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greenwashing

  • Greta Thunberg, prophétesse de l’apocalypse et icône des médias...

    Nous reproduisons ci-dessous un article cueilli sur le site de l'Observatoire du journalisme et consacré au traitement journalistique béatement laudatif réservé par les médias à la jeune Greta Thunberg, qui vient d'ailleurs d’être désignée personnalité de l’année par le magazine Time.

     

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    Greta Thunberg, prophétesse de l’apocalypse et icône des médias

    La jeune militante suédoise contre le réchauffement climatique est un véritable phénomène médiatique. Alors qu’en mai 2018, sa notoriété ne dépassait pas sa classe d’école à l’occasion d’un concours d’écriture sur le climat, la voilà propulsée au rang d’icône internationale de la défense de la planète. Si Greta Thunberg vient d’être désignée personnalité de l’année par le magazine Time, bien peu de médias soulignent la démarche affairiste de son entourage et ses engagements politiques.

    Une ascension express

    Le succès de Greta Thunberg au concours d’écriture sur le climat organisé en mai 2018 par le quotidien suédois Svenska Dagbladet a marqué le début de la popularité de la jeune militante écologiste. Tout juste âgée de 15 ans, elle mène alors plusieurs actions successives, qui ne feront que gagner en médiatisation, jusqu’à en faire une icône internationale de la lutte contre le réchauffement climatique.

    Piquet de « grève » devant le parlement suédois, participation à la marche « Rise for climate » à Bruxelles, grève scolaire internationale le vendredi, prise de parole en décembre 2018 à la COP 24 au sommet des Nations unies, discours devant les parlementaires anglais et français, croisière transatlantique sur le voilier Maliza II, action juridique auprès du comité des droits de l’enfant de l’ONU contre plusieurs pays, etc.

    On ne compte plus les actions largement médiatisées de la jeune autiste suédoise. L’immense majorité des médias lui apporte non seulement un soutien sans réserve mais également contribue à accroitre sa notoriété, au point d’en faire une des personnalités les plus connues de la planète.

    Des médias conquis

    Les articles consacrés à Greta Thunberg (G.T.) sont parfois de simples récits factuels, et plus souvent des éloges sans réserve de ses actions et déclarations.

    Alors que Le Point dresse dans un article le portrait de l’égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, L’Info durable retrace l’itinéraire de « la militante qui a bousculé les dirigeants du monde entier ». Si jeune et déjà des souvenirs, Les Inrocks s’émeuvent de « l’émouvante photo souvenir de la première action de G.T. ».

    D’autres articles évoquent son rôle « planétaire » :

    Sciences et avenir titre un article sur la « lanceuse de grève contre le réchauffement climatique» en mentionnant sa parenté avec un prix Nobel de chimie. « Elle a de qui tenir » en conclut le journal sans toutefois s’appesantir sur le bagage scientifique de l’adolescente.

    Pour Paris Match, la jeune Suédoise « mène la croisade des lycéens pour sauver leur avenir et notre planète ». Rien de moins.

    Le Temps reprend l’avertissement de l’adolescente : « Pour durer, il faudra changer ». Dans le même registre, BFMTV relaie le souhait de G.T. que « la société a atteint un tournant sur la question du climat ».

    Son côté « messianique » est parfois mis en avant : Slate essaie d’analyser comment elle a « réussi à capter notre attention sur le climat ». Le Monde estime que G.T. « oblige les dirigeants à sortir d’un unanimisme de façade ».

    Alors qu’elle était pressentie pour …le prix Nobel de la paix en cet automne 2019, nous informe le Parisien, distinction qu’elle n’aura finalement pas, La Dépêche nous apprend, comme d’autres titres, que GT a été élue personnalité de l’année par l’hebdomadaire américain Time en ce mois de décembre.

    Au-delà d’une adolescente militante, c’est donc une visionnaire que décrivent de nombreux médias. La jeune autiste post pubère entre en résonance avec une inquiétude largement partagée sur le réchauffement climatique. Alors qu’elle n’a aucun mandat de quiconque, de nombreux titres de presse soulignent que G.T. parle d’égal à égal avec des chefs de l’État et des parlementaires.

    Alors qu’elle ne peut se prévaloir d’aucune culture scientifique, elle devient le « médium » des chercheurs prédisant un réchauffement climatique aux effets considérables.

    Une popularité qui ne peut être contrariée

    De rares journalistes ont voulu en savoir plus sur la jeune suédoise. Le site d’information Reporterre, que l’on ne peut pas suspecter d’être opposé à la cause écologiste, a consacré un article assez fouillé en début d’année 2019 à la jeune Suédoise. Il en ressort que l’ascension fulgurante de la popularité de G.T. est tout sauf le fruit du hasard. « Tout a été finalement programmé pour transformer la jeune Suédoise en héroïne internationale ». L’article évoque notamment ses liens avec un think tank suédois qui fustige les « nationalismes » en Europe.

    Libération mentionne en mars 2019 le fait que « la militante écolo Greta Thunberg (a été) récupérée par un pro du greenwashing », cette technique de « verdissement » de pratiques strictement capitalistes.

    Les premières réserves sur la démarche de l’adolescente vont rapidement susciter un tir défensif de nombreux médias. L’extrême droite serait-elle en embuscade ? Plusieurs médias en sont certains.

    Le site d’analyse critique des médias Acrimed, que l’on a connu plus inspiré, estime que « les chiens de garde (lire les esprits critiques) sont lâchés ». 20 Minutes s’interroge : « Pourquoi G.T. suscite-t-elle tant d’hostilité ? ». L’Obs ne se pose pas de questions : G.T. « est critiquée parce qu’elle remet en cause l’ordre social dominant ». Le Monde n’est pas en reste dans la défense de l’adolescente : elle est « attaquée à tort sur le nucléaire ». Libération essaie de démonter les différents reproches qu’on lui fait « qui visent à relativiser le message qu’elle porte ». Sur le site Médiapart, on ne s’embarrasse pas de nuances : « les fascistes (sont) contre Greta Thunberg ». On ne critique pas impunément l’égérie de la lutte contre le réchauffement climatique.

    Un tableau « presque » parfait

    Si les liens de G.T. avec des entrepreneurs avisés commencent à être connus, son accusation outrancière aux Nations Unies à New York en septembre 2019 est un autre motif de polémique. Comme le relate The Guardian, le 24 septembre, elle lance au parterre d’adultes en face d’elle : « Comment avez-vous osé ? Vous avez volé mes rêves ». Son visage crispé par le ressentiment a été reproduit dans de rares articles. Pourtant, selon J. Isabelleo sur le Huffpost, il s’agit de « propos dignes de Martin Luther King ». Cette « soufflante » aux leaders mondiaux selon Le Figaro n’est pourtant pas le seul élément qui aurait pu être un motif de réserve vis-à-vis de la démarche de la jeune fille.

    Un bilan carbone déplorable

    Alors qu’elle critique l’énergie nucléaire faiblement émissive de CO2, la jeune militante se targue d’utiliser des moyens de transport « propres ». Plusieurs médias dont BFMTV ont souligné que son voyage vers les États-Unis à bord d’un voilier en septembre avait nécessité le déplacement en avion de plusieurs membres de l’équipage, ce qui a occasionné un bilan carbone très supérieur qu’aurait été celui du seul déplacement de la jeune suédoise en avion. Un détail de mise en scène sans doute.

    Greta Thunberg, icône des antifas ?

    Plus rares sont les médias à s’interroger sur ses affinités politiques. Un article paru dans Agoravox nous informe que G.T. arbore sur une photo dans un tweet qu’elle a publié, puis supprimé, en juillet 2019, un T shirt « antifa », à côté d’un membre d’un groupe de rock proche de cette mouvance.

    « Greta Thunberg. a donc sciemment fait la promotion des antifas, ces groupuscules d’extrême gauche qui n’hésitent pas à s’inviter à toutes sortes de manifestations pour y saccager des biens publics ».

    L’engagement politique de G.T. s’est encore exprimé récemment dans une tribune collective parue sur le site Project syndicate dans laquelle une explication pour le moins surprenante de la crise climatique est donnée :

    « C’est une crise des droits humains, de la justice et de la volonté politique. Les systèmes d’oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l’ont créée et alimentée. Nous devons les démanteler. Nos dirigeants politiques ne peuvent plus fuir leurs responsabilités ».

    On ne peut s’empêcher de subodorer que certains journalistes commencent à être gênés aux entournures d’avoir donné une telle notoriété à l’adolescente… sauf ceux qui s’en réjouissent ou font sciemment chambre d’écho.

    Une adolescente manipulée

    Peu de médias donnent une grille de lecture différente du militantisme de G.T. Parmi ceux-ci, un journaliste du mensuel Causeur a tenté de l’interviewer. Ses travaux d’« approche » l’amènent à constater : « Je me suis trouvé face à une petite fille éteinte, sans passion, manipulée par des gens inquiétants, enfant sous terreur ». Une conviction qui est partagée par Laurent Alexandre dans un article du Figaro du 18 mars : « Greta Thunberg est instrumentalisée par des militants extrémistes ».

    On se trouve donc face à un faisceau d’indices concordants qui nous mènent loin de la seule lutte désintéressée et apolitique contre le réchauffement climatique. La journaliste Sophie Coignard affirmait lors d’un débat sur LCI le 12 décembre au sujet de l’action de G.T. que celle-ci a gagné en popularité grâce à un concours …de circonstances, en entrant en résonance avec une inquiétude de l’époque.

    Si G.T. a été là au bon moment, d’autres éléments nous amènent à constater que son ascension a été méthodiquement organisée par son entourage et complaisamment relayée par les médias de grand chemin. La notoriété qu’elle a acquise lui a donné une tribune à résonance mondiale qu’elle utilise désormais pour répandre dans les médias un discours apocalyptique et de plus en plus culpabilisant et flagellateur. Une posture qui finira peut-être tout simplement par la décrédibiliser, sauf si les médias dominants y veillent.

    Observatoire du journalisme (OJIM, 16 décembre 2019)

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