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philippe bilger

  • Les snipers de la semaine... (220)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Justice au singulier, Philippe Bilger mouche le "judiciairement correct", à l'occasion du lancement du procès au long cours des attentats du 13 novembre 2015...

    Un procès de neuf mois, réponse au terrorisme ?

    Procès attentats 13 novembre 2015.jpg

    - sur Hashtable, H16 dézingue le passe sanitaire et les discours triomphalistes du gouvernement...

    Le pass sanitaire, cette réussite que le monde nous envie mollement

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  • Les snipers de la semaine... (219)

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    Au sommaire cette semaine, une claque qui fait du bruit... Avec les réactions de :

    - de Philippe Bilger, sur le site de Causeur

    Voilà ce qui arrive quand on se met “à portée de baffe des citoyens”…

    - d'Arnaud Florac, sur Boulevard Voltaire

    Macron giflé dans la Drôme : foule sentimandale

    - de Florian Philippot, sur sa chaîne Youtube

    Macron se prend une gifle

    - de  Christian Rol, sur Le Blog A Lupus

    Montjoie !

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  • Les snipers de la semaine... (218)

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    Au sommaire cette semaine :

    - Julien Rochedy dédicace son dernier essai, L'amour et la guerre, à quelques féministes médiatiques ou actives sur les réseaux sociaux. Attention aux rafales !...

    Cadeau toxique

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    - sur Justice au singulier, Philippe Bilger mouche Emmanuel Macron après sa pathétique opération de communication en direction des "jeunes"...

    Un président ne devrait pas faire ça...

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  • Soljenitsyne avait tout prévu !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur Justice au Singulier et consacré au déclin du courage dans la France d'aujourd'hui. Ancien magistrat, Philippe Bilger est notamment l'auteur de récits ou d'essais comme 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011) ou Contre la justice laxiste (L'Archipel, 2014).

     

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    Soljenitsyne, vous aviez tout prévu !

    Dans son discours de Harvard en 1978, Alexandre Soljenitsyne (AS) avait énoncé cette pensée forte : "Le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l'Occident d'aujourd'hui".

    Qu'aurait-il dit alors de la France de 2020 ?

    On me pardonnera de me glisser tout petit dans l'ombre de ce géant mais cela fait des années que dans toutes mes interventions, spontanément ou en réponse, je souligne que le manque de courage, singulier et/ou collectif, est la plaie fondamentale de notre pays, de ses pouvoirs et de sa démocratie.

    Je laisse évidemment de côté l'admirable courage de nos militaires qui risquent leur vie sur des terrains d'opérations où leur présence est nécessaire et, par décence républicaine, indiscutée.

    Même avec cette exclusion, il reste tant d'exemples de ce déclin pressenti par AS que je vais me livrer à un inventaire disparate mais qui peu ou prou sera à chaque fois caractéristique d'une faillite de cette vertu capitale.

    Un mot sur les mille épisodes de la vie sociale, de la sphère privée où l'invocation de la politesse, de la considération d'autrui et de la tolérance n'est que le masque qui sert à déguiser la faiblesse de la personnalité, son inaptitude à user d'une forme courtoise pour exprimer un fond vigoureux. Il y a une manière, dans nos existences, de dénaturer la courtoisie en la prenant comme prétexte à l'insignifiance.

    Mais le vrai, l'authentique courage est de ne pas hurler avec les loups après ou, avant, quand on est assuré d'un soutien majoritaire.

    Il est de ne pas systématiquement rétracter son opinion, sa conviction de la veille parce que la polémique, aussi injuste qu'elle soit, vous donne mauvaise conscience et qu'on préfère avoir tort avec beaucoup que raison tout seul.

    Il n'est pas d'avoir une liberté à géométrie variable et de l'adapter à la qualité et et à l'importance des contradicteurs, à l'intensité médiatique, à l'emprise de la bienséance, au souci moins de la vérité que de la décence imposée par d'autres.

    Il n'est pas de se sentir tenu par l'obligation impérieuse et lâche, pour justifier l'absence de crachat sur le RN, de révéler qu'on ne votera jamais pour lui ou, pour avoir le droit de parler librement de Vichy, de Pétain et de l'Histoire de cette période - comme Eric Zemmour récemment - de montrer patte blanche en précisant, ce qui va de soi pour lui, qu'on n'est ni négationniste ni révisionniste. Le courage est d'oser exister sans filet de sécurité.

    Le courage n'est pas de flatter la Justice en la persuadant qu'elle a la moindre légitimité pour trancher les controverses historiques en apposant sur elles les gros sabots d'une législation ayant sacrifié les nuances et la complexité.

    Il n'est pas non plus de haïr la personne au lieu de combattre ses idées et de se vautrer dans le sommaire d'un langage appauvri pour massacrer une civilisation du dialogue, de ressasser l'humanisme pour faire l'impasse sur ses exigences concrètes.

    Le courage n'est pas de dévoyer le "en même temps", de le faire passer d'un moyen de plénitude intellectuelle à la déplorable rançon d'un esprit qui ne sait pas assumer ses choix et leurs conséquences.

    Quand le président de la République, effrayé par ce qu'il a pourtant initié ou déclaré - par exemple pour l'écologie avec la convention citoyenne, contre la police lors de l'entretien sur Brut - dès le lendemain cherche à se sauver la mise, il est aux antipodes du courage. Le Beauvau de la sécurité, qui pourtant en soi n'est pas une mauvaise idée, est gâché parce qu'il est gangrené par la repentance.

    Par le désir pusillanime de se renier ou de proposer un événement seulement pour atténuer le choc de la démagogie antérieure.

    Le courage n'est pas non plus de prendre, par démagogie, les communautés les unes après les autres - "les jeunes puis le troisième âge..." - et de remplacer l'adresse à la France unie, aussi difficile que soit un verbe rassembleur, par une exploitation de ses "segments" (selon Arnaud Benedetti).

    L'autorité de l'Etat, impartiale et digne de ce nom est aujourd'hui une immense béance parce que les coups de menton sans effet servent une frilosité politique qui n'a pas à s'accommoder du réel, encore moins à combattre ce qu'il a de pire. Le courage a ceci de douloureusement honorable qu'il discrimine, stigmatise, sanctionne et n'attend pas forcément l'estime. Il est le contraire de ce dans quoi notre France, notre monde aiment se lover : l'éthique verbeuse, l'illusion de l'action.

    Je pourrais continuer à égrener, dans tous ces secteurs, social, politique, médiatique, culturel et judiciaire, les signes d'une démocratie qui non seulement n'essaie même pas, dans une tension éprouvante, de se mettre à la hauteur de cette splendide vertu mais la fuit parce qu'elle exige trop de soi, de nous, de ceux qu'on a élus, de ceux qui nous gouvernent, de celui qui préside.

    Soljenitsyne avait tout prévu et je n'ose imaginer la stupéfaction indignée de ce héros du XXe siècle face à l'état de l'Occident, au délitement de la France. 42 années ont passé depuis son discours de Harvard et son pessimisme d'alors est devenu la lumière sombre de notre temps.

    Faut-il, pour toujours, faire son deuil du courage ?

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 13 décembre 2020)

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  • Médias de gauche : un pléonasme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son blog Justice au Singulier et consacré à la domination de la gauche politiquement correcte dans l'espace médiatique. Ancien magistrat, Philippe Bilger est notamment l'auteur de récits ou d'essais comme 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011) ou Contre la justice laxiste (L'Archipel, 2014).

     

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    Médias de gauche : un pléonasme ?

    Quand j'ai lu que le patron de la BBC "recadrait les humoristes de gauche" (Le Figaro), j'ai fait un rêve. Que se passerait-il si l'audiovisuel public se piquait en France d'user de la même vigilance ? C'est très simple : il n'y aurait plus d'humoristes ou prétendus tels.

    J'ai pu, un temps, me laisser abuser en m'imaginant que le rapport de force était inversé et que le terreau médiatique avait changé de tonalité. Que la gauche "pour les nuls" n'était plus l'horizon indépassable au profit d'une pensée plus équilibrée et souvent plus intelligente. J'avais tort parce que tout m'a démontré, contre cette illusion, que je confondais le talent et l'aura de quelques voix libres et éclatantes avec une atmosphère générale.

    Je ne parle pas seulement de France Inter dont on se demande quelle est sa conception de l'esprit, du rire et de la drôlerie. Il ne s'agit même pas d'apprécier la qualité intrinsèque de chaque humoriste - je ne dénie à personne le droit de les trouver étincelants - mais de considérer comme leur approche du monde, de la vie, de la société, de la France et de la politique est toujours la même : une sorte de dérision vaguement progressiste, avec toujours les mêmes cibles, qui fait s'esclaffer, sur le plateau, les camarades et les invités.

    Pour s'en convaincre, il a suffi de constater les réactions qui ont suivi le départ de Jean-Pierre Pernaut. C'était une France chaleureuse, empathique, simple, dure au mal et silencieuse qui lui rendait hommage mais, pour d'autres plus rares, c'était bon débarras. Comme Eric Zemmour l'a très bien exprimé (CNews), l'émission "Quotidien" de Yann Barthès était l'exact opposé du journal rassembleur de Jean-Pierre Pernaut.

    Le navrant n'est pas qu'une dérision pas drôle, se prenant pour de l'intelligence, domine dans un certain espace médiatique mais que le conformisme de gauche irrigue profondément toutes les activités médiatiques en quelque sorte ordinaires. Il est par exemple très révélateur, quand on a le temps, d'écouter les questionnements sur plusieurs radios et chaînes de télévision pour relever, dans la banalité des interrogations, la subtile ou ostensible hémiplégie qui fait pencher à gauche faute de savoir ou de vouloir respecter un équilibre que l'honnêteté intellectuelle pourtant devrait imposer.

    On pourrait m'objecter l'audience croissante de quelques grandes voix - Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, Michel Onfray ou Alain Finkielkraut (pas sur le même registre), les avancées indiscutables et jalousées d'une chaîne comme CNews, le pluralisme sans tabou de Sud Radio qui monte et, quoi qu'on en ait, l'influence de certaines publications comme Valeurs actuelles.

    La droitisation qu'on leur reproche à tort, une liberté qui n'exclut pas - comme si c'était un péché mortel - ne sont, le plus souvent, au moins pour partie, que la riposte à une atmosphère insinuante de progressisme mou et jamais questionné qui, répandu à peu près partout, peut laisser croire aux citoyens que la seule manière honorable de s'exprimer médiatiquement est de se parer d'une apparence de gauche. En gros, la récusation de tout ce qui soutient, renforce, protège une société au bénéfice de tout ce qui subvertit, moque et fragilise.

    Mais rien n'est simple car, pour l'observateur de bonne foi, le talent a eu le front de déserter l'humus de gauche pour donner toutes ses chances à la dissidence libre et brillante. Suscitant une haine moins à cause de ses idées que pour le style qu'elle a.

    Il est littéralement insupportable, pour les petits maîtres du dialogue, du verbe et de la culture, d'être obligés d'admettre qu'en face, il y a quelque chose qui les dépasse et qu'ils n'ont pas : cette étincelle de l'esprit et des mots qui fait qu'on écoute, qu'on regarde, qu'on lit et qu'on est séduit même si on n'est pas forcément convaincu.

    Tentons, grâce à une opération de salubrité intellectuelle et de déontologie exemplaire, d'enlever dans l'espace médiatique tout le confort des poncifs de gauche, cet infra langage qui colore, imprègne, gangrène et dénature. Le résultat serait catastrophique : on ferait trop de malheureux !

    Parce que médias de gauche est un pléonasme et qu'on ne change pas une équipe qui perd.

    Philippe Bilger (Justice au Singulier, 20 septembre 2020)

     

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  • Qui ensauvage la France ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son blog Justice au singulier et consacrés  aux responsables de l'ensauvagement de notre pays, ensauvagement désormais évoqué, sinon admis, par les médias. Ancien magistrat, Philippe Bilger est notamment l'auteur de récits ou d'essais comme 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011) ou Contre la justice laxiste (L'Archipel, 2014).

     

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    Qui ensauvage la France ?

     
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    Je l'avoue : j'ai un peu peur de formuler cette interrogation. Je pressens les tombereaux d'insultes qui vont se déverser sur moi, notamment dans ce cloaque qu'est souvent Twitter, et dont la moindre sera l'accusation de penser et d'écrire comme le RN. Ce reproche sera grotesque mais il constituera, comme d'habitude, l'argumentation simpliste de ceux qui n'en ont pas d'autre.

    Mais qu'importe ! L'avantage décisif d'une vie intellectuelle libre et dénuée d'ambition officielle est qu'elle a le droit de tout se permettre et de ne pas récuser l'expression de la vérité au prétexte que celle-ci sera jugée indécente, provocatrice, scandaleuse.

    Laissons immédiatement de côté les débats périphériques qui n'ont généralement pour objectif que de vous détourner du questionnement central, de la problématique radicale.

    L'ensauvagement et le doute lexical s'attachant à ce terme ne seront pas mon sujet.

    Pas davantage que celui de l'existence débridée d'une délinquance et d'une criminalité qui augmentent, notamment dans leurs manifestations quotidiennes de plus en plus liées à une contestation de l'autorité, quelle que soit sa forme. Même les naïfs ou les humanistes en chambre n'auront plus le culot ou l'inconscience de discuter le fléau de cette réalité mais tout au plus celui de son ampleur.

    Le coeur de mon billet va concerner cette interrogation dominante mais toujours éludée : qui ensauvage la France ?

    Il me plaît de donner une interprétation élargie de cette dérive car elle ne se rapporte pas qu'à la matérialité d'infractions portant atteinte aux personnes et aux biens mais aussi à des comportements et à des propos qui participent d'une dégradation honteuse et, le pire, revendiquée de la politesse sociale et du respect humain.

    Qui a traité Eric Zemmour de sous-humain avant de retirer son tweet sous l'effet d'une réprobation générale mais de "pisser" sur lui et ses soutiens ?

    Qui a vanté la pratique de la polygamie et insulté la police en prétendant qu'elle massacrait des gens à cause de la couleur de leur peau ?

    Qui a agressé et tué Philippe Monguillot à Bayonne parce que conducteur d'autobus exemplaire, il avait voulu faire respecter l'ordre et la loi ?

    Qui, sans permis, sous l'emprise de la drogue, récidiviste, a été responsable de la mort de la gendarme Mélanie Lemée ?

    Qui à Seynod a insulté et agressé des chasseurs alpins faisant tranquillement leur footing ?

    Qui multiplie les refus d'obtempérer, se soustrait aux interpellations de la police avec des conséquences souvent dramatiques que leur mauvaise foi et le soutien médiatique imputeront systématiquement aux FDO ?

    Qui dans les cités et les quartiers sensibles se livre au trafic de stupéfiants, terrorise les résidents honnêtes, empêche les interventions de la police ou n'hésite pas à exercer des violences de toutes sortes contre elle ?

    Qui tend des guet-apens aux pompiers et à la police ?

    Qui s'en est pris à des citoyens rappelant l'obligation du masque dans une laverie ou ailleurs ? Qui est revenu, après s'être vu interdire l'accès à un bus à cause de ce manque, pour frapper le conducteur ?

    Qui a mis en branle une effrayante bataille de rue à Fleury-Mérogis où deux bandes armées se sont opposées pour une "embrouille" de drogue ?

    Qui sème la panique dans les centres de loisirs, comme à Etampes récemment ?

    Qui commet des cambriolages où on défèque sur le visage d'une victime de 85 ans, comme au Croisic ?

    Qui, en bande, se comporte dans l'espace public comme en terrain conquis, sans souci d'autrui mais avec l'arrogante certitude de l'impunité ?

    Qui vient, jour après jour, remplir la déplorable chronique des transgressions, des plus minimes aux plus graves ?

    Qui, pour tout et n'importe quoi, s'en prend aux maires au point que l'un d'eux, frappé, doit se satisfaire d'un rappel à la loi pour son agresseur campeur violent, l'anonymat systématique concédé aux transgresseurs laissant présumer leur origine ?

    Qui sont ces jeunes Français interdits de revenir à la piscine d'une commune suisse proche de la frontière française, parce qu'ils perturbaient la tranquillité du lieu ?

    Qui, majeurs ou mineurs, se livrent au pire au point que la majorité des citoyens prend acte avec accablement de ce qui se commet sur tout le territoire national et n'espère plus le moindre redressement politique et judiciaire ?

    On comprendra que ces interrogations sont de pure forme puisqu'à tout coup la responsabilité incombe à des fauteurs d'origine étrangère, maghrébine ou africaine, parés nominalement de la nationalité française grâce à un droit du sol qui n'a plus aucun sens puisqu'on l'offre mécaniquement à des générations qui haïssent ce cadeau et dévoient cet honneur.

    Sans oublier les clandestins qui se glissent dans ces bandes ou participent à ces exactions.

    L'infinie pudeur médiatique avec laquelle, dans neuf cas sur dix, on occulte les identités est la preuve la plus éclatante de l'écrasante domination de ces Français dans le tableau pénal national et dans les prisons, notamment en Île-de-France.

    Le refus entêté d'authentiques statistiques ethniques est également un indice capital qui explique la répugnance de la bienséance à prendre la mesure d'une réalité qui démolirait ses préjugés et sa bonne conscience.

    Est-ce à dire qu'il n'existe pas des voyous français de souche ? Assurément il y en a mais leur rareté est démontrée par le fait troublant que, si l'un d'eux est impliqué - une agression contre une mosquée à Bayonne par exemple -, on peut être sûr qu'on aura son identité complète, son âge, son passé judiciaire et sa structure familiale. Ces données sont si chichement communiquées dans les comptes rendus habituels qu'aucune hésitation n'est possible et l'appréciation quantitative vite opérée.

    Qui ensauvage la France ? S'accorder sur le constat que je propose ne permettra pas de résoudre magiquement le problème lancinant causé par ces jeunes Français d'origine africaine ou maghrébine et ces étrangers en situation irrégulière (il va de soi que tous ne sont pas à stigmatiser dans ces catégories) mais au moins ne nous voilons plus la face.

    On a trop longtemps refusé de répondre à cette interrogation, non pas à cause d'une quelconque incertitude mais parce que la vérité nous aurait encore plus confrontés à notre impuissance. Le désarroi d'une démocratie désarmée, répugnant à user de tout ce qu'elle aurait le droit d'accomplir, aspirant à l'ordre mais sans la force !

    Et terrorisée, depuis trop longtemps, à l'idée d'aller sur les brisées du FN-RN... Paradoxalement, et tristement, en refusant de lui donner raison sur ce plan, on ne lui donne pas tort assez vigoureusement pour le reste...

    L'ensauvagement que je dénonce et que j'impute n'est pas relié à la dégradation apparemment paisible mais insinuante, irrésistible, de notre vivre-ensemble à cause d'un séparatisme, caractérisé notamment par le voile et dont la finalité est plus politique que strictement religieuse. Ni à des modalités d'éducation ni à des politiques sans doute critiquables, comme le regroupement familial, qui ont favorisé la concentration de communautés en des lieux qui ont été rendus invivables et délabrés au fil du temps.

    C'est la perversion des attitudes individuelles que je mets en cause, au singulier mais le plus souvent au pluriel. La société n'est pas créatrice de ces malfaisances répétées de toutes sortes.

    L'immigration légale n'est pas coupable mais la clandestine contre laquelle jusqu'à aujourd'hui on lutte mal. Et, au sein de la première comme de la seconde, les délinquants déshonorant l'une et profitant de l'autre.

    Les solutions pour combattre cette réalité, après en avoir pris acte sans barguigner, imposeront, outre un courage politique de tous les instants et une politique du verbe sans complaisance, expulsions et éloignements à un rythme soutenu, une action équitable dans sa rigueur, une police et une gendarmerie accordées avec une justice sans faiblesse, une exécution des sanctions efficace et réactive et, surtout, le retour des peines plancher sans lesquelles la magistrature ne tirera jamais assez la conséquence de certains passés judiciaires.

    Rien de plus navrant, en effet, qu'un Etat sans autorité, une justice sans crédibilité et des FDO sans soutien.

    Il conviendra de remettre en discussion, dans un débat honnête, sans excommunication, le droit du sol. Envisager, aujourd'hui, dans une France éclatée, son effacement n'est ni inhumain ni contraire à une tradition dont les effets sont devenus dévastateurs. Ou alors continuons à révérer, contre vents et marées, celle-ci, et laissons l'ensauvagement de notre pays se poursuivre. Notre noblesse abstraite sera garantie mais non la sauvegarde de notre nation.

    On sait qui ensauvage la France. Ne fermons plus les yeux.

    Apeuré légèrement en commençant ce billet, je le termine en le jugeant nécessaire et, je l'espère, convaincant.

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 11 août 2020)

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