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curtis yarvin

  • Traité Néoréactionnaire...

    Les éditions Hétairie viennent de publier un essai de NIMH intitulé Traité Néoréactionnaire - Penser l'accélérationnisme. NIMH est un des animateurs du site du collectif RAGE, qui distille une vision du monde prométhéenne et accélérationniste.

     

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    " L’accélération des technologies et des processus sociaux ne cesse de redéfinir les contours de notre monde. L’œuvre que vous tenez entre les mains s’inscrit dans cette dynamique de questionnement et d’exploration des forces qui modèlent notre avenir. Le « Traité Néoréactionnaire » offre une réflexion passionnante sur l’accélérationnisme, une idée qui transcende les clivages idéologiques traditionnels pour proposer une vision radicalement nouvelle de notre rapport à la technologie et à la société. Les idées de l’auteur, bien que provocatrices, sont d’une pertinence indéniable au moment où la vitesse du changement dépasse souvent notre capacité à en saisir les implications. L’accélérationnisme défini par des penseurs comme Nick Land et Curtis Yarvin, nous invite à regarder au-delà des progrès technologiques pour comprendre les transformations profondes de nos structures sociales et économiques
    Ce traité propose également des pistes de réflexion pour repenser notre monde en pleine mutation. La néoréaction, loin d’être une simple réaction nostalgique, est un outil puissant pour naviguer dans les eaux troublantes de la modernité technologique. Je vous invite à aborder cette lecture avec un esprit ouvert et critique. Les questions soulevées touchent au cœur de nos existences et aux choix que nous devons faire pour façonner un futur qui n’aurait pas besoin de nous. Ce traité est une invitation à repenser nos certitudes et à envisager de nouvelles voies pour l’humanité. "

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  • J. D. Vance, colistier de Trump et figure de proue des nationaux-populistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Piniés, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à J. D. Vance, le sénateur choisi par Donald Trump pour l'accompagner dans la course à la Maison Blanche en tant que candidat au poste de vice-président. Un personnage qui, manifestement, ne correspond pas au format classique des politiciens américains...

     

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    J. D. Vance, colistier de Trump et figure de proue des nationaux-populistes

    Qui est J. D. Vance, le sénateur de l’Ohio choisi par Donald Trump pour être son vice-président lors de la campagne présidentielle de 2024 ? Cet intellectuel entré en politique sur le tard cristallise des réactions opposées. Surtout connu pour son essai à succès « Hillbilly Elegy », la presse de gauche voit en lui une personnalité politique incompatible avec la démocratie. L’universitaire française Maya Kandel, spécialiste des États-Unis à la Sorbonne Nouvelle, une faculté résolument située à gauche, range J. D. Vance parmi les « stratèges de la colère » développant « une rhétorique apocalyptique et fascisante ». De son côté, l’« alt-right » (par l’entremise de Nick Fuentes et consorts) a également réagi, toujours avec hostilité, sur les réseaux sociaux, reprochant à Vance tantôt son soutien à Israël, tantôt l’origine indienne de son épouse, pourtant diplômée de Yale et de Cambridge, avocate issue de la riche caste Kamma qui domine l’État de l’Andhra Pradesh, dans le sud de l’Inde, arguant qu’il ne serait pas assez dur sur l’immigration. Alors, qui est-il vraiment ?

    James David Vance est né en 1984 à Middletown, dans l’Ohio, dans une famille modeste rongée par les maux de l’Amérique blanche rurale des Appalaches : un père absent, une mère toxico-dépendante aux opioïdes et instable affectivement. Rien ne le prédisposait à sa carrière future. À 18 ans, il s’engage dans les Marines peu avant le déploiement en Irak en 2003, servant de correspondant de combat au sein de la 2nd Marine Aircraft Wing. De retour aux États-Unis, il effectue des études de sciences politiques, philosophies, à l’université d’État d’Ohio, avant d’entamer un cursus de droit à Yale, où il a rencontré sa femme. En 2016, il rejoint Mithril Capital Management, société de capital-risque cofondée par Peter Thiel, milliardaire américain soutien de Trump, membre de la « Mafia Paypal » avec Elon Musk et proche du courant dit NRx, les néo-réactionnaires autour de l’intellectuel Curtis Yarvin. C’est Peter Thiel qui l’a réconcilié avec Trump, Vance ayant commencé la politique en tant que « Never Trump », ces Républicains refusant de soutenir Donald Trump, et c’est aussi Thiel qui a financé sa campagne victorieuse aux sénatoriales de 2022.

    Quelles sont ses vues ? C’est la politique étrangère qui aurait été l’élément déterminant de la conversion de J. D. Vance au trumpisme. Le 31 janvier 2023, il écrivait un billet d’opinion dans le Wall Street Journal pour soutenir Trump quand la mode était à Ron DeSantis. Son argument principal portant sur la politique étrangère et l’isolationnisme de l’ex-président. Il fait partie de ces Républicains se qualifiant « Asia First », dans le sillage du « pivot vers l’Asie », une ligne initiée par Barack Obama lors de son premier mandat et approfondie de manière plus brutale par Donald J. Trump dans son bras de fer avec Xi Jinping. Pour Vance comme pour les trumpistes, les États-Unis doivent se désengager de l’Europe pour se tourner vers l’Asie, une politique en réalité dans la lignée des dernières administrations tant démocrates que républicaines.

    L’obsession chinoise

    Au Sénat, il était le chef de file des sénateurs souhaitant réduire l’aide à l’Ukraine, appelant les alliés européens à augmenter leurs dépenses. Il déclarait même début 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ne pas se soucier de ce qui pouvait arriver à l’Ukraine. Dans un discours à la Heritage Foundation, il qualifiait la Chine de seul « real enemy » des États-Unis. Il faut dire que c’est à la Chine que les États-Unis sont directement confrontés au quotidien, tant dans les affaires de vol de propriété intellectuelle que dans la rude concurrence technologique que lui mène le pays asiatique. Une ligne transpartisane.

    Actuellement, c’est Jake Sullivan qui est l’architecte et l’idéologue de la politique étrangère de Joe Biden. Cet ancien de l’administration Obama, qui avait été un des maillons du rééquilibrage stratégique vers l’Asie, est l’actuel conseiller à la Sécurité nationale (National Security Advisor, poste clé de toute administration américaine, qui synthétise la vision des intérêts stratégiques des différents départements). Une continuité est donc à prévoir en politique étrangère sur le dossier chinois. Il a qualifié de « great piece of legislation » le CHIPS and Science Act de Joe Biden visant à stimuler la production de semi-conducteurs aux États-Unis pour sortir de la dépendance technologique vis-à-vis de la Chine et de Taïwan.

    La galaxie conservatrice

    Quel type de conservateur est-il ? La nomination de J. D. Vance approfondit la rupture de Donald Trump avec l’establishment classique du Parti républicain pour forger un conservatisme plus populiste, anti-immigration et rompant avec le néo-conservatisme. Il est la figure de proue du mouvement des NatCons, les « nationaux-conservateurs », un courant créé par l’intellectuel israélo-américain Yoram Hazony à partir de son ouvrage The virtue of nationalism, paru en 2018 et élu livre conservateur de l’année en 2019. Ce courant théorise a posteriori le trumpisme et constitue un large renouveau de la doctrine du Parti républicain, développant une critique de la mondialisation, un fort patriotisme économique et un refus de l’immigration. À la dernière conférence des NatCons ce mois de juillet 2024, peu avant la tentative d’assassinat de Trump, Stephen Miller, le conseiller immigration de Trump durant sa présidence, a été une des stars, s’illustrant par un discours d’une grande fermeté. Lors de cette conférence, J. D. Vance a affirmé porter un nationalisme fondé sur « la terre natale, pas sur des idées ». Ce courant, organisant chaque année une conférence sous la houlette de l’Edmund Burke Foundation, think tank dirigé par Yoram Hazony, a pour particularité d’être très « européen », cherchant à mettre en lien nationaux-conservateurs européens et américains. Tucker Carlson, mais aussi Giorgia Meloni, Viktor Orbán, le gouverneur de Floride Ron DeSantis ont figuré parmi les invités. À Londres en 2023, Suella Braverman, ancienne Home Secretary en 2022 et 2023, connue pour ses positions anti-immigration, était intervenue, tout comme le député conservateur d’alors Jacob Rees-Mogg.

    Mais Vance a un profil intellectuel plus original. Tout indique qu’il rassemble toutes les sensibilités conservatrices et radicales américaines actuelles. Kevin Roberts, le président de la Heritage Foundation, think tank conservateur qui s’est largement développé sous l’ère Reagan, portant la voix de la droite chrétienne, voit en lui le leader du mouvement de la « nouvelle droite » américaine, tandis que Tucker Carlson dit de lui qu’il est aujourd’hui le plus intelligent et plus profond des sénateurs américains. Au Sénat, il côtoie Josh Hawley et Tom Cotton, partageant avec eux un national-populisme tout en étant issu des meilleures universités américaines.

    Converti au catholicisme en 2019, il est proche de Patrick Deneen, philosophe catholique avec qui il a participé à une conférence en 2023, et de Rod Dreher, autre intellectuel conservateur converti au catholicisme (aujourd’hui immigré en Hongrie, séduit par Viktor Orbán) qui avait précisé les contours des « Crunchy Conservatives », ces conservateurs modernes, cools et sensibles à l’écologie.

    Vers l’illibéralisme ?

    Vance est aussi inspiré par le courant NRx, appelés parfois « droite tech », un courant néoréactionnaire né dans une partie des élites de la Silicon Valley autour de Curtis Yarvin. J. D. Vance a cité ce blogueur à l’origine de l’expression RAGE (« Retire All Government Employees ») à propos de son idée de faire marcher à plein régime le « spoil system » américain (ce système permet à tout nouveau président de remplacer un certain nombre de postes dans l’administration) et de chasser jusqu’aux employés d’échelon inférieur, quitte à aller à l’encontre de la Cour suprême, si jamais elle devait s’y opposer. Ce courant, qui compte parmi ses soutiens des gens comme Elon Musk et Peter Thiel, est très critique de la démocratie libérale et prône un retour de l’ordre (pour certains de la monarchie), parle ouvertement des différences biologiques entre groupes humains. J. D. Vance se dit lui-même tenant d’une « post-liberal right », ce qui peut être synonyme d’illibéral. La gauche est effrayée par ce cocktail original préparant de manière assumée l’après-Trump.

    Gabriel Piniés (Site de la revue Éléments, 19 juillet 2024)

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