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henri guaino

  • La France va-t-elle craquer ?...

    Le numéro 71 du mensuel conservateur L'Incorrect est en kiosque. On peut notamment découvrir à l'intérieur un dossier central consacré à l'état de la France vu au travers d'un échange entre Jérôme Fourquet, Henri Guaino et Pierre Vermeren et des entretiens, notamment, avec Christian Petitfils et Patrice Jean, ainsi que les rubriques habituelles "L'époque", "Monde", "Idées", "Culture", et "La fabrique du fabo"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

     

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (54)

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    La revue de presse de Pierre Bérard (agrémentée par quelques citations)

    Au sommaire :

    Citation : « Le militantisme est une école, et l’une des meilleures qui puissent être. C’est une école de discipline et de tenue, d’exaltation et d’enthousiasme, une école de don de soi. C’est aussi un creuset d’amitié comme il y en a peu : avoir milité ensemble crée des liens qui perdurent dans le temps et, parfois, triomphent de tout ».

    Alain de Benoist, in Mémoire vive.
     
    Citation : « L’anti-américanisme est aujourd’hui devenu “anachronique”, a-t-on pu lire il y a quelques temps dans un hebdomadaire parisien. C’est tout à fait vrai. Il est toujours “anachronique” de refuser l’occupation du moment, de s’opposer à l’idéologie dominante, d’aller à contre-courant, de ne pas hurler avec les loups. Il était “anachronique” de faire de la résistance dès 1940. Il était “anachronique” de n’être pas stalinien dans les années cinquante, gauchiste dans les années soixante, social-démocrate dans les années soixante-dix, libéral dans les années quatre-vingts. Aujourd’hui, il est également “anachronique” – Nietzsche aurait dit “intempestif” ou “inactuel” – de ne pas accepter l’hégémonie américaine. Mais cette “anachronisme” est peut-être encore le moyen le plus sûr d’être au rendez-vous de l’Histoire. Christophe Colomb a découvert l’Amérique il y a un peu plus de cinq cents ans. Le moment est venu pour l’Europe de l’oublier et de se redécouvrir elle-même. »
    Alain De Benoist, "Critiques – Théoriques", L’Âge d’Homme, 2002, p.153
     
    Citation : « Le choix doit se porter sur le camp qui, dans la pratique, est objectivement le moins favorable à l’universalisme, à l’égalitarisme et au cosmopolitisme ».
    Alain de Benoist
     
    Citation : « Nul ne sait où commence et où s’arrête l’empire des libertés fondamentales, si prompt à accueillir le droit de changer de sexe au nom du respect de la vie privée, l’euthanasie légale, ou la gestation pour autrui. Si “mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde”, selon la formule d’Albert Camus, l’État de droit est le digne représentant de ces objets flous, mal identifiés, auxquels on peut faire dire tout et n’importe quoi, à condition qu’ils poursuivent l’extension du domaine du libéralisme sociétal. [...]
    L’État de droit est l’incarnation du rêve liquide de la modernité, qui ne voit dans les hommes que des consommateurs avides de reconnaissance. Des monades déracinées, réduites à leurs doléances névrotiques ou communautaires, dont les aspirations universalistes et républicaines fondent comme neige au soleil. Ou comment la course à l’inclusion mène à l’implosion de la démocratie. Le peuple a perdu face à l’individu. »
    Ghislain Benhessa, « L’état de droit ou l’implosion de la démocratie », dans le dernier numéro de Front Populaire
     
    Citation : « Jusqu’où l’extension et l’exploitation des notions de race, de classe et de sexe peuvent-elles aller ? Il semblerait qu’il n’y ait pas de limites à une vision victimaire et communautarisée des luttes. La convergence des luttes n’est qu’un fantasme qui donnera bientôt lieu à une lutte interne intenable. Le choc est inévitable. [...] Les néoféministes sont restées aveugles au péril islamiste, pire, elles s’en sont rendues complices. À vouloir épouser toutes les causes, on finit par n’en épouser aucune. [...]
    Défendre tous les “dominés” en mettant sur le même plan les différentes discriminations dont ils seraient l’objet conduira irrémédiablement à une concurrence féroce entre les opprimés. Trop de confusions internes minent l’édifice intersectionnel pour qu’il puisse se maintenir debout encore longtemps. Il y a fort à parier que des militants de bonne foi finiront par s’éloigner pour continuer à défendre des causes de manière cohérente... »
    Sonia Mabrouk, "Insoumission française", Éditions de l’Observatoire, 2021
     
    Une bonne critique de Netflix et de son progressisme à tout crin dans Le Point :
     
     
    Briefing hebdomadaire de Slobodan Despot du 5 août 2022. Il trace un parallèle entre l’épuration ethnique de la Krajina sebe par les Croates soutenus matériellement par les Américains en 1995 et la situation du Donbas depuis 2014. Dans l’un et l’autre cas les médias occidentaux firent silence sur cette actualité qui aurait pu (et du) heurter leur sensibilité à la question des droits de l’homme, mais il se trouve que les habitants de ces deux territoires étaient dans le mauvais camp, alors… :
     
     
    Emission de RT France sur le thème « Ukraine, la fin du quoi qu’il en coûte ». Avec la crise énergétique qui se profile cet l’hiver certains pays occidentaux sont 
    tentés de faire une pose dans leur aide à l’Ukraine dont de nombreuses armes livrées sont détournées par les mafias très présentes dans ce pays corrompu, ce qui est est propre à inquiéter certains gouvernements européens craignant de voir ces armes nous revenir dans les mains de réseaux terroristes :
     
     
    Article de Jacques Sapir sur l’incohérence de l’Union Européenne qui choisit de lier son destin économique aux approvisionnements  énergétiques bon marché de la Russie et prend ensuite tout un train de mesure de sanction à son encontre qui menacent par rétorsion ces mêmes approvisionnements :
     
     
    L’Allemagne dirigée par une coalition comprenant des « écologistes » choisit, après avoir renoncé au nucléaire sous le coup de l’émotion suite à la catastrophe de Fukushima, de remettre en marche ses centrales au charbon puis de remplacer ses importations de gaz russe bon marché et assez peu perturbantes  écologiquement par du GNL américain non seulement beaucoup plus coûteux mais dont les procédés d’extraction relèvent du désastre environnemental. Cette politique de gribouille fait des États Unis la première puissance mondiale d’exportation du GNL… :
     
     
    Bonne intervention de Nicolas Dupont-Aignan, député non inscrit, sur le plateau d’Élise Blaise. Il pense à propos de l’Ukraine que « les États Unis sont en train de tuer l’Europe » et que les élites européennes leur prêtent la main dans ce jeu mortifère : 
     
     
     
    Lalignement pavlovien des dirigeants européens sur les positions de Washington et sa logique guerrière pousse le vieux continent vers un désastre comme nous en avertissent, hélas vainement, Henri Guaino et Pierre Lellouche :
     
     
     
    Dans Valeurs Actuelles un article intéressant de Mériadec Raffray à propos de l’ « Ukraine, la nouvelle guerre américaine ». Il s’agit pour les États Unis de « saigner l’ours russe » jusqu’au dernier soldat ukrainien. Un risque d’engrenage où le États européens vassaux des Américains ont tout à perdre contrairement à la puissance impériale dont les échanges commerciaux avec la Russie sont négligeables :
     
     
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  • Quand la France fait son retour dans l'OTAN en catimini...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hadrien Desuin, cueilli sur le site de Causeur et consacré au discret retour de la France dans l'OTAN et son commandement intégré. Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr, expert en géo-stratégie, sécurité et défense, Hadrien Desuin collabore aux revues Conflits et Causeur.

     

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    La France (définitivement) de retour dans l’OTAN

    Le protocole de Paris ratifié en catimini

    Il y a des hasards du calendrier qui font bien les choses. Tandis que le conseil des ministres franco-allemands se réunissait à Metz, c’est dans l’indifférence générale que, jeudi dernier, l’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture le projet de loi gouvernemental relatif à la ratification par la France du protocole de Paris. Protocole qui depuis 1952 définit le statut des quartiers généraux militaires de l’Alliance atlantique et plus particulièrement de leurs personnels civils et militaires. Dénoncé en 1966 par le général de Gaulle quand la France s’était retirée du commandement intégré de l’OTAN, sa caducité avait contraint les troupes américaines à quitter le territoire hexagonal. C’est la procédure dite « accélérée » qui a été retenue pour cette restauration atlantiste en catimini. Selon la représentante du gouvernement qui s’exprimait dans un hémicycle dégarni, la signature de ce protocole proposera « un cadre attractif et cohérent à nos partenaires pour l’accueil de leurs personnels au sein de certaines structures militaires françaises ». Ce petit raccourci en forme de brochure touristique cache un revirement politique pas si anodin pour la gauche au pouvoir.

    Lorsqu’en 2008, Nicolas Sarkozy avait décidé de fermer la parenthèse gaullienne de la France en marge de l’Otan, il s’était heurté à une vive opposition parlementaire de la gauche. Le 3 avril 2008, François Hollande au nom du groupe socialiste avait déposé une motion de censure dont voici un extrait : « Nous nous opposons en second lieu à cette décision parce qu’elle a peu à voir avec l’Afghanistan et beaucoup avec l’obsession atlantiste du Président de la République et son projet de réintégrer la France dans le commandement de l’OTAN. En abdiquant son autonomie de décision militaire et stratégique dont tous les présidents de la Ve République ont été les gardiens, en abandonnant son combat pour le multilatéralisme, en oubliant ses ambitions d’un pilier européen de défense, la France perdrait sa liberté de choix dans le monde. Elle se retrouverait liée à une doctrine des blocs qu’elle a toujours récusée. »

    Huit ans plus tard, non seulement le gouvernement de François Hollande n’est pas revenu sur la décision de Nicolas Sarkozy mais il décide au contraire d’achever la mutation atlantiste de nos armées. Bien sûr, pour la représentante du gouvernement cet accord technique n’est qu’une formalité législative qui ne pose pas de problème politique. En gros, c’est un oubli de la majorité précédente qu’il était temps de rattraper. Circulez braves gens!

    « La ratification de ce protocole n’est pas une simple formalité », a pourtant estimé Bernard Debré. Selon un rapport de la commission de la Défense de l’Assemblée, le « protocole de Paris » pourrait concerner quatre sites en France : les quartiers généraux des corps de réaction rapide de Strasbourg, de Lille et de Toulon ainsi que le Centre d’analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes (CASPOA) installé à Lyon. Dans chacun de ces états-majors français, des officiers de l’OTAN vont pouvoir asseoir leur présence et ainsi s’immiscer un peu plus dans les activités militaires de la France. Sous couvert d’inter-opérabilité entre alliés, notre pays fusionne toujours un peu plus avec l’OTAN. Des états-majors aujourd’hui mais pourquoi pas des bases militaires demain? Au moment même où cette organisation, sous tutelle américaine, montre ses muscles face à la Russie, le protocole de Paris ne peut pas passer inaperçu.

    Ironie de l’Histoire, ce protocole  est ratifié alors que le gouvernement socialiste faisait mine de sceller la réconciliation franco-allemande dont le général de Gaulle fut un des bâtisseurs. Ce “moteur”, aujourd’hui quelque peu faiblard, avait pour objectif de contrebalancer le poids de l’Amérique en Europe. Déjà en 2009, le sommet franco-allemand de l’OTAN à Strasbourg-Kehl avait été l’occasion de mettre en scène le retour de la France au bercail atlantiste. Un retour en fanfare en échange de la promesse d’une relance de l’Europe de la défense. Or huit ans plus tard, ce fameux pilier européen de l’OTAN n’a jamais vu le jour. La poursuite de la réintégration complète de la France dans l’OTAN se fait donc plus discrète. Le bilan est accablant; en moins de dix ans l’organisation atlantique a coulé l’Europe de la Défense, absorbant ses derniers partisans. La France a bien obtenu quelques postes honorifiques d’état-major pour nos officiers généraux. Présenté comme l’un des deux grands commandements de l’OTAN, le chef de la transformation de l’OTAN (NACT) est désormais français. En réalité, ce titre ronflant n’est qu’un poste de réflexion et de contrôle de gestion. Créé en 2002, il n’a aucune responsabilité opérationnelle.

    Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le Parti socialiste n’ait pas fait de publicité à l’événement. Lors du vote, le perchoir a été élégamment laissé à Marc Le Fur, vice-président Les Républicains de l’Assemblée nationale. Claude Bartolone n’a pas considéré que cette commémoration, en forme de désaveu du cinquantenaire du retrait de la France du comité militaire intégré de l’OTAN, méritât sa présence. Histoire de noyer le poisson, la séance faisait côtoyer un texte sur le statut des autorités calédoniennes avec la réforme du système de répression des abus de marché. Le ministre de la Défense était retenu par ses fonctions. Ce qui l’a malheureusement empêché avec son collègue des affaires étrangères d’assister au vote de ce projet de loi fondamental pour l’organisation de nos armées. Et accessoirement de discuter avec la représentation nationale sur le nouveau positionnement de la France au sein de l’alliance atlantique. C’est donc Madame Ericka Bareigts, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité réelle qui a eu l’honneur de porter la voix du gouvernement . Et puisque visiblement, son emploi du temps n’était pas surchargé, elle pouvait bien assurer quelques remplacements fortuits à l’Assemblée nationale. Faute d’homologue allemande sans doute, sa présence à Metz n’était pas indispensable. Un bel exemple d’égalité réelle. Mais ce petit arrangement d’agenda avait ses raisons que le féminisme ne connaît pas.

    Du côté de l’opposition, les ténors de la droite ont également brillé par leur absence. Jean-François Copé, Christian Jacob, François Fillon ou Henri Guaino n’ont pas eu le temps de se déplacer. De peur sans doute de raviver les mauvais souvenirs de 2009. Le groupe LR était d’ailleurs divisé sur la question. Bernard Debré s’est frotté à Jean-François Lamour pour qui le plein retour de la France dans l’OTAN constitue sans doute la fin de l’Histoire. Le Sénat, dominé par Les Républicains, avait d’ailleurs voté sans difficulté début mars le projet de loi du gouvernement socialiste. Il était difficile dans ces conditions d’élever le ton contre ce qui s’apparente à une triste mise en bière du gaullisme par ses héritiers. Pour Nicolas Dhuicq, député LR de l’aube, « c’est l’indifférence, l’amateurisme et l’inculture générale sur les questions de Défense » qui explique que ce dossier ait été traité à la légère de part et d’autre. L’éternelle croyance qu’on peut bâtir une Europe de la Défense dans le giron de l’OTAN.

    Hadrien Desuin (Causeur, 12 avril 2016)

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  • Tour d'horizon... (58)

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    Au sommaire cette semaine :

    -sur Le Point, Dominique Dunglas évoquent les Forconi ("les Fourches"), le grand mouvement de révolte populaire qui secoue l'Italie sans que les grands médias estiment utile d'en parler...

    Les Forconi, les Bonnets rouges italiens

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    - sur son blog, Henri Guaino reproduit son intervention à l'assemblée dans laquelle il dénonce le renoncement des gouvernements successifs en matière de politique de défense...

    Intervention d'Henri Guaino à l'Assemblée nationale à propos de la loi de programmation militaire

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    - sur Causeur, Jean-Paul Brighelli revient sur l'esprit qui préside aux réformes entreprises dans l'Education nationale...

    Les mots pour le dire

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  • Mortelle cohabitation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Rouvillois, cueilli sur Causeur et consacré à la question de la cohabitation.Professeur de droit public à l’université Paris Descartes, Frédéric Rouvillois est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire des idées comme Histoire de la politesse (2006), Histoire du snobisme (2008),  tous deux diponibles en format de poche dans la collection Champs Flammarion, ou L’invention du progrès (CNRS éditions, 2010) et plus récemment, Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011).

     

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    Mortelle cohabitation

    Le problème de la cohabitation empoisonne la vie politique française depuis qu’en 1978, le président Giscard d’Estaing déclara qu’il resterait à l’Élysée en cas de victoire de la gauche aux élections législatives, et surtout, depuis qu’en 1986, Jacques Chirac, leader de la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale, accepta de devenir premier ministre de François Mitterrand en vue de la présidentielle de 1988, mais au risque, assumé, d’abîmer en profondeur la Ve république. Avec ses chausse-trappes, ses pièges innombrables, ses poignards dissimulés dans des bouquets, ses byzantinismes et ses non-dits, ses jeux tortueux autour de la lettre et de l’esprit de la constitution, avec le capiteux parfum d’hypocrisie qui l’accompagne toujours, on conçoit que l’homme de Jarnac, le plus florentin de nos chefs d’État, dût en raffoler. Mais on imagine à quel point la couleuvre fut dure à avaler pour un Chirac qui se donnait encore, à l’époque, pour un gaulliste pur sucre, et qui se vit obligé, à trois reprises, de sacrifier ses convictions sur l’autel de ses ambitions. Et tel est encore le sentiment que donne le plaidoyer pour la cohabitation qu’Henri Guaino a fait paraître dans Le Figaro du 24 mai.

    Interrogé par un journaliste qui n’y va pas par quatre chemins en lui demandant carrément si la cohabitation n’est pas nocive, celui qui fut jadis l’homme lige de Philippe Séguin répond, un peu gêné : « C’est aux Français d’en décider ! Je n’imagine pas leur dire : « Ne votez pas pour nous, parce que la cohabitation, ce n’est pas bien.» Ce qui serait nocif, ce ne serait pas la cohabitation, poursuit Guaino, ce serait que les socialistes aient tous les pouvoirs pour appliquer leur programme. » Donc, qu’il n’y ait pas de cohabitation, laquelle, par comparaison, lui paraît bénéfique… En acceptant de se présenter aux élections, Guaino se condamnait à prendre de telles positions. Pourtant, nul doute qu’au fond de lui-même, il ait bien conscience que, dans le cadre de la Ve république, une telle cohabitation serait désastreuse à long terme, et sans grand intérêt à brève échéance.

    A court terme, en effet, les bénéfices politiques d’une cohabitation seraient peu significatifs. Elle aurait évidemment l’avantage, et ce n’est pas rien, avouons-le, de permettre aux personnalités éminentes qui siégeaient dans le précédent gouvernement, les Frédéric Lefebvre, les Éric Besson, les NKM, les David Douillet, les Benoist Apparu, de retrouver les maroquins dont une décision inconsidérée des Français vient de les priver indûment; peut-être même permettrait-elle à François Fillon de retourner à Matignon, ce qui aurait au moins l’intérêt d’apaiser la guéguerre des chefs qui se profile à l’UMP. Mais sur le fond, une telle cohabitation aurait surtout pour effet de « rétablir un équilibre », comme le soulignent fréquemment les ténors de la droite modérée, c’est-à-dire, en clair, d’instituer au sommet de l’État une situation de paralysie. D’un côté, en effet, le président de la république se verrait effectivement privé de la plupart des fonctions qu’il assume en temps ordinaire, lorsqu’il dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale, et donc, d’un premier ministre et d’un gouvernement de la même couleur politique que lui. On retrouverait ainsi, pour cinq ans, la figure pathétique du roi fainéant telle que l’assuma Jacques Chirac entre 1997 et 2002. Mais en face, la droite modérée, majoritaire à l’Assemblée et en mesure d’imposer un premier ministre, se retrouverait elle aussi dans une situation inconfortable, dans la mesure où elle resterait par ailleurs minoritaire au Sénat.

    Dans ces conditions, elle ne pourrait pas réviser la constitution, et, par exemple, imposer la fameuse « règle d’or » : pour cela, il lui faudrait en effet l’appui du président et de la majorité du Sénat. Elle ne pourrait plus légiférer à sa guise par voie d’ordonnances comme elle en a pris l’habitude ces dernières années, les ordonnances exigeant la signature du chef de l’État. Elle se verrait, enfin, considérablement bridée en matière de politique étrangère et européenne, laquelle, même en période de cohabitation, relève en partie du domaine réservé du président. En somme, même à ne considérer que le court terme, une cohabitation ferait entrer la France dans un état de coma politique – jusqu’à ce que le Président se décide enfin à dissoudre l’Assemblée nationale. A tout cela, de bons esprits pourront évidemment rétorquer qu’une majorité de droite à l’Assemblée aurait au moins l’intérêt d’empêcher la gauche de réaliser son programme : certes, mais vu ce qui sépare objectivement le programme de la droite modérée post-sarkozyste de celui de la social-démocratie à la Hollande, on est en droit de se demander ce que cela change.

    Plus fondamentalement, alors que les avantages immédiats s’avèrent bien maigres, les inconvénients à long terme paraissent considérables – du moins, aux yeux de personnalités que l’on peut supposer attachées à l’héritage du général De Gaulle.
    Au regard du principe démocratique, d’abord, il paraîtrait assez choquant que le président, que la majorité du peuple vient d’élire afin qu’il puisse agir et gouverner, se trouve aussitôt dans l’incapacité d’assurer le mandat qui lui a été confié du fait d’élections législatives dont le résultat dépend largement des modalités du découpage électoral, des déséquilibres démographiques, de questions de lieux et de personnes, bref, des innombrables considérations locales ou conjoncturelles qui président à la désignation des 577 membres de l’Assemblée. Qu’on le regrette ou non, la valeur démocratique de l’élection présidentielle est sans commune mesure avec celle des législatives : c’est pourquoi il serait en définitive attentatoire au principe démocratique que celles-ci puissent invalider celle-là.

    Mais le pire est ailleurs : dans l’altération profonde de la fonction présidentielle et de la stature du chef de l’État qui résulterait inévitablement d’une cohabitation longue. C’est ce qu’ont pu constater les Français en 2002, lorsque Jacques Chirac fut réélu après cinq ans de cohabitation avec Lionel Jospin : à la place du président de plein exercice qu’ils avaient connu en 1995, ils se sont retrouvés avec un homme habitué à jouer les potiches et à inaugurer les chrysanthèmes, bref, avec un président paresseux qui laissera la bride sur le cou à Raffarin, à Villepin et à Nicolas Sarkozy. La cohabitation longue, c’est, à terme, le risque de voir renaître ce que l’on appelait dans les années 1950 « les délices et les poisons » du parlementarisme absolu et du régime des partis. C’est la possibilité de voir disparaître cette « monarchie populaire », selon le mot du général De Gaulle, qui constitue l’essence et fait tout l’intérêt de la Ve république.

    Au total, plutôt qu’une cohabitation forcément désastreuse, sans doute serait-il plus raisonnable de laisser à la gauche le risque de gouverner, à la droite, la possibilité de se recomposer, et à la Ve république, une chance de survivre.

    Frédéric Rouvillois (Causeur, 26 mai 2012)

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