Cannabis, Mangas... Qu'avons-nous fait de nos enfants ?

    Les maux qui nous accablent ne viennent pas tous de l’extérieur, certains, hélas, nous rongent intérieurement et ces derniers sont peut-être plus terribles encore car plus insidieux et pernicieux. La déculturation de la jeunesse et son addiction aux drogues sont de ceux-là et font peser sur l’avenir de lourdes inquiétudes si ces tendances ne sont pas efficacement et énergiquement combattues.

    Ainsi, le rap, cette musique d’origine afro-américaine devenue le « mode d’expression » des cités de l’immigration de l’Hexagone, est-il devenu la musique la plus écoutée, et de loin, par la jeunesse française, quelle que soit son origine ethnique ou sociale. Ainsi n’est-il pas rare désormais de voir des minets de Passy se dandiner au son du « gangsta rap » made in Trappes ou la Courneuve, quand bien même celui-ci appelle-t-il à « bolosser les babtous » (tabasser les bancs) ou à « niquer la France ». Les rappeurs dominent aujourd’hui notamment les écoutes sur Spotify, l’un des plus gros fournisseurs de musique en ligne, en trustant l’intégralité des places du « top 10 » 2021.

    Ces « poètes de la rue » (pour Libé) sont notamment Jul, suivi par Ninho, SCH, Damso, Naps, Booba, PNL, Djadja & Dinaz, PLK et Nekfeu… Ils représentent collectivement des dizaines de millions d’écoutes. Un phénomène qui ne pourrait être qu’une affaire de « goûts » si, au-delà de la violence et du racisme anti-blancs de certains titres, ce « rap français » ne se révélait pas être d’une totale indigence (onomatopées, borborygmes, sous-argot banlieusard, éloge des drogues, du fric…) sombrant souvent dans la débilité pure et simple. Plus qu’inquiétant pour les neurones de ces millions de fans qui ingurgitent cette soupe émétique à doses pluri-quotidiennes !

    Parallèlement, on apprenait que le « chèque culture », ces 300 euros généreusement distribués par le gouvernement à tous les Français de 18 ans pour leurs « achats culturels », avait provoqué une véritable ruée sur les « mangas », les bandes dessinées japonaises, à tel point que certains libraires l’ont rebaptisé le « pass mangas ». Les mangas représenteraient en effet près de 80 % des achats réalisés grâce au dispositif gouvernemental. S’il ne s’agit pas de dénigrer cet art populaire nippon, dont certaines créations sont d’une grande qualité (mais les acheteurs en question ont plutôt tendance à se tourner vers les médiocres « bockbusters » comme One Piece ou Demon Slayer), cette tendance lourde démontre de façon criante la déculturation croissante d’une jeunesse coupée de la littérature classique, voir plus globalement du livre, et de la culture nationale et européenne.

    Pour parfaire le tableau, le baromètre santé 2020 de Santé publique France nous rappelle que le cannabis reste la drogue illicite la plus consommée en France et que son usage est largement banalisé notamment dans les couches les plus jeunes de la société.

    Ainsi, à 17 ans, plus de 40 % des adolescents indiquent en avoir consommé dans l’année, et chez les 18-24 ans, ils sont près de 26 %. La France est par ailleurs le pays qui compte le plus de consommateurs de cannabis parmi les pays de l’Union européenne.

    Cet accablant état des lieux ne peut pas être uniquement imputé à « l’époque », au matraquage publicitaire et médiatique ou à une quelconque « fatalité », il est aussi d’évidence le fruit d’une démission collective, notamment éducative et parentale. Il est plus que temps de réagir et la période de Noël peut justement être l’occasion, notamment au travers de cadeaux utiles et intelligents, de tenter d’orienter positivement les plus jeunes et de les éveiller à autre chose qu’à la sous-culture mondialisée dans laquelle ils se complaisent.

    Xavier Eman (A moy que chault ! , 3 décembre 2021)

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