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judaïsme

  • A propos du 7 octobre 2023...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Bernard Pinatel, cueilli sur Geopragma et consacré à l'attaque de terreur menée le 7 octobre 2023 par le Hamas palestinien ainsi qu'à la riposte massive conduite depuis par l'état d'Israël, en s'interrogeant sur les causes de ces événements ...

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    Comprendre le 7 octobre 2023

    Un an après le 7 octobre 2023, tout et son contraire a été dit sur les causes profondes et les responsabilités qui ont conduit au massacre horrible de cette jeunesse israélienne par les terroristes du Hamas.

    L’analyste stratégique que je suis doit cependant s’efforcer de démêler et de hiérarchiser les faits et de mettre en lumière ceux qui m’apparaissent être les vrais déterminants de cette guerre qui meurtrit Israël, les territoires à ses frontières et qui peut déboucher sur une guerre régionale nucléaire.

    Deux enchainements de faits, parmi des dizaines d’autres d’importance plus secondaires, sont pour moi les facteurs déterminants du pogrom du 7 octobre, expliquent la guerre meurtrière en cours et m’amènent à considérer que la responsabilité de ce conflit est partagée ; l’aveuglement de certains dirigeants politiques israéliens et leur politique à courte vue y ont malheureusement une part.

    Le premier fait déterminant est la sous-estimation par l’Occident, en premier lieu par les Etats-Unis qui s’en sont servis, puis par les responsables politiques israéliens, du caractère radical et terroriste du Hamas, émanation de l’organisation des Frères Musulmans.

    Le but des fondateurs des Frères Musulmans, qui ont fait de la dissimulation de leurs objectifs, leur premier principe d’action stratégique[1], est double : à l’impératif religieux d’installer partout dans le monde des Etats Islamiques guidés par la Charia s’ajoute, dès l’origine du mouvement en 1933, une volonté géopolitique d’éradiquer la présence occidentale au Moyen-Orient et de s’opposer par tous les moyens à l’implantation d’un « Foyer Juif »[2] en Palestine. Cette volonté d’éradiquer Israël figure dans leur charte tandis que la complicité des « fréristes » avec le régime hitlérien durant la seconde guerre mondiale ne peut m’empêcher de penser que les actes barbares commis le 7 octobre 2023 y trouvent leur inspiration.

    Pour les Frères Musulmans, les juifs furent les premières cibles justifiant une mobilisation et un engagement face à la politique britannique d’implantation d’un foyer juif en Palestine. Cette opposition contre les britanniques et les juifs conduisent, dès le début des années 30, les leaders des frères à se rapprocher des nazis qui soutiendront financièrement l’organisation et leur propagande antibritannique et propalestinienne via un de leurs adeptes, le grand mufti de Jérusalem, Amin Al-Husayni. Sa persévérance et l’appui d’une grande personnalité musulmane locale, Hafiz Muhamed Pandza, un des leaders du clergé (Ouléma) de Bosnie, lui permirent de recruter 20 000 musulmans pour former la division SS « Handjar » en référence au cimeterre turc qui ornait son écusson. L’encadrement provenait de la division SS Prince Eugène[3]. De même dans le Caucase, durant leur avancée, les troupes nazies firent environ cinq millions de prisonniers. Hitler fut convaincu par Gerald Von Mende que beaucoup de ces minorités étaient prêtes à servir le Reich contre les Soviets. Hitler créa les « Ostlegionen » dans lesquelles près d’un million de ces prisonniers acceptèrent de servir, et parmi eux beaucoup de musulmans du Caucase qui permirent aux nazis de mettre sur pied deux autres divisions SS islamiques.

    Après-guerre, Gerhard Von Mende prit contact avec les services anglais et leur fit valoir que ses contacts dans les pays occupés par l’URSS seraient des atouts précieux dans la lutte contre les soviétiques. Avec l’aide des britanniques dont il devint un agent de renseignement, il créa à Düsseldorf le « Service de Recherche de l’Europe de l’Est » avec des anciens collaborateurs de l’Ostministerium, dont de nombreux musulmans.

    Le contrôle de la Mosquée de Munich devint vite l’objet d’une âpre bataille entre les anciens combattants islamiques du Caucase chapeautés par Mende et les Frères Musulmans, dirigés par Saïd Ramadan. La CIA semble avoir joué au début sur les deux tableaux, finançant les actions de propagande anticommuniste de Mende et aidant les Frères Musulmans qui s’opposaient à Nasser, soutenu par l’URSS avant de donner une préférence à ces derniers comme le montre la réception en 1953 par Eisenhower, dans le bureau ovale, d’une délégation des Frères Musulmans comprenant Saïd Ramadan.

    Ce dernier était le chef coordinateur d’organisations associées au Pakistan agissant pour la Ligue Islamique Mondiale ainsi qu’au sein du Jamaat-e-Islami[4]. Privé de sa nationalité par Nasser, Saïd Ramadan était arrivé en Europe en 1954 à Genève[5]. En 1958, il créait à Munich « le centre islamique » à partir duquel il constitua « une importante dynamique fédératrice qui rassembla et forma les jeunes musulmans issus des pays musulmans du Caucase et du Moyen-Orient afin de mettre en place de nombreuses « filiales » au Moyen-Orient (Jordanie, Arabie saoudite, Palestine…). »

    Ainsi, l’introduction du « frérisme » en Europe fut financé par la CIA et 70 ans plus tard il ne faut donc pas s’étonner de la montée de l’antisémitisme en Europe, diffusé par les réseaux des Frères Musulmans et leurs compagnons de route comme LFI en France et du soutien qu’y reçoit le Hamas.

    Les responsables israéliens qui ont voulu s’opposer, dès l’origine du projet, à la création d’un état palestinien ont repris à leur compte cette politique de manipulation des islamistes radicaux qui s’est retournée contre eux le 7 octobre 2023 comme l’avait été, le 11 septembre 2001[6], pour les Etats-Unis l’utilisation de l’islamisme radical contre les soviétiques.

    Le second fait déterminant se situe dans l’évolution de la société israélienne, de sa représentation parlementaire et de son gouvernement qui est désormais comme pris en otage par les mouvements religieux.

    Je date pour ma part l’accélération de cette évolution de société israélienne à l’assassinat d’Yitzhak Rabin, il y a presque trente ans. Pour moi, le jour de sa mort coïncide avec l’enterrement du projet des « deux Etats » qu’il portait avec la conviction intime du grand chef militaire qu’il était. Il estimait que c’était la seule voie de la paix durable pour son pays qu’il avait servi durant une carrière militaire exceptionnelle et que les partis religieux n’ont cessé de combattre pour des raisons liées à leur interprétation de la Torah.

    Yitzhak Rabin fut réélu Premier ministre en 1992. Cet homme exceptionnel qui, au couronnement de sa carrière militaire, fut le chef victorieux de la guerre des six jours savait que les Israéliens ne vivraient en paix que s’ils soutenaient le projet de création d’un état palestinien. Il acquit ainsi pour le monde entier un statut d’homme d’État providentiel et d’homme de Paix en signant les accords d’Oslo en 1993, facilitant ainsi la création de l’Autorité palestinienne et  cédant pour la première fois un contrôle partiel de certaines zones de la bande de Gaza et de la Cisjordanie aux Palestiniens[7]. Confiant dans l’aura que lui conférait son passé militaire, son prix Nobel et sa reconnaissance internationale, Yitzhak Rabin voulut, en 1995, franchir un pas de plus sur le chemin de la Paix et envisagea d’évacuer une petite enclave au centre d’Hébron, Tel Rumeida. Son projet fut immédiatement perçu par les extrémistes religieux comme une mise en danger des colons juifs.  31 jours avant sa mort, le 4 novembre 1995, devant son domicile, un groupe de rabbins prononça une prière appelée « pulsa denura » affublant Yitzhak Rabin du qualificatif de « rodef »[8] oubliant qu’il avait été le commandant en chef victorieux de la « guerre des six jours » qui rendit « la montagne du temple » à Israël[9].

    On ne sait pas si cette prière et ces différents édits furent les facteurs déclenchants de l’action d’Yigal Amir, l’assassin de Rabin. Ce qui est cependant sûr, c’est que lors de son interrogatoire, il déclara : « Si certains rabbins n’avaient pas prononcé ces jugements halachiques dont j’avais entendu parler considérant Rabin comme « din rodef », il m’aurait été très difficile de tuer. Un tel meurtre doit être soutenu religieusement. Si je n’avais pas eu ce soutien et si je ne représentais pas un certain nombre de personnes, je n’aurais pas agi. »[10] 

    En fait, les Israéliens séculiers, la vie et l’action politique en Israël sont désormais pris dans une tenaille qui se resserre inexorablement sur eux du fait de la démographie et dont ils ne pourront se défaire qu’à l’occasion d’une grave crise extérieure comme celle que vit actuellement Israël. Cette opinion est partagée par Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères qui a déclaré déjà en 2010 que « l’Etat juif avait été pris en otage par les ultra-orthodoxes »[11].

    L’une des mâchoires de cet étau est le « Goush Emounim » et les partis politiques qui supportent la colonisation de la Cisjordanie et de Gaza. Le « Goush Emounim » lie inexorablement religion et territorialité en prenant au pied de la lettre la promesse que Dieu aurait faite à Abraham de lui donner « l’Eretz Israël » (la Terre d’Israël) qui dans son interprétation maximaliste va du Nil à l’Euphrate englobant des régions de la Jordanie, de la Syrie et de l’Irak[12] . Ainsi, le mouvement de colonisation est pour ces croyants l’expression même de la volonté de Dieu.

    L’autre est composée des « haredins »[13], qui font peser une pression constante sur la société séculière israélienne pour qu’elle retourne vers une pratique religieuse plus rigoureuse.

    Cette domination des orthodoxes religieux rend incapable l’état israélien d’avancer dans la direction d’une solution pacifique du problème palestinien.

    En effet, le « Likoud » de Menahem Begin mit fin en 1977 à un demi-siècle de domination des partis de gauche ouverts à la négociation avec les palestiniens. Son programme reprit en effet les mêmes thèses et ferma la porte « de facto » à une solution négociée. Le Likoud ne cessera d’appuyer les initiatives du Goush Emounim visant à créer des dizaines et des dizaines de localités juives en Judée-Samarie et à Gaza.

    De leur côté le poids des « haredins » dans la société israélienne et à la Knesset ne fait qu’augmenter du fait de la natalité plus importante de leurs familles dont, selon le bureau central statistiques d’Israël, la croissance est de 4% par an (Actuellement ils sont 1.28 millions sur 9.45 millions pour le total de la population israélienne soit 12,5%, total qui devrait s’élever à 16% à la fin de la décade). Les hommes en âge de faire le service militaire en sont dispensé pour pratique religieuse ce que la Cour Supreme a condamné récemment.

    Enfin, la situation politique d’Israël, état démocratique, s’explique également par les particularités de son système électoral. Il s’appuie en effet sur une proportionnelle intégrale à un tour et dans une seule circonscription : Israël.

    Il permet ainsi à un parti obtenant seulement 2 % des voix d’entrer au Parlement. En conséquence, aucun parti ne peut atteindre seul les 61 sièges (sur 120) nécessaires pour gouverner et ce système confère en outre un poids disproportionné aux petits partis religieux sans lesquels aucune coalition à droite n’est possible.

    Aux dernières élections de 2022, les partis sionistes qui s’opposent à la politique des deux états ont encore progressé et disposent d’une majorité à la Knesset pour interdire toute autre voie. Ainsi Netanyahou, possède à la Knesset le soutien d’une majorité de députés (64)

    Le 7 octobre : conséquence de la sous-estimation de ces deux faits déterminants

    C’est donc, d’une part, la volonté dissimulée de l’organisation terroriste du Hamas, émanation des Frères Musulmans, d’éradiquer la présence d’Israël au Moyen-Orient appuyée par l’Iran et l’argent du Qatar conjuguée d’autre part, avec la politique d’affaiblissement de l’autorité palestinienne en favorisant le Hamas à Gaza, menée depuis 30 ans par les différents gouvernements israéliens pour discréditer la solution à « deux états » qui ont conduit au 7 octobre.

    Le chemin qui a mène à cette tragédie est long et sinueux et ce n’est pas mon propos d’en décrire tous les méandres. D’autant plus que Charles Enderlin qui vient de rééditer et de mettre à jour son livre paru en 2009 : « Le grand aveuglement : Israël et l’irrésistible ascension de l’islam radical[14]» le fait brillamment.

    Benjamin Netanyahu n’a fait que poursuivre la politique de ses prédécesseurs[15]. Il a hérité de la politique mise en place par Ariel Sharon d’évacuer Gaza sous la pression de George W Bush, d’en laisser de facto le contrôle au Hamas et de collaborer en Cisjordanie avec une autorité palestinienne affaiblie.

    Je reproduis ici les graves accusations de Charles Enderlin [16] de son avant-propos qui les explicite avec ses sources dans les derniers chapitres de son ouvrage : « Benjamin Netanyahu est devenu en quelque sorte le protecteur des chefs du Hamas interdisant _à six reprises- à l’armée et au Shabak (NDLR Shin Bet le service de renseignement intérieur israélien.) de les neutraliser… Il a autorisé le financement du Hamas par le Qatar, fermant les yeux sur les gigantesques investissements de l’organisation islamiste en Turquie[17] ».  En mars 2019 il a fini par s’en expliquer devant les députés de son parti : « Toute personne qui veut empêcher la formation d’un état palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas, le transfert de fonds au Hamas[18]. »

    En conclusion provisoire

    Au vu de cette histoire, la route vers un cessez le feu et la Paix ne peut donc venir que d’une prise de conscience par les citoyens israéliens que la poursuite « ad aeternam » de la guerre n’est pas une solution acceptable pour eux et pour l’avenir de leurs enfants. Cela passe par un retour à une majorité parlementaire qui ne soutienne plus la colonisation rampante de la Cisjordanie et veuille collaborer avec une autorité palestinienne réellement modérée.

    Les pressions extérieures désordonnées, comme celle formulée récemment par le Président Macron et les soutiens aux organisations terroristes sous des prétextes humanitaires, ne serviront qu’à faire durer ce conflit et à l’internationaliser avec le risque majeur, plus élevé qu’en Ukraine, qu’il ne débouche sur l’utilisation de l’arme nucléaire et la prolifération qui s’en suivrait au Moyen-Orient.

    Bernard Pinatel (Geopragma, 14 octobre 2024)

     

    Notes :

    [1] Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent, Jean-Bernard Pinatel, Lavauzelle, 320 pages, 2017

    [2] Terme employé par Arthur Balfour, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, qui demanda à Chaim Weizmann de rédiger une mouture de texte où la Grande-Bretagne entérinerait le principe d’une « Palestine reconstituée en Foyer national »

    [3] La mission de cette unité était d’éliminer les partisans dans la région des Balkans. La division fut décorée de six croix de fer. Elle fut responsable de nombreux crimes de guerre

    [4] Robert Dreyfuss, Devil’s Game, 2006, p. 73-79

    [5] Des preuves historiques suggèrent que M. Ramadan a travaillé avec la CIA. A cette époque, l’Amérique était bloquée dans une lutte de pouvoir avec l’Union soviétique, qui soutenait Gamal Abdel Nasser en Egypte. En tant qu’ennemi de Nasser, les Frères Musulmans semblaient être de bons alliés pour les USA. Un document du service de renseignement extérieur allemand, connu par sous son acronyme BND, prétend que les USA ont aidé à persuader la Jordanie de délivrer un passeport à M. Ramadan, et que « ses dépenses seraient couvertes par le camp américain. » Des diplomates suisses ont confirmé que les USA et M. Ramadan étaient proches. Selon un rapport diplomatique de 1967 des archives fédérales suisses, « Saïd Ramadan est, entre autres, un agent informateur des Britanniques et des Américains. » Ian Johnson, « How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam », The Wall Street Journal, 12.7.05

    [6]Ben Laden était aussi un Frère Musulman. Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent, op.cit.142 à 161.

    [7] Sous son mandat, Yasser Arafat renonce officiellement au recours à la violence et reconnaît Israël dans une lettre officielle. Rabin reconnaît en retour l’OLP le 9 septembre 1993. Autre fait marquant : Rabin signe un traité de paix avec la Jordanie en 1994. Le prix Nobel de la paix est décerné en 1994 aux dirigeants politiques qui ont permis les accords d’Oslo : Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat.

    [8] Rodef est un juif sur le point de tuer un autre juif ou d’aider à son meurtre : tuer un rodef permet de sauver une vie juive. Alors que le judaïsme interdit le meurtre de juifs, « Din Rodef est le seul cas où la halacha autorise un juif à tuer un autre juif« 

    [9] Lors d’un discours remarquable qu’il prononce sur le mont Scopus, à l’Université hébraïque de Jérusalem, Rabin évoque les qualités humaines et spirituelles de Tsahal : « les parachutistes qui se sont emparés du Mur occidental se sont appuyés à ses pierres et ont pleuré. Je doute que l’on trouve beaucoup de gestes aussi symboliques dans toute l’histoire de l’humanité. Nous avons gagné le droit d’être conscients de notre supériorité sans avoir pour autant méprisé nos adversaires. Notre armée est celle d’une nation qui aime et désire ardemment la paix mais qui est aussi capable de se battre avec courage lorsque ses ennemis la forcent à le faire. »

    [10] « Brother against brother », violence and extremism in Israel politics, from Altalena to the Rabin Assassination (Free Press, 1999) p277.Professeur en sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem, Ehud Sorinzak (décédé en 2002) était considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du terrorisme

    [11] Le Figaro, mardi 9 mars 2010, page 14.

    [12] « Quand le soleil fut couché, il y eut une obscurité profonde ; et voici, ce fut une fournaise fumante, et des flammes passèrent entre les animaux partagés. En ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abraham, et dit : Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate. »[12]

    [13] Les « haredins » vivent en quelque sorte en marge du reste de la société israélienne. Ils vivent dans une pratique religieuse stricte, refusent de certaines formes de la « modernité » et font preuve d’une volonté de séparatisme sociale : vêtements spécifiques, quartiers spécifiques, institutions religieuses spécifiques). Les haredins, cette dénomination provient du mot harada, le mot le plus fort en hébreu pour la peur. Le haredi est celui qui est « terrifié » à l’idée de violer une des 613 mitzvot .

    Depuis des décennies, les haredins qui sont en âge de faire leur service militaire ont eu la capacité d’éviter leur enrôlement en s’inscrivant dans des yeshivot, où ils étudient la Torah, et en obtenant des dérogations d’un an leur permettant d’échapper à l’incorporation jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge légal de l’exemption. Cependant la Haute Cour considère depuis longtemps cette disposition comme illégale et avait fait savoir, au mois de mars, que l’État devait cesser de subventionner les yeshivot.

    [14] Paris, Albin Michel, 2009

    [15] Début des années 2000, les Frères Musulmans desquels le Hamas est issu ont eu l’opportunité pour la première fois de prendre le contrôle d’un territoire. Le 17 aout 2005, sous la pression des Etats-Unis, Ariel Sharon annonce sa décision d’évacuer Gaza et les sept mille cinq cents colons qui s’y trouvent et accepte que l’organisation terroriste du Hamas participe à des élections et, le 25 janvier 2006, le Hamas obtient la majorité absolue au conseil législatif palestinien.

    [16] Charles Enderlin, le grand aveuglement, Albin Michel, 2024, page 8

    [17] Dirigé par le Frère Musulman Erdogan

    [18] Publié par le Times of Israël 8 octobre 2023...

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  • Julien l'Apostat et sa philosophie du paganisme...

    Les éditions du Lore viennent de rééditer un essai d'Adrien Naville intitulé Julien l'Apostat et sa philosophie du paganisme. Adrien Naville (1845-1930) a été professeur de philosophie à l'université de Neufchâtel, puis à l'université de Genève.

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    Flavius Claudius Julianus (vers 331-363), surnommé Julien l’Apostat par la tradition chrétienne, fut un empereur dont la vie témoigne sur l’opposition des païens à la nouvelle religion dans le monde romain du Ve siècle.

    Bien qu’élevé chrétiennement, il promulgua un édit de tolérance abolissant les mesures prises contre les cultes païens. Convaincu de la supériorité philosophique et religieuse de la Grèce sur la Palestine (le peuple hébreu n’a pas produit de philosophes), l’existence de « dieux nationaux » fut pour Julien une vérité scientifique, sans laquelle on ne peut expliquer la diversité et la fixité des caractères nationaux.

    Cette foisonnante étude qui était devenue introuvable, dévoile toute la complexité de la réflexion et de la foi de l’empereur Julien dont beaucoup réduisirent hélas sa pensée à son illustre formule : " Si le christianisme triomphe, dans deux mille ans le  monde sera juif. "

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  • Le CRIF, un lobby ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article que Pascal Boniface a consacré au CRIF et à son rôle de lobby à l'occasion de la sortie du livre de Samuel Gilhes-Meilhac, Le CRIF - De la résistance à la tentation du lobby.

     

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    Le CRIF, un lobby?

    Le CRIF est devenu un acteur central de la vie politique française. Son diner annuel est devenu l’un des évènements politico-médiatiques les plus courus, auquel assiste une très grande partie de la classe politique et qui réunit presque autant, voire plus, de ministres que le défilé du 14 juillet. Malgré cela, il fait l’objet de peu d’enquêtes, y compris dans les journaux, avides de révéler les dessous du et des pouvoirs. (cf. le nombre de couvertures que les news magazines consacrent chaque année aux francs-maçons !)

    Samuel Ghiles-Meilhac a réalisé sa thèse, sous la direction de Michel Wieviorka, sur l’histoire du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Il a eu accès aux archives du CRIF, à ses dirigeants. Il évite cependant le plaidoyer pro-domo et se montre parfois critique sans dépasser les limites de l’inacceptable pour l’institution qui l’a d’ailleurs invité à présenter son travail (Le CRIF, éditions Robert Laffont, janvier 2011, 356p).

    Ghiles-Meilhac retrace la création du CRIF pendant la résistance, ses débuts timides et fragiles, sa volonté initiale de montrer que le judaïsme français était déterminé à ne pas se laisser « entrainer à trop d’intimité avec Israël » (pour éviter les accusations de double allégeance). La rupture de 1967 ou la crainte de voir disparaître Israël, a conduit les juifs français à affirmer leur solidarité avec l’Etat Hébreu, affirmation renforcée par la rupture de De Gaulle avec Israël et la fierté d’une victoire militaire éclatante. Le CRIF cependant reste discret (le livre d’Harris et Sedouy « Juifs et Français » publié en 1979 ne le cite qu’une fois) et veut toujours éviter une confrontation publique avec les autorités françaises sur le Proche Orient.

    En 1976, pour bousculer les institutions, Henri Hadjenberg organise « les 12 heures pour Israël » où se pressent 100 000 personnes. Il attaque directement Giscard sur sa politique Proche Orientale et demande aux juifs de le sanctionner dans les urnes. Theo Klein prend la présidence du CRIF et veut le dynamiser Il crée le diner annuel en 1985 qui réunit 50 personnes. Le CRIF a de meilleurs rapports avec l’Elysée, Mitterrand est considéré comme judéophile, mais les efforts du CRIF pour empêcher la venue de Yasser Arafat en France en 1989 seront vains. Dans les années 90, le CRIF se fait l’artisan d’un rapprochement israélo arabe, soutient les accords d’Oslo, invite Leïla Shahid à son diner annuel et se sent soutenu nationalement dans son combat contre l’antisémitisme après l’affaire de la profanation du cimetière de Carpentras. Il ira même jusqu’à être en froid avec Netanyahou après l’arrivée au pouvoir de ce dernier en 1976. La reprise du conflit, les attentats du 11 septembre, l’augmentation des actes antisémites en France et l’élection d’un homme de droite décomplexé, Roger Cukierman, à la tête du CRIF vont changer la donne. Nicolas Sarkozy devient le héros du CRIF et ce dernier entend faire valoir ses vues publiquement et être entendu par les pouvoirs publics.

    À plusieurs reprises dans son ouvrage, Ghiles-Meilhac reproche au CRIF une attitude désormais trop suiviste à l’égard du gouvernement israélien et craint que cela l’isole et lui fasse perdre son influence. Il cite d’ailleurs les propos prémonitoires de Raymond Aron qui déclarait en1980, devant le Congrès Juif Mondial « Quel que soit le parti israélien (ou la coalition) au pouvoir, les représentants officiels des communautés soutiennent la politique du gouvernement israélien. Cette situation ne me paraît pas saine. Les juifs de la diaspora doivent avoir sur la diplomatie du gouvernement d’Israël, la même liberté de jugement que les citoyens d’Israël. »

    Il conclue son étude en se demandant si le CRIF est devenu un puissant lobby juif français. Il reconnaît que le terme « lobby juif » provoque des relations passionnées, rappelant les diatribes de l’extrême droite des années 30. Cependant Roger Cukierman lui déclarait lors d’un entretien en 2008 « le mot lobby ne me choque pas s’il s’agit d’utiliser des moyens légaux pour faire entendre notre voix, nous pouvons être un lobby. » Le terme, il est vrai, ne choque pas quand on l’emploie pour les fonctionnaires de l’industrie pharmaceutique, ou les agriculteurs. Peut-être serait-il temps de débattre de façon dépassionnée sur ce terme, ce que veut faire l’auteur. L’inverse n’est pas sain et loin de faire rempart contre l’antisémitisme, il peut au contraire le développer en accréditant la thèse d’un pouvoir tellement fort qu’on ne peut même pas l’évoquer.

    Ghiles –Meilhac, pour répondre à la question de la puissance du CRIF comme lobby, le compare aux institutions juives américaines (où le terme ne choque personne). Évidemment en terme de poids sur la détermination de la politique étrangère ou de moyens humains ou financiers, il n’y a pas de comparaison possible. Mais est-ce bien le bon paramètre, ou faut-il comparer le CRIF à d’autres institutions, non pas américaines mais françaises ? À ce titre, les 500 000 euros qui lui sont fournis chaque année par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, pour réaliser des études, constitue un budget conséquent. Ghiles–Meilhac estime que le CRIF a su se placer au centre des dispositifs de lutte contre l’antisémitisme. Il ne s’interroge pas sur ce que peut impliquer, à terme, cette sorte de délégation de pouvoir, ni sur la réalité du phénomène. Il ne cite d’ailleurs pas le livre très critique sur ce point de Guillaume Weil-Raynal, Une haine imaginaire, qui avait fortement déplu au CRIF.

    On aurait aimé plus de développement sur l’influence du CRIF sur la politique intérieure française. Pour l’auteur, le CRIF n’a pas réussi à peser sur la détermination de la politique extérieure française. Il cite pour exemple, le refus de satisfaire deux demandes du CRIF : faire entrer Israël dans la francophonie et accepter le transfert de la capitale à Jérusalem. On peut lui faire remarquer que même les États Unis ne reconnaissent pas un tel transfert. Si on peut lui accorder le fait que le rapprochement avec la Syrie et la réception de Kadhafi à Paris montrent les limites de l’influence du CRIF sur la politique étrangère française, on peut lui rappeler que Bernard Kouchner a publiquement reconnu que le changement de politique à l’égard de l’Iran était motivé par le désir de se rapprocher. Et si en effet le fait que Védrine ne prenne pas le Quai d’Orsay en 2007 n’était pas dû au veto que le CRIF y avait mis, cette intervention reste hors norme. Imagine-t-on quelle institution aurait pu émettre une telle demande sans déclencher un scandale ?

    De même, on peut regretter qu’il ne parle pas du trouble qu’a créé l’appel du ministère public dans l’affaire Halimi, ou les décisions de poursuivre en justice les militants qui préconisent le boycott de certains produits israéliens, deux décisions prises a la demande du CRIF. S’il évoque le cas du soldat Shalit, il ne parle pas de la différence de traitement avec le franco palestinien Salah Hamouri, moins soutenu par la France.

    Pascal Boniface (Le blog de Pascal Boniface, 21 avril 2011)

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